Sommaire du mois de mai 2023

Biennale Mulhouse 023, galerie de la Filature

21 mai 2023 : Germaine Richier, Sculpteur
18 mai 2023 : Éternel Mucha
14 mai 2023 : GIOVANNI BELLINI, INFLUENCES CROISÉES
10 mai 2023 : Naples pour passion, Chefs-d’œuvre de la collection De Vito
07 mai 2023 : Marc Desgrandchamps – Silhouettes
01 mai 2023 : Sarah Bernhardt et la femme créa la star

Naples pour passion, Chefs-d’œuvre de la collection De Vito


Bernardo Cavallino (1616-1656) Ste Lucie, vers 1645-1648,
huile sur toile 129,5 
x 103 cm

Jusqu'au 25 juin 2023 le Musée Magnin de Dijon expose les Chefs-d’œuvre de la collection De Vito
commissariat général : Bruno Ely, conservateur en chef, directeur du musée Granet,
Sophie Harent, conservateur en chef, directeur du musée Magnin,
Giancarlo Lo Schiavo, président de la Fondazione De Vito
commissariat scientifique : Nadia Bastogi, directrice scientifique de la Fondazione De Vito,
Paméla Grimaud, conservateur au musée Granet,
scénographie et graphisme : Camargo A&D
Portrait d’un collectionneur singulier

                                       Vaglia, Fondazione De Vito
                                      © Fondazione De Vito, Vaglia (Firenze)

Giuseppe De Vito était un ingénieur doué d’une remarquable inventivité, qui lui a valu un immense succès en tant qu’entrepreneur.
Même à l’époque où il ne s’intéressait pas encore au monde de l’art, il une forte influence sur ses choix de collectionneur. Le souvenir de sa jeunesse passée à Naples, pourtant à une période difficile, a certainement exercé une forte influence sur ses choix de collectionneur. Et, à partir du moment où il est devenu un amateur passionné d’art napolitain, il a tout de suite accordé une attention particulière aux jeunes générations de chercheurs, qu’il encourageait toujours à approfondir leurs études en leur faisant part de ses suggestions et en leur apportant une aide financière.
Giuseppe De Vito a eu une brillante carrière dans l’industrie et les télécommunications, mais il a aussi mis toute son énergie dans la constitution de sa collection. Plus qu’un collectionneur, Giuseppe De Vito a été, d’emblée, un spécialiste, en ce sens que la formation de sa collection est issue de ses recherches. Ses achats étaient en effet déterminés par la place
que le tableau concerné pouvait occuper dans l’histoire de la peinture napolitaine du XVIIe siècle, dont il avait entrepris l’analyse. En d’autres termes, il recourait à une méthode diamétralement opposée à celle qu’adoptaient les collectionneurs traditionnels.
extraits du catalogue de l’exposition NB & SH & GLS


                                         vue de la salle du collectionneur

« Naples est un paradis ; chacun vit dans une sorte
d’ivresse et d’oubli de soi-même. »
Johann Wolfgang von Goethe

Le parcours

Cette exposition est organisée par la Réunion des musées
nationaux – Grand Palais, le musée Magnin à Dijon et le
musée Granet à Aix-en-Provence, avec la collaboration de la
Fondazione De Vito.
L’exposition souhaite révéler au public la qualité et la richesse de la collection de tableaux napolitains du Seicento réunie par l’ingénieur et historien de l’art Giuseppe De Vito (Portici, 1924-Florence, 2015).
Cet ensemble exceptionnel est aujourd’hui abrité dans la villa historique d’Olmo, près de Florence, siège de la Fondation qu’il a créée et dans laquelle ont été installées les oeuvres après la mort de l’érudit.

            Le Char de Battagliono vers 1650 Andres Vaccaro(1604-1670)

Quarante tableaux sur les soixante-quatre oeuvres conservées dans la collection De Vito sont présentés pour la première fois en France. Ils permettent de montrer les choix de l’amateur et de faire voyager le visiteur
Francesco Fracanzano (1612-1658) Paolo Finoglio (1590-1645)
Giovani Ricca (1603-1656?)

dans la Naples foisonnante du XVIIe siècle, alors l’un des plus importants centres artistiques d’Europe.
Le parcours est organisé en sections thématiques mettant en évidence quelques-unes des personnalités artistiques les plus éminentes du temps.
Nés de donations et de legs de grands collectionneurs, les musées Magnin à Dijon et Granet à Aix-en-Provence abritent quant à eux des oeuvres napolitaines jusqu’ici peu étudiées. Elles font naturellement écho

Massimo Stanzione, vers 1585 – Naples, 1656) St Jean Baptiste dans le désert

à celles de la Fondazione De Vito, en forme de contrepoint, et dans une présentation propre à chacun des deux musées.


Maître de l’Annonce aux Bergers  (actif entre 1625 et 1650)  homme méditant devant un miroir

Les tableaux de Battistello Caracciolo, Jusepe de Ribera, Francesco Fracanzano ou de l’énigmatique Maître de l’Annonce aux bergers montrent l’influence du Caravage et le développement du naturalisme à Naples. Les oeuvres d’autres artistes comme Massimo Stanzione, Bernardo Cavallino, Antonio De Bellis
ou Micco Spadaro témoignent d’un enrichissement dû aux influences du classicisme romain et émilien, du colorisme vénitien et des modèles du nord de l’Europe, qui commencent à se frayer un chemin dans la cité parthénopéenne à partir de 1630. Les genres chers aux artistes napolitains, comme la bataille, représentée par les toiles d’Aniello Falcone,

                                           Luca Forte

et la nature morte, avec ses plus remarquables représentants comme Luca Forte, Paolo Porpora, les Recco et les Ruoppolo, font l’objet de sections spécifiques. Enfin, plusieurs toiles de grande qualité soulignent les innovations des deux grands protagonistes de la seconde moitié du XVIIe siècle, Mattia Preti et Luca Giordano.


Andre Vaccaro (1604-1670)Sainte Agathe
Giovanni Franceco De Rosa dit Pacecco De Rosa Ste Marie Madeleine pénitente 1648-1650
L’accrochage est complété de documents d’archives (lettres, photographies…) ainsi que d’une vidéo.
Cette exposition sera ensuite présentée au musée Granet, à Aix-en-Provence, du 15 juillet au 29 octobre
2023.
La Fondazione Giuseppe e Margaret De Vito per la Storia dell’Arte Moderna a Napoli a été créée le 5 mai 2011 par Giuseppe De Vito, et son épouse Margaret, dans le but de promouvoir les études sur l’histoire de l’art
moderne à Naples.

Massimo Stanzione Judith tenant la tête d’Holopherne et
Salomé portant la tête de Jean Baptiste

Massimo Stanzione La Lapidation de St Paul  1642-1643

Informations pratiques

Musée Magnin
4 rue des Bons Enfants
21000 Dijon

horaires d’ouverture :
tous les jours sauf les lundis, de 10h à 12h30 et de 13h30 à 18h

A proximité du musée des Beaux Arts de Dijon
un vrai coup de coeur

Marc Desgrandchamps – Silhouettes

Marc des Grandchamps devant le Centaure incertain, 2022, huile sur toile diptyque 200 x 300 © Courtesy Galerie Eigen + Art Leipzig/Berlin © Adagp, Paris 2023
 ( Du 12 mai au 28 août 2023,le musée des Beaux-Arts de Dijon présente une importante exposition consacrée à Marc Desgrandchamps,l’un des peintres français les plus remarqués de sa génération.
Commissariat de l’exposition :
Frédérique Goerig-Hergott, conservatrice en chef  et directrice des musées de Dijon.
Pauline Nobécourt, historienne de l’art. 
Assistées de Virginie Barthélemy, assistante projets aux musées de Dijon. À découvrir au musée Magnin : Dia-logues, du 12 mai au 28 août 2023

    Pauline Nobécourt, Marc Desgrandchamps, Frédérique Goerig-Hergott

Avant-propos

Marc Desgrandchamps, peintre des grands espaces, des grandes toiles, de l’écologie ? du plein air ? de la liberté ? Approchez-vous des toiles, les silhouettes, évoluant dans l’espace, vêtues de couleurs vives, chaussées de tennis, dotées de smartphones voire de cameras, enfourchant des bicyclettes sont bien intrigantes. Quelle histoire racontent t’elles ?
Une histoire de l’art dans le champ contemporain.
Cette exposition réunie un ensemble significatif de 47 grandes toiles et polyptyques accompagnés de dessins, répartis en six salles et thématiques distinctes, dans le nouvel espace  au 3 étage du musée.

Mots de la commissaire

extrait]….[Sa connaissance très fine de l’histoire de l’art ne se limite pas à la peinture ancienne, moderne et contemporaine. Elle s’étend également à d’autres domaines comme le cinéma, la musique et la photographie, sans oublier la littérature.
Autant de champs de curiosité qui ont nourri sa pratique, truffée de références multiples. Ses œuvres sont d’ailleurs pensées sur le principe du montage cinématographique : le rapprochement d’images, de scènes, de personnages dans des décors urbains ou naturels produit des narrations évocatrices et pourtant complexes à analyser.
Frédérique Goerig-Hergott, conservatrice en chef  et directrice
des musées de Dijon.

Parcours de l’exposition

Déployée dans six salles du 3e étage du musée des Beaux-Arts de Dijon, l’exposition Marc Desgrandchamps – Silhouettes, vise à faire le point sur les dix dernières années de création de Marc Desgrandchamps. Cet événement explore sept thématiques distinctes au travers d’un parcours conçu pour appréhender les multiples facettes de l’œuvre de Marc Desgrandchamps, et dévoile ainsi un travail attentif à saisir les ambivalences d’un monde imprégné de crises, qui peut néanmoins se révéler d’une beauté indubitable, tout particulièrement dans les paysages. Engagé dans un dialogue permanent et vivant avec l’art ancien et la modernité, Desgrandchamps se saisit également d’images et d’histoires, qui amènent le public à revisiter l’histoire des arts.

Antinomies

L’exposition s’ouvre sur une œuvre emblématique des années 1990, Les Effigies, illustrant d’emblée le rapport qui s’établit, dans les peintures de Marc Desgrandchamps, avec des problématiques liées au contexte même de leur réalisation. Frappé par le retour de conflits meurtriers en Europe lors
des guerres de Yougoslavie, il dresse au milieu d’une nature en friche d’inquiétantes silhouettes érigées comme un avertissement. À travers elles, l’artiste évoque la réapparition d’une forme de barbarie, à un moment de l’histoire où cette notion semblait se rapporter à un passé révolu. Le
présent la fait pourtant revenir au premier plan, et la réalité tragique de ce constat n’est jamais loin des considérations auxquelles l’artiste nous renvoie..

                                Les Effigies 1995, Centre Pompidou

Un matin du temps de paix

Les années 2010 ouvrent une période de renouvellement dans la pratique de Marc Desgrandchamps. Les grands espaces prédominent, se déployant dans des
compositions qui peuvent comporter plusieurs panneaux mis côte à côte. L’artiste exploite pleinement les possibilités de ce format et des combinaisons déterminées par les polyptyques, qu’il assemble à la manière d’un montage cinématographique.
La jonction entre les panneaux se traduit en effet, pour utiliser un terme qui appartient à l’univers du cinéma, par des « faux-raccords » qui rompent la continuité entre les panneaux.
De légers décalages en résultent, significatifs de la manière dont l’artiste conçoit l’art figuratif : dans une conscience très vive que la relative harmonie d’« un matin du temps de paix » – pour reprendre le titre d’une œuvre de 2022 – peut à tout instant voler en éclats. Si les paysages dans lesquels nous
emmène son œuvre semblent au premier abord s’apparenter à des havres de paix, ils sont aussi traversés de considérations plus graves, incarnées sous les apparences déstabilisantes de monstres ou de Centaures incertains – autre titre attribué à un tableau de 2022 – que l’on voit faire intrusion aux
côtés de figures familières.

Un matin du temps de paix, 2016 Courtesy Galerie Lelong & Co Paris

Paysages

Les formes végétales font, au même titre que la figure humaine, partie de ces silhouettes qui reviennent fréquemment dans l’univers de
Marc Desgrandchamps. Les arbres en particulier, dont la structure peut devenir
le sujet principal d’une œuvre, voire d’une exposition.Elle se
concentre sur des motifs qui nous renvoient
à nos propres perceptions du monde et à ce
que nous pensons connaître de notre époque,
à commencer par les objets qu’elle produit.
Des objets abandonnés sur le sable, délaissés
par leur propriétaire, qui nous montrent que l’artiste a aussi le regard tourné vers une réalité contemporaine. À travers celle-ci, il nous renvoie à un champ d’interrogations lié au sens même de ces objets en plastique,
devenus aussi éternels que le marbre des statues antiques

Entre passé et présent

Les scènes représentées par Marc Desgrandchamps sont traversées de références à une Antiquité appréhendée à la manière d’un monde disparu, que
notre culture contemporaine s’approprie et réinvente. L’intemporalité des figures s’accompagne paradoxalement de phénomènes de transparence, liés à la facture adoptée par l’artiste. Plutôt que de travailler la peinture à l’huile dans son épaisseur, il la dilue, obtenant ainsi une matière très fluide, à l’origine des effets de surimpression toujours à l’œuvre dans sa pratique.
L’artiste résume en une formule éclairante ce principe de superposition
temporelle :

« je suis sensible au fait qu’une passante dans la rue puisse avoir la même démarche qu’une Pompéienne il y a deux mille ans ».

Déjeuner sur l’herbe

Parmi les expériences esthétiques qui ont durablement marqué Marc Desgrandchamps, la découverte du tableau d’Édouard Manet,
Le Déjeuner sur l’herbe (1863), détient une place des plus fécondes. L’artiste n’est pas resté indifférent à la force transgressive de ce
tableau qu’il se souvient avoir vu très jeune.
De petits groupes de personnages réduits à leurs silhouettes se rassemblent dans un parc ou sur les rives d’un lac, échangent quelques paroles, installent une chaise longue ou un parasol à proximité de leurs serviettes de bain. La scène de Sans titre (2012) ou Sans titre (2013) pourrait être tirée d’un album de
famille, la trame n’en retient qu’un souvenir paisible. Les conflits ou les catastrophes qui peuvent se produire simultanément dans le monde restent hors-champ. 

Regards sur l’histoire des arts

La diversité des sources visuelles convoquées dans les œuvres de Marc Desgrandchamps témoigne de l’inépuisable curiosité intellectuelle qui nourrit sans cesse sa pratique. Il associent parfois à des thèmes personnels, nous renvoyant, dans Les Lettres par exemple, aux origines de la peinture
ou du dessin. (Dibutade)

Fragments

Dans sa peinture, Marc Desgrandchamps ne cherche pas à reconstituer une vision harmonieuse et cohérente du monde : il assume au contraire l’hétérogénéité de ses sources visuelles, provoquant par là des carambolages d’images qui peuvent s’avérer déroutants. Des formes proches de l’abstraction s’interposent. » C’est un point de vue résolument novateur qui est adopté dans
Une traversée, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour les œuvres à venir.
C’est ainsi que l’exposition se clôt sur un paysage aérien, sans rien révéler de la réalité à laquelle il se rapporte.

Focus sur deux toiles

Sans Titre, 2020

Dans un cadre architectural sobre, deux silhouettes féminines dont on ne devine pas les visages contemplent une statue drapée. Leur allure contemporaine – jeans, baskets, téléphone à la main – peut faire penser à deux visiteuses dans un monument. Pourtant, comme souvent chez Marc Desgrandchamps, la scène est d’une simplicité trompeuse. À mesure qu’on regarde le tableau, elle se fait plus opaque. L’architecture est loin d’être anodine. Il s’agit d’une reconstitution de l’espace peint par Piero della Francesca dans la célèbre Flagellation du Christ (vers 1460).

Acquisition par la ville de Dijon en 2022

Sans titre, 2012

Dans un espace portuaire, une silhouette anonyme, sans visage et translucide, se fond dans un paysage lumineux. L’élégance du costume tranche avec le décor industriel. La composition est complexifiée par des amas de peinture noire flottant à la surface de la toile. Ces formes indistinctes, leitmotiv dans l’œuvre
de Desgrandchamps, fonctionnent comme des retardateurs de perception. Elles mettent la scène à distance et ajoutent une épaisseur à la toile. Le cerne blanc autour du personnage fonctionne comme un repentir apparent et relève de la même logique. Sur le mur à droite, les doubles flèches sur
fond rouge, la cible de la Royal Air Force ainsi
que l’inscription « The young mod’s forgotten story » font écho au mouvement des mod’s.
Cette contre-culture anglaise a rassemblé une partie de la jeunesse britannique des années 1950 et 1960 autour d’une passion pour le jazz moderniste
(à l’origine du terme mod’s) puis pour le blues et la soul.
Don de l’artiste au musée des Beaux-Arts de Dijon en 2022

Informations pratiques

Temps forts de la programmation culturelle
à retrouver ici
et sur Nomade, , guide multimédia du musée des Beaux-Arts de Dijon

Maria Helena Vieira da Silva, une rétrospective

Ce tableau de trois mètres par quatre est le plus grand peint par Vieira da Silva. Restée longtemps en chantier, la toile a été commencée en 1963 et achevée en 1972. L’année suivante, elle a été offerte par l’artiste au musée des Beaux-Arts de Dijon. Dès cette date, Urbi et Orbi, [signifie « À Rome et dans le monde »]  a compté parmi les chefs-d’oeuvre de la collection.

« Dijon peut s’enorgueillir de conserver un ensemble exceptionnel d’oeuvres de Maria Helena Vieira da Silva,
représentante majeure de la scène picturale au XX siècle » ]…. extrait

François Rebsamen
Maire de Dijon, Président de Dijon métropole, ancien ministre
Au musée des Beaux Arts de Dijon, jusqu'au 3 avril 2023

Le musée des Beaux-Arts de Dijon conserve un remarquable ensemble d’oeuvres de Maria Helena Vieira da Silva (18 peintures, 17 oeuvres sur papier et 1 boîte-aux-lettres peinte). Ce fonds, en grande partie constitué par les dons des collectionneurs parisiens Kathleen et Pierre Granville, qui ont jeté les bases de la collection d’art moderne et contemporain du musée des Beaux-Arts, a été abondé par des dons de l’artiste elle-même.]...extrait
Frédérique Goerig-Hergott
Conservatrice en chef du Patrimoine et Directrice des musées de Dijon
Cette exposition a été conçue en collaboration avec le musée Cantini de Marseille, où elle a été présentée du 9 juin au 6 novembre 2022, et avec le soutien de la galerie Jeanne Bucher Jaeger à Paris, prêteur exceptionnel de l’exposition.
L'exposition est placée sous le commissariat de Naïs Lefrançois, conservatrice responsable des collections XIX e siècle et Agnès Werly, responsable des collections XX e - XXI e siècles. vidéo de la conférence



Le musée des Beaux-Arts de Dijon présente à partir de la fin de l’année 2022, un grand temps fort d’exposition dédié à l’une des artistes phare de sa collection d’art moderne, Maria Helena Vieira da Silva (Lisbonne 1908- Paris 1992), l’une des figures les plus importantes de l’histoire de l’art abstrait. Avec cet hommage, à l’occasion des trente ans de la disparition de cette immense artiste du XX siècle, le musée des Beaux-Arts de Dijon souhaite mettre en exergue l’importance de Vieira da Silva dans la réinvention de l’art moderne et la contemporanéité des concepts qu’elle a soulevés et explorés. Elle permet aussi d’interroger les liens puissants qui unirent l’artiste aux collectionneurs et donateurs Kathleen et Pierre Granville, initiateurs de la collection d’art moderne du musée de Dijon.
Cette rétrospective consacrée à une personnalité majeure du XX siècle, retrace les étapes clés d’une carrière d’envergure internationale, marquée par un questionnement sans relâche sur la perspective, les transformations urbaines, la dynamique architecturale ou encore la musicalité de la touche picturale.
Elle se déploie en deux parties.

Vieira da Silva L’oeil du labyrinthe 1er volet

Le premier volet de l’exposition, L’oeil du labyrinthe, propose un parcours rétrospectif et chronologique de l’oeuvre de Vieira da Silva. Depuis les débuts figuratifs dans le Paris des années 1930 jusqu’aux toiles évanescentes des années 1980, cette rétrospective présente des oeuvres iconiques et cruciales dans le cheminement intellectuel de l’artiste. Dans les années de formation, elle construit son vocabulaire autour de quelques motifs récurrents : la grille, le damier, la spirale.

                                                  Composition 1936
Après le traumatisme de l’exil pendant la Seconde Guerre mondiale, elle revient à Paris et reprend ses recherches sur l’espace et la vision. À partir des acquis de ses premières années, elle déploie son vocabulaire poétique et conceptuel.

les joueurs de cartes 1947/48
La peinture singulière

Singulière, voire solitaire, sa peinture a souvent été résumée aux camaïeux de
couleurs et aux damiers kaléidoscopiques. Cette rétrospective est l’occasion de révéler une recherche ouverte aux débats esthétiques de son temps. Fortement
marquée par la peinture siennoise, le fonctionnement optique, l’architecture et la musique, Vieira da Silva a questionné sans relâche la perspective, les mécanismes du regard, les transformations urbaines ou encore la musicalité de la touche picturale.

                                                       Rouen 1983
L’exposition suit son fil créateur, fonctionnant par séries, répétitions et déclinaisons. Elle explore les étapes-clés de la révolution du regard et la réinvention spatiale menées par l’artiste. Elle rassemble une quarantaine de toiles provenant de collections particulières et nombre d’institutions prestigieuses en France, en Suisse.

Vieira da Silva L’oeil des collectionneurs – Le second volet

     Kathleen Granville 1936, la Sirène

L’oeil des collectionneurs, met l’accent sur l’intimité de l’artiste à travers sa
relation privilégiée avec Kathleen et Pierre Granville, ses mécènes et amis. Grâce à ce couple de donateurs, le musée des Beaux-Arts de Dijon conserve aujourd’hui près de quarante oeuvres de Vieira da Silva.
Ce volet de l’exposition permet de rassembler la totalité des oeuvres de Vieira
da Silva provenant de la collection Granville et de révéler, par le prisme de leur regard et de leur sensibilité, des motifs récurrents dans son oeuvre. On retrouve ses répétitions autour des villes, des carreaux, des damiers et le cheminement vers la non-figuration, mais aussi ses recherches plastiques dans le domaine plus malléable des arts graphiques.
La personnalité de Vieira se dessine aussi à travers des correspondances inédites et des photographies d’archives, qui témoignent de la profonde complicité qui existait entre le couple de collectionneurs et le couple Vieira
da Silva-Szenes.

                                                        ville au bord de l’eau

Biographie

Après avoir étudié à l’école des Beaux-Arts de Lisbonne, Maria Helena Vieira da Silva s’installe à Paris en 1928. S’orientant vers la sculpture, elle reçoit l’enseignement d’Antoine Bourdelle à l’Académie de la Grande Chaumière et celui de Charles Despiau à l’Académie scandinave. Décidant en 1929 de se consacrer à la peinture, elle fréquente l’Académie de Fernand Léger, suit l’enseignement de Roger Bissière à l’Académie Ranson et s’initie aux
techniques de la gravure à l’atelier 17, dirigé par Stanley Hayter, où elle rencontre les surréalistes.
En compagnie du peintre hongrois Arpad Szenes, qu’elle vient d’épouser, elle
séjourne, en 1931, à Marseille, où elle est fascinée par la vision du pont transbordeur.
De retour à Paris en 1932, elle fait la connaissance de Jeanne Bucher, chez qui
elle exposera régulièrement, et découvre l’oeuvre du peintre uruguayen
Torres-García.
Retirée au Portugal depuis le début de la guerre, elle part pour Rio de Janeiro avec son mari en juin 1940. Revenue en France en 1947, accueillie dans la nouvelle galerie de Pierre Loeb, elle développe une oeuvre aux limites de l’abstraction et de la figuration, caractérisée par l’exploration d’un espace
pictural et mental apparemment infini, dont les dénominations – villes, ponts, gares, échiquiers ou bibliothèques – sont prétextes à tracer de fragiles et irrationnelles perspectives où le regard se perd avec jubilation.


Dans les années 1950, Vieira acquiert une réputation internationale avec des
expositions en Suède, en Angleterre, en Suisse, aux Pays-Bas et aux États-Unis. A partir des années 1960, elle passe une partie de l’année à Yèvre-le-Chatel avec Arpad Szenes, une petite ville du Loiret où ils aménagent des ateliers. En 1966, elle reçoit commande pour les vitraux de l’église Saint-Jacques de Reims. En 1976, Arpad et Vieira font une importante donation de leurs dessins au Musée national d’art moderne. A la même date, à Dijon, on inaugure la donation Pierre et Kathleen Granville qui expose plusieurs dizaines d’oeuvres du couple. Arpad Szenes meurt en 1985. Vieira délaisse ses thématiques habituelles pour se tourner vers des compositions évanescentes, plus blanches. Souffrante dès 1989, elle se retire de son atelier et ne peint plus beaucoup. Elle décède le 6 mars 1992 et est enterrée auprès de sa mère et de son époux, au cimetière de Yèvre-le-Chatel.

Autour de l’exposition
Une programmation très importante est prévue dans diverses activités à retrouver sous l'agenda

Musée des Beaux-Arts
Palais des ducs et des Etats de Bourgogne
Tel (33) 03 80 74 52 09
musees@ville-dijon.fr
Navette gratuite Divia City, arrêt Beaux-Arts ou Théâtre
Bus Liane 6 arrêt Théâtre
Bus ligne 11 arrêt St Michel
Ouvert tous les jours sauf le mardi
du 1er octobre au 31 mai : de 9h30 à 18h
du 1er juin au 30 septembre : de 10h à 18h30
Fermé les mardis, ainsi que les 1er janvier, 1er mai et 8 mai, 14 juillet, 1er et 11 novembre, 25 décembre

Gratuit