Lumineuses figures Dessins et vitraux d’Holbein à Ringler

Ludwig Ringler, blason de la faculté de médecine 1560

Jusqu’au 26.04.2020, au Kunstmuseum Basel | Neubau
Commissaire : Ariane Mensger
prolongée jusqu’au 19 juillet 2020

Au XVIe siècle, les vitraux de petites dimensions étaient très répandus dans le Sud de l’Allemagne, mais surtout dans la Confédération helvétique. Les dessins préparatoires de ces œuvres étaient souvent réalisés par d’éminents artistes très appréciés tels que Hans Holbein le Jeune, Niklaus Manuel et Tobias Stimmer. Toutefois, peu de gens savent aujourd’hui que ceux ci étaient actifs dans le champ de l’art du vitrail. À travers l’exposition Lumineuses figures. Dessins et vitraux d’Holbein à Ringler, le Kunstmuseum Basel met en lumière la qualité et la diversité de ces œuvres d’art et révèle ainsi une facette méconnue bien que fascinante de la Renaissance.

Les petits vitraux colorés étaient pour ainsi dire omniprésents au XVIe siècle : ils décoraient les cloîtres et les églises, mais aussi les salles du conseil et les maisons de corporations ainsi que les bâtiments universitaires. Seul un nombre réduit a été conservé jusqu’à aujourd’hui.
En revanche, il subsiste de nombreuses ébauches dessinées. Il s’agit d’exceptionnels dessins de maîtres anciens conservés au sein de diverses collections d’art graphique en Suisse, en Allemagne et en Grande-Bretagne.

                                              Hans Holbein le Jeune

Le Kunstmuseum Basel possède au sein du Kupferstichkabinett près
de 400 dessins préparatoires et au moins 20 vitraux de cette époque dont l’exposition présente une sélection des plus marquants et des plus séduisants. Parmi ceux-ci figure non seulement l’un des tous premiers exemples d’ébauches, mais aussi un grand nombre de dessins d’Hans Holbein le Jeune qui a exercé une activité intense dans ce domaine. Une série de vitraux de Ludwig Ringler réalisés jadis pour l’université de Bâle compte également parmi les fonds de la collection.

                                                              Ludwig Ringler
Outre la qualité artistique des œuvres, leur sujet présente également un intérêt d’un point de vue de l’histoire et de la sociologie culturelle. Des institutions comme les cantons, les cloîtres, les guildes ainsi que les particuliers comptaient parmi les commanditaires de vitraux. Le don d’un vitrail faisait partie intégrante de la communication au sein de la société à travers laquelle se reflétaient les alliances, les amitiés et les distinctions.

L’armoirie du donateur (Georg Wannewetsch) constitue à ce titre un élément essentiel du vitrail qui ne doit guère faire défaut. Par ailleurs, les vitraux présentent une large variété de motifs : aux côtés de sujets religieux, pour l’essentiel des personnifications et des allégories, des représentations de métiers ainsi que des motifs et des événements liés à l’histoire de la confédération.

                                                     Veit Hirschvogel
Présentée au niveau inférieur du Kunstmuseum Basel | Neubau, l’exposition fait la lumière sur ce genre artistique rarement mis à l’honneur et pourtant d’une importance primordiale pour la Suisse, à travers environ 90 œuvres (20 vitraux, 70 dessins) de la période florissante de l’art du vitrail au XVIe siècle. Un demi-millénaire plus tard, les rares exemples pour lesquels le vitrail et le dessin préparatoire ont tous deux été conservés sont de nouveau réunis et présentés côte à côte.
Une magnifique série de dessins de Hans Holbein le Jeune, sur la passion du Christ est présentée.

Les fonds de la collection sont complétés par de prestigieux prêts de collections nationales et internationales parmi lesquelles le Victoria and Albert Museum à Londres, le Germanisches Nationalmuseum à Nuremberg et le Schweizer Nationalmuseum à Zurich entre autres. Des vitraux demeurés jusqu’à aujourd’hui sur leur lieu de destination originel sont démontés spécialement pour l’exposition, afin d’être exposés aux côtés d’autres œuvres. Ainsi, le Schützenhaus de Bâle consent par exemple à trois prêts provenant de son grand cycle de vitraux.

Dans le cadre de l’exposition, un catalogue paraît aux éditions Hirmerverlag (en Allemand) avec des contributions d’Ariane Mensger, de Marina Beck, Christian Müller et Martin Möhle.

L’exposition s’accompagne d’une abondante programmation. Elle comprend notamment une visite guidée avec Pamela Jossi, restauratrice de verre, qui donnera un aperçu pratique de ce thème dans le cadre d’un Atelier Ouvert. En outre, des visites guidées auront lieu sur place au Basler Rathaus et au Schützenhaus où il est possible jusqu’à aujourd’hui d’admirer les vitraux in situ, en compagnie de Martin Möhle de la préservation du patrimoine cantonal de Bâle.

St. Alban-Graben 8, Case postale CH–4010 Basel
Tram n 2, arrêt Bankverein

La Fondation Gandur Les sujets de l’abstraction au musée Rath de Genève

Jean Claude Gandur

« Issu d’une famille sensible à l’art, j’ai eu la chance de le côtoyer depuis l’enfance et ainsi de me familiariser aux cultures européennes, orientales ou sud-américaines.

La démarche, suivie tout au long de ma vie, et celle désormais de la Fondation, est nourrie par trois motivations : le goût de l’art, l’envie de développer des collections et le désir de les partager. Y a-t-il plus belle perspective que celle de soumettre ses choix à l’appréciation des autres, de permettre à tous de voir et d’admirer des œuvres uniques, réunies dans une quête esthétique et intellectuelle constante ?

L’art n’est pas seulement la cristallisation d’un moment de l’histoire, mais également un vecteur de dialogue entre les civilisations et un témoignage du génie humain. Ce langage universel ouvre sur la tolérance et la compréhension entre les peuples. Si ces collections permettent à des personnes d’origines différentes de se reconnaître à l’aune de leur tradition et contribuent à les faire vivre en harmonie, alors l’effort consenti n’aura pas été vain.

Je remercie tous ceux qui m’entourent — famille et collaborateurs — de m’aider à poursuivre ce but. »

J’ai eu la chance d’être invitée au musée Rath de Genève en mai 2011, où
Jean Claude Gandur exposait une partie de sa collection d’oeuvres abstraites, sous le commissariat d‘Eric de Chassey. (directeur de la Villa Medicis à cette date)
Aussi je lis avec bonheur qu’il a tourné son regard, comme il l’a révélé dans une édition récente du Journal des Arts vers la France. Plusieurs villes sont sur les rangs.  « Outre Strasbourg, il y a Rouen, Bordeaux et Caen »
Voici ci-dessous le billet rédigé suite à ma visite à Genève

 

Au Musée Rath de Genève

Le choix d’une centaine d’œuvres issues de la collection de la Fondation Gandur pour l’Art retrace l’histoire de la peinture non-figurative expressionniste à Paris, du milieu des années 1940 au début des années 1960. Ces tableaux de première importance permettent de considérer cette période d’une manière renouvelée et de renverser des préjugés tenaces sur la Seconde École de Paris en montrant sa vitalité et sa place réelle dans l’art international de l’après-guerre, sans crispation chauvine.

Pour Éric de Chassey , directeur de la Villa Médicis depuis septembre 2009, commissaire de l’exposition

« elles seules peuvent assurer une transformation des regards, un
renversement des a priori et l’établissement éventuel de nouvelles hiérarchies, y compris à l’intérieur
de la Seconde École de Paris, qui réhabiliteront des artistes que leur époque ou la postérité a, jusqu’à
présent, mal ou peu considérés »
.

Introduite par quelques œuvres peintes immédiatement avant ou pendant la guerre, l’exposition se développe en sept sections, à la fois thématiques et chronologiques,
Au sous-sol de l’exposition figurent trois sections monographiques. En effet, au-delà d’une présentation pour ainsi dire objective de l’art européen de cette période, la collection de la Fondation Gandur pour l’Art est aussi le résultat de choix personnels.
Elle met en valeur quatre artistes qui se placent à la croisée des distinctions qui viennent d’être faites.
La première salle est consacrée aux oeuvres de Gérard Schneider et de Hans Hartung, deux artistes unis par une profonde amitié ; la deuxième à celles de Georges Mathieu, l’un des agents les plus actifs, symboliquement mais aussi concrètement, de la constitution de la Seconde École de Paris ; la
troisième à celles de Pierre Soulages, faisant toute la place qu’ils méritent aux grands ensembles réunis par Jean Claude Gandur,  au fil des ans. Ce collectionneur passionné d’art a choisi de lier le sort de sa Fondation à celui du Musée d’art et d’histoire de Genève en mettant à la disposition du musée une collection multiforme, comprenant de nombreuses oeuvres d’art de qualité internationale.
vue de la Collection Gandur au musée Rath de Genève

C’est une symphonie harmonieuse où dominent les gris, le noir, le blanc, avec quelques rouges éclatants.
C’est une collection d’esthète, cohérente, où prédomine la recherche de la qualité comme fil conducteur, sans forfanterie, véritable outil pédagogique pour les historiens d’art dans sa presque exhaustivité, un immersion dans l’abstraction intelligente.
On passe des fulgurances de Mathieu aux gestes de Hartung en s’arrêtant pour s’imprégner  des « outrenoires » et pièges à lumière de Soulages.
C’est un éblouissement de tous les instants dans le cheminement à travers les salles à thèmes
Annonces – Synthèses – Primitivismes – Constructions – Paysages – Gestes – Ruines,  où l’accrochage est exemplaire.

C’est aussi la découverte d’artistes  moins célèbres, dans la partie
« Annonces » comme Alberto Magnelli, Ad Reinhardt qui ouvrent l’exposition en compagnie d’Alfred Manessier, suivis de Roger Bissière.
Pour la section « Construction » deux magnifiques Jean Fautrier, dont Sarah et une nature morte. Mais aussi  des Martin Barré , au style très personnel qui vise une
« réduction – concentration » à côté de laquelle Jean Claude Gundur a eu la gentillesse de poser pour moi.
Il ne faut pas oublier Oscar d’Oscar Gauthier.
Dans les « Paysages » Jean Paul Riopelle, Camille Bryen, dans les
« Gestes » Simon Hantaï admirables.
Dans les « Ruines »
Albert Buri dont le rouge répond au superbe  Concetto Spazial  de Lucio Fontana.
Il me faut aussi citer entre autres les « Fleurs blanches et jaunes » de Nicolas de Staël.

L’exposition qui se termine le 14 août, ira ensuite au Musée Fabre de Montpellier puis à Milan.
Elle est ponctuée d’évènements divers, comme le
Parcours d’un collectionneur avec Jean Claude Gandur le 22 juin 2011, des visites commentées en français, allemand et anglais, des visites spéciales pour les familles, la journée internationale des musées du 15 mai.
Une conférence, mercredi le 25 mai à 19 heures :
Pour un art de vivre : les œuvres annexes de Georges Mathieu, par Jean-Marie Cusinberche – historien d’art, auteur du catalogue générale des œuvres annexes de Georges Mathieu.

photos de l’auteur, courtoisie de Monsieur Jean Claude Gandur

Photo 1 Pierre Soulages – Rodez – Peinture 130 x 89 huile sur toile 24 août 1958
Photo 2 Nicolas de Staël – Fleurs Blanches et Jaunes – huile sur toile 1953 – Eric de Chassey
photo 3 Jean Fautrier – Sarah 1943 huile sur papier marouflé sur toile
photo
4 Martin Barré – huile sur toile 1956 56-80-p – Jean Claude Gandur collectionneur

photo 5 Lucio Fontana – Concetto Spaziale 1956 huile, technique mixte et verre sur toile

Sommaire du mois de décembre 2019

Christian Boltanski au centre Pompidou

25 décembre 2019 : Joyeux Noël
24 décembre 2016 :La Collection Poitrey-Ballabio, Donation Au Musée Des Beaux Arts De Strasbourg
20 décembre 2019 : Hans Baldung Grien Au Musée De L’oeuvre Notre Dame
18 décembre 2019 : La Collection Alana
14 décembre 2019 : Cadeaux De Noël
11 décembre 2019 : Se Suspendre Aux Lendemains – Regionale 20
10 décembre 2019 : La Régionale À La Filature
09 décembre 2019 : EN COULEUR – LE SÉCHOIR
07 décembre 2019 : UN TOUT DE NATURE
04 décembre 2019 : La Peinture Figurative De Piet Mondrian
01 décembre 2019 : Hans Baldung Grien – Artiste D’exception De La Renaissance

Cadeaux de Noël

Vous avez choisi les cadeaux de Noël pour votre famille, amis, amants,
mari, enfants.
Mais avez-vous pensé à vous faire un cadeau perso à vous-même ?
J’ai quelques suggestions à vous soumettre, en vous proposant le meilleur, les ayant moi-même dégustées.
Vous vous doutez bien qu’il ne s’agit pas du dernier modèle de robot de cuisine.
Ce sont des livres d’artistes.
Ces artistes ne jouent pas tous dans la même cour, c’est ce qui fait leur charme, leurs talents respectifs sont incontestables, mais divers.

.Si l’on parle de Pascal Poirot, peintre, sculpteur, professeur, maître du paysage, comme de l’architecture, son livre, bilingue, français, anglais, enrichi par les textes de Tiphaine Laroque, entre autres, des photos de Florian Tiedje, dont les photos sont exposées actuellement à la
Galerie de la Filature,
ses peintures étaient exposées à ST’ART au Comptoir des Papiers de Valérie Cardi, au KunstKosmos Durbach Museum
[EN]QUETE DE PEINTURE
est tout à fait imparable.

Karine vidéo de Robert Cahen, n’est une inconnue que pour peu de monde, petit bijou, admiré dans le monde entier a donné naissance à un livre, préfacé et enrichi par les textes Jean Luc Nancy, philosophe.
Le code barre, inséré dans le livre permet d’écouter et de visionner la vidéo, et de pénétrer dans la poésie de ce grand artiste.
Robert Cahen, artiste vidéaste international, globe trotter, aux semelles de vent, juif errant, (c’est lui-même qui se qualifie ainsi) auteur, compositeur de musique concrète.
Editions Yellow Now

You are the Univers, de Véronique Arnold est le livre de l’exposition éponyme de 2019, à la galerie Stampa de Bâle. Véronique Arnold est présente depuis 2 ans à Art Basel, excusez du peu, parmi les artistes présentés à Art Basel, qui est tout de même la plus grande foire d’art du monde. Passionnée par tout ce qui a trait à l’espace et aux mystère
de la vie, elle présente dans ce livre un ensemble d’oeuvres, fruit d’un travail minutieux, qui donne forme aux réflexions et interrogations
de l’artiste.
Editions Mediapop, Philippe Schweyer

 The last, but not the least, Andy chat blanc, même si vous n’avez aucun goût pour les chats, livre conçu par sa maîtresse, Anne-Sophie Tschiegg,
la « folle dingue de Motoco« , femme-sandwich, néanmoins artiste peintre de grand talent, photographe à ses heures, affichiste, auteur, parce que oui, c’est une littéraire, exposée partout sur la planète.
Magnifique objet, comportant de superbes photographies accompagnées
de textes choisis.
Chicmedias éditions


Le choix est certes difficile, mais vous serez agréablement surpris
en optant pour les quatre.

Se suspendre aux lendemains – Regionale 20

Jusqu’au 5 janvier 2020 à La Kunsthalle de Mulhouse
Regionale 20
Sur une proposition de Sandrine Wymann, directrice de la
Kunsthalle

Comment ne pas être alerté par les inondations qui se multiplient,
ainsi que toutes ces autres catastrophes. La Kunsthalle nous y rend
attentif avec cette exposition

Avec le changement climatique, le Grand-Est pourrait connaître des intempéries beaucoup plus souvent et mieux s’y préparer, c’est d’abord se souvenir. Les gestionnaires des risques d’inondation en région se mobilisent pour commémorer les inondations de décembre 1919 et janvier 1920, à travers des actions favorisant la mémoire et la culture du risque.
Les terribles inondations de 1919 et 1920 (vidéo)
Dans la nuit du 23 au 24 décembre 1919, des pluies torrentielles s’abattent sur l’Est de la France. Le jour de Noël, des centaines de communes, d’entreprises, de routes et de voies ferrées se retrouvent sous l’eau, en Alsace, en Lorraine ainsi que dans le Pays de Bade, de l’autre côté du Rhin. Rapidement, ces crues se propagent en aval et, dans les jours qui suivent, les grandes villes de la région sont elles aussi victimes des inondations : Colmar, Strasbourg, Mulhouse, Epinal, Saint-Dié, Nancy, Metz, Charleville-Mézières. Puis le 12 janvier 1920 une nouvelle tempête déferlera sur l’Est de la France, associant vents violents et pluies torrentielles qui entraîneront localement des inondations encore plus fortes qu’en décembre 1919.

Demain peut-être ne ressemblera pas à aujourd’hui, un événement extraordinaire aura transformé notre territoire de vie, de pensée et d’action. L’espace d’un moment, tout aura basculé pour autre chose. Quotidiennement, nous évoluons vers un inconnu qui contient à la fois la force de la surprise et la charge de l’anxiété. Parce que le risque d’un événement majeur guette chaque initiative, chaque progrès, chercher à le contrôler ou à l’éviter semble vain.
En s’associant à des chercheurs universitaires géographes, physiciens ou sociologues et à d’autres savoirs, Aline Veillat et Elise Alloin apportent leurs regards et démarches d’artistes aux études des phénomènes d’inondation et de radioactivité. Par leurs sculptures, leurs images mais aussi par leurs méthodologies particulières elles offrent des pistes et perspectives pour de nouvelles relations à l’environnement créant ainsi des liens visibles entre les études de terrain, les données scientifiques et la société.

La Kunsthalle devient un lieu où s’exposent des propositions sensibles et
de la documentation, un espace dans lequel les savoirs prennent formes et se transmettent.
L’exposition est proposée dans le cadre de la Régionale, programme trinational annuel. + d’informations sur www.regionale.org | #regionale20 sur les réseaux sociaux

Exposition réalisée en partenariat avec le Centre de recherches sur les économies, les sociétés, les arts et les techniques (CRESAT) de l’Université de Haute-Alsace (programme Interreg Clim’ability Design). Le travail d’Aline Veillat est issu d’une résidence universitaire de deux ans, en partenariat avec le Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’Université de Haute-Alsace. Il bénéficie du soutien de NovaTris, le centre de compétences transfrontalières de l’Université de HauteAlsace (ANR-11-IDFI-0005) et de la Fondation Müller Meylan de Bâle et s’inscrit dans les commémorations du centenaire des inondations de 1919.

Les artistes

Élise Alloin vit et travaille à Strasbourg. Elle est diplômée de la Haute école des arts du Rhin.
Elle développe son œuvre plastique dans une dynamique de recherche par l’art, notamment en explorant les liens que nous entretenons avec la radioactivité. Comment cet « invisible » modèle-t-il notre conscience des lieux, notre relation au temps, à la mémoire sociale et à la transformation du vivant ?

Sa pratique, transdisciplinaire, se construit en collaboration avec des équipes de recherche : en physique nucléaire (CNRS-Institut pluridisciplinaire Hubert Curien, Strasbourg), en sciences du vivant (Institut Océanographique de Sopot et Laboratoire de Biotechnologie Marine, Université de Gdansk, Pologne) et en sciences humaines (Anthropologie Contemporaine, Université de Stockholm, Suède).
Récemment accueillie en qualité de chercheur associée au CRESAT (Université de Haute Alsace), elle participe au programme de recherche Post-atomic Lab porté par le Centre sur la transition énergétique du
territoire.
Elle y explorera les questions qui traversent son travail sur la construction de nos paysages physiques et psychiques, nos circulations et nos modes d’habiter, en lien avec le démantèlement annoncé de la centrale nucléaire de Fessenheim.
À partir de 2020, Élise Alloin sera artiste associée à La Kunsthalle.
www.elisealloin.com

Aline Veillat vit et travaille comme artiste chercheur indépendante à Bâle en Suisse. Elle a étudié à l’École d’art de Lausanne et titulaire d’un doctorat de l’Université Paris 8 en Esthétiques, Sciences et Technologies de l’Art. Ses œuvres sont régulièrement présentées dans le monde entier.
Dans sa pratique elle se concentre principalement sur les questions environnementales à l’époque de l’Anthropocène et plus particulièrement sur la façon dont l’être humain est lié au non-humain vivant ou non vivant. Son approche est tout d’abord conceptuelle puis se traduit par la suite sous une forme plastique.
Conjointement à sa participation au projet Transrisk sur la culture des risques inondation avec le CRESAT de l’Université de Haute Alsace, elle collabore à différents projets de recherche : Ecodata-Ecomedia-Ecoaesthetics avec l’Institut d’Esthétiques Pratique et Théorique IAeP de Académie des Beaux-Arts et de Design FHNW Basel et le laboratoire WSL Eau-Neige-Paysage de l’Ecole Polytechniques Fédérale de Zürich sur les impacts anthropiques et du changement de climat sur une forêt alpine, ainsi que sur un projet sur le sol envisagé comme un organisme vivant, projet développé en tant que chercheur associé à l’IMéRA l’Institut d’Etudes Avancées en collaboration avec l’IMBE l’Institut Méditerranéen de la Biodiversité et d’Écologie de l’Université d’Aix-Marseille.
En 2018-2019, Aline Veillat était en résidence Universitaire à La Kunsthalle et au Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’UHA.
www.alineveillat.com

Apéro scientifique : jeudi 12 décembre à 19:00
Se souvenir pour mieux se préparer
En présence de Brice Martin (géographe, enseignant chercheur
au CRESAT de l’UHA),

Amandine Amat (responsable du département Conseil Risque et Changement Climatique à la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Alsace),
Sophie Roy (ingénieure à Météo France)
et Aline Veillat (artiste-chercheur).
Entrée libre, réservation conseillée au 03 69 77 66 47 / kunsthalle@mulhouse.fr
Organisé par La Kunsthalle et La Nef des sciences, dans le cadre de l’événement
« Les sciences ça se discute »,
l’événement est réalisé en partenariat avec le CRESAT de l’UHA
et s’inscrit dans
les commémorations du Centenaire des inondations de 1919.

Kunstdéjeuner :
vendredi 13 décembre à 12:15
Conversation autour des œuvres suivie d’un déjeuner tiré du sac.
Gratuit, sur inscription.

Renseignements et inscriptions au 03 69 77 66 47 ou kunsthalle@mulhouse.fr

Mulhouse Art Contemporain est partenaire de La Kunsthalle

Heures d’ouverture
Du mercredi au vendredi de 12h à 18h
Du samedi au mardi de 14h à 18h
Fermé du 23 -26 décembre ; 30 -31 décembre 2019
et 1 janvier 2020 Entrée libre

Coordonnées
La Kunsthalle Mulhouse –
Centre d’art contemporain La Fonderie
16 rue de la Fonderie –
68093 Mulhouse Cedex Tél : + 33 (0)3 69 77 66 47
kunsthalle@mulhouse.fr / www.kunsthallemulhouse.com

La Régionale à la Filature

Liliane Gassiot Verte sous le givre 2018

Jusqu’au 21 décembre 2019, l’exposition dans la Galerie de la Filature
« Le propre du visible est d’être superficie d’une profondeur inépuisable » présente, dans le cadre de La Régionale 20,
les travaux de 4 photographes :

                            Florian Tiedje

Liliana Gassiot, Lukas Hoffmann, Silvi Simon, Florian Tiedje.
Les artistes comme à la Fondation Fernet Branca nous emmène
dans la nature et sa poésie.
Au-delà d’un espace géographique que partagent les quatre artistes présentés dans le cadre de La Régionale, ce qui les rassemble ici est leur quête d’une correspondance entre l’ordre de l’image et celui du monde visible. Liliana Gassiot, Lukas Hoffmann, Silvi Simon et Florian Tiedje explorent des formes qu’ils cherchent à produire matériellement, en maîtrisant la lumière et la composition, en modifiant la structure chimique de la pellicule sensible ou encore en rehaussant les photographies de couture.
Silvi Simon
Les formes visuelles qui émergent de leurs travaux, motifs végétaux, organiques ou stellaires, leur permettent de vivre une expérience esthétique – expérience qui a cette capacité extraordinaire à faire surgir des choses inattendues, fructueuses et capables de transformer notre vision de la nature.

lilianagassiot.ch
lukashoffmann.net
silvisimon.com
floriantiedje.com

Filature, Scène nationale
20 allée Nathan Katz F-68100 Mulhouse 0033 3 89 36 28 28 info@lafilature.orgwww.lafilature.org
Horaires d’ouverture
Mar–Sam : 11.00–18.30 Dim : 14.00–18.00 et les soirs de spectacle
Fermé les Lundis
Transports public
Tram : 15 min. depuis la gare, Tram 1, Tram 3 ou Tram-Train arrêt
« Porte Jeune », Tram 2 arrêt « Nordfeld »

Hans Baldung Grien – artiste d’exception de la Renaissance

Hans baldung Grien, Margrave Christophe von Baden et sa famille, 1510

La grande exposition du land de Bade-Wurtemberg présentée à la Kunsthalle de Karlsruhe est la première rétrospective consacrée à
Hans Baldung Grien depuis soixante ans.

Sacré Profane, ouverte jusqu’ au 8 mars 2020.

Avec le soutien du land de BadeWurtemberg, le musée consacre à nouveau à cet artiste d’exception de la Renaissance une  grande exposition intitulée Hans Baldung Grien, Sacré Profane.

                               le déluge 1516

Hans Baldung Grien (1484/85–1545) nous a laissé un œuvre personnel, voire excentrique, qui reflète les bouleversements de son époque, caractérisée par la Réforme protestante, sa furie iconoclaste et la guerre des Rustauds. La créativité de Baldung s’est articulée sur deux pôles complémentaires : d’une part le sacré, avec plusieurs retables monumentaux, des vitraux remarquables et des tableaux religieux ; d’autre part le profane, avec des œuvres illustrant des sujets de l’Antiquité ou contemporains de l’artiste, ainsi que des portraits rendant le caractère du modèle, des œuvres assez mystérieuses commanditées par des humanistes et des nus sensuels figurant aussi bien des sorcières que le péché originel.

Né probablement à Schwäbisch Gmünd dans une famille cultivée en contact avec les cercles humanistes de l’époque, ayant grandi ensuite à Strasbourg, Baldung se distingua en choisissant de devenir artiste et de partir à Nuremberg pour rejoindre l’atelier d’Albrecht Dürer. Durant ce temps de formation, il s’inspira largement de son maître tout en affirmant son propre style. Il s’installa ensuite à Strasbourg puis partit pour Fribourg-en-Brisgau où il créa une œuvre majeure : le maître-autel de la cathédrale. Revenu à Strasbourg en 1517, il y fut très productif, y connut le succès et y resta jusqu’à sa mort en 1545.

Cette exposition se veut aussi exhaustive et diversifiée que possible. Les quelques deux cents œuvres de Baldung qui y sont présentées incluent soixante-deux tableaux et treize vitraux et se complètent par une cinquantaine d’œuvres dues à des artistes tels que Dürer, Cranach et Schongauer, ceci afin de replacer l’artiste dans le contexte historique, artistique et intellectuel dans lequel il évolua.

« Les œuvres de Hans Baldung Grien comptent parmi les principales
pièces de la collection de la Kunsthalle de Karlsruhe depuis la fondation
du musée »
,
a déclaré Winfried Kretschmann, ministre-président du land de Bade-Wurtemberg.

Estimant que la Kunsthalle avait réalisé un travail remarquable autour de l’artiste, il a ensuite ajouté :
« Ses œuvres restent fascinantes à plus d’un titre, notamment parce qu’elles abordent aussi bien des thèmes religieux que des sujets sensuels en prise directe avec la vie humaine. Hans Baldung Grien a ainsi su rendre la rudesse de son temps d’une manière à la fois précise et troublante. Au cœur de son œuvre se trouve la volonté d’exprimer les contradictions de son époque tout en ouvrant
de nouveaux horizons.
»

Petra Olschowski, secrétaire d’État au ministère de la Science, de la Recherche et de la Culture du land, a par ailleurs indiqué :
« La Kunsthalle de Karlsruhe possède une des plus riches collections d’œuvres de Baldung. On y trouve notamment le Tableau du margrave datant de 1510, qui a été restauré récemment et revêt une grande importance pour l’histoire du pays de Bade, ainsi que trois fragments du tableau Loth et ses filles, une œuvre quasiment inconnue jusqu’à présent, qui vient tout juste d’être achetée par le land avec le soutien d’une personne privée et de deux Fondations (Museumsstiftung Baden-Württemberg, Ernst-von-SiemensKunststiftung) et peut ainsi être présentée dans l’exposition. »

Madame Olschowski aussi indiqué que c’était un bonheur que la Kunsthalle ait pu faire cette acquisition, avant d’ajouter :
« Il est très intéressant pour le Bade Wurtemberg que le public puisse apprécier ces œuvres remarquables, alors qu’elles sont exposées avec d’autres illustrant toutes les périodes de la carrière de l’artiste. »

La professeure Dr Pia Müller-Tamm, directrice de la Kunsthalle, a déclaré de son côté :
« Baldung nous a laissé un œuvre très diversifié, à la fois pieux et édifiant, sombre et magique, érotique et intellectuel. L’exposition met en relief le talent de cet artiste sensible, réfléchi et maîtrisant la mise en scène, qui évolua avec aisance parmi les grands thèmes abordés par les savants de son époque. C’est ainsi qu’il faut comprendre le sous-titre de l’exposition, « SacréProfane », qui vise non pas à suggérer la dichotomie mais plutôt à mettre en valeur les zones d’ombre et la polysémie de ces œuvres qui, pour nombre d’entre elles, sont à la fois sacrées et profanes. »

Quant au Dr Holger Jacob-Friesen, le commissaire de l’exposition, il s’est exprimé ainsi :
« Baldung était un artiste sensible et réfléchi qui, par conséquent, a su créer des œuvres qui font appel à notre sensibilité et nous donnent à réfléchir. Il aborde des questions fondamentales avec ces œuvres d’une grande profondeur qui nous confrontent aux abîmes de l’existence, à l’amour et à la mort, à notre devenir et à notre disparition, à la joie et à la douleur. Baldung, ainsi, nous parle de la vie ici bas et dans l’au-delà, de la colère de Dieu et de la miséricorde du Christ, et du démon qui sommeille en chacun de nous. »

Le Dr Martin Hoernes, enfin, secrétaire-général de la Fondation Ernst-von Siemens-Kunststiftung, a pour sa part déclaré :
« Depuis de longues années déjà, notre Fondation apporte son soutien à la Kunsthalle de Karlsruhe pour ses programmes de conservation, de recherche et de développement de sa collection d’œuvres de Hans Baldung Grien. Nous avons ainsi débloqué près     d’un demi-million d’euros pour la grande rétrospective, la restauration du Tableau du margrave et l’acquisition de Loth et ses filles. Ces trois opérations correspondent à l’intention d’Ernst von Siemens, qui fut à l’origine de notre Fondation et avait à cœur de contribuer à la préservation et à la présentation au public des œuvres d’art d’exception. C’est pour nous une triple source de satisfaction lorsqu’un projet d’exposition s’accompagne ainsi d’une restauration et d’une acquisition. »
Citons pour terminer le professeur Dr Markus Hilgert, secrétaire-général de la fondation Kulturstiftung der Länder :
« Il est bon, louable et réjouissant que la Kunsthalle de Karlsruhe ait organisé une grande exposition reflétant les quarante années de la carrière de Hans Baldung Grien. Divers progrès ont été faits récemment dans la recherche relative à ce grand artiste de la Renaissance et il était important d’en informer le public dans le cadre d’une rétrospective de ce type. »

L’exposition Baldung inclut quelque 170 œuvres prêtées par des organismes et collections d’Allemagne et de divers pays étrangers (Rijksmuseum, Amsterdam ; Kunstmuseum Basel ; Staatliche Museen zu Berlin ; Gallerie degli Uffizi, Florence ; Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid ; Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Munich ; Metropolitan Museum of Art, New York ; Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg, etc.).
À ces œuvres viennent s’ajouter celles de Baldung et d’autres artistes du début des Temps Modernes faisant partie de la collection de la Kunsthalle.

Le Dr Holger Jacob-Friesen a bénéficié du soutien du Dr Julia Carrasco, son adjointe, et du Dr Johanna Scherer, stagiaire.

La grande exposition Hans Baldung Grien. Sacré  Profane est placée sous le patronage de Messieurs Winfried Kretschmann, Ministre-président du land de Bade-Wurtemberg, et Jean Rottner, Président du conseil régional du Grand Est. Elle a bénéficié du soutien du land de Bade-Wurtemberg, de la Région Grand Est et de diverses fondations (Ernst von Siemens Kunststiftung, Kulturstiftung der Länder, Erzbischof Hermann Stiftung). Le principal sponsor est la L-Bank, la banque du land de Bade-Wurtemberg
La création de l’Homme

Adresse
Staatliche Kunsthalle Karlsruhe
Hans-Thoma-Strasse 2–6
76133 Karlsruhe, Allemagne

Horaires
Du mar. au dim. et les jours fériés, de 10h à 18h 1er janvier 2020, de 13h à 18h 6 janvier 2020, de 10h à 18h Fermé le lun. (sauf jour férié) et le 25 février 2020

Tarifs Normal 12 Euro, réduit 9 Euro / scolaire 3 Euro Groupe : 9 Euro par personne (sur réservation, groupe de dix personnes au minimum)
Passmusées

Accès
Depuis la gare centrale, tram n°3 direction Heide
Arrêt Europlatz

La petite fille au ruban bleu

Suite à l’émission sur France 5, Passage des Arts, je remonte
mon billet de 2009, La petite fille au ruban bleu, Irène Cahen d’Anvers
à lire sous ce lien


Sommaire du mois de novembre 2019

Léonard de Vinci, exposition du Louvre, reconstitution des couleurs de la Cène

26 novembre 2019 : Du Douanier Rousseau À Séraphine, Les Grands Maîtres Naïfs
22 novembre 2019 : Yan Pei-Ming / Courbet Corps-À-Corps
20 novembre 2019 : ST-ART 2019
15 novembre 2019 : Boltanski – Faire Son Temps
09 novembre 2019 : Greco
04 novembre 2019 : Toulouse-Lautrec Résolument Moderne
01 novembre 2019 : Len Lye – motion composer

Len Lye – motion composer

L’exposition « Len Lye – motion composer» organisée au Musée Tinguely du 23 octobre 2019 au 26 janvier 2020 présente l’étendue de son œuvre en portant une attention particulière aux relations entre les différents médiums.
Le public est invité à s’immerger dans l’univers de Lye à travers un parcours avec plus de 100 œuvres et à explorer la variété des médiums dans l’œuvre de l’artiste néo-zélandais à l’aide de films, dessins et sculptures au sein d’une présentation d’une ampleur inédite en Europe. Les 23 et 24 octobre, un symposium a été organisé en collaboration avec l‘Université de Bâle pour mettre en lumière l’œuvre de cet artiste et interroger l’influence exercée par Len Lye sur les avant­ gardes du xxe siècle. L’exposition était complétée par une programmation au Stadtkino de Bâle qui a présenté quatre films réalisés par et consacrés à Len Lye.

Fountain 1959

Né à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, Len Lye (1901-1980) est une figure majeure du cinéma expérimental des années 1930 à 1950. D’abord actif en Nouvelle-Zélande et en Australie, puis à Londres partir de 1926 et à New York dès 1944, il élabore une œuvre fascinante qui englobe, en plus du cinéma, toutes les disciplines artistiques et qui reste encore largement à découvrir – à l’instar de ses sculptures cinétiques.

Les débuts en Nouvelle-Zélande
Len Lye naît en 1901 dans une famille très modeste. Après le décès prématuré de son père, il s’installe avec sa mère et son frère chez son beau-père, Ford Powell, qui travaille comme gardien de phare à Cape Campbell. Ses premières expériences avec la lumière et le mouvement – motifs auxquels il se consacrera tout au long de sa vie
– datent de cette époque. Lorsqu’il trouve le motif de son art, il songe alors aux Études de nuages du peintre John Constable qui imite le mouvement et le retranscrit. Il décrit cet instant de cette manière :

«AH of a sudden it hit me – if there was such a thing as composing music, there could be such a thing as composing motion. After an, there are melodic figures, why can’t there be figures of motion7»1

(1 « Soudain, je réalisai : s’il est possible de composer de la musique, alors pourquoi ne pas composer du mouvement? Après tout, il existe des figures mélodiques. Pourquoi n’y aurait-il pas aussi des figures cinétiques ? »)

doodles

Il commence à dessiner le mouvement sous forme de petites notes, de dessins improvisés ou <doodles> comme il aime les désigner. Au début des années 1920, Lye séjourne plusieurs mois dans les îles Samoa où il entre en contact avec les richesses culturelles des populations indigènes. Le carnet de croquis Totem and Taboo Sketchbook, transcription de Totem et Tabou de Sigmund Freud, voit le jour durant son séjour à Sydney entre 1922 et 1926. Sur les pages de gauche du carnet, il dessine des objets provenant de diverses cultures

– des Maoris de son pays natal, la Nouvelle-Zélande, des aborigènes d’Australie, des populations des Samoa et d’Afrique – et des ceuvres d’artistes constructivistes russes qui lui semblent proches d’un point de vue esthétique et du contenu. À travers son regard dépourvu d’eurocentrisme, il crée à l’époque une ceuvre sans égal qui établit un rapport entre les objets de différentes cultures, sans hiérarchisation ni classement.

Londres – <Direct films>
En 1926, Lye arrive à Londres. Bientôt, sa première ceuvre filmique voit le jour – aux côtés de peintures à travers lesquelles il explore souvent son subconscient et de batiks jouant avec l’univers formel de cultures étrangères – et pose les fondements de son succès comme cinéaste expérimental. Tusalava, film d’animation où des figures et des formes abstraites entrent en contact et se mêlent pour ne former plus qu’une entité, est présenté pour la première fois en 1929. Ce film de 10 minutes accompagné d’une musique live de Jack Ellitt (malheureusement égarée aujourd’hui) connaît un fort retentissement dans les milieux artistiques influencés par le surréalisme que fréquente Lye.


Dans le milieu des années 1930, il réalise les <direct films>. Pour ce faire, il intervient directement sur le support pelliculaire (en le peignant et en écrivant dessus) et contribue ainsi à l’émergence de la technique de l’animation sans caméra
.A Color Box (1935) est un film publicitaire pour la Poste britannique
réalisé en couleur et accompagné de musique de danse cubaine.
S’ensuivent d’autres films pour différentes entreprises qui touchent
un très large public grâce à leur diffusion au cinéma sous la forme de spots publicitaires. À l’époque, associer un film en couleur abstrait à une musique moderne présentait un aspect révolutionnaire qui a contribué, à juste titre, à la renommée de Lye comme l’inventeur du clip musical.

New York
Durant la Seconde Guerre mondiale, Lye se met au service de la propagande britannique et produit des films aboutis à l’instar de Kill or Be Killed (1942). À partir de 1944, il s’installe à New York où il poursuit dans un premier temps sa carrière de cinéaste expérimental. En 1947, il réalise une série de photogrammes. Il s’agit de portraits dans lesquels il applique à la photographie le concept du film sans caméra. Rhythm (1957) est l’un des films les plus radicaux de sa période new-yorkaise. Il y montre le fonctionnement d’une usine automobile américaine selon un rythme cadencé auquel il adjoint des percussions africaines, le tout s’apparentant à une danse de la technologie. Dans Rhythm, et plus encore dans Free Radicals (1958/1979), il utilise la technique de grattage de la bande amorce qui confère à ces films une atmosphère brute.

Tangibles & autres sculptures cinétiques de Lye
À la fin des années 1950, Lye se consacre à la sculpture cinétique et met rapidement au point des concepts pour environ 20 sculptures dites Tangibles. Actionnées par des moteurs électriques, elles exécutent des séquences de mouvements programmés reposant sur des principes simples comme la rotation d’un buisson de tiges en acier ou l’oscillation d’une immense tôle d’acier.

Avec ces sculptures, Lye capte l’air d’une époque en quête d’un art nouveau, de machines et de mouvement. Dès 1961, il parvient à présenter ses machines au Museum of Modern Art de New York à l’occasion d’une conférence-performance dans laquelle il livre ses réflexions sur la sculpture-machine programmée. Par ailleurs, Lye considère ses sculptures comme des modèles réduits destinés à être agrandis. Cependant, en raison d’un manque de connaissances techniques et de moyens financiers, la plupart de ces idées ne dépassent pas le stade de projet, même s’il exprime sa volonté de modifier la taille de ses sculptures sur tout à travers les dessins pour Sun, Land and Sea (1965), dont la réalisation ne touchera à son but que plusieurs années après sa mort en 1980.

Il ne faut pas sous-estimer l’apport de Lye à l’art cinétique des années 1960. Son intention de créer un art entièrement nouveau à l’aide de sculptures-machines programmées a ouvert la voie à quantités de choses qui nous semblent aujourd’hui évidentes et familières – dans le champ de l’art cinétique, mais surtout dans les domaines du land art et de l’installation pour lesquels Lye a joué un rôle pionnier.

Son œuvre aujourd’hui
Len Lye meurt en 1980. Se sachant condamné par la maladie, il avait créé une fondation pour l’ensemble de son œuvre et avait fait en sorte que son œuvre posthume revienne sur ses terres natales en Nouvelle-Zélande où elle est conservée et étudiée jusqu’à aujourd’hui au sein de la Govett-Brewster Art Gallery à New Plymouth. La Len Lye Foundation s’attache à préserver son œuvre et peut concevoir, dans le respect de la volonté de l’artiste, des répliques de ses œuvres cinétiques afin de rendre accessible au jeune public d’aujourd’hui ses sculptures-machines programmées.

Commissaire de l’exposition: Andres Pardey

Catalogue
Dans le cadre de l’exposition paraît un catalogue en trois volumes consacré à l’œuvre de Len Lye: un livre compilant des textes rend compte de l’état actuel de la recherche sur Lye, un second contenant des illustrations présente les œuvres de l’exposition à travers plus de 300 reproductions en couleur, et un troisième reproduit le Totem and Taboo Sketchbook sous forme d’un fac-similé et le rend ainsi accessible dans son intégralité à un large public.

Musée Tinguely I Paul Sacher-Anlage 1 l 4002 Bâle
Horaires
Du mardi au dimanche 11 – 18h

Fermé le lundi

Accès
Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF :
tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz »,
puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ».