Jusqu’au 16 mars 2020, au Centre Pompidou, dans une vaste déambulation en forme de méditation sur la vie et son cours, l’exposition de l’oeuvre de Christian Boltanski, propose un regard singulier sur l’un des principaux artistes de notre temps. Il donne à voir un art qui s’est sans cesse réinventé.
Après la première rétrospective que le Centre Pompidou lui consacrait en 1984, cette nouvelle exposition développe un,parcours de 2000 mètres carré au coeur duquel Boltanski met en scène un choix d’oeuvres par lesquelles il ne cesse d’explorer la frontière entre présence et absence.
Conjuguant mémoire individuelle et collective à une réflexion toujours plus approfondie sur les rites et codes sociaux,
Boltanski développe depuis un demi-siècle une oeuvre sensible et corrosive, tel un état de veille lucide sur nos cultures, leurs illusions et désenchantements.
« Ceux qui m’intéressent sont toujours des inconnus, des anonymes. Je pense que chacun de nous est totalement unique et extrêmement important et que tous les humains sont prodigieux, donc tous les humains méritent mon attention. »
« La grande question que je me suis posée c’est l’importance de chacun et de sa fragilité. On se souvient de son grand père mais pas de son arrière grand père : il y a le merveilleux de chacun, mais qui s’efface très rapidement. Chaque être humain mériterait d’avoir son musée après ses 60 ans. »
Depuis ses débuts, en 1967, Boltanski scrute la vie des hommes et ce qui en subsiste après la mort, une fois qu’ils ont fait leur temps. En recourant à l’inventaire et l’archive, il développe au gré d’albums photographiques ou d’objets reconstitués comme autant de souvenirs d’enfance, un essai de reconstitution de la vie des êtres pris dans l’anonymat de leur disparition. Par le biais de « petites histoires », il met en exergue tout un chacun et personne et s’attache à la mise en forme fragile et troublante d’une mémoire collective de l’humanité.
(…) D’envois postaux en documents mêlant fictions et vies réelles, d’évocations de l’enfance perdue à la suggestion de la mort latente, Boltanski a toujours mis en scène la fragilité de l’être. L’éphémère gouverne tout l’oeuvre et l’utilisation d’éléments voués à la conservation, à la pérennisation, tels les boîtes métalliques ou les vitrines apparaissent d’abord comme un vocabulaire plastique récurrent au coeur de ses premières oeuvres. (…)
La pratique de Boltanski concilie ainsi le caractère dérisoire de toute action avec le désir de permanence et de préservation propre à toute civilisation. Elle témoigne aussi de l’acharnement avec lequel l’art tente de réussir à se saisir de la vie et de lutter contre l’oubli.
L’art de Boltanski est d’abord un art du temps qui passe. (…)
A partir de 1984, ses oeuvres se détachent de l’ironie et de l’humour qui les constituaient et se font plus sombres. Les Monuments, les Reliquaires, les Réserves conjuguent les thèmatiques du souvenir et de la disparition. Au-delà de ses travaux liés à la mémoire du monde, les oeuvres de Boltanski tendent à montrer, de manière chorale, les structures mises en place par l’homme pour faire face à la mort. (…)
Les années 1990 voient son travail s’orienter de plus en plus vers une recherche portée par des mythes et des légendes puisant à l’imaginaire collectif. En privilégiant des projets au contenu « humaniste » comme le démontre la conception des Archives du coeur, enregistrements d’innombrables battements de coeurs, collectés, au fil du temps, à travers le monde et conservés à l’abri du temps sur l’île de Teshima, au Japon, Boltanski fait de son oeuvre une ample allégorie de l’éternité.
Dans ses oeuvres plus récentes, Boltanski explore la fatalité et questionne le hasard en construisant des dispositifs où la vie s’apparente toujours plus à une loterie. Plus près de nous encore, les immenses installations immersives de l’artiste se confrontent aux espaces du bout du monde qu’il aime désormais arpenter, à la recherche de mythes enfouis qui deviennent le support de ses propres installations. (…)
Conçue sous la forme d’un labyrinthe et comme une oeuvre en soi, l’exposition conduit le visiteur à s’immerger au coeur d’une méditation sur la préservation de l’être. Se rapprochant du champ plastique et temporel du théâtre, domaine qu’il investit depuis plusieurs années, l’artiste dresse la scène d’une grande métaphore du cycle humain, de la naissance à la disparition.
Extraits d’un entretien avec Bernard Blistène Directeur du Musée national d’art moderne, Commisaire de l’exposition
L’exposition « Len Lye – motion composer» organisée au Musée Tinguely du 23 octobre 2019 au 26 janvier 2020 présente l’étendue de son œuvre en portant une attention particulière aux relations entre les différents médiums. Le public est invité à s’immerger dans l’univers de Lye à travers un parcours avec plus de 100 œuvres et à explorer la variété des médiums dans l’œuvre de l’artiste néo-zélandais à l’aide de films, dessins et sculptures au sein d’une présentation d’une ampleur inédite en Europe. Les 23 et 24 octobre, un symposium a été organisé en collaboration avec l‘Université de Bâle pour mettre en lumière l’œuvre de cet artiste et interroger l’influence exercée par Len Lye sur les avant gardes du xxe siècle. L’exposition était complétée par une programmation au Stadtkino de Bâle qui a présenté quatre films réalisés par et consacrés à Len Lye.
Né à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, Len Lye (1901-1980) est une figure majeure du cinéma expérimental des années 1930 à 1950. D’abord actif en Nouvelle-Zélande et en Australie, puis à Londres partir de 1926 et à New York dès 1944, il élabore une œuvre fascinante qui englobe, en plus du cinéma, toutes les disciplines artistiques et qui reste encore largement à découvrir – à l’instar de ses sculptures cinétiques.
Les débuts en Nouvelle-Zélande Len Lye naît en 1901 dans une famille très modeste. Après le décès prématuré de son père, il s’installe avec sa mère et son frère chez son beau-père, Ford Powell, qui travaille comme gardien de phare à Cape Campbell. Ses premières expériences avec la lumière et le mouvement – motifs auxquels il se consacrera tout au long de sa vie – datent de cette époque. Lorsqu’il trouve le motif de son art, il songe alors aux Études de nuages du peintre John Constable qui imite le mouvement et le retranscrit. Il décrit cet instant de cette manière :
«AH of a sudden it hit me – if there was such a thing as composing music, there could be such a thing as composing motion. After an, there are melodic figures, why can’t there be figures of motion7»1
(1 « Soudain, je réalisai : s’il est possible de composer de la musique, alors pourquoi ne pas composer du mouvement? Après tout, il existe des figures mélodiques. Pourquoi n’y aurait-il pas aussi des figures cinétiques ? »)
Il commence à dessiner le mouvement sous forme de petites notes, de dessins improvisés ou <doodles> comme il aime les désigner. Au début des années 1920, Lye séjourne plusieurs mois dans les îles Samoa où il entre en contact avec les richesses culturelles des populations indigènes. Le carnet de croquis Totem and Taboo Sketchbook, transcription de Totem et Tabou de Sigmund Freud, voit le jour durant son séjour à Sydney entre 1922 et 1926. Sur les pages de gauche du carnet, il dessine des objets provenant de diverses cultures
– des Maoris de son pays natal, la Nouvelle-Zélande, des aborigènes d’Australie, des populations des Samoa et d’Afrique – et des ceuvres d’artistes constructivistes russes qui lui semblent proches d’un point de vue esthétique et du contenu. À travers son regard dépourvu d’eurocentrisme, il crée à l’époque une ceuvre sans égal qui établit un rapport entre les objets de différentes cultures, sans hiérarchisation ni classement.
Londres – <Direct films> En 1926, Lye arrive à Londres. Bientôt, sa première ceuvre filmique voit le jour – aux côtés de peintures à travers lesquelles il explore souvent son subconscient et de batiks jouant avec l’univers formel de cultures étrangères – et pose les fondements de son succès comme cinéaste expérimental. Tusalava, film d’animation où des figures et des formes abstraites entrent en contact et se mêlent pour ne former plus qu’une entité, est présenté pour la première fois en 1929. Ce film de 10 minutes accompagné d’une musique live de Jack Ellitt (malheureusement égarée aujourd’hui) connaît un fort retentissement dans les milieux artistiques influencés par le surréalisme que fréquente Lye.
Dans le milieu des années 1930, il réalise les <direct films>. Pour ce faire, il intervient directement sur le support pelliculaire (en le peignant et en écrivant dessus) et contribue ainsi à l’émergence de la technique de l’animation sans caméra .A Color Box (1935) est un film publicitaire pour la Poste britannique réalisé en couleur et accompagné de musique de danse cubaine. S’ensuivent d’autres films pour différentes entreprises qui touchent un très large public grâce à leur diffusion au cinéma sous la forme de spots publicitaires. À l’époque, associer un film en couleur abstrait à une musique moderne présentait un aspect révolutionnaire qui a contribué, à juste titre, à la renommée de Lye comme l’inventeur du clip musical.
New York Durant la Seconde Guerre mondiale, Lye se met au service de la propagande britannique et produit des films aboutis à l’instar de Kill or Be Killed (1942). À partir de 1944, il s’installe à New York où il poursuit dans un premier temps sa carrière de cinéaste expérimental. En 1947, il réalise une série de photogrammes. Il s’agit de portraits dans lesquels il applique à la photographie le concept du film sans caméra. Rhythm (1957) est l’un des films les plus radicaux de sa période new-yorkaise. Il y montre le fonctionnement d’une usine automobile américaine selon un rythme cadencé auquel il adjoint des percussions africaines, le tout s’apparentant à une danse de la technologie. Dans Rhythm, et plus encore dans Free Radicals (1958/1979), il utilise la technique de grattage de la bande amorce qui confère à ces films une atmosphère brute.
Tangibles & autres sculptures cinétiques de Lye À la fin des années 1950, Lye se consacre à la sculpture cinétique et met rapidement au point des concepts pour environ 20 sculptures dites Tangibles. Actionnées par des moteurs électriques, elles exécutent des séquences de mouvements programmés reposant sur des principes simples comme la rotation d’un buisson de tiges en acier ou l’oscillation d’une immense tôle d’acier.
Avec ces sculptures, Lye capte l’air d’une époque en quête d’un art nouveau, de machines et de mouvement. Dès 1961, il parvient à présenter ses machines au Museum of Modern Art de New York à l’occasion d’une conférence-performance dans laquelle il livre ses réflexions sur la sculpture-machine programmée. Par ailleurs, Lye considère ses sculptures comme des modèles réduits destinés à être agrandis. Cependant, en raison d’un manque de connaissances techniques et de moyens financiers, la plupart de ces idées ne dépassent pas le stade de projet, même s’il exprime sa volonté de modifier la taille de ses sculptures sur tout à travers les dessins pour Sun, Land and Sea (1965), dont la réalisation ne touchera à son but que plusieurs années après sa mort en 1980.
Il ne faut pas sous-estimer l’apport de Lye à l’art cinétique des années 1960. Son intention de créer un art entièrement nouveau à l’aide de sculptures-machines programmées a ouvert la voie à quantités de choses qui nous semblent aujourd’hui évidentes et familières – dans le champ de l’art cinétique, mais surtout dans les domaines du land art et de l’installation pour lesquels Lye a joué un rôle pionnier.
Son œuvre aujourd’hui Len Lye meurt en 1980. Se sachant condamné par la maladie, il avait créé une fondation pour l’ensemble de son œuvre et avait fait en sorte que son œuvre posthume revienne sur ses terres natales en Nouvelle-Zélande où elle est conservée et étudiée jusqu’à aujourd’hui au sein de la Govett-Brewster Art Gallery à New Plymouth. La Len Lye Foundation s’attache à préserver son œuvre et peut concevoir, dans le respect de la volonté de l’artiste, des répliques de ses œuvres cinétiques afin de rendre accessible au jeune public d’aujourd’hui ses sculptures-machines programmées.
Commissaire de l’exposition: Andres Pardey
Catalogue Dans le cadre de l’exposition paraît un catalogue en trois volumes consacré à l’œuvre de Len Lye: un livre compilant des textes rend compte de l’état actuel de la recherche sur Lye, un second contenant des illustrations présente les œuvres de l’exposition à travers plus de 300 reproductions en couleur, et un troisième reproduit le Totem and Taboo Sketchbook sous forme d’un fac-similé et le rend ainsi accessible dans son intégralité à un large public.
Musée Tinguely I Paul Sacher-Anlage 1 l 4002 Bâle Horaires Du mardi au dimanche 11 – 18h Fermé le lundi
Accès Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF : tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz », puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ».
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Le Kupferstichkabinett du Kunstmuseum Basel rend hommage à l’oeuvre protéiforme de l’artistebâlois Max Sulzbachner (1904–1985) à travers une exposition rétrospective présentée à l’entresol du Hauptbau ainsi qu’une publication. En Suisse, Sulzbachner est un artiste de renom particulièrement apprécié, pourtant son oeuvre n’a encore jamais fait l’objet d’une étude approfondie. L’exposition et le catalogue proposent de combler cette lacune dans l’historiographie de l’art bâlois.
Depuis 2014, le Kunstmuseum Basel a reçu 4 dessins, 30 gravures sur bois et 4 eaux-fortes de l’artiste dans le cadre d’une généreuse donation de Betty et Hartmut Raguse-Stauffer. Grâce à cet apport, l’oeuvre de jeunesse expressionniste de Sulzbachner est largement représentée au Kupferstichkabinett comme la période la plus importante de son oeuvre. Les riches fonds de l’expressionnisme bâlois et suisse déjà présents ont ainsi été judicieusement complétés.
Les Nuits de lune mentionnées dans l’intitulé de l’exposition se réfèrent au titre identique d’une suite de gravures sur bois réalisées par Max Sulzbachner en 1925. Ces remarquables feuilles sont caractéristiques de l’oeuvre de jeunesse de l’artiste marquée par sa proximité avec le groupe d’artistes bâlois Rot-Blau. À l’époque, Sulzbachner se passionne en particulier pour l’expressionnisme d’Ernst Ludwig Kirchner. Par la suite, le Bâlois figure parmi les premiers artistes suisses alémaniques s’intéressant à l’art moderne français.
Très tôt, il s’intéresse à la vie et aux traditions locales. Dans le même temps, il s’attache continuellement à suivre de nouvelles tendances artistiques. Les expositions à la Kunsthalle Basel en particulier constituent en cela des impulsions décisives pour lui. L’ouverture de Sulzbachner à l’égard du renouveau artistique se traduira plus tard par l’évolution de son style. « Sulzbi »
Au cours de sa vie, Sulzbachner évolue dans des contextes de création contextes de création très différents : il rencontre également un vif succès en tant que dessinateur, scénographe, caricaturiste, enseignant et illustrateur. Il exerce aussi comme écrivain. Il est l’auteur de peintures, de gravures sur bois, d’eaux-fortes, de fresques, de vitraux, d’assiettes en céramique, de lanternes de carnaval et de figurines populaires.
Sulzbachner était – et demeure – connu un peu partout comme « Sulzbi » et le « roi des lanternes ». Bâlois d’origine, il répondait toujours et partout à l’appel et s’engageait lorsque survenait du « tam-tam» en ville ou ailleurs. Ainsi, Sulzbachner est indissociable de la culture populaire bâloise et de l’art populaire suisse. La singularité de l’ensemble de sa production artistique réside d’une part dans ce lien à la vie locale et à ses événements politiques, d’autre part dans son inclination à l’emphase stylistique jusqu’à la caricature.
Pour Sulzbachner, la possibilité d’établir dans son oeuvre une passerelle entre différentes sphères culturelles était particulièrement séduisante. L’ensemble de son oeuvre permet non seulement de découvrir cet artiste bâlois, mais aussi la scène culturelle et artistique de Bâle de l’art moderne jusqu’aux années 1960.
Max Sulzbachner Raskolnikoff: «Ich habe getötet», 1925
L’exposition bénéficie du soutien de : Stiftung für das Kunstmuseum Basel BEWE Stiftung
Si vous venez de la gare SBB, avec le tram, descendez à Bankverein, l’arrêt Kunstmuseum est momentanément supprimé
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L’exposition, dont le commissariat est assuré par la Cricoteka à Cracovie, est présentée jusqu’au 5 janvier 2020et constitue la première exposition individuelle consacrée à Kantor en Suisse depuis plus de dix ans. Ce projet a vu le jour en coopération avec Culturescapes Pologne, un festival culturel qui présente le paysage culturel d’un autre pays ou d’une région. Commissaires invité.e.s: Malgorzata Paluch-Cybulska, Bogdan Renczynsk – Le Centre de documentation de l’art de Tadeusz Kantor CRICOTEKA à Cracovie.
L’exposition « Tadeusz Kantor : Où sont les neiges d’antan » du Musée Tinguely présente une figure majeure du théâtre et des arts plastiques de la Pologne du XXe siècle à travers l’une de ses grandes œuvres scéniques. En posant un regard critique sur l’histoire refoulée de la Pologne, le théâtre underground et indépendant de Tadeusz Kantor (1915-1990) se consacre à la réalité quotidienne et marque, jusqu’à aujourd’hui, une jeune génération de gens de théâtre. Son œuvre sert de modèle pour des expériences théâtrales radicales et interdisciplinaires, mais aussi pour l’abolition de la distinction entre espace scénique et public. Metteur en scène se mêlant à ses comédien.ne.s sur les planches, leur donnant des instructions, intervenant et devenant ainsi un corps étranger dans la compagnie, Kantor transgressait les limites du théâtre classique essentiellement à travers sa présence. Sa pratique artistique intégrait le réemploi d’objets. De vieux objets usés constituaient son médium< naturel> et le thème de la mort occupe une place centrale dans son œuvre.
L’exposition était accompagnée jusqu’au 20 octobre par le programme de réalité virtuelle Cricoterie (2019) de Tale of Tales, inspirée du Théâtre de la mort de Kantor. Le cricotage (ce terme utilisé par Kantor désigne une forme courte de performance et dérive du nom de son théâtre) Où sont les neiges d’antan constitue la première production de l’artiste développée sans texte existant. La référence littéraire est uniquement contenue dans le titre. Il s’agit ici d’une citation de la Ballade des dames du temps jadis provenant du recueil Le Grand Testament (1461) de François Villon,< poète maudit> français du Moyen Âge. La performance repose sur l’utilisation de trois couleurs : le noir – la couleur de l’instrument et du costume du rabbin ; le rouge – la couleur des cardinaux et du feu ; et le blanc – la couleur de la neige, du grand-voile et des costumes des autres personnages réalisés à partir d’un papier résistant.
La trompette du Jugement dernier (1979) voit le jour à la fin des années 1970 comme objet central de la courte performance Où sont les neiges d’antan du théâtre Cricot 2 au Palazzo delle Esposizioni à Rome. La production est reprise dans les années 1980 et présentée à Paris, Londres, Genève et Varsovie. Au fil des années, Kantor ne cesse de travailler au développement de cet objet. La première version de 1979 se compose d’une trompette recouverte d’un tissu noir sur un pied mobile. Dans les années 1982-1983, Kantor modifie l’ensemble en fixant l’instrument sur une structure métallique de près de 3,5 mètres de haut qui peut être actionné verticalement grâce à un système de manivelles, de poulies, de roues dentées et de câbles d’acier. Selon les mots de l’artiste, « la machine s’apparente à un échafaud ou à une potence et ressemble un peu à une machine de siège des temps bibliques / Plusieurs roues, des roues dentées, des sangles, des cordes et des manivelles mettent en mouvement la trompette / dans une enveloppe noire et sépulcrale. La trompette s’élève puis redescend lentement».
L’exposition au Musée Tinguely présente des objets et des costumes tous provenant d’Où sont les neiges d’antan. Ils sont accompagnés de la projection du film d’une répétition réalisée en 1984 par Andrzej Sapija la veille de la première polonaise au club étudiant Stodola de Varsovie. Des dessins et des croquis de Tadeusz Kantor sont mis en regard avec des documents photographiques : les photos de la première version de la performance de 1979 à Rome réalisées par Romano Martini et les prises de vue de Jacquie Bablet et Caroline Rose de la seconde version de 1982 à Paris. Des affiches d’archive des représentations à Paris et Londres (1982), Genève (1983) et Varsovie (1984) illustrent la tournée du cricotage.
Au travers d’un chant juif, La trompette du Jugement dernier, objet constitutif de la performance de Tadeusz Kantor, ouvre un dialogue avec l’installation Mengele-Danse macabre (1986) de Jean Tinguely autour du motif de la danse macabre. Dans la salle suivante où l’oeuvre de Tinguely est exposée, les bruits d’une tragédie passée retentissent et semblent préfigurer l’activation de la machine de Kantor – une trompette qui annonce la fin imminente. L’oeuvre de Tinguely se compose essentiellement des vestiges d’une ferme incendiée. Une des scènes de la performance de Kantor s’intitule Our Town Is Burning.
Une version pour trompette de cet hymne du ghetto juif écrit par Mordechai Gebirtig en 1936 retentit dans la salle, tandis que la performance de Kantor est projetée sur le mur. Le metteur en scène polonais conjure ainsi l’esprit des événements tragiques de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. Le son de la trompette figure la fin et symbolise dans le même temps le salut à venir à travers le dispositif de mise en mouvement des seaux pour éteindre le feu. Durant la représentation, l’instrument est actionné par le rabbin et son assistant, le petit rabbin. Ces personnages évoquent la communauté juive du petit Schtetl que l’artiste connaissait de son enfance et de sa jeunesse.
Tinguely et Kantor
Jean Tinguely et Tadeusz Kantor se sont rencontrés vers 1960 grâce au collectionneur suédois Theodor Ahrenberg installé à Chexbres en Suisse. Dans leurs ceuvres, ces deux artistes mêlent leurs histoires personnelles à la mémoire culturelle. Leur intérêt commun pour l’art procédural et les médiums hybrides les incite à gommer les frontières entre l’art et la réalité. Sur le plan des idées, leurs ceuvres sont néanmoins très éloignées. Autrefois engagé dans l’art informel, Kantor se détourne de cette tendance et se consacre fortement à l’objet (il réalise en Suisse ses premiers emballages). Il revendique un retour à l’objet dans de nombreux domaines où se manifeste également une contestation de l’informel. Ainsi, Tinguely, Daniel Spoerri, Yves Klein et d’autres fondent le groupe des Nouveaux Réalistes en 1960.Kantor avait une autre approche de ses objets et machines qui devaient avant tout être acteurs de ses performances. Dans les années 1980, l’artiste entreprend de les < animer > à des fins d’exposition et constitue ainsi une extraordinaire collection d’objets pour son musée, la Cricoteka, duquel proviennent la plupart des œuvres exposées ici.
Museum Tinguely I Paul Sacher-Anlage 1 l 4058 Bâle Heures d’ouverture : du mardi au dimanche, de 11h à 18h Site Internet : www.tinguely.ch
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Leonor Antunes a seam, a surface, a hinge, or a knot
L’exposition d’automne de laFondation Beyelerréunit cinq artistes contemporaines : Leonor Antunes, Silvia Bächli, Toba Khedoori, Susan Philipsz et Rachel Whiteread, jusqu’26.1.2020 Vidéo
Ces artistes de renommée internationale exposent pour la première fois ensemble. Plutôt que de présenter une vaste exposition de groupe, l’accent est mis sur des oeuvres exemplaires qui livrent chacune une expérience spécifique de l’espace par des moyens d’expression très divers – à travers des installations sonores, des sculptures, des dessins. Elles évoquent des espaces qui oscillent entre l’identifiable et l’éphémère. Elles créent des lieux de contemplation et de repos, dans lesquels la faculté de réminiscence se libère et où les images et les souvenirs prennent vie.
Longtemps, l’espace en tant que tel n’était pas considéré comme une thématique artistique. Depuis les années 1960, de nouvelles formes d’expression telles que les performances, les installations, les images filmées ont également trouvé leur place dans l’art, faisant ainsi de l’espace un aspect important de la création artistique et érigeant ce dernier au rang d’expérience créative moderne et contemporaine. Le titre de l’exposition s’appuie sur la signification des deux termes anglais resonating et resonance. L’exposition en elle-même, cependant, ne s’intéresse pas à une approche thématique de l’espace ; elle vise plutôt, par le biais des cinq positions, à illustrer des contenus ou situations qui, bien que présents et concrets dans les oeuvres des artistes, sont généralement imperceptibles.
Sons : Susan Philipsz L’artiste écossaise Susan Philipsz (née en 1965) explore les propriétés plastiques du son – principalement en l’intégrant dans un espace ou un environnement concret. Des enregistrements vocaux aussi bien qu’instrumentaux servent de point de départ à ses installations sonores. Susan Philipsz s’inspire de morceaux de musique déjà existants, tels que des chansons pop, des chants folkloriques et des cantiques modernes, qu’elle interprète elle-même de sa voix non travaillée et sans accompagnement. Depuis quelques années, des oeuvres instrumentales constituent également une part importante de son travail artistique ; elle utilise, pour ses créations, des signaux radio, des verres chantants ou des instruments à vent endommagés pendant la guerre. Sur la base d’un travail de recherche intensif, l’artiste noue des liens avec des circonstances historiques ou littéraires spécifiques du lieu d’origine respectif. Par le biais de sons surprenants, en accord avec le lieu, l’attention du visiteur se dirige vers son environnement immédiat, afin que l’expérience soit vécue d’une nouvelle manière.
Traces : Toba Khedoori Toba Khedoori (née en 1964) réalise des dessins de grands formats – et de petits formats depuis quelques années, ainsi que des oeuvres sur toile.
Depuis le milieu des années 1990, l’artiste australienne – qui vit et travaille à Los Angeles – dessine minutieusement des structures architecturales qu’elle dépeint comme des objets individuels ou en série sans contexte donné. Le grand format des bandes de papier recouvertes de cire contraste avec la minutie des dessins. Récemment, cependant, Khedoori a changé d’orientation en ne capturant plus ses objets picturaux de loin, mais de très près. Au-delà des motifs liés à la nature tels que les brindilles, les montagnes ou les nuages, le principe du gros plan s’intensifie dans certaines de ses oeuvres à tel point que les représentations frôlent l’abstraction. Ce que les oeuvres de Khedoori ont en commun, ce sont diverses traces qui pointent vers une réalité extérieure aux images : poussière, cheveux et petites particules de saleté dans la couche de cire, reflets de lumière et ombres insolites, chaque élément assume la fonction de subtiles références au monde extérieur au-delà des associations forgées par Khedoori.
Souvenirs : Rachel Whiteread
Depuis le début des années 1990, l’artiste britannique Rachel Whiteread (née en 1963) donne le jour à une production plastique extraordinaire. Ses sculptures sont réalisées à partir d’empreintes et de moulages d’objets familiers, de structures architecturales ou de corps creux ; leur apparence semble généralement étrange en raison de leur matérialité réduite. Rachel Whiteread donne forme aux espaces négatifs des objets par exemple une bouillotte, une armoire ou une bibliothèque afin de créer des sculptures indépendantes. Les objets individuels font partie intégrante de son travail mais également des moulages impressionnants d’espaces de vie entiers. Ses œuvres se réfèrent toujours à l’absence d’objets originaux et donc à des intérieurs, des espaces et des environnements qui passent généralement inaperçus dans la vie quotidienne. L’œuvre de Susan Whiteread devient ainsi un point de référence pour ses propres souvenirs.
Vides : Silvia Bächli L’œuvre de Silvia Bächli (née en 1956) comprend une variété de dessins, petits et grands formats. Ses premières œuvres, créées au début des années 1980, se caractérisent par des représentations figuratives et abstraites en petit format. Depuis une bonne dizaine d’années, l’artiste suisse se tourne également vers des œuvres plus grandes sur papier, qui s’éloignent de plus en plus des références aux motifs figuratifs. L’accent se situe désormais sur quelques structures linéaires et des coups de pinceau minimalistes, dont la force puise ses racines dans l’équilibre constant entre la surface du papier et le dessin. Dès le début, Bächli présentait ses œuvres comme des groupes transformables sous forme d’installations, couvrant souvent un mur tout entier. L’interaction entre le dessin, le bord de l’image, le support en papier et les murs blancs des salles d’exposition est d’une importance capitale. Au travers de ces vides, se déploie un espace qui implique également le spectateur
sans titre
Métamorphose : Leonor Antunes Dans ses vastes installations, l’artiste portugaiseLeonor Antunes (née en 1972) explore la mutabilité de la sculpture et du langage formel moderne. Depuis la fin des années 1990, l’artiste crée des œuvres in situ dont les formes géométriques et la diversité des matériaux, entre autres le cuir, le nylon et le laiton, sont également caractéristiques de ses œuvres actuelles. Parallèlement à l’exploration de la matérialité et de l’interaction entre la sculpture et l’architecture, Leonor Antunes explore les contextes historiques et sociaux de personnalités issues de l’architecture, du design et de l’art au-delà du canon habituel. Elle reproduit à l’échelle des motifs et des éléments empruntés à des meubles, des textiles et des gravures et les détache de leur fonction originelle.
Perception spatiale et espace sensoriel Les cinq artistes présentées sont singulières à bien des égards : elles vivent non seulement dans des lieux différents à travers le monde, mais également leurs moyens d’expression et leurs approches artistiques, leur centre d’intérêt et leurs contextes de travail se distinguent les uns des autres. Cependant, leurs œuvres ont un point commun puissant : elles illustrent de façon exemplaire un sens de l’espace autour duquel s’articule l’exposition. Les installations, les sculptures et les dessins semblent à première vue discrets, réservés, mais c’est précisément là que réside leur force ; c’est cette distance qui nous permet, pour ainsi dire, de prendre conscience de l’espace
Programmation associée à l’exposition «Resonating
Spaces»
Dimanche 20 octobre 10h00-18h00 Journée familiale «Resonating Spaces»
Mercredi 30 octobre 18h00-19h30
Dimanche 15 décembre 16h00-17h30
Parcours performatif à travers l’exposition
Jeudi 7 novembre 18h30 Lecture d’extraits de lettres de Wislawa Szymborska L’événement est organisé dans le cadre du festival culturel Culturescapes (culturescapes.ch).
Sparks (Étincelles) et Kopiec Bonawentura à la galerie de la Filature de Mulhouse pour l’ouverture de la saison 2019/2020, exposition visible
jusqu’au dimanche 27 oct. 2019
Le titre de la série photographique de Wiktoria Wojciechowska, Sparks (Étincelles), consiste en 72 portraits de quelque 60 personnes
différentes, inspirée de la tradition des portraits militaires.
L’usage est de faire un portrait d’un militaire avant qu’il parte,
le premier et peut-être le dernier…
Ces photographies évoquent les débris brûlants de missiles
transperçant les murs des habitations mais aussi les éclats lumineux
des explosions se reflétant sur les visages ou encore les flashes de
mémoire et réminiscences douloureuses qui habitent l’esprit des victimes.
Surtout, ce titre fait directement allusion à la forme choisie par Wiktoria Wojciechowska pour raconter la guerre en Ukraine, une forme dispersée constituée de différents matériaux collectés :
photographies, films et paroles, éclatés tels des fragments de bombes.
La série Sparks se veut ainsi le portrait multidimensionnel d’une guerre dont on ne parle plus ou peu. Entre 2014 et 2016, elle a travaillé sur la série Sparks, un portrait de la guerre contemporaine s’appuyant sur les histoires personnelles d’individus vivant au milieu du conflit en Ukraine.
The squad of nine killed and eight wounded (Le bataillon de neuf tués et huit blessés)
qui présente un groupe de soldats, dont neuf sur l’image
sont recouverts d’une feuille d’or
Au coeur de la série s’imposent des portraits de jeunes soldats dont Wiktoria Wojciechowska a voulu mettre en lumière le manque d’expérience, la fragilité et la transformation par la guerre.
Non-professionnels, ces soldats, guidés par leur seule conviction, ont quitté leur situation sociale antérieure pour devenir simples humains face à
la peur, face à des sentiments complexes et à des dangers auxquels ils n’étaient pas préparés.
Elle représente dans la vidéo la corde, son demi-frère, adolescent
mais aussi dans un collage, sorte de journal intime, qu’elle voudrait
préserver, protéger.
« Je vis tout près de la frontière de l’Ukraine à Lublin, cette guerre se déroule presque sous nos yeux et elle n’intéresse personne… »
Loin d’une héroïsation de ces jeunes hommes, la photographe révèle à travers ses clichés sensibles leurs failles et leurs doutes.
Elle a proposé à ces jeunes gens tous volontaires pour aller combattre, de raconter leur engagement, dire ce qu’ils ont vécu et ressenti. Au cours d’entretiens individuels d’une heure environ, elle a conversé avec eux tout en les filmant et en déclenchant parfois une prise de vue.
De véritables images caravagesques, qui reflètent tout le tragique de
la situation.
D’autres images de la série montrent les ruines laissées par les combats, stigmates d’une guerre menée avec des armes modernes : ponts détruits,
tranchée creusée dans un paysage désolé, façades criblées… Chaque photographie de la série témoigne du positionnement choisi par Wiktoria Wojciechowska pour rendre compte du conflit ukrainien : un angle qui ne soit pas celui du photojournalisme mais qui privilégie plutôt un
regard oblique sur la guerre.
Née en 1991 à Lublin en Pologne, Wiktoria Wojciechowska vit et travaille
à Paris et Lublin.
Diplômée de l’Académie des beaux-arts de Varsovie, Wiktoria Wojciechowska a obtenu en 2015 l’Oskar Barnack Leica
Newcomer Award. www.wiktoriawojciechowska.com
Le projet Kopiec Bonawentura puise son origine dans une citation
d’Alfred Jarry tirée d’Ubu Roi :
« Quant à l’action, elle se passe en Pologne, c’est-à-dire nulle part ».
Et si la Pologne existait en plusieurs lieux à la fois ?
Lucas Olivet propose une réponse imaginaire et transnationale qu’il
situe en Pologne et dans les terres d’exil de sa diaspora, communément
appelées Polonia. Cette diversité de lieux dessine une cartographie mentale où les détails vivants et intimes du quotidien peuvent croiser la route du
surnaturel.
Pour cela, Lucas Olivet s’est laissé guider par une légende polonaise, celle d’Andrzej Tadeusz Bonawentura Kosciuszko.
Les historiens l’appellent
« le dernier chevalier» ou « le premier citoyen du monde ».
Son destin héroïque illustre la cause commune des nations sujettes aux déplacements de leurs frontières. Le titre de l’exposition, Kopiec Bonawentura, est emprunté au nom du tertre
construit en sa mémoire sur les hauteurs de Cracovie.
Né en 1985, Lucas Olivet vit et travaille à Genève.
Diplômé de l’école de Photographie de Vevey, sa démarche explore les thèmes de la mémoire, de la perte et du désir à travers sa vie, mais aussi
dans un contexte historique et culturel plus vaste.
Représenté par le galeriste Jörg Brockmann, son travail a été publié et exposé internationalement, plus récemment aux Rencontres d’Arles,
Paris Photo et Unseen Amsterdam. Lauréat d’un Swiss Pho¬to
Award en 2014 et 2016, du prix Fotofilmic (CA) 2014 entre autres récompenses, ses photographies appartiennent à différentes collections privées et publiques dont la Lambert Art Collection (LAC). Kopiec Bonawentura est sa première monographie parue chez Kerber Verlag en 2018.
Photo de Tadeusz Kantor que vous pouvez retrouver au musée Tinguely
à partir du 9 octobre 2019
Cette série a été finaliste du Prix Dorothea Lange-Paul Taylor du
Center for Documentary Studies de la Duke University
en 2017. Medicine Tree est un projet inédit exposé pour la première fois cet automne à la Biennale de la Photographie à Genève.
l u c a s o l i v e t www.lucasolivet.ch
ho r a i r e s d ’ouv e r t u r e d e l a G a l e r i e ( e n t r é e l i b r e )
du mardi au samedi 11h-18h30 + dimanche 14h-18h (excepté en sept.) + les soirs de spectacles
L a F i l a t u r e , S c è ne n a t i on a l e – Mu l hou s e
20 allée Nathan Katz 68100 Mulhouse / 03 89 36 28 28 / www.lafilature.org
Highland Titles a été fondée en 2006 par le Dr Peter Bevis, membre de la Société zoologique de Londres, et par sa fille Laura. Ils ont commencé en vendant des parcelles de leurs terres familiales afin de financer la plantation de nouveaux arbres. La mission visait simplement à restaurer la terre dévastée par des siècles d’agriculture et de sylviculture commerciale.
L’idée a beaucoup plu et la société est vite devenue en mesure d’acheter un terrain plus vaste permettant d’augmenter l’étendue du projet. Aujourd’hui, Highland Titles possède et gère deux réserves naturelles dans les magnifiques highlands écossaises et ils remercient les milliers de sympathisants d’avoir rendu cela possible.
Ouverte en 2007, la première réserve naturelle Highland Titles est constituée de plusieurs milliers de parcelles soutenues par une communauté internationale de Lairds. Cette terre peut se visiter librement, avec ou sans achat d’une parcelle. Située proche du Glencoe historique, la réserve est l’une des deux réserves de Highland Titles, une attraction touristique vedette 4 étoiles bien établie.
Toute personne qui achète une parcelle Highland Titles devient Laird, Lord ou Lady of Glencoe, même pour l’achat d’une parcelle d’1 pied carré. Devenir un Laird, Lord ou Lady est plus intéressant qu’il n’y parait car avec le titre stylisé vient le style de vie. Le titre de courtoisie ne doit pas être confondu avec un titre de noblesse, lequel est conféré par la Reine sur l’avis de ses ministres. « Laird » n’a jamais été et ne sera jamais un titre de noblesse.
La réserve naturelle de Mountain View Seconde réserve de Highland Titles, rendue possible grâce au soutien permanent des lairds. La réserve de Mountain View, ouverte par Highland Titlesen 2014, qui abrite aussi Bumblebee Haven, surplombe le majestueux Loch Loyne. Connu par les pêcheurs comme l’un des meilleurs lacs à brochets des Highlands, les lairds bénéficient du privilège d’explorer la région et de pêcher dans le loch dès lors qu’ils viennent en visite.
Les Lairds, Lords et Ladies ayant acquis le droit de propriété des parcelles dans ce domaine (les parcelles de plus d’1 pied carré se situent à MountainView) peuvent choisir de se faire appeler Laird, Lord ou Lady de Lochaber, nom de la région où se trouve Mountain View. vidéo ici
La déesse du Soleil Amaterasu sortant de la grotte Kazu Huggler (née en 1969) 2019 Installation
Jusqu’au 22 septembre 2019 au musée Rietberg de Zurich commissaire, Albert Lutz, directeur du Musée depuis 1998
« Miroirs, personne, jamais encore, n’a décrit sciemment ce que vous êtes dans votre essence » Rilke, Sonnets à Orphée, II , 3.
Intitulée Eternity now, œuvre de la plasticienne helvète Sylvie Fleury, est un immense rétroviseur posé sur la pelouse qui permet une saisissante vision de la Villa Wesendonck et de son parc, où est installé le Museum Rietberg, qui débute l’exposition à l’extérieur.
L’exposition commence à l’intérieur, inévitablement par le mythe antique de Narcisse. L’histoire de ce jeune homme qui tombe amoureux de son reflet dans l’eau, mais qui, prenant conscience que cet amour est vain et dépérissant de jour en jour, finit par mourir de désespoir, a enflammé l’imagination des créateurs pendant des siècles: le mythe de Narcisse est un thème récurrent dans la littérature, la philosophie, l’art et la psychologie, à chaque fois qu’il est question d’un amour immodéré de sa propre personne, de la vie et de la mort et de l’estime de soi. marbre de John Gibson
« De quoi ai-je l’air aujourd’hui? Qu’est-ce que me dit mon visage? »
Jour après jour, le miroir est l’instance qui nous permet de vérifier notre aspect et de capter notre état d’âme. Il nous accompagne durant toute notre vie, et nous entretenons avec lui une relation intime, même si elle est parfois machinale et distanciée, aimée ou haïe. Mais au fait, que savons-nous de lui, de son histoire et de son utilisation, et que raconte le miroir sur nous-même?
Cette exposition est la plus vaste jamais présentée sur l’histoire culturelle du miroir, qui s’étend sur plusieurs millénaires. Que ce soit dans l’Egypte ancienne, chez les Mayas du Mexique, au Japon ou en Italie, plus précisément à Venise, mais aussi dans l’art et les films actuels – d’un bout à l’autre de la planète, des miroirs ont été fabriqués dans toutes sortes de civilisations et se sont vus attribuer des significations et des pouvoirs particuliers.
A l’aide de 220 oeuvres d’art provenant de 95 musées et collections du monde entier, l’exposition met en lumière l’évolution artisanale et technologique mouvementée ainsi que la portée culturelle et sociale de cet intermédiaire qui nous renvoie notre propre reflet. Il est question du miroir en tant qu’artefact, mais aussi de connaissance de soi, d’orgueil et de sagesse, de beauté, de mystique et de magie, ainsi que du miroir de notre époque – le « #selfie ».
Florence Henri Sur le net, sous tous les hashtags possibles, on peut voir des millions de selfies pris à bout de bras. Si l’on saisit « miroir et selfie » dans un moteur de recherche, on se retrouve en face de photos de femmes et d’hommes qui prennent la pose dans le lieu le plus intime de leur vie privée, la salle de bains, et divulguent ces images dans le monde entier sous le mot-dièse #bathroomselfie.
Sur la voie de la connaissance de soi Les nouveau-nés et les nourrissons s’intéressent déjà très tôt aux visages. Le visage de la mère, sa première personne de référence, est pour l’enfant son « premier miroir ». Tous deux s’imitent mutuellement, chacun reflétant les traits du visage et les émotions de l’autre. Dans un premier temps, les tout-petits interagissent avec leur reflet comme ils le feraient avec un vis-à-vis « inconnu ». Ce n’est qu’à peu près à l’âge de 18 mois que les enfants se reconnaissent eux-mêmes dans le miroir. Peu à peu, ils développent également la faculté de prise de conscience de soi en tant qu’objet et de réflexion à ce sujet. Le philosophe grec Socrate ne recommandait-il pas à ses élèves de se regarder dans un miroir pour méditer sur la beauté et la fugacité et cultiver leur propre âme…
CHANGEMENT D’IDENTITÉ Je est un autre Dans la célèbre formule d’Arthur Rimbaud – Je est un autre –, le poète se considère comme un voyant, qui se transcende lui-même et qui, s’affranchissant de sa propre personnalité, devient un autre, et pénètre ainsi dans les domaines inconnus de l’imagination. .Miroir-lièvre (Hasenspiegel) Cette oeuvre de Markus Raetz se réfère à une action de l’artiste allemand Joseph Beuys réalisée en 1965 et intitulée: Wie man dem toten Hasen die Bilder erklärt («Comment expliquer la peinture à un lièvre mort»). La silhouette du lièvre réalisée en fil de fer reflétée dans le miroir devient celle de quelqu’un d’autre – le profil de Joseph Beuys.
L’exposition montre des oeuvres de vingt artistes, dont des photographes, provenant de quatre continents, sur le thème de l’« autoportrait » – des années 1920 à aujourd’hui. Cette série comprend des photographies de Claude Cahun et de Florence Henri, de Cindy Sherman et Nan Goldin, jusqu’à Amalia Ulman et Zanele Muholi, des vidéos de Bill Viola, d’Albert Lutz. Des extraits de films – des monologues d’hommes se parlant devant le miroir ou des cowboys tirant dans un miroir – constituent un programme contrasté à la fois savoureux et qui mérite réflexion.
de Niro
Ce tour du monde à travers l’histoire du miroir auquel nous invite l’exposition commence par un miroir en bronze égyptien du XIXe s. av. J.-C., que, selon l’inscription, un père avait fait fabriquer pour sa fille « afin qu’elle puisse y regarder son visage ». Elle nous conduit en Grèce et en Italie, plus précisément à Rome, chez les Etrusques, les Celtes, puis en Asie, en Iran, en Inde, en Chine et au Japon. Des pièces singulières provenant du Museo Nacional de Antropología de Mexico laissent deviner le pouvoir numineux des miroirs chez les Mayas et les Aztèques. Quant aux miroirs grecs, romains ou étrusques, leur revers est orné de représentations artistiques de femmes se baignant ou se coiffant. L’exposition montre à ce sujet des chefs-d’oeuvre du Louvre, à Paris, et du Metropolitan Museum de New York.
Magie et mysticisme Le miroir peut aussi être obscur et mystérieux. Dans de nombreux genres cinématographiques, les metteurs en scène ont recours à des miroirs pour annoncer l’avenir ou dévoiler le passé; parfois, la mort rôde derrière le miroir, il rend visible l’invisible. L’art du surréalisme, de Salvador Dali à Paul Delvaux, utilise le miroir pour suggérer des phénomènes insondables, incompréhensibles ou secrets. L’exposition présente aussi un incroyable costume de chaman, le plus vieil exemple au monde, provenant de Sibérie auquel sont suspendus des miroirs en laiton. Le parcours se termin avec l’histoire d’Alice traversant le miroir, illustrée par une oeuvre majeure de Michelangelo Pistoletto.(ci-dessus)
Interaction Des extraits de certaines des scènes les plus célèbres de l’histoire du cinéma où le miroir joue un rôle sont présentés dans une vaste projection : l’entrée dans le monde des Enfers, tirée du film Orphée de Jean Cocteau, le final grandiose de La Dame de Shanghai d’Orson Welles, la scène du peep-show de Paris Texas de Wim Wenders ou quelques autres tirées de In the Mood for Love; de Wong Kar-Wai.
Le narcisse suisse clôture l’exposition que l’on quitte avec regret, tant elle est intelligente, riche en découvertes.
Musée Rietberg Les arts du monde à Zurich Gablerstrasse 15 8002 Zurich Suisse