Passions partagées

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« N’oublions pas que nous sommes ici face à un somptueux gâteau de fête. Normal dans ces conditions qu’il s’agisse moins d’une exposition que d’une suite de tableaux. A tout anniversaire, il faut de lumineuses bougies. »
la Tribune de Genève

Pour ses 25 ans, l’Hermitage de Lausanne a sorti le grand jeu. L’institution propose un florilège de 108 œuvres allant
 «de Cézanne à Rothko». Il s’agit de parcourir, l’art du XXe siècle. Mais les collections privées suisses, seules sollicitées, ne semblent-elles pas inépuisables?
Située dans une belle demeure du XIXe siècle, la Fondation de l’Hermitage accueille des expositions temporaires consacrées aux Beaux-Arts.cimg0006.1249129464.JPG
Elle est entourée d’un parc magnifique, ouvert en permanence au public sur lequel s’ouvrent les fenêtres et vous assistez à des tableaux sur l’extéreur au milieu des tableaux.
Vingt-cinq ans d’engagement passionné au service de l’art et des artistes, ont vu la belle demeure construite par la famille Bugnion au milieu du XIXe siècle accueillir des centaines de milliers de visiteurs enthousiastes.
A la fois directrice de l’Hermitage et commissaire de l’exposition, Juliane Cosandier accorde un reconnaissant
tribut à la clairvoyance des collectionneurs suisses.
Elle fait passer le visiteur de Renoir à Soulages et Richter en bonne maîtresse de maison. Il y en a pour tous les goûts. Aucun genre ne semble favorisé,
La Genevoise s’est pourtant offert le luxe de former quelques ensembles. On pense notamment aux quatre Braque fauves,georges-braque-paysage-a-lestaque.1249129285.jpg dont deux de toute beauté, ou aux Forêts de Max Ernst, qui datent comme par hasard des meilleures années du peintre.
Ont ainsi été favorisées les œuvres de grande taille, faites pour être vues de loin. Celles qui frappent, en un mot. Il s’agit de séduire, tout en impressionnant, mission accomplie.
Que citer : les admirables  Paul Klee ou l’inoubliable No 15 (1952) de Mark Rothko.
La petite salle du sous-sol consacrée à Giacometti est tout à fait remarquable, plaisante à retrouver même si l’on a admiré l’expostion de la Fondation Beyeler toujours en cours.
Voici la liste des artistes présentés :
Bacon, Baselitz, Braque, Bonnard, Calder, Cézanne, Dalí, Sonia Delaunay, Derain, Dubuffet, Ernst, Francis, Giacometti, Hodler, Kiefer, Klee, Klein, Léger, Magritte, Matisse, Miró, Monet, Picasso, Renoir, Richter, Rothko, Rouault, Signac, Soulages, Vallotton, Van Velde, Vlaminck, Warhol… et tant d’autres encore.

Musée Pouchkine de Moscou – de Courbet à Picasso

paul-gauguin-matamoe.1248968000.jpgLa Fondation Pierre Gianadda de Martigny présente les œuvres collectionnées par  Serguei Chtchoukine et Yvan Morozov prêtées par le musée Pouchkine de Moscou. Ces oeuvres taxées d’art bourgeois, par la Russie soviétique, ont été confisquées par le gouvernement par la suite. Ces deux collectionneurs ont fait preuve d’un goût sûr en s’intéressant aux impressionnistes, mais aussi pour Gauguin, Matisse et Picasso, . En moins de 25 ans Chtchoukine avait formé une collection de 259 peintures, aujourd’hui dispersées entre le musée de l’Ermitage à St Petersbourg et le musée d’état des beaux Arts Pouchkine à Moscou.
De son côté Morozov, acquiert  des œuvres de peintres russes, avant de se tourner vers la peinture contemporaine française.
C’est ainsi qu’il acquiert plus d’une dizaine de Gauguin dans la galerie parisienne , dont Matamoe (la mort) du marchand d’art Vollard. Gauguin rassemble dans la même image plusieurs symboles forts, le paon, la hache, le feu, dans un Eden verdoyant, un homme débite un arbre mort pour alimenter le feu, élément renvoyant à la vie, en présence du paon  (qui n’existe pas à l’origine en Polynésie) allusion aux vanités du monde. Gauguin tire le motif de l’homme à la hache d’un modèle antique, d’un détail de la frise du Parthénon.
Une autre toile qui n’est absolument pas mise en valeur, dans la présentation de ce lieu sombre aux murs écrasants, vincent-van-gogh-la-ronde-des-prisonniers-1890.1248968181.jpgen acquiert encore plus de gravité. C’est la « Ronde des prisonniers de Vincent van Gogh » acquise auprès  du marchand d’art Druet en 1909. Cette ronde est tirée d’une gravure de Gustave Doré,( au MAMCS) « Le Bagne » Le cercle de la ronde des prisonniers s’inscrit dans la géométrie très stricte des murs, que l’absence de ciel, comme à la Fondation, rend encore plus oppressant . Le pavement rappelle les briques des murs, contribuant ainsi l’enfermement complet des prisonniers. La gamme chromatique est réduite à des verts, des
bleus, des gris, sans aucune touche de couleur vive, l’ombre  bleus des silhouettes accentuent la géométrie du cercle. Les prisonniers sont d’anonymes silhouettes, seul un visage est apparent, tourné vers nous, rongé de tristesse, ne nous regardant pas, reflète l’inhumanité du lieu, autoportrait de Vincent, aux cheveux blonds- roux, ? Lui seul pourrait le dire. Seuls 2 papillons qui volètent contre le mur du fond offrent une touche d’espoir et de liberté.
N’est-ce pas aussi l’expression de son tourment de sa maladie, qu’il ressasse et représente ici.
J’aurai bien aimé y voir la Vigne Rouge
Jusqu’au 22 novembre.
rene-kung-roue-2005.1248968433.JPGDans le parc une nouvelle sculpture  a fait son apparition, une Roue en granit de René Küng – 2005, bizarrement abandonnée sur le gazon suisse, fraîchement tondu, enlevant tout charme de jardin un peu sauvage, la folle de Richier, la fontaine de Pol Burri, l’homme de Marino Marini avaient tous l’air un peu nu et sans défense, trop propre sur eux.
Le pavillon à côté de la fondation, s’est enrichi d’une mosaïque de Sam Szafran, auteur du mur en céramique aux Philodendrons, « Escalier, Variation I, »  dont on peut voir la déclinaison des dessins, aquarelles sur soie, empruntées aux peintres chinois, sujet qui avec les philodendrons font partie de son univers halluciné. D’autres photos, dont l’une d’Henri Cartier Bresson dont il a été le professeur de dessin, ornent les murs du passage. Sam Szafran au parcours chaotique, dormant dans le métro, passant ses journées au Louvre avec son fusain et son pastel, fréquentant St germain des Prés, galérant, jusqu’au jour où sa rencontre avec le galériste Claude Bernard met un terme à sa vie de misère.

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Titus Carmel – suite Grünewald

Une autre découverte au collège des Bernardins
(merci à Gérard, merci à Malou, merci à mon sympathique guide)
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Le retable d’Issenheim, chef-d’œuvre du peintre allemand Matthias Grünewald, créé de 1512 à 1516 pour l’église du couvent des Antonins d’Issenheim, est présenté au musée d’Unterlinden de Colmar. (Alsace)
Il s’agit d’un polyptyque à transformations formé de quatre panneaux peints représentant neufs tableaux de la vie de saint Antoine, de la Vierge et du Christ, encadrant une caisse et une prédelle sculptées par Nicolas de Haguenau, actif à Strasbourg autour de 1500.
Titus Carmel en parle :
Sa découverte suscite un choc émotionnel lié à la qualité picturale de l’oeuvre, mais aussi à sa forte expressivité et à sa monumentalité (3m30x5m90).
Contrairement à ses contemporains Dürer, Holbein et Lucas Cranach, dont on connaît les vies et l’oeuvre, le mystère qui entoure l’identité et la vie de Grünewald  ne fait qu’accentuer cet aspect pour le visiteur d’aujourd’hui.
Cette oeuvre a fasciné Huysmans, Picasso, Bacon et tant d’autres!
La peinture, de dimensions proches du panneau central de l’original, a été réalisée en même temps que les dessins, ceux-ci reprenant dans le détail tel ou tel fragment de la scène de la crucifixion, en en isolant les acteurs, tout en les situant titus-camel-dapres-le-retable-dissenheim-3.1247852158.JPGdans l’économie générale de la composition dont l’artiste met à nu, dirait-on, les lignes de force qui les commandent : il se livre à une véritable entreprise de déconstruction de la dramaturgie du tableau en en traitant les séquences à l’aide de toutes les techniques du dessin : fusain, mine de plomb, craies, pastel, encre, aquarelle. Il a aussi recours à la peinture acrylique et, très souvent, au papier collé. Certaines de ces feuilles sont d’ailleurs exclusivement consacrées au collage, spéculant sur les rehauts, les chevauchements, les transparences. Cette âpre descente vers toujours plus de gravité semble même, à certains moments, connaître une sorte de paix par la libération des formes et des gestes, et du dispositif formel qui les rassemble. L’ombre se trouve ici réinvestie par une lumière spécifique qui l’envahit toute et finit par la gagner.
 La crucifixion est à la fois abstraite et figurative, les visages ne sont pas esquissés, mais tout y est, par les pigments et par le trait. D’abord Marie Madeleine, titus-camel-dapres-le-retable-dissenheim-4.1247851737.JPGun  travail remaquarble sur  les mains, fait de collages de craie bistre, de rehauts de pierre noire sur lavis d’acrylique, Marie et Jean, on peut se reférer au magnifique ouvrage de Pantxika de Paepe, « Grünewald et le retable, regards sur un chef d’oeuvre », St Jean Baptiste avec son doigt pointé comme chez Léonard de Vinci.
Titus-Carmel propose une suite qui s’offre comme une longue méditation, marquant l’arrêt sur chacun des détails et des personnages de la Crucifixion de Grünewald. La Suite Grünewald devient ainsi, au terme de ce long travail de peinture et de dessin, une interrogation sur les enjeux mêmes de la représentation.
P. N.-D. : Pourquoi ce travail sur le retable d’Issenheim?
Gérard Titus-Carmel :
 – Depuis bien longtemps, comme beaucoup, je connaissais ce retable par des reproductions lorsque
m’a été donnée l’occasion de le contempler en réalité, seul,
souvent et longuement, à une époque où je lisais justement le très intéressant texte de Huysmans,
Trois Primitifs, qui s’attardent particulièrement sur le chef-d’oeuvre de Grünewald. La peinture, pour moi, marque dans son histoire quelques forts repères, et le retable en est un– et non des moindres –, somptueux dans sa violence comme dans sa composition, et terrible
dans la fixité de sa dramaturgie. De plus, le retable d’Issenheim s’offre à la vue par séquences, les scènes se découvrent lorsque les volets pivotent en occultant d’autres : c’est comme
feuilleter un grand livre ou comme démonter un corps en « écorché »titus-camel-dapres-le-retable-dissenheim.1247851855.jPG pour le comprendre dans sa totalité. Le panneau central, celui de la crucifixion, apparaît comme un opéra glaçant et pourtant plein de compassion. L’ensemble est d’une grande économie de couleurs– on dira essentiellement
blanc, rouge et noir –, ce qui lui confère une force et une puissance à la fois calme et solennelle.
Bien sûr, c’est le corps d’un crucifié qui est représenté là ; bien sûr, c’est la douleur et
l’imploration ; bien sûr aussi, c’est le Livre qui y est mis en scène, il n’y a pas lieu d’évacuer
le sujet. Mais bien plus qu’une terrifiante image pieuse, c’est avant tout un chef-d’oeuvre de la peinture. Et c’est en tant que peintre que je me suis interrogé sur cette oeuvre, m’intéressant avant tout à la géométrie interne qui la gouverne, à l’organisation
de l’espace et des formes, à la situation des personnages
– c’est-à-dire à l’ensemble du dispositif formel qui la commande, toutes ces exigences
rassemblées au seul service de la peinture. En tout cas,pour moi , de la haute idée que
je me fais de la peinture.
Ainsi les dessins sont devenus de plus en plus abstraits, chacun s’attachant à faire apparaître les lignes et les forces qui les faisaient si instamment participer au tableau.titus-camel-dapres-le-retable-dissenheim-2.1247851978.JPG
Et cela jusqu’au 159e où, presque à mon corps défendant– et à ma grande surprise –, je me suis vu refaire le geste du bras de saint Jean-Baptiste désignant le Christ, comme s’il récapitulait tous les autres dessins qui le précèdent,
en les pointant du doigt.Comme l’injonction d’un retour.Et pourmoi, comme une fin.
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Jusqu’au 9 août au Collège des Bernardins
Photos de l’auteur

La Cavalier Bleu au Frieder Burda de Baden Baden


Une belle suite à l’exposition Kandinsky du Grand Palais, si l’on peut parler ainsi de ce qui précède sa pédiode abstraite.
Jusqu’au 11 octobre 2009, environ 80 chefs-d’œuvre de la célèbre collection du Lenbachhaus à Munich sont présentés au Musée Frieder Burda. Parmi les travaux exposés se retrouvent des tableaux connus comme le « Cheval bleu I » (1911) de Franz Marc,franz-marc-le-cheval-rbleu.1248094684.jpg
« Méditation » (1918) d’Alexej von Jawlensky, « Jawlensky et Werefkin » (1909)
 de Gabriele Münter ou « Promenade » (1913) d’August Macke.

« Nous n’avons jamais prêté autant d’œuvres du mouvement Der Blaue Reiter, » souligne Helmut Friedel, directeur de la Galerie Municipale du Lenbachhaus, qui sera fermée en raison d’importants travaux de rénovation pendant les trois années à venir, Le musée Frieder Burda sera le seul lieu d’exposition en Allemagne pendant la période de rénovation.
jawlensky-meditation.1248094786.jpgLes œuvres du mouvement Der Blaue Reiter retrouvent dans ce musée entouré de nature, ouvert en plusieurs endroits sur le jardin environnant, un lieu qui reflète à merveille le caractère des tableaux, souvent peints face à la nature. Le portrait d’Alexandre Sakharoff » d’Alexej von Jawlensky est prêté pour la première fois, bien qu’il soit extrêmement fragile.  Il porte les trâces d’’un séchage trop rapide, d’une toile non finie, le danseur, ayant rendu visite à Jawlensky dans son atelier, avant une représentation, en tenue de scène, grimé de blanc, lèvres rouges, les yeux charbonneux, au physique androgyne l’emporta aussitôt peint. Helmut Friedel, qui est aussi commissaire de l’exposition  le souligne, et fait remarquer que le tableau ne sera plus jamais prêté ultérieurement.jawlensky-alexej-sacharof.1248095292.jpg Cela est aussi valable pour la toile « Das Blaue Pferd (le Cheval Bleu) » de Franz Marc, un des joyaux de la collection du Lenbachhaus.
En outre, l’exposition comprend beaucoup de portraits d’artiste que les membres du mouvement ont peint l’un de l’autre dans de différentes situations de leur vie  ( je vous la recommande) et qui traduisent leur relation intime.kandinsky-peingant-gabriele-munter-a-murnau.1248096141.jpg Ainsi, ils permettent au spectateur de connaître les artistes non seulement en tant que peintre mais aussi en tant qu’homme privé.
Le caractère intime de l’exposition est renforcé par la présentation simultanée de 64 photographies de Gabriele Münter, évoquant la vie à Murnau et les multiples rencontres amicales des artistes.  Bien qu’il s’agisse de photos à caractère plutôt privé, elles ont une valeur artistique en soi. Aucun autre mouvement d’artistes ne fut aussi bien documenté en photos que le Blaue Reiter. Elles témoignent sans pareil de l’histoire et du développement du mouvement « Der Blaue Reiter » ainsi que de la relation amoureuse de Gabriele Münter avec Kandinsky entre 1902 et 1914.

Mouvement dans lequel ils développent la conception d’art du mouvement : l’absence de toute restriction stylistique, l’inclusion de toute sorte de manisfestations créatrices – des dernières réalisations de l’Avant-garde internationale à l’art folklorique, des arts ethniques aux dessins d’enfants ou d’amateurs. Même la musique de l’époque jouait un rôle central.
On y apprend aussi que le premier cavalier a été dessiné par Gabriele Munter, représentant l’image iconographique de St Georges terrassant le dragon, il sera la couverture de l’almanach du Cavalier bleu, mais aussi très présent dans les toiles de Kandinsky.
Une exposition à voir absolument.

Kandinsky – La saga d’Improvisation 10

Je ne vous parlerai pas de l’exposition au Centre Pompidou d’autres sites le font ici et
Je regrette juste que lors de ma visite au musée Guggenheim de New York, toutes les toiles de Kandinsky prêtées à Beaubourg étaient absentes, je n’ai vu que des choses sans intérêt dans le fonds du musée, présentées en mars 2009.
En voici  le récit lu dans le livre d’Ernst Beyeler, propriétaire de la Fondation qui porte son nom, si chère à mon coeur, extrait de : La passion de l’art
Ernst Beyeler  raconte :
kandinsky-improvisation-10.1247609988.jpgJ’ai acheté cette toile à Cologne auprès du marchand Ferdinand Moeller, qui m’avait assuré la tenir du musée de Hanovre, lequel avait dû ou voulu l’abandonner en tant qu’ « art dégénéré » Elle faisait partie d’un lot de toiles que Moeller avait sorties de leur cadre et sauvées en les roulant dans des boîtes en fer et en les enterrant dans son jardin. Il les avait emportées de Berlin à Cologne à cause des Russes qui s’approchaient de la ville. On savait que ça finirait mal. A Cologne donc, Ferdinand Moeller me la présenta parmi d’autres toiles. J’eus un vrai choc et lui dis vouloir immédiatement l’acheter, mais lui demandais de patienter un mois, pour le règlement. Je parvins dans ce délai à réunir les 18 000 frcs exigés. J’ignorais alors que cette toile, avant d’être reprise par FM, avait fait partie d’une collection privée.
Des années plus tard, Jen Lissitzky, le fils de l’ancienne propriétaire, m’a accusé et accablé. Selon lui, j’avais profité de la situation en pleine connaissance de cause. Il s’est adjoint les services d’un détective privé, pour retrouver cette toile, la récupérer et l’emporter aux Etats Unis, où il avait apparemment fait une promesse de vente. Des cabinets d’avocats m’ont menacé. Or Lissitzky n’était pas le seul héritier à pouvoir revendiquer un éventuel retour de la toile à son lieu d’origine. J’ai donc rencontré tous les héritiers. Je me suis mis à leur place et leur ai proposé un dédommagement auquel je n’étais pas contraint. Mais je ne pouvais pas me séparer de ce tableau qui constitue un des piliers de ma collection. Je me suis défendu en arguant de ma bonne foi, expliquant comment je l’avais acquis. Ce tableau aurait pu être détruit par les nazis. Il a été sauvé par Moeller, puis acheté et conservé par mes soins. Finalement j’ai pu garder cette œuvre importante.
Je n’en ai d’abord pas saisi l’importance historique, mais j’ai été sensible à son rythme fort. Sur la droite, vous voyez des lignes et trois coupoles, probablement une évocation du Kremlin. Lorsque vous regardez Improvisation 9,kandinsky-improvisation-9.1247610251.jpg qui est maintenant au musée de Stuttgart vous voyez quelque chose d’analogue, mais de très figuratif encore, avec le château et le cavalier sur les collines. Ici, ce ne sont que des formes, qui s’inscrivent autour de ce triangle jaune, dynamique qui s’ouvre. D’après une esquisse, il s’agirait d’une Résurrection de la Pâque russe. A gauche, les trois courbes peuvent être les femmes au tombeau. Tout s’organise autour du tombeau ouvert, comme éclaté. Il est très beau de fragmenter ainsi les éléments pour trouver une chemin propre singulier. Oui, cette action de résurrection probable donne toute sa force à ce tableau, l’un des premiers tableaux abstraits de l’histoire de l’art. Quand je l’ai reçu à la galerie, je l’ai tout de suite accroché.
Puis un jour arriva celle qu’il appelle la repasseuse de Winterthur.
Un dame assez simple, sans âge, regardait les toiles, parcourait les salles, au cours d’une exposition d’été et s’exclama devant le Kandinsky : « Oh, quel beau tableau ! » Je la rejoignis.
Elle me demanda combien il coûrait. Je répondis « Vingt-huit mille francs »
– je souhaite l’acheter. De qui est-il ?
–  Kandinsky
– Qui est-ce etc …

– 
Ah c’est bien, et cette aquarelle combien ? et ce tableau là combien ?
Elle avait été repasseuse à Winterthur, avait fait un héritage, et n’avait besoin de rien, voulait faire quelque chose de son argent. Elle partit avec les 3 tableaux.
Quelques années plus tard, elle est revenue à la galerie pour me proposer de reprendre les trois tableaux.  Je me suis étonnée : « Comment ils ne vous plaisent plus ?
– Oh si !  »
Mais elle avait besoin d’argent, car elle avait continué ses achats et s’était considérablement endettée.
La morale de cette histoire dit Ernst Beyeler :
 il y en a deux. La première dans l’achat de l’art il faut se fier à son instinct. La seconde : il faut garder une exigence de qualité. L’épisode marqua pour moi le retour définitif d’Improvisation 10 dans ma collection.
Je le sortis de la galerie et l’accrochai dans mon salon.

Pina Bausch

 
pina-bausch1.1247015024.jpgComme beaucoup d’entre nous, j’ai été choquée par la disparition brutale de cette grande dame, que demeure Pina Baush, que j’avais eu l’occasion de voir à la Filature de Mulhouse pour Kontatkhof.
Cette fois-là, ce sont des non-acteurs danseurs qui étaient en scène, âgés de plus de 60 ans,
Ma réflexion sur l’usure du temps me ramenait droit à l’opéra de  GF Haendel ‘Il Trionfo del Tempo e del Disinganno  (Le triomphe du Temps et de la décrépitude) et la vue de corps plus très jeunes, laissa un sentiment partagé, à la fois d’admiration devant, la performance, le courage de ces personnes qui se montraient sans fard, mais aussi de gêne et d'angoisse, pour être confrontée aux modifications du corps du à la vieillesse.
Cela valait toutes les vanités et memento mori de nos musées.

Je ne savais trop comment exprimer mon sentiment, sur le sujet, c’est sur un blog que j’ai trouvé cet hommage de Cécile et que je publie ci-dessous avec son aimable autorisation :
 Madame,
Je désirais vivement voir votre troupe danser. Un désir de quinze années. Je n'en avais jamais eu l'opportunité. Trop peu d'argent, il fut un temps, pour m'offrir ce plaisir ; impossibilité d'être en Avignon ou en Allemagne, ou de l'autre côté de l'Atlantique quand il l'aurait fallu ; le nez cogné au guichet pris d'assaut de cette forteresse qu'est le Théâtre de la ville.
Je laissais donc d'autres me raconter, partager leurs impressions et leurs émotions ; d'autres qui vous suivaient, vous critiquaient, vous admiraient, se nourrissaient de votre travail, de votre langage des corps, de votre révolution depuis vingt ans et plus. Ils semblaient vous connaître si bien. pina-bausch-2.1247055442.jpg

Par comparaison, je ne savais rien de vous, si ce n'est que j'ai toujours été intimement persuadée, au travers des mots rapportés et des photos, de la nécessité de voir, un jour, un spectacle de vous.
Cet automne, puis cet hiver 2008-2009 si froid.
La crise économique. Des rumeurs de licenciements pour les uns, pour les autres. Une accélération des restructurations douloureuses et des licenciements, de fait. Battre le pavé pour l'éducation, les droits des salariés, contre les délocalisations, les abus de pouvoir et financiers. Une grève générale, dure et violente dans les territoires d'Outre-Mer, perpétuels oubliés de la république. Des guerres épouvantables. L'Homme qui dévore l'Homme. Continuer à aimer l'art à tout prix ? Mais comment concilier, dans certaines conditions, amour de l'art et les réalité brutales du monde ? Inquiétude, impuissance, sentiment pessimiste pour la énième fois d'un monde dans l'impasse et moral en berne.

Hiver 2009 encore …
Pour la toute première fois de ma vie, avec bien du retard et beaucoup d'impatience, j'ai vu danser votre troupe. Le Tanztheater de Wuppertal.
"Wiesenland" :
Bruits d'eau. L'eau. Longues, soyeuses et fluides robes colorées. Ces femmes qui fumaient, bavardaient. Humour. De seaux déversés. Ces femmes qui se faisaient baigner le visage et tremper les cheveux. Cette femme blonde au visage atypique et aux lèvres si rouges, à la présence de gingembre. Ces hommes aux apparences désinvoltes. Parlant avec volubilité. criant. Mains dans les poches. Danse très maîtrisée. Cette femme aux cheveux fins et ternes, au visage ramassé, au profil d'oiseau, pas très belle de prime abord mais qui dégageait un charme envoûtant dès que son corps se mouvait, dansait, se déployait dans l'espace. Chaleur. Canicule. Des siestes. Des corps alanguis. Effluves d'Europe de l'Est et de Méditerranée. Vos musiques. Une table que l'on dresse, bruit de vaisselle et de verres choqués, des chaises, pas de chaises. Cette liesse. Presqu'hystérie. Cette prairie d'herbe si verte.
(Je tente simplement de rattraper l'unique souvenir qui s'effrite en bribes que j'aie de votre travail …) pina-bausch.1247015309.jpg

Vous m'avez emmenée, transportée, installée au sang, aux nerfs, au ventre, au sein, au coeur d'une beauté artistique infiniment sensuelle, folle et fulgurante. J'ai vécu grâce à vous une étreinte éphémère mais intense avec la danse. Plus que de la danse : en réalité une chance. Un de ces rares moments dont on voudrait que jamais pareil effet ne s'estompe et cesse.
A la toute fin, d'un élan, je me suis levée pour vous applaudir à tout rompre, à m'en brûler les mains. Enthousiasme et plénitude. Vouloir vous jeter des roses pâles, des pivoines, des lys, que sais-je ? Vous jeter mon coeur. Toute cette vie insufflée. Je n'étais, bien entendu, pas la seule à tanguer sur cette nef de beauté. Cet amour débordant du public pour vous, ô combien palpable et fort dans l'air de ce soir-là … Cette ferveur et cette fièvre pour votre art qui contrastait avec vous, simple silhouette noire, bien droite à quelques pas du bord de la scène, qui saluait, face à nous.

Vous êtes morte, hier, Pina Bausch. A vous qui m'avez donné, cet hiver, envie d'être, de reprendre confiance et envie de vivre, de vivre encore : MERCI.
Cécile - mercredi 1er juillet 2009


 

Giacometti


 « Je commence toujours des sculptures bien rondes et elles finissent filiformes ; je peins avec des couleurs intenses et elles finissent grises ». confidence d’Alberto Giacometti à  Ernst Beyeler.

La grande exposition d’été de la Fondation Beyeler promet d’être un des temps forts du calendrier culturel européen. Elle est consacrée à l’artiste suisse Alberto Giacometti (1901-1966), qui est devenu à Paris un des représentants les plus influents de l’art moderne. Ses figures d’aspect fragile, réduisant l’être humain à l’essentiel, ses peintures plastiques et ses dessins concentrés nous émeuvent encore aujourd’hui. Giacometti se considérait lui-même comme l’élément d’un cosmos d’espace et de temps, dont les membres de sa famille constituaient des points de référence essentiels. L’exposition se concentrera tout particulièrement sur l’intérêt de Giacometti pour le phénomène des figures dans l’espace ainsi que pour la perception et la représentation de corps en mouvement.
Cette exposition présente 150 œuvres majeures représentatives de toutes les périodes de création de l’artiste appartenant à sa famille ou à des collections renommées du monde entier. Ils sont complétés par quelques œuvres de giovanni-giacometti-alberto-enfant.1244472098.jpgson père Giovanni (1868-1933), de son frère Diego (1902-1985) et de son oncle Augusto (1877-1947). La mère d’Alberto Giacometti, Annetta, ainsi que sa femme Annette, dont il a souvent fait le portrait, sont présentes, elles aussi.
Ernst Beyeler a défendu énergiquement l’œuvre de son ami Alberto Giacometti, notamment en participant activement, au début des années 1960, à la création de la Giacometti-Stiftung à Zurich. Par ailleurs, l’artiste est représenté dans la collection d’Ernst et Hildy Beyeler par des travaux exemplaires de son œuvre tardive visionnaire. On connaît tout particulièrement l’ensemble créé pour la Chase Manhattan Plaza, dont la célèbre sculpture Homme qui marche de 1960 est devenu, ou peu s’en faut, un symbole de la Fondation Beyeler, sinon d’Ernst Beyeler lui-même.
Cette exposition est réalisée en collaboration avec l’Alberto-Giacometti Stiftung de Zurich et avec la Fondation Alberto et Annette Giacometti de Paris. Le commissaire de l’exposition est Ulf Küster.beyeler-nympheas.1244471181.JPG
Les expositions de la Fondation Beyeler sont toujours un enchantement, grâce à la structure du bâtiment conçue par Renzo Piano, à sa lumière zénitale et au génie des commissaires. L’on passe d’une salle à l’autre , ce qui fait dire à Pierre Louis Cereja journaliste : Giacometti comme chez lui. En temps normal, je passe toujours un moment dans la salle des Giacometti, en face des Nymphéas, avec un pose sur le canapé blanc, rêvassant  en contemplant le paysage. Depuis les 10 ans de l’ouverture, de la Fondation, j’ai un quasi sentiment de propriétaire des œuvres et du lieu. beyeler-salle-giacometti.1244471736.JPGCette fois la grande salle ouvre sur l’étang aux canards et le jardin, ouverte sur l’extérieur, alors qu’à l’intérieur véritable agora, se croisent hommes et femmes, des femmes au chariot, la  famille Giacometti.
L’exposition débute par les toiles du père Giovanni, roses et bleues, une série de portraits d’Alberto à des âges divers, essentiellement à l’adolescence.  Le sculpteur Alberto, où le modèle et la sculpture se confondent. Une pièce est réservés au mobilier de Diego le frère.
Tout au long de l’exposition de nombreux bustes et têtes essaiment le lieu, la mère  Anna, en portrait et en sculpture, les 9 femmes de Venise trônent dans le foyer à proximité des Nymphéas. Dans la salle 12 reflet d’une crise artistique d’Alberto Giacometti (1940) le petit homme, 2,05 cm de hauteur sur un petit socle en bronze, domine toute la salle, sur un immense socle, et arrache un sourire, voire un éclat de rire spontané aux visiteurs.
giacometti-le-nez.1244471545.jpgLa cage déploiement de la sculpture dans l’espace est un des thèmes majeur de l’art de Giacometti, le nez en cage.
Les femmes sans tête sont anguleuses, il y a celle qui tient l’objet invisible, le visage aux yeux douloureusement écarquillés, les mains se referment sur le vide.giacometti-femme-tenant-un-objet-invisible.1244471913.jpg
Toutes ces sculptures sont soit en gips soit en bronze.
Annette son épouse est le principal modèle féminin d’Alberto, jambes longues, formes généreuses, cheveux tantôt en chignon, tantôt déployés, elle est omniprésente dans l’œuvre, en tête, en buste, en grand femme, en plusieurs exemplaires, sur La Place, la Forêt,  évoquant des maquette, ou encore des figurines sur un piédestal.
Femmes cuiller, ou femme couchée, ou celle dans une boîte entre 2 boîtes qui font maisons.
Les toiles à l’huile, dans les pigments gris et blancs où les visages tous reconnaissables sont couverts de griffures dues au pinceau d’Alberto..
La femme égorgée évoque un insecte, avec ses yeux globuleux, ses pattes entrelacées, l’une repliée sous le corps, l’autre croisant au-dessus, avec des terminaisons e forme de feuilles.giacometti-le-femme-ecorchee.1244471604.jpg
On ne joue plus, marqué par la pensée, du mouvement surréaliste, sorte de jeu de damier, qui présente la fin de tout jeu : la mort. Des figures inquiétantes, indéfinissables, pions ou fous se déplacent sur un cratère ou dans un cimetière, le spectateur étant directement intégré à l’action en tant que joueur fictif.
Trois versions du cube, deux en plâtre une en bronze, créations dont Alberto déclara un jour que c’était ses seules oeuvres abstraites. Par sa forme elle évoque un cristal de roche, mais aussi le polyèdre de la célèbre gravure d’Albrecht Dürer vu dans Melencolia au Grand palais. Egalement intitulé Tête, il faut observer les incusions, qui révèlent à la fois un autoportrait et de vagues esquisses d’atelier.
L’autoportrait à l’huile d’Alberto,  , le col ouvert, costume foncé, un genou touchant terre, alors qu’il est assis sur un tabouret, il vous regarde avec beaucoup d’assurance comme si nous étions le modèle, qu’il prend notre mesure afin de nous peindre, le bras tendu vers le chevalet. Même si l’oeuvre de Giacometti n’est plus une inconuue pour la plupart d’entre nous, à la Fondation Beyeler, elle est lumineuse et prend un éclat particulier, contrairement à l’exposition du Centre Beaubourg, où l’atelier me paraissait fouilli, répétitif et sombre.

Vincent van Gogh – Le Jardin de Daubigny

Benoit Landais étant intervenu dans les commentaires du billet que j’ai publié après ma visite de l’exposition van Gogh au Kunstmuseum de Bâle, dans les termes suivants :

 » Sept faux sont exposés à Bâle. Cinq peints par Emile Schuffenecker les “Jardin de Daubigny” et “d’Auvers”, le “Moulin de la Galette”, le “Champ de blé sous le ciel orageux” et la “Moisson” de Jerusalem qui sert de toile d’appel et que vous reprenez en haut de cette page. Ces minables Van Gogh-là sont dus aux pinceaux d’Emile Schuffenecker. « 

Aussi, lorsque je reçus l’invitation à la conférence sur les 2 jardins de Daubigny ma curiosité fut aiguisée.

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Ce mercredi 27 mai, le Kunstmuseum de Bâle a invité Stefan Kolkodehoff, journaliste culturel de Cologne (Kulturjournalist) afin de clarifier l’énigme « Die zwei Versionen des Jardin de Daubigny » dans le cadre de l’exposition
« Vincent van Gogh – Zwischen Erde und Himmel: Die Landschaften.“
 L’objet  est défendre le Jardin de Daubigny,  toile phare de l’exposition reproduite en carte de crédit par l’UBS, son  sponsor, (Benoît Landais, – n’oubliez pas de visionner la vidéo un peu plus bas tableau contesté par des dizaines d’experts depuis qu’Alfred Hentzen a prouvé qu’il était faux en 1934 et sur lequel… il y a zéro doute selon un communiqué de presse du directeur du musée :
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« Die These, das Gemälde von Vincent van Gogh Jardin de Daubigny aus der Sammlung Rudolf Staechelin, Depositum im Kunstmuseum Basel (F 777), sei eine Fälschung, ist nicht neu, dafür reichlich absurd: Die Fachwelt, auch das renommierte Van Gogh Museum in Amsterdam, ist sich einig, dass es keinerlei sachliche Gründe gibt, die Echtheit des Gemäldes in Frage zu stellen. Sämtliche anders lautenden Theorien sind – teilweise schon mehrfach – widerlegt worden. »
Bernhard Mendes Bürgi, Direktor Kunstmuseum Basel
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appuyé par les  assurances du marchand Walter Feilchenfeldt et la conservatrice Nina Zimmer co-organisateur de l’exposition. Stefan Koldehoff commence par regretter qu’il n’y ait personne du musée pour le présenter,  contrairement à l’usage et à la courtoisie.
Koldehoff explique à peu près, mais il ne possède pas très bien son sujet. Il affirme qu’il faut croire les vrais experts  et non les faux experts et surtout pas les journalistes « publicisten » qui n’y connaissent rien! (n’est-il pas annoncé comme  « Kulturjounalist  »  ?)  Ce qui est vrai pour Koldehoff c’est l’expert en place. Il conclut en disant  que  « ah non, il ne peut pas trancher pour dire si un des deux Jardin de Daubigny est faux ». ….!!!!! Autrement dit, il dit qu’il faut croire les experts, mais lui ne leur fait pas confiance ! Dans les  conclusions confuses de Stefan Kolkodehoff, une chatte n’y retrouverait pas ses petits, il n’y eu vraiment pas de quoi fouetter un chat, heureusement que dans la salle Hanspeter Born répondra à quelques questions sur lesquelles Koldehoff était un peu court, et expliquera que la toile est fausse. Mais peut-être le flottement de Koldehoff vient-il du Die verschwundene Katze, coécrit avec Benoît Landais, qui justement s’attache à montrer que le Jardin Daubigny de Bâle est faux et que les assurances données sont fausses.
L’auraient-ils retrouvé Le Katzele ?  Moi je donne ma langue au chat ….
L’un des deux exemplaires du Jardin de Daubigny, « l’une de mes toiles les plus voulues » selon les termes de la lettre de Van Gogh à son frère Théo à propos de ce tableau peint peu de temps avant son suicide, serait un faux. Le peintre n’aurait exécuté qu’une version de ce parc d’Auvers-sur-Oise selon ses écrits. Le tableau conservé à Bâle présente un chat sur la pelouse, l’autre à Hiroshima, n’a pas de chat. Le critique Benoît Landais, qui prétend le tableau de Bâle serait un faux, précise que le faussaire Claude-Emile Schuffenecker maquillera l’original un temps en sa possession pour faire disparaître le chat signalé dans la correspondance de Vincent (accompagnée d’un dessin). Sur les conseils du faussaire, la veuve de Théo acceptera l’idée de deux versions du Jardin de Daubigny.
 Le matin même la Welchewoche de Zurich avait publié et republie un papier du Dr Matthias Arnold, thésard allemand venu poignarder à son tour le très faible jardin de Bâle. (utiliser les outils linguistiques de google s’il est votre ami …)
Walter Feilchenfeldt  présent dans la salle est resté muet. Si sa théorie sur l’authenticité ne convainc pas même Koldehoff, c’est à désespérer!
extrait de la newsletter du Kunstmuseum :
A la fin de mai, le directeur du Kunstmuseum Basel, Bernhard Mendes Bürgi, a eu le plaisir d’accueillir le 100 000e visiteur et d’offrir un bouquet de fleurs et un catalogue de l’exposition à Corinne Zellweger, de Riehen, qui se rendait à l’exposition en compagnie de son mari. Après avoir parcouru l’exposition Van Gogh, Corinne Zellweger ne cachait pas son enthousiasme : « Je suis fascinée par les couleurs intensives de Vincent van Gogh. Cette exposition est une occasion unique de contempler ici à Bâle un si grand nombre de ses chefs-d’œuvre ! »

Antikörper – Arbeiten von Fernando & Humberto Campana 1989 – 2009

ANTICORPS – Travaux de Fernando et Humberto Campana,
campana-freres.1242688984.JPGActuellement, les pièces des frères Campana rejoignent les collections permanentes d’institutions culturelles de renom parmi lesquelles le MoMA à New York, le Centre Georges Pompidou à Paris, le Vitra Design Museum à Weil am Rhein en Allemagne.vitra-design.1242688639.JPG
C’est au Vitra Design de Weil am Rhein que l’on peut voir de drôles de coussins sur lequels on aimerait s’allonger et s’étirer pour en éprouver tout le confort.
des chaises, des fauteuils, tabourets, canapés, objet de décoration, sortant de l’imagination débordante des 2 frères.
On aimerait avoir quelques uns de ces objets chez soi comme garant contre la morosité environnante.
 Fernando et Humberto Campana développent un travail basé sur le détournement de produits artisanaux ou de recyclage et sur la transgression des canons de l’esthétique. Avec eux le pauvre devient précieux. Ils utilisent des éléments caractéristiques de la culture brésilienne – les couleurs, les mélanges, le chaos créatif, le triomphe des solutions simples. Basé à Sao Paulo, le studio Campana s’investit constamment dans la recherche de nouvelles possibilités dans la conception de mobilier ; ce qui engendre des échanges d’information, également source d’inspiration. Le travail développé en partenariat avec les communautés, les usines et industries maintient la vivacité du répertoire du studio.
La première exposition de Fernando et Humberto Campana, intitulée « Desconfortaveis » se déroule en 1989campana-chaise.1242689204.JPG.
En 1997, Fernando et Humberto Campana rencontrent Massimo Morozzi. L’année suivante, au Museum of Modern Art de New York, sous la direction du commissaire Paola Antonelli, ils participent, avec Ingo Maurer, à « The Project 66 », leur première exposition internationale. Le concept de l’exposition est de réunir deux approches différentes du design partageant le même lyrisme.
En 1998, avec la chaise Vermelha, ils signent leur premier partenariat avec Edra, en Italie. Depuis, chaque année, de nouvelles créations sont produites et diffusées par les firmes internationales Edra, Alessi, Fontana Arte ou nationale telle que Grendene.
En 2002, le studio Campana crée sa propre ligne d’édition de pièces uniques « faites main », réalisées au sein même de l’atelier à Sao Paulo. Cette ligne de création est représentée par des galeries internationales, l’Albion Gallery à Londres et Moss à New York.campana-deco.1242689312.JPG
En mai 2005, leur studio de création explose à cause d’une fuite de gaz chez leur voisin. Ils inaugurent leur nouveau studio en 2007.
jusqu’au 28 février 2010

Vincent van Gogh – Entre terre et ciel: Les paysages

van-gogh-les-champs-de-ble.1241314964.jpgD’avril à septembre 2009, le Kunstmuseum de Bâle  présente une spectaculaire rétrospective quasi globale des paysages du peintre légendaire Vincent van Gogh. 70 tableaux – tant des œuvres de premier plan mondialement célèbres que des toiles peu connues du grand public – présentent l’art de van Gogh sous un jour entièrement nouveau. Ils sont complétés par 40 chefs d’œuvre contemporains qui appartiennent à la collection du Kunstmuseum Basel et servent de cadre à l’approche révolutionnaire de la peinture des paysages qui est propre à van Gogh. Il manque toutefois le très célèbre « Champ de blé au corbeaux » .
Une introduction multimédia à la vie et à l’œuvre du peintre, permet au  public d’entrer brièvement de plein pied dans l’exposition.  Le Kunstmuseum compte en faire l’événement artistique phare d’Europe en 2009.
Après un autoportrait à l’estampe japonaise, qui accueille les visiteurs, où les yeux verts émeraude de Van Gogh regardent fixement droit devant eux, une toile très colorée (bleu-blanc-rouge)  » la fête au 14 juillet  »  presque abstraite, étonne parmi les van-gogh-autoportrait-a-lestampe.1241315424.jpgtoiles terreuses de Nueven.  Puis la palette s’éclaircit avec son séjour à Arles, sa vie nous est contée au fil des œuvres accrochées chronologiquement, grâce à un audio-guide dernier cri. Le mythe du peintre maudit, fruste, grossier et ignare est définitivement démenti. Au fil de la déambulation dans les salles et des commentaires, on apprend à quel point son travail acharné était une recherche systématique et constante, de juxtaposition de couleurs selon la méthode de Chevreuse, de séries, des tryptiques assez étonnants, qui se justifient plus par les couleurs, que par la composition ou le sujet traité.  Une splendide toile en van-gogh-moisson-en-provence.1241315668.jpgprovenance du musée d’Israel de Jerusalem a retenu mon attention : un champ de blé où toutes les couleurs voisinent, du vert foncé au vert plus clair, en passant par les mauves, les jaunes, les rouges, les ocres, qui prend les 2/3 de la toile, des personnages dans le champ, un bande jaune précédant un méplat de vert, puis dans le fond la ville, avec un moulin, des maisons vertes aux toits rouges, des cheminées fumantes, par grand mistral, des clochers, une ville, des arbres, puis un fonds de ciel, bleu foncé, puis un halo vert en son centre entoure un immense soleil jaune, soleil levant ou soleil couchant, lui-même ne s’est pas prononcé.
Une autre toile « Champ de Fleurs en Hollande » démontre à quel point Van Gogh a appliqué la technique de Chevreul, en opposant les couleurs complémentaires, le van-gogh-champ-de-fleurs-en-hollande.1241317537.jpgrouge au vert, le bleu au jaune.  Le pont à Asnières permet de voir son étude de la lumière sur l’eau, Il y a aussi une série sur les cyprès, grandioses, ou tourmentés lorsqu’il est à St Paul de Mausole à St Remy, malade. On apprend aussi qu’il a peint les oliviers, pour surprendre ses éventuels clients.
Seul personnage, un portrait de Mademoiselle Gachet au piano. (pas d’illustration).
L’exposition est un enchantement pour les yeux, la progression chronologique, avec des couleurs des paysages de la Hollande (Nuenen), tristes, gris, s’éclairent avec son séjour en Arles, puis à  Auvers sur Oise, période qui est la plus féconde de sa carrière, où tantôt il est heureux, preuve les lettres  qu’il adresse à son frère Théo, mais aussi où s’achève tristement sa vie, avec le suicide que l’on connaît à l’âge de 37 ans. Il repose au cimetière d’Auvers sur Oise, son frère Theo dans la tombe voisine, les deux tombes sont reliés entre elles par du lierre, qui selon la légende proviendrait du jardin du Dr Gachet.
L’oreille coupée, une information qui vient à point
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C’était visiblement un acte de mutilation. Un acte qui laissait transparaître la déficience de la santé mentale du peintre. Le 24 décembre 1888, dans sa maison d’Arles, Vincent Van Gogh se serait coupé l’oreille gauche à l’aide d’une lame de rasoir. En tout cas, c’est ce qu’on croyait depuis plus de 120 ans. Aujourd’hui, cette théorie est remise en cause par deux universitaires allemands, Hans Kaufmann et Rita Wildegans dans un ouvrage sur l’artiste.
392 pages entièrement consacrées au peintre hollandais et à cette nuit particulière, où Vincent Van Gogh, animé par une crise de folie, se tranche l’oreille, l’enveloppe dans du papier journal et se recouche, ensanglanté.
Selon les deux auteurs, Paul Gauguin serait directement lié à cette fameuse oreille coupée. C’est à la suite d’une nouvelle dispute entre les deux peintres – qui ne partagent pas le même avis sur l’exercice de l’art – que Vincent Van Gogh aurait perdu son lobe. Mieux, Gauguin la lui aurait coupé. L’indice, selon les auteurs : Gauguin, étant précipitamment reparti pour Paris le lendemain du drame, excellait dans l’escrime et le maniement d’armes civiles. Van Gogh, prostré, n’aurait rien dit à la police, dans le but de protéger son ami.
Les deux peintres, qui entretenaient une relation conflictuelle, d’amitié profonde empreinte de rivalité, ne se seraient jamais revus après cet épisode. Vincent Van Gogh s’est suicidé, sept mois plus tard.
La théorie des historiens allemands sera soutenue le 17 mai à Bâle, à l’occasion d’une exposition consacrée au peintre hollandais.
Pour ceux qui n’ont pas l’habitude de lire les commentaires je joins le lien vers la vidéo de Benoit Landais, spécialiste du peintre des Tournesols, où il démonte cette thèse mise en avant par des universitaires allemands
En réponse à de nombreuses demandes
les détenteurs du pass-musées peuvent acquérir leur billet d’entrée uniquement auprès  des guichets du Kunstmuseum (Dufourstrasse – juste à droite du musée) au prix de 18 francs suisses, au lieu des 28 frcs ch, 5 ch frcs l’audio-guide en français.