Pascal Henri Poirot,

Pascal Henri Poirot, la Fonte 2019
C’est une rencontre virtuelle, Covid-19 oblige

Aujourd’hui je vous emmène à la rencontre de Pascal Poirot, peintre, sculpteur, chargé de cours à la fac et aux Arts-Deco, maître du paysage, comme de l’architecture, je vous ai déjà présenté son livre,
« [EN]QUETE DE PEINTURE  qui est tout à fait imparable. », bilingue, français, anglais, enrichi par les textes de Tiphaine Laroque, entre autres, des photos de Florian Tiedje.

Dans une vidéo de France 3, il se présente.

J’emprunte un extrait de Roland Recht qui parle de ses canapés

Les motifs de Canapés se réfèrent explicitement aux « drôleries » de l’art médiéval que l’oeil ne découvre que progressivement dans les marges des manuscrits, ou plus exactement aux « grotesques » de l’Antiquité et de la Renaissance. Dans les Grotesques, tout comme chez Poirot, les figures sont ordonnées à partir d’un principe de symétrie qui les transmue en motifs. Mais alors que dans les grotesques, le peintre crée de toutes pièces des créatures monstrueuses, mi-homme, mi-animal, chez Poirot, c’est le couple « étalé » dans la figure érotique qui devient une créature monstrueuse

et un autre de

(…)…Par leur insistance répétitive et leur fixité, les canapés apparaissent comme un souvenir-écran, qui à la fois voile et dévoile le travail de la mémoire et fige en une image un précipité de souvenirs. Objet de ravissement et de fascination qui surgit là où la mémoire s’est perdue.(…)
Marie Pesenti-Irrman

Plusieurs thèmes bibliques sont abordés et illustrés par les tableaux de
Pascal Henri Poirot. Ils sont porteurs d’une grande richesse symbolique. Le rapport à l’Écriture a toujours été essentiel pour le protestantisme tant dans l’étude des textes bibliques que, dans la force d’extraits de la bible, mis en évidence sur les murs des temples. La paroisse  d’Abreschviller avait
demandé à l’artiste de faire apparaître cette caractéristique.

                                            La Tour de Babelle
Tous les tableaux sont réalisés au pigment à l’œuf sur bois, sauf celui représentant le temple d’Abreschviller, peint sur des collages sur bois.

Dans son « atelier perché »  de Neuve-Eglise en AlsacePascal Henri Poirot, l'Atelier Perché il prend le temps de peindre. Ses paysages de montagnes sont vides de tout personnage, un peu surréalistes, avec un banc de-ci de-là, une échelle, ou encore ses cabanes, souvenir des coins parcourus et photographiés depuis des décennies.  Pascal-Henri Poirot est un artiste esthète, un philosophe, pour lequel Michel Serre est une référence, pour se mettre en phase avec la nature. Ce livre l’inspire sur le temps, les déséquilibres graves qui adviendront, des dangers que nous courons. Il a choisi un extrait :
le « Contrat Naturel » un autre rapport à la nature, un rapport respectueux. C’est une lecture prémonitoire d’un livre qui a 30 ans,
annonciateur d’un autre mode de vie, d’un autre monde, que nous
serons bien obligé d’adopter.

Ses souvenirs d’enfance, la salle à manger des grands parents
ornée de  l’Angelus de Millet, la vie paysanne, font partie de ses thèmes,
qu’il transpose jusqu’en Australie.
Cela correspond aux mutations actuelles du mode de vie,
aux bouleversements.
Paysage insolite, qu’il mélange avec ses récurrentes échelles.

Nés quelquefois au hasard des bigarrures colorées du mobilier, végétaux personnages, monstres et animaux semblent issus d’herbiers ou d’ouvrages ethnologiques et érotiques. Les canapés déserts sont d’autant plus troublants qu’ils éveillent le souvenir d’une musique de chuchotements, de rires lointains et de petites cuillères que l’on tourne dans une tasse de thé.

Le méticuleux contrecollage des papiers froissés et préparés par toute une alchimie culinaire à un vieillissement prématuré, participe à cette sollicitation de la mémoire.
Evelyne Loux

Ses montres sont-ils prémonitoires ?
Tortue géante ou pangolin aux couleurs rassurantes sous un fabuleux
paysage de science fiction ?

Les paysages de Pascal Poirot sont souvent dépeuplés, dénudés.
Le peintre privilégie l’hiver : les blanchiments
précoces du paysage,
la première couche de
neige, quasi-transparente encore, à travers laquelle
le nervurage du sol commence à se lire, lorsque se développe une belle
gamme de gris comme sur
quelque gravure au burin. L’hiver passant, l’ossature
du paysage se dessine bien davantage encore, toute la végétation basse est aplatie ou morte : ne restent plus que les lignes-forces.Avec les hauteurs vosgiennes, le
peintre a tout son content : il parcourt le « pays vain » par excellence.
François Pétry

Une friandise pour terminer

voici à quoi nous allons ressembler à la sortie du confinement

Différentes techniques donnent lieu à des séries récurrentes de peintures autour des objets, canapés, architectures, peintures à l’huile de
paysages sur le thème du mythe et de la sanctuarisation.

PARCOURS
De nombreuses expositions dans des lieux culturels et galeries, foire,
il est présent dans des collections et musées en France ,Suisse,
Allemagne, Australie.

TINGUELY @ HOME

Cette semaine, TINGUELY @ HOME est dédiée au côté acoustique
de l’art de Jean Tinguely.

Les sculptures de Tinguely ont toujours une dimension tonale qui a été délibérément choisie et équilibrée par l’artiste dans le cadre de l’œuvre. Ils créent des bruits, des sons et une musique apparemment aléatoire.
Sous le titre «Construisez votre propre machine à musique»,
l’ équipe d’éducation artistique a préparé une collection d’idées, de conseils
et d’astuces pour vous permettre de construire une machine à musique selon Jean Tinguely, en particulier pour les écoliers. Amusez-vous !

Les sculptures de Jean Tinguely ont toujours
une dimension acoustique, que l’artiste a lui-même délibérément
composée et réglée comme une partie intégrante de ses oeuvres.
Cet aspect musical culmine dans les quatre Méta-Harmonies(vidéo)
réalisées entre 1978 et 1985.

Totentanz (vidéo)

Avec la contribution de SRF Myschool à Jean Tinguely, vous pouvez également approfondir vos connaissances sur l’art et les idées de Tinguely et les utiliser comme source d’inspiration pour votre propre créativité.
Vue du musée
Les machines

Sommaire du mois de mars 2020

Les expositions et foires prévues pour les mois de mars et avril sont reportées pour la plupart au mois de septembre
La plupart des sites de musées proposent des visites en ligne.

Magritte le Baiser
précurseur du Covid-19 ?

30 mars 2020 : 1518, LA FIÈVRE DE LA DANSE
20 mars 2020 : Coronavirus #Mulhouse Resiste
19 mars 2020 : Bernard Fischbach
13 mars 2020 :  La Fiancée Du Vent – Oscar Kokoschka – Vienne 1900
06 mars 2020 : Amuse-Bouche. Le Goût De L’art.
04 mars 2020 : Karin Kneffel Au Musée Frieder Burda
03 mars 2020 : Jane Evelyn Atwood À La Filature

La fiancée du vent – Oscar Kokoschka – Vienne 1900

Oskar Kokoschka
La Fiancée du vent 1913

 

Kokoschka, Oskar – Die Windsbraut, 1913
au Kunstmuseum Basel, dans la collection permanente

Télégramme de Kokoschka

« Chère Alma, nous sommes éternellement unis dans ma fiancée du vent »

Chaque fois que je passe devant cette toile, je ne peux m’empêcher d’y rester plantée un bon moment, et de rêver à la vie incroyable d’Alma Mahler. Si je suis accompagnée, je n’ai de cesse d’évoquer les péripéties incroyables qui ont parsemé son existence. De gré ou de force, je les oblige à emmagasiner par bribes cet incroyable récit.


Fille de l’artiste Emil Jakob Schindler et de sa femme Anna von Bergen, Alma grandit dans un milieu privilégié à Vienne .
Son entourage s’appelle Klimt , avec qui elle eut un amourette, la légende dit que c’est lui qui lui donna son premier baiser d’amoureux, il l’a déçue, parce qu’infidèle et volage. Friedrich Nietzsche était de ses amis. Alexander von Zemlinsky f ut son professeur de piano et son fiancé secret. Redoutable sirène, c’est elle qui a le pouvoir sur les hommes, musique, peinture, architecture, littérature, formidable carré d’as, elle prend ces illustres hommes dans ses filets.
Les fées s’étaient penchées sur son berceau, belle, intelligente. Elle renonça à toute ambition personnelle, abandonna son talent de compositeur, pour se consacrer à Gustave Mahler qu’elle épousa. Walter Gropius rencontré lors d’une cure, tomba amoureux fou d’elle. Il alla demander sa main, à son mari Gustave Mahler ! Mahler trop exigeant lui vole sa vie, elle devient cruelle. Devenue veuve elle épouse Walter Gropius , l’architecte fondateur du Bauhaus.
La toile ci-dessus est un hymne de Kokoschka en l’honneur d’Alma, de leurs brèves et violentes amours. Un homme gît au centre du tableau, entraîné par un tourbillon, scrutant d’un regard incertain le lointain, la femme la peau nacrée, se blottit pleine de confiance sur la poitrine de l’homme. Témoignage aussi de ce que la jeunesse de cette époque voit venir les catastrophes menaçantes.
Hermine Moos a fabriqué pour Kokoschka une poupée grandeur nature, effigie d’Alma, que celui-ci exhiba partout en réprimande de son abandon, jamais résigné à l’avoir perdue.
Elle épousa l’écrivain Franz Werfel , mais sa dernière liaison fut un théologien, à la perspective de futur cardinal. Il avait 37 ans, elle en avait 53. Elle envoûta si bien son confesseur Johannes Hollensteiner, qu’il se défroqua.
Devenue veuve une nouvelle fois, Platon dans une poche, de la Bénédictine dans l’autre, citoyenne américaine, elle vient à Londres pour rendre visite à sa fille préférée Manon. Elle s’en va à Vienne, horrifiée, qu’elle voit dévastée, elle retourne aux US, ne voulant plus retourner en Europe. Elle meurt à l’âge de 85 ans, d’une pneumonie, atteinte d’un diabète qu’elle ne veut pas soigner.

Amuse-bouche. Le Goût de l’art, au musée Tinguely

Amuse-bouche. Le Goût de l’art.

Au Musée Tinguely de Bâle jusqu’au 20 juillet 2020 
Commissaire de l’exposition : Annja Müller-Alsbach
Une exposition ludique, qui vous engage à participer.

Elizabeth Willing, vue d’installation de l’œuvre interactive Goosebump, en continu, pain d’épices et sucre glacé, mesures variables (c) Courtesy of the artist and Tolarno Galleries Melbourne © Elizabeth Willing and Tolarno Galleries Melbourne; photo: Elizabeth Willing

L’art a-t-il un goût sucré, salé, acide, amer ou umami ?
Quel rôle joue le sens du goût comme matériau artistique et dans les relations sociales ? Le Musée Tinguely poursuit le cycle consacré aux cinq sens à travers les arts. Après les expositions thématiques « Belle Haleine » (2015) et « Prière de toucher » (2016), l’exposition collective « Amusebouche. Le goût de l’art » présente, du 19 février au 17 mai 2020, des œuvres d’art d’environ quarante-cinq artistes internationaux du baroque jusqu’à l’époque contemporaine qui envisagent le sens gustatif comme une possibilité de perception esthétique. L’exposition rompt avec la pratique muséale habituelle qui sollicite avant tout la vue du public et lui propose une série de rencontres en histoire de l’art et en phénoménologie autour du sens du goût. Dans le cadre de visites interactives, de performances et d’ateliers, les visiteurs et visiteuses peuvent, en outre, se joindre à une expérience participative spéciale où il est possible de goûter à certains travaux.

Les différentes saveurs, de sucré à amer

Janine Antoni, Mortar and Pestle, 1999

Dans l’enseignement traditionnel des saveurs, la perception du goût est déterminée par le contact physique direct. Nous percevons immédiatement le monde qui nous entoure grâce à notre corps, à travers l’expérience gustative à l’aide de notre bouche et de notre langue. Le concept ainsi que le parcours de l’exposition « Amuse-bouche » s’orientent selon les saveurs courantes que nous percevons grâce à nos récepteurs gustatifs : sucré, salé, acide, amer et umami – saveur découverte en 1908 par le scientifique japonais Kikunae Ikeda que l’on peut définir en français comme
« savoureux épicé » et « goûteux ».
L’exposition au Musée Tinguely soulève de nombreuses questions autour de nos expériences gustatives : Comment percevons-nous l’art à partir d’aliments et de leurs saveurs spécifiques ? Que se passe-t-il lorsque l’expérience de l’art passe principalement par notre bouche ou notre langue ? Des œuvres d’art peuvent-elles aussi s’adresser au sens du goût de l’observateur en l’absence de contact physique direct ? Est-il possible de décrire et de traduire des expériences gustatives en images ? Les arômes peuvent-ils servir de médium à l’expression artistique et à la créativité ?

« Amuse-bouche. Le goût de l’art » donne à voir des représentations allégoriques du sens du goût remontant à l’époque baroque, des œuvres d’artistes appartenant à l’avant-garde du début du XXe siècle ainsi que des pièces des années 1960 et 1970. Toutefois, l’exposition met avant tout l’accent sur une sélection d’images, de photographies, de sculptures, de travaux vidéo et d’installations des trente dernières années qui explorent différentes manières d’ingérer et de goûter des aliments grâce à la bouche et à la langue. Dans les œuvres présentées, les artistes utilisent des aliments et des matériaux naturels comme vecteurs de goût sous différentes formes.

Marisa Benjamim, Hortus Deliciarum

À certaines dates, il est ainsi possible de goûter des plantes comestibles dans le cadre du projet Hortus Deliciarum, une installation performative de l’artiste portugaise Marisa Benjamim, ou bien les essences végétales du projet Tastescape de la Suissesse Claudia Vogel.

Goosebump, œuvre monumentale de l’artiste australienne Elizabeth Willing composée de pains d’épices, figure également à la dégustation. L’installation réalisée par Slavs and Tatars, collectif d’artistes installé à Berlin, comprend du jus de choucroute estampillé

Slavs and Tatars, Brine and Punishment

« Brine and Punishment ». Cette boisson énergétique à la saveur aigre constitue une expérience sensorielle au sein d’une étude intellectuelle et philosophique menée par les artistes sur la langue ainsi que sur la polysémie et la pluri-interprétation du mot fermentation et de l’expression « tourner au vinaigre ». D’autres œuvres abordent des sujets de société épineux en gravitant autour de contextes et de niveaux de signification complexes du « Goût de la nature » ou du
« Goût de l’étranger ». Des œuvres ou concepts artistiques-performatifs à l’instar de Contained Measures of a Kolanut d’Otobong Nkanga 
présentent un univers d’arômes oubliés ou à redécouvrir. Ils s’accompagnent souvent d’identités et de préférences gustatives marquées très différemment selon la subjectivité et la culture.

Contained Measures of a Kolanut d’Otobong Nkanga

Tel est aussi le cas de Sufferhead Original, projet en cours développé par Emeka Ogboh, artiste nigérian vivant à Berlin. Dans la dernière édition conçue pour Bâle à partir de sa marque de bière stout, la Sufferhead, dont le goût ne cesse d’évoluer, il demande, non sans provocation :
« Qui a peur du noir ? ».

Emeka Ogboh, Sufferhead

Par ailleurs, l’exposition présente des œuvres d’art à travers différents médiums se contentant d’évoquer des expériences gustatives dans l’imagination du visiteur et de la visiteuse.

Du plaisir au dégoût
Les œuvres et les concepts artistiques de l’exposition proposent un éventail d’évocations allant du plaisir au dégoût. De nombreuses expressions langagières réfèrent de manière métaphorique au goût : « être tout miel » ou « tourner au vinaigre ». Le parcours de l’exposition aborde également d’autres niveaux de signification autour du goût, en insistant sur les arômes au sens large comme médium servant à l’expression artistique et à la créativité. Plusieurs œuvres d’art exposées sont « sans goût » et induisent en erreur notre perception sensorielle. Un arôme particulier peut être à notre goût bien qu’extrêmement sucré, ou à l’inverse nous écœurer et faire naître des images de dégoût et de décomposition. Dans le langage courant,
« goûter » englobe un large spectre de codes de signification.

Opavivarà Aquardente 2016

Il existe des liens intéressants entre la perception sensorielle de certaines saveurs et des images linguistiques et métaphoriques valables également lorsqu’on fait l’expérience de l’art. Souvent, le recours aux stimuli gustatifs dans l’art ne se fait pas sans subversion, ni sans briser de nombreux tabous. Les artistes en profitent pour se confronter aux grandes questions sociétales de notre temps. Tout en tenant compte que les expériences gustatives éveillent des souvenirs et des associations également soumis aux bouleversements historiques. Comme dans l’existence, la section « sucrée » de l’exposition nous propose de rencontrer des changements gustatifs à la fois subtils et radicaux, perçus de manière totalement différente selon les individus. Des œuvres réalisées à partir de sucre cristallisé ou de glaçage peuvent également entraîner un glissement de sens gustatif de « sucré », goût plutôt agréable, à « doux-amer », plutôt désagréable. Citons, à titre d’exemple, les travaux minimalistes de Mladen Stilinović, artiste conceptuel yougoslave, qui utilisa le sucre comme médium artistique pour leur conception. Dans un premier temps, un sentiment de douceur enveloppante submerge spontanément l’observateur.
Mais pour l’artiste qui réalisa ces œuvres au début des années 1990 pendant la guerre de Croatie, le monochrome blanc symbolise le vide, la perte et la douleur.

Meret Oppenheim, Bon appétit, Marcel ! (Die weisse Königin), 1966–1978

Le chapitre thématique « amer » réunit des pièces qui – réalisées à partir des objets représentés ou à travers les matériaux périssables utilisés – traitent de processus de dégradation et suscitent le dégoût. Extrême gravité et poison renvoient ici à la mort.

Leurre gustatif
En nous promenant à travers l’exposition, nous rencontrons également des « leurres gustatifs ». Les artistes des avant-gardes du début du XXe siècle, à l’instar des futuristes italiens et des surréalistes, portent déjà un intérêt à tromper notre sens gustatif.
Une salle de l’exposition « Amuse-bouche » est consacrée à Daniel Spoerri, fondateur du Eat Art dans les années 1960 et du Nouveau Réalisme avec Jean Tinguely et Niki de St Phalle.

Daniel Spoerri

Jusqu’à aujourd’hui, celui-ci traque volontairement ce qui est singulier, renversé et anormal pour jouer avec notre vision habituelle sur les choses et les questionner. Ici, c’est le palais qui affronte l’œil. Dans sa nouvelle expérimentation intitulée Nur Geschmack anstatt Essen – un menu en quatre plats composés de dés en gelée de la même couleur – il s’attache également à déstabiliser nos sens (à découvrir les 27.3. | 28.3. | 25.4. | 25.4. | 26.4. | 16.5. | 17.5.2020).

Un art multisensoriel et gustatif basé sur l’action depuis les années 1960 Depuis les années 1960 en particulier, de nombreux artistes se sont intéressés au soi corporel et aux possibilités d’un art multisensoriel et gustatif basé sur l’action. Les extensions multimédias d’expérimentations menées autour du goût suscitent l’intérêt. Certaines œuvres exposées mettent en évidence des questions relatives à la société multiculturelle et à la recherche de nouveaux modes d’alimentation ainsi qu’à l’écart considérable entre le naturel et l’artificiel. Il s’agit de montrer qu’une perception plus sensible de l’environnement et de ses fragiles ressources au moyen du sens du goût est plus actuelle que jamais au XXIe siècle.

Farah Al Qasimi, Lunch, 2018

Un programme riche et varié accompagne l’exposition « Amuse-Bouche. Le goût de l’art » de manière discursive et performative. Outre les visites guidées, des événements exceptionnels sont proposés : performances d’artistes, dimanches en famille, discussions, ateliers, dégustations,
« une journée consacrée à la saucisse » avec Stefan Wiesner, chef étoilé suisse, dans le parc de la Solitude, etc.

L’exposition présente des œuvres des artistes suivant.e.s : Sonja Alhäuser, Farah Al Qasimi, Janine Antoni, Marisa Benjamim, Joseph Beuys, George Brecht, Pol Bury, Costantino Ciervo, Jan Davidsz. de Heem, Bea de Visser, Marcel Duchamp, Hans-Peter Feldmann, Urs Fischer, Fischli/Weiss, Karl Gerstner, Damien Hirst, Roelof Louw, Sarah Lucas, Opavivará!, Filippo Tommaso Marinetti, Cildo Meireles, Alexandra Meyer, Antonio Miralda-Dorothée Selz, Nicolas Momein, Anca Munteanu Rimnic, Otobong Nkanga, Emeka Ogboh, Dennis Oppenheim, Meret Oppenheim, Tobias Rehberger, Torbjørn Rødland, Dieter Roth, Roman Signer, Cindy Sherman, Shimabuku, Slavs and Tatars, Daniel Spoerri, Mladen Stilinović, Sam Taylor-Johnson, André Thomkins, Jorinde Voigt, Claudia Vogel, Andy Warhol, Tom Wesselmann, Elizabeth Willing, Erwin Wurm, Rémy Zaugg. 

Musée Tinguely | Paul Sacher-Anlage 1 | 4002 Bâle

Karin Kneffel au musée Frieder Burda

Jusqu’au 8 mars 2020
« J’aimerais que l’espace et le temps, le présent et le passé fusionnent dans mes tableaux. Que sont la réalité, la fiction, où commence la réalité picturale ? » Karin Kneffel


Karin Kneffel, (*1957), élève de Gerhard Richter en fin d’études (Meisterschülerin), compte parmi les plus importantes artistes allemandes de notre temps. Travail réalisé en coopération avec la Kunsthalle de Brême, la rétrospective qui lui est consacrée au Musée Frieder Burda a été conçue en étroite collaboration avec l’artiste. Les quelque 140 œuvres exposées retracent un parcours de trois décennies, partant des tableaux surdimensionnés de fruits qui assurèrent à Karin Kneffel sa renommée internationale au début des années 1990, pour arriver à la construction d’intérieurs picturaux complexes dans lesquels se fondent les niveaux temporel et pictural, l’art, l’architecture et le septième art.


Karin Kneffel examine le pouvoir que possède la peinture à agir sur le spectateur, elle exploite jusqu’à l’extrême les possibilités de la représentation réaliste. Ses tableaux de fruits, fleurs et animaux
« débordent » hors de la toile – se jetant littéralement sur le spectateur :
il semble que l’on pourrait saisir les pommes, pêches et raisins aux opulentes rondeurs baroques. Les fleurs se présentent comme autant de présents et provoquent par une sorte de synesthésie des réactions visuelles et olfactives, tandis que les yeux des animaux cherchent directement le regard du spectateur, créant une émotion ignorant le format de la toile et les limites du tableau. Quant au feu qui crépite, il menace de sortir du cadre. Pourtant, quelle que soit l’intensité de sa chaleur, la perfection de la composition tempère comme par magie l’effet produit.

Le pouvoir pictural peut aussi s’exercer sous une autre forme : dans ses tableaux plus tardifs d’intérieurs extrêmement complexes, Karin Kneffel crée au contraire un effet d’aspiration vers le tableau : le regard traverse ou passe à côté de gouttes d’eau, artistiquement déposées, pour pénétrer dans des pièces mystérieuses remplies d’assemblages de personnages aux multiples références, assemblages qui montrent souvent une cohabitation dans l’espace dénuée de toute hiérarchie : une femme de ménage est agenouillée à côté d’une sculpture de Lehmbruck. Un rideau se soulève sur le décor théâtral d’un bâtiment moderniste. Il n’est pas rare alors que la sculpture formalisée remplace l’être vivant.

Souvent, des effets de brouillage ou des miroirs accompagnés de leurs reflets ajoutent encore a la complexité de l’espace pictural et entraînent le regard du spectateur dans une interaction ironique entre la réalité et l’illusion ; il n’est pas rare que le tableau dans le tableau fasse découvrir des univers picturaux remontant plus loin encore dans le temps comme dans l’espace, mondes nourris de fragments de souvenirs personnels, de séquences cinématographiques marquantes ou de visites de musée dont l’écho a perduré. C’est précisément à ce croisement – entre la réalité et l’illusion, le monde intérieur et extérieur, leurs effets d’attraction tout comme de rejet – que se trouve la surface du tableau, la toile sur laquelle Karin Kneffel projette des heures durant avec une précision obsessive et saisissante à la fois, le maximum de ce qu’elle puisse obtenir du pinceau et de la couleur.

« C’est tout de même très compliqué, ces fenêtres qui s’ouvrent dans le tableau, les gouttes, les plans rapprochés et éloignés, les disques plats et en même temps la profondeur spatiale. Il n’existe nulle part de photo d’une telle scène. Je dois penser la lumière, les reflets ou la buée. Je passe beaucoup de temps à travailler sur la conception, également devant l’ordinateur. Puis je dessine, je continue à faire des essais. C’est un processus effectivement assez long. Il y a des tableaux sur lesquels je réfléchis pendant des mois », déclare l’artiste évoquant sa méthode de travail. L’élève de Gerhard Richter peint en tenant tête à une modernité dominée par les hommes, à la manière dont elle est entrée dans les musées – en oubliant plus souvent qu’à son tour la contribution des femmes.

Si la peinture de Richter avait recours aux effets de flou et « d’essuyé » comme autant de moyens picturaux pour affronter sa propre biographie, le passé de l’Allemagne et l’histoire de l’art, Karin Kneffel utilise elle les fondus et les reflets. Elle crée une peinture hallucinogène capable d’adopter la forme de divers états de la matière. L’exposition entièrement élaborée et pensée en collaboration avec l’artiste permet au magnétisme de ses tableaux d’agir sans retenue sur le spectateur. Les champs thématiques qui s’y déroulent tels les portraits d’animaux, les représentations de fruits ou les intérieurs, voient leur effet multiplié par leur densité dans l’espace – tandis que pourtant les salles ouvertes permettent de s’approcher du cosmos artistique de Karin Kneffel dans toute sa multiplicité, et même de se livrer à lui pour vivre une expérience esthétique d’une grande intensité.

Photos courtoisie Museum Frieder Burda

Museum Frieder Burda
Lichtentaler Allee 8b · 76530
Baden-Baden Telefon +49 (0)7221 39898-0 ·
www.museum-frieder-burda.de

Horaires

Mar-Dim, 10h – 18h
Fermé le lundi, excepté jour férié.

Sommaire du mois de février 2020

Autoportrait dans l’ascenseur de la Kunsthalle
en quête de nouveautés et de savoirs.

29 janvier 2020 je déroge à mes habitudes, je me montre

01 février 2020 :  Ernest Pignon-Ernest – Ecce Homo
06 février 2020 : De mains et d’yeux au musée Unterlinden
08 février 2020 : Peindre la lumière du soleil – Edward Hopper à la Fondation Beyeler
11 février  2020  : Sarah Jérôme, à la Santé du Serpent
15 février 2020  : Hans Hartung, La Fabrique Du Geste
22 février 2020 : Picasso, Chagall, Jawlensky Chefs-D’œuvre De La Collection Im Obersteg
26 février 2020 : Algotaylorism à la Kunsthalle de Mulhouse

Picasso, Chagall, Jawlensky Chefs-d’œuvre de la Collection Im Obersteg

Une vue de l’intérieur de Karl Im Obersteg

 C’est au Kunstmuseum Basel | Neubau
Jusqu’au – 24 mai 2020, prolongée jusqu’au 21 juin 2020
Commissaire : Henriette Mentha

 

Vous avez dit chefs d’oeuvre ?
Plongez-vous dans la nouvelle exposition du Kunstmuseum de Bâle,
Vous ne serez pas déçu. Beaucoup de noms prestigieux connus vous y attendent.

La troisième exposition d’ensemble de la Collection Im Obersteg au Kunstmuseum Basel pose un regard au-delà du cadre restreint de cette importante collection privée bâloise en explorant des thématiques et des liens transcendant la collection : la réception de l’œuvre de jeunesse de Marc Chagall à Bâle, la découverte de Chaïm Soutine à Paris ou encore le rôle joué par Karl Im Obersteg lors des années d’infortune d’Alexej von Jawlensky durant la Seconde Guerre mondiale. Les liens qu’entretenait
Karl Im Obersteg avec la Kunsthalle et le Kunstmuseum Basel ainsi que leurs répercussions sur les deux collections sont également abordés.

Bernard Buffet, portrait de Karl Im Obersteg

L’exposition présente la Collection Im Obersteg à l’aide de travaux longtemps restés à l’abri des regards et à travers un dialogue avec des œuvres de la collection publique bâloise – la Öffentliche Kunstsammlung Basel.
Une sélection de prêts d’œuvres met l’accent sur les thèmes principaux. Arlequin assis (1923), portrait monumental de Picasso, fut de longues années durant la pièce maîtresse de la Collection Im Obersteg jusqu’à sa vente après le décès de Karl Im Obersteg en 1969. Pour la première fois depuis cinquante ans, ce chef-d’œuvre appartenant à une collection privée est à nouveau visible, lors de l’exposition dans le contexte de la Collection Im Obersteg, en compagnie de son frère jumeau, l’Arlequin assis de Bâle.

Picasso Alequin assis 1923 CP anciennement Karl Im Obersteg
Picasso Alequin assis 1923 Kunstmuseum Basel


La collection comme expression d’une histoire individuelle
témoigne de l’évolution d’un enthousiasme, d’une passion et d’inclinations esthétiques. Le collectionneur privé ne forme pas une collection selon des critères reconnus. Contrairement à l’expert académique, il est en droit de s’égarer dans l’éclectisme.

Chagall La Prise

La stratégie de Karl Im Obersteg consistait à s’entourer d’œuvres d’art qui suscitaient son enthousiasme et constituaient un défi. Il n’avait pas l’intention de décorer joliment ses murs, mais il était fasciné par le pouvoir transformateur de l’art, par son expression résultant de l’acte spontané de créer. Ce transporteur de métier consacra une grande partie de sa vie à étudier l’art. Fort bien documenté, il était par conséquent pleinement informé du potentiel élevé d’œuvres dont il fit très tôt l’acquisition. Avide de découvertes, il allait par ailleurs à la rencontre d’artistes à la marge, peu connus à l’époque, à l’instar de Chaïm Soutine. Cette confrontation de plus de cinquante ans avec l’art a donné naissance à une collection mêlant goûts personnels et renommée internationale.

Chaim Soutine la Jeune Anglaise

L’exposition propose également un aperçu des engagements de Karl Im Obersteg durant les deux guerres mondiales et l’entre-deux-guerres, notamment en faveur de la Croix-Rouge internationale et des Alliés dont il se sentait proche en tant qu’anglophile et francophile. En raison de son vaste réseau relationnel dans le milieu de l’art, au sein de la société et dans le monde politique, c’était une personne très demandée dans le monde entier qui savait mener les affaires avec habileté.

 

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8, Case postale CH–4010 Basel
Tel. +41 61 206 62 62 Direct +41 61 206 62 80
 www.kunstmuseumbasel.ch
De nombreuses visotes guidées à voir sous ce lien

23 Février visite guidée en français
Depuis la gare SBB prendre l tram n° 2 direction Eglisee descendre à
Bankverein et continuer à pieds (l’arrêt Kunstmuseum est en travaux)

Peindre la lumière du soleil – Edward Hopper à la Fondation Beyeler

Wim Wenders devant Cape Cod Morning, 1950, Edward Hopper

Jusqu’au 26 juillet 2020
commissaire Dr Ulf Küster

« Ce que j’ai cherché à faire, c’est peindre la lumière du soleil sur le mur d’une maison. » Edward Hopper en conversation avec Lloyd Goodrich, avril 1946
Vidéo du confinement avec Yves Guignard

              Edward Hopper Cobb’s Barns and Distant Houses, 1930–1933

Vernissage en vidéo

La #Fondation Beyeler présente dans son exposition de printemps 2020 un ensemble d’œuvres d’#Edward Hopper (1882-1967), l’un des principaux peintres américains du XXème siècle. Ses références sont Manet, Degas, Rembrandt, Watteau, Courbet. Il trouve que l’Amérique est insensible à l’art. Les peintures de Hopper sont l’expression du regard singulier que l’artiste porte sur la vie moderne. Il commença sa carrière comme illustrateur, par nécessité.  Son premier succès à l’âge de 41 ans est le Bateau Jaune en 1924.  Son épouse Joe, fut son principal modèle.

Edward Hopper Lighthouse Hill, 1927

Aujourd’hui, il est surtout connu pour ses peintures à l’huile, qui témoignent de son intérêt pour l’impact de la couleur et de sa virtuosité dans la représentation de l’ombre et de la lumière. Le thème central de l’exposition est fourni par ses images iconiques des immenses paysages naturels et urbains de l’Amérique. L’exposition réunit des aquarelles et des huiles des années 1910 aux années 1960, offrant ainsi un large et passionnant panorama des multiples facettes de la peinture hoppérienne.

Jo dessinant à Good Harbor Beach

Bien qu’Edward Hopper ait longtemps travaillé principalement en tant qu’illustrateur, il est aujourd’hui connu surtout pour ses peintures à l’huile, qui témoignent de son intérêt profond pour la couleur et de sa virtuosité dans la représentation de l’ombre et de la lumière. Les toiles de Hopper sont l’expression de son regard unique sur la vie moderne: stations-service, maisons, bars, phares et bateaux, mais aussi vues intérieures de logements, d’hôtels et de cinémas. Les rares figures humaines qui apparaissent dans ses œuvres semblent souvent porter leur regard au-delà de la surface de la toile, comme si ce qui se «passait» dans l’image n’était pas accessible au spectateur: des événements invisibles semblent se produire en dehors du tableau.

Hopper Premier bras du White River

L’exposition de la Fondation Beyeler met l’accent sur les représentations iconiques de Hopper des étendues infinies des paysages naturels et urbains de l’Amérique, c’est comme si le temps ralentissait avec lui. Il s’agit là d’un aspect rarement placé au centre des expositions consacrées à Edward Hopper, mais pourtant clé pour comprendre son œuvre et sa réception. Le langage formel de Hopper s’est développé indépendamment des tendances populaires de son temps.

Edward Hopper, 5 A.M. 1937

Son mode de représentation caractéristique, lui, a fortement influencé des peintres contemporains majeurs comme Peter Doig et a entretenu une relation quasi symbiotique avec le cinéma: les toiles de Hopper ont inspiré des films majeurs comme La Mort aux trousses d’Alfred Hitchcock (1959), Paris, Texas de Wim Wenders (1984) ou encore Danse avec les loups de Kevin Costner (1990).

Edward Hopper Portrait of Orleans, 1950

A l’occasion de l’exposition, cadeau supplémentaire, Wim Wenders présente un  film consacré aux paysages d’Edward Hopper. Il a su retracer les ambiances, retrouver les lieux, il nous plonge parfaitement, dans cette magie, mais aussi dans ce sentiment de solitude et presque d’angoisse, que Hopper traduit dans ses toiles.

Edward Hopper La côte Lee

L’exposition de la Fondation Beyeler montre aussi de sublimes aquarelles et des huiles sur toile des années 1910 aux années 1960, proposant ainsi un aperçu ample et passionnant de la richesse de la peinture d’Edward Hopper.

Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
Les informations sur le programme associé à l’exposition
ci-dessus

Un petit cahier à l’attention des enfants a été édité pour l’occasion.

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler:
tous les jours de 10h00 à 18h00,
le mercredi jusqu’à 20h00 /
Pendant la durée d’Art Basel: 8 – 16 juin 2019, 9h00–19h00
Passmusées
Depuis la gare SBB tram n° 2 direction Eglisee, descendre à Messeplatz,
puis tram n° 6 arrêt Fondation Beyeler.
Conférence de Didier Ottinger le 1 avril « Les fantômes de Hopper »

Sommaire de janvier 2020

Edward Hopper 5 AM 1937 Wichita Art Museum Kansas
Roland Murdoch Collection

8 billets pour ce mois

01 janvier 2020 : Annus mirabilis
02 janvier 2020 : Leonard de Vinci
05 janvier 2020 : La Fondation Gandur Les sujets de l’abstraction au musée Rath de Genève
09 janvier 2020 : Charlotte Perriand
14 janvier 2020 :  Degas À L’Opéra
18 janvier 2020 :  La Saison Africa2020
21 janvier 2020 :  Kiki Smith Au 11 Conti – Monnaie De Paris
30 janvier 2020 : Lumineuses Figures Dessins Et Vitraux D’Holbein À Ringler