Leonor Antunes a seam, a surface, a hinge, or a knot
Fondation Beyeler
Et une curiosité dans l’expositionOr & Gloire
un Christ à tête de femme
Croix d’Herriman (archevêque de Cologne) et de sa soeur Ida (abbesse de Werden). La tête du Christ est un réemploi d’un camée romain
(époque julio-claudienne) en lapis-lazuli, peut-être l’impératrice Livia
Afin de célébrer le retour des tableaux de la Collection Staechelin à Bâle et de les rendre accessibles à tous, la Fondation Beyeler propose tout ce week-end (31.8.–1.9.19) un accès gratuit au musée.
Jusqu’au 29 octobre 2019 Au terme de quatre années d’absence, les tableaux de la célèbre collection de Rudolf Staechelin (1881–1946) font leur retour à Bâle. Après des expositions remarquées au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía à Madrid et à la Phillips Collection de Washington, D. C., toutes deux conjointement avec la Collection Im Obersteg, 19 oeuvres de l’impressionnisme, du post-impressionnisme et de l’art moderne classique seront présentées à la Fondation Beyeler à Riehen près de Bâle à partir du 31 août 2019 Paul Gauguin Paysage au toit rouge, 1885 Huile sur toile, 81.5 x 66.0 cm, Rudolf Staechelin Collection Photo : Robert Bayer
Une exposition concentrée y donnera à voir jusqu’au 29 octobre 2019 de remarquables tableaux de Paul Cézanne, Edgar Degas, Paul Gauguin, Vincent van Gogh, Ferdinand Hodler, Édouard Manet, Claude Monet, Pablo Picasso, Camille Pissarro et Auguste Renoir. Ils seront ensuite intégrés aux présentations régulièrement remaniées des collections de la Fondation Beyeler. Ces oeuvres deviennent ainsi à nouveau accessibles au public à Bâle, inaugurant un nouveau chapitre de l’histoire mouvementée de la Collection Rudolf Staechelin.
Le Rudolf Staechelin Family Trust (New York) a conclu avec la Fondation Beyeler un contrat de prêt de longue durée pour une période de dix ans. Pendant cette période, aucune des oeuvres ne peut être vendue. Les coûts liés au prêt tels les frais d’assurance, d’encadrement et de restauration sont assumés par le Rudolf Staechelin Family Trust. La Fondation Beyeler exposera régulièrement les oeuvres qui lui sont ainsi confiées et les prêtera également à d’autres musées suisses et internationaux. La Collection Beyeler se trouve grandement enrichie de ces oeuvres majeures de l’histoire de l’art – auxquelles le public et les chercheurs auront à nouveau accès – car les tableaux de la Collection Staechelin complètent la collection du musée et l’étoffent de nouveaux accents.
L’Arlequin au loup (1918) de Pablo Picasso, la nature morte Verre et pommes (1882) de Paul Cézanne et le paysage Temps calme, Fécamp (1881) de Claude Monet renforcent le coeur de la Collection Beyeler. Cela vaut également pour les autres oeuvres de Cézanne, Degas, Monet et van Gogh, dont Le jardin de Daubigny (1890) fait par exemple écho au Champ aux meules de blé (1890) déjà présent dans la Collection Beyeler. Les deux tableaux ont été peints à Auvers-sur-Oise et font partie d’un groupe de 13 oeuvres au format oblong (double carré), format de prédilection du peintre pendant les derniers mois de sa vie à partir de mi-juin 1890. Des analyses de la structure de la toile réalisées par le Van Gogh Museum à Amsterdam ont révélé que l’artiste avait découpé tous ses doubles carrés dans le même ballot de toile. Les toiles du Jardin de Daubigny de la Collection Rudolf Staechelin et du Champ aux meules de blé de la Collection Beyeler sont ainsi à nouveau réunies dans cette exposition.
Quant à Édouard Manet, Paul Gauguin, Auguste Renoir et Camille Pissarro, étroitement liés au développement de l’art moderne, ils avaient déjà fait l’objet d’expositions à la Fondation Beyeler mais n’étaient jusqu’à présent pas représentés dans la collection du musée. Aujourd’hui, la Collection Beyeler se voit enrichie des oeuvres suivantes: Tête de femme (1870) de Manet, Gabrielle (1910) de Renoir, Paysageau toit rouge (1885) de Gauguin, ainsi que La Carrière, Pontoise (vers 1874) et Le Sentier du village (1875) de Pissarro, ami proche de Cézanne. Parmi les oeuvres maîtresses de la Collection Rudolf Staechelin, on trouve des tableaux tardifs de Ferdinand Hodler, auquel la Fondation Beyeler avait consacré une exposition en 2013. Parmi eux se trouvent La malade (1914 et 1914/15),
Ferdinand Hodler La morte, 1915 Huile sur toile, 65.0 x 81.0 cm Rudolf Staechelin Collection Photo : Robert Bayer
portraits bouleversants de sa compagne Valentine Godé-Darel, La morte (1915), oeuvre hautement appréciée des connaisseurs de Hodler, ainsi que trois paysages exceptionnels, Paysage de Montana (1915), Le Grammont après la pluie (1917) et Le Mont-Blanc aux nuages roses (1918).
Jusqu’au 29 octobre 2019, les prêts de la Collection Rudolf Staechelin, accompagnés de certaines oeuvres apparentées de la Collection Beyeler, seront présentés de manière concentrée dans deux salles du musée. Ils seront ensuite intégrés à la prochaine présentation de la Collection Beyeler dans un contexte historique plus large (du 2 novembre 2019 au 5 janvier 2020). Le public est invité à venir (re)découvrir la Collection Rudolf Staechelin dans sa nouvelle demeure.
Ouvert tous les jours. Du lundi au dimanche de 10h à 18h et le mercredi de 10h à 20h
Partager la publication "La Collection Rudolf Staechelin à la Fondation Beyeler"
Leonor Antunes a seam, a surface, a hinge, or a knot
L’exposition d’automne de laFondation Beyelerréunit cinq artistes contemporaines : Leonor Antunes, Silvia Bächli, Toba Khedoori, Susan Philipsz et Rachel Whiteread, jusqu’26.1.2020 Vidéo
Ces artistes de renommée internationale exposent pour la première fois ensemble. Plutôt que de présenter une vaste exposition de groupe, l’accent est mis sur des oeuvres exemplaires qui livrent chacune une expérience spécifique de l’espace par des moyens d’expression très divers – à travers des installations sonores, des sculptures, des dessins. Elles évoquent des espaces qui oscillent entre l’identifiable et l’éphémère. Elles créent des lieux de contemplation et de repos, dans lesquels la faculté de réminiscence se libère et où les images et les souvenirs prennent vie.
Longtemps, l’espace en tant que tel n’était pas considéré comme une thématique artistique. Depuis les années 1960, de nouvelles formes d’expression telles que les performances, les installations, les images filmées ont également trouvé leur place dans l’art, faisant ainsi de l’espace un aspect important de la création artistique et érigeant ce dernier au rang d’expérience créative moderne et contemporaine. Le titre de l’exposition s’appuie sur la signification des deux termes anglais resonating et resonance. L’exposition en elle-même, cependant, ne s’intéresse pas à une approche thématique de l’espace ; elle vise plutôt, par le biais des cinq positions, à illustrer des contenus ou situations qui, bien que présents et concrets dans les oeuvres des artistes, sont généralement imperceptibles.
Sons : Susan Philipsz L’artiste écossaise Susan Philipsz (née en 1965) explore les propriétés plastiques du son – principalement en l’intégrant dans un espace ou un environnement concret. Des enregistrements vocaux aussi bien qu’instrumentaux servent de point de départ à ses installations sonores. Susan Philipsz s’inspire de morceaux de musique déjà existants, tels que des chansons pop, des chants folkloriques et des cantiques modernes, qu’elle interprète elle-même de sa voix non travaillée et sans accompagnement. Depuis quelques années, des oeuvres instrumentales constituent également une part importante de son travail artistique ; elle utilise, pour ses créations, des signaux radio, des verres chantants ou des instruments à vent endommagés pendant la guerre. Sur la base d’un travail de recherche intensif, l’artiste noue des liens avec des circonstances historiques ou littéraires spécifiques du lieu d’origine respectif. Par le biais de sons surprenants, en accord avec le lieu, l’attention du visiteur se dirige vers son environnement immédiat, afin que l’expérience soit vécue d’une nouvelle manière.
Traces : Toba Khedoori Toba Khedoori (née en 1964) réalise des dessins de grands formats – et de petits formats depuis quelques années, ainsi que des oeuvres sur toile.
Depuis le milieu des années 1990, l’artiste australienne – qui vit et travaille à Los Angeles – dessine minutieusement des structures architecturales qu’elle dépeint comme des objets individuels ou en série sans contexte donné. Le grand format des bandes de papier recouvertes de cire contraste avec la minutie des dessins. Récemment, cependant, Khedoori a changé d’orientation en ne capturant plus ses objets picturaux de loin, mais de très près. Au-delà des motifs liés à la nature tels que les brindilles, les montagnes ou les nuages, le principe du gros plan s’intensifie dans certaines de ses oeuvres à tel point que les représentations frôlent l’abstraction. Ce que les oeuvres de Khedoori ont en commun, ce sont diverses traces qui pointent vers une réalité extérieure aux images : poussière, cheveux et petites particules de saleté dans la couche de cire, reflets de lumière et ombres insolites, chaque élément assume la fonction de subtiles références au monde extérieur au-delà des associations forgées par Khedoori.
Souvenirs : Rachel Whiteread
Depuis le début des années 1990, l’artiste britannique Rachel Whiteread (née en 1963) donne le jour à une production plastique extraordinaire. Ses sculptures sont réalisées à partir d’empreintes et de moulages d’objets familiers, de structures architecturales ou de corps creux ; leur apparence semble généralement étrange en raison de leur matérialité réduite. Rachel Whiteread donne forme aux espaces négatifs des objets par exemple une bouillotte, une armoire ou une bibliothèque afin de créer des sculptures indépendantes. Les objets individuels font partie intégrante de son travail mais également des moulages impressionnants d’espaces de vie entiers. Ses œuvres se réfèrent toujours à l’absence d’objets originaux et donc à des intérieurs, des espaces et des environnements qui passent généralement inaperçus dans la vie quotidienne. L’œuvre de Susan Whiteread devient ainsi un point de référence pour ses propres souvenirs.
Vides : Silvia Bächli L’œuvre de Silvia Bächli (née en 1956) comprend une variété de dessins, petits et grands formats. Ses premières œuvres, créées au début des années 1980, se caractérisent par des représentations figuratives et abstraites en petit format. Depuis une bonne dizaine d’années, l’artiste suisse se tourne également vers des œuvres plus grandes sur papier, qui s’éloignent de plus en plus des références aux motifs figuratifs. L’accent se situe désormais sur quelques structures linéaires et des coups de pinceau minimalistes, dont la force puise ses racines dans l’équilibre constant entre la surface du papier et le dessin. Dès le début, Bächli présentait ses œuvres comme des groupes transformables sous forme d’installations, couvrant souvent un mur tout entier. L’interaction entre le dessin, le bord de l’image, le support en papier et les murs blancs des salles d’exposition est d’une importance capitale. Au travers de ces vides, se déploie un espace qui implique également le spectateur
sans titre
Métamorphose : Leonor Antunes Dans ses vastes installations, l’artiste portugaiseLeonor Antunes (née en 1972) explore la mutabilité de la sculpture et du langage formel moderne. Depuis la fin des années 1990, l’artiste crée des œuvres in situ dont les formes géométriques et la diversité des matériaux, entre autres le cuir, le nylon et le laiton, sont également caractéristiques de ses œuvres actuelles. Parallèlement à l’exploration de la matérialité et de l’interaction entre la sculpture et l’architecture, Leonor Antunes explore les contextes historiques et sociaux de personnalités issues de l’architecture, du design et de l’art au-delà du canon habituel. Elle reproduit à l’échelle des motifs et des éléments empruntés à des meubles, des textiles et des gravures et les détache de leur fonction originelle.
Perception spatiale et espace sensoriel Les cinq artistes présentées sont singulières à bien des égards : elles vivent non seulement dans des lieux différents à travers le monde, mais également leurs moyens d’expression et leurs approches artistiques, leur centre d’intérêt et leurs contextes de travail se distinguent les uns des autres. Cependant, leurs œuvres ont un point commun puissant : elles illustrent de façon exemplaire un sens de l’espace autour duquel s’articule l’exposition. Les installations, les sculptures et les dessins semblent à première vue discrets, réservés, mais c’est précisément là que réside leur force ; c’est cette distance qui nous permet, pour ainsi dire, de prendre conscience de l’espace
Programmation associée à l’exposition «Resonating
Spaces»
Dimanche 20 octobre 10h00-18h00 Journée familiale «Resonating Spaces»
Mercredi 30 octobre 18h00-19h30
Dimanche 15 décembre 16h00-17h30
Parcours performatif à travers l’exposition
Jeudi 7 novembre 18h30 Lecture d’extraits de lettres de Wislawa Szymborska L’événement est organisé dans le cadre du festival culturel Culturescapes (culturescapes.ch).
précédée par la présentation du tableau Le Sabbat des sorcières sur le stand de la Fondation à l’exposition Art Basel 2019.
La Fondation Beyeler organise l’une des expositions les plus importantes jamais consacrées à Francisco de Goya hors d’Espagne. Goya est l’un des derniers grands peintres de cour, et le premier précurseur de l’art moderne. Cette exposition a été réalisée en coopération avec le Museo Nacional del Prado de Madrid. Des tableaux rarement montrés, appartenant à des collections privées espagnoles, seront présentés dans le cadre de la Fondation Beyeler, conjointement à des œuvres clés provenant des musées et des collections les plus célèbres d’Europe et des États-Unis. En guise de prélude à cette exposition de l’été 2020, la Fondation Beyeler présente sur son stand de l’exposition Art Basel le tableau frappant et énigmatique de Goya intitulé Le Sabbat des sorcières (1797-1798), prêté par le Museo Lázaro Galdiano de Madrid.
Jusqu’au 6 octobre 2019 La Fondation Beyeler consacre son exposition estivale 2019 au peintre contemporain Rudolf Stingel (né en 1956 à Merano, il vit aujourd’hui à New York et à Merano). Elle présente les principales séries d’oeuvres réalisées par Rudolf Stingel ces trois dernières décennies, proposant un aperçu complet de sa riche et prolifique pratique artistique. Rudolf Stingel a transformé le musée, en envahissant l’espace conçu par Renzo Piano d’une moquette au motif oriental. Dépassant le concept de la bidimensionalité, conventionnellement associé à la peinture, cette exposition souhaite renverser les relations spatiales qui s’instaurent habituellement entre le spectateur et le tableau.
L’exposition de la Fondation Beyeler est la première exposition d’envergure de Rudolf Stingel en Europe après celle du Palazzo Grassi à Venise (2013)et la première en Suisse depuis celle de la Kunsthalle de Zurich (1995). Elle occupe les neuf salles de l’aile sud de la Fondation Beyeler, de même que pour un temps les deux salles du Restaurant Berower Park. Conçue de salle en salle, l’exposition installée par le commissaire invité Udo Kittelmann en étroite collaboration avec l’artiste ne suit aucun ordre chronologique strict mais fait plutôt le choix d’une confrontation spécifique de différentes oeuvres. Certaines oeuvres sont montrées en public pour la toute première fois et l’exposition présente également de nouvelles installations in situ. Si pour les toiles abstraites, c’est bien le pistolet de pulvérisation qui tient lieu d’outil, donc en quelque sorte de pinceau. Stingel a créé pour l’exposition de nouveaux tableaux abstraits en utilisant exactement la technique décrite dans Mode d’emploi: cette série de cinq oeuvres – qui remplit l’une des salles d’exposition – oscille chromatiquement entre rose, des tonspourpres sombres et argentés.
Peu d’autres artistes de sa génération ont élargi comme Rudolf Stingel le champ et la notion même de peinture. Depuis ses débuts à la fin des années 1980, il explore ses possibilités et les limites qui la constituent dans un jeu complexe avec les démarches artistiques, les matériaux et les formes. Partant d’une confrontation à des thèmes picturaux classiques, il développe une multiplicité de variations de motifs. A côté de séries de peintures abstraites et photoréalistes, il crée des oeuvres grand format en polystyrène ou des tableaux en métal coulé. Il revêt également des pièces entières de tapis ou de panneaux isolants argentés pouvant être touchés et foulés.
Le premier livre d’artiste de Rudolf Stingel, paru en 1989 sous le titre Mode d’emploi, est déjà révélateur de son attitude artistique peu conventionnelle. En six langues et illustré de photographies noires et blanches, il y décrit chacune des étapes de production de ses tableaux abstraits réalisés à l’aide de tulle et d’émail: la peinture à l’huile doit ainsi être mélangée avec un batteur électrique conventionnel et appliquée sur la toile. Une épaisseur de tulle est posée par dessus et recouverte de spray argenté. Lorsqu’on ôte le tulle, on révèle une surface chromatique apparemment tridimensionnelle qui évoque un paysage traversé de vaisseaux sanguins. Mode d’emploi semble suggérer qu’en suivant ces simples instructions on peut créer son propre «Stingel».
Mais si l’on pousse plus loin ce jeu de l’esprit, on s’aperçoit vite que, si l’oeuvre créée en respectant parfaitement toutes les étapes de travail peut être très belle, elle est cependant loin d’être indépendante et autonome – car on reste toujours l’exécutant de l’artiste, simple rouage d’un concept qu’il a imaginé. Ce mode d’emploi livre donc un commentaire facétieux et auto-ironique sur le marché et le monde de l’art.
Au début des années 1990, Stingel élargit son répertoire: à côté d’oeuvres abstraites, il crée de premières oeuvres in situ. Lors de sa première exposition en galerie, en 1991 à la Daniel Newburg Gallery à New York, il présente une seule oeuvre: la totalité du sol de la galerie est recouverte d’une moquette orange vif, les murs sont nus. Peu après, il présente ailleurs une autre variation de moquette monochrome, cette fois posée sur l’un des murs d’une pièce vide. Dans la galerie, c’est involontairement que les visiteurs laissaient les empreintes de leurs pas sur la moquette au sol; cette fois, ils sont invités à lisser ou brosser le tapis contre le sens du poil de leur propre main, comme autant de grands coups de pinceau. Le tapis devient image, où les gestes picturaux apparaissent, sont effacés et sont remplacés par d’autres traces.
A la fin des années 1990, Stingel commence à travailler des panneaux de polystyrène ordinaires. Accrochés au mur comme des tableaux, leur surface est couverte de lignes et de motifs griffés et gravés d’empreintes de pied de l’artiste. Depuis le début des années 2000, Stingel revêt des pièces entières de panneaux isolants argentés réfléchissants, dont la texture invite à y apposer des messages, des initiales ou autres gestes. Ces installations visent à la participation, mais elles sont soumises aux mêmes limitations immanentes que les travaux réalisés suivant le Mode d’emploi: si chaque visiteur peut participer au processus de création de l’oeuvre et s’y immortaliser, cela prend toujours une forme aléatoire et incontrôlable, cadrée par des conditions définies par l’artiste.
De manière semblable, Stingel fait appel au hasard pour certaines de ses peintures. Il étend des toiles achevées sur le sol de son atelier pendant une période prolongée, afin qu’elles s’imprègnent des traces de son procès quotidien artistique. Les éclaboussures de peinture et les empreintes de pied se superposent ainsi à ses tableaux abstraits et photoréalistes.
Stingel n’est jamais focalisé sur l’oeuvre unique en tant que telle, mais conçoit plutôt tout une série d’oeuvres comparables et interconnectées, tournant autour d’un même motif. Un motif peut ainsi circuler entre les images et les matériaux, apparaissant dans des versions très différentes. Ainsi, la moquette orange vif montrée à l’horizontale chez Daniel Newburg réapparaît en tant que nouvelle oeuvre sur l’un des murs de la Fondation Beyeler. La photographie d’une main tenant un pistolet de pulvérisation, commandée par Stingel pour illustrer son Mode d’emploi, a été traduite pour l’exposition en une toile photoréaliste grand format. Les griffures et éraflures qui ornaient d’anciennes installations de panneaux Celotex ont été transposées de manière fragmentaire en images de métal extrêmement lourdes au moyen d’un processus complexe et laborieux. L’une de ces oeuvres, longue de douze mètres, est présentée dans l’exposition. Des motifs historiques de papiers peints ou de tapis ainsi que des éléments de photographies trouvées ont trouvé place sur des toiles photoréalistes sous forme agrandie et en y intégrant les traces laissées par le temps telles la poussière et les empreintes de doigt. L’exposition présente également différentes oeuvres de ce type.
Au-delà de leurs différences matérielles, toutes les oeuvres de Rudolf Stingel ont ainsi pour point commun la présence de traces picturales aléatoires ou délibérées. Le temps et le hasard, le changement et la destruction apparaissent à leur surface. Les oeuvres de Stingel formulent ainsi des questions fondamentales concernant la compréhension et la perception de l’art ainsi que la mémoire, le souvenir et l’impermanence des choses.
Trois nouvelles oeuvres in situ seront également présentées. Une oeuvre murale à base de moquette orange invite les visiteurs à laisser des traces avec leurs mains et à s’impliquer ainsi de manière temporaire dans l’émergence de l’oeuvre. Une deuxième installation à base de tapis occupe tout le mur transversal du musée et s’étend dans l’une des salles. En version noire et blanche fortement agrandie, il reprend le motif d’un tapis persan Sarough.
Une oeuvre en panneaux isolants Celotex occupe plusieurs murs de l’exposition et s’étend également temporairement aux espaces du restaurant de la Fondation Beyeler dans le Parc Berower.
Toute la diversité et l’envergure de l’oeuvre de Rudolf Stingel, questionnement sans cesse renouvelé du médium de la peinture, se reflètent aussi dans le catalogue qui accompagne l’exposition: pensé comme un livre d’artiste et conçu par le graphiste de renom Christoph Radl, il propose au fil de 475 illustrations sur 380 pages un aperçu unique et complet du travail artistique de Rudolf Stingel.
Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen Tél. + 41 (0)61 645 97 21, www.fondationbeyeler.ch Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler: tous les jours de 10h00 à 18h00, le mercredi jusqu’à 20h depuis la gare SBB tram n° 2 jusqu’à Messeplatz puis tram n°6 arrêt Fondation
Programmation associée à l’exposition «Rudolf Stingel» à consulter sur le site de la Fondation Beyeler