« Arte Povera »

Emma Lavigne, conservatrice générale et directrice générale de la Collection PinaultCommissariat : Carolyn Christov-Bakargiev, spécialiste internationalement reconnue du mouvement italien.
L’exposition « Arte Povera » à la Bourse de Commerce — Pinault Collection
vise à retracer la naissance italienne, le développement et l’héritage international du mouvement. Jusqu'au 20 janvier 2025




La commissaire Carolyn Christov-Bakargiev réunit dans l’ensemble du musée plus de 250 oeuvres des treize principaux protagonistes de l’Arte Povera — Giovanni Anselmo, Alighiero Boetti, Pier Paolo Calzolari, Luciano Fabro, Jannis Kounellis, Mario Merz, Marisa Merz, Giulio Paolini, Pino Pascali, Giuseppe Penone, Michelangelo Pistoletto, Emilio Prini et Gilberto Zorio — auxquelles s’ajoutent de nouvelles commandes, confiées à la fois à des artistes de ce groupe historique et à des artistes internationaux issus des générations suivantes, dont la création résonne étroitement avec la pensée et la pratique de l’Arte Povera.

La Bourse de Commerce — Pinault Collection présente une exposition d’envergure dédiée à l’Arte Povera. Le commissariat est confié à
Carolyn Christov-Bakargiev,
Celle-ci s’appuie sur l’important fonds d’Arte Povera de la Collection Pinault, mis en résonnance avec ceux des Castello di Rivoli Museo d’Arte Contemporanea (Turin), Fondazione per l’Arte Moderna e Contemporanea CRT (Turin), Kunstmuseum Liechtenstein — Vaduz, Museo e Real Bosco di Capodimonte (Naples), Galleria d’Arte Moderna (Turin), Centre Pompidou (Paris), Tate (Londres). La commissaire ouvre un dialogue inédit avec des oeuvres anciennes et contemporaines, ancrant l’Arte Povera dans une perspective temporelle élarg

PLUS DE 250 OEUVRES EN DIALOGUE

Outre le noyau d’oeuvres des treize artistes associés à l’Arte Povera, l’exposition comprend des pièces et des documents qui retracent les étapes clés de ce que l’on peut considérer comme les prémices du courant. Ces épisodes trouvent leurs racines dans la culture du bassin méditerranéen — des présocratiques à la pensée lucrétienne — et informent du rapport particulier entre modernité et ruralité qui a caractérisé l’Italie jusqu’à la seconde moitié du 20e siècle, en suivant une trajectoire, d’ascendance franciscaine, qui
traduit une volonté d’appauvrir l’oeuvre. Dans l’exposition, chacun des treize artistes est associé à une personnalité, un mouvement, une époque ou un matériau qu’il estime comme une profonde influence, à l’image de Giorgio De Chirico pour Paolini et une peinture d’icône de Sano di Pietro pour Marisa Merz.

SALON

Dans le Salon, l’artiste Pier Paolo Calzolari expose Senza titolo (Materassi)
(1970), une série de six matelas couverts de tubes réfrigérants. L’artiste transforme les objets les plus simples et les plus quotidiens en éléments de composition d’un tableau vivant.
Chacun pourvu de son propre motif fait de tubes, se couvrant progressivement de givre, les matelas deviennent comme des êtres vivants. La mise en évidence de l’énergie qui les parcourt, la blancheur spectrale, le bruit des moteurs autant que la froideur de l’ensemble font de cette installation une expérience totale, où la vue, l’ouïe et le toucher du spectateur sont sollicités.

ROTONDE

Les treize artistes y sont présents, se faisant écho les uns aux autres, recréant l’intense magma collégial et expérimental des premières années de l’Arte Povera. Le premier arbre sculpté de Giuseppe Penone y côtoie le premier
igloo de Mario Merz,

tandis que la première sculpture réfrigérée de Pier Paolo Calzolari dialogue avec la première Direzione (1967) de Giovanni Anselmo, rendant sensible l’essentielle continuité entre l’humain, le végétal et le monde minéral. L’espace de la Rotonde figure aussi un espace extérieur abolissant l’idée même de musée avec la fontaine fumante d’Alighiero Boetti, Autoritratto (Mi Fuma Il Cervello) (1993-1994).

PASSAGE

Pour cette exposition, les 24 vitrines du Passage réactivent la pensée de
Walter Benjamin et des passages parisiens comme une lecture du 19e siècle se transformant en autant de jalons temporels et contextuels, et rappelant le terreau d’où émerge l’Arte Povera. Y figurent les artistes de l’avant-garde italienne de l’après-guerre, tels que Lucio Fontana, dont les toiles trouées donnent aux artistes l’exemple d’un art qui s’affranchit de
l’espace du tableau, ou Piero Manzoni, par la dimension libre et provocatrice de son usage des matériaux. D’autres vitrines exposent la dimension plus internationale des influences de l’Arte Povera, qu’il s’agisse de l’Internationale situationniste ou du groupe japonais Gutai.

Une constellation de protagonistes y apparaît, des artistes aux galeristes, des critiques aux figures de théâtre, tel que le metteur en scène polonais Jerzy Grotowski qui ont participé à l’élargissement de la définition de l’art, l’ouvrant aux nouveaux médias, à la performance, à l’expérimentation.

GALERIES / FOYER / STUDIO

Dédiant à chaque artiste fondateur de l’Arte Povera un espace spécifique,
l’exposition offre un généreux aperçu de leur oeuvre, en mettant l’accent sur des pièces majeures de l’histoire du courant, issues de la Collection Pinault ou prêtées par des institutions de renommée internationale. En correspondance avec chacun d’eux, la commissaire a associé leur pratique à une influence sous-jacente — un matériau, un artiste, un mouvement ou une époque.

Galerie 2 : Jannis Kounellis / Marisa Merz / Mario Mer

Jannis Kounellis, Marisa Merz et Mario Merz ont fortement contribué à
révolutionner le rapport au matériau. Tous les trois peintres de formation, ils se sont progressivement détachés du cadre de la peinture pour embrasser l’immensité des possibilités permise par le monde contemporain, sans jamais céder aux sirènes du progrès technologique :
Mario Merz « troue » des objets communs par des néons pour célébrer la continuité entre naturel et artificiel tandis que Kounellis

se tourne vers le charbon, la laine et le feu pour revenir à une forme de réalité archaïque. Marisa Merz tisse de manière visionnaire aussi bien des souliers que des formes géométriques au moyen de fils de nylon et de cuivre.

Galerie 3 : Michelangelo Pistoletto

Retraçant les différentes dimensions de la pratique de Pistoletto, l’espace
est ici habité par les « objets en moins » et les « tableaux miroirs » de l’artiste, pour lesquels il insère des figures, humaines, objectales ou architecturales, en papier peint et, plus tard, en sérigraphie, sur des surfaces réfléchissantes. Le miroir englobe le spectateur, permet de créer un tableau infini, où les visiteurs deviennent des éléments de composition. Animé par l’idée d’une forme d’utopie collective, Pistoletto conçoit sa pratique comme un engagement
social total, à l’image de Pace (1962-2007) réalisé lors des manifestations contre la guerre en Irak.

Galerie 4 : Alighierio Boetti

Alighiero Boetti pensait l’art comme une activité participative, un jeu basé
sur l’ordre et le désordre. Son attention s’est portée sur les matériaux les plus simples, « pauvres », au travers de manipulations élémentaires : accumulations, répétitions, mises en relation, actions à la portée de chacun. Souhaitant se défaire de l’imagerie de l’artiste vu comme un génie solitaire, Boetti orchestra sa propre disparition au sein d’un duo fictif,

« Alighiero e Boetti », se tournant également vers des formes de créations collectives, à l’image des Mappa et des techniques de tissage. Les multiples itérations de ses planisphères rendent également compte des évolutions géopolitiques.

Galerie 5 : Giuseppe Penone

Giuseppe Penone crée sa première oeuvre, « Alpi Marittime » (1968-1985),
alors qu’il est encore étudiant. Ces six images de manipulation sur quelques arbres et un ruisseau de son bois familial contient la quasi-totalité de la pratique à venir de l’artiste : une attention portée aux processus de croissance et de fabrication du vivant, au sein desquels Penone va s’insérer, sans chercher pour autant à les dominer. Ses Alberi visent à réattribuer à des poutres la forme des arbres qu’elles furent en suivant les cernes du bois. Chez Penone,
l’action artistique se situe au plus près du rythme du vivant.

Il me faudrait encore citer Galerie 6 : Pier Paolo Calzolari / Giovanni Anselmo,


Galerie 7 : Giulio Paolini / Pino Pascali / Luciano Fabro, Foyer : Gilberto Zorio,
Studio : Emilio Prini

C’est une vaste exposition qui demande quelques visites

Informations pratiques

Bourse de Commerce — Pinault Collection
2, rue de Viarmes
75 001 Paris (France)
Tel +33 (0)1 55 04 60 60
www.boursedecommerce.fr
Ouverture tous les jours (sauf le mardi), de 11h à 19h et en nocturne
le vendredi, jusqu’à 21h

Sommaire de décembre 2024

29 décembre 2024 : Giuseppe Penone – Arte Povera Bourse de commerce
24 décembre 2024 : Caillebotte Peindre les hommes
21 décembre 2024 : Geneviève Charras « Pan pan sur le tutu »
20 décembre 2024 : La mémoire des murs
17 décembre 2024 : FIGURES DU FOU DU MOYEN ÂGE AUX ROMANTIQUES
13 décembre 2024 : Nil Yalter
11 décembre 2024 : Chiharu Shiota « Les frémissements de l’âme »
8 décembre  2024 : Fresh Window Art & vitrines
3 décembre  2024 : ST-ART 2024

Giuseppe Penone – Arte Povera Bourse de commerce

Avant même de pénétrer dans la Bourse de Commerce, les visiteurs entrent en contact avec l’Arte Povera. Idee di pietra — 1532 kg di luce (en français, « Idées de pierre — 1532 kg de lumière ») (2010) de Giuseppe Penone, placé devant le bâtiment, affirme immédiatement l’un des axes majeurs de l’Arte Povera : la fusion entre nature et culture. Chez Penone, la ramification de l’arbre (vidéo) évoque les chemins de la pensée, et les pierres de rivières, fichées à plusieurs endroits, désignent les surgissements, les impasses, le poids des souvenirs : l’artiste assimile la pensée humaine à la croissance végétale et minérale.

Les débuts

Giuseppe Penone crée sa première oeuvre, « Alpi Marittime » (1968-1985), alors qu’il est encore étudiant. Ces six images de manipulation sur quelques arbres et un ruisseau de son bois familial contient la quasi-totalité de la pratique à venir de l’artiste : une attention portée aux processus de croissance et de fabrication du vivant, au sein desquels Penone va s’insérer, sans chercher pour autant à les dominer. Ses Alberi visent à réattribuer à des poutres la forme des arbres qu’elles furent en suivant les cernes du bois. Chez Penone, l’action artistique se situe au plus près du rythme du vivant.

Fils d’Albina Caterina Cerrina et de Pasquale Penone, qui cultivait les terres familiales et vendait des produits agricoles, Giuseppe Penone est né à Garessio dans la province de Cuneo en 1947. Dès le début de son parcours artistique, il s’intéresse au travail que cette région exige et à toute l’énergie investie dans leur culture au fil des décennies.
Il étudie à l’Accademia Albertina di Belle Arti à Turin et expose pour la première fois en 1968 au Deposito d’Arte Presente. Sa première exposition personnelle a lieu en décembre 1969 à la galerie Sperone à Turin, où il présente notamment

Albero di 4 metri (il suo essere nel dodicesimo anno d’età in un’ora fantastica).

Le cycle Alpi Marittime (1968) a été sa première oeuvre : il s’agit d’une série d’actions et d’interventions sur les arbres de la forêt et sur les ruisseaux proches de sa ville natale, rendues célèbres grâce aux photographies publiées dans le livre Arte povera de Germano Celant en 1969, et toujours appréciées comme des oeuvres photographiques et textuelles. En 1970, il a créé Rovesciare i propri occhi :en portant des lentilles de contact réfléchissantes, il restituait au spectateur le champ visuel qui aurait été celui de l’artiste s’il n’avait pas porté de telles lentilles. Cette même année, il participe aux expositions
« Conceptual Art Arte Povera Land Art » à la Galleria Civica d’Arte Moderna à Turin et « Information » au MoMA à New York. Dès lors, il sera inclus dans toutes les grandes expositions internationales consacrées à l’Arte Povera.

Son travail se distingue par le contact direct avec la nature, en particulier par des interventions sur les processus de croissance des arbres, mais aussi, à partir de 1969, avec les Alberi créés en sculptant des poutres et en suivant les cernes de croissance du bois pour ramener l’arbre à un âge antérieur. Souvent co-créatrice des oeuvres de Penone, la nature est envisagée comme une force expressive capable de redéfinir les langages artistiques.

Giuseppe Penone a créé une œuvre intitulée « Pommes de terre » en 1977, où il utilise des moules de son visage pour façonner des pommes de terre.
Ces pommes de terre anthropomorphes sont ensuite reproduites en bronze pour préserver l’œuvre, symbolisant une connexion entre l’artiste et la nature.
L’œuvre interroge le rôle du spectateur et invite à une contemplation active, tout en explorant le thème de la trace et de l’identité.

Le corps même de l’artiste, élément naturel à son tour, a commencé à faire partie de son processus créatif à partir de 1968 en tant qu’unité de mesure, frontière et enveloppe, ou producteur de signes et d’empreintes comme le montre Essere vento (To Be Wind) (2014), oeuvre majeure de la Collection Pinault.

                                                      Soffio

Giuseppe Penone participe à la documenta de Cassel en 1972, 1982, 1986 et 2012, à plusieurs éditions de la Biennale de Venise (1978, 1980, 1986, 1995 et 2007) et à la Biennale de Sydney en 2008. De nombreuses expositions lui ont été consacrées, notamment au Kunstmuseum à Lucerne (1977), au Stedelijk Museum à Amsterdam (1980), à l’ARC et au Musée Rodin à Paris (1984 et 1988), à Castello di Rivoli (1991), au Centre Pompidou (2004), à l’Académie de France à Rome (2008), à la Whitechapel Gallery à Londres (2012), au Château de Versailles (2013) et au Philadelphia Museum of Art (2022-2023). Penone a enseigné à l’école des Beaux-arts de Paris de 1997 à 2012.
En 2019, dans le cadre du parcours invité d’honneur de la FIAC 2019, le Palais d’Iéna – Conseil économique, social et environnemental (CESE) invite Giuseppe Penone au coeur de la vaste salle hypostyle et de ses majestueuses colonnades de plus de sept mètres de hauteur.
Ses oeuvres sont souvent conçues pour les espaces ouverts, à l’image de l’immense Idee di pietra – 1532 kg di luce (2010) sur le parvis de la Bourse de Commerce — Pinault Collection.

L’exposition à la Bourse de Commerce Pinault se termine le 20 janvier 2025

Caillebotte Peindre les hommes

Gustave Caillebotte
Partie de bateau vers 1877-1878 huile sur toile
sans cadre H. 89,5 ; L. 116,7 cm avec cadre H. 122 ; L. 149 ; EP. 11,5 cm
Achat grâce au mécénat exclusif de LVMH, Grand Mécène de l’établissement, 2022
© Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Sophie Crépy
 

Au musée d’Orsay jusqu’au 19 janvier 2025

L’exposition présentée au musée d’Orsay à l’automne 2024 prend pour sujet la prédilection de Gustave Caillebotte (1848-1894) pour les figures masculines et les portraits d’hommes, et ambitionne d’interroger la modernité si radicale des chefs-d’œuvre de l’artiste au prisme du nouveau regard que l’histoire de l’art porte sur les masculinités du XIXe siècle.

Retrouvez ici la vidéo de la visite de l’exposition par le Scribe accroupi

Dans sa volonté de produire un art vrai et neuf, Caillebotte prend pour sujet son environnement immédiat (le Paris d’Haussmann, les villégiatures des environs de la capitale), les hommes de son entourage (ses frères, les ouvriers travaillant pour sa famille, ses amis régatiers, etc.) et en fin de compte sa propre existence. Répondant au programme « réaliste », il fait entrer dans la peinture des figures nouvelles comme l’ouvrier urbain, l’homme au balcon, le sportif ou encore l’homme nu dans l’intimité de sa toilette.

À l’époque du triomphe de la virilité et de la fraternité républicaine, mais aussi de première crise de la masculinité traditionnelle, la nouveauté et la puissance de ces images  questionnent aussi bien l’ordre social que sexuel. Au-delà de sa propre identité, celle de jeune et riche célibataire parisien, Caillebotte porte au cœur de l’impressionnisme et de la modernité une profonde interrogation sur la condition masculine.

Ce projet est motivé par l’acquisition récente de deux peintures majeures de Caillebotte par le J. Paul Getty Museum (Jeune homme à sa fenêtre) et le musée d’Orsay (Partie de bateau), et s’appuie sur la présence du chef-d’œuvre de l’artiste, Rue de Paris, temps de pluie, prêté par l’Art Institute of Chicago. L’exposition, composée d’environ 70 œuvres, réunit les plus importants tableaux de figures de Caillebotte mais aussi de pastels, dessins, photographies et documents.

Cet évènement est organisé l’année du 130e anniversaire de la mort de l’artiste (1894), qui correspond également à la date du legs de son incroyable collection de peintures impressionnistes à l’État.

Pour célébrer cet évènement, l’ensemble des œuvres du legs est présenté temporairement dans une des salles du parcours permanent du musée, faisant revivre l’ouverture de la « salle Caillebotte » au musée du Luxembourg en 1897. (Pour des raisons de conservation, les pastels de Degas et les dessins de Millet qui font partie du legs Caillebotte ne sont pas présentés).


Cet évènement s’inscrit dans la continuité des nombreuses expositions qui, depuis la grande rétrospective de 1994-1995 (Paris, Chicago), ont permis de redécouvrir la figure Gustave Caillebotte (1848-1894) et de mettre en lumière certaines facettes de son œuvre : la période de Yerres, les liens entre sa peinture et la photographie, sa passion pour l’art des jardins, etc.


Cette exposition sera présentée au J. Paul Getty Museum, Los Angeles du 25 février au 25 mai 2025 et à l’Art Institute of Chicago du 29 juin au 5 octobre 2025.

Informations pratiques
Musée d’Orsay
Esplanade Valéry Giscard d’Estaing 
75007 Paris

  • Métro : ligne 12, station Solférino
  • RER : ligne C, station Musée d’Orsay
  • Bus : 63, 68, 69, 73, 83, 84, 87, 94
    • Mardi au dimanche 9h30 – 18h. Dernier accès au musée à 17h, dernier accès aux expositions à 17h15, fermeture des salles à partir de 17h30.
    • Nocturne le jeudi jusqu’à 21h45. Dernier accès au musée et aux expositions à 21h, fermeture des salles à partir de 21h15.
    • Fermé tous les lundis, les 1er mai et 25 décembre.

Geneviève Charras « Pan pan sur le tutu »

Encore un beau livre à mettre sous le sapin


Pan pan sur le tutu, Geneviève Charras, chic médias éditions

Je me serais volontiers appelée Madame Du Ballet ou Mademoiselle Entre Chat Rat !

La presse en parle

C’est un elfe dansant croisé régulièrement à Strasbourg et ailleurs, qui collectionne depuis toujours ce qui a trait à la danse, livres, objets et poupées. Le livre Panpan sur le tutu, rend compte en images de cette passion d’une vie.
Geneviève Charras a commencé sa collection il y a quelques soixante ans.
Enfant elle vivait alors sur la butte Montmartre, à Paris. Elle rejoint l’école de Jacqueline Robinson, pionnière de la danse moderne. Quoi rêvé de mieux quand cela est déjà votre passion.  Si elle n’a jamais porté de tutu, toute sa collection en témoigne. Sans être danseuse professionnelle, elle a réussi à en faire son métier. Elle a ainsi enseigné la danse en périscolaire dans sa ville d’adoption, Strasbourg, ainsi qu’à des personnes en situation de handicap mental. Chargée de cours un temps à l’Université de Strasbourg, elle chronique toujours assidûment la vie culturelle alsacienne sur son blog « L’amuse-danse ! ».

« Sans titre – Ukraine »

Geneviève Charras ne tient pas en place. Un jour elle est à Auch pour dialoguer avec Jean Pierre Raynaud qui soutient l’Ukraine en offrant au pays son oeuvre
« Sans titre – Ukraine » et la semaine d’après elle est au four et au moulin en présentant son livre « Panpan sur le Tutu » en l’accompagnant bien sûr d’une performance adéquate et dansée.

Geneviève Charras performe avec Raynaud et expose son petit « Petit Musée de la Danse »

Le petit musée de la danse

Dans son appartement du quartier de la Krutenau, il y en a partout : des livres en quantité, des figurines, des cartes et affiches, et même de la vaisselle. Du sérieux et de l’anecdotique. Sa collection balaye très large, de la plus simple des poupées portant tutu à des œuvres commandées à des artistes contemporains et amis. Une profusion d’objets, pas toujours savants : Geneviève Charras cite le MIAM, musée des arts modestes, créé à Sète par une figure de la figuration libre, Hervé Di Rosa, et qui fait la part belle à tous ces objets qu’on peut situer à la périphérie de l’art.

                             photo claude menninger

Pour mettre du sens et un certain ordre dans cette accumulation, Geneviève Charras a pensé et fait ce livre. Il donne un aperçu de son immense collection, met en scène les pièces les plus remarquables.
Pour lancer le livre, une partie est à découvrir encore ce week-end à la Trézorerie à Strasbourg, de 14 h à 18 h.

(paroles empruntées à Myriam Ait-Sidhoum)

article de françoise urban menninger dans les affiches moniteur
performances et blog

La mémoire des murs

Françoise Saur, La mémoire des murs, texte Luc Maechel, Médiapop Editions, 2024

Publié par fabienribery le 

Bel Air, mémoire des lieux, par Françoise Saur, photographe

Mené en 2021 et 2022 auprès des habitants du quartier Bel Air, à Cernay, le projet La mémoire des murs, de Françoise Saur, est de nature mémorielle.

Il s’agit de documenter la fin d’un monde, les espaces vidés d’habitations promises à la démolition d’immeubles populaires de cette commune proche de Mulhouse.

L’auteure de Femmes du GouraraLes années Combi et Prises de vie, autres livres publiés par Médiapop Editions, s’attache à rendre compte avec beaucoup de grâce, à travers des traces de vie laissées dans les appartements, de l’existence d’habitants ayant été relogés (dernière section de l’ouvrage).

©Françoise Saur

Ce sont d’abord des lés de papiers peints, sortes de découpages involontaires à la Magritte donnant une impression d’abstraction.

Peu à peu, la vie apparaît, des dessins sur le plâtre, des inscriptions, des verres de vin posés sur le sol entourés de fils bleu, blanc, rouge, symboles de la République.

En effet, tout ici est de l’ordre du tissage, de la capacité à construire des liens, à débrouiller les fils pour penser de nouveaux nouages.

Des plafonniers, le carrelage mural d’une salle de bain, un fauteuil fuchsia dans une chambre rose bonbon.

©Françoise Saur

Le temps s’est arrêté, qu’il soit chrétien ou musulman, ici on vit ensemble, la mixité se voit, se partage, comme les difficultés quotidiennes.

Il y a quelquefois de petites mises en scène, des constructions de natures mortes, une façon de se déprendre de la nostalgie tout en la soulignant.

Des enfants ont vécu en ces lieux, y ont rêvé, y ont joué.

©Françoise Saur

Tout était beau et neuf à la fin des années 1960 lorsque furent construites les tours d’habitation, nécessaires pour y accueillir des habitants au sortir de la guerre, les travailleurs venus de Pologne ou d’Italie, puis ceux issus des anciennes colonies, oeuvrant à la prospérité de la France (les usines Peugeot ne sont pas loin).

Dans la deuxième partie de son bel ouvrage triste mais sans pathos, la photographe très sensible à la condition féminine – Françoise Saur est par ailleurs la première femme à avoir reçu le prix Niepce en 1979 – et au sort des moins nantis, fait poser des locataires dans leur ancien lieu de résidence.

Les visages sont graves, les yeux peuvent être mouillés, la vie a passé là, très vite.

©Françoise Saur

Un quartier populaire, c’est un summum de contacts, beaucoup de passages, des travailleurs de toutes sortes, des femmes voilées ou non, des interactions incessantes.

Que sont les habitants expulsés devenus ?

Les voici dans de nouveaux intérieurs, proprets, soignés, décorés de neuf.

Le chat s’est-il habitué à son nouveau environnement ?

Et toi mamie ?

Et vous qui riez et venez probablement des Comores ?

©Françoise Saur

A la télé, ce sont les mêmes programmes, mais sûrement en pire.

Le téléphone portable sonne, c’est l’heure de la prière, des retrouvailles, des nouveaux départs.

En juin 2013, un jeune de dix-huit ans, Nabil, s’est fait poignarder en bas de son immeuble.

Ce livre lui est dédié, on n’oublie pas, mais on avance, entourés de fantômes.

Livre à glisser sous le sapin de Noël

Ce livre est un voyage dans l’histoire d’un quartier populaire sorti de terre en pleine crise du logement dans les années soixante-dix. Le BTP, l’automobile, les filatures sont gourmandes en main-d’œuvre et attirent des populations d’origine maghrébine ou rurale qui quittent les fonds de vallées. Les baraques édifiées dans la hâte de l’après-guerre laissent la place à un grand ensemble en béton. Ainsi commence l’aventure du quartier Bel-Air. extrait …
Luc Maechel

FIGURES DU FOU DU MOYEN ÂGE AUX ROMANTIQUES

D’après Jean de Gourmont, O caput elleboro dignum,
vers 1590. Estampe aquarellée; H. 360 mm ; l. 490 mm
(dessin) ; H. 425 mm ; l. 555 mm (feuille). Paris,
Bibliothèque nationale de France, département des Cartes
et plans, GE DD-2987 (64 RES)
© Bibliothèque nationale de France
Au musée du Louvre Paris, jusqu'au 3 FÉVRIER 2025
HALL NAPOLÉON
Les commissaires de l'exposition sont:
Élisabeth Antoine-König et Pierre-Yves Le Pogam,  conservateur général au département des Sculptures, musée du Louvre.
Attributs du fou

Depuis l’expansion formidable de la figure du fou à partir du 14e siècle, la
représentation de ce dernier s’est codifiée. Ce personnage est devenu bien
reconnaissable grâce à son costume bigarré, expression du désordre et à ses
autres attributs : la marotte – parodie de sceptre avec laquelle le fou peut
dialoguer – les grelots de son costume ou encore le bonnet à oreilles d’âne et
crête de coq. (signe de luxure, signe de bêtises), la cornemuse.

C’est dans ce costume qu’il est passé à la postérité, dans des portraits souvent factices où il regarde le spectateur d’un air moqueur, comme s’il tendait un miroir : qui est vraiment fou, lui ou le spectateur ? Rieur et bruyant, il mène la danse pendant ces périodes de fêtes et de carnavals où le monde est à l’envers.

« Infini est le nombre des fous », Ecclésiaste, chapitre I, 15

Étudiée par l’histoire sociale et culturelle, la fascinante figure du fou, qui faisait partie de la culture visuelle des hommes du Moyen Âge, l’a rarement été du point de vue de l’histoire de l’art : pourtant entre le XIIIe et le milieu du XVIe siècle, la notion de folie a inspiré et stimulé la création artistique, aussi bien dans le domaine de la littérature que dans celui des arts visuels.

Cette exposition ambitieuse et stimulante (vidéo de la commissaire) entend aborder la figure typiquement médiévale du fou à travers ses représentations. Elle rassemble au sein d’un parcours chronologique et thématique plus de 300 œuvres : sculptures, objets d’art (ivoires, coffrets, petits bronzes),

médailles, enluminures, dessins, gravures, peintures sur panneau, tapisseries.
Associés à la folie, les troubles du comportement trouvèrent dans la société médiévale des expressions artistiques multiples.
Un prologue introduit le visiteur au monde des marges et de la marginalité.


Dans la seconde moitié du 13e siècle, des créatures étranges, hybrides,
grotesques connues sous le nom de marginalia se multiplient dans les marges
des manuscrits, en regard des textes sacrés ou profanes. Issues du monde
des fables, des proverbes ou de l’imaginaire, ces petites figures dansant dans les marges latérales ou inférieures semblent jouer avec l’espace de la page et
du texte, s’accrochant aux rinceaux végétaux ou se nichant dans les initiales
décorées. Souvent comiques, parodiques, parfois scatologiques ou érotiques,
elles semblent être là pour amuser le lecteur, en contrepoint du caractère
sérieux du texte qu’elles accompagnent.
Mais peu à peu ces créatures, qui paraissent remettre en cause l’ordre de la
Création du monde dans la religion chrétienne, sortent des manuscrits pour
envahir tout l’espace, du sol au plafond, en passant par le mobilier et les murs.
Comme elles, la figure du fou, d’abord en marge de la société, va envahir tout
l’espace visuel de l’homme médiéval aux derniers siècles du Moyen Âge (14e
et 15e siècles).

Le fou et l’amour

Au XIIIe siècle, le fou est inextricablement lié à l’amour et à sa mesure ou sa démesure, dans le domaine spirituel, mais aussi dans le domaine terrestre. Ainsi, le thème de la folie de l’amour hante les romans de chevalerie et leurs nombreuses représentations. La folie de l’amour atteint jeunes et vieux : la scène du philosophe Aristote chevauché, donc ridiculisé, par Phyllis, la maîtresse d’Alexandre, était fort en vogue à la fin du Moyen Âge.

Elle montrait avec humour le pouvoir des femmes renversant l’ordre habituel.
Humour et satire s’emparent du thème de l’amour : bientôt, un personnage s’immisce entre l’amant et sa dame, celui du fou, qui raille les valeurs courtoises et met l’accent sur le caractère lubrique, voire obscène, de l’amour humain. Sa simple présence suffit à symboliser la luxure, qui se déploie partout, dans les maisons publiques, les étuves ou ailleurs. Tantôt acteur, tantôt commentateur de cette folie, le fou met en garde ceux qui se laissent aller à la débauche : la mort les guette, mort qui entraînera le fou
lui-même dans sa danse macabre …

Entre humanisme et Réforme : de La Nef des fous à L’Éloge de la folie

Autour de 1500, la figure du fou est devenue omniprésente dans la société et la culture européennes.

Y contribuent le succès de deux ouvrages, très différents mais complémentaires, La Nef des fous de Sébastien Brant, puis L’Éloge de la folie d’Erasme. En 1494, le premier fait paraître son livre en allemand. Il est traduit en latin et dans de nombreuses langues européennes dès 1497. L’ouvrage, illustré de gravures, connaît un succès fulgurant et fait même l’objet de détournements ou d’éditions pirates. Erasme publie son Moriae Encomium (L’Eloge de la folie) en 1511. Il est donc publié en latin et destiné à
priori à une élite savante. Pourtant son livre est aujourd’hui bien plus célèbre que celui de Brant, car ses critiques annoncent les thèses de la réforme protestante. D’autre part, comme la figure du fou sert à dénoncer « l’autre », catholiques et protestants se livrent à une guerre d’images sur ce thème, qui redouble et renforce les conflits armés.

De Bosch à Bruegel : triomphe du fou à la Renaissance

La multiplication des fous donne lieu à différents mythes qui prétendent expliquer leur genèse, (notamment avec le thème de l’oeuf), et leur expansion sur toute la terre, en particulier avec l’idée de la Nef des fous. Le tableau de Jérôme Bosch intitulé par la critique moderne La Nef des fous comme le livre de
Brant, n’est en réalité que le fragment d’un triptyque démembré.

Le message général du tableau renvoyait à l’univers de la folie, mais aussi à d’autres motifs : la peinture des vices, des fins dernières et l’incertitude du destin humain. Pieter Bruegel l’Ancien, comme Bosch, continue parfois d’user de la figure du fou de manière traditionnelle. Mais le plus souvent, il lui donne lui aussi une valeur nouvelle :
le fou passe au second plan, il souligne, en tant que témoin, la folie des hommes.
Le sujet est vaste et bien traité, il mérite amplement le déplacement

Informations pratiques

Horaires d’ouverture
de 9 h à 18 h, sauf le mardi,
Jusqu’à 21h le mercredi et le vendredi.
Réservation d’un créneau horaire recommandée
en ligne sur louvre.fr
y compris pour les bénéficiaires de la gratuité.
Gratuit pour les moins de 26 ans résidents de
l’Espace économique européen.
Préparation de votre visite sur louvre.fr
Métro 1 sortie Palais Royal musée du Louvre

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Conférence

Nil Yalter

Nil Yalter, Artiste, Paris
Coline Milliard, Executive Editor, Art Basel
conversation au Petit Palais

Premiere artist talk: Nil Yalter, octobre 2024

Lauréate du Lion d’or 2024 à la Biennale de Venise pour l’ensemble de sa carrière, Nil Yalter est une artiste engagée. De sa participation à mai 68 – puis à la seconde vague féministe et au combat pour la libération sexuelle – à sa dénonciation du traitement des immigré∙e∙s en Occident, son œuvre se fait le porte-voix de ceux∙celles qui n’ont pas droit de cité. Cette conversation retrace la carrière d’une artiste dont la pratique polymorphe reçoit enfin l’attention qu’elle mérite.

Pionnière de l’art vidéo féministe, Nil Yalter sa pratique, s’appuyant sur un travail de recherche, offre une plateforme aux groupes socialement marginalisés et remet en question les grands récits historiques à travers des photographies, vidéos, dessins et textes. Depuis sa participation à la première exposition internationale d’art video en France, au Musée d’Art Moderne de Paris (1974), jusqu’à ses récentes rétrospectives au MAC Val (2019), au Museum Ludwig (2019), et au Hessel Museum of Art (2019), elle a été à l’avant-garde d’une pratique artistique socialement engagée.

Coline Milliard est rédactrice en chef d’Art Basel, où elle supervise la stratégie éditoriale et la mise en œuvre, ainsi que le programme Conversation dans le monde entier. Au cours des 15 dernières années, elle a occupé plusieurs postes éditoriaux de haut niveau, notamment chez artnet News et Garage Magazine, et a beaucoup écrit sur l’art dans tous les secteurs du marché. Coline a enseigné au Royal College of Art et au Chelsea College of Arts de Londres et est titulaire de diplômes de troisième cycle du Royal College of Art et de la Sorbonne à Paris.

Le programme de Conversations d’Art Basel Paris 2024 est commissionné par Pierre-Alexandre Mateos et Charles Teyssou.

C’est un dur métier que l’exil

Malgré les sollicitations incessantes depuis cette reconnaissance à Venise, les rendez-vous, et une certaine lassitude, l’artiste de 86 ans reste extrêmement précise et conserve une mémoire phénoménale des détails de ses installations passées. Elle a bien conscience d’avoir inventé un nouveau langage dans les années 1970 parisiennes, lorsque le féminisme faisait irruption sur la scène artistique, proposant des œuvres hétéroclites, décloisonnant les arts, introduisant la réalité du corps féminin. Une façon de s’exprimer arrivée tout droit des États-Unis, où s’affirmait depuis un moment une avant-garde féministe rebelle et agressive.

Chantre des femmes d’Anatolie

Cette œuvre en particulier avait séduit Susanne Pagé lorsque celle-ci dirigeait cette structure créée à la fin des années 1960 au sein du musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Fabriquée à l’aide de métal, de peaux de mouton et de feutre, c’est un hommage de l’artiste franco-turque aux femmes des communautés nomades d’Anatolie centrale. Elle est placée à Venise au centre d’une pièce en forme de dôme, dont les parois sont revêtues d’affiches volantes, de dessins, de vidéos, etc. L’œuvre commente, documente, fait revivre la migration, l’exil.

Du Caire à Paris

Nil Yalter fait elle-même partie de ces migrants, même si ses voyages et son exil furent, dans son cas, mûrement choisis. Née en 1938 au Caire, mais de nationalité turque, elle rejoint Istanbul, puis passe sa jeunesse à arpenter l’Iran, l’Inde, les régions les plus reculées de la Turquie… Et après des années d’errances curieuses et studieuses, elle se consacre à la peinture. Une peinture abstraite occidentalisée, qui permet à cette autodidacte d’exposer dans des galeries stambouliotes.

La danse du ventre

Le rendez-vous a lieu à la galerie Berthet-Aittouarès, puisque l’artiste n’a pas à proprement parler d’atelier, mais plutôt des pièces encombrées de panoplies d’appareils, d’ordinateurs de toutes générations, de bandes, de carrousels de diapositives ancienne manière, de moniteurs, de magnétoscopes, de caméras, d’écrans et de nombreux dessins… Nil Yalter préfère nous raconter son travail en commentant quelques œuvres qu’Odile Berthet-Aittouarès a raccrochées aux murs pour l’occasion, quelques photographies qui avaient fait partie de son exposition organisée ici même en 2023, La Femme sans tête ou La Danse du ventre. La photographie représente le ventre d’une femme dont le nombril est recouvert de manière circulaire d’un fragment de texte du poète René Nelly, auteur du livre Érotique et civilisations. Cette photo est tirée d’une performance filmée en 1974 dans laquelle elle faisait la danse du ventre, en ayant gravé sur sa peau la phrase « La femme véritable est à la fois convexe et concave ».

Chiharu Shiota « Les frémissements de l’âme »

Chiharu Shiota, Uncertain Journey, 2021, metal frame, red wool,
Taipei Fine Arts Museum, photo elisabeth itti #blogunedilettante

Au Grand Palais jusqu'au 19 mars 2025
Entrée Porte H - Galeries 9 et 10.2
Exposition co-organisée par le GrandPalaisRmn, Paris et le Mori Art Museum, Tokyo.
Commissariat
Mami Kataoka
Directrice, Mori Art Museum, Tokyo
Scénographie
Atelier Jodar
Prologue

Le sous-titre « The Soul Trembles (“Les frémissements de l’âme”) » proposé par Shiota pour cette exposition est une description exacte de son moi intérieur,
confronté à une anxiété insondable qui perturbe sa sensibilité. Elle espère que ces sentiments transcenderont les mots et se transmettront directement au moi intérieur des visiteurs qui feront l’expérience de l’exposition, dans une sorte de
sympathie ou de résonance entre les âmes.

Uncertain Journey
2016/2024
Les fils s’emmêlent, s’entrelacent, se cassent, se
défont. D’une certaine façon, ils symbolisent mon
état mental vis-à-vis de la complexité des relations
humaines.

Dans la première salle, cette oeuvre en bronze,
présente deux mains ouvertes desquelles s’échappent
des fils métalliques, comme de fragiles aiguilles.
La sculpture permet de donner une forme durable
à ce que l’artiste recherche dans ses installations
éphémères de fil : une émotion rendue visible… un
frémissement de l’âme.

Chiharu Shiota
In the Hand
(« Dans la main »)
2017
Bronze, laiton, clé, fil, laque
38 × 31 × 42 cm
Citations autres

Out of My Body
2019/2024
L’esprit et le corps se détachent l’un de l’autre, et
je n’ai plus le pouvoir de mettre fin à ces émotions
incontrôlables.
J’étale mon propre corps en morceaux épars et j’entre
en conversation avec lui dans mon esprit.
D’une certaine manière, c’est le sens que je donne au fait de relier mon corps à ces fils rouges. Exprimer ces émotions et leur donner une forme implique toujours la destruction de l’âme.
Cell
2020
Quand une vie humaine atteint la limite qui lui a été prescrite, elle se dissout peut-être dans l’univers.
La mort n’implique pas forcément une transformation en néant et en oubli ; elle n’est peut-être qu’un phénomène de dissolution.
Le passage de la vie à la mort n’est pas une extinction, mais un processus de dissolution dans quelque chose de plus vaste.
Dans ce cas, il n’y a plus lieu d’avoir peur de la mort.
La mort et la vie appartiennent à la même dimension.

Les oeuvres exposées

Les 167 oeuvres et projets (dont certains ensembles) apparaissent dans l’ordre du parcours de l’exposition :
– 9 installations
– 7 objets/ sculptures
– 80 photos
– 49 dessins
– 9 documents (magazine)
– 1 maquette
– 11 vidéo
– 1 peinture

Rebirth and Passing

Le noir évoque toute l’étendue de cet univers profond, et le rouge, les fils qui relient une personne à une autre, mais aussi la couleur du sang.
Ces fils s’enchevêtrent ; parfois, ils se hérissent et se tendent comme pour relier mon univers mental au cosmos extérieur.
C’est une relation qui ne se défera jamais.

2019
Technique mixte
Dimensions variables

Biographie

Née à Osaka au Japon en 1972, Chiharu Shiota vit et travaille à Berlin. Elle combine performances, art corporel et installations dans un processus centré
sur le corps. Chiharu Shiota a été exposée à travers le monde, notamment au Nakanoshima Museum of Art, Osaka, Japon (2024), au Hammer Museum, Los
Angeles, États-Unis (2023), au P.S.1 Contemporary Art Center, New York (2003), au K21 Kunstsammlung NRW, Düsseldorf (2014), au Smithsonian, Washington DC (2014). En 2015, Chiharu Shiota a représenté le Japon à la Biennale de Venise.

Depuis le milieu des années 90, l’artiste produit des installations de fils de laine entrelacés, créant des réseaux graphiques spectaculaires, au travers
desquels le visiteur doit trouver son chemin et sa place. Ces toiles gigantesques enveloppent très souvent des objets de son quotidien (chaises, lits, pianos, vêtements, etc.) et invitent à un voyage onirique majestueux. Si l’art de l’enchevêtrement a fait sa renommée, la pratique de l’artiste s’étend
également à la sculpture, la photographie, la vidéo et au dessin, dont l’exposition présente un corpus.


Ses créations protéiformes explorent les notions de temporalité, de mouvement, de mémoire et de rêve, qui requièrent l’implication à la fois mentale et corporelle du spectateur.
L’exposition co-organisée avec le Mori Art Museum, Tokyo, la plus importante jamais consacrée à l’artiste en France et qui embrasse plus de 20 ans de sa
carrière, offrira au public une expérience sensible à travers plusieurs installations monumentales déployées sur plus de 1200 mètres carrés.
Ayant fait l’expérience directe, et à de multiples occasions, de la vulnérabilité de la vie qui lui a été accordée,

Shiota espère que cette exposition pourra transmettre aux autres, avec l’ensemble de son corps, les tremblements de sa propre âme.
Avec sept installations à grande échelle, des sculptures, des photographies, des dessins, des vidéos de performance et des documents d’archives liés à son projet de mise en scène, l’exposition représente l’occasion de se familiariser avec la carrière de Shiota, qui s’étend sur plus de vingt ans.
Sept étapes successives ont déjà eu lieu au Japon, en Corée du Sud, à Taiwan, en Australie, en Indonésie et en Chine.
Une étape est prévue à Turin au musée d’Art Oriental,
d’octobre 2025 à l’été 2026.

Informations pratiques

du mardi au dimanche de 10h‐ à
19h30, nocturne le vendredi
jusqu’à 22h
Fermeture hebdomadaire le lundi
Fermé le 25 décembre, le 28
janvier et le 11 mars
Fermeture anticipée à 18h30 le
19 décembre, et à 18h les 24 et 31
décembre 2024
Accès
Porte H
Avenue Winston Churchill
75008 Paris
Métro ligne 1 et 13 :
Champs-Élysées – Clemenceau
ou ligne 9 : Franklin D. Roosevelt
Informations et réservation
www.grandpalais.fr

Fresh Window Art & vitrines

Lèche Vitrines (video still)
Artist & involved persons: Martina Morger
Date of origin: 2020
Material / technique: HD Video, 16:9, 17 min.
Copyright: © Martina Morger, video still: Lukas Zerbst
Creditline: Courtesy the artist
 Au Musée Tinguely jusqu'au 11 mai 2025
Commissaires :
Adrian Dannatt, Tabea Panizzi et Andres Pardey
Avec des oeuvres de : Berenice Abbott, Marina Abramović, Atelier E.B. (Beca Lipscombe & Lucy McKenzie), Eugène Atget, Peter Blake, Christo, Gregory Crewdson, Vlasta Delimar, Sari Dienes, Marcel Duchamp, Elmgreen & Dragset, Richard Estes, Anna Franceschini, Kit Galloway & Sherrie Rabinowitz, R.I.P. Germain, Sayre Gomez, Ion Grigorescu, Nigel Henderson, Lynn Hershman Leeson, María Teresa Hincapié, Jasper Johns, John Kasmin, François-Xavier Lalanne, Bertrand Lavier, Martina Morger, Robert Rauschenberg, Martha Rosler, Giorgio Sadotti, Tschabalala Self, Johnnie Shand Kydd, Sarah Staton, Iren Stehli, Pascale Marthine Tayou, Jean Tinguely, Goran Trbul-jak, Andy Warhol, Jiajia Zhang.

Installation view: Installation view Fresh Window at Museum
Tinguely, Basel, 2024
Title: Daily Life
Artist & involved persons: Pascale Marthine Tayou
Date of origin: 2019–24
Material / technique: Neon and LED signs
Copyright: © 2024 ProLitteris, Zürich
Creditline: Courtesy of the artist and Galleria Continua
Photo Credit: Pati Grabowicz

Vitrines et art visuel

L’histoire de la décoration de vitrines et celle de l’art visuel sont étroitement liées. Outre Jean Tinguely, de nombreux.ses artistes ont donné une impulsion à la conception de vitrines. Par ailleurs, la vitrine constitue un motif récurrent d’oeuvres d’art et sert de scène à des performances et des actions. De même, les changements politiques et sociaux se lisent dans les vitrines qui marquent l’image de la ville occidentale depuis la fin du 19e siècle et constituent un miroir de l’évolution des rapports sociaux et de l’utilisation fluctuante de l’espace public. Première exposition muséale consacrée aux croisements entre l’art et la conception de vitrines, Fresh Window. Art & vitrines s’étend de l’ascension du grand magasin au tournant du siècle jusqu’aux boutiques de luxe haut de gamme d’aujourd’hui. Du 4 décembre 2024 au 11 mai 2025, le Musée Tinguely présente le caractère pluridimensionnel de cette thématique à travers des contributions de quelque 40 artistes des 20 e et 21e siècles, et permet de découvrir des artistes tels que Jean Tinguely, Sari Dienes, Robert Rauschenberg, Jasper Johns ainsi qu’Andy Warhol sous un angle peu connu. Du 14 janvier au 2 mars 2025, des étudiant.es de l’Institut Kunst Gender Natur, Hochschule für Gestal-tung und Kunst Basel FHNW étendront le projet hors les murs du musée jusqu’à l’espace urbain avec des interventions artistiques dans des vitrines bâloises

La vitrine, lieu d’expérimentation artistique

La confrontation complexe et ludique avec ce thème s’exprime dès le titre Fresh Window qui renvoie au travail Fresh Widow (1920) de Marcel Duchamp. Cette oeuvre est représentative d’un chapitre important de l’exposition qui aborde la fonction de la vitrine comme une membrane qui relie, unit et sépare, qui attire ou rejette le voyeurisme et le désir s’y rattachant. Espace architectural fonctionnel, la vitrine crée également une passerelle avec les formes de présentation muséales – du cadre d’un tableau à la scène destinée aux performances et à l’art-action.
Les artistes abordent également la vitrine comme un miroir social. Celle-ci permet de questionner les rapports sociaux et les relations de genre, la gentrification et la culture consumériste occidentale ainsi que la critique du capitalisme. Les artistes s’y intéressent également en tant que scène où se jouent des transformations politiques, sociales et urbaines. La vitrine est un lieu d’interaction, d’échanges et de rencontre. La conception de vitrines a non seulement permis à de nombreux.ses artistes de gagner leur vie, mais elle a aussi constitué un champ d’expérimentation pour inventer de nouveaux liens entre l’art et le public. Le thème de la vitrine revêt par ailleurs une importance particulière dans nos sociétés actuelles, les centres-villes étant de plus en plus confrontés à l’abandon de leurs commerces en raison de la numérisation croissante et de l’essor du commerce en ligne.

La vitrine : la rencontre de l’art et du commerce

Lorsqu’à la fin du 19e siècle la vitrine devient un élément central de la culture consumériste moderne, des artistes s’intéressent bientôt à ce nouveau phénomène. Après avoir réduit à l’absurde la fonction et la sémantique de la fenêtre avec son oeuvre Fresh Widow en 1920, Marcel Duchamp décore pour la première fois une vitrine à New York en 1945, à l’occasion de la publication d’un livre d’André Breton. À cette époque, Jean Tinguely termine son apprentissage à la la Kunstgewerbeschule et travaille déjà comme décorateur professionnel à Bâle. Sa signature artistique ultérieure transparaît déjà dans ses décorations souvent réalisées à l’aide de fil de fer.

Window display by Jean Tinguely, optician «M. Ramstein Iberg Co.», Basel
Date of origin: Approx. May 1949
Copyright: © Staatsarchiv Basel-Stadt, BSL 1022 KA 1601 D
Creditline: Museum Tinguely, Basel
Photo Credit: Peter Moeschlin

Dans le New York des années 1950, Gene Moore, directeur artistique du grand magasin Bonwit Teller et de la bijouterie Tiffany & Co., joue un rôle important en apportant son soutien à de jeunes artistes talentueux encore inconnu.es. Il sélectionne par exemple des oeuvres de Sari Dienes ou Susan Weil pour ses vitrines et charge Robert Rauschenberg, Jasper Johns et Andy Warhol de créer des décorations recherchées avant qu’ils ne s’établissent dans le monde de l’art. Dans l’exposition, des photographies témoignent de certaines de ces vitrines qui, pour quelques-unes, sont reconstituées à l’identique et peuvent être redécouvertes pour la première fois depuis près de 70 ans.


Andy Warhol, Bonwit’s Loves Mistigri, wooden
panels, IA2021.1.1a-h.
Date of origin: 1955, Reproduktion 2021
Copyright: © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts,
Inc. / 2024/2025 ProLitteris, Zürich
Creditline: The Andy Warhol Museum, Pittsburgh

À l’inverse, la vitrine est reprise comme motif par des artistes dans de nombreuses peintures, installations, sculptures, oeuvres vidéo et séries photographiques. Dans les années 1960 et 1970, Richard Estes, Peter Blake et Ion Grigorescu ont exploré le monde coloré et luxuriant du capitalisme. La fonction séduisante des vitrines apparaît clairement dans la performance Lèche Vitrines (2020) de Martina Morger qui propose une traduction littérale du terme français.

Purple Store Front
Artist & involved persons: Christo
Date of origin: 1964
Material / technique: Wood, enamel paint, acrylic glas, fabric,
acrylic paint, paper, wire mesh, door handle and lock, screws,
nails, LED light
Dimensions: 235,3 x 220,3 x 34,9 cm
Copyright: © 2024/2025 ProLitteris, Zürich
Creditline: Christo and Jeanne-Claude Foundation
Photo Credit: Wolfgang Volz

Avec les devantures couvertes de ses Store Fronts (1964-1968), Christo joue avec les aspects du voyeurisme et les propriétés sculpturales de la vitrine. La maîtrise scénographique de l’artisanat décoratif traditionnel est reprise dans les Street Vitrines (2020) de l’Atelier E.B alias Beca Lipscombe et Lucy McKenzie ou dans le travail vidéo Did you know you have a broken glass in the window? (2020) d’Anna Franceschini.

Installation view: Installation view Fresh Window at Museum
Tinguely, Basel, 2024
Title: Hole In Space
Artist & involved persons: Kit Galloway, Sherrie Rabinowitz
Date of origin: 1980
Material / technique: Two-channel video installation, SD, B/W,
with soundtrack (English language), 44 min.
Copyright: © Sherrie Rabinowitz and Kit Galloway Archives
Creditline: Courtesy the artist and Kit Galloway Archives
Photo Credit: Pati Grabowic

Informations pratiques Musée Tinguely :

Musée Tinguely |
Paul Sacher-Anlage 1 | 4002 Bâle

Heures d’ouverture 
mardi– dimanche 11h-18h, jeudi 11h-21h

Site Internet : www.tinguely.ch
Réseaux sociaux :
@museumtinguely | #museumtinguely | #freshwindow