De mains et d’yeux au musée Unterlinden

Jusqu’au 22 juin 2020
commissaire : Frédérique Goerig-Hergott, conservatrice en chef, collections d’art moderne et contemporain au Musée Unterlinden

Conçue comme une rencontre entre art et science, l’exposition
De mains et d’yeux est née d’une collaboration entre
le Musée Unterlinden et le programme scientifique
« Création, cognition, société » de l’Université Paris Sciences et Lettres, développée dans le cadre de la #restauration du Retable d’Issenheim entreprise depuis 2018.

L’équipe de chercheurs étudie la manière dont le regard des visiteurs est guidé par les formes, les couleurs et la lumière des panneaux peints de Grünewald et dans quelle mesure ce regard est modifié par les changements résultant de sa restauration. Pour enregistrer les mouvements des yeux et donc l’attention visuelle, les chercheurs utilisent un ensemble de techniques dites eye tracking (oculométrie en français) et un outil, l’eye tracker (oculomètre). Celui-ci enregistre les mouvements des yeux capturés par des caméras et envoie ces informations à un logiciel qui en extrait avec une grande précision les tracés. Il permet ainsi de connaître la manière dont nous regardons un tableau et de repérer les éléments qui accrochent le plus fortement le regard.

Dans ce contexte, l’exposition du travail de Michel Paysant constitue l’indispensable pendant artistique à cette démarche scientifique.
Son titre, De mains et d’yeux, est à prendre à la lettre, les dessins ayant été dessinés par les yeux de l’artiste grâce à cet outil, l’oculomètre. Les mouvements des yeux de l’artiste, tel un crayon, tracent les lignes et les formes des œuvres. L’enregistrement de son regard porté sur les panneaux du Retable d’Issenheim et sur la tapisserie Guernica, ou plus précisément la transcription des lignes des déplacements et des points de fixation de ses yeux face à l’œuvre, donne naissance à une nouvelle interprétation de l’œuvre originale.

1er lieu de l’exposition : la tribune, 1er étage du Cloître
L’atelier de [M] DENKRAUM

Inspirée librement du Retable d’Issenheim, de la vie de Grünewald et de l’inventaire après décès de ses biens établit en octobre 1528, cette installation propose une version contemporaine de l’atelier du Maître. L’installation évoque l’univers de l’atelier, l’envers fictionnel et théâtralisé de sa peinture, les coulisses de sa pensée. La définition du lieu Lieu de création et de vie, l’installation rappelle autant un cabinet de dessin qu’une cellule de moine, une chambre de dispensaire ou un jardin de méditation. Au sein de la tribune de la chapelle, l’aménagement de l’installation en fait un endroit où l’on peut s’immerger, se ressourcer, être à l’écoute. Halte, étape ou simple respiration dans la visite du musée, il fournit au visiteur un havre de paix, un lieu d’accueil et d’hospitalité à l’image de la mémoire des lieux. L’évocation, l’atmosphère Exposée en regard du Retable d’Issenheim, l’installation crée une atmosphère étrange de tourment et de quiétude, de feu et de froid, de sang et de larmes, d’interrogations et d’espoir. Le lieu imaginé par l’artiste est un espace « en suspens » qui ouvre sur l’infini des interprétations.

Redonner à voir Les objets créés, qu’ils soient liés au dessin, au songe, à la rêverie, au corps, à la botanique et à l’art du jardinage, sont mis en espace afin de permettre aux visiteurs de se recueillir et de leur fournir un point de vue différent, intérieur et sensible, sur le chef-d’œuvre de Grünewald.

Œuvres exposées dans la tribune Le grand dessin (Das große Bild) Impression numérique sur papier Hahne Mühle Ce dessin monumental est extrait des Carnets des Regards de Michel Paysant. La ligne est générée par le mouvement des yeux enregistré sur un détail du Retable d’Issenheim : les mains de la Vierge dans le panneau de la Crucifixion.

L’atelier [M] Le jardin des larmes de verre en goutte de rosée (Der Garten der Glass Tränen)

Produite au Centre International d’art verrier (CIAV) de Meisenthal, cette œuvre est constituée de deux séries : – 189 mains en verre réalisées au chalumeau reproduisant, en langage des signes, un court extrait des notes de Michel Paysant sur le Retable d’Issenheim :

« Ici tout n’est que dialogues de mains et d’yeux Passants Comme il est profond de laisser une trace sur le sable et sur l’eau De remuer ciel et terre Comme en un souffle Ligne d’erre et de larmes Pour dire l’indicible Dessiner l’invisible » – 28 mains, interprétation des mains dans les panneaux de Grünewald.

La maison-inventaire
Un « inventaire » (Das Inventar) de divers objets « réversibles » : outils et accessoires d’artiste-botaniste inspirés librement de l’inventaire après décès de Grünewald. À la fois fictionnels et fonctionnels, ces objets évoquent tous l’art de peindre et l’art de cultiver son jardin.

2e lieu de l’exposition : la galerie

Michel Paysant
Voir la guerre les yeux retournés (Guernica revisited)
Michel Paysant a réalisé des dessins en eye tracking sur une autre œuvre majeure de la collection du musée : la tapisserie Guernica réalisée par Jacqueline de la Baume-Dürrbach en 1976 d’après le chef-d’œuvre de Picasso. Tout comme l’étude sur Grünewald, il s’agit ici d’une copie du regard, une production immatérielle qui a pour but de « redonner à voir » et de questionner l’art par la science.

À la différence des dessins créés à partir du Retable d’Issenheim, il s’agit ici d’un regard qui crée à partir de deux autres : celui porté par Jacqueline de la BaumeDürrbach sur l’œuvre de Picasso et celui de l’œuvre originale gardée en mémoire par Michel Paysant.
Pourtant ces deux modèles, celui de la tapisserie et celui de la mémoire, ne se combattent pas, mais se fondent l’un dans l’autre. En témoigne le fait que l’œil dessine en une ligne continue, comme en un souffle.

Opening night
13.03.20

Concert – Performance musicale « Guernica » par Nocto

En réponse au film de l’artiste Michel Paysant, Guernica, Nocto propose une pièce ambiante faite de lignes et d’improvisations.
Horaire 20h
Entrée libre
Lieu Piscine – Entrée par le bâtiment des Bains
Cette performance musicale est aussi proposée 26/04 à 15h
Tarif : Accès libre pour les visiteurs du musée

Discussion avec un médiateur autour des dessins de Guernica de Michel Paysant

Horaires de 19h à 22h
Entrée libre
Lieu salle d’exposition, Ackerhof – Entrée par le bâtiment des Bains

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.