ST-ART 2023

La 27e édition de ST-ART s'est tenue du 24 au 26 novembre 2023 à Strasbourg dans le Parc des Expositions inauguré il y a un an. Ce joyau d’architecture écoresponsable réalisé par Kengo Kuma a accueilli, sur 10.000 m2,  57 galeries, venues de 8 pays.
Christophe Caillaud-Joos,  Directeur Général de Strasbourg Events
-
Le Comité Artistique de ST-ART,  est composé de Georges-Michel Kahn et Rémy Bucciali

« Nous souhaitons que nos visiteurs et nos collectionneurs puissent découvrir à Strasbourg des oeuvres qu’ils ne verront pas ailleurs, à contre-courant d’une
certaine tendance à l’uniformisation du marché de l’art. »
« ST-ART est une pépite. Lorsque j’ai pris la direction de ce salon l’an dernier, j’ai immédiatement été touché par sa contribution à la reconnaissance des talents de demain. Ce patient travail de découverte est ancré dans l’ADN de ST-ART qui fait vibrer son public depuis plus de 25 ans. Au-delà de sa longue histoire, ST-ART est aussi un territoire ».
Christophe Caillaud-Joos

Bilan 2023

CHIFFRES CLÉS 2023 

13 609 visiteurs

67 exposants dont 57 galeries + de 325 artistes représentés

+ de 720 œuvres présentées

Plus de 10 000 m2 d’exposition

10 conférences

Les galeristes

Les galeristes strasbourgeois contribuent immensément à cette diversité
Ils apportent avec eux des propositions inédites et passionnantes.

Liste non exhaustive

LA SAAMS CÉLÈBRE SES 190 ANS À ST-ART

« Nous sommes “nés” le 28 juin 1832 très exactement,
mais nous fêtons nos 190 ans à cheval en 2022 et 2023 », explique
Bertrand Gillig,
galeriste d’art contemporain à Strasbourg.
Membre du comité de la
SAAMS depuis 15 ans, il en a pris la présidence il y a 2 ans.
« L’idée était d’organiser un certain nombre
d’événements notamment avec ST-ART, dont une rétrospective Théophile Schuler puisqu’il s’agit de l’une de nos trois principales activités.
La première est de contribuer à l’enrichissement et à la préservation des collections des musées de Strasbourg, par des dons et par des financements pour des restaurations ou des acquisitions. La seconde est de développer le goût de l’art à Strasbourg grâce à des conférences, des sorties, des visites guidées et voyages culturels. Et la troisième est de développer la jeune création à travers le
Prix Théophile Schuler.


la belle Strasbourgeoise, 1703 Nicolas de Largilliere

 
   
Prix Théophile Schuler 2023

Sarah Ménard, les Grimaces 2021
papier découpé noir, 21 x 30 cm chaque

LE CENTRE D’ART APOLLONIA,

ST-ART accueillera MOSS, une oeuvre végétale de Marco Barotti actuellement visible dans le jardin médiéval du Musée de
l’OEuvre-Notre-Dame, au coeur de Strasbourg.
Réalisée dans le cadre du programme VITAL,
un projet de coopération européenne ayant
pour objectif la sensibilisation du grand  public à l’urgence écologique à travers la création artistique contemporaine, cette
sculpture vivante, cinétique et sonore, envahie par de la mousse est alimentée par les données sur la qualité de l’air générées par l’indice mondial de la qualité de l’air (World Air Quality Index). En analysant l’air de nos
villes en temps réel, elle incite les citoyens à prendre part au débat sur la pollution. Toujours dans le cadre du projet VITAL avec le centre Apollonia, une expérience sonore imaginée par le couple d’artistes de Ljubljana propose aux visiteurs une promenade audioguidée et immersive dans l’espace public grâce un casque bio-acoustique.

L’INDUSTRIE MAGNIFIQUE

S’ASSOCIE CETTE ANNÉE À ST-ART
L’Industrie Magnifique est un mouvement et un modèle de coopération innovante entre artistes, entreprises privées et collectivités publiques dans les territoires. Né en Alsace en 2016, il se manifeste à travers un acte original : la rencontre de l’art et de l’industrie sur la place publique. Ses deux premières éditions en 2018 et 2021 ont mobilisé 200 partenaires, permis la création 40 oeuvres d’art et attiré 610 000 visiteurs en 22 jours à Strasbourg.
Le coup d’envoi de la 3e édition, qui sera multi régionale, sera donnée le 24 novembre, dans le cadre de ST-ART.
A cette occasion l’Industrie Magnifique exposera aussi la remarquable installation Museum of the Moon de Luke Jerram que les spectateurs avaient pu admirer dans la nef de la cathédrale de Strasbourg en 2021, grâce au mécénat du Groupe Vivialys.

LE PROJET GUERNICA UKRAINE

Lors de la Biennale de Venise en avril 2022, le Président ukrainien Volodymyr Zelensky, a exhorté les artistes du monde entier à soutenir l’Ukraine. Les Éditions Jannink ont répondu à cet appel en demandant à l’artiste-plasticien Jean Pierre Raynaud de faire don à l’Ukraine d’une oeuvre inédite. À l’instar de Guernica (1937) de Picasso, Raynaud a repris les dimensions exactes (3,49 m x 7,76 m) de cette oeuvre emblématique. Comme la toile du peintre espagnol,

Sans titre – Ukraine dénonce par l’art les horreurs de la guerre.
Les deux toiles monumentales sont exposées à la foire d’art contemporain ST-ART à Strasbourg pour entamer une tournée d’expositions mondiale.

ALMA BUCCIALI, ARTISTE INVITÉE DE LA 27E ÉDITION DE ST-ART

 Mes recherches artistiques
et mes créations se déploient
selon plusieurs axes.
Tout d’abord, je crée dans
la continuité de l’histoire
de l’art, notamment de
l’art médiéval. Je m’inspire
des thématiques abordées
dans les oeuvres
emblématiques du passé
pour en offrir une vision
actuelle. Loin d’une version
passéiste, ces images
sont emplies de tendresse
et d’optimisme,
rapprochant les figurent
de présent de celles du
Moyen-Âge. La Dame à
la Licorne conservée au
musée de Cluny, ou encore
le tarot de Marseille sont
par exemple à l’origine
de séries de dessins et de
gravures.
Le dessin, la gravure et
la broderie sont les médiums
que j’ai choisis dans
une volonté de gommer
les frontières qui séparent
la culture dite « légitime »
et les arts populaires.
Le travail du textile, historiquement
réservé aux
femmes, revêt pour moi
une dimension militante
en lien avec les préoccupations
largement présentes dans mes créations.
Les thématiques féministes et LGBT me
tiennent très à coeur et, sans que je sois dans
une démarche activiste, elles transpirent dans mes oeuvres.
Les deux estampes réalisées spécialement
pour ST-ART appartiennent à une série de gravures
inspirées de La belle Strasbourgeoise
peinte par Nicolas de Largillierre en 1703, l’une des oeuvres majeures du Musée des Beaux-Arts de Strasbourg. Reprenant l’esprit et la composition
du portrait original, je propose une vision contemporaine des strasbourgeoises. Comme au XVIIIe siècle, elles portent un collier de perle
et leur bichon au bras, des accessoires de leurs costumes subsistent ou sont évoqués, tandis que les arbres de l’arrière-plan sont sensiblement
les mêmes.

Quelques Galeries

Saba Niknam

Nom : Niknam
Prénom : Saba
Profession : artiste polyvatente
Spécialité : croyances, mythologies et rituels de différents peuples à travers le monde
Signe particulier : pseudo – Huginn Muninn, noms des corbeaux de Odin
dieu dans la mythologie germanique et scandinave

                               vue de l’exposition à la galerie Cahn à Basel

L'exposition à Basel, à la galerie Cahn est visible jusqu'au 19 novembre 2023


Galerie Cahn comtempory
19 Steinentorstrasse
Basel

Ouvert du jeudi au dimanche
13 h à 19 h
Biographie

Saba Niknam, née en 1988 à Téhéran, Iran, est une artiste accomplie et polyvalente, dont la passion pour la créativité l’a emmenée dans un voyage remarquable. Elle est diplômée de l’estimée Haute École des Arts du Rhin à Strasbourg, témoignant de sa dévotion et de son talent artistique. Les poursuites artistiques de Saba sont profondément influencées par les cultures diverses, l’art populaire, ainsi que les croyances, mythologies et rituels de différents peuples à travers le monde. Avec modestie, elle aborde son art avec une approche ethnologique, cherchant à explorer et à célébrer la riche diversité culturelle de notre planète.

                                              Basel
En 2023, les œuvres d’art de Saba Niknam ont été reconnues et acclamées en étant intégrées dans les collections de deux institutions prestigieuses : le Musée du quai Branly à Paris et le Fonds régional d’art contemporain d’Alsace (FRAC Alsace). De tels accomplissements sont un témoignage de sa vision artistique et de son talent.

                                    Basel avec Jean-David Cahn
En 2023, elle a participé à l’exposition « Dévoiler » de la Galerie Cahn de Basel,
sous l’autorité de Pierre-Jean Sugier, commissaire et galeriste, en compagnie de l’artiste photographe Jean-Christophe Ballot.

En 2022, Saba s’est lancée dans une collaboration captivante avec le directeur artistique Hamid Rahmanian. Ensemble, ils ont créé un spectacle envoûtant de marionnettes d’ombre intitulé “Chant du Nord”, un spectacle artistique qui a été présenté en première au vénérable Musée du quai Branly à Paris. La première du spectacle a suscité beaucoup d’attention et a davantage consolidé la position de Saba Niknam en tant qu’artiste éminente et visionnaire.

Reconnaissant la valeur de la croissance continue, en 2020, Saba a enrichi davantage son expertise artistique en se spécialisant dans les miniatures persanes à la prestigieuse Prince’s Foundation School of Traditional Arts de Londres. Cette entreprise lui a permis d’approfondir sa compréhension et sa maîtrise de cette forme d’art unique, cherchant humblement à perfectionner ses compétences.

Les accomplissements créatifs de Saba Niknam ont été reconnus à travers des subventions et des expositions prestigieuses. En mars 2019, elle a reçu une subvention de création individuelle de la DRAC Grand-Est pour son projet exceptionnel “Mami Wata”, une exploration captivante des créations mythiques d’eau. La même année, elle a participé à la prestigieuse exposition “GALERISTES” avec Club 7.5 au Carreau du Temple à Paris, suivie d’une remarquable exposition de groupe à la Galerie Marek Kralewski à Freiburg, en Allemagne. Ces opportunités lui ont permis de partager sa voix artistique avec un public diversifié.

Animée par une profonde curiosité pour les cultures diverses, Saba a participé en 2015 au prestigieux programme de résidence croisée “Alsace-Québec, ville d’Alma”. Au cours de cette expérience immersive, elle a plongé dans les mythes des Innu, un peuple autochtone, exprimant ses découvertes profondes à travers des dessins captivants et des objets d’art. Son travail de cette période a été exposé de manière remarquable au FRAC Alsace dans l’exposition “Panache” de février à mai 2017. (2019)

              Saba Niknam, Nommo le dieu poisson, 2019

En 2015, Saba Niknam a organisé sa première exposition solo, intitulée “Le Nom Secret du Soleil”, à la prestigieuse Galerie Jean-François Kaiser à Strasbourg, une étape importante dans son parcours artistique.

Tout au long de sa carrière, l’engagement de Saba envers la diversité culturelle, l’exploration de différentes mythologies et son dévouement à la collaboration artistique restent au cœur de son travail. Avec un cœur humble et ouvert, elle s’efforce d’engager le public à travers ses créations captivantes et significatives, laissant une impression indélébile sur le monde de l’art contemporain. À chaque tissage habile de ses œuvres, elle contribue à l’éclatant tapis de l’héritage culturel partagé de l’humanité.

Voyages à travers les Coiffes

Plusieurs de mes expositions se nourrissent des mythes et des symboles, et je collectionne de nombreux vêtements ethniques. Les vêtements et coiffes sont une grande source d’inspiration dans mes dessins je crois au fait que les vêtements ethniques ne sont pas seulement un habit pour le corps mais se lisent, tel un livre qui, à travers les broderies, symboles, formes et couleurs, racontent l’histoire et les croyances d’un peuple.

              exposition Basel Galerie Cahn 2023
Dans ce travail artistique, je mélange les habits ethniques des différentes cultures et dessine des coiffes inspirées de véritables coiffes folkloriques, dans un dessin à la mise en scène à la fois théâtralisée et mystique. J’aime raconter des histoires, et l’art en tant que vecteur de narration me fascine.
Ce nouveau projet “Voyages à travers les Coiffes” s’inscrit donc dans la continuité de cette démarche d’exploration des symboles et de narration. Il s’agit d’un projet photographique mettant en scène les coiffes que je fabrique en m’inspirant des traditionnelles coiffes d’Asie.


Ces coiffes que je crée respectent l’authenticité des codes traditionnels, à laquelle j’ajoute une touche qui m’est personnelle. En portant des costumes ethniques, je me mets face à l’objectif et crée une scène théâtrale pour raconter l’origine mythique de la coiffe.


Chacune d’entre elles font l’objet d’une recherche ethnologique afin de révéler le sens derrière la forme ; ces coiffes sont toutes riches de symboles car elles couvrent la tête, considérée comme la partie la plus importante du corps et symbole d’intelligence. Ces objets donnent une valeur importante à la tête qui la porte.


Dans cette série de photographies, j’essaie de présenter ces nouvelles formes de coiffes ethniques et d’initier un voyage à travers l’habit, comme l’a fait Léon Bakst, grand artiste peintre, qui fut également costumier et décorateur pour les Ballets russes.

Saba Niknam 2020

 
Citation du Président de l’Académie d’Alsace des sciences, lettres et arts

extrait :
…. silhouette gracieuse dans le monde de l’art, discrète et élégante, Saba cultive une vertu bienfaisante : elle est très gaie !
Bernard Reumaux, Editeur

Son site

Vous pouvez la retrouver sur son site ici

Aux temps du sida. Œuvres, récits et entrelacs

Au Musée d'art Moderne et contemporain de Strasbourg MAMCS
jusqu'au 04 FÉVRIER 2024
Commissariat général : Estelle Pietrzyk, conservatrice en chef du patrimoine et responsable du MAMCS.
Conseillers scientifiques : Thibaud Croisy, auteur et metteur en scène et
Didier Roth-Bettoni, historien du cinéma.
Équipe de recherche : Anna Millers, Thierry Laps, Coralie Pissis, Alexandre Zebdi-Libot, Musées de la Ville de Strasbourg
Scénographie : Roll Office, Ian Ollivier et Lucie Rebeyrol
Graphisme : Studio Plastac
Conception éclairage : Studio 10-30, Léopold Mauger

Vidéo de présentation

Artistes exposés (liste non exhaustive):

Sophie Calle, Copi, Johan Creten, Marlene Dumas, General Idea, Nan Goldin, Felix Gonzales-Torres, Hervé Guibert, John Hanning, Derek Jarman, Michel Journiac, Zoe Leonard, Mehryl Ferri Levisse, Robyn Orlin, Bruno Pelassy, Jean-Michel Othoniel, Marion Scemama, Barthelemy Toguo, Jean-Luc Verna, David Wojnarowicz…

Le projet

L’exposition « Aux temps du sida » parle d’un temps encore non révolu où l’épidémie n’est pas surmontée en dépit d’importantes avancées médicales. Les quarante dernières années ont vu s’entremêler des moments de peur, de deuil, de courage, de solidarité, d’espoir, tous adossés à des formes de créations dont la force demeure inspirante pour notre époque. Exposition pluridisciplinaire,
« Aux temps du sida » présente quatre décennies de création où les arts plastiques, la littérature, la musique, le cinéma, la danse rencontrent la recherche scientifique, la culture populaire et l’action déterminante des associations.

                                        le Couloir du temps

Parcours

Le parcours de l’exposition s’organise en dix sections aux ambiances caractérisées où les oeuvres plastiques, littéraires, chorégraphiques, cinématographiques… se déploient et s’entrelacent pour former un récit qui sollicite non pas seulement le regard du visiteur.euse mais aussi sa sensibilité toute entière. Exposition sensorielle, Aux temps du sida mobilise en certains points de son parcours le corps du public en l’entraînant dans des dispositifs audio et audiovisuels immersifs ou en l’invitant à activer lui-même l’une des oeuvres.

Un signe des temps

https://reineblancheproductions.com/mathieu-lindon-michel-foucault-herve-guibert/En 1984, Group Material – collectif d’artistes auquel participeront notamment Felix González-Torres, Jenny Holzer ou Barbara Kruger – conçoit une  « aids timeline ». Cette ligne du temps qui raconte le sida dans tous ses aspects (politiques, médicaux, médiatiques, artistiques…) inclut des textes, des journaux, des objets, des oeuvres… Cette vaste frise déployait alors à la fois l’histoire du virus et celle des luttes qui l’entourent.
Le « Couloir du temps » qui ouvre l’exposition de Strasbourg s’inspire de cette démarche sans la reproduire. Il propose d’établir d’emblée que parler du sida impliquera un récit à plusieurs voix.


Partant d’où nous sommes, soit en 2023, le visiteur remonte le temps et rencontre des affiches pour la PrEP, une nuée de disques et de romans, des médicaments, des affiches de films, le portrait de Françoise Barré-Sinoussi (co-découvreuse du virus, Prix Nobel en 2008) par Hervé di Rosa, une photo de Michel Foucault par Hervé Guibert, une aquarelle de singe vert par Françoise
Pétrovitch
Culture populaire, informations médicales, discours militant forment tous ensemble un vaste entrelacs où résonne la chanson Sign ☮’ the Times (qui donne son titre à cette grande galerie) dans laquelle le chanteur Prince évoque, en 1987, « a big disease with a little name » (une grave maladie avec un nom court), le sida. Ce « sas » en amont de l’exposition inclut une production conçue spécialement pour ce projet : une vaste tapisserie réalisée par l’artiste Mehryl Ferri Levisse (né en 1985) qui vit et travaille dans le Grand Est. Pour l’exposition, il crée un papier peint qui propose au visiteur.euse un riche univers de références (la composition met en évidence des marges dont l’esthétique en noir et blanc rappelle le dance floor de certaines boîtes de nuit, les mains gantées peuvent être celles de soignants ou de divas, les fleurs
géométriques prennent la forme stylisée d’un virus,…) ou le plonge tout simplement dans la couleur, le motif et la sensation.

Antichambre

Après une densité visuellement très forte d’objets et d’oeuvres, se rencontre dans une petite salle aux contours arrondis un très petit nombre d’oeuvres. Trois artistes seulement sont ici présentés. De leurs oeuvres se détachent des corps, un visage et des mots.
Des corps fragmentés (ceux des photographies de Kiki Smith), un visage d’enfant radieux (celui de John Hanning), des mots en forme de provocation
(la devise franquiste détournée par Bruno Pélassy), tels sont les hôtes étranges qui habitent cette antichambre, monde miniature où le virus avance ici à pas feutrés et là à ciel ouvert.
Cette antichambre ouvre réellement l’exposition et en donne le ton : ce qui se passe est grave et nous concerne tous, nous les corps et les visages qui regardons ces « autres » qui sont nos semblables. Les corps photographiés par Kiki Smith (qui sont des détails de ses sculptures) ne sont ni hommes ni femmes, ni jeunes ni vieux, ni d’une origine identifiable, ils sont « tout le monde ». John Hanning tord le cou à l’inévitable charge dramatique qui entoure le mot sida en déclarant « I survived AIDS » sous la photographie de son visage d’enfant souriant tandis que Bruno Pélassy fait de l’attente de la mort un moment de défi aussi étincelant que les cristaux de Swarovski qui composent son rideau de perles « Viva la Muerte ».

« Je sors ce soir »

Cette section, qui emprunte son titre au roman éponyme de Guillaume Dustan, est dédiée à la nuit. Sortir, c’est s’exposer. La nuit (et ce qui va avec – la danse, la musique, les excès -) est propice à l’exposition des corps aux regards, aux rencontres, aux expériences, et, potentiellement, aux risques. Les visages/masques d’Ed Paschke et les photos de graffitis à caractère sexuel de Zoe Leonard incarnent cette nuit à double tranchant.
La section réunit deux types d’espaces : un premier dans lequel s’entrelacent textes et photographies : les mots de Dustan (« Queer = bizarre ; Queer = tout le monde » ou encore « Je danse donc je suis ») et les Suites nocturnes du photographe Luc Chery qui établissent ensemble un dialogue harmonieux.
Un second espace prend la forme d’une « box » accueillant alternativement un dance floor (dans lequel résonne une version de Tainted Love de Soft Cell) et une scène d’opéra où les danseurs de Bill T. Jones jouent Still/Here. Cette salle enveloppe complètement de sons et de lumières les visiteurs.euses qui oublient, peut-être, en ce point de l’exposition qu’ils.elles se trouvent en fait
dans un musée. Le personnage installé dans la Dance Box est-il réel ou est-ce un mannequin ?
Le trouble s’installe aussi dans la perception.

My Beautiful Closet

Adossée à la Dance Box, l’entrée de cette salle secrète s’active grâce à un mécanisme que l’on actionne soi-même. Réunissant quelques oeuvres à caractère sensible, ce Beautiful Closet conçu par Jean-Michel Othoniel réfère au « placard » dans lequel certain.e.s sont resté.e.s ou sont sorti.e.s, assumant leur sexualité, leur séropositivité, leurs colères aussi.
Entre l’autoportrait en drag de Robert Mapplethorpe et les préservatifs déroulés sur des cornes d’animaux chez Jean-Baptiste Carhaix, entre un spot d’Act up censuré en son temps et l’esthétique Benetton qui, via son magazine Colors spécial sida, afflige Ronald Reagan d’un sarcome de Kaposi, le Closet questionne la notion d’interdit, de tabou, de scandale qui diffère pour chacun : qu’est-ce qui nous dérange le plus dans la photographie de Wim Delvoye, le fait qu’il s’agisse d’un acte sexuel ou que cet acte soit saisi par les rayons X, révélant bien plus que l’anatomie des amants ?

 

Conclusion

Conçue comme un voyage chrono-thématique qui place le visiteur dans un maelström de sensations et de réflexions, l’exposition s’articule en sections qui mettent en évidence les entrelacs qui unissent les énergies mobilisées contre ce qui n’est pas une maladie mais bien un scandale (pour reprendre les mots d’Elisabeth Lebovici). Les œuvres se déploient dans l’espace de l’exposition aux côtés de montages audiovisuels de l’INA, d’objets et d’archives liés à la mémoire du sida. La scénographie, tantôt immersive, tantôt intimiste, propose aux visiteurs un parcours qui fait la part belle à la sensation et rend compte de la diversité des champs de création investis par ce projet qui mise sur la pulsion de vie qui innerve la création. L’exposition s’accompagne, en outre, d’une
« Permanence » qui propose aux visiteurs qui le souhaitent d’échanger avec des représentants du secteur de la santé et de la solidarité, des spécialistes de la prévention, des bénévoles issus d’associations diverses et ce, dans l’enceinte du musée qui fait ainsi valoir son rôle citoyen au sein de la cité.

Informations pratiques

La Permanence
Au sortir de l’exposition, se tient dans la nef du MAMCS un lieu dévolu à la rencontre, à la pause, à l’échange. Plusieurs acteurs et actrices du secteur médico-social ont été convié.es à diffuser de l’information sur le virus, le dépistage, les droits, l’accompagnement des malades et des familles… dans le musée-même.
Lieu d’information, de discussion, de ressources, la Permanence est animée par des associations aux représentations locales et/ou nationales et accueille les visiteurs et visiteuses individuel.le.s ou petits groupes autour d’une thématique (ex. la prévention, le traitement préexposition, vieillir avec le VIH…).

Musée d’Art moderne et contemporain (MAMCS)
1 place Hans-Jean-Arp, Strasbourg
Tél. : +33 (0)3 68 98 50 00
Horaires : en semaine – sauf le lundi – de 10h à 13h et de 14h à 18h, les samedis et dimanches
de 10h à 18h
Fermé le 1er janvier, Vendredi Saint, 1er Mai, 1er et 11 Novembre et le 25 décembre.
Accueil des groupes : plus d’informations sur le www.musees.strasbourg.eu/groupes-tarifsreservations
Tarif : 7,5 € (réduit : 3,5 €)
Gratuité les 1er, 2 et 3 décembre 2024 à l’occasion de la journée internationale de la Lutte contre le sida

Visite

Week-end Membership Bretagne

Photo Claude Romanet, Villa les Roches Brunes à Dinard
Groupe de 22 membres
Accompagnatrices: Thiphaine et Sarah
Rennes et Dinard du 14 au 16 juillet 2023
Cet été, la Collection Pinault s'installe en Bretagne. À l'occasion des expositions Forever Sixties au Couvent des Jacobins à Rennes et , nous vous proposons une fin d'été bretonne.
3 expositions, 2 visites guidées de villes, 1 chemin de croix... le week-end s'annonce bien rempli !

« En Bretagne le soleil luit plusieurs fois par jour »
le guide Gérard

14 juillet – jour 1

Lever à 5 h, je termine ma valise, préparée la veille, optimiste je retire ma veste
contre la pluie, me fiant aux prévisions météorologiques.
Robert Z me dépose à la gare où un attroupement dans le hall attend l’affichage du TGV direction  gare de Lyon à Paris. Ma valise est lourde, l’ascenseur est arrêté pour raison économique. Dès l’annonce du n° de quai c’est la course pour rejoindre sa place. Bien installée j’essaie de combler mes heures de sommeil.
Soudain je me réveille, le TGV est arrêté, « Animaux divagant sur la voie » annonce le chef de bord, puis au bout d’un certain moment le TGV repart doucement,
« un quart d’heure de retard » annonce le chef de bord. Je m’inquiète un peu, car j’ai 50 minutes entre la gare de Lyon et la gare Montparnasse, pourvu que je trouve rapidement un taxi.
Je trouve rapidement un taxi, il n’y a pas trop de circulation pour cause de jour férié, je suis rapidement à la gare Montparnasse.
Je cherche mon départ sur l’affichage, horreur je ne le vois pas, puis au bout d’un moment je me rends compte que c’est le TGV pour Quimper dont le 1er arrêt est Rennes. Je monte dans le train, parcours rapide.
Arrivée à Rennes, je hèle un taxi, pour me déposer à mon hôtel. Le chauffeur
n’est pas très heureux car l’hôtel se trouve à 800 m. Je lui dis que je ne peux pas marcher avec une valise trop lourde, que j’ai un genou à ménager : tarif 14 juillet.

Attente à l’hôtel, j’ai 10 mn, d’avance.  Puis je prends possession de ma chambre Lilas. Je m’empresse de prendre une douche car je suis levée depuis ce matin 5 h et je ne me sens + très fraîche. 1er Gag je m’arrose avec la douche pour une fois que j’étais presque coiffée Grrrrr. Je sèche mes cheveux.  Puis une envie pressente. Horreur il n’y a pas de papier. Je téléphone à l’hôtel.
La patronne vient me dépanner et m’explique le fonctionnement de la douche : il faut tirer et pointer en même temps !

                                                               Chambre 102

Accueil Hôtel

Chambre 102, située au-dessus d’un patio, à 2 lits alors que j’avais demandé spécialement un grand lit. J’ai le sommeil agité, aussi il me faut de la place pour ne pas tomber du lit (chose vécue, à l’origine de mes problèmes de déplacement)
Lorsque je veux quitter la chambre, je n’arrive pas à fermer à clé, rebelote, j’appelle la réception, 20 mn d’attente au téléphone. La patronne m’envoie une aide, qui ne connait pas vraiment le système emberlificoté de la porte :
il faut tirer la poignée vers le haut et tourner la clé en même temps !
Moralité : Au Garden Hôtel  il faut tirer et pointer en même temps !

                                                      Art Basel 2022

En gros, j’ai beaucoup aimé le week-end, pour la bonne organisation, la communication par Watsapp et par téléphone, l’amabilité des organisatrices,
les participants très sympathiques, les visites proposées.
Parfois je ne me rendais pas compte qu’il y avait un message Watsapp, aussi  je n’y répondais pas.
Vendredi, la découverte de Rennes entre gouttes d’eau, bourrasques et soleil, fut un vrai plaisir. 

Un voyage dans le temps
Du gothique flamboyant de la Chapelle Saint-Yves, en passant par les rues pavées bordées de maisons à pans de bois colorés, plusieurs époques rythment votre déambulation. Nous traversons les Portes Mordelaises et leur châtelet à deux tours, typique du patrimoine défensif, avant de rejoindre l’Hôtel de Ville, sa place et celle du Parlement de Bretagne, datant de l’époque de Gabriel,

architecte du roi Louis XV. Un saut dans le temps qui vous emmènera dans de remarquables hôtels particuliers édifiés, à l’époque, pour ces
« messieurs du Parlement ».
20h : Diner au restaurant La Fabrique dans le centre de Rennes

                               Le Parlement de Bretagne

La soirée à  la Fabrique St Georges fut décevante. D’une part le lieu était trop bruyant, l’on ne pouvait échanger qu’avec ses voisins de gauche ou de droite, d’autre part, le menu  unique, ne correspondait pas à ce qui avait été proposé, l’eau plate pas bonne, (chauvine :  vive l’eau de Mulhouse) par contre le cidre brut était ok, le poisson un peu sec, je n’ai pas apprécié le dessert – cheese-cake -, mais le café. Heureusement j’ai pu converser avec un charmant voisin F.X. B.
qui se reconnaitra, s’il me lit.

                                        ambiance la Fabrique

Samedi 15 juillet : une journée entre les beaux-arts et la Collection Pinault – Jour 2

9h30 — 10h : Petit déjeuner au Couvent des Jacobins
10h — 11h15 : Visite guidée de l’exposition de la Collection Pinault
« Forever Sixties »
Déjeuner libre
15h — 16h30 : Visite guidée de la collection permanente du Musée des beaux-arts
Rendez-vous avec l’art. Véronèse, Rubens, Picasso… les plus grands artistes vous font de l’oeil, osez plonger votre regard dans leurs oeuvres. Depuis 1794, le fonds d’oeuvres du Musée des beaux-arts de Rennes n’a cessé de s’étoffer, offrant un panorama de l’histoire de l’art depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Rencontrez Léonard de Vinci, Botticelli et Rembrandt et laissez-vous
surprendre par l’impressionnisme de Gustave Caillebotte,
« La Chasse au tigre » de Ruben et Le nouveau-né » de Georges de la Tour.

Puis déambulation libre dans l’exposition temporaire « Art is Magic » au musée des beaux-arts.
Il s’agit de la première rétrospective en France de l’artiste britannique Jeremy Deller, lauréat du Turner Prize en 2004 et représentant de son pays à la Biennale internationale d’art contemporain de Venise en 2013. Cette exposition entre en résonance avec l’exposition « Forever Sixties » de la Collection Pinault, au Couvent des Jacobins à Rennes, qui explore l’esprit des années 60 entre
libération et répression.
Diner libre

                                       Le Couvent des Jacobins à Rennes

Samedi, petit déjeuner charmant au Couvent de Jacobins, où nous avons pu laisser en attente le cadeau, un totebag Bretagne contenant des publicités pour les exposition à venir, un plan de Rennes, un paquet de délicieuses galettes bretonnes (? ou O.T.)


Puis la conférencière  a introduit l’exposition  
Forever Sixties, fort bien. Hélas debout pendant une 1/2 h, chose qui ruinait mon espoir de bonne santé pour la suite. En effet j’avais été infiltrée au genou 15 jours avant, je devais ménager mon genou. Je n’ai pas suivi le groupe, mais je me suis régalée, en prenant des photos et en lisant les cartels et en admirant l’architecture du lieu.


                                 Musée des Beaux Arts de Rennes

Le musée des BA est très intéressant avec quelques chefs d’oeuvre. La 2e partie au musée des Beaux Art, avec Jérémy Deyller m’a moins intéressée. J’ai parcouru les 2 expositions à mon rythme.

Dimanche 16 juillet : excursion à Dinard –
jour 3

Dimanche 16 juillet : excursion à Dinard
7h50 : Départ en car de la Place des Lices. Accompagnement par un guide de l’Office de Tourisme.
8h15 : Arrivée à Trévérien pour la découverte du chemin de croix de Vincent Gicquel offert par François Pinault, une oeuvre présente dans l’église de Trévérien depuis juillet 2022.
 Collection Pinault « Irving Penn. Portraits d’artistes »


Collation offerte par la ville de Dinard (cidre et gâteau breton)
12h30 : Déjeuner au restaurant l’Écluse
14h30 — 16h30 : Visite guidée de Dinard (circuit en bord de mer)
Dinard inspire les artistes et les nombreuses galeries d’art implantées dans la ville peuvent en témoigner.
La Promenade du Clair de Lune est l’une des balades préférées des Dinardais. Bien exposée et protégée des vents, elle invite à la flânerie et à la détente le long des jardins dont les notes vives, colorées, et les parfums lui donnent un charme particulier.
Quai de la Perle, vous découvrirez avec étonnement une très belle végétation méditerranéenne, et notamment une palmeraie, créée dans les années 1930.
16h30 : Retour vers Rennes
17h45 : Arrivée à Rennes, Place des Lices

Dinard
Dimanche, le bus confortable nous a transporté vers l’église de Trévérien. La simplicité de cette église est un écrin pour le magnifique, émouvant, chemin de croix de Vincent Gicquel.
Ensuite la promenade de Dinard était sportive, la récompense au bout dans la Villa des Roches Brunes avec une très belle exposition dIrving Penn, une présentatrice compétente et charmante.
Le déjeuner à l‘Ecluse était un menu fixe que j’ai apprécié. Puis je n’ai pu suivre le groupe à la découverte de Dinard, ma jambe me faisait trop mal. Le guide Gérard, malgré sa proposition de me faire marcher devant le groupe ! accélère le pas, parle trop fort dans le bus, et ne parle qu’aux premiers rangs, alors que le long de la plage et ailleurs on ne peut pas marcher à 10 de front !
Je remercie le bus, le chauffeur et les organisatrices, qui sont venus me chercher à l’office du tourisme de Dinard. J’avais fait commander un taxi à l’accueil du Casino de Dinard, il n’y en avait pas de disponible, aussi j’étais montée dans un bus de liaison pour la Plage du Prieuré, (le chauffeur du bus ne connaissait pas l’endroit, mais les passagers oui) Je suis descendue du bus après l’appel des organisatrices, le chauffeur m’a suivie pour me rendre le billet de transport) 
Puis nous avons vogué le coeur content vers Rennes, arrêt à la gare pour celles qui prenaient le train du retour.
NB : je suis partie le lendemain après midi à 16 h pour Paris et ensuite pour Mulhouse en TGV.

Lundi 17 juillet
J’ai quitté mon hôtel en leur confiant ma valise et mon sac à dos, pour aller déjeuner. Retour à l’hôtel à 15 h pour commander un taxi et récupérer mes affaires.
Réponse de la personne à l’accueil : les taxis sont débordés, vous pouvez y aller à pied, la gare n’est pas loin,
moi : je suis une personne âgée de presque 82 ans, et ma valise est très lourde, précisez le, au taxi.
Réponse : vous auriez dû le dire ce matin.
Aussi, je suis sortie de l’hôtel pour arrêter une voiture classique.
Une dame a accepté de me conduire à la gare. Elle a chargé la valise, puis je suis allée vers la droite pour m’asseoir en tant que passager. Comme il y avait du soleil, je n’ai pas vu le trottoir resté dans l’ombre, et je suis tombée de tout mon poids (!) à cheval entre le trottoir et la voiture. Mon Apple Watch a fait son job et a appelé les secours, la police est arrivée rapidement, j’étais toujours parterre, assommée par le choc.Les policiers m’ont demandée s’ils devaient appeler les pompiers. J’ai demandé qu’ils me « ramassent » et qu’ils m’installent dans la voiture de la dame serviable, car j’avais des trains à prendre. La dame ne m’avait pas vu tomber et se demandait où j’étais passée !
Après le changement de gare à Paris, grâce à un taxi j’ai pu regagner à temps le TGV pour Mulhouse, arrivée à 21 h 55 précises 
(SNCF).
Pour les visites des musées je ferai un billet spécial

Dinard. La Villa Greystones de François Pinault classée monument historique
en bas l’arbre de Penone

Remarques

– Les textes en légère couleur bleu sont la copie du programme proposé par la Bourse de François Pinault aux membres
– les photos sont de mon Sony ou de mon Iphone sauf la une qui est de Claude
– Il y a des jours où je mangeais une crêpe au petit déjeuner, au déjeuner 2 et une fourrée à la pomme de terre, saucisse et oeuf sur le plat, au dîner

– Je ferai des billets pour les visites des musées
– si vous êtes sur FaceBoock je vous propose de m’y rejoindre
– j’ai un coquard à l’oeil droit, des bleus à la main, au poignet, le long de la jambe
et surtout une côte (celle d’Adam ?) qui me fait souffrir

Le Martyre de sainte Catherine de Simon Vouet

Une œuvre majeure rejoint le Musée des Beaux-Arts de Strasbourg

Simon VOUET (Paris, 1590 – Paris, 1649) Le Martyre de sainte Catherine
Huile sur toile, 173 x 115,5 cm. Musée des Beaux-Arts de Strasbourg,
 photo : Bertand Alain Gillig

Les Musées de la Ville de Strasbourg ont pu acquérir en 2019 une œuvre rare de Simon Vouet, venue enrichir les collections du Musée des Beaux-Arts : Le Martyre de sainte Catherine. L’histoire mouvementée de ce tableau explique en grande partie son état de conservation qui a nécessité une très importante restauration. Celle-ci s’est déroulée de l’été 2019 jusqu’en janvier 2023 dans les ateliers du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) à Versailles.

Ce tableau présente toutes les qualités recherchées par un musée : la qualité, le format, l’importance historique. Le Martyre de sainte Catherine frappe par son ambition, sa qualité picturale et sa monumentalité. Il est fascinant aussi car il fait l’alliage du caravagisme et de la grande manière des maîtres de l’école de Bologne (Guido Reni et Guerchin).

Petite biographie

Simon Vouet (Paris, 1590 – Paris, 1649) est sans conteste une des figures majeures de la peinture française et européenne de son temps.  Ses œuvres (notamment ses grands décors et ses retables), son enseignement (il fut notamment le maître de Le Sueur, Le Brun, Dorigny) et sa stature sociale
eurent une résonance exceptionnelle.

Caravagesque

À partir du 12 avril 2023, cette œuvre majeure rejoint le parcours permanent du Musée des Beaux-Arts de Strasbourg. Elle est présentée dans la salle caravagesque, aux côtés des œuvres de Valentin de Boulogne et de Ribera.

L’aquisition

Cette acquisition a été rendue possible grâce au soutien exceptionnel de la Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg (SAAMS) et du Fonds du Patrimoine (ministère de la Culture). L’œuvre a été restaurée grâce à la Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg (SAAMS)

Les photos sont de Bertrand Alain Gillig

Informations pratiques

Musée des Beaux-Arts
Palais Rohan
2, place du château, Strasbourg

Raymond Waydelich, sur-médaillé

                                               photo Frédérique Goerig-Hergott
Nom : Waydelich
Prénom : Raymond
âge : 84 ans
naissance : Strasbourg
résident : Hindisheim
profession : Sculpteur, peintre, photographe
signe particulier : représente la France à la Biennale de Venise en 1978
multi-primé multi-médaillé, blagueur

Samedi 19 novembre 2022, l’Académie Rhénane a remis le prix Europe 2022, à Raymond Waydelich. Le président de l’Académie Rhénane, Jean-Luc Seegmuller, et son vice-président Emmanuel Honegger officiaient ce jour-là au musée des Beaux Arts de Mulhouse.
Le président lui remis un cadeau : une œuvre, signée d’une photographe de son village, Estelle Hoffert.
« Tout ça pour moi, c’est trop », s’est ému l’artiste, avant de raconter quelques anecdotes et tranches de sa vie. (vidéo)

                                                          photo E.I.
Le couronnement d’une carrière éclectique reliant le passé, le présent et le futur. Sculpteur, peintre, photographe, commandeur des arts et des lettres, l’artiste alsacien représenta la France à la Biennale de Venise en 1978.
Après avoir exploré la mémoire du passé avec son travail sur la vie rêvée de Lydia Jacob, puis avoir en 1995 imaginé la mémoire future à travers sa grande exposition Mutaronegra, il donne aujourd’hui, en le sculptant, une vie nouvelle à son bestiaire merveilleux. (hommage vu à ST’ART 2021)

Le public

                                                        photo E.I.
Une assistance fournie occupa la salle du musée des BA de Mulhouse.
Des applaudissements nourris, des rires accompagnèrent la prestation de Waydelich, avec la verve qu’on lui connait. De nombreux artistes amis étaient
présents dans la salle. Madame la Maire de Mulhouse était représentée pas son
 adjointe, EMMANUELLE SUAREZ. (en robe à motif au 1er rang)

Eloge

Frédérique Goerig-Hergott, ancienne conservatrice du musée d’Unterlinden à Colmar et désormais directrice des musées de Dijon, avait fait le déplacement pour dresser le portrait et raconter la vie et l’œuvre, loin d’être achevée, de Raymond Waydelich. Elle est revenue sur le parcours de l’homme qui représenta la France à la Biennale de Venise en 1978 ; celui qui, après avoir exploré la mémoire du passé avec son travail sur la vie rêvée de Lydia Jacob, a imaginé la mémoire future à travers sa grande exposition Mutaronegra à Strasbourg .

« Raymond est une madeleine de Proust à lui seul » F.GH

« Raymond a la notion du temps et de l’espace. La vie est un rêve pour lui et cet état d’esprit guide son travail. Il raconte des histoires et, moi, je l’écoute comme une enfant car il me fait rire, me bouscule et me fait rêver. Raymond Waydelich représente tout ce que j’aime chez l’être humain et l’artiste : le talent, l’acuité visuelle, la spontanéité, l’inventivité débordante et l’intelligence créative qui caractérise les génies, l’humilité, l’altruisme, le don de soi, la fidélité, le souci de garder la mémoire de son territoire, la mémoire des autres, des plus connus aux inconnus, la mémoire des traditions, la mémoire de la langue, l’humour, la dérision avec la spontanéité et la gouaille d’un être aussi fulgurant que délicat, aussi bruyant que discret, mais aussi généreux qu’effacé. Raymond est une madeleine de Proust à lui seul »

Conférence

Une brillante conférence présentée par Pierre-Louis Cereja, ancien critique d’art du cinéma, au journal L’Alsace,  sonna le clap de fin de l’exposition du cinéaste mulhousien. Exposition organisée par l’ancien journaliste, qui nous enthousiasma par son savoir encyclopédique sur le cinéma en général, et sur
«William Wyler, en particulier.

«William Wyler, l’homme aux 40 Oscars»

Musique

La séance  plénière d’automne de l’Académie rhénane se clôtura par des intermèdes musicaux, (vidéo) où tout le public se joignit à l’accordéoniste invité,
et par un buffet d’honneur à la gloire de Raymond Waydelich

Sommaire du mois de novembre 2022

30 novembre 2022 : ST-ART 2022, 26e édition
28 novembre 2022 : SurréAlice – une double exposition
25 novembre 2022 : L’art mystique de Laurent Grasso
20 novembre 2022 : Stephen Dock, photographe
15 novembre 2022 : Raymond Stoppele, le vénitien
11 novembre 2022 : La modernité déchirée
10 novembre 2022 : Oskar Kokoschka. Un fauve à Vienne
7 novembre 2022  :  Hyperréalisme. Ceci n’est pas un corps
5 novembre 2022 :   Jacques Thomann – le regard poétique
2 novembre 2022  :  L’art brut – Collection Würth

ST-ART 2022, 26e édition

Foire européenne d’art contemporain et de design

Parc des expositions, Strasbourg 

Du 25 au 27 novembre 2022

Un nouvel écrin pour ST-ART

Le 24 novembre 2022, ST-ART a  soufflé sa 26ème bougie. Après avoir fêté son quart de siècle, elle profite du plus beau des cadeaux : une implantation dans le
tout nouveau Parc des expositions de Strasbourg, au pied des rives de l’Aar. Une oeuvre en soi signée Kengo Kuma l’architecte japonais, gagnant du prestigieux
Global Award for Sustainable Architecture.

Les exposants ont unanimement apprécié ce nouvel écrin
« lumineux et aéré, aux espaces de circulation plus spacieux« .

BILAN
  • 55 exposants dont
  • 46 galeries
  • 14 galeries étrangères
  • 15 exposants du territoire alsacien
  • 25 exposants qui revenaient
  • 30 nouveaux exposants
  • Près de 250 artistes présentés
  • Plus de 600 oeuvres exposées
Des retours enthousiastes

Les exposants ont salué « une très bonne édition » et se sont montrés satisfaits de leur participation.

Une foire tremplin

ST-ART est synonyme de démarrage, de tremplin et c’est ce qui lui a valu sa réputation : c’est à Strasbourg que tout peut commencer, pour une galerie, un artiste ou une collection.

  • Le secteur First Call rassemblait cette année 30 nouvelles galeries, soit plus de la moitié des exposants. Une façon d’affirmer plus que jamais sa mission de foire précurseur.
    Une galerie nomade Yannick Kraemer, collectionneur presque compulsif,qui met en vente une partie de sa collection, dont une toile signée Combas affichée à 280 000 €.  La coiffure peut mener à la peinture, Yannick Kraemer a monté une chaîne de salons de coiffure à succès.

                                                     photo Robert Cahen

  • Le soutien et l’adhésion de la Ville de Strasbourg à ST-ART ont permis également d’appuyer cette position de foire tremplin en mettant en scène cette année des artistes récemment diplômés de la HEAR – Haute Ecole des Arts du Rhin de Strasbourg, et la Gedok Haus de Stuttgart, dont les structures célèbraient 70 ans de collaboration

                                Martina Geiger-Gerlach    photo elisabeth itti

  • L’édition 2022 initiait une collaboration inédite avec l’école CAMONDO et dévoilait son regard totalement innovant autour de l’Intelligence Artificielle.

Les événements de cette 26e édition

Une exploration des liens entre cinéma et photographie

ST-ART a souhaité, pour sa 26ème édition, croiser les pratiques artistiques et explorer les liens entre cinéma et photographie. Cette thématique a été portée par :

• l’association inédite avec « Strasbourg art photography » ou Mois de la photographie, qui avait lieu pour la 1ère fois au mois de novembre (et non au printemps) et dont la foire était la clôture.

                                                 Ryo Tomo – la séparation 2021 photo EI

• la présentation, au coeur de la foire, d’un projet d’exposition intitulée
« Cinéma et photographie, un lien si sensible » porté par Ryo Tomo, directeur du festival Strasbourg art photography.

                                                          Photo EI
Installation La Belle captive  – coup de coeur
Sur une proposition de Ryo Tomo, le couple d’artistes strasbourgeois Dool présente son installation

Conçue et réalisée par Dool (Diane Ottawa et Olivier Lelong), l’installation
« La belle captive » s’inspire de l’oeuvre de Magritte et du film d’Alain Robbe-Grillet. Il s’agit ici d’une installation à média mixtes, principalement composé de photographies numériques et de vidéo.

                                                            photo EI
La belle captive chez Magritte représente une mise en abîme dans laquelle il est possible de plonger, et nous donne à penser les liens qui existent entre différents niveaux de représentations dans la peinture, le roman, le cinéma et la photographie.

• une exposition vidéo avec l’invitation de Patricia Houg à l’artiste
Tim White-Sobieski.
Le projet, qui rend hommage à l’oeuvre En attendant Godot de Samuel Beckett, comprend une installation vidéo synchronisée à 4 canaux avec trame sonore
et musique de Henry Purcell et Giovanni Battista Pergolesi.
L’intrigue de la pièce implique deux personnages qui attendent quelqu’un qui ne vient jamais.

                                                                     photo EI
Waiting for Godot est une pièce absurde qui explore les thèmes de la philosophie existentialiste. Le vide et le caractère aléatoire de l’intrigue amènent le public à se demander si quelque chose va se produire et s’il y
a un sens quelconque dans la pièce – ou dans la vie.
Le film Waiting for the God transcende les frontières géographiques et ethniques et est de nature cosmopolite. Elle interpelle les coeurs et les esprits de tous parce qu’elle soulève les questions fondamentales de l’esprit humain :
Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? D’où venons-nous ?

• la création d’un secteur dédié aux galeries présentant des photographes contemporains ou historiques.

Hommage à Jean Greset

Jean, l’art brut et l’art singulier
Jean Greset, un fidèle acteur de ST-ART nous a quitté au mois d’avril 2022.
Sur une initiative de la Direction du salon et de son comité de sélection, porté par Georges- Michel Kahn et Rémy Bucciali, un hommage lui est rendu par la foire. C’était une référence majeure sur le territoire français en la matière.

Une oeuvre monumentale pour la Nef

 Une oeuvre monumentale, de l’artiste Angela Glajcar, vous accueillait dans la Nef du Parc des Expositions. Artiste exposée par la galerie Stream Art Gallery

                     – Stream Art Galery – Angela Glajcar  – Photo: lfdd

Une performance

Une performance de Simon Berger a été présentée par la Galerie Mazel le soir du vernissage. Au cours de cette performance, l’artiste a réalisé une oeuvre de 150 x 150 cm sur du verre. Briser du verre est généralement considéré comme une mauvaise action, plus souvent
comme un acte de vandalisme. Mais que diriez-vous si cette destruction pouvait en
fait se révéler d’une beauté éclatante ?
Cet artiste suisse nous montre comment nous pouvons briser le verre et trouver de nouvelles façons de percevoir des matériaux du quotidien.
Après trois ans de recherche et de tentatives, Simon Berger a découvert le moyen de fissurer le verre sans le briser, transformant ainsi des vitres ordinaires de ce matériau fragile en de remarquables portraits.

Les galeries exposant à ST-ART sont sélectionnées par un comité de sélection,
composé pour cette édition de :

REMY BUCCIALI

Officier des Arts et des Lettres.
Né en 1952 à Rueil-Malmaison, il étudie la photographie et
les arts plastiques à Paris et entre en 1972 à l’atelier RIGAL
à Fontenay aux Roses. Nommé taille-doucier en 1975, il
travaille jusqu’en 1976 sous la direction du Maître Gaston
Gerbault.
En 1977 il ouvre son propre atelier à Paris avant d’ouvrir
en 1983 un atelier à Colmar. Depuis lors, de nombreux
artistes internationaux sont édités dans son atelier. Editeur de gravures contemporaines depuis 1989 sous le label «
Editions Rémy Bucciali », il collabore avec de nombreuses galeries françaises et étrangères : Paris, Barcelone, Berlin, Copenhague, Cologne, Rotterdam, Stockholm, Düsseldorf.
Il participe également à de nombreuses foires internationales, telles que Art Paris, Art Elysées, ST-ART, Düsseldorf, Francfort, ART Karlsruhe, London Print Art Fair et AAF Bruxelles.

GEORGES-MICHEL KAHN

Après 20 ans dans une entreprise de prêt porter, et déjà collectionneur de l’abstraction des années 50/60 française et européenne, Georges-Michel Kahn a ouvert en 1997 une galerie à Strasbourg sur la place du Musée d’Art Moderne
et Contemporain. Après 7 ans à Strasbourg, il a ensuite ouvert un show room à Paris et depuis 2006 s’est installé à l’île de Ré.
La galerie édite tous les ans des multiples d’artistes et participe à l’édition de livres d’artistes.

Les 2 galeristes ont présenté ST’Art 2022 en l’absence de Patricia Houg, à la presse. ( les 2 photos Robert Cahen)

La SAAMS

La Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg a fait éditer un livre pour marquer les 190 ans de la société.
Le 28 e prix Théophile Schuler a été remis par la main de son président Bertrand Alain Gillig à Hélène Thiennot à la foire ce samedi.
L’artiste est diplômée de l’Ecole Supérieure d’Art de Lorraine de Metz. Photographe et dessinatrice elle montre « Souches » dessin à l’encre noire,
des troncs d’arbres coupés, sa manière de montrer l’impact de l’homme sur la nature. La dotation est de 3000 €

Galeries alsaciennes

Valérie Cardi revient cette année avec une diversité d’artistes, aux médium différents, dont sur la photo, Bernard Latuner et Yves Bingert

 

                                                             photo EI

Withoutart Galerie, Marc Sun met l’accent sur les oeuvres de deux artistes taiwanais, Pan Hsinhua et Wu Ichien.
L’un et l’autre, à travers leurs peintures, touchent à la question de la mémoire collective et à la transmission entre les générations.

En parallèle à cela, WITHoutARTgalerie propose une vue d’ensemble des artistes de la galerie :

photo EI
La calligraphie contemporaine à travers les oeuvres de André Kneib, artiste ayant participé au renouveau de l’art de la calligraphie en Chine.

AEdaen propose Francesca Gariti

Photo EI

Jean Pierre Ritsch-Fisch

Le galeriste a passé la main à Richard Solti qui présente toujours  de l’art brut

                                                          Stéphane Spach photo EI

                                                                      photo EI

Beaucoup de galeries présentent des artistes venant d’Asie.
Le discours des artistes nous rappelle la pandémie qui leur a permis de se concentrer à leur domicile pour créer des oeuvres, tout en dénonçant la société de consommation.
Rendez-vous à l’année prochaine. Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez consulter l’excellent blog de la Fleur du dimanche

SurréAlice – une double exposition

Vue de l’entrée de l’exposition photo elisabeth Itti


Lewis Carroll et les surréalistes au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg MAMCS et
 Illustr’Alice au Musée Tomi Ungerer (à venir sur mon blog)
les 2 expositions jusqu’au 26 FÉVRIER 2023
Commissaire : Barbara Forest, conservatrice en chef du Patrimoine au MAMCS
et Fabrice Flahutez, professeur à l’Université Jean-Monnet de Saint-Etienne, spécialiste du surréalisme.
Scénographie de l’exposition : Martin Michel
Identité visuelle de l’exposition : TANDEM

En guise de préambule à l’exposition SurréAlice, l’artiste anglaise Monster Chetwynd  fait pénétrer le visiteur dans la gueule d’un chat monumental au sourire du Cheschire. Réinventant le pays des merveilles dans un décor du cabaret de l’enfer à Paris dont l’étage servait de lieu de réunion des surréalistes pour les célèbres séances de sommeils médiumniques, elle invite le spectateur à franchir un seuil. Inquiétant pour certains, enivrant pour d’autres, ce passage prend la forme de la tête d’un animal, suggérant d’emblée les changements de points de vue, de langage et de rapports aux temps et à l’espace qui vont s’imposer dans l’exposition comme c’est également le cas chez Carroll.

Lewis Carroll : miroir magnétique des surréalistes


La première traduction d’Alice’s Adventures in Wonderland en français suit de très près sa publication en anglais (1865). Il faudra cependant attendre les années 1930 pour qu’Alice in Wonderland fasse pleinement son entrée dans la culture française à la fois comme un classique de la littérature jeunesse et comme une référence chez les avant-gardes. Alice in Wonderland est en effet publié dans pas moins de dix traductions pour enfants entre 1930

Dorothea Tanning

Le pays des merveilles

                Dorothea Tanning, Petite Musique de Nuit 1943
                       Courtesy Tate Collection

«Tranchons-en : le merveilleux est toujours beau, n’importe quel merveilleux est beau, il n’y a même que le merveilleux qui soit
beau ».

André Breton, le manifeste de 1924

La recherche du merveilleux par tous les moyens est donc au coeur  des préoccupations du surréalisme. Il est à la fois la manifestation de la beauté, mai
également, et comme l’indique Aragon, de la liberté. À la source du merveilleux, il y aurait l’inconscient, s’exprimant à travers le rêve et que les surréalistes ont à charge de convoquer.
Le dépaysement associé au rêve et au merveilleux trouve dans le récit d’Alice in Wonderland, un terrain d’expérimentation et d’investigation unique. Chaque chapitre est une rencontre cocasse dans une situation inattendue avec des animaux et des fleurs, bouleversant la partition des règnes, le darwinisme, le naturalisme et la Genèse.
   Les surréalistes se passionnent pour les cabinets de curiosité et collectionnent un bestiaire insolite ou bariolé, chiné dans les marchés aux puces et brocantes. Dans La Maison de la peur de Leonora Carrington, les gravures de Max Ernst révèlent des personnages mi-homme-mi-cheval tandis que Rachel Baes invite les visiteurs de son exposition avec une image de chauve-souris, son portrait métaphorique.


Les spécimens de la collection du Musée Zoologique de Strasbourg choisis suivant les espèces présentes dans les récits de Lewis Carroll, du crocodile au lapin et du chat au flamant rose entre autres, rappellent cet engouement commun pour une nature productrice d’affect poétique et de rêveries d’ailleurs.

Le corps imprévu

Les surréalistes n’ont pas seulement été séduits par la forme narrative et onirique des récits de Lewis Carroll. Ils ont également trouver dans la figure d’Alice l’incarnation de la femme-enfant mais aussi du corps en perpétuelle métamorphose. À la fois jeune, innocente, naïve mais aussi révoltée, effrontée, combattive et joueuse, Alice sera une figure tutélaire de la plasticité des corps et de l’esprit. Elle est, en ce sens, une source d’inspiration et de transgression des identités.

Claude Cahun multiplie les mises en scène où le déguisement et le travestissement lui permettent d’interroger la question du genre. De jeunes artistes femmes, comme Leonora Carrington, Alice Rahon ou Gisèle Prassinos, sont même surnommées du nom de l’héroïne de Lewis Carroll. Cela traduit l’attachement du groupe à ce personnage à la fois réel et fictionnel. À la muse, la diabolique, ou à l’incarnation d’Eros, ils ajoutent la femme-enfant, amie des animaux et de la nature. Leonora Carrington et Dorothea Tanning réagissent chacune à leur manière à cette personnification, plaçant la femme-enfant dans un univers plus angoissant que merveilleux. Au jeu des faux-semblants, le miroir de Lewis Carroll prodigue aux surréalistes, à commencer par Aragon, un formidable instrument de dédoublement et de déformation du corps, mais aussi de réflexion sur la volatilité du réel et de ses représentations. Magritte et Paul Nougé exploitent ses effets subversifs, confondant le reflet du réel, ses systèmes de représentation et ses apparences. Enrico Baj utilise des brisures de miroir comme autant de ruptures dans l’intégrité du corps. Le miroir, objectivation de la présence, sera aussi du côté de l’inconscient et la traversée du miroir est synonyme de mise en évidence des zones cachées de l’inconscient et de la psychanalyse et notamment dans la figure du rétracté de Brauner.

Enrico Baj

Le non-sens et l’absurde

Chez Lewis Carroll comme chez les surréalistes, les écarts entre le réel et sa représentation se doublent d’un écart entre les choses et leur nom. Lewis Carroll, qui est avant tout un spécialiste de logique mathématique et d’algèbre à Oxford, a un goût immodéré pour le travail sur le langage. Certains textes sont des morceaux d’anthologie de mots-valises et de créations langagières étonnantes. Les exemples sont nombreux. Lorsqu’Alice parle trop vite, fait des erreurs et veut se corriger, la Reine lui lance :

L’ÉCOLE DES MODERNITÉS À L’INSTITUT GIACOMETTI

«C’est trop tard. Une fois que l’on a dit quelque chose, cela se fixe par là-même et l’on doit en subir les conséquences».

Le non-sens apparaît cependant avec le plus d’évidence dans La Chasse au Snark, Une agonie en huit chants,

                                        Victor Brauner, le poichat qui navole 1964

récit sous forme de poème publié en 1876. Les personnages, menés par l’Homme à la cloche, et dont les noms commencent tous pas un B, cherchent une créature dangereuse, le Snark, sans savoir à quoi elle ressemble. La genèse du poème est « absurdement » performative. Carroll est en effet parti du dernier vers (« Parce que le Snark était un Boojum, voyez-vous »), puis il a inventé son histoire en remontant vers le début. La fin est donc dans le commencement.
L’absurde, arme douce de la contestation du régime victorien, inspire les artistes et les poètes surréalistes. Le non-sens, incessant, plaît à ceux qui aspirent à un renouvellement complet de l’entendement et au démembrement du langage. De 1927 à 1931, Magritte réalise la majeure partie de ses « peintures à mots ». L’orthodoxie de la langue et de ses usages conventionnels y sont systématiquement remis en cause.

                        Roland Topor Alice à la NeigeMarcel Duchamp le Trébuchet

Des langues sont imaginées par Brauner et Duchamp excelle en jeux de mots et jeux d’esprit dans ses notes comme dans ses titres. Le non-sens qui naît parfois des télescopages de sonorités de mots incongrus réunis dans une phrase produit un humour caustique, voire noir qui formera le terreau sur lequel s’enracine le surréalisme. Dans L’Anthologie de l’humour noir, c’est le chapitre du « Quadrille des Homards » qui est sélectionné par Breton pour évoquer Lewis Carroll. Roland Topor n’hésite pas à placer Alice et ses amis dans une improbable classe de neige tandis que Marcel Duchamp conçoit le Trébuchet, qui n’est qu’un portemanteau mural posé à même le sol, pour induire la chute du visiteur distrait. Le titre et l’objet jouent ensemble de double-sens, de quiproquos drôles et ludiques à la manière des mots-valises de Carroll.
Et pour échapper à l’atmosphère de la France de Vichy, c’est le jeu de cartes, à jouer ou divinatoire, qui va être la principale activité des stratagèmes collectifs. Assignés à la Villa Air-Bel près de Marseille, les surréalistes reprennent le jeu du tarot et le transforment, élisant Alice comme une figure du jeu.

Lise Deharme la Dame de Pique ^

Des publications

SurréAlice
ISBN : 9782351252123
Prix envisagé : 35€
Pagination : environ 304 pages
Date de parution : 17/11/2022

Illustr’Alice
Introduction (Thérèse Willer)
Alice illustrée en France (Thérèse Willer)
Alice au pays de la caricature britannique (1865-2020) (Brigitte Friant-Kessler)

Informations pratiques

Musée d’Art moderne et contemporain (MAMCS)
1 place Hans-Jean-Arp, Strasbourg
Ouvert tous les jours de 10h à 13h et de 14h à 18h, sauf le lundi pendant la durée de l’exposition
Ateliers, lectures etc sur . http://www.musees.strasbourg.eu/


Marcelle Cahn, en quête d’espace

Marcelle Cahn, Femme et voilier, 1926-1927,
huile sur toile, 66 x 50 cm, MAMCS.
Photo : Angèle Plisson, Musées de la Ville de Strasbourg

Jusqu’au 31 JUILLET 2022 au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg MAMCS
Commissariat général : Cécile Godefroy, historienne de l’art et commissaire indépendante.
Commissariat associé : Barbara Forest, conservatrice en chef du Patrimoine au MAMCS et Alexandre Quoi, responsable du département scientifique du MAMC+.
Scénographie : atelier FCS – Frédéric Casanova
Identité visuelle de l’exposition : Atelier Bastien Morin

Cette exposition, également présentée au Musée d’art moderne et contemporain Saint-Étienne Métropole (MAMC+) et au Musée des beaux-arts de Rennes, verra son format varier à chaque étape en fonction du site.

Rétrospective

Le MAMCS présente la première grande rétrospective consacrée à Marcelle Cahn (1895-1981). Dans l’histoire de l’art du XXème siècle, le parcours de cette artiste se situe à ses débuts à l’orée des courants expressionnistes et puristes, et s’épanouit dans les années 1950 au travers d’une abstraction libre, dotée tout à la fois de fantaisie et d’une grande rigueur, dont les tableaux-reliefs et les spatiaux des années 1960 sont un remarquable aboutissement. De l’infiniment petit à la quête d’un espace architectural, Marcelle Cahn, qui parallèlement n’a jamais renoncé à la figuration considérant ses
« choses lyriques » comme une « récréation », a développé un langage singulier de l’abstraction, épuré et sensible, dépourvu de tout dogmatisme.

Cette exposition illustre la richesse et la singularité de l’oeuvre de Marcelle Cahn. Elle restitue les différents contextes de création au sein desquels cette artiste a évolué, de l’expressionnisme allemand du début du XXème siècle aux principaux courants de l’abstraction géométrique et lyrique. Ce parcours chronologique rassemble plus de 400 oeuvres – peintures, arts graphiques, sculptures, photographies et collages – provenant d’institutions culturelles et de collections particulières françaises et étrangères, couvrant l’ensemble des techniques engagées par l’artiste. Parmi elles, le Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg, à qui l’artiste avait donné son fonds d’atelier et ses archives en 1980.

Estelle Pietrzyk vous présente « Guitare et éventail » de Marcelle Cahn, issue des collections du MAMCS.

Biographie

Alsacienne, née à Strasbourg où elle vécut la majeure partie de sa jeunesse, Marcelle Cahn se forma à Berlin pendant la Grande guerre auprès de Lovis Corinth et Eugen Spiro, puis à Paris auprès de Fernand Léger et Amédée Ozenfant, où elle choisit de passer les trente-cinq dernières années de sa vie. Marcelle Cahn participe dès l’entre-deux-guerres aux grands rassemblements de défense de l’art abstrait. Soutenue et appréciée des artistes et des critiques influents de son temps, elle ne bénéficia que de rares expositions personnelles dans les dernières années de sa vie et vécut dans un certain isolement accru par des périodes de mises en retrait du monde de l’art. Pour des raisons matérielles et de santé, les collages sont la pratique dominante des quinze dernières années d’une artiste encline à s’appuyer sur le minimum de ressources à sa disposition. Ils traduisent l’appétence d’une créatrice animée toute sa vie durant par la liberté et la poésie du geste, ainsi que le jeu des infinies variations.

Film

Ci-dessous un film provenant des archives du regard

Le tableau en relief

Étendue 1955 Tempera sur isorel 200 x 74 x 7,5 cm
Photographie © Musée de Grenoble

À partir de 1953, Marcelle Cahn renoue avec l’abstraction géométrique avec un ensemble remarquable de tableaux-reliefs que l’on peut situer dans la continuité des peintures les plus abstraites de la période puriste. Dans chaque tableau peint sur bois, isorel ou contreplaqué, l’artiste incise la matière blanche de traits noirs parallèles et perpendiculaires qui dessinent des trames géométriques plus ou moins serrées et dont l’entrecoupement, à l’intérieur du tableau, donne lieu à un univers de carrés et de rectangles ponctués de prismes et de triangles blancs ou colorés. Pour rythmer ses peintures, l’artiste appose à la surface des tableaux des petits éléments de format géométrique et circulaire en bois, isorel ou balsa, puis, à partir de 1960, les premières sphères blanches et colorées. Ces peintures de moyen et grand format dialoguent avec les oeuvres de la tendance abstraite internationale qui, par des chemins divers, empruntés pour beaucoup dans le sillage du néoplasticisme, considère le relief comme l’une des voies possibles de renouvellement de l’abstraction, visant l’architecture elle-même.

Objets cosmiques

Pour Marcelle Cahn, qui cherche à s’échapper des intérieurs bourgeois et contrer l’idée de décoration, les « Spatiaux sont des équivalences spatiales à partir de panneaux fixes et mobiles qui devront participer à la structure de notre univers ». En 1961, Marcelle Cahn conçoit son premier 

avec les encouragements de l’artiste suisse Gottfried Honegger. Nés du découpage et de l’assemblage de petites boîtes de médicament, les Spatiaux sont exécutés en bois peint par un praticien et s’appréhendent pour la plupart frontalement en déclinant un registre de formes élémentaires cadencées par le relief, les pastilles de couleur et des angles découpés qui modulent la lumière. Avec les tableaux-reliefs et les photocollages, les Spatiaux convoquent l’imagerie spatiale – stations, fusées aérospatiales et satellites en orbite – nourrie par la rivalité qui oppose États-Unis et URSS dans le domaine astronautique depuis la fin des années 1950, et constituent probablement l’un des aboutissements les plus sensationnels de la quête d’espace engagée par Marcelle Cahn depuis le milieu des années 1920.

Musique et poésie

Musique et peinture sont étroitement liées dans l’imaginaire des artistes, en particulier dans les débats synesthésiques qui préludent à la naissance de l’abstraction coloriste.

La thématique musicale est présente chez Marcelle Cahn, comme nous pouvons l’apprécier dans Éventail et guitare, 1926, mais aussi à travers les titres qui font allusion aux syncopées du jazz et autres tempos. Les nombreuses variations que l’artiste opère à partir de sérigraphies, de cartons d’invitation et de photographies, faisant danser des motifs identiques de façon sans cesse renouvelée, témoignent d’une sensibilité musicale qui rappelle la famille de musiciens dont l’artiste, formée au violon et au piano dans sa jeunesse, est elle-même issue.

Proche des compositeurs autant que des poètes, celle qui déclara
« développe[r] des formes initiales, simples, comme un musicien développe un thème dans une fugue » sans « exclure la poésie » fut enfin l’auteure d’une vingtaine de courts textes poétiques auxquels s’ajoutent les dessins-poèmes composés à partir de 1956.

Le collage en jeu

Les collages que Marcelle Cahn entreprend depuis 1952 et qui, à partir du milieu des années 1960, constituent l’essentiel de sa production, oscillent entre géométrie stricte et fantaisie lyrique. D’un côté, la rigueur de la pensée construite, de l’autre, la spontanéité, l’amusement qui déconstruit. Tandis qu’elle doit quitter son logement-atelier de la rue Daguerre en 1969 pour intégrer la maison de retraite pour artistes de la fondation Galignani à Neuilly,

Marcelle Cahn restreint ses usages et pratiques aux matériaux qui lui restent facilement accessibles : papiers de couleur, autocollants, transparents et autres articles de papeterie, nécessaire de pharmacie, carton gaufré, laine et tissus divers, enveloppes de sa correspondance, lames de rasoir, tickets de métro, matériaux d’emballage et de récupération plus ou moins inattendus sont rehaussés de crayon, de craie grasse ou de peinture blanche, réemployés et détournés à l’envi dans des compositions majoritairement abstraites, mais qui parfois convoquent le réel. La poésie et l’humour avec lesquels Cahn métamorphose les plus modestes objets et rebuts du quotidienLe collage sur carte postale semble être autant une occupation qu’un jeu pour l’artiste qui déploie tout son sens de l’espace à partir de cartes postales de la ville de Paris dont elle se plaît à adresser les détournements poétiques et espiègles à ses proches.
Pour l’étape dijonnaise de l’exposition Marcelle Cahn en 1973, Serge Lemoine fait commande à l’artiste d’un ensemble de collages à partir de cartes postales de la ville. À l’aide de gommettes de couleurs et de formats variés, l’artiste met en scène avec humour et poésie les monuments les plus emblématiques de la ville bourguignonne, qu’ils relèvent du patrimoine médiéval ou de constructions plus récentes à l’instar du grand projet urbanistique du lac Kir construit en périphérie et bordé de tours à étages. nous transportent dans un monde sensible et vibrant, sans cesse renouvelé.

Amitiés en partage

En 1980, Marcelle Cahn fait une considérable donation au Musée d’Art moderne de Strasbourg, comprenant ce qu’elle conserve encore de son oeuvre ainsi que ses archives et livres. Ce fonds est constitué de près de 350 oeuvres originales dont plusieurs peintures inachevées, des Spatiaux, des dessins, estampes et de nombreux collages des années 1960 et 1970. Elle inclut également des dessins et photographies d’artistes ami.e.s. Dans ses archives personnelles, figurent plusieurs centaines de lettres et cartes, des dizaines de négatifs et photographies de ses oeuvres comme de sa famille, ses poèmes originaux, des dizaines de cartes de voeux ainsi que des cartons d’invitation et articles de presse. Ses archives professionnelles sont principalement composées d’échanges avec des éditeurs, galeries et institutions. L’ensemble de la correspondance éclaire enfin la richesse des relations et amitiés artistiques de Marcelle Cahn, dont l’internationalisme, l’écart générationnel et la diversité des styles témoignent de sa grande ouverture d’esprit.
Cette donation si généreuse un an avant sa disparition trouve dans cette exposition sa présentation la plus complète et témoigne, au-delà des oeuvres, d’une personnalité attachante, l’amie des artistes.

Informations pratiques

Musée d’Art moderne et contemporain (MAMCS)
1 place Hans-Jean-Arp, Strasbourg Tél. : +33 (0)3 68 98 50 00
Horaires : tous les jours – sauf le lundi – de 10h00 à 18h00
Fermé le 1er janvier, Vendredi Saint, 1er Mai, 1er et 11 Novembre et le 25 décembre.