photo Frédérique Goerig-Hergott Nom : Waydelich Prénom : Raymond âge : 84 ans naissance : Strasbourg résident : Hindisheim profession : Sculpteur, peintre, photographe signe particulier : représente la France à la Biennale de Venise en 1978 multi-primé multi-médaillé, blagueur
Samedi 19 novembre 2022, l’Académie Rhénane a remis le prix Europe 2022, à Raymond Waydelich. Le président de l’Académie Rhénane, Jean-Luc Seegmuller, et son vice-président Emmanuel Honegger officiaient ce jour-là au musée des Beaux Arts de Mulhouse. Le président lui remis un cadeau : une œuvre, signée d’une photographe de son village, Estelle Hoffert. « Tout ça pour moi, c’est trop », s’est ému l’artiste, avant de raconter quelques anecdotes et tranches de sa vie. (vidéo)
photo E.I. Le couronnement d’une carrière éclectique reliant le passé, le présent et le futur. Sculpteur, peintre, photographe, commandeur des arts et des lettres, l’artiste alsacien représenta la France à la Biennale de Venise en 1978. Après avoir exploré la mémoire du passé avec son travail sur la vie rêvée de Lydia Jacob, puis avoir en 1995 imaginé la mémoire future à travers sa grande exposition Mutaronegra, il donne aujourd’hui, en le sculptant, une vie nouvelle à son bestiaire merveilleux. (hommage vu à ST’ART 2021)
Le public
photo E.I. Une assistance fournie occupa la salle du musée des BA de Mulhouse. Des applaudissements nourris, des rires accompagnèrent la prestation de Waydelich, avec la verve qu’on lui connait. De nombreux artistes amis étaient présents dans la salle. Madame la Maire de Mulhouse était représentée pas son adjointe, EMMANUELLE SUAREZ. (en robe à motif au 1er rang)
Eloge
Frédérique Goerig-Hergott, ancienne conservatrice du musée d’Unterlinden à Colmar et désormais directrice des musées de Dijon, avait fait le déplacement pour dresser le portrait et raconter la vie et l’œuvre, loin d’être achevée, de Raymond Waydelich. Elle est revenue sur le parcours de l’homme qui représenta la France à la Biennale de Venise en 1978 ; celui qui, après avoir exploré la mémoire du passé avec son travail sur la vie rêvée de Lydia Jacob, a imaginé la mémoire future à travers sa grande exposition Mutaronegra à Strasbourg .
« Raymond est une madeleine de Proust à lui seul » F.GH
« Raymond a la notion du temps et de l’espace. La vie est un rêve pour lui et cet état d’esprit guide son travail. Il raconte des histoires et, moi, je l’écoute comme une enfant car il me fait rire, me bouscule et me fait rêver. Raymond Waydelich représente tout ce que j’aime chez l’être humain et l’artiste : le talent, l’acuité visuelle, la spontanéité, l’inventivité débordante et l’intelligence créative qui caractérise les génies, l’humilité, l’altruisme, le don de soi, la fidélité, le souci de garder la mémoire de son territoire, la mémoire des autres, des plus connus aux inconnus, la mémoire des traditions, la mémoire de la langue, l’humour, la dérision avec la spontanéité et la gouaille d’un être aussi fulgurant que délicat, aussi bruyant que discret, mais aussi généreux qu’effacé. Raymond est une madeleine de Proust à lui seul »
Conférence
Une brillante conférence présentée par Pierre-Louis Cereja, ancien critique d’art du cinéma, au journal L’Alsace, sonna le clap de fin de l’exposition du cinéaste mulhousien. Exposition organisée par l’ancien journaliste, qui nous enthousiasma par son savoir encyclopédique sur le cinéma en général, et sur «William Wyler, en particulier.
Le 24 novembre 2022, ST-ART a soufflé sa 26ème bougie. Après avoir fêté son quart de siècle, elle profite du plus beau des cadeaux : une implantation dans le tout nouveau Parc des expositions de Strasbourg, au pied des rives de l’Aar. Une oeuvre en soi signée Kengo Kuma l’architecte japonais, gagnant du prestigieux Global Award for Sustainable Architecture.
Les exposants ont unanimement apprécié ce nouvel écrin « lumineux et aéré, aux espaces de circulation plus spacieux« .
BILAN
55 exposants dont
46 galeries
14 galeries étrangères
15 exposants du territoire alsacien
25 exposants qui revenaient
30 nouveaux exposants
Près de 250 artistes présentés
Plus de 600 oeuvres exposées
Des retours enthousiastes
Les exposants ont salué « une très bonne édition » et se sont montrés satisfaits de leur participation.
Une foire tremplin
ST-ART est synonyme de démarrage, de tremplin et c’est ce qui lui a valu sa réputation : c’est à Strasbourg que tout peut commencer, pour une galerie, un artiste ou une collection.
Le secteur First Call rassemblait cette année 30 nouvelles galeries, soit plus de la moitié des exposants. Une façon d’affirmer plus que jamais sa mission de foire précurseur. Une galerie nomade Yannick Kraemer, collectionneur presque compulsif,qui met en vente une partie de sa collection, dont une toile signée Combas affichée à 280 000 €. La coiffure peut mener à la peinture, Yannick Kraemer a monté une chaîne de salons de coiffure à succès.
photo Robert Cahen
Le soutien et l’adhésion de la Ville de Strasbourg à ST-ART ont permis également d’appuyer cette position de foire tremplin en mettant en scène cette année des artistes récemment diplômés de la HEAR – Haute Ecole des Arts du Rhin de Strasbourg, et la Gedok Haus de Stuttgart, dont les structures célèbraient 70 ans de collaboration
Martina Geiger-Gerlach photo elisabeth itti
L’édition 2022 initiait une collaboration inédite avec l’école CAMONDO et dévoilait son regard totalement innovant autour de l’Intelligence Artificielle.
Les événements de cette 26e édition
Une exploration des liens entre cinéma et photographie
ST-ART a souhaité, pour sa 26ème édition, croiser les pratiques artistiques et explorer les liens entre cinéma et photographie. Cette thématique a été portée par :
• l’association inédite avec « Strasbourg art photography » ou Mois de la photographie, qui avait lieu pour la 1ère fois au mois de novembre (et non au printemps) et dont la foire était la clôture.
Ryo Tomo – la séparation 2021 photo EI
• la présentation, au coeur de la foire, d’un projet d’exposition intitulée « Cinéma et photographie, un lien si sensible » porté par Ryo Tomo, directeur du festival Strasbourg art photography.
Photo EI Installation La Belle captive – coup de coeur Sur une proposition de Ryo Tomo, le couple d’artistes strasbourgeois Dool présente son installation Conçue et réalisée par Dool (Diane Ottawa et Olivier Lelong), l’installation « La belle captive » s’inspire de l’oeuvre de Magritte et du film d’Alain Robbe-Grillet. Il s’agit ici d’une installation à média mixtes, principalement composé de photographies numériques et de vidéo.
photo EI La belle captive chez Magritte représente une mise en abîme dans laquelle il est possible de plonger, et nous donne à penser les liens qui existent entre différents niveaux de représentations dans la peinture, le roman, le cinéma et la photographie.
• une exposition vidéo avec l’invitation de Patricia Houg à l’artiste Tim White-Sobieski. Le projet, qui rend hommage à l’oeuvre En attendant Godot de Samuel Beckett, comprend une installation vidéo synchronisée à 4 canaux avec trame sonore et musique de Henry Purcell et Giovanni Battista Pergolesi. L’intrigue de la pièce implique deux personnages qui attendent quelqu’un qui ne vient jamais.
photo EI Waiting for Godot est une pièce absurde qui explore les thèmes de la philosophie existentialiste. Le vide et le caractère aléatoire de l’intrigue amènent le public à se demander si quelque chose va se produire et s’il y a un sens quelconque dans la pièce – ou dans la vie. Le film Waiting for the God transcende les frontières géographiques et ethniques et est de nature cosmopolite. Elle interpelle les coeurs et les esprits de tous parce qu’elle soulève les questions fondamentales de l’esprit humain : Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? D’où venons-nous ?
• la création d’un secteur dédié aux galeries présentant des photographes contemporains ou historiques.
Hommage à Jean Greset
Jean, l’art brut et l’art singulier Jean Greset, un fidèle acteur de ST-ART nous a quitté au mois d’avril 2022. Sur une initiative de la Direction du salon et de son comité de sélection, porté par Georges- Michel Kahn et Rémy Bucciali, un hommage lui est rendu par la foire. C’était une référence majeure sur le territoire français en la matière.
Une oeuvre monumentale pour la Nef
Une oeuvre monumentale, de l’artiste Angela Glajcar, vous accueillait dans la Nef du Parc des Expositions. Artiste exposée par la galerie Stream Art Gallery
– Stream Art Galery – Angela Glajcar – Photo: lfdd
Une performance
Une performance de Simon Berger a été présentée par la Galerie Mazel le soir du vernissage. Au cours de cette performance, l’artiste a réalisé une oeuvre de 150 x 150 cm sur du verre. Briser du verre est généralement considéré comme une mauvaise action, plus souvent comme un acte de vandalisme. Mais que diriez-vous si cette destruction pouvait en fait se révéler d’une beauté éclatante ? Cet artiste suisse nous montre comment nous pouvons briser le verre et trouver de nouvelles façons de percevoir des matériaux du quotidien. Après trois ans de recherche et de tentatives, Simon Berger a découvert le moyen de fissurer le verre sans le briser, transformant ainsi des vitres ordinaires de ce matériau fragile en de remarquables portraits.
Les galeries exposant à ST-ART sont sélectionnées par un comité de sélection, composé pour cette édition de :
REMY BUCCIALI
Officier des Arts et des Lettres. Né en 1952 à Rueil-Malmaison, il étudie la photographie et les arts plastiques à Paris et entre en 1972 à l’atelier RIGAL à Fontenay aux Roses. Nommé taille-doucier en 1975, il travaille jusqu’en 1976 sous la direction du Maître Gaston Gerbault. En 1977 il ouvre son propre atelier à Paris avant d’ouvrir en 1983 un atelier à Colmar. Depuis lors, de nombreux artistes internationaux sont édités dans son atelier. Editeur de gravures contemporaines depuis 1989 sous le label « Editions Rémy Bucciali », il collabore avec de nombreuses galeries françaises et étrangères : Paris, Barcelone, Berlin, Copenhague, Cologne, Rotterdam, Stockholm, Düsseldorf. Il participe également à de nombreuses foires internationales, telles que Art Paris, Art Elysées, ST-ART, Düsseldorf, Francfort, ART Karlsruhe, London Print Art Fair et AAF Bruxelles.
GEORGES-MICHEL KAHN
Après 20 ans dans une entreprise de prêt porter, et déjà collectionneur de l’abstraction des années 50/60 française et européenne, Georges-Michel Kahn a ouvert en 1997 une galerie à Strasbourg sur la place du Musée d’Art Moderne et Contemporain. Après 7 ans à Strasbourg, il a ensuite ouvert un show room à Paris et depuis 2006 s’est installé à l’île de Ré. La galerie édite tous les ans des multiples d’artistes et participe à l’édition de livres d’artistes.
Les 2 galeristes ont présenté ST’Art 2022 en l’absence de Patricia Houg, à la presse. ( les 2 photos Robert Cahen)
La SAAMS
La Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg a fait éditer un livre pour marquer les 190 ans de la société. Le 28 e prix Théophile Schuler a été remis par la main de son président Bertrand Alain Gillig à Hélène Thiennot à la foire ce samedi. L’artiste est diplômée de l’Ecole Supérieure d’Art de Lorraine de Metz. Photographe et dessinatrice elle montre « Souches » dessin à l’encre noire, des troncs d’arbres coupés, sa manière de montrer l’impact de l’homme sur la nature. La dotation est de 3000 €
Galeries alsaciennes
Valérie Cardi revient cette année avec une diversité d’artistes, aux médium différents, dont sur la photo, Bernard Latuner et Yves Bingert
photo EI
Withoutart Galerie, Marc Sun met l’accent sur les oeuvres de deux artistes taiwanais, Pan Hsinhua et Wu Ichien. L’un et l’autre, à travers leurs peintures, touchent à la question de la mémoire collective et à la transmission entre les générations.
En parallèle à cela, WITHoutARTgalerie propose une vue d’ensemble des artistes de la galerie :
photo EI La calligraphie contemporaine à travers les oeuvres de André Kneib, artiste ayant participé au renouveau de l’art de la calligraphie en Chine.
AEdaen propose Francesca Gariti
Photo EI
Jean Pierre Ritsch-Fisch
Le galeriste a passé la main à Richard Solti qui présente toujours de l’art brut
Stéphane Spach photo EI
photo EI
Beaucoup de galeries présentent des artistes venant d’Asie. Le discours des artistes nous rappelle la pandémie qui leur a permis de se concentrer à leur domicile pour créer des oeuvres, tout en dénonçant la société de consommation. Rendez-vous à l’année prochaine. Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez consulter l’excellent blog de laFleur du dimanche
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Vue de l’entrée de l’exposition photo elisabeth Itti
Lewis Carroll et les surréalistes au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg – MAMCS et Illustr’Alice au Musée Tomi Ungerer (à venir sur mon blog) les 2 expositions jusqu’au 26 FÉVRIER 2023 Commissaire :Barbara Forest, conservatrice en chef du Patrimoine au MAMCS et Fabrice Flahutez, professeur à l’Université Jean-Monnet de Saint-Etienne, spécialiste du surréalisme. Scénographie de l’exposition : Martin Michel Identité visuelle de l’exposition : TANDEM
En guise de préambule à l’exposition SurréAlice, l’artiste anglaise Monster Chetwynd fait pénétrer le visiteur dans la gueule d’un chat monumental au sourire du Cheschire. Réinventant le pays des merveilles dans un décor du cabaret de l’enfer à Paris dont l’étage servait de lieu de réunion des surréalistes pour les célèbres séances de sommeils médiumniques, elle invite le spectateur à franchir un seuil. Inquiétant pour certains, enivrant pour d’autres, ce passage prend la forme de la tête d’un animal, suggérant d’emblée les changements de points de vue, de langage et de rapports aux temps et à l’espace qui vont s’imposer dans l’exposition comme c’est également le cas chez Carroll.
Lewis Carroll : miroir magnétique des surréalistes
La première traduction d’Alice’s Adventures in Wonderland en français suit de très près sa publication en anglais (1865). Il faudra cependant attendre les années 1930 pour qu’Alice in Wonderland fasse pleinement son entrée dans la culture française à la fois comme un classique de la littérature jeunesse et comme une référence chez les avant-gardes. Alice in Wonderland est en effet publié dans pas moins de dix traductions pour enfants entre 1930
Dorothea Tanning
Le pays des merveilles
Dorothea Tanning, Petite Musique de Nuit 1943 Courtesy Tate Collection
«Tranchons-en : le merveilleux est toujours beau, n’importe quel merveilleux est beau, il n’y a même que le merveilleux qui soit beau ».
André Breton, le manifeste de 1924
La recherche du merveilleux par tous les moyens est donc au coeur des préoccupations du surréalisme. Il est à la fois la manifestation de la beauté, mai également, et comme l’indique Aragon, de la liberté. À la source du merveilleux, il y aurait l’inconscient, s’exprimant à travers le rêve et que les surréalistes ont à charge de convoquer. Le dépaysement associé au rêve et au merveilleux trouve dans le récit d’Alice in Wonderland, un terrain d’expérimentation et d’investigation unique. Chaque chapitre est une rencontre cocasse dans une situation inattendue avec des animaux et des fleurs, bouleversant la partition des règnes, le darwinisme, le naturalisme et la Genèse. Les surréalistes se passionnent pour les cabinets de curiosité et collectionnent un bestiaire insolite ou bariolé, chiné dans les marchés aux puces et brocantes. Dans La Maison de la peur de Leonora Carrington, les gravures de Max Ernst révèlent des personnages mi-homme-mi-cheval tandis que Rachel Baes invite les visiteurs de son exposition avec une image de chauve-souris, son portrait métaphorique.
Les spécimens de la collection du Musée Zoologique de Strasbourg choisis suivant les espèces présentes dans les récits de Lewis Carroll, du crocodile au lapin et du chat au flamant rose entre autres, rappellent cet engouement commun pour une nature productrice d’affect poétique et de rêveries d’ailleurs.
Le corps imprévu
Les surréalistes n’ont pas seulement été séduits par la forme narrative et onirique des récits de Lewis Carroll. Ils ont également trouver dans la figure d’Alice l’incarnation de la femme-enfant mais aussi du corps en perpétuelle métamorphose. À la fois jeune, innocente, naïve mais aussi révoltée, effrontée, combattive et joueuse, Alice sera une figure tutélaire de la plasticité des corps et de l’esprit. Elle est, en ce sens, une source d’inspiration et de transgression des identités.
Claude Cahun multiplie les mises en scène où le déguisement et le travestissement lui permettent d’interroger la question du genre. De jeunes artistes femmes, comme Leonora Carrington, Alice Rahon ou Gisèle Prassinos, sont même surnommées du nom de l’héroïne de Lewis Carroll. Cela traduit l’attachement du groupe à ce personnage à la fois réel et fictionnel. À la muse, la diabolique, ou à l’incarnation d’Eros, ils ajoutent la femme-enfant, amie des animaux et de la nature. Leonora Carrington et Dorothea Tanning réagissent chacune à leur manière à cette personnification, plaçant la femme-enfant dans un univers plus angoissant que merveilleux. Au jeu des faux-semblants, le miroir de Lewis Carroll prodigue aux surréalistes, à commencer par Aragon, un formidable instrument de dédoublement et de déformation du corps, mais aussi de réflexion sur la volatilité du réel et de ses représentations. Magritte et Paul Nougé exploitent ses effets subversifs, confondant le reflet du réel, ses systèmes de représentation et ses apparences. Enrico Baj utilise des brisures de miroir comme autant de ruptures dans l’intégrité du corps. Le miroir, objectivation de la présence, sera aussi du côté de l’inconscient et la traversée du miroir est synonyme de mise en évidence des zones cachées de l’inconscient et de la psychanalyse et notamment dans la figure du rétracté de Brauner.
Enrico Baj
Le non-sens et l’absurde
Chez Lewis Carroll comme chez les surréalistes, les écarts entre le réel et sa représentation se doublent d’un écart entre les choses et leur nom. Lewis Carroll, qui est avant tout un spécialiste de logique mathématique et d’algèbre à Oxford, a un goût immodéré pour le travail sur le langage. Certains textes sont des morceaux d’anthologie de mots-valises et de créations langagières étonnantes. Les exemples sont nombreux. Lorsqu’Alice parle trop vite, fait des erreurs et veut se corriger, la Reine lui lance :
L’ÉCOLE DES MODERNITÉS À L’INSTITUT GIACOMETTI
«C’est trop tard. Une fois que l’on a dit quelque chose, cela se fixe par là-même et l’on doit en subir les conséquences».
Le non-sens apparaît cependant avec le plus d’évidence dans La Chasse au Snark, Une agonie en huit chants,
Victor Brauner, le poichat qui navole 1964
récit sous forme de poème publié en 1876. Les personnages, menés par l’Homme à la cloche, et dont les noms commencent tous pas un B, cherchent une créature dangereuse, le Snark, sans savoir à quoi elle ressemble. La genèse du poème est « absurdement » performative. Carroll est en effet parti du dernier vers (« Parce que le Snark était un Boojum, voyez-vous »), puis il a inventé son histoire en remontant vers le début. La fin est donc dans le commencement. L’absurde, arme douce de la contestation du régime victorien, inspire les artistes et les poètes surréalistes. Le non-sens, incessant, plaît à ceux qui aspirent à un renouvellement complet de l’entendement et au démembrement du langage. De 1927 à 1931, Magritte réalise la majeure partie de ses « peintures à mots ». L’orthodoxie de la langue et de ses usages conventionnels y sont systématiquement remis en cause.
Roland Topor Alice à la Neige – Marcel Duchamp le Trébuchet
Des langues sont imaginées par Brauner et Duchamp excelle en jeux de mots et jeux d’esprit dans ses notes comme dans ses titres. Le non-sens qui naît parfois des télescopages de sonorités de mots incongrus réunis dans une phrase produit un humour caustique, voire noir qui formera le terreau sur lequel s’enracine le surréalisme. Dans L’Anthologie de l’humour noir, c’est le chapitre du « Quadrille des Homards » qui est sélectionné par Breton pour évoquer Lewis Carroll. Roland Topor n’hésite pas à placer Alice et ses amis dans une improbable classe de neige tandis que Marcel Duchamp conçoit le Trébuchet, qui n’est qu’un portemanteau mural posé à même le sol, pour induire la chute du visiteur distrait. Le titre et l’objet jouent ensemble de double-sens, de quiproquos drôles et ludiques à la manière des mots-valises de Carroll. Et pour échapper à l’atmosphère de la France de Vichy, c’est le jeu de cartes, à jouer ou divinatoire, qui va être la principale activité des stratagèmes collectifs. Assignés à la Villa Air-Bel près de Marseille, les surréalistes reprennent le jeu du tarot et le transforment, élisant Alice comme une figure du jeu.
Lise Deharme la Dame de Pique ^
Des publications
SurréAlice ISBN : 9782351252123 Prix envisagé : 35€ Pagination : environ 304 pages Date de parution : 17/11/2022
Illustr’Alice Introduction (Thérèse Willer) Alice illustrée en France (Thérèse Willer) Alice au pays de la caricature britannique (1865-2020) (Brigitte Friant-Kessler)
Informations pratiques
Musée d’Art moderne et contemporain (MAMCS) 1 place Hans-Jean-Arp, Strasbourg Ouvert tous les jours de 10h à 13h et de 14h à 18h, sauf le lundi pendant la durée de l’exposition Ateliers, lectures etc sur . http://www.musees.strasbourg.eu/
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Marcelle Cahn, Femme et voilier, 1926-1927, huile sur toile, 66 x 50 cm, MAMCS. Photo : Angèle Plisson, Musées de la Ville de Strasbourg
Jusqu’au 31 JUILLET 2022 au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg MAMCS Commissariat général : Cécile Godefroy, historienne de l’art et commissaire indépendante. Commissariat associé : Barbara Forest, conservatrice en chef du Patrimoine au MAMCS et Alexandre Quoi, responsable du département scientifique du MAMC+. Scénographie : atelier FCS – Frédéric Casanova Identité visuelle de l’exposition : Atelier Bastien Morin
Cette exposition, également présentée au Musée d’art moderne et contemporain Saint-Étienne Métropole (MAMC+) et au Musée des beaux-arts de Rennes, verra son format varier à chaque étape en fonction du site.
Rétrospective
Le MAMCS présente la première grande rétrospective consacrée à Marcelle Cahn (1895-1981). Dans l’histoire de l’art du XXème siècle, le parcours de cette artiste se situe à ses débuts à l’orée des courants expressionnistes et puristes, et s’épanouit dans les années 1950 au travers d’une abstraction libre, dotée tout à la fois de fantaisie et d’une grande rigueur, dont les tableaux-reliefs et les spatiaux des années 1960 sont un remarquable aboutissement. De l’infiniment petit à la quête d’un espace architectural, Marcelle Cahn, qui parallèlement n’a jamais renoncé à la figuration considérant ses « choses lyriques » comme une « récréation », a développé un langage singulier de l’abstraction, épuré et sensible, dépourvu de tout dogmatisme.
Cette exposition illustre la richesse et la singularité de l’oeuvre de Marcelle Cahn. Elle restitue les différents contextes de création au sein desquels cette artiste a évolué, de l’expressionnisme allemand du début du XXème siècle aux principaux courants de l’abstraction géométrique et lyrique. Ce parcours chronologique rassemble plus de 400 oeuvres – peintures, arts graphiques, sculptures, photographies et collages – provenant d’institutions culturelles et de collections particulières françaises et étrangères, couvrant l’ensemble des techniques engagées par l’artiste. Parmi elles, le Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg, à qui l’artiste avait donné son fonds d’atelier et ses archives en 1980.
Estelle Pietrzyk vous présente « Guitare et éventail » de Marcelle Cahn, issue des collections du MAMCS.
Biographie
Alsacienne, née à Strasbourg où elle vécut la majeure partie de sa jeunesse, Marcelle Cahn se forma à Berlin pendant la Grande guerre auprès de Lovis Corinth et Eugen Spiro, puis à Paris auprès de Fernand Léger et Amédée Ozenfant, où elle choisit de passer les trente-cinq dernières années de sa vie. Marcelle Cahn participe dès l’entre-deux-guerres aux grands rassemblements de défense de l’art abstrait. Soutenue et appréciée des artistes et des critiques influents de son temps, elle ne bénéficia que de rares expositions personnelles dans les dernières années de sa vie et vécut dans un certain isolement accru par des périodes de mises en retrait du monde de l’art. Pour des raisons matérielles et de santé, les collages sont la pratique dominante des quinze dernières années d’une artiste encline à s’appuyer sur le minimum de ressources à sa disposition. Ils traduisent l’appétence d’une créatrice animée toute sa vie durant par la liberté et la poésie du geste, ainsi que le jeu des infinies variations.
À partir de 1953, Marcelle Cahn renoue avec l’abstraction géométrique avec un ensemble remarquable de tableaux-reliefs que l’on peut situer dans la continuité des peintures les plus abstraites de la période puriste. Dans chaque tableau peint sur bois, isorel ou contreplaqué, l’artiste incise la matière blanche de traits noirs parallèles et perpendiculaires qui dessinent des trames géométriques plus ou moins serrées et dont l’entrecoupement, à l’intérieur du tableau, donne lieu à un univers de carrés et de rectangles ponctués de prismes et de triangles blancs ou colorés. Pour rythmer ses peintures, l’artiste appose à la surface des tableaux des petits éléments de format géométrique et circulaire en bois, isorel ou balsa, puis, à partir de 1960, les premières sphères blanches et colorées. Ces peintures de moyen et grand format dialoguent avec les oeuvres de la tendance abstraite internationale qui, par des chemins divers, empruntés pour beaucoup dans le sillage du néoplasticisme, considère le relief comme l’une des voies possibles de renouvellement de l’abstraction, visant l’architecture elle-même.
Objets cosmiques
Pour Marcelle Cahn, qui cherche à s’échapper des intérieurs bourgeois et contrer l’idée de décoration, les « Spatiaux sont des équivalences spatiales à partir de panneaux fixes et mobiles qui devront participer à la structure de notre univers ». En 1961, Marcelle Cahn conçoit son premier
avec les encouragements de l’artiste suisse Gottfried Honegger. Nés du découpage et de l’assemblage de petites boîtes de médicament, les Spatiaux sont exécutés en bois peint par un praticien et s’appréhendent pour la plupart frontalement en déclinant un registre de formes élémentaires cadencées par le relief, les pastilles de couleur et des angles découpés qui modulent la lumière. Avec les tableaux-reliefs et les photocollages, les Spatiaux convoquent l’imagerie spatiale – stations, fusées aérospatiales et satellites en orbite – nourrie par la rivalité qui oppose États-Unis et URSS dans le domaine astronautique depuis la fin des années 1950, et constituent probablement l’un des aboutissements les plus sensationnels de la quête d’espace engagée par Marcelle Cahn depuis le milieu des années 1920.
Musique et poésie
Musique et peinture sont étroitement liées dans l’imaginaire des artistes, en particulier dans les débats synesthésiques qui préludent à la naissance de l’abstraction coloriste.
La thématique musicale est présente chez Marcelle Cahn, comme nous pouvons l’apprécier dans Éventail et guitare, 1926, mais aussi à travers les titres qui font allusion aux syncopées du jazz et autres tempos. Les nombreuses variations que l’artiste opère à partir de sérigraphies, de cartons d’invitation et de photographies, faisant danser des motifs identiques de façon sans cesse renouvelée, témoignent d’une sensibilité musicale qui rappelle la famille de musiciens dont l’artiste, formée au violon et au piano dans sa jeunesse, est elle-même issue.
Proche des compositeurs autant que des poètes, celle qui déclara « développe[r] des formes initiales, simples, comme un musicien développe un thème dans une fugue » sans « exclure la poésie » fut enfin l’auteure d’une vingtaine de courts textes poétiques auxquels s’ajoutent les dessins-poèmes composés à partir de 1956.
Le collage en jeu
Les collages que Marcelle Cahn entreprend depuis 1952 et qui, à partir du milieu des années 1960, constituent l’essentiel de sa production, oscillent entre géométrie stricte et fantaisie lyrique. D’un côté, la rigueur de la pensée construite, de l’autre, la spontanéité, l’amusement qui déconstruit. Tandis qu’elle doit quitter son logement-atelier de la rue Daguerre en 1969 pour intégrer la maison de retraite pour artistes de la fondation Galignani à Neuilly,
Marcelle Cahn restreint ses usages et pratiques aux matériaux qui lui restent facilement accessibles : papiers de couleur, autocollants, transparents et autres articles de papeterie, nécessaire de pharmacie, carton gaufré, laine et tissus divers, enveloppes de sa correspondance, lames de rasoir, tickets de métro, matériaux d’emballage et de récupération plus ou moins inattendus sont rehaussés de crayon, de craie grasse ou de peinture blanche, réemployés et détournés à l’envi dans des compositions majoritairement abstraites, mais qui parfois convoquent le réel. La poésie et l’humour avec lesquels Cahn métamorphose les plus modestes objets et rebuts du quotidienLe collage sur carte postale semble être autant une occupation qu’un jeu pour l’artiste qui déploie tout son sens de l’espace à partir de cartes postales de la ville de Paris dont elle se plaît à adresser les détournements poétiques et espiègles à ses proches. Pour l’étape dijonnaise de l’exposition Marcelle Cahn en 1973, Serge Lemoine fait commande à l’artiste d’un ensemble de collages à partir de cartes postales de la ville. À l’aide de gommettes de couleurs et de formats variés, l’artiste met en scène avec humour et poésie les monuments les plus emblématiques de la ville bourguignonne, qu’ils relèvent du patrimoine médiéval ou de constructions plus récentes à l’instar du grand projet urbanistique du lac Kir construit en périphérie et bordé de tours à étages. nous transportent dans un monde sensible et vibrant, sans cesse renouvelé.
Amitiés en partage
En 1980, Marcelle Cahn fait une considérable donation au Musée d’Art moderne de Strasbourg, comprenant ce qu’elle conserve encore de son oeuvre ainsi que ses archives et livres. Ce fonds est constitué de près de 350 oeuvres originales dont plusieurs peintures inachevées, des Spatiaux, des dessins, estampes et de nombreux collages des années 1960 et 1970. Elle inclut également des dessins et photographies d’artistes ami.e.s. Dans ses archives personnelles, figurent plusieurs centaines de lettres et cartes, des dizaines de négatifs et photographies de ses oeuvres comme de sa famille, ses poèmes originaux, des dizaines de cartes de voeux ainsi que des cartons d’invitation et articles de presse. Ses archives professionnelles sont principalement composées d’échanges avec des éditeurs, galeries et institutions. L’ensemble de la correspondance éclaire enfin la richesse des relations et amitiés artistiques de Marcelle Cahn, dont l’internationalisme, l’écart générationnel et la diversité des styles témoignent de sa grande ouverture d’esprit. Cette donation si généreuse un an avant sa disparition trouve dans cette exposition sa présentation la plus complète et témoigne, au-delà des oeuvres, d’une personnalité attachante, l’amie des artistes.
Informations pratiques
Musée d’Art moderne et contemporain (MAMCS) 1 place Hans-Jean-Arp, Strasbourg Tél. : +33 (0)3 68 98 50 00 Horaires : tous les jours – sauf le lundi – de 10h00 à 18h00 Fermé le 1er janvier, Vendredi Saint, 1er Mai, 1er et 11 Novembre et le 25 décembre.
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Un visitorat qualitatif Si, par la force des choses et en raison de la pandémie de COVID-19, ST-ART n’avait pas pu avoir lieu en novembre 2020, la foire est revenue cette année, du 26 au 28 novembre et a enfin pu fêter sa 25ème édition ! Les exposants saluent une fréquentation qualitative de collectionneurs, professionnels et amateurs avertis.
• « J’ai vu beaucoup de collectionneurs sur cette édition » Patrick Adler, Galerie Aedaen • Audrey Clerc, Galerie Murmure, souligne les belles rencontres et le beau relationnel noué avec des nouveaux clients : « J’ai rencontré beaucoup de nouvelles personnes qui ne connaissaient pas la galerie ». • Pour Sandra Blum, la foire a été l’occasion de retrouver des collectionneurs qu’elle attendait, et fidéliser des contacts. • Delphine Courtay, qui participait pour la 1ère fois, a noté la présence d’un certain nombre de visiteurs étrangers à Strasbourg et notamment allemands, également des visiteurs qui ne venaient plus et qui sont revenus cette année : « ST-ART a un vrai potentiel« .
Une édition plus conviviale qui a séduit exposants comme visiteurs
Le format resserré de ce grand rendez-vous de l’art contemporain a permis des échanges plus qualitatifs et l’édition a été jugée très belle tant par les exposants que par les visiteurs • Patrick Adler (galerie Aedaen) souligne une belle édition : « un des plus beaux ST-ART qu’il ait vu » avec des espaces agréables et une belle circulation. • Audrey Clerc (galerie Murmure) a beaucoup apprécié de pouvoir rencontrer ces confrères dans ce format : « de très belles relations se sont créées entre les exposants ; on est seul dans nos galeries, c’est important de se rencontrer, la foire a permis ces rencontres et a su synthétiser les belles énergies pour créer du positif ». • Delphine Courtay a salué une bonne ambiance sur la foire.
Patrick Adler (galerie Aedaen) présentait entre autres une magnifique, hypnotique et poétique, vidéo de Robert Cahen
ST-ART célébrait ses 25 ans à travers une série d’événements et expositions
Une édition sous le signe de l’écologie
Avec deux expositions ayant pour thématique la relation des artistes à l’environnement, ST-ART 2021 a posé son regard sur les enjeux climatiques. Patricia Houg, directrice artistique de la foire et commissaire de l’exposition « FUTURAE« , a réunit 6 artistes dont le travail questionne les enjeux écologiques. Vaughn Bell, Jérémy Gobé, Ha Cha Youn, Clay Apenouvon, Luc Lapayre et Ryo Tomo ont ainsi réalisé chacun une pièce où il interroge l’impact de l’homme sur la nature, « l’idée étant de pointer du doigt des phénomènes dramatiques avec beaucoup d’esthétisme« .
La Région Grand Est proposait quant à elle une exposition intitulée « Il n’y a pas de planète B » réunissant 7 artistes du territoire sous le commissariat de Vincent Verlé et dont le parcours initiatique guidait le visiteur depuis les relations entretenues par les premiers peuples avec la Nature jusqu’à la destruction des écosystèmes par l’Homme.
Hommage à l’artiste R.E. Waydelich
À l’occasion des 25 ans de ST-ART, la galerie strasbourgeoise l’Estampe, en collaboration avec les éditions Rémy Bucciali, proposait une exposition hommage à l’artiste R.E. Waydelich, retraçant 50 ans de carrière de cet artiste singulier, qui est aujourd’hui l’artiste alsacien vivant le plus populaire en France, et dont la renommée dépasse nos frontières. Collectionneur infatigable d’objets et de photos, R.E. Waydelich s’est construit une oeuvre protéiforme, qui mêle collages, assemblages, installations. C’est une méticuleuse et fantaisiste méditation plastique, à la fois mélancolique et pleine d’humour, sur le temps et la mémoire.
Exposition de la Collection Françoise et Jean Greset
Pour célébrer 25 années de présence à ST-ART, Patricia Houg proposait à la galerie Jean Greset d’exposer une sélection des artistes qui avait été présentés à ST-ART durant cette période. Cette exposition a permis aux visiteurs de revisiter, à travers l’oeil de ces collectionneurs, le mouvement de l’art construit.
Des Facebook Live, retour sur 25 ans de foire En 25 ans, ST-ART a présenté, découvert et promu plus de 600 artistes par an. La foire a proposé des expositions d’exception, de la Maison Européenne de la Photographie au Museo Picasso Barcelona, et plus récemment en s’ouvrant au Design avec une exposition autour de l’assise.
3 Facebook live ont ainsi permis de se replonger dans 25 ans de soutien à la création contemporaine.
Un jeu concours Pour la 1ère fois, ST-ART organisait un jeu concours pour faire gagner une oeuvre d’une valeur de 150 euros. 878 participants ont tenté leur chance pour acquérir une aquatinte et pointe sèche signée de l’artiste Alma Bucciali.
Sablier inversé, miroir, sable, encore de chine, dimensions variables, 2021
Les « oeuvres vives » sont la partie immergée de la coque d’un bateau qui se situe sous la ligne de flottaison. Elles sont considérées comme vives, car elles contribuent à son allure et à sa pérennité. Ce sont celles sur lesquelles il s’appuie pour naviguer. Geraldine Husson
C’est un cheminement à travers les Œuvres vives, série d’installations qui questionnent tant le matériau que la notion d’espace. Dans son travail de plasticienne, Geraldine Husson interroge la porosité entre les disciplines, le statut de l’objet et celui de l’œuvre d’art.
L’œuvre sensible et poétique de Geraldine Husson transcende l’économie de moyens : miroir, verre, cuir, sable sont utilisés à l’état brut puis minutieusement travaillés pendant de longs mois. Le marbre est choisi par l’artiste pour sa préciosité autant que pour sa minéralité.
Limites. Ambivalences : leitmotiv de l’artiste depuis ses premières années de création, le concept rejoint des questionnements universels : la vie, ses origines, ses cycles et transformations. Autant d’hybridations à la recherche de l’harmonie. Les Ovoïdes ou les Mappes se lisent non comme des œuvres uniques mais comme des ensembles qui se répondent et dialoguent avec les installations présentées dans l’exposition.
Salle 1
Dans la salle introductive du parcours, l’artiste sublime des matériaux «pauvres», couverture de survie et plastique iridescent, à travers les installations Disque iridescent et Fragments. Le cercle évoque l’infini, le cycle naturel et celui de l’univers. La perception des couleurs et de la lumière fragmentée, diffère selon le plan et le déplacement dans l’espace.
Disque iridescent, couverture de survie, Amarre, cordage,
Salle 2
Le marbre est utilisé par l’artiste à la fois pour sa préciosité et sa minéralité. La pièce Aequilibris, composée d’un trapèze et d’anneaux de gymnaste, installation en suspension, contraste avec la densité du matériau marbre. Geraldine Husson a travaillé avec un designer de la région de Carrare (Italie) pour créer cette oeuvre.
Le trapèze nécessite de l’élan, les anneaux de l’équilibre. En passant par le balancement, ils mobilisent de l’énergie et réunissent des forces, physiques et mentales, pour harmoniser le mouvement et la posture. Oscillation entre maintenir et lâcher.
Un textile à imprimé de marbre devient sculpture factice ou trompe-l’oeil à travers la pièce Colonnes. Les proportions sont inspirées des ruines du temple d’Apollon à Delphes en Grèce.
Lescolonnes inspirent la stabilité, la constance, la force, l’espérance aussi. Parmi les ruines des monuments antiques, seules les colonnes restent debout. Leur dimension à l’échelle humaine, la fluidité du tissu et la légèreté du papier font corps.
Apollonis est une photographie réalisée en collaboration avec le modèle et photographe Aurélien Mathis. Inspirée à la fois des sculptures antiques et de la peinture italienne, l’oeuvre est une mise en abyme d’un sujet incarnant la figure humaine, déchue, qui se réveille d’un rêve sans fin.
Salle 3
L’installation Sablier, composé de sable coloré en noir à l’encre de Chine, prend la forme d’un sablier inversé disposé sur un miroir : image de la vie, son cycle, l’écoulement jusqu’à la disparition. Dans la mythologie grecque, le sablier est l’attribut de Chronos, la personnification du temps. Cailloux est présentée en écho ; le reflet du miroir rappelle l’effet iceberg, surfaces non visibles dans lesquels les images se confondent.
Le grain de sable roule, s’arrête, voyage, au gré des éléments, de l’eau, du vent et au fi l du temps.
Salle 4
Les séries des Ovoïdes et des Cellules sont développées par l’artiste depuis 2013. Cellules mouvantes fixées sur la toile, composées de pigments minéraux, elles sont travaillées sur différents supports, toile, carton, cuir et avec divers matériaux, poudre minérale, eau, encre de Chine, laque. Les cellules perforées jouent avec le contraste d’aplats de noirs mats et de surfaces brillantes laquées.
Salle 5
La série Mappes est une réflexion menée sur les différentes projections et représentations du planisphère et de la carte du ciel. Minutieusement élaborées dans l’atelier de l’artiste, des heures durant, Geraldine Husson découpe et pique, colle à chaleur de la bougie les éléments : épingles, cristaux, sequins, punaises, assemblés avec finesse sur son support.
A travers l’association de ces matériaux et de leurs contrastes, l’artiste souligne la complexité d’un monde précieux.
Certains planisphères évoquent la Pangée, continent unique qui préexistait aux origines de la Terre.
Maelstörm, plaque de marbre retravaillée à l’encre de chine et laque, évoque ce trou noir de l’Océan situé sur les côtes de Norvège.
Biographie
Geraldine Husson est née en 1983 à Mulhouse. Elle vit et travaille à Strasbourg depuis 2007. Formée à la HEAR, Haute Ecole des Arts du Rhin, elle expose en France, en Europe et à l’international : Mac de Lyon Sucrière (2015), Castello Sforzesco Milan (2012), MUDAM Luxembourg (2011), Xuzhou Museum of Art Chine (2010), Kunsthalle Basel Regionale.
Geraldine Husson est enseignante à l’UNISTRA Faculté des Arts de Strasbourg.
Informations
Musée des Beaux Arts de Mulhouse Place Guillaume Tell – 68100 Mulhouse 03 89 33 78 11 www.musees-mulhouse.fr
Ouvert tous les jours sauf le mardi et les jours fériés, de 13h à 18h30. Du 1er juillet au 31 août : de 10h à 12h et 13h à 18h30.
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Un concert-fiction de RODOLPHE BURGER (featuring Jean-Luc Nancy) au palais Rohan, réalisé et diffusé en lien avec l’exposition « Goethe à Strasbourg – L’éveil d’un génie (1770-1771) » organisée par les Musées de la Ville de Strasbourg et dans le cadre de la résidence de Rodolphe Burger à l’invitation d’Artefact-La Laiterie.
LENZ AU MUSÉE est une création de la Compagnie RODOLPHE BURGER, coproduite par les MUSÉES DE LA VILLE DE STRASBOURG et La LAITERIE ARTEFACT. Avec le soutien de la Ville de Strasbourg et de la Région Grand-Est.
«Un musicien n’a pas souvent l’occasion de pouvoir profiter du lieu d’une exposition pour y proposer un concert. J’aurai ce privilège de pouvoir jouer en live les morceaux que m’auront inspiré à la fois le sujet de cette exposition, le lien entre ce sujet et la figure de Lenz que le film avec Jean-Luc Nancy viendra incarner et rendre vivant, et enfin le lieu-même où tout cela s’est noué et joué : Strasbourg, le palais Rohan, la cathédrale toute proche…» Je me dois d’ajouter que cet extraordinaire décor aura aussi été pour moi-même, en 1977, lors d’une année entière, le théâtre d’une première initiation à la philosophie et à la littérature, non pas comme savoir ou histoire, mais en tant que projet de vie. C’est cette inoubliable leçon que je veux tenter, grâce à la chance de cette belle invitation, d’honorer à ma modeste manière, en parole, en image, et en musique. » (Rodolphe Burger) Durée: 60 minutes
DIFFUSION
– Multi-diffusion : sur les réseaux sociaux des Musées de la Ville de Strasbourg, d’Artefact et de la Cie Rodolphe Burger, et sur le réseau des télévisions du Grand Est (Alsace 20, Canal 32, ViàVosges et ViàMoselle). – D’abord diffusion de la bande-annonce à partir du lundi 19 avril 2021 sur les chaînes TV partenaires et les réseaux sociaux. – Diffusion du film le samedi 24 avril 2021 en prime time sur les chaînes TV partenaires et en Première sur les réseaux sociaux des Musées, d’Artefact, de la Cie Rodolphe Burger. Diffusion le dimanche 25 avril sur Alsace 20 à 12h00 et 23h00.
L’EXPOSITION « GOETHE À STRASBOURG – L’ÉVEIL D’UN GÉNIE (1770-1771) »
« QUOI QU’IL ARRIVE ! » : ARTEFACT PRL – LA LAITERIE INVITE RODOLPHE BURGER EN RÉSIDENCE À STRASBOURG
« Quoi qu’il arrive ! » : voilà donc qu’il y a un an, au cœur du monde confiné et répondant avec excitation à cette injonction insolente, un projet est né de conversations entre Rodolphe Burger et Artefact, dont la viralité vitale a débordé les réseaux…
Un projet-trajectoire, projet-cheminement, projet-processus… un projet-carrefour, so Strasbourg, où se croisent des désirs de faire acte commun et ouvert… un projet-manifeste à une période où le seul fait de se projeter fait acte et celui de le faire ensemble vaut affirmation… un projet-conversation qui, tout au long de ces étranges mois de confinements et couvre-feu nous donne l’occasion d’inventer, quoi qu’il arrive, de multiples complicités.
Ce projet, c’est celui d’une résidence singulière.
Rodolphe Burger, cet inlassable arpenteur, est ainsi invité par Artefact à passer du temps dans ce chez-lui-là, à Strasbourg et Environs… invité à habiter cette ville qui lui est si intime, à y poser de nouvelles traces qui approfondissent les précédentes, en ouvrent d’autres et révèlent l’arpentage.
Cette résidence creuse ainsi une trajectoire partagée autour de quelques récits souterrains constitutifs de l’« éternel strasbourgeois ». Au coeur de ce dernier, la figure de Lenz surgit donc une nouvelle fois et active ce projet-delta qui traverse ces mois dont nous sommes tous incapables aujourd’hui de mesurer vraiment ce qu’ils sont.
Un projet-trace qui habite le sillon des persistances pour y dessiner des perspectives et cheminer, « quoi qu’il arrive ! », vers la suite, l’avenir, l’après, demain…