A nouveau la Fondation Beyeler frappe un grand coup à l’occasion de son 10° anniversaire, en présentant 130 oeuvres , 80 dessins et gravures couvrant toutes les périodes de création de l’artiste peintre et graveur Edvard Munch. Visible jusqu’au 15 juillet. Cette manifestation constitue ainsi la plus grande exposition Munch jamais organisée hors de Norvège. La reine Sonja de Norvège présente pour l’inauguration, a avoué avoir découvert à cette occasion certaines oeuvres de l’artiste norvégien. En effet, certaines d’entre elles appartiennent à des collectionneurs privés et sont présentées pour la première fois. Et la reine d’insister sur l’importance de l’art et d’Edvard Munch pour les Norvégiens.
« Il est pour nous un de nos meilleurs ambassadeurs ».
photo Jean Paul Domb
Pour les mauvaises nouvelles : point de catalogue en français, ni même de notice explicative habituelle, un supplément de 5 chf où de 3.50 € pour les détenteurs du passmusées.
Précurseur de l’art moderne, Il passe de l’impressionnisme à l’expressionnisme, il explore toutes les techniques. Le cri , fameux tableau volé, n’est pas présent puisqu’il ne quittera plus le musée d’Oslo, mais on peut voir une lithographie, sur laquelle Munch a écrit : » Ich gefühlt der große geschrei durch die Natur ». Voilà ce qu’il explique : je me promenais sur un sentier avec deux amis – le soleil se couchait – tout d’un coup le ciel devint rouge sang – je m’arrêtais, fatigué, et m’appuyais sur une clôture – il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir et la ville – mes amis continuèrent, et j’y restais, tremblant d’anxiété – je sentais un cri infini qui se passait à travers l’univers.. » LithographieLes autoportraits, dont celui appelé Autoportrait en enfer, Munch exprime sa vulnérabilité, dont il a eu la douloureuse expérience à travers la perte d’une phalange. Il en reparle du reste à Jappe Nilssen dans une lettre du 12 novembre 1908 : « Ce sont des blessures de Norvège — qui ont fait de ma vie une sorte d’enfer. » L’opposition étincelante entre la lumière et l’ombre surdimensionnée de l’arrière-plan, et ainsi que l’esquisse d’une entaille au cou qui sépare la tête rougeâtre du corps jaune sont le symbole de l’étroite arête qui sépare la vie et la mort. Le succès artistique et sa percée en Allemagne ne suffisent pas au cours de ces années à sortir Munch d’une profonde crise qui l’entraîne dans l’alcoolisme et les problèmes psychiques. auportrait en enferLes portraits d’enfant malade et de la mère éplorée, de jeunes filles, de jeunes femmes rousses ou blondes élégantes ou dénudées, portraits d’hommes en pied la plupart, homme mélancolique, Madone, baisers, couples amoureux hétéros, lesbiens amoureux, nus en pleurs, à genoux, couchés, vampires, noces, morts de bohémiens, paysages de printemps, d’été, d’hiver, de forêt, de montagnes, clairs de lune, tempêtes, peinture à l’huile, détrempe, gravure sur bois, lithographies, pastels, dessins, décors de scène qu’il a crée pour Ibsen, Munch a tout abordé dans un jaillissement de couleurs, mais aussi dans le noir des lithos et gravures. Des thèmes récurrents l’amour, le baiser, la maladie, l’angoisse, la mort.
Une toile vendue à Sotheby’s en 2006 au prix jamais atteint pour une toile de Munch de £ 5,5 millions, intitulée Jour d’été Linde-fries (fresque Linde) Un couple fantomatique, l’homme n’a pas de visage, on doute presque de son aspect humain, seul son bras enlaçant sa compagne semble réel. Elle est plus consistante, les yeux écarquillés dans un visage bleu coupé par le tronc de l’arbre. Visage que l’on retrouve souvent dans les gravures et lithographies. Curieuse composition, une surface herbeuse délimitée par une bande de sable, le bleu profond de la mer semble monter jusqu’au ciel, les feuilles gigantesques ressemblent à de monstrueuses ailes dentelées, flottant comme des voiles vertes. Le triangle blanc d’une voile, éclaire le centre du tableau, ainsi que le jaune d’une barque avec à son bord quelques personnages aux vêtements colorés, équilibrés par de curieux monticules, clairs, blancs et jaunes, qui représentent en fait des groupes de jeunes filles. On trouve le même groupe de jeunes filles élégantes, en bleu, jaune, rose, chapeautées, dans plusieurs autres toiles, qui elles semblent respirer le bonheur. Les curieux arbres de par leurs troncs partagent le tableau en 3 parties. Cette toile peinte en 1904/05 semble exprimer un épisode de la vie de Munch, l’amour fragile, éphémère, pour Tulla Larsen, qu’il refuse d’épouser, trop riche pour lui et sa condition de peintre, certainement aussi pour la mise en scène macabre, qu’elle lui imposa afin de provoquer chez Munch une demande en mariage. Jours d’été Linde-friesLa danseJeunes filles sur la Pier
l’exposition étant dense, cela demande une 2° voire une 3° visite, il y a une nocturne le mercredi soir jusqu’à 20 h.
à suivre
Commentaires1. Le 20 mars 2007 à , par holb Magnifique. Une visite en perspective…
Et toujours pas de catalogue en français (grr…). Une édition du catalogue est prévue en anglais, au moins ?
Il faut voir (revoir) le beau film de Peter Watkins « Edvard Munch, la danse de la vie », qui est une des plus belles réussites parmi les nombreuses biographies filmées de peintres qui existent : la caméra est parfois hésitante, comme s’il s’agissait d’un film documentaire ; la vie de Munch est entrecoupée d’ « interviews » de gens de l’époque, comme pris sur le vif. C’est assez troublant. Cela rend le peintre très présent, très proche, presque contemporain. Film de 1973.espace-holbein.over-blog….2.
Le 20 mars 2007 à , par elisabethLes éditions anglaises et allemandes sont en vente. On peut acquérir à retardement une édition française du catalogue de l’exposition précédente « Eros » (à réclamer auprès de la caisse) Il faut prévoir large, car l’exposition est immense, je n’ai pas encore tout vu au bout de 3 heures, j’y retourne bientôt. Le mercredi il y a une nocturne jusqu’à 20 h. Pour le film, j’ai pris bonne note. Peut-être te verrai-je cette fois ? ;-))) Le TVG circule à partir du 10 juin, les billets promotionnels sont en vente à partir du 10 avril. Qu’on se le dise, entre nous amateurs d’art…..
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Edward Munch suite
Par elisabeth, 27 juin 2007 à
Quelle ne fut pas ma surprise de constater que 9 extraits de la Reinhardt Fries provenant de la Nationale Galerie de Berlin, ont été exposés au foyer de la Fondation Beyeler alors qu’ils n’y figuraient pas lors de ma première visite . Ces toiles peintes à la détrempe ont un éclat particulier et sont beaucoup plus lumiseuses que la grande fresque (Linde-Fries) collection particulière, peinte à l’huile.
J’ai eu l’impression que certaines toiles n’y étaient plus. Les toiles de Munch dégagent un grand sentiment de détresse dans leur ensemble, tout compte fait je leur trouve beauoup de maladresse dans leur composition.
Vous pouvez lire ici un point de vue d’un grand amateur de Munch, ici un autre amateur tout aussi éclairé.
Une visite à la fondation Beyeler est toujours un moment privilégié, je ne la quitte jamais sans avoir fait une pose sur le canapé blanc en face des Nymphéas, où l’on voit le parc se miroiter dans le plan d’eau, à travers la grande baie vitrée, un autre tour dans la salle Giacometti. A force de les voir toujours là, j’ai le sentiment d’être riche de toutes ces oeuvres. La nature est en plein épanouissement, verte et dense.
L’exposition est prolongée jusqu’au 22 juillet 2007.
Commentaires
Ah le fameux canapé blanc (et Debussy en prime)…
C’était le 1° jour des soldes …. j’en ai profité pour acheter certains anciens catalogues que la Fondation Beyeler bradait à 10 €.
Les visteurs sont tous massés pour Munch et délaissent le canapé blanc, aussi c’est un moment bien savoureux si on peut y rêver avec ou sans Debussy.
Evidemment cela n’est pas comparable avec le musée de l’Orangerie que j’ai visité il y a quelques jours.
www.musee-orangerie.fr/ho…
Chris n’oublie pas jusqu’au 22 juillet, en passant par Weil am Rhein. J’exige un compte rendu ….
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