La Porte de l’Enfer, Rodin

Jusqu’au 22 Janvier 2017 au musée Rodin de Paris

L’exposition L’Enfer selon Rodin invite le public à revivre
la création d’une icône de l’art : La Porte de l’Enfer.
Plus de 170 oeuvres – dont 60 dessins rarement présentés
au public et de nombreuses sculptures restaurées pour l’exposition
– plongent les visiteurs dans l’histoire fascinante de ce chef-d’oeuvre
dont l’influence fut considérable dans l’évolution de la sculpture et des arts.
Avec cette porte mystérieuse et imposante qui ne s’ouvre pas,
Rodin offre une vision spectaculaire des Enfers, pleine de fièvre
et de tourments.

Comment Rodin passe de l’Enfer de Dante aux Fleurs du Mal de Baudelaire

Exemplaire original des Fleurs du Mal illustré par des dessins de Rodin
Une double inspiration littéraire. La Porte de l’Enfer est l’oeuvre centrale
de toute la carrière de Rodin. Lorsque le sculpteur obtient en 1880
la commande de ce qui devait être une porte destinée au musée des arts décoratifs,
il est un artiste encore peu connu. Il se lance dans des recherches
passionnées pendant près d’une décennie, s’inspirant d’abord de la
Divine Comédie de Dante
puis de

plus en plus des Fleurs du Mal de Baudelaire.
Travaillant aussi bien la dimension architecturale de la Porte
(bas-reliefs, pilastres, éléments décoratifs) que les personnages
qui grouillent à sa surface, Rodin crée des formes inédites pour exprimer
les passions humaines – selon les mots du critique Gustave Geffroy,
« les recherches et les trouvailles du sculpteur apparaissent visibles
dans ces réalisations triomphantes de sa pensée et de ses mains :
des attitudes nouvelles ».

L’Âge d’Airain | Musée Rodin
Première œuvre importante de Rodin, réalisée à Bruxelles,
cette figure montre déjà toute la maîtrise du sculpteur,
son attention à la nature vivante dans l’attitude et le modelé.
Un jeune soldat belge, Auguste Ney, posa pour cette œuvre dépouillée
de tout attribut permettant d’identifier le sujet.
Elle fut exposée au Cercle artistique de Bruxelles en 1877,
sans titre, puis au Salon, à Paris, sous le nom de L’Âge d’airain,
où elle fit scandale.
La statue, dite aussi L’Homme qui s’éveille ou Le Vaincu, évoque l’homme des premiers âges. Elle tenait à l’origine une lance dans la main gauche, comme le montre une photographie de Gaudenzio Marconi, mais Rodin choisit de la supprimer pour dégager le bras de tout attribut et donner au geste une ampleur nouvelle.

Rodin, tête de Jean Baptiste

Accusé, lors de son exposition à Paris, de l’avoir moulée directement sur le modèle, Rodin dut prouver que la qualité du modelé de sa sculpture provenait bien d’une étude approfondie des profils et non d’un moulage sur nature. Ses détracteurs finirent par reconnaître la bonne foi du sculpteur. Ce scandale attira cependant l’attention sur Rodin et lui valut  la commande de La Porte de l’Enfer en 1880.

 La genèse du chef d’oeuvre.

Les très nombreux groupes et figures de damné(e)s que Rodin dessine,
modèle et assemble constituent un véritable répertoire de formes
qu’il réutilise ensuite jusqu’à la fin de sa carrière, avec une inventivité
toujours renouvelée.

 Bien des oeuvres parmi les plus connues découlent
de cet élan qui propulse Rodin sur le devant de la scène artistique,
à commencer par le Penseur, le Baiser, Ugolin, la Danaïde ou les Ombres.


La lecture de La Porte de l’Enfer éclaire toute l’oeuvre de Rodin.

On y trouve un condensé de ses recherches stylistiques, et un point de départ
pour de nombreuses variations permises par ses techniques de prédilection : fragmentation, assemblage, agrandissement, réduction, répétition…

Rodin, Ugolin penché sur ses enfants morts
Des oeuvres inédites. Fasciné par le corps, qu’il soit douloureux, violent ou érotique,
Rodin dessine, modèle et retravaille sans cesse ses créations antérieures afin de saisir et d’exprimer tous les élans de l’âme. La présentation exceptionnelle de plus de 50
« dessins noirs »,
souvent annotés par Rodin, donne à voir cette recherche de la composition et du mouvement. Particulièrement fragiles et précieux,
ces dessins au trait rehaussés de lavis d’encre et de gouache ne sont exposés
qu’avec parcimonie. Une trentaine de sculptures restaurées pour
l’exposition sont présentées pour la première fois.

Le parcours de l’exposition se poursuit dans le jardin de sculptures
du musée, où se trouve un exemplaire en bronze de la Porte, tandis que les visiteurs du musée Rodin de Meudon peuvent aller admirer le grand plâtre que Rodin
présenta au public dans sa grande exposition personnelle de 1900 – une version dépouillée de ses figures et groupes les plus en saille, état d’une oeuvre où l’effet de foule tenait pourtant une place si importante.
Le baiser n’est pas dans la porte de l’Enfer, on y voit ce couple,
Francesca da Rimini et Paolo Malatesta, représentant l’amour fou,
l’amour interdit et le châtiment.

Sur le site Internet du musée, des ressources en ligne permettrent d’approfondir la visite.
Une manière de voir la porte de l’Enfer depuis chez vous, sans qu’aucun
détail ne vous échappe


Commissaire : François Blanchetière, conservateur du patrimoine, adjoint au responsable du service de la conservation

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.