Brancusi

Constantin Brancusi
La Muse endormie 1910
Bronze poli
Don de la Baronne Renée Irana Frachon, 1963
Centre Pompidou - Musée national d’art moderne, Paris
© Succession Brancusi - All rights reserved
Adagp, Paris 2024
Crédit photographique : Centre Pompidou, Mnam-Cci/Adam Rzepka/Dist. Rmn-Gp
Au Centre Pompidou jusqu'au 1er juillet 2024
Galerie 1, niveau 6
Commissariat
Ariane Coulondre, conservatrice, service des collections modernes, Musée national d’art moderne
Commissaires associées
Julie Jones, conservatrice, Cabinet de la photographie, Musée national d’art moderne
Valérie Loth, attachée de conservation, Cabinet d’art graphique, Musée national d’art moderne
Prologue

Avec plus de 120 sculptures, ainsi que des photographies, dessins et films de l’artiste, la grande rétrospective « Brancusi », organisée au Centre Pompidou, constitue un événement exceptionnel. Elle offre l’opportunité de découvrir toutes les dimensions de la création de cet immense artiste considéré comme l’inventeur de la sculpture moderne.
La dernière exposition rétrospective Brancusi en France, et la seule, remonte à 1995 (sous le commissariat de Margit Rowell au Centre Pompidou). À la fois lieu de vie, de création et de contemplation, l’atelier de l’artiste, joyau de la collection du Musée national d’art moderne depuis son legs à la nation en 1957, forme la matrice de ce projet. En effet, le déménagement intégral de l’Atelier Brancusi dans le cadre des travaux de rénovation du Centre Pompidou est l’occasion unique de mettre en regard son contenu avec  Constantin Brancusi                                         Autoportrait avec la chienne Polaire
                                                                                      dans l’atelier
Vers 1921de nombreux autres chefs-d’oeuvre de l’artiste provenant des plus importantes collections internationales.

Un ensemble exceptionnel de sculptures, jouant sur le dialogue entre les plâtres de l’Atelier Brancusi et les originaux en pierre ou bronze, prêtés par de nombreuses collections privées et muséales (Tate Modern, MoMA, Guggenheim, Philadelphia Museum of Art, The Art Institute
of Chicago, Dallas Museum of Art, Musée national d’art de Roumanie, Musée d’art de Craiova…) sont ainsi réunies.

Parcours de l’exposition

Il y a 120 ans, un jeune artiste roumain traversait l’Europe à pied pour venir s’installer à Paris.
C’est là, dans la capitale en pleine effervescence culturelle, que Constantin Brancusi (1876-1957) invente une nouvelle manière de sculpter, un langage universel privilégiant la taille directe et les formes simples.
Très vite, son oeuvre exerce une grande fascination sur ses contemporains : nombre d’artistes et d’admirateurs se pressent dans son atelier, situé impasse Ronsin (15e arrondissement).

À la fois lieu de vie, de création et de présentation de son travail, cet atelier est conçu par l’artiste comme une oeuvre en soi et légué à sa mort à l’État français. Cet ensemble exceptionnel forme la matrice de l’exposition, complété de prêts majeurs de collections internationales.
Proposant de découvrir à la fois le parcours de Brancusi, les sources de son oeuvre et les grands thèmes que l’artiste n’a cessé d’approfondir, l’exposition met en avant la diversité de sa création : la sculpture, la photographie, le film, le dessin… Cet hommage au père de la sculpture moderne célèbre sa puissance d’invention et sa quête inlassable de beauté.
Il entend montrer un artiste vivant, pleinement inscrit dans son époque, dont la création se doit d’être toujours réactivée :
« Il ne faut pas respecter mes sculptures. Il faut les aimer et jouer avec elles. », disait-il.

Constantin Brancusi
Le Baiser
1907
Pierre
Musée d’art de Craiova, Craiova
© Succession Brancusi – All rights reserved
Adagp, Paris 2024
Crédit photographique : The Art Museum
of Craiova, Roumanie

Blancheur et clarté

« Constantin Brancusi habite un atelier de pierre dans l’impasse Ronsin, rue de Vaugirard.
Ses cheveux et sa barbe sont blancs, sa longue blouse d’ouvrier est blanche, ses bancs de pierre et sa grande table ronde sont blancs, la poussière de sculpteur qui recouvre tout est blanche, son Oiseau en marbre blanc est posé sur un haut piédestal contre les fenêtres, un grand magnolia blanc est toujours visible sur la table blanche. À une époque, il avait un chien blanc et un coq blanc. »
Ces mots de l’éditrice américaine Margaret Anderson témoignent de l’extraordinaire impression de clarté qui saisit les visiteurs de l’atelier, accueillis par de multiples figures de Coqs, dressées vers le ciel. Symboliquement associé à la France, terre d’accueil de l’artiste, l’animal évoque aussi par son chant le lever du jour, l’idée de commencement qui imprègne tout l’art de Brancusi.

Aux sources d’un nouveau langage

Après avoir suivi une formation académique en Roumanie, Brancusi arrive à l’âge de 28 ans à Paris. Remarqué par Auguste Rodin, il devient brièvement son assistant en 1907.
La puissante figure du maître fait office de repoussoir pour le jeune sculpteur. En 1907-1908, trois oeuvres majeures, Le Baiser, La Sagesse de la Terre et La Prière, montrent sa volonté de trouver sa propre voie. Brancusi rompt avec le modelage pour privilégier la taille directe.
Il abandonne le travail d’après modèle pour réinventer la figure de mémoire. Tout en étant profondément original, son art apparaît comme le creuset de ce qu’il peut alors voir à Paris :
les oeuvres antiques ou extra-européennes au musée du Louvre et au musée Guimet, mais également l’art de Paul Gauguin ou les recherches cubistes d’André Derain. Sa série autour du motif de la tête d’enfant éclaire son processus de fragmentation et de simplification des formes, visant à exprimer
« l’essence des choses ».

Ligne de vie

Brancusi conservait tout : lettres, articles de presse, agendas, factures… Ses archives, acquises par le Musée national d’art moderne en 2001 et conservées à la Bibliothèque Kandinsky, réunissent plus de dix mille lettres, livres, disques, documents… Elles constituent une mine d’or pour connaître la vie de l’artiste, ses amitiés, ses goûts, le replacer dans son époque et saisir la fascination qu’il exerce sur ses contemporains. Cet ensemble exceptionnel, dont une partie est exposée dans l’exposition, témoigne de la place centrale de Brancusi au sein de l’avant-garde internationale pendant plus d’un demi-siècle.

L’atelier

Dans l’atelier de Brancusi, tout ou presque naît de sa main : la grande cheminée en calcaire, les tabourets en bois ou les tables en plâtre servant à la fois de mobilier ou de socle…
Dans ses photographies, l’artiste se met lui-même en scène au travail, taillant, sciant ou modelant. Après la Seconde Guerre mondiale, s’il arrête quasiment de sculpter, il déplace, regroupe et combine sans cesse ses oeuvres. Quand une oeuvre est vendue, il la remplace par son tirage en plâtre ou en bronze pour conserver l’unité de l’ensemble. C’est à l’intérieur de ce lieu, à la fois musée de sa création et oeuvre en soi, que Brancusi impose sa vision d’un environnement total. À son décès en 1957, Brancusi lègue à l’État français son atelier, à charge pour celui-ci de le reconstituer. L’ensemble est installé d’abord de manière partielle au Palais de Tokyo puis intégralement au Centre Pompidou. L’un des quatre espaces de l’atelier, celui avec les outils, est reconstitué au coeur de l’exposition. (ci-dessus)

Féminin et masculin

Chez Brancusi, la simplification des formes et la suppression des détails sont paradoxalement sources d’ambiguïté. Dès 1909, l’artiste entame une réflexion sur le motif du torse féminin.
De sa Femme se regardant dans un miroir, nu encore classique, il ne retient que la courbe unissant les formes arrondies de la tête et de la poitrine pour aboutir à l’ambivalente
Princesse X. Est-ce une vierge ou une verge ? L’image idéale de la femme ou un phallus dressé ? L’aspect équivoque de la sculpture fait scandale et lui vaut d’être refusée au Salon des indépendants de 1920. L’art de Brancusi joue du double sens et de la métamorphose.
Le masculin et le féminin fusionnent en une même image, évoquant le thème de l’androgyne, déjà présent dans Le Baiser. Un même trouble s’exprime dans son Torse de jeune homme, au genre incertain. Perturbant l’ordre symbolique de la division des sexes, ces oeuvres font écho à l’esprit contestataire de Dada, porté à la même époque par ses amis Marcel Duchamp, Man Ray et Tristan Tzara.

Des portraits ?

Depuis ses débuts, le genre du portrait occupe une place centrale dans l’art de Brancusi.
En s’éloignant du visible pour aller à l’essentiel, le sculpteur n’en délaisse pas moins la figure humaine, en particulier féminine. Alors que les titres des sculptures conservent les noms des amies ou compagnes qui inspirent le sculpteur (Margit Pogany, la baronne Frachon, Eileen Lane, Nancy Cunard, Agnes Meyer…), leurs personnalités tendent à se fondre et se confondre
en un visage stylisé, ovale et lisse. Elles ne sont
« ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre ».

Chacune se distingue par quelques signes élémentaires : yeux en amandes, chignon, bouclettes… Travaillant sans modèle, préférant reconstruire la figure de mémoire, Brancusi pose à travers ses portraits la question de la ressemblance et de la représentation.
Dans ses portraits dessinés, une même ligne souple décline les figures en profils et silhouettes.

L’envol

Le motif de l’oiseau, qui comporte plus de trente variantes en marbre, bronze et plâtre, occupe Brancusi pendant trois décennies. Initiées en 1910, les Maïastras au corps bombé, cou allongé et bec grand ouvert font référence à un oiseau fabuleux des contes populaires roumains.
Dans les années 1920, le sculpteur simplifie la forme, l’amincit et l’étire verticalement jusqu’à la limite de la rupture pour créer la série des Oiseaux dans l’espace. L’envol symbolise pour Brancusi le rêve de l’homme échappant à sa condition terrestre, son ascension vers le spirituel.
En 1927-1928, un procès oppose le sculpteur aux douanes américaines qui refusent le statut d’oeuvre d’art à un Oiseau en bronze, perçu comme une pièce industrielle métallique.

Vers 1930, le maharajah d’Indore lui commande deux Oiseaux pour un temple en Inde qui restera à l’état de projet. Ce caractère sacré, transcendant, transparaît dans le sous-titre de l’exemplaire exposé à New York en 1933 :
« Projet d’Oiseau qui, agrandi, emplira le ciel ».

Lisse et brut

Dans les photographies prises dans l’atelier, Brancusi cadre souvent ses sculptures au plus près, exploitant le pouvoir d’évocation des matériaux. Les surfaces patiemment polies, sur lesquelles toute trace du geste est effacée, contrastent avec des morceaux bruts ou taillés grossièrement. Ce jeu de matière est autant tactile que visuel, comme le souligne par son titre sa Sculpture pour aveugles. Avec le travail en série, chaque sculpture est à la fois unique
et multiple, souvent posée sur des socles superposés auxquels Brancusi porte un soin tout particulier. Composés de formes géométriques simples (croix, cube, disque…), ces supports créent un rythme ascensionnel dynamique et des jeux de correspondances. Brancusi remet en question le statut conventionnel de cet accessoire, traditionnellement utilisé pour surélever la sculpture et la distinguer de son environnement. Il convertit à plusieurs reprises certains
socles en sculpture autonome, refusant toute hiérarchie entre le haut et le bas, entre le banal et le noble.

Reflet et mouvement

« Nous ne voyons la vie réelle que par les reflets. »,
écrit Brancusi.
En polissant longuement le bronze, l’artiste obtient une surface brillante comme un miroir. De cette manière, la sculpture se projette au-delà d’elle-même et échappe à son strict contour. Les photographies et les films
de l’artiste confirment sa fascination pour les éclats de lumière, parfois aveuglants, et leur pouvoir de métamorphose des formes. L’oeuvre en métal poli absorbe, reflète et distord l’image de son environnement et celle de toute personne qui s’en approche. Animée par ce jeu de reflets, perpétuellement mouvants et changeants, la sculpture devient, comme Brancusi la définit,
« une forme en mouvement ». En posant certaines de ses oeuvres sur des roulements à bille, Brancusi fait véritablement tourner ses oeuvres sur elles-mêmes, à l’instar de Léda animée d’un mouvement circulaire comme un disque 78 tours sur un gramophone.

L’animal

Dans les années 1930 et 1940, plusieurs séries consacrées à la thématique de l’animal marquent une évolution vers des formes obliques ou horizontales. Au sein de ce bestiaire, deux groupes se distinguent : les volatiles (coqs, cygnes, oiseaux…) et les animaux aquatiques (poissons, phoques, tortues…). Avec de multiples versions, dans des matériaux et des formats variés, ses sculptures semblent répondre au principe naturaliste de l’espèce.
Par la simplification des formes, Brancusi vise à la fois à atteindre une figuration symbolique de l’animal et à retranscrire son mouvement.
Il explique : « Quand vous voyez un poisson, vous ne pensez pas à ses écailles, n’est-ce pas ? Vous pensez à sa rapidité, à son corps filant comme
un éclair à travers l’eau… »


Les images photographiques ou filmiques réalisées par le sculpteur
témoignent également de son lien étroit à la nature et au vivant.


Le socle du ciel

Brancusi a toujours nourri l’espoir de réaliser des oeuvres monumentales, comme en témoigne la reprise inlassable du motif du Baiser, stylisé et développé à l’échelle architecturale, sous forme de colonne et de porte. Une première occasion s’offre à lui en 1926, quand il plante sa Colonne sans fin dans le jardin de son ami Edward Steichen à Voulangis.
Née d’un modeste socle en bois, cette oeuvre radicale procède de la scansion verticale de l’espace par la répétition du même module, évoquant les piliers funéraires du sud de la Roumanie. C’est d’ailleurs dans son pays natal, à Târgu Jiu en 1937-1938, qu’il mène à bien son unique projet monumental. Sur un axe d’un kilomètre et demi traversant la ville, il place trois éléments symboliques : La Table du Silence, La Porte du Baiser et La Colonne sans Fin. Érigée en fonte métallisée à près de trente mètres de haut, cette dernière figure l’axis
mundi, le trait d’union entre la terre et le ciel, offrant au regard de multiples perspectives.

Informations pratiques

Un documentaire sur Arte
L’exposition « Brancusi » pour les familles
Un dépliant dédié au jeune public est librement disponible pour accompagner les enfants et leurs parents dans leur découverte active des oeuvres du père
de la sculpture moderne.
Tous les dimanches à 15h, la visite « Tribu » de l’exposition « Brancusi » permet d’explorer en famille l’univers de l’artiste.
Un dossier ressources dédié à l’artiste
Un dossier ressources numérique est dédié à Constantin Brancusi et son oeuvre. Il propose :
une approche biographique, une sélection d’oeuvres et des focus. Accessible sur le site internet du Centre Pompidou, les responsables de groupes y trouveront de nombreuses pistes pour préparer la visite ou en tirer profit après leur venue.
Retrouvez ici nos dossiers ressources sur l’art.
Le podcast de l’exposition
Disponible en français et en anglais, un podcast accompagne le parcours dans l’exposition.
Les paroles de Constantin Brancusi et de ses contemporains résonnent avec les propos d’Ariane Coulondre, commissaire de l’exposition, pour présenter les oeuvres phares et le travail de l’artiste.
Les visites guidées
Poser un regard curieux, critique et documenté sur la création, découvrir les enjeux esthétiques et historiques de l’exposition voici quelques-uns des temps forts que réservent les conférencières et conférenciers aux publics.
Visite guidée de l’exposition « Brancusi » en français : le samedi à 16h, le dimanche à 14h et à 16h (durée : 1h30).
Visite guidée de l’exposition « Brancusi» en anglais : le samedi à 12h (durée : 1h30).
Des visites adaptées sont également proposées aux personnes en situation de handicap.

Un dimanche à La Filature #5

DI. 28 AVRIL 2024
La Filature
se veut un lieu d’échanges, de convivialité et de partage. Pour ce nouveau Dimanche à La Filature, l’Opéra national du Rhin et la Scène nationale nous donnent rendez-vous pour une programmation à vivre en famille, autour d’une Heure lyrique, un brunch et la découverte de la Micro-Folie.
Au programme :

À partir de 9H MICRO-FOLIE

Éducatif et ludique, le musée numérique de la Micro-Folie permet de découvrir les chefs-d’œuvre de grands établissements culturels nationaux et internationaux :
musées, institutions patrimoniales, lieux de spectacle vivant… Grâce aux tablettes interactives, tableaux, sculptures et spectacles sont à portée de main : une véritable porte ouverte sur la diversité de la création artistique !

La Filature est équipée de deux Micro-Folies :

La Micro-Folie installée à La Filature au sein de l’espace audiovisuel dans le hall, en libre accès en amont des spectacles à voir en famille et sur réservation en groupe (à partir de 10 personnes).
Cliquez sur soumettre une demande de réservation et créez votre compte pour vous connecter et remplir le formulaire d’inscription. Vous serez contactée pour organiser votre visite et son contenu.

La Micro-Folie Nomade, itinérante et accueillie dans les structures partenaires (établissements scolaires, centres socioculturels, bibliothèques, salles polyvalentes…)

Dispositif développé par La Villette – Paris et soutenu par le Ministère de la Culture.

Avec le soutien de la Préfecture du Haut-Rhin. Les établissements fondateurs du projet Micro-Folie sont le Centre Pompidou, le Château de Versailles, la Cité de la Musique –Philharmonie de Paris, le Festival d’Avignon, l’Institut du monde arabe, le Louvre, le Musée national Picasso -Paris, le musée d’Orsay, le Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, l’Opéra national de Paris, la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, Universcience. Le Ministère de la Culture a confié à La Villette la mission d’accompagner le déploiement des Micro-Folies sur le territoire national en ciblant les territoires à enjeux. Les Micro-Folies se développent aussi à l’international, notamment à travers les réseaux des Instituts français et des Alliances françaises.

entrée libre

10h HEURE LYRIQUE

Magnard et son temps
À l’occasion de la nouvelle production de Guercœur, les artistes de l’Opéra Studio donnent à entendre quelques mélodies d’Albéric Magnard, ainsi que de compositeurs apparentés : son maître Vincent D’Indy, son ami Guy Ropartz, et une compositrice plus jeune mais contemporaine de ses dernières œuvres et disparue quatre ans après lui : Lili Boulanger.

À la mi-journée, l’après-midi ou en soirée, toute heure est propice aux émotions procurées par la musique vocale. Les forces artistiques de l’Opéra national du Rhin ont ainsi concocté des Heures lyriques qui permettent de goûter aux charmes de la voix humaine. En solistes ou en nombre, les chanteurs et pianistes de l’Opéra Studio, les artistes du Chœur ou les membres de la Maîtrise ont imaginé des programmes originaux, qui font parfois écho aux opéras et ballets de la saison. Heures exquises en perspective.

Avec les artistes de l’Opéra Studio
t
arifs plein : 13 € · abonné : 8 € · jeune : 6 € · réservations 03 89 36 28 28 ou sur lafilature.org

Durée 1h

à partir de 11h – AND’BRUNCH
de Chez André

Assiettes composées de produits frais (œufs brouillés, charcuterie, fromages,
tartinables, desserts, boissons…)
tarifs adulte 26 € / – de 12 ans : 9,50 € · réservations 03 89 36 28 28

Infos pratiques

La Filature
20 allée Nathan Katz 68100 Mulhouse
T +33 (0)3 89 36 28 28

 TRANSPORT EN COMMUN
– tram : 15 min depuis la gare
tram 1, tram 3 ou tram-train : arrêt Porte Jeune ;
puis tram 2 (direction Nouveau Bassin) : arrêt Nordfeld

– bus ligne 16 : arrêt Nordfeld

À VÉLO
– VéloCité Mulhouse : station n° 20 sur le parvis de La Filature
– Arceaux vélos à votre disposition sur le parvis

EN VOITURE
– autoroutes A 36 – A 35 : sortie 18 A Mulhouse Centre

– parking souterrain de La Filature géré par la ville de Mulhouse, ouvert 1h avant le début des spectacles, fermeture 1h après les représentations

accès : allée Nathan Katz, à gauche, le long du bassin

tarif unique : 2€ (paiement en espèces uniquement)

Bijoy Jain / Studio Mumbai

A la Fondation Cartier jusqu'au 21 avril 2024
avec les artistes :
Alev Ebüzziya Siesbye et Hu Liu
Commissaire de l’exposition : Hervé Chandès,
Directeur Général Artistique de la Fondation Cartier
Commissaire associée : Juliette Lecorne,
conservatrice à la Fondation Cartier

En tant qu’architecte, j’apporte la plus grande
considération à la façon dont sont créées les choses.
L’essentiel est d’être attentif à l’environnement naturel,
aux matériaux et aux habitants.
L’espace et l’architecture doivent être inclusifs.
Bijoy Jain

Du 9 décembre 2023 au 21 avril 2024, la Fondation Cartier
pour l’art contemporain présente Le souffle de l’architecte,
une exposition spécialement créée pour l’institution par
larchitecte Bijoy Jain, fondateur du Studio Mumbai en Inde.
Il est l’auteur d’une oeuvre témoignant d’une profonde préoccupation pour la relation entre l’homme et la nature, et dont le temps et le geste sont des facteurs essentiels.
Il est l’auteur d’une oeuvre témoignant d’une profonde préoccupation pour la relation entre l’homme et la nature,
et dont le temps et le geste sont des facteurs essentiels.
Explorant les liens entre l’art, l’architecture et la matière, Bijoy Jain propose à la Fondation Cartier une création totale :
un espace de rêverie et de contemplation en dialogue avec
le bâtiment iconique de Jean Nouvel.

Le souffle de l’architecte

Bijoy Jain imagine une exposition qui se vit comme une expérience
physique et émotionnelle.
Le souffle de l’architecte offre aux visiteurs une véritable
invitation à respirer, à errer en toute quiétude, à redécouvrir
le silence :
« Le silence a un son, nous l’entendons résonner
en nous. Ce son connecte tous les êtres vivants. C’est le souffle
de la vie. Il est synchrone en chacun de nous. Le silence, le
temps et l’espace sont éternels, tout comme l’eau, l’air et la
lumière, qui sont notre construction élémentaire. Cette abondance
de phénomènes sensoriels, de rêves, de mémoire, d’imagination,
d’émotions et d’intuitions provient de ce réservoir d’expériences,
ancré dans les coins de nos yeux, dans la plante de nos pieds,
dans le lobe de nos oreilles, dans le timbre de notre voix, dans
le murmure de notre souffle et dans la paume de nos mains
Convoquant l’ombre et la lumière, la légèreté et la gravité,
le bois, la brique, la terre, la pierre ou encore l’eau,
l’architecte dessine une traversée sensorielle, en résonance
avec la matière. Élaborée au rythme du souffle et façonnée
à la main, l’exposition déploie une installation composée
de fragments architecturaux.

Sculptures en pierre ou en terracotta, façades d’habitats
vernaculaires indiens, panneaux enduits, lignes de pigments
tracées au fil, structures en bambou inspirées des tazias
– monuments funéraires portés sur les épaules à la mémoire d’un
saint lors des processions musulmanes chiites – ces constructions
transitoires et éphémères présentent un monde à la fois infini
et intime et nous transportent dans des lieux aussi proches
que lointains.

Bijoy Jain convie également l’artiste chinoise vivant à Pékin
Hu Liu et la céramiste danoise d’origine turque demeurant
à Paris Alev Ebüzziya Siesbye. Accordant la même importance
à la maîtrise rituelle du geste, à la résonance et au dialogue
avec la matière, tous trois partagent le même ethos et la même
sensibilité. Les dessins monochromes noirs de Hu Liu sont
entièrement réalisés au graphite, par l’itération d’un même
mouvement, afin de révéler l’essence d’éléments naturels :
l’herbe caressée par le vent, le ressac des vagues ou la
silhouette des branches d’un arbre.

Les céramiques d’Alev Ebüzziya Siesbye, comme en apesanteur,
sont également le fruit d’une grande dextérité et d’un dialogue
intense avec la terre.


Pour Bijoy Jain, le monde physique que nous habitons est
un palimpseste de notre évolution culturelle. L’humanité
traverse un paysage en constante évolution, dont les écritures
successives s’entremêlent.

Le souffle de l’architecte tente de donner un aperçu, aussi
fugace soit-il, de la sensorialité qui émane de l’architecture,
de la force intuitive qui nous lie aux éléments et de notre
rapport émotionnel à l’espace.

Bijoy Jain et le Studio Mumbai

Né en 1965 à Mumbai, en Inde, Bijoy Jain a étudié l’architecture à l’Université
de Washington à Saint-Louis, aux États-Unis.
Entre 1989 et 1995, il développe sa pratique architecturale à Los Angeles
dans l’atelier de maquettes de Richard Maier pour le Getty Museum, tout en
étudiant sous la direction de Robert Mangurian, fondateur de Studio Works.
Il a également travaillé à Londres avant de retourner en Inde en 1995.
Les créations de Studio Mumbai ont fait l’objet d’expositions dans
de nombreuses galeries à travers le monde, ainsi que d’acquisitions dans
les collections permanentes du Canadian Centre for Architecture, du MOMA à San Francisco et du Centre Pompidou à Paris.


Le travail de Studio Mumbai a fait l’objet d’expositions internationales notamment au Victoria and Albert Museum de Londres
en 2010, mais aussi à la Biennale de Sharjah en 2013, à Arc en rêve centre
d’architecture à Bordeaux en 2015, ainsi qu’à la Biennale d’architecture
de Venise en 2010 et 2016.
la Grande Médaille d’or de l’Académie d’Architecture de Paris (2014), le BSI
Swiss Architecture Award (2012), le Spirit of Nature Wood Architecture Award, décerné en Finlande (2012), le Aga Khan Award for Architecture (2010) dont il était finalistepour la 11e édition, et le Global Award in Sustainable Architecture (2009).

Informations pratiques

Visites guidées
LES MATINÉES GUIDÉES
Un moment privilégié hors des horaires
d’ouverture pour explorer en groupe l’exposition
en compagnie d’un médiateur culturel.
– Les mercredis, jeudis et vendredis matin à 10 h
Horaires d’ouverture
Tous les jours de 11 h à 20 h, sauf le lundi.
Nocturne le mardi, jusqu’à 22 h.
La fermeture des salles débute à 19 h 45
(21 h 45 les mardis).
Fondation Cartier
261 bld Raspail Paris

Sommaire du mois de mars 2024

Carreau du Temple Paris

30 mars 2024 : La Vierge Du Chancelier Rolin
29 mars 2024 : Drawing Now Art Fair
18 mars 2024 : MINISTÈRE DE L’IMPRESSION
13 mars 2024 : L’Olympisme, une invention moderne, un héritage antique
10 mars 2024 : NELKEN LINE
7 mars 2024  : Femmes de génie – les artistes et leur entourage
6 mars 2024  : Dan Flavin dédicaces en lumière
4 mars 2024  : Holbein et la Renaissance au Nord

La Vierge du chancelier Rolin

du 20 mars –au  17 juin 2024 au musée du Louvre
AILE SULLY,
1ER ÉTAGE,
SALLE DE LA CHAPELLE
Commissariat :
Sophie Caron, conservatrice au département des Peintures du musée du Louvre

Œuvre majeure de l’art occidental, à la dimension fortement méditative,
la Vierge Rolin peut aujourd’hui sembler difficile à comprendre.
C’est pourquoi l’exposition est
guidée par des questions, qui sont autant d’étapes du regard sur le tableau : pour quel(s) usage(s)
Van Eyck a-t-il conçu cette œuvre
si spéciale, à l’intention de Nicolas Rolin, chancelier du duché de Bourgogne ?
Pourquoi a-t-il peint à
l’arrière-plan un paysage tellement miniaturisé qu’il en est presque invisible ? Comment comprendre les deux petits personnages du jardin ? Quels dialogues l’œuvre entretient-elle à la fois avec l’art de l’enluminure et les bas-reliefs funéraires sculptés ? Peut-on savoir comment les artistes du XVe siècle ont compris cette œuvre ?

Le parcours déploie une narration en six sections permettant au visiteur d’entrer plan par plan dans le tableau, à la manière d’une lecture, La Vierge du chancelier Rolin étant placée au centre de la salle. Quatre de ces parties s’articulent autour d’au moins une œuvre de Jan van Eyck.

La première section est consacrée à la rencontre entre Nicolas Rolin et la Vierge à l’Enfant, ce dernier étant figuré de manière très inhabituelle en Salvator Mundi nu. L’œuvre est une scène de présentation à la Vierge particulièrement audacieuse, dans laquelle Rolin se fait représenter à la même échelle, à la même hauteur et dans le même espace que la Vierge et le Christ, qui le bénit, et ce sans être introduit par son saint patron. Le spectateur est exclu de la scène. Le prêt exceptionnel de la Vierge de Lucques du Städel Museum de Francfort offre un saisissant contrepoint, en plaçant le même spectateur dans la position de Rolin, à genoux et en prière devant la Madone.

Dans ce face-à-face, le visage fortement individualisé de Rolin est l’élément le plus frappant du tableau et la deuxième section permet de s’arrêter sur la question du portrait, si centrale dans l’art de Van Eyck et de ses grands contemporains comme Robert Campin ou Rogier van der Weyden. Deux des autres effigies de Rolin exposées sont d’ailleurs de la main de ce dernier (panneau du polyptyque du Jugement dernier des Hospices de Beaune et le manuscrit enluminé des Chroniques de Hainaut de la Bibliothèque royale de Belgique). La singularité de la représentation de Rolin par Van Eyck s’exprime aussi dans le somptueux costume, tout à fait inhabituel, dont Van Eyck a vêtu son commanditaire. Ce rapprochement d’œuvres d’artistes en constante émulation les uns avec les autres est encore enrichie par la présentation du Portrait de Baudoin de Lannoy (Berlin, Gemäldegalerie), autre dignitaire de la cour bourguignonne, qui est probablement le portrait eyckien le plus proche, par sa technique, de celui de Nicolas Rolin. Dans les deux cas, l’impression de vie est stupéfiante et
se manifeste par la représentation du passage du temps sur les visages.

Mais ces personnages se rencontrent dans un lieu par rapport auquel elles sont clairement disproportionnées. La troisième section s’attache à l’architecture peinte par Van Eyck, qui crée un lieu purement imaginaire, précieux et onirique mélange d’église romane et de palais aux touches méditerranéennes. Il s’agit avant tout d’un décor, conçu pour souligner le caractère hors normes de la rencontre. Les chapiteaux, qui n’imitent pas vraiment des chapiteaux romans réels, représentent des épisodes de la Genèse et évoque les fautes commises par les hommes, peut-être pour guider la prière de Rolin. La sublime Annonciation (Washington, National Gallery of Art), bien que d’une composition très différente de la Vierge Rolin, témoigne d’un répertoire commun dans le traitement de l’architecture par Van Eyck.

Par les trois arches aux chapiteaux richement ouvragés, le regard plonge dans le paysage, élément essentiel de la composition et sur lequel est centrée la quatrième section. Dans aucune autre de ses œuvres peintes, y compris le Saint François recevant les stigmates (Philadelphie, Museum of Art), Van Eyck n’a déployé un paysage d’une telle ampleur, d’un telle profondeur et d’une telle richesse de détails.

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Avec toute la virtuosité de son talent de miniaturiste, il crée un territoire dans lequel Rolin peut se projeter de façon à la fois familière et idéalisée. Il ne s’agit pas, en effet, d’un lieu réel mais seulement vraisemblable, qui permet une immersion presque hypnotique, favorable à la prière. L’œil peut se promener très précisément dans cette ville idéale des Pays-Bas bourguignons, guidé en un crescendo émotionnel et spirituel, à mesure qu’il se déplace de la gauche (derrière Rolin) vers la droite (derrière la Vierge et l’Enfant). Dans la Vierge Rolin, le paysage n’est pas plus miniaturisé que dans le bas de page du manuscrit dit des Heures de Turin-Milan de la main du maître.

L’avant-dernière section revient sur le plan médian du tableau, à savoir le jardin et les petits personnages qui ont fait couler tant d’encre.

Le jardin intérieur est marqué par une échelle incongrue par rapport aux autres plans du tableau, ce qui souligne le côté autonome et transitionnel de cet espace. Allusion au thème traditionnel de la Vierge dans un jardin clos, peuplé d’animaux et de plantes réels peints avec un souci illusionniste, cet espace est l’occasion de rapprochement avec l’art des peintres de Cologne, première source de la culture visuelle de Van Eyck mais aussi avec celui des orfèvres, notamment pour les petits objets émaillés qui connaissent, vers 1400, leur apogée technique, et avec celui de son contemporain, Pisanello.
Quant aux deux petits personnages, dont la taille dans le tableau ne dépasse pas deux centimètres de haut, ils sont issus de la tradition médiévale, tant littéraire que figurée dans les manuscrits, dans laquelle déjà ils orientent le regard du lecteur. Ici, ils nous invitent littéralement à plonger dans le paysage. L’homme au turban rouge, allusion possible et probable à l’artiste, semble être le guide de cette exploration. Un demi-siècle plus tard, des artistes comme Hieronymus Bosch (Ecce Homo, Francfort, Städel Museum) détourneront leur signification en la moralisant : ils deviennent ceux qui se détournent de l’essentiel en ignorant la scène principale.

La redécouverte la plus notable de la restauration est celle du revers peint représentant en un trompe-l’œil éblouissant un faux marbre vert que l’on peut aujourd’hui attribuer avec certitude au pinceau de Van Eyck. Il appuie l’hypothèse selon laquelle le tableau avait vocation à être manipulé et à être vu sur ses deux faces. La dernière section de l’exposition aborde donc cette question des deux fonctions de l’objet, probablement conçu pour deux rôles successifs : un tableau de dévotion mobile, proche de l’esprit des petits livres orfévrés, pouvant accompagner le chancelier Rolin dans ses incessants déplacements dans le vaste duché de Bourgogne, ayant à terme vocation à lui servir d’épitaphe dans l’église de Notre-Dame du Châtel à Autun. La composition du panneau révèle des affinités profondes avec les épitaphes sculptées et présente des enjeux similaires de représentation, tels que le montrent deux bas-reliefs de Tournai présentés dans l’exposition.

A la fin du parcours, grâce au projet closertovaneyck, conduit à l’initiative de l’Institut royal du Patrimoine artistique belge (KIK-IRPA), les visiteurs pourront s’immerger grâce à des images de très haute définition dans le paysage créé par Van Eyck, comme pouvait le faire Nicolas Rolin, penché sur son tableau.

La Vierge du chancelier Rolin cristallise à bien des égards les tensions qui traversent l’art flamand dans le premier tiers du XVe siècle, entre tradition médiévale et expérimentations révolutionnaires. En favorisant les rapprochements et comparaisons éloquentes, l’exposition lui permet d’exprimer au mieux à la fois sa singularité et son inscription dans son époque, et contribue à enrichir notre compréhension des dialogues menés par Van Eyck avec les artistes de son temps.

Seul tableau de Jan van Eyck (vers 1390/95-1441) conservé en France, la Vierge du chancelier Rolin est l’un des chefs-d’œuvre des peintures du Louvre. Il est pourtant aujourd’hui étonnamment méconnu.
La restauration dont il vient de faire l’objet au Centre de recherche et de restauration des musées de France est historique : l’œuvre n’avait jamais été restaurée depuis son entrée au musée en 1800. L’allègement des couches de vernis oxydés qui assombrissaient la peinture offre une redécouverte spectaculaire du tableau.
Le Louvre consacre une exposition exceptionnelle à cet événement, mêlant la présentation d’œuvres prestigieuses prêtées par de grands musées internationaux et un dispositif d’immersion numérique permettant de plonger le regard au cœur du tableau de Van Eyck. Une occasion de revoir la Vierge d’Autun et d’interroger autrement ce que l’on pensait savoir de cette œuvre iconique.

Informations pratiques

Horaires et jours d’ouverture
Le musée du Louvre est ouvert tous les jours, sauf le mardi.
La dernière admission se fait 1 h avant la fermeture. L’ évacuation des salles commence 30 min avant la fermeture.
9HT à 18H
lundi, mercredi, jeudi, samedi et dimanche
9HT à 21H45
vendredi
L’entrée principale du musée est la Pyramide du Louvre.
Elle se répartit en 4 files : les visiteurs sans billet, les visiteurs avec billet, les porteurs de carte (adhérents, ministère de la Culture, Pass Éducation, ICOM, etc.) et les accès prioritaires (PMR, personnels, etc.).
En cas d’affluence, un accès est aussi possible par le Carrousel du Louvre, le passage Richelieu ou la porte des Lions, en fonction de votre profil. Pensez à vérifier sur le plan ci-dessous la praticabilité de l’accès choisi :

EN MÉTRO

Lignes 1 et 7, station « Palais-Royal / Musée du Louvre »
Ligne 14, station « Pyramides »

EN BUS

N° 21, 27, 39, 67, 68, 69, 72, 74, 85, 95

Drawing Now Art Fair

Le Carreau du Temple, 2024 © Grégoire Avenel – Agence Coolhunt paris

le salon du dessin contemporain a redonné des couleurs au printemps !

Valérie Sonnier
Le bassin des Beaux Arts, 2024
Fusain et acrylique sur papier coréen
150 x 210 cm

« Heureux d’être là », les galeries et les nombreux visiteurs, amateurs, collectionneurs et institutions du monde entier, n’ont pas manqué d’exprimer leur plaisir de se retrouver au Carreau du Temple à l’occasion de la
 17e édition de Drawing Now Art Fair, du 20 — 24 mars 2024

Les participants

Dans les allées se sont croisées de nombreux représentants d’institutions françaises : Centre Pompidou (Laurent le Bon, Xavier Rey, Claudine Grammont et Anne Lemonnier), Ministère de la culture (Edward de Lumney), Palais de Tokyo (Daria de Beauvais), Espace Jacques Villeglé à Saint-Gratien (Carine Roma-Clément), Musée de Grenoble (Sébastien Gökalp), Fondation Carmignac, Hermès, Frac Normandie Grand Large (Keren Detton), Frac Réunion, Fondation Salomon, Mac de Lyon (Isabelle Bertolotti et Mathieu Lelièvre), Frac Montpellier (Eric Mangion), Institut français (Marie-Cécile Burnichon), Fondation Maeght, Fondation Giacometti, Cnap (Béatrice Salmon et Simon
André-Deconchat), Frac Picardie (Pascal Neveux), MAMAC (Hélène Guenin)…
Mais également d’institution internationales : Cartoonmuseum Basel (Anette Gerhrig), Musée Jenisch Vevey (Pamella Guerdat et Nathalie Chaix), Museo Civico Villa dei Cedri (Carole Haensler) Horniman Museum and
Gardens (Errol Reuben Fernandes), Graphische Sammlung ETH Zürich (Linda Schädler), Université de West England (Anouk Mercier), Museum of Applied Arts à Vienne (Marlies Wirth), Kunstmuseum Basel (Anita Haldemann)
… préfigurant de futures collaborations.
Les collectionneurs et les amateurs fidèles, nationaux et internationaux, étaient au rendez-vous : Laurent Fiévet, Antoine de Galbert, Caroline Bourgeois, Alexis Kolnikoff, Marc Pottier, Evelyne et Jacques Deret, Florence et Daniel Guerlain, François et Martine Bordry, Bernard et Michèlle Millet, Guillaume de Saint-Seine, Frédéric de Goldschmidt… S’ils se sont montrés plus réfléchis, ils n’ont finalement pas manqué de concrétiser de nombreux achats.

Rodion Kitaev

Plusieurs personnalités, parfois habituées, étaient présentes : Guillaume Durand, Jacques Toubon, Jérôme Duval Hamel, Aline Asmar d’Amman, Mathieu Lehanneur, Yves Mirande…
Les amis des musées : ADIAF, Amis du Musée d’Art Moderne de Paris, Amis du Quay Branly, Amis des Beaux-Arts de Paris, Amis du Palais de Tokyo, Amis de la Maison européenne de la photographie, Amis du Musée d’Orsay,
le Frac Plateforme, Jeunes amis et Amis du Musée de la Chasse étaient également au rendez-vous et ont eu de nombreux coups de coeur.
La présence de nombreux commissaires indépendants a également été appréciée : Carine Roma, Fabienne Bideaud, Nicolas Bourriaud, Grégory Lang, Jean-Marc Dimanche, Marc Donnadieu, Lauranne Germond, Jean de
Loisy, Alfred Pacquement, Karine Tissot, Alexandra Fau, Klaus Speidel, Isabelle Dervaux, Philippe Piguet…

Vue du salon Drawing Now Art Fair 2024 © Grégoire Avenel
– Agence Coolhuntparis

La foire a été l’occasion de découvrir ou de redécouvrir des corpus d’oeuvres d’artistes reconnus et de montrer que le dessin devenu oeuvre autonome n’est décidément plus seulement que le crayon mais très ouvert vers d’autres pratiques artistiques.
Près de 18.000 visiteurs se sont pressés dans les allées du Carreau du Temple, il n’était pas rare d’entendre « c’est mon salon préféré » !
La ministre de la culture Rachida Dati était enchantée de ses échanges et découvertes, elle a rappelé le rôle fondamental des galeries dans l’accompagnement et la promotion des artistes.

Drawing Now Art Fair 2024 (de gauche à droite : Claudine Papillon, Marion Papillon, Rachida Dati, Carine Tissot, Christine Phal et Aurélien
Véron) © Olivier Boulet – Agence Coolhuntparis

Le symposium s’est tenu le jeudi 21 mars, dans l’auditorium du Carreau du Temple, mis à disposition par la Ville de Paris, et avec le soutien de Pro Helvetia, curateur•trice•s, directeur•trice•s institutionnel•lle•s et indépendant•
te•s se sont réuni•e•s et ont dressé un état des lieux complet du dessin aujourd’hui à travers les thématiques de la bande dessinée, des outils d’apprentissage, des collections et les questions écologiques.

                                                 Abdelkader Benchamma
Collectionneurs, artistes, amateurs et étudiants en art ont rempli les rangs de l’auditorium. Ils ont également assisté nombreux aux différentes tables rondes proposées par Drawing Now Art Fair pour sa 17e édition, marquant
une année particulièrement réussie pour ce format.
Tatiana Wolska est la lauréate du Prix Drawing Now 2024, elle est représentée par la Irène Laub Gallery. Le prix, soutenu par la Drawing Society, est doté de 15 000 € : 5 000 euros de dotation pour l’artiste, 10 000 euros
d’aide à la production pour une exposition de 3 mois au Drawing Lab et l’édition d’un catalogue monographique.
L’année prochaine, Drawing Now Art Fair, le salon du dessin contemporain revient du jeudi 27 au dimanche 30 mars au Carreau du Temple en synergie avec le Salon du dessin qui se tiendra lui au Palais Brongniart du 26 au 31 mars.
D’ici là, le Printemps du dessin contemporain se poursuit dans toute la France jusqu’au 21 juin, vous pouvez trouver toute la programmation sur : www.printempsdudessin.com.

Tatiana Wolska, Remise du Prix Drawing Now 2024
© Credit photo Say Who / Ayka Lux

Quelques dessins

Information pratiques

Drawing Now Art Fair
Du jeudi 27 au dimanche 30 mars 2025 de 11h à 20h (jusqu’à 19h le dimanche)
drawingnowartfair.com
info@drawingnowartfair.com
+ 33 (0)1 45 38 51 15
Le Carreau du Temple
4, rue Eugène Spuller — 75003 Paris
L’équipe
Christine Phal,
Fondatrice de Drawing Now Art Fair et Drawing Lab
christine.phal@drawingsociety.org
Carine Tissot,
Directrice générale
carine.tissot@drawingsociety.org
Joana P. R. Neves,
Directrice artistique
joana.neves@drawingnowartfair.com
Steven Vandeporta,
Directeur communication et projets artistiques
steven.vandeporta@drawingsociety.org
Leena Szewc,
Chargée de projet web art
leena.szewc@drawingsociety.org
Sophie Fremont,
Chargée des actions culturelles
sophie.fremont@drawingsociety.org
Manon Topalovic,
Référente relations exposants
manon.topalovic@drawingnowartfair.com
Clémentine Demonin,
Assistante communication web
clementine.demonin@drawingsociety.org
Ysée Rocheteau Szkudlarek,
Assistante coordination
ysee.rocheteau@drawingsociety.org
Cosme Baudesson
Assistant coordination et communication
évènementielle
cosme.baudesson@drawingsociety.org
Soutenu par
HOTELS COLLECTION
L’économie de

MINISTÈRE DE L’IMPRESSION

Atelier sérigraphie et édition de la Haute école des arts du Rhin, Mulhouse
coproduction La Filature, Scène nationale de Mulhouse ; Haute école des arts du Rhin · dans le cadre des 30 ans de l’atelier sérigraphie et édition de la Haute 
école des arts du Rhin, Mulhouse · retrouvez cette exposition sur lafilature.org

Le Ministère de l’Impression, atelier de sérigraphie et d’édition du site d’arts plastiques de Mulhouse de la Haute école des  arts du Rhin, célèbre ses 30 ans et avec cette exposition une longue amitié avec La Filature.


L’atelier de sérigraphie de la HEAR-Mulhouse est un lieu unique de réflexion et de production qui a vocation à établir un courant continu et transversal entre les étudiant·es de toutes les années des options art, design et design textile proposées à l’école d’art. Il est une zone d’effervescence où les rencontres, les apprentissages et les expériences s’éprouvent au quotidien sous l’égide des artistes et praticien·nes Christian Savioz (successeur en tant que responsable de l’atelier à son fondateur Daniel Burgin) et Claire Morel à qui nous avons spontanément confié la conception de cette exposition.
La proposition qu’ils ont faite est d’une élégante générosité. Sa conception même, les étudiant·es et artistes qu’elle convie, les travaux qu’elle rassemble – choisis parmi ceux archivés depuis la création de l’école –, en font une exposition qui révèle avec éclat les enjeux de l’atelier.
Au Ministère de l’Impression, les études permettent l’approche d’une technique mécanique, c’est-à-dire exacte, de production d’objets conformes en termes de matières, de proportions, de couleurs ou encore de textures. La sérigraphie y est envisagée comme médium mais aussi comme pensée, champ de recherche et moyen d’expression. Impression de film pour typon, enduction, insolation, dégravage d’écran, sérigraphie, polymérisation ultraviolette… induisent un agencement de techniques et de gestes qui se succèdent, dont l’enchaînement dicte autant la cohérence pour l’objet manufacturé que la fluidité pour l’acte créateur. Au sein de l’atelier, la sérigraphie contribue à élargir la possibilité de diffuser des idées à travers l’image imprimée (souvent un multiple – idée sociale généreuse !). Et tout tend à s’imprimer au Ministère : posters, fanzines, livres, métrages textiles, jeans, culottes, casquettes, plaques de zinc, de cuivre, d’acier, d’aluminium, de plâtre, de béton, de bois, de plexiglass, linoléum, miroirs, bouteilles de bière, boîtes de conserve, pain d’épices, hosties, tablettes de chocolat, corps humain, peaux de bêtes…

Les infinies ressources dont l’atelier recèle sont révélées dans un journal de bord publié chaque année, où sont méticuleusement consignés les détails de son activité, avec les mêmes exigences journalières que celles du métier de sérigraphe.

Déployés dans l’exposition à La Filature, des exemplaires de ce journal intègrent un ensemble d’œuvres, non pas simplement transférées de l’atelier, mais issues des imaginaires individuels ou collectifs où elles  ont d’abord été élaborées. Émancipées des classifications conventionnelles, les images circulent d’un support à l’autre (affiche, papier peint, carrelage, t-shirt,
mémoire d’étudiant·e), d’un langage à l’autre (construit autour de lignes et de formes ou constitué d’un vocabulaire de motifs et de couleurs).

Posant des questions aussi bien esthétiques qu’éthiques, les œuvres, parfois
subversives, nous invitent à développer des dimensions cognitives particulières, à être spectateur·rice et sujet d’expérimentations tout autant graphiques et chromatiques que sociétales et politiques. Un objet en
témoigne en particulier : un prototype de canoë en bois et en carton, vestige d’un workshop au cours duquel les élèves étaient invité·es à courir une régate dans des embarcations de leur fabrication, est ici posé au sol, comme une incitation à nous rêver réhabitant·es de nos espaces de vies.
Emmanuelle Walter, responsable arts visuels à La Filature, Scène
nationale de Mulhouse

Photos Anne-Catherine Goetz

LES RENDEZ-VOUS

EXPOSITION du ma. 12 mars au sa. 18 mai 2024
du ma. au sa. de 13h à 18h + di. de 14h à 18h + soirs de spectacles
VERNISSAGE ma. 12 mars 19h
en présence des artistes · avec un DJ & VJ set par Fleur en strass, Aimée et 16@
CLUB SANDWICH je. 11 avril 12h30
visite guidée de l’expo + pique-nique tiré du sac + Food Truck sur le parvis de La Filature (gratuit sur inscription au 03 89 36 28 28)
VISITES GUIDÉES sur rendez-vous
edwige.springer@lafilature.org ou 03 89 36 28 34

L’Olympisme, une invention moderne, un héritage antique

Catalogue officiel de l’exposition « L’Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique » du 24 avril au 16 septembre 2024 au Musée du Louvre.

Grâce à la découverte d’archives inédites – issues du fonds de l’artiste Émile Gilliéron – et au réexamen d’oeuvres emblématiques, cet ouvrage revient sur le contexte politique et sur les enjeux de la création de l’olympisme moderne.
Il permet ainsi d’analyser la fabrique de la première iconographie olympique. Le lecteur comprendra alors comment cette réinvention repose sur une combinaison orientée des sources antiques (textes, images et vestiges), faisant de l’olympisme moderne une illusion collective mais efficace.
L’ouvrage rappelle également que Paris, trois fois capitale olympique (1900, 1924, 2024), a été le berceau où est née en 1894 l’idée de l’olympisme moderne.
Cette réinvention, qui s’appuie elle aussi sur une manipulation des sources, a entraîné des dérives nationales ou internationales, des exclusions ou des stéréotypes dont les études classiques ont été d’une certaine manière les victimes.
L’ensemble des textes qui composent ce volume fournissent ainsi les clés pour comprendre l’histoire méconnue de l’olympisme moderne. Par sa matière inédite et son angle d’approche original, ce catalogue s’adresse à tous et permet d’explorer les jeux Olympiques modernes, leur genèse et leur signification.
Cet ouvrage est une coédition Musée du Louvre/Éditions Hazan

INFOS CLÉS

Volume : relié Format : 23 x 28 cm ISBN : 9782754113830
336 pages illustrées
Prix : 45€ TTC Mise en vente : 24 avril 2024

• Catalogue officiel de l’exposition « L’Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique » du
24 avril au 16 septembre 2024 au Musée du Louvre.
• Cet ouvrage revient sur le contexte politique et sur les enjeux de la création de l’olympisme
moderne.
• Ce catalogue s’adresse à tous et permet d’explorer les jeux Olympiques modernes, leur
genèse et leur signification.

NELKEN LINE

« Dansez, dansez, sinon, nous sommes perdus. » Pina Bausch

Pour célébrer ses 30 ans, La Filature, Scène nationale a accueilli en octobre dernier le spectacle Vollmond (Pleine Lune) de l’immense Pina Bausch.
Dans la continuité de cet événement, en collaboration avec l’ESPACE 110 – Centre Culturel d’Illzach et le CCN·Ballet de l’Opéra national du Rhin, un projet participatif issu du travail de la chorégraphe allemande verra le jour cette saison : la Nelken line, phrase chorégraphique issue de son spectacle éponyme, à reproduire seul·e ou collectivement.
À l’image des « guirlandes humaines » qui sont la signature de Pina Bausch dans la plupart de ses œuvres, la Nelken line est une marche / procession agrémentée de gestes simples illustrant les quatre saisons.
Grâce au tutoriel vidéo réalisé par nos équipes, nous invitons le public à apprendre la chorégraphie et à rejoindre l’aventure.

DEUX TEMPS D’INITIATION

MA. 20 FÉV. 19H15 à La Filature
ME. 21 FÉV. 19H15 à La Filature

DEUX MOYENS DE PARTICIPER

se filmer
dans la rue, à la campagne, dans son salon ou sa salle de bain, en suivant le tutoriel, puis partager sa Nelken line sur les réseaux sociaux avec le #nelkenlinemulhouseillzach et en taguant les comptes de @lafilature_sn et @espace110_illzach !

et/ou rejoignez-nous sur place
avec d’autres participant·es, lors de trois rendez-vous à La Filature et à l’ESPACE 110 en amont de plusieurs spectacles de La Quinzaine de la Danse :
JE. 7 MARS 19H15 à La Filature
VE. 15 MARS 20H à l’ESPACE 110
MA. 26 MARS 19H15 à La Filature

Femmes de génie – les artistes et leur entourage

Elisabetta Sirani, la pénitente Marie Madeleine, 1663
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie

Jusqu'au 30.6.2024, au Kunstmuseum Basel | Hauptbau
Commissaires : Bodo Brinkmann, Katrin Dyballa (Bucerius Kunst Forum), Ariane Mensger
Prologue

L’exposition Femmes de génie propose un nouvel éclairage sur l’histoire de l’art de l’Époque moderne en présentant une centaine d’oeuvres d’artistes femmes ayant rencontré du succès entre le XVIe et le XVIIIe siècle ainsi que de leurs proches masculins. Elle réunit des portraits, des peintures d’histoire, des natures mortes, des dessins et des oeuvres graphiques de la Renaissance, du baroque et du classicisme.
Entre 1500 et 1800, il y avait, au Nord comme au Sud de l’Europe, bien plus de femmes peintres, instructrices, éditrices et graveuses qu’on ne l’imaginerait. Certaines d’entre elles furent comblées de succès. Même s’il n’était pas impossible pour une femme de mener une carrière d’artiste, des conditions favorables devaient être réunies car cela allait à l’encontre du rôle de la femme dans la société.
L’exposition Femmes de génie retrace pour la première fois le parcours de plusieurs artistes femmes à travers de pertinentes mises en regard avec des oeuvres de leurs pères, frères, époux et rivaux et les intègrent dans le contexte des siècles prémodernes. Des rapprochements d’oeuvres concis révèlent de manière fascinante les correspondances et les divergences de contenu et de traitement. Le contexte social et familial est également mis en lumière. En outre, l’exposition offre l’occasion de découvrir, aux côtés d’oeuvres de peintres plus connues, celles d’artistes femmes tombées dans l’oubli, mais travaillant souvent à un haut niveau d’exigence.

Filles, épouses et peintres de cour

                                      Catharina van Hemessen (1528 – après 1565
Les corporations et les académies refusèrent longtemps l’accès aux femmes. Ainsi, les artistes étaient très souvent issues de familles d’artistes où elles étaient formées. Catharina van Hemessen (1528 – après 1565), qui réalisa à l’âge de 20 ans le premier autoportrait connu d’une artiste au travail figurant aujourd’hui au sein de la collection du Kunstmuseum Basel, apprit sans doute à peindre dans l’atelier de son père Jan Sanders van Hemessen (vers 1500 – vers 1556). Par ailleurs, nous savons que Marietta Robusti, dite la Tintoretta (vers 1554/55–1614), a, très jeune, assisté son père Jacopo Robusti, dit Tintoretto (1518/19–1594), dans la réalisation d’oeuvres de commande avant de devenir elle-même une peintre à succès.

                   Marietta Robusti, dite la Tintoretta (vers 1554/55–1614)
D’autres femmes eurent moins de chance et travaillèrent dans l’ombre des membres de leur famille. Leur style est souvent difficile à repérer, celui-ci se mêlant aux oeuvres de leurs maîtres selon les habitudes alors en vigueur dans les ateliers.
Michaelina Wautier (1604–1689) fut l’une d’entre elles. D’autres encore se marièrent avec un artiste. Rachel Ruysch (1664–1750) épousa le peintre Juriaen Pool (1666–1625) qui lui permit non seulement de peindre, mais on sait également que les natures mortes de Rachel se vendaient même mieux que les siennes et qu’il la soutenait véritablement dans son travail. Elle fut la première femme à être admise au sein de la guilde des peintres de La Haye

                                                           Rachel Ruysch (1664–1750)
En règle générale toutefois, le mariage entraînait l’abandon du métier exercé par la femme et la subordination à son époux, comme ce fut le cas pour Judith Leyster (1609–1660). Certes, la femme pouvait apporter en maints endroits son soutien à celui-ci dans son atelier, mais ses responsabilités familiales figuraient en réalité bien souvent au premier plan. Dès lors, des artistes comme Maria van Oosterwijk (1630–1693) choisirent de ne pas se marier.
Bien qu’il s’agisse de cas plus rares, il est intéressant de remarquer ces femmes artistes nées loin de la profession qui apprirent pourtant à peindre. Elles appartenaient à la noblesse, à la bourgeoisie comme au milieu de l’artisanat. Sofonisba Anguissola (1532–1625) fut l’une d’entre elles. Formée par le peintre Bernardino Campi (1522–1591), elle fut en engagée comme peintre à la cour d’Espagne grâce à son père qui fit sa promotion de manière ciblée. Leur lien avec la cour permettait aux femmes artistes de connaître la gloire et les honneurs en toute autonomie, plus tard cela leur facilitait l’accès à l’académie. Katharina Treu (1743–1811) fut ainsi la première femme disposant d’un titre de professeure au sein d’une académie allemande grâce au soutien du prince-électeur Charles-Théodore du Palatinat. L’enseignante la plus connue parmi ces artistes femmes est peut-être Angelika Kauffmann (1741–1807) qui fut, entre autres, membre de la Royal Academy de Londres. Toutefois, sans le soutien d’un entourage masculin, ces femmes n’auraient jamais connu le succès.

Au cours de ces siècles, les thèmes du portrait et de la nature morte florale prédominent chez les artistes femmes. Néanmoins, des exceptions pouvaient se produire : la peinture d’histoire, le plus noble des genres, constituait parfois le sujet du tableau. Il n’existe pas de thème « typiquement féminin », les motifs étant surtout l’expression du lieu de la pratique artistique et de l’époque où vivait chaque artiste. Le cercle des commanditaires déterminait également le sujet : tandis que la bourgeoisie s’affermit comme commanditaire aux Pays-Bas et en Allemagne, la noblesse conserva sa suprématie en Italie et en Espagne où s’ajoutaient des commandes ecclésiastiques encore plus importantes. Ces commandes déterminaient également les formats. Ainsi, le tableau de genre (d’un rang inférieur) s’imposa dans certaines régions du Nord à partir du XVIIe siècle face au tableau d’histoire qui perdura dans le Sud. Le portrait et la nature morte florale se retrouvent toutefois de la même façon chez les artistes du Nord comme du Sud.

De l’Italie à l’Allemagne

Les 19 artistes femmes sont regroupées selon leur origine géographique dans les cinq salles d’exposition au rez-de-chaussée du Kunstmuseum Basel | Hauptbau. Une première salle spacieuse est consacrée aux peintres italiennes Sofonisba Anguissola, Lavinia Fontana (1552–1614), Marietta Robusti, dite la Tintoretta, et Elisabetta Sirani (1638–1665).

Fedele Gallicia

Anne Vallayer-Coster

Une seconde salle, plus petite, expose des natures mortes romanes de Fede Galizia (vers 1574/78–1630), Louise Moillon (vers 1610–1696) et Anne Vallayer-Coster (1744–1818), avant une troisième qui présente les peintres flamandes Catharina van Hemessen, Michaelina Wautier et Judith Leyster. La quatrième salle se concentre sur les natures mortes du Nord avec Rachel Ruysch, Maria van Oosterwijk, Maria Sibylla Merian (1647–1717) et Alida Withoos (1662–1730), tandis que la cinquième salle se referme sur Katharina Treu et Dorothea Therbusch (1721–1782) originaires d’Allemagne, ainsi qu’Anna Waser (1678–1714), Anna Barbara Abesch (1706–1773) et Angelika Kauffmann natives de Suisse.
L’exposition réserve, en outre, une place aux femmes graveuses. Au sein des ateliers de gravure sur cuivre où se pratiquait aussi la gravure à l’eau-forte, les femmes travaillaient également dans le cercle familial avant tout. Comme il était habituel de munir les gravures d’informations détaillées sur le fabricant, le nom de ces femmes nous sont parvenus. Au sein des cabinets d’art graphique situés au premier étage du bâtiment principal du musée, des études de cas présentent trois des représentantes majeures de ce type d’art : Diana Mantovana (vers 1547–1612) issue de la famille éponyme de graveurs de Mantoue et de Rome, Magdalena de Passe (1600–1638) qui joua un rôle des plus actifs dans l’atelier de son père Crispijn de Passe à Cologne puis à Utrecht, ainsi que Maria Katharina Prestel (1747–1794) qui se maria avec son maître, Johann Gottlieb Prestel, avec lequel elle se lança, avec succès, dans le commerce alors florissant de la gravure de reproduction.

Des prêts internationaux

L’exposition est le fruit d’une coopération entre le Bucerius Kunst Forum d’Hambourg et le Kunstmuseum Basel, quoique l’étape bâloise plus circonscrite ne présente qu’une sélection des oeuvres exposées à Hambourg et publiées dans le catalogue accompagnant l’exposition. Elle rassemble des prêts d’oeuvres de collections publiques et privées internationales, dont la Galerie degli Uffizi à Florence, le Kunsthistorisches Museum à Vienne, le Rijksmuseum Amsterdam, les Staatliche Museen de Berlin, le Städel Museum de Francfort, la Staatsgalerie Stuttgart et la Gemäldegalerie Alte Meister à Dresde.
La publication richement illustrée contenant des contributions de Bodo Brinkmann, Katrin Dyballa, Sabine Engel, Ariane Mensger, Rahel Müller, Sandra Pisot, Sarah Salomon, Andreas Tacke, Iris Wenderholm et Seraina Werthemann a paru aux éditions Hirmer Verlag.

Informations pratiques

Kunsmuseum-neubau
St. Alban-Graben 8, Postfach
CH-4010 Basel
Tel. +41 61 206 62 80

Depuis la gare SBB tram n° 2 arrêt Kunstmuseum