« Oui j’aime dialoguer avec l’histoire, et jouer avec elle » Steve Roden Quand tout s’éparpille, il faut rassembler les pièces… différemment
C’est dans un immense cabinet de curiosités
que l’on accède, en pénétrant dans l’espace
blanc de la Kunsthalle de mulhouse.
Dans son univers poétique, Steve Roden développe
depuis des années une oeuvre qui se déploie sous
des formes multiples et qui entrent en résonance,
que ce soit sous la forme de séries ou non.
Il aime ce mot de résonance, l’idée que les choses se
font écho. Il y a au début une étincelle, une idée,
un objet ou une histoire, il a l’impression de collaborer
avec quelque chose. Son travail commence généralement
par quelque chose de très simple, par exemple un caillou
qu’il a gardé dans la poche de son pantalon, et quand il se
promène, sa main le rencontre sans cesse.
Ce caillou se modifie, parce que bien qu’il soit avec lui et
qu’il le sent, il ne peut pas le voir, et quand il marche
ses doigts le touchent, l’enserrent, et du coup il devient
plus qu’un caillou, quelque chose comme un talisman
ou un objet esthétique porteur de sens.
Cela dure tant qu’il l’a sur lui.
Il aime dialoguer avec les objets, et l’idée de résonance,
que les choses au départ soient des graines,
et qu’elles aient toutes l’air de venir du même jardin.
Il se souvient d’avoir vu l’artiste sonore Akio Suzuki
utiliser une pierre avec des petites encoches
et il produisait du son avec, comme un ocarina.
Ce qui est très intéressant à ses yeux, c’est qu’un jour
on lui vola sa pierre, et parce que Akio Suzuki est un
artiste et une personne formidable, il n’avait plus besoin
de sa pierre, puisqu’elle était devenue une partie de lui-même.
Bien qu’elle ait disparu, sa poussière ou ce qu’il en reste
résonne toujours. Cette idée d’écho est donc importante,
il ne reste que l’ombre de quelque chose (ce qui de toute
façon est bien mieux que voir l’ensemble), il y a du
sens à relier les choses par un fil, comme lorsqu’on voit
quelqu’un étendre du linge au soleil sur une corde.
La question du texte est centrale dans son travail.
Des écrits théoriques, des textes poétiques
ou encore des fragments de textes empruntés
prennent place dans ses oeuvres sous forme de collages,
de livres d’artiste, d’impressions diverses…
Il n’est pas seulement un créateur, il aime aussi entendre
des histoires, des idées, découvrir les oeuvres et les pensées
d’autres artistes.
Quand il était jeune, à l’école, il n’aimait ni écrire ni lire,
il préférait dessiner.
Il est venu en France dans le cadre d’un programme et
il ne parlait pas français, donc il ne pouvait pas communiquer
il s’est retrouvé complètement isolé…
Il est entré dans une librairie et il a acheté
un exemplaire de « Berlin Alexanderplatz » d’Alfred Doblin.
Il avait vu le film de Fassbinder un soir tard à la télé et
le livre comme le film l’ont laissé bouche bée.
et il a découvert tous ces écrivains, Thomas Mann,
Elias Canetti, Rainer Maria Rilke.
L’acte d’écrire pour lui est devenu si riche ;
s’immerger dans les mots, jouer avec les mots, les
décomposer, regarder ce qu’ils ont dans le ventre, comment
ils peuvent se comporter différemment, faire les choses de
travers juste pour voir ce qui arrive. Faire des choses est un
dialogue tellement formidable, qu’on peut
les construire de nombreuses façons différentes…
Il aime dialoguer avec l’histoire, et jouer avec elle.
Des figures tutélaires inspiratrices il cite dans certaines
de ses oeuvres, celles de Robert Morris, Walter Benjamin,
Georges Perec et bien d’autres…
Elles nourrissent-elles son travail.
Comme le montre l’exemple de Rilke et de ses « petits
riens », l’influence des autres est importante, pas seulement
leurs oeuvres mais aussi leurs pratiques et leurs idées.
C’est une affaire de partage. « Je ne vole les idées de personne, j’essaie de saisir leurs conversations et de les faire avancer » Steve Roden Kunstprojection Jeudi 12 octobre 18:30 Une sélection de films expérimentaux issus
de la collection de l’Espace multimédia gantner
est présentée en écho à l’exposition.
En partenariat avec l’Espace multimédia gantner Entrée libre Kunstdéjeuner Vendredi 13 octobre à 12:15
Visite à thème « Questions obliques »
suivie d’un déjeuner*
Sous la forme d’un jeu, les cartes de Questions
obliques interrogent, de manière parfois surprenante
et décalée, le visiteur sur sa perception de l’exposition. Gratuit, sur inscription
*repas tiré du sac Kunstkids
Du lundi 23 au vendredi 27 octobre
14:00 – 16:00
Atelier à la semaine, pour les 6-12 ans Activité gratuite, sur inscription Soiree Performances
Mercredi 8 novembre, 20:00 – 22:00
Écrire l’art de Christophe Manon, auteur poète
Concert de Mathilde Sauzet Et autres lectures
Dans le cadre du colloque
« Expanded translation 2 » –
Traduction intersémiotique Entrée libre Visites guidées Tous les dimanches 15:00 Entrée libre
Renseignements & inscriptions :
03 69 77 66 47 – kunsthalle@mulhouse.fr
Partager la publication "Steve Roden à la Kunsthalle"
Totem, vibrations chamaniques, installation vidéo de Robert Cahen réalisée pour le lieu, sera exposée dans
le hall de la Fonderie à Mulhouse du 14 mars au 1er avril2017.
Mulhouse Art Contemporain présente, dans le cadre du week-end de l’art contemporain, du 17 au 19 mars 2017 une œuvre de l’artiste vidéo Robert Cahen.
L’association poursuit en cela son objectif principal
qui consiste à faire partager à tous les publics
la découverte des expressions multiples
de l’art contemporain, dont la vidéo est devenue,
ces dernières décennies, un des modes majeurs.
Dans cette discipline, il apparaît pertinent
d’offrir à Robert Cahen, l’un des représentants
majeurs y compris au plan international, de cette
écriture créative, une visibilité dans
sa propre ville.
Le choix du lieu, la Fonderie, la collaboration
avec La Kunsthalle, l’intégration de cette proposition
au week-end de l’art contemporain, illustrent
cette volonté de diffusion et de promotion de l’art
contemporain dans l’espace public mulhousien. Vernissage-rencontre : mardi 14 mars à 18h00
Laissez parler – Les p’tits pa-piers À l’occasion – Papier chiffon Puiss’nt-ils un jour – Papier buvard Vous consoler – Laissez brûler Les p’tits papiers – Papier de riz Ou d’Arménie Qu’un soir ils puiss’nt – Papier maïs Vous réchauffer On pourrait continuer à l’envi la chanson de Régine, tant elle s’adapte au travail imaginatif
de l’artiste :
Ane Mette HOL.
Une proposition de Sandrine Wymann jusqu’au 30 avril 2017
in the echoes of my room est le titre de la première
exposition solo de l’artiste norvégienne Ane Mette Hol dans un centre d’art français. Elle dévoile un ensemble d’oeuvres en partie produites
et exposées pour la première fois à La Kunsthalle.
Ane Mette Hol investit par le dessin la relation
de l’original à la reproduction.
Aucun support papier n’échappe
à son travail de précision et de patience : le papier kraft,
la photocopie, le papier de soie, le carton nu ou imprimé… À la manière du copiste, elle reproduit la texture
et la matérialité de chacun de ses sujets au point
d’obtenir des facsimilés qu’elle confond dans
ses installations avec des décors bruts et sans artifices.
L’artiste s’intéresse à des objets, souvent simples
et issus du quotidien qui ont pour point commun
une histoire de papier, d’impression ou de marquage.
Elle observe et retient ces objets apparemment dépourvus d’intérêts, elle les révèle par la force
et l’incroyable virtuosité de son dessin.
Elle a redessiné l’empreinte de ses doigts sur la pellicule
projetée ci-dessous :
Ane Mette Hol est née en 1979 à Bodø et
vit et travaille à Oslo. Elle a fait ses études à
l’Académie Nationale des Arts
d’Oslo puis au Collège des Arts des métiers
et du design de Stockholm, de 2001-2006.
Son travail a été présenté maintes fois en Norvège
et à l’étranger, et récemment à la Städtische Galerie
de Delmenhorst, à la galerie Franz- Josefs Kai de
Vienne, à la galerie Taxispalais d’Innsbruck.
Ses oeuvres ont rejoint la collection du Centre Georges
Pompidou de Paris.
En 2016, elle a fait partie du programme de résidences
de Wiels à Bruxelles.
www.anemettehol.com
L’exposition bénéficie du généreux soutien
de l’ambassade de Norvège. L’exposition est accompagnée d’une kyrielle de rendez-vous, des conférences, des performances. A consulter ici
jusqu’au 17 janvier à la Kunsthalle de Mulhouse
Sans titre est une exposition qui n’a ni titre ni thème. Une exposition qui montre les oeuvres, rien que les oeuvres de cinq artistes. Ni plus, ni moins. Inutile de chercher un fil conducteur, un sens caché, rien de tel n’a guidé le choix de ces artistes. Ils sont là pour la seule et la meilleure des raisons que l’envie de mieux les rencontrer, de montrer leur travail et le partager, le temps d’une Régionale. Ils viennent de la « Regio » Hösl & Mihaljevic (DE), Jeannice Keller (CH), Maja Rieder (CH)
et Silvi Simon (FR) Hösl & Mihaljevic (DE) Stefan Hösl est né en 1956 à Bonndorf en Forêt-Noire (DE), il vit et travaille à Fribourg. Andrea Mihaljevic est née en 1956 à Constance (DE), elle vit et travaille à Fribourg.
Depuis 2002, Stefan Hösl & Andrea Mihaljevic collaborent ensemble sous le nom de Hösl & Mihaljevic.
Le travail d’Hösl & Mihaljevic est traversé par l’image en mouvement et l’architecture. Héritiers d’un regard constructiviste, ils n’hésitent pas à l’enrichir d’une belle part d’humanité. Leurs interventions sont souvent liées à des espaces rencontrés ou occupés qu’ils déplacent dans les lieux d’exposition. Jeannice Keller (CH)
Née en 1975 à Appenzell (CH), elle vit et travaille à Bâle et Paris.
Les sculptures de Jeannice Keller se déploient dans des espaces qu’elles occupent
sur le mode du dialogue. À partir de tissus et de tasseaux, elle construit des installations
de lignes strictes et de plans souples qui défient et soulignent les architectures
investies, leurs qualités mais aussi leurs failles. Maja Rieder (Ch)
Née en 1979 à Kestenholz, canton de Soleure (CH), elle vit et travaille à Bâle.
Maja Rieder travaille sur papier. Que ce soit avec du graphite ou
de la peinture, sur des surfaces morcelées, multiples, pliées, petites ou
grandes, posées au mur ou au sol, elle compose avec et sur le papier.
Toutes ses oeuvres répondent plastiquement à la générosité et à
la richesse de ce support. Silvi Simon (FR)
Née en 1970 à Livry-Gargan (FR), elle vit et travaille à Strasbourg.
Dont vous avez pu voir le travail à la galerie Iffrig à ST-ART
La lumière est la matière de Silvi Simon, elle est aussi son outil. Que ce soit dans des installations ou dans des photos, qu’elle appelle « chimigrammes », c’est en jouant, déjouant, façonnant voire capturant la lumière qu’elle modèle des espaces et crée des images à fort pouvoir d’attraction.
Installation réalisée lors d’une résidence en milieu scolaire au lycée Lumière-Beauregard de Luxeuil-les-Bains, avec le soutien de la DRAC Franche Comté.
Co-production La Grosse Entreprise, dans le cadre du projet LUX ! Année internationale de la lumière.
Remerciements à Jean-Charles Beugnot, chercheur CNRS à l’institut FEMTO-ST, Besançon. LES RENDEZ-VOUS Kunstapéro : le jeudi 7 janvier à 18h00
Des oeuvres et des vins à découvrir : visite guidée suivie d’une dégustation de vins, en partenariat avec
l’association Mulhouse Art Contemporain et la Fédération Culturelle des Vins de France.
Participation de 5 euros / personne, inscription au 03 69 77 66 47 / kunsthalle@mulhouse.fr Kunstdéjeuner : vendredi 11 décembre à 12h15
Visite à thème « Questions obliques » suivie d’un déjeuner*
Sous la forme d’un jeu, les cartes de Questions obliques interrogent, de manière parfois surprenante et décalée, le visiteur sur sa perception de l’exposition. En partenariat avec l’Université Populaire.
Gratuit, sur inscription au 03 69 77 66 47 / kunsthalle@mulhouse.fr
*repas tiré du sac Rendez-vous famille : dimanche 10 janvier à 15h00
Une visite / atelier est proposée aux enfants et à leurs parents.
A partir de 6 ans
Gratuit, sur inscription au 03 69 77 66 47 / kunsthalle@mulhouse.fr Bus tour : dimanches 13 et 20 décembre
Plusieurs circuits en bus sont proposés au départ de Bâle, Strasbourg et Fribourg.
Dimanche 13 décembre, possibilité de visiter l’exposition « Sans titre » de La Kunsthalle
au départ de Fribourg – Konzerthaus rdv à 10h00.
Payant, réservation en ligne www.reservix.de – mot clé : Regionale
Tickets : CHF 25.- \ EUR 20.-
Informations sur www. regionale@gmx.ch Dimanche 13 décembre au départ de Fribourg
10:00 Départ de Fribourg, Konzerthaus
11.00 Städt. Galerie Stapflehus, Weil am Rhein
12.00 Kunst Raum Riehen
13.30 Projektraum M54, Bâle
15:00 La Kunsthalle Mulhouse
16.00 La Filature, Mulhouse
17:00 Retour
18:00 Arrivée à Fribourg Possibilité de prendre le bus en cours de route
Pour construire votre visite / parcours au sein de l’exposition : Emilie George / Chargée des publics emilie.george@mulhouse.fr
+33 (0)3 69 77 66 47
Éventail des visites à thème téléchargeable sur www.kunsthallemulhouse.com
À l’attention des familles et du jeune public en visite autonome :
les Ateliers Pédagogiques d’Arts Plastiques du
Pôle Education et Enfance de la Ville de Mulhouse proposent un carnet de visite disponible à l’accueil.
Une proposition de Sandrine Wymann – directrice de la Kunsthalle. Projets pour une Possible Littérature
C’est après avoir était perturbée et émue par le travail de Jorge Méndez Blake, découvert à la Biennale d’Istambul 2013, qu’elle décida de l’inviter à la Kunsthalle de Mulhouse, pour une exposition monographique.
Sandrine Wymann : je suis tombée dans l’espace principal de ce grand hall, d’emblée face à un grand mur, presque bloguée par un mur de briques, qui semblait tout à fait banal. Je me suis rendue compte que le mur n’était pas tout à fait droit, qu’il comportait en son milieu une ondulation, en y regardant de plus près, on voyait posé au sol, à l’endroit exact de la courbure un petit livre. C’est ce petit livre qui, couches de briques après couches de briques, qui générait cette ondulation et qui modifiait le forme générale de ce mur. Emue par l’idée qu’un petit livre de poche, de surcroît, était en mesure de perturber cette immense construction, qui bloquait le regard, qu’il suffisait à tout remettre en question.
Ne pose t’on pas souvent cette question dans les émissions littéraires : » quel est le livre qui a changé votre vie ? » Là il s’agissait du « Château » de Franz Kafka, livre inachevé. »
La notion d’inachevé est très présente dans le travail de Jorge Méndez Blake,
qui nous donne à réfléchir de manière différente. Le grand mur est remplacé
par une série d’installations très géométriques, posées sur des socles,
des mises en abîme, architecturées, chacune ayant une spécificité précise,
littéraires et poétiques. Projets pour une Possible Littérature est la première exposition de Jorge Méndez Blake dans un centre d’art français.
Artiste mexicain, né en 1974, il vit à Guadalajara et appartient à une génération d’artistes sud-américains aujourd’hui extrêmement présente sur la scène internationale.
Par le dessin, l’installation ou des interventions environnementales, Jorge Méndez Blake rapproche la littérature de l’art. Dans son travail, les textes font sens et ce sens, il le traduit en formes ou en images. Il l’amplifie dans un langage conceptuel savamment construit et s’implique dans des jeux de réécritures. Aussi bien dans ses installations monumentales que dans ses gestes les plus simples, il installe dans ses oeuvres un rapport physique entre les écrits choisis et le lecteur devenu spectateur.
Son travail crée de nouvelles connexions entre littérature et architecture. Ses oeuvres élargissent les lectures possibles entre auteurs, textes et architecture en les plaçant dans de nouveaux contextes.
Jorge Méndez Blake a envisagé l’exposition à La Kunsthalle, comme l’occasion de revenir sur certaines pièces déjà existantes, mais aussi d’en produire de nombreuses nouvelles. Il organise une présentation qui, de manière presque encyclopédique, décline et rassemble les bâtiments, les livres, les maquettes et d’autres constructions ; soit un assemblage très complet des éléments formels constitutifs de son oeuvre.
Le résultat est un ensemble de petites propositions toutes porteuses d’un projet pour une possible littérature.
SW – Je ne pensais pas aux « scènes » dans le sens d’espace de jeu mais plutôt d’espaces dans lesquels des éléments – figuratifs ou abstraits – sont rassemblés pour stimuler une pensée, la tienne ou la nôtre… de la même manière que tu apprécies les auteurs qui installent des scènes et permettent un prolongement de leur pensée. Cela m’amène à t’interroger sur l’utilisation des tables comme supports. Quelle place leur attribues-tu dans tes installations ? JMB – Les objets sont liés aux lieux dans lesquels ils sont exposés, notre perception change selon qu’on place quelque chose sur une surface solide blanche ou sur une table. La table en fait davantage un accessoire de théâtre, un élément placé là dans un but précis et limité dans le temps, comme sur une scène. La sculpture comme accessoire (et non comme installation) est une façon d’envisager le temps et la pensée dans leur brièveté et leur intensité.
La publication du roman The Journal of Julius Rodman d’Edgar Allan Poe avait débuté dans le Burton’s Gentleman’s Magazine
en 1840, mais il arrêta ses contributions au Chapitre 6, alors
que douze chapitres étaient prévus. L’oeuvre resta incomplète
jusqu’à la mort mystérieuse d’E.A. Poe en 1849. La dernière
page de l’oeuvre, le moment auquel le roman s’arrête, reste
autant une fin qu’un début. Ici matérialiséepar des pages en
aluminium froisées.
La maison d’Emily Dickinson
Emily Dickinson’s House
La poétesse américaine Emily Dickinson (1830-1886) est née
dans sa maison d’Amherst, Massachussetts, et y vécut la plus
grande partie de sa vie sans en sortir. Les manuscrits de ses
poèmes ont été trouvés après sa mort dans un coffre fermé à clé
dans sa chambre.
un BALCON a BALCONY
Nous pouvons blâmer Shakespeare d’avoir initié cette tendance
à lier les balcons aux histoires d’amour. Le balcon sépare toujours les amants ;
c’est un obstacle, une distance. Autour de l’exposition
la chronique d’Alice Marquaille (sur la photo ci-dessus a Balcony) sur l’expo diffusée sur radio MME .
La chronique est à 1h02min40 très précisément Kunstapéro, visites guidées, ateliers-workshops, résidences,
petit livret-guide de l’exposition
Réception « Art Basel »
Vendredi 19 juin Rdv à 19:00
La Kunsthalle est partenaire des grandes foires de Bâle
et organise un déplacement de Bâle à Mulhouse pour
visiter l’exposition :
Projets pour une Possible Littérature à La Kunsthalle. Navette gratuite au départ d’Art Basel RDV à 18h15 – angle Isteinerstrasse/ Bleichestrasse – Retour à Bâle à 21h Entrée libre
Presque la même chose est une tentative de comprendre l’autre.
la nouvelle exposition de la Kunsthalle de Mulhouse
Cette exposition s’inscrit ouvertement dans l’organisation d’un questionnement soumis par Umberto Eco dans « Dire presque la même chose » un essai sur ses expériences de traduction. Selon lui, traduire ne permet pas de dire la même chose, mais au mieux, presque la même chose. Et il poursuit en soulignant que c’est dans le presque que réside toute la complexité de la tâche. Ce presque, central mais indéfini, s’impose comme un adverbe élastique et extensible à utiliser sous « l’enseigne de la négociation ». Et c’est là le cœur de toute tentative de traduction. Quelle amplitude accorde-t-on au presque ? Traduire peut s’appliquer à toute forme de langage, écrit, plastique, sonore et chacune détient un périmètre de négociation qui lui est propre. C’est une exposition qui demande du temps, il vous faut vous asseoir, prendre les écouteurs, lire, déchiffrer, regarder, et vous serez conquis par l’intelligence du propos.
Umberto Eco illustre, par une série d’exemples et d’histoires vécues, les problèmes que lui a posés la traduction. Presque la même chose reprend la trame de son écrit, chapitre après chapitre, et les artistes et les œuvres tantôt apportent une réponse, tantôt rebondissent sur les interrogations soulevées par l’auteur. Le principe n’est pas de réunir un corpus d’œuvres relatives au sujet mais plutôt de poursuivre la réflexion en nous appuyant sur des recherches – formelles ou textuelles – susceptibles de nous aider à comprendre combien il est difficile de dire presque la même chose.
Avec Ignasi Aballí, Alex Baladi, Cathy Berberian, Pierre Bismuth, Julia Bodamer, Gérard Collin-Thiébaut, Nicolás Lamas, Ilan Manouach, Antoni Muntadas, Till Roeskens, Sébastien Roux, Thu Van Tran, Martina-Sofie Wildberger ;
→« De l’impossible au possible : l’expérience des langues chez Louis Wolfson. », conférence de Frédéric Martin, éditeur/Le Tripode;
→« Traduire la couleur : voir et penser autrement … », conférence d’Annie Mollard-Desfour, linguiste-lexicographe;
→ Des œuvres d’art premier.
Entre références méconnues et valeur esthétique certaine, les
oeuvres d’art premier sont par nature des objets transmis soit à
contre-sens, soit dans la perte de leur sens originel.
Le masque de l’éthnie Nalu/Baga vient de la société Banda
Kumbaruba de Guinée. Il est en bois et orné de polychromie
minérale, il date de la fin du 19ème, début 20ème siècle. Les masques
des sociétés secrètes Banda Kumbaruba sont des compositions
anthropozoomorphes se portant horizontalement sur la tête à
l’occasion de cérémonies liées à la circoncision. Ils symbolisent
l’essence de l’animisme dans le lien étroit unissant l’Homme aux
animaux et à la nature. Le masque figure le visage de l’homme,
la mâchoire du crocodile, les cornes de l’antilope, le corps d’un
serpent, la queue d’un caméléon et les oreilles du singe. Tous
ces animaux sont présents dans les récits et les fables racontant
l’histoire de la communauté dont les symboliques (à travers leurs caractéristiques propres) sont comparées ou interprétées
par l’homme.
La traduction est partout, sous toutes les formes, elle n’est ni une science, ni un instinct, elle communique la pensée, elle fait voyager. Presque la même chose rassemble des œuvres relatives au langage, écrit, plastique, sonore et à ses traductions.
En 14 chapitres : Chap 1. Les synonymes d’Altavista / Alta Vista’s synonyms
Chap 2. Du système au texte / System to text
Chap 3. Réversibilité et effet / Suprasegmental or tonemic
Chap 4. Signification, interprétation, négociation / Meaning, interpretation, negotiation
Chap 5. Pertes et compensations / Losses and gains
Chap 6. Référence et sens profond / Surface and deep stories
Chap 7. Sources, embouchures, deltas, estuaires / Source vs target
Chap 8. Faire voir / To see things and texts
Chap 9. Faire sentir le renvoi intertextuel / Intertextual irony
Chap 10. Interpréter n’est pas traduire / Rewording is not translation
Chap.11 Quand change la substance / Substance in translation
Chap 12. Le remaniement radical / Hidden verses
Chap 13. Quand change la matière / A matter of matter
Chap 14. Langues parfaites et couleurs imparfaites / La traduction est partout, sous toutes les formes, elle n’est ni une science, ni un instinct, elle communique la pensée, elle fait voyager. Presque la même chose est une tentative de comprendre l’autre. Souvenons-nous du mythe de la Tour de Babel : Nemrod, le roi souverain des descendants de Noé eut l’idée de construire, à Babylone, une tour dont le sommet devait atteindre le ciel et dans laquelle un seul peuple devait parler une seule langue. Dieu arrêta son projet de toute puissance en multipliant les langues pour mieux diviser les hommes. La langue unique apparaît comme un gage de force et de pouvoir. Elle fédère et rassemble un peuple. Elle permet la compréhension, l’entente, elle soude un groupe et lui donne confiance. Tant d’attributs attirent et effraient à la fois. Les tentatives de mettre au point un langage unique n’ont cessé de tourmenter les humanistes ou stratèges, mais la réalité de la division s’est toujours imposée au-delà de toute convention linguistique. C’est peut-être en acceptant cette division, la prenant comme postulat de départ, en l’analysant et en la dépassant, que l’on se rapprocherait le plus, non pas d’une langue partagée, mais d’une compréhension universelle qui serait le stade le plus avancé de cette quête d’unicité. Et si la traduction s’inscrivait alors à cet endroit ? Et si elle constituait une alternative raisonnable au dessein universel ? C’est une piste tentante mais autant se l’avouer de suite, elle n’est pas la clé du problème et tous ceux, qui se sont penchés sur ce qu’elle signifie et induit, se sont inclinés devant la complexité de son exercice.
Traduire ne permet pas de dire la même chose mais, au mieux, presque la même chose, pour reprendre les termes d’Umberto Eco dans son essai sur ses expériences de traduction. Il souligne que c’est dans le presque que réside toute la complexité de la tâche. Ce presque, central mais indéfini, s’impose selon lui comme un adverbe élastique et extensible à utiliser sous « l’enseigne de la négociation ». Là est le coeur de toute tentative de traduction. Quelle amplitude accorde-t-on au presque ? C’est une affaire qui concerne l’auteur et le traducteur. Tout au plus peut-on dessiner les contours de ce qui rentrerait dans le champ de la traduction et, par conséquent, énumérer les obstacles qu’elle rencontre. C’est un exercice un peu systématique mais qui ne manque pas d’intérêt car plus on explore le thème de la traduction plus on lui attribue de variétés. Il apparaît que traduire peut s’appliquer à toute forme de langage, écrit, plastique, sonore et chacune détient un périmètre de négociation qui lui est propre. Dans Dire presque la même chose, Umberto Eco illustre, par une série d’exemples et d’histoires vécus, les problèmes que la traduction lui a posés. Dans cette exposition, je me fie aux expériences de l’auteur et m’inscris pleinement dans l’organisation de son questionnement. Presque la même chose reprend la trame de l’écrit, chapitre après chapitre, et les artistes ou les oeuvres tantôt apportent une réponse, tantôt rebondissent sur les interrogations soulevées par l’auteur. Le principe n’est pas de réunir un corpus d’oeuvres relatives au sujet mais plutôt de poursuivre la réflexion en nous appuyant sur des recherches formelles ou textuelles, mais aussi sur des savoirs ou des histoires individuelles. OEuvres, conférences, portraits sont également et sans hiérarchie le contenu de cette exposition qui tente modestement de montrer combien il est difficile de dire presque la même chose. Sandrine Wymann
quelques extraits : Chapitre 12 Le remaniement radical
Il est des circonstances de remaniement plus radical, qui se placent sur une
échelle de libertés, jusqu’à franchir ce seuil au-delà duquel il n’y a plus
aucune réversibilité. De sorte que, si une machine traductrice traduisait à
nouveau, fût-ce de manière imparfaite, le texte de destination en un autre texte
de la langue source, il serait difficile de reconnaître l’original.
Au plus profond du noir / Heart of Darkness est une oeuvre basée
sur un exercice de traduction libre du texte Au coeur des ténèbres
de Joseph Conrad par Thu Van Tran. Avec la seule aide d’un
dictionnaire anglais-anglais et dans les limites de sa connaissance
de la langue, elle a traduit le récit en se fiant à sa compréhension,
souvent plus sensible qu’objective.
Le livre publié dans une seconde édition à l’occasion de
l’exposition, réunit les deux versions française et anglaise. Au plus
profond du noir se présente davantage comme une réécriture que
comme une traduction fidèle. À cela s’ajoute que pour intensifier
son rapport au texte, l’artiste a choisi d’écrire au présent, un temps
plus immédiat qui la lie intimement à l’histoire racontée.
(déjà vue à Art Basel 2013)
Chapitre 3 Réversibilité et effet Suprasegmental Plusieurs fois au cours de la traduction de ces passages, j’ai renoncé à une
réversibilité lexicale et syntaxique, car je considérais que le niveau
pertinent était le niveau métrique […]. Donc, je me souciais moins d’établir
une réversibilité littérale que de provoquer un effet identique à
celui que le texte, selon mon interprétation, voulait provoquer
chez le lecteur.
Martina-Sofie Wildberger (1985, vit et travaille à Genève), son
travail repose sur deux composantes majeures, la performance
et le texte. Par des jeux de mise en scène et d’interprétation elle
s’appuie sur la dimension sonore et rythmique de textes parlés
et les déploie en français, allemand et suisse allemand pour faire
émerger du sens.
La série de posters présente dans l’exposition est la traduction
écrite et graphique de quelques-unes de ses performances ayant
déjà eu lieu et consignées au plus près de leurs composantes
vivantes et textuelles. Chaque performance est un moment
singulier et chaque poster rend compte de la qualité éphémère et
unique du moment. Martina-Sofie Wildberger viendra rejouer les
performances consignées et donnera ainsi un nouveau support d’interprétation graphique.
Chapitre 4 Signification, interprétation, négociation
On négocie la signification que la traduction doit exprimer
parce qu’on négocie toujours, au quotidien, la signification
que nous attribuons aux expressions que
nous utilisons […] En ce sens, en traduisant,
on ne dit jamais la même chose. Pas de deux de Julia Bodamer (vidéo)(1988, vit et travaille à Zurich)
s’applique à nous faire perdre nos repères, ceux de temps et
d’espace, dans un film présentant deux femmes quasi-semblables
qui paraissent ne former plus qu’une seule entité dansante et
performative. Le spectateur est perdu par un effet de répétition
et par l’étrange impression laissée par ces deux femmes qui jouent
simultanément de leur similitude et de leur différence.
Chapitre 6
Référence et sens profond Interpréter signifie faire un pari sur le sens d’un texte. […] Bien sûr, c’est
l’histoire de toute une culture qui assiste le traducteur lorsqu’il fait ses
paris, de même c’est toute une théorie des probabilités qui assiste
le joueur devant la roulette.
Antoni Muntadas (1942, vit et travaille à Barcelone et New-
York) est internationalement reconnu pour son travail dans le
champ de l’art médiatique. Avec On Translation, série toujours
en cours, il s’intéresse depuis plus de vingt ans aux mots dans les
multimédias et à leur relation aux différents modes de traduction.
Warning, 1999-…, est une série de propositions qui relie le fait de
comprendre à la nécessité de s’engager. La phrase Attention : la
perception demande de s’engager est traduite dans de nombreuses
langues et reproduite sur des supports médiatiques aussi divers
que les affiches, autocollants, vitrines, encarts de presse, etc…
Depuis 1985, Gérard Collin-Thiébaut (1946, vit et travaille à
Besançon) construit des «Rébus» par regroupement de dessins
et photographies ou à partir d’objets assemblés sous la forme
d’installations. Ses sujets sont multiples : noms d’artistes,
citations ou encore titres d’oeuvres. Ses rébus questionnent
l’art et sa représentation, ils renvoient de manière ironique aux
interprétations érudites des historiens d’art. Bien que le public
soit sollicité pour mettre des mots sur les figures ou arrangements
constitués, Gérard Collin-Thiébaut s’applique à toujours donner
la réponse (phonétique d’abord, puis la citation) de chacun des
rébus ; l’effet recherché n’étant pas de mettre le lecteur en difficulté
mais plutôt de lui transmettre une connaissance.
Chapitre 7 Sources, embouchures, deltas, estuaires …Une traduction peut être aussi bien target que source
oriented, c’est-à-dire qu’elle peut être orientée soit au texte
source ou de départ soit au texte (et au lecteur) de destination ou d’arrivée. Ce sont là désormais les termes employés dans la théorie de
la traduction, et ils concernent, semble-t-il, la vieille question de savoir si une traduction doit conduire le lecteur à s’identifier
à une certaine époque et un certain milieu culturel – celui du texte original – ou si elle doit rendre l’époque et le milieu accessibles
au lecteur de la langue et de la culture d’arrivée. Par le biais du langage et au moyen de films, Pierre Bismuth
(1963, né à Paris, vit et travaille à Bruxelles) s’interroge dans nombre
de ses oeuvres sur les notions de transmission et de réception d’un
événement.
Dans The Jungle Book Project, il réutilise différentes versions du Livre
de la Jungle de Walt Disney en attribuant une langue différente à
chacun des 19 personnages. S’installe une forme d’incompréhension qui est contrebalancée par la célébrité du film. Malgré la pluralité
des langues le spectateur comprend l’histoire de façon presque
instinctive. Mais la perception s’en trouve sans doute légèrement
modifiée si ce n’est que parce que le résultat est à la fois drôle et
perturbant. Chapitre 8 Faire voir
On part du double principe que (1) si le lecteur naïf ne connaît pas l’oeuvre
visuelle dont s’inspire l’auteur, il doit pouvoir en quelque sorte la découvrir en
imagination, comme s’il la voyait pour la première fois ; mais aussi
que (2) si le lecteur cultivé a déjà vu l’oeuvre visuelle inspiratrice, le discours
verbal doit être en mesure de la lui faire reconnaître.
Par le langage, la représentation, par le vide ou la simple
dénomination, Ignasi Aballí (1958, vit et travaille à Barcelone)
invite le spectateur à regarder au-delà des apparences. Dans sa
série de trois oeuvres sur verre, il donne à voir au moyen de traits
qui désignent, et de mots qui décrivent, trois peintures du XVIe
siècle de Saint Jérôme.
Saint Jérôme, traducteur de la Bible depuis le grec et l’hébreu
vers le latin, père des traducteurs, est ici commémoré par l’absence.
En six langues, la composition de chacun des tableaux est
minutieusement annotée de telle sorte qu’il est possible de
reconstituer, par la mémoire ou par la fiction, les tableaux
d’origines.