Joseph Mallord William Turner, Ein Festtag in Zürich, Aquarell und
Gouache über Bleistift auf Papier, mit Auskratzung, aufgezogen, 29 x 47.8
cm, Kunsthaus Zürich, Grafische Sammlung
Sparks (Étincelles) et Kopiec Bonawentura à la galerie de la Filature de Mulhouse pour l’ouverture de la saison 2019/2020, exposition visible
jusqu’au dimanche 27 oct. 2019
Le titre de la série photographique de Wiktoria Wojciechowska, Sparks (Étincelles), consiste en 72 portraits de quelque 60 personnes
différentes, inspirée de la tradition des portraits militaires.
L’usage est de faire un portrait d’un militaire avant qu’il parte,
le premier et peut-être le dernier…
Ces photographies évoquent les débris brûlants de missiles
transperçant les murs des habitations mais aussi les éclats lumineux
des explosions se reflétant sur les visages ou encore les flashes de
mémoire et réminiscences douloureuses qui habitent l’esprit des victimes.
Surtout, ce titre fait directement allusion à la forme choisie par Wiktoria Wojciechowska pour raconter la guerre en Ukraine, une forme dispersée constituée de différents matériaux collectés :
photographies, films et paroles, éclatés tels des fragments de bombes.
La série Sparks se veut ainsi le portrait multidimensionnel d’une guerre dont on ne parle plus ou peu. Entre 2014 et 2016, elle a travaillé sur la série Sparks, un portrait de la guerre contemporaine s’appuyant sur les histoires personnelles d’individus vivant au milieu du conflit en Ukraine.
The squad of nine killed and eight wounded (Le bataillon de neuf tués et huit blessés)
qui présente un groupe de soldats, dont neuf sur l’image
sont recouverts d’une feuille d’or
Au coeur de la série s’imposent des portraits de jeunes soldats dont Wiktoria Wojciechowska a voulu mettre en lumière le manque d’expérience, la fragilité et la transformation par la guerre.
Non-professionnels, ces soldats, guidés par leur seule conviction, ont quitté leur situation sociale antérieure pour devenir simples humains face à
la peur, face à des sentiments complexes et à des dangers auxquels ils n’étaient pas préparés.
Elle représente dans la vidéo la corde, son demi-frère, adolescent
mais aussi dans un collage, sorte de journal intime, qu’elle voudrait
préserver, protéger.
« Je vis tout près de la frontière de l’Ukraine à Lublin, cette guerre se déroule presque sous nos yeux et elle n’intéresse personne… »
Loin d’une héroïsation de ces jeunes hommes, la photographe révèle à travers ses clichés sensibles leurs failles et leurs doutes.
Elle a proposé à ces jeunes gens tous volontaires pour aller combattre, de raconter leur engagement, dire ce qu’ils ont vécu et ressenti. Au cours d’entretiens individuels d’une heure environ, elle a conversé avec eux tout en les filmant et en déclenchant parfois une prise de vue.
De véritables images caravagesques, qui reflètent tout le tragique de
la situation.
D’autres images de la série montrent les ruines laissées par les combats, stigmates d’une guerre menée avec des armes modernes : ponts détruits,
tranchée creusée dans un paysage désolé, façades criblées… Chaque photographie de la série témoigne du positionnement choisi par Wiktoria Wojciechowska pour rendre compte du conflit ukrainien : un angle qui ne soit pas celui du photojournalisme mais qui privilégie plutôt un
regard oblique sur la guerre.
Née en 1991 à Lublin en Pologne, Wiktoria Wojciechowska vit et travaille
à Paris et Lublin.
Diplômée de l’Académie des beaux-arts de Varsovie, Wiktoria Wojciechowska a obtenu en 2015 l’Oskar Barnack Leica
Newcomer Award. www.wiktoriawojciechowska.com
Le projet Kopiec Bonawentura puise son origine dans une citation
d’Alfred Jarry tirée d’Ubu Roi :
« Quant à l’action, elle se passe en Pologne, c’est-à-dire nulle part ».
Et si la Pologne existait en plusieurs lieux à la fois ?
Lucas Olivet propose une réponse imaginaire et transnationale qu’il
situe en Pologne et dans les terres d’exil de sa diaspora, communément
appelées Polonia. Cette diversité de lieux dessine une cartographie mentale où les détails vivants et intimes du quotidien peuvent croiser la route du
surnaturel.
Pour cela, Lucas Olivet s’est laissé guider par une légende polonaise, celle d’Andrzej Tadeusz Bonawentura Kosciuszko.
Les historiens l’appellent
« le dernier chevalier» ou « le premier citoyen du monde ».
Son destin héroïque illustre la cause commune des nations sujettes aux déplacements de leurs frontières. Le titre de l’exposition, Kopiec Bonawentura, est emprunté au nom du tertre
construit en sa mémoire sur les hauteurs de Cracovie.
Né en 1985, Lucas Olivet vit et travaille à Genève.
Diplômé de l’école de Photographie de Vevey, sa démarche explore les thèmes de la mémoire, de la perte et du désir à travers sa vie, mais aussi
dans un contexte historique et culturel plus vaste.
Représenté par le galeriste Jörg Brockmann, son travail a été publié et exposé internationalement, plus récemment aux Rencontres d’Arles,
Paris Photo et Unseen Amsterdam. Lauréat d’un Swiss Pho¬to
Award en 2014 et 2016, du prix Fotofilmic (CA) 2014 entre autres récompenses, ses photographies appartiennent à différentes collections privées et publiques dont la Lambert Art Collection (LAC). Kopiec Bonawentura est sa première monographie parue chez Kerber Verlag en 2018.
Photo de Tadeusz Kantor que vous pouvez retrouver au musée Tinguely
à partir du 9 octobre 2019
Cette série a été finaliste du Prix Dorothea Lange-Paul Taylor du
Center for Documentary Studies de la Duke University
en 2017. Medicine Tree est un projet inédit exposé pour la première fois cet automne à la Biennale de la Photographie à Genève.
l u c a s o l i v e t www.lucasolivet.ch
ho r a i r e s d ’ouv e r t u r e d e l a G a l e r i e ( e n t r é e l i b r e )
du mardi au samedi 11h-18h30 + dimanche 14h-18h (excepté en sept.) + les soirs de spectacles
L a F i l a t u r e , S c è ne n a t i on a l e – Mu l hou s e
20 allée Nathan Katz 68100 Mulhouse / 03 89 36 28 28 / www.lafilature.org
King Kong « L’Affaire Makropoulos » (2007) de Malgorzata Szczęśniak Ouvrant de manière spectaculaire l’exposition Opéra Monde, un immense King Kong se déploie dans le Forum. Cette sculpture conçue par la créatrice polonaise Malgorzata Szczęśniak pour la mise en scène de L’Affaire Makropoulos (de Leoš Janáček par Krzysztof Warlikowski) est la plus imposante jamais réalisée par les ateliers de l’Opéra national de Paris. Cette œuvre monumentale vous plonge dans l’univers hors limite de l’opéra et de son dialogue avec le cinéma. Par ailleurs architecte scénographe de l’exposition Opéra Monde, Malgorzata Szczęśniak transforme la Galerie 3 en une déambulation labyrinthique à travers les coulisses d’un décor d’opéra.
La déesse du Soleil Amaterasu sortant de la grotte Kazu Huggler (née en 1969) 2019 Installation
Jusqu’au 22 septembre 2019 au musée Rietberg de Zurich commissaire, Albert Lutz, directeur du Musée depuis 1998
« Miroirs, personne, jamais encore, n’a décrit sciemment ce que vous êtes dans votre essence » Rilke, Sonnets à Orphée, II , 3.
Musée Rietberg exposition Miroirs
Intitulée Eternity now, œuvre de la plasticienne helvète Sylvie Fleury, est un immense rétroviseur posé sur la pelouse qui permet une saisissante vision de la Villa Wesendonck et de son parc, où est installé le Museum Rietberg, qui débute l’exposition à l’extérieur.
L’exposition commence à l’intérieur, inévitablement par le mythe antique de Narcisse. L’histoire de ce jeune homme qui tombe amoureux de son reflet dans l’eau, mais qui, prenant conscience que cet amour est vain et dépérissant de jour en jour, finit par mourir de désespoir, a enflammé l’imagination des créateurs pendant des siècles: le mythe de Narcisse est un thème récurrent dans la littérature, la philosophie, l’art et la psychologie, à chaque fois qu’il est question d’un amour immodéré de sa propre personne, de la vie et de la mort et de l’estime de soi. marbre de John Gibson
« De quoi ai-je l’air aujourd’hui? Qu’est-ce que me dit mon visage? »
Jour après jour, le miroir est l’instance qui nous permet de vérifier notre aspect et de capter notre état d’âme. Il nous accompagne durant toute notre vie, et nous entretenons avec lui une relation intime, même si elle est parfois machinale et distanciée, aimée ou haïe. Mais au fait, que savons-nous de lui, de son histoire et de son utilisation, et que raconte le miroir sur nous-même?
Orphée, Tokyo Rumando
Cette exposition est la plus vaste jamais présentée sur l’histoire culturelle du miroir, qui s’étend sur plusieurs millénaires. Que ce soit dans l’Egypte ancienne, chez les Mayas du Mexique, au Japon ou en Italie, plus précisément à Venise, mais aussi dans l’art et les films actuels – d’un bout à l’autre de la planète, des miroirs ont été fabriqués dans toutes sortes de civilisations et se sont vus attribuer des significations et des pouvoirs particuliers.
A l’aide de 220 oeuvres d’art provenant de 95 musées et collections du monde entier, l’exposition met en lumière l’évolution artisanale et technologique mouvementée ainsi que la portée culturelle et sociale de cet intermédiaire qui nous renvoie notre propre reflet. Il est question du miroir en tant qu’artefact, mais aussi de connaissance de soi, d’orgueil et de sagesse, de beauté, de mystique et de magie, ainsi que du miroir de notre époque – le « #selfie ». Florence Henri Sur le net, sous tous les hashtags possibles, on peut voir des millions de selfies pris à bout de bras. Si l’on saisit « miroir et selfie » dans un moteur de recherche, on se retrouve en face de photos de femmes et d’hommes qui prennent la pose dans le lieu le plus intime de leur vie privée, la salle de bains, et divulguent ces images dans le monde entier sous le mot-dièse #bathroomselfie.
Sur la voie de la connaissance de soi Les nouveau-nés et les nourrissons s’intéressent déjà très tôt aux visages. Le visage de la mère, sa première personne de référence, est pour l’enfant son « premier miroir ». Tous deux s’imitent mutuellement, chacun reflétant les traits du visage et les émotions de l’autre. Dans un premier temps, les tout-petits interagissent avec leur reflet comme ils le feraient avec un vis-à-vis « inconnu ». Ce n’est qu’à peu près à l’âge de 18 mois que les enfants se reconnaissent eux-mêmes dans le miroir. Peu à peu, ils développent également la faculté de prise de conscience de soi en tant qu’objet et de réflexion à ce sujet. Le philosophe grec Socrate ne recommandait-il pas à ses élèves de se regarder dans un miroir pour méditer sur la beauté et la fugacité et cultiver leur propre âme…
Michelangelo Pistoletto, L’Etrusco.
CHANGEMENT D’IDENTITÉ Je est un autre Dans la célèbre formule d’Arthur Rimbaud – Je est un autre –, le poète se considère comme un voyant, qui se transcende lui-même et qui, s’affranchissant de sa propre personnalité, devient un autre, et pénètre ainsi dans les domaines inconnus de l’imagination. .Miroir-lièvre (Hasenspiegel) Cette oeuvre de Markus Raetz se réfère à une action de l’artiste allemand Joseph Beuys réalisée en 1965 et intitulée: Wie man dem toten Hasen die Bilder erklärt («Comment expliquer la peinture à un lièvre mort»). La silhouette du lièvre réalisée en fil de fer reflétée dans le miroir devient celle de quelqu’un d’autre – le profil de Joseph Beuys.
Marianne Brandt
L’exposition montre des oeuvres de vingt artistes, dont des photographes, provenant de quatre continents, sur le thème de l’« autoportrait » – des années 1920 à aujourd’hui. Cette série comprend des photographies de Claude Cahun et de Florence Henri, de Cindy Sherman et Nan Goldin, jusqu’à Amalia Ulman et Zanele Muholi, des vidéos de Bill Viola, d’Albert Lutz. Des extraits de films – des monologues d’hommes se parlant devant le miroir ou des cowboys tirant dans un miroir – constituent un programme contrasté à la fois savoureux et qui mérite réflexion.
Zanele Muholi
de Niro
Ce tour du monde à travers l’histoire du miroir auquel nous invite l’exposition commence par un miroir en bronze égyptien du XIXe s. av. J.-C., que, selon l’inscription, un père avait fait fabriquer pour sa fille « afin qu’elle puisse y regarder son visage ». Elle nous conduit en Grèce et en Italie, plus précisément à Rome, chez les Etrusques, les Celtes, puis en Asie, en Iran, en Inde, en Chine et au Japon. Des pièces singulières provenant du Museo Nacional de Antropología de Mexico laissent deviner le pouvoir numineux des miroirs chez les Mayas et les Aztèques. Quant aux miroirs grecs, romains ou étrusques, leur revers est orné de représentations artistiques de femmes se baignant ou se coiffant. L’exposition montre à ce sujet des chefs-d’oeuvre du Louvre, à Paris, et du Metropolitan Museum de New York.
Miroirs Rietberg
Magie et mysticisme Le miroir peut aussi être obscur et mystérieux. Dans de nombreux genres cinématographiques, les metteurs en scène ont recours à des miroirs pour annoncer l’avenir ou dévoiler le passé; parfois, la mort rôde derrière le miroir, il rend visible l’invisible. L’art du surréalisme, de Salvador Dali à Paul Delvaux, utilise le miroir pour suggérer des phénomènes insondables, incompréhensibles ou secrets. L’exposition présente aussi un incroyable costume de chaman, le plus vieil exemple au monde, provenant de Sibérie auquel sont suspendus des miroirs en laiton. Le parcours se termin avec l’histoire d’Alice traversant le miroir, illustrée par une oeuvre majeure de Michelangelo Pistoletto.(ci-dessus)
Paul Delvaux, Femme au Miroir 1936
Interaction Des extraits de certaines des scènes les plus célèbres de l’histoire du cinéma où le miroir joue un rôle sont présentés dans une vaste projection : l’entrée dans le monde des Enfers, tirée du film Orphée de Jean Cocteau, le final grandiose de La Dame de Shanghai d’Orson Welles, la scène du peep-show de Paris Texas de Wim Wenders ou quelques autres tirées de In the Mood for Love; de Wong Kar-Wai.
Le narcisse suisse clôture l’exposition que l’on quitte avec regret, tant elle est intelligente, riche en découvertes.
Narcisse suisse, Paul Camenisch 1944
Musée Rietberg Les arts du monde à Zurich Gablerstrasse 15 8002 Zurich Suisse
Jusqu’au 27 OCTOBRE 2019 à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne Commissariat Victor I. Stoichita, professeur ordinaire en histoire de l’art des temps modernes à l’Université de Fribourg Sylvie Wuhrmann, directrice de la Fondation de l’Hermitage Aurélie Couvreur, conservatrice de la Fondation de l’Hermitage
attribué à Wolfgang Heimbach cp
Après le succès de l’exposition Fenêtres, de la Renaissance à nos jours. Dürer, Monet, Magritte… en 2013, la Fondation de l’Hermitage à Lausanne poursuit son exploration des grands thèmes de l’iconographie occidentale, et propose au public de découvrir les multiples facettes artistiques de l’ombre. Avec une sélection inédite de près de 140 oeuvres, l’exposition Ombres, de la Renaissance à nos jours offre un parcours à travers 500 ans d’histoire de l’art, et convoque des formes artistiques très variées, allant de la peinture à l’installation, en passant par la sculpture, l’estampe, le dessin, le découpage, la photographie ou encore la vidéo.
vue de l’entrée de la Fondation de l’Hermitage, avec les ombres portées.
L’exposition se déploie en 16 thèmes. Pour certaines oeuvres connues ou encore d’autres d’auteurs moins connus, l’exposition rend attentif aux détails, que l’on regarde souvent rapidement sans les voir.
L’ombre naît de la lumière, ou plus précisément de l’absence de lumière, et elle se définit comme suit : « Diminution plus ou moins importante de l’intensité lumineuse dans une zone soustraite au rayonnement direct par l’interposition d’une masse opaque ». En d’autres termes, lorsqu’un objet opaque est mis devant un rayon lumineux, l’ombre proprement dite (ou ombre propre) est la zone de l’objet qui ne reçoit pas de lumière. Mais l’ombre a ses variations. La première d’entre elles est l’ombre portée, c’est-à-dire l’ombre projetée par un corps éclairé sur une surface. La pénombre est la zone partiellement éclairée qui entoure l’ombre propre ou l’ombre portée, lorsque l’objet est éclairé par une source lumineuse étendue.
Sol LeWitt Une sphère éclairée par le haut, les quatre côtés, et toutes leurs combinaisons
Depuis l’Antiquité, il se raconte que l’ombre est au coeur de l’invention de la peinture, du dessin et même du modelage en bas-relief. Ainsi Pline l’Ancien explique-t-il qu’une jeune femme corinthienne, Dibutade, dessina les contours de l’ombre de son bien-aimé qui se projetait sur un mur, pour en garder une image avant qu’ils ne soient séparés (Histoire naturelle, XXXV, 15 et 151). Ce récit mettant en scène une jeune femme inventrice d’un art et un jeune homme lui servant de modèle, montre le rôle central de l’ombre dans la conception artistique occidentale.
Joseph-Benoît Suvée, L’origine du dessin, 1776-1791 huile sur toile, 49 x 34 cm Musée Groeninge, Bruges
Les couleurs de l’ombre Si l’ombre est, dans l’imaginaire occidental, associée à la couleur grise, il n’en va pas de même dans la nature. Comme le note le théoricien de l’art Leon Battista Alberti dès 1435, « les rayons réfléchis s’imprègnent de la couleur qu’ils trouvent sur la surface par laquelle ils sont réfléchis ». En d’autres termes, la couleur de l’ombre offre une infinité de teintes et de nuances, qui dépendent des sources de la lumière et des surfaces que celle-ci atteint, directement ou indirectement.
Maximilien Luce
Le parcours traverse les siècles et les thèmes, associant de manière inédite des chefs-d’oeuvre de l’art occidental qui témoignent de l’intérêt continu des artistes pour ce thème, que ce soit dans l’autoportrait (Rembrandt, Eugène Delacroix), les recherches sur la perspective (Baccio Bandinelli, Pieter de Hooch), le travail sur le clair-obscur (Luca Cambiaso, Jacob Jordaens, Joseph Wright of Derby) ou la dramatisation des paysages chez les romantiques (Caspar David Friedrich, Carl Gustav Carus, Wilhelm Bendz). L’exposition fait également la part belle aux ombres impressionnistes (Claude Monet) et post-impressionnistes (Henri-Edmond Cross, Joaquín Sorolla y Bastida), qui témoignent de l’apparition de la lumière artificielle et des recherches sur la théorie des couleurs au XIXe siècle.
Claude Monet Londres, le Parlement, reflets sur la Tamise, 1905 huile sur toile, 81,5 x 92 cm Musée Marmottan Monet, Paris
Au tournant du XXe siècle, contre-jours tranchants et ombres puissantes jouent un rôle déterminant dans la quête d’un langage formel synthétique et novateur (Félix Vallotton, Hans Emmenegger). Parmi les points forts de l’exposition figure une section confrontant les ombres inquiétantes et paradoxales des artistes symbolistes (William Degouve de Nuncques, Léon Spilliaert), expressionnistes (Edvard Munch), surréalistes (Salvador Dalí, René Magritte, Max Ernst) et de la Nouvelle Objectivité (Christian Schad, Niklaus Stoecklin).
Hans Emmenegger
Les usages de l’ombre dans la création moderne et contemporaine sont, quant à eux, déclinés à travers des oeuvres emblématiques de Pablo Picasso, Andy Warhol, Christian Boltanski ou encore Joseph Kosuth, tandis que les artistes vidéo (Vito Acconci, Jean Otth, Thomas Maisonnasse) réinterprètent les grands mythes des origines qui, de Platon à Pline, relient l’ombre, l’art et la connaissance.
Boltanski, le théâtre d’ombres
En contrepoint, une importante section photographique rassemblant notamment des images saisissantes d’Edward Steichen, Man Ray, Lee Friedlander et Wolfgang Tillmans, montre que ce thème suit la photographie comme son ombre…
Thomas Ruff
Fondation de l’Hermitage Route du Signal 2 Lise Schaeren Decollogny CH – 1018 Lausanne Responsable Communication www.fondation-hermitage.ch +41 (0)21 320 50 01
Catalogue L’exposition est accompagnée d’un ouvrage richement illustré, contenant un avant-propos de Sylvie Wuhrmann et Aurélie Couvreur et des essais de Marco Costantini, Corinne Currat, Michel Hilaire, Dominique Hoeltschi, Patrizia Lombardo, Dominique Païni, Michel Pastoureau, Didier Semin, Victor Stoichita, publié en co-édition avec La Bibliothèque des Arts, Lausanne.
Horaires Mardi à dimanche de 10h à 18h Jeudi de 10h à 21h Lundi fermé
Accès Depuis la gare •Prendre le M2 direction « Croisettes », descendre à l’arrêt « Bessières » puis prendre le bus no 16, direction « Grand-Vennes ». Descendre à l’arrêt « Hermitage »
Depuis le centre ville (Place Saint-François) •Prendre le bus no 16, direction « Grand-Vennes ». Descendre à l’arrêt « Hermitage » Info trafic des Transports publics de la région lausannoise TL
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Un Paon et un Hippopotame se lancent dans un Débat Existentiel, une exposition monographique de Basim Magdy. Jusqu’au 25 août 2019, à La Kunsthalle de Mulhouse commissaire : Sandrine Wymann
Le sujet du bac philo 2019 À quoi bon expliquer une œuvre d’art ?
A point nommé … En un premier temps, je vais tenter de comprendre moi-même, à travers le texte de Sandrine Wymann
Un Paon et un Hippopotame se lancent dans un Débat Existentiel rassemble un ensemble de pièces inédites, des peintures, des photographies et des films. Les oeuvres colorées de Basim Magdy impriment nos rétines durablement et nous forcent à considérer le monde tel qu’il nous entoure. L’artiste aborde des questions philosophiques majeures avec humour et dérision.
Attiré par les sciences, l’inexplicable, l’impressionnant, Basim Magdy reconnait par ailleurs un attrait pour la beauté des mots, la musicalité d’un son ou l’harmonie d’une gamme colorée. Artiste d’origine égyptienne, il a gardé de ses ancêtres le goût des grands projets. Que ce soit en peinture, en photographie ou en images filmées, Basim Magdy compose à partir de prélèvements du monde qu’il observe. Il extrait des images, il les façonne, les détourne comme un scientifique tente des expériences à partir du réel pour obtenir une réalité secondaire. Il obtient alors une nouvelle matière avec laquelle il questionne l’existentiel ou raconte une histoire plus personnelle.
D’entrée l’on est frappé, par la peinture, chose plus qu’inhabituelle à la Kunsthalle, avec ses murs impersonnels. La peinture est majeure dans l’oeuvre de Basim Magdy. Qu’elle couvre les murs ou soit oeuvre en soi, elle est une matière suffisamment malléable pour se prêter aux expériences physiques qu’il mène. Elle est d’abord couleur. La gamme colorée de Basim Magdy est vaste et riche de fondus ou de juxtapositions. Il confronte largement les tons, les rapproche pour les révéler et les mettre en dialogue avec ses motifs narratifs.
Basim Magdy
La peinture est aussi repère. Basim Magdy introduit dans ses images, qu’elles soient fixes ou animées, un principe de calques qui sont autant d’étapes de sa recherche ou du développement de sa pensée. En construisant ses peintures par des jeux de lignes et de repères, il invite les spectateurs non pas à suivre le même processus mais à s’emparer des interstices et y introduire leurs propres superpositions. La peinture enfin est figuration. Les oeuvres peintes de Basim Magdy ont une valeur narrative. Elles s’inscrivent dans un univers proche de la science-fiction, l’homme y est souvent représenté dans une posture de choix face à son futur. Il est en prise avec des espaces étranges, des installations démesurées ou des situations incontrôlables qui relèvent à la fois de l’imaginaire et du défi
L’exposition de Basim Magdy à La Kunsthalle Mulhouse prend place entre deux films : 13 Règles Essentielles pour Comprendre le Monde et New Acid. Entre les deux, l’artiste installe son monde qui ne ressemble à aucun autre, dans lequel il brouille volontiers les références et développe ses propres interrogations. Tour à tour collectionneur, raconteur d’histoires et de fictions, chercheur, manipulateur, chimiste, philosophe, Basim Magdy accumule quantité de matières visuelles, d’objets et d’appareils en tous genres. Il n’est pas un artiste reclus, plutôt un voyageur, un observateur infatigable, un curieux de tout ce qui le relie à la vie. Il faut imaginer dans son atelier des classeurs remplis d’images, des étagères lourdes de pierres, de caméras et de divers instruments. Ce ne sont pas des sujets en soi mais autant de ressources et de matières pour formuler chacun de ses projets.
Basim Magdy
La photographie est le medium qui relie directement la pensée de Basim Magdy à la réalité du monde qu’il arpente. Sur le mode de la collecte, il accumule des images qui sont autant de matériaux dans lesquels il puise au fur et à mesure de ses projets. Les photographies grand format appartiennent à une série avec laquelle il a expérimenté des procédés chimiques. Chaque image a subi une décoloration qui l’a tout à la fois sublimée et altérée. C’est en réagissant à des produits usuels, aussi ordinaires que du vinaigre, du coca ou d’autres sodas que les images se sont transformées et se sont révélées sous l’emprise de dominantes colorées. Chaque ensemble de la série Someone tried to lock up Time est pensé comme une référence à une part de l’Histoire méconnue, presque anecdotique que les livres n’ont pas nécessairement choisi de retenir. Sous forme de constellations, mettant en présence un ensemble de photographies, Basim Magdy écrit par l’image, parfois combinée aux mots, des poèmes qui rendent hommage à des non-événements, à des épisodes qu’il fixe pour leur beauté ou leur absence.
Basim Magdy
À la photographie, le film apporte l’animation que Basim Madgy utilise afin d’ouvrir davantage le champ de complexité des situations. Il entremêle les récits, croise les images, superpose les techniques et obtient des films qui se regardent comme des poèmes visuels. Filmé en Super 8 puis transféré sur support numérique, 13 Essential Rules for Understanding the World, se regarde comme un avant-propos à l’exposition. En cinq minutes, l’artiste pose les fondements d’un travail qui se déploie entre opinions fortes et absurdités. Les images défilent lentement, une voix énonce en 13 points presque avec autorité, les règles à respecter si l’on veut s’accommoder du monde tel qu’il est. Sur une musique lente, peut-être inquiétante, ses recommandations se succèdent et fixent un ton entre humour et désillusion.
Basim Magdy
Pingpinpoolpong À travers cette pièce, Basim Magdy réinvente le pingpong et lui rajoute des niveaux de complexité. Aux règles traditionnelles, chaque joueur peut introduire des obstacles qui viendront entraver le jeu de l’adversaire. S’engage alors une partie dans laquelle il faut accepter le hasard et l’échec, deux notions habituellement peu appréciées des joueurs.
L’artiste invite les visiteurs à poster sur Instagram des photos, des vidéos, leurs règles ou nouvelles idées pour le jeu avec le hashtag #dearbasim.
KUNSTDÉJEUNER Vendredi 21 juin → 12:15-13:45 Visite suivie d’un déjeuner tiré du sac. Gratuit, sur inscription VISITE GUIDÉE Dimanche 23 juin → 16:00 Entrée libre
KUNSTAPÉRO Jeudi 4 juillet → 18:30 – 20:30 Des oeuvres et des vins à découvrir. En partenariat avec Mulhouse Art Contemporain et la Fédération Culturelle des Vins de France Sur réservation, 5 € / personne
RENDEZ -VOUS TENNIS DE TABLE – PERDU C’EST GAGNÉ !
Dimanche 30 juin de 16:00 – 18:00 Venez pratiquer le tennis de table artistique ! L’oeuvre interactive Pingpinpoolpong est une drôle de table de jeu qui invite à célébrer l’échec et à embrasser le hasard. Ce rendez-vous sera une opportunité offerte aux joueurs d’activer une pièce qui ne manque ni d’humour, ni de philosophie. Le public est bienvenu pour encourager les joueurs ! En rebondissant sur les valeurs de l’olympisme – excellence, amitié et respect – ce rendez-vous réunira sur le terrain jeu et valeurs humaines. En partenariat avec l’association Mulhouse Tennis de Table Gratuit, sur inscriptionpour les joueurs (tout public initié à partir de 6 ans), entrée libre pour les spectateurs.
Pour la visite, munissez-vous de la brochure explicative, car à La Kunsthalle, nom à consonance germanique, les cartels et certains textes sont « in english », si vous n’avez pas fait anglais en 1e ou 2 langue, ou téléchargé un traducteur sur votre smartphone, vous êtes largué.
Horaires d’ouverture Entrée libre Du mercredi au jeudi → 12:00 – 18:00 Samedi et dimanche → 14:00 – 18:00 La Kunsthalle Mulhouse Centre d’art contemporain La Fonderie 16 rue de la Fonderie 68093 Mulhouse Cedex Tél : + 33 (0)3 69 77 66 47 kunsthalle@mulhouse.fr www.kunsthallemulhouse.com
Jusqu’au 26 août 2019
Sur les trois derniers niveaux et la terrasse de la Fondation Louis Vuittonest présentée une nouvelle sélection de 70 oeuvres de sa collection (réalisées par 23 artistes internationaux),
des années 1960 à nos jours. La peinture en est le thème.
Elle est abordée dans toute sa diversité : figurative ou abstraite,
expressive ou distanciée. Des oeuvres en volume sont mises
en regard. Des salles consacrées à Joan Mitchell, Alex Katz,
Gerhard Richter, Ettore Spalletti, Yayoi Kusama, Jesús Rafael Soto
alternent avec des ensembles thématiques, autour de l’abstraction,
de l’espace et de la couleur. Cet accrochage montre de quelle
manière la peinture ne cesse de se réinventer et d’enfreindre
ses propres règles, puisant dans les techniques de reproduction
actuelles.
Depuis son inauguration en 2014, la Fondation présente
régulièrement un choix d’oeuvres de la Collection.
Les premiers accrochages étaient conçus autour des lignes
sensibles retenues pour la collection :
Contemplation, Expressionnisme, Popisme et Musique/Son
(2014-2016). Alex Katz
Des ensembles ont par la suite été montrés dans le cadre
de manifestations spécifiques, dédiées à la Chine (2016)
et à l’Afrique (2017). Enfin, la collection a été abordée
selon un axe thématique, interrogeant la place de
l’Homme au sein du monde vivant dans l’exposition « Au diapason du monde » (2018). Infinity Mirror Room (Phalli’s Field) 1965/2013
est un des tous premiers environnements de Yayoi Kusama. Immergé dans ce paysage psychédélique
de formes organiques dont il devient un élément,
le spectateur est dans un univers hypnotique, peinture dans
l’espace qui s’étire à l’infini par le jeu de miroirs.
Il vous faut grimper aux étages pour
Jesús Rafael Soto (1923-2005) Pénétrable BBL bleu, 1999
Par la répétition de formes et de couleurs, Soto crée un
environnement optique qui augmente la sensation
vibratoire et dynamique.
A travers la présentation de ces deux expositions simultanées,
La Fondation Louis Vuitton réaffirme ainsi,
une nouvelle fois, sa volonté d’ancrer son engagement
pour la création actuelle dans une perspective historique.
Un audioguide gratuit sur votre smartphone peut vous
accompagner durant la visite.
Partager la publication "Fondation Louis Vuitton / La Collection : Le parti de la Peinture Nouvelle sélection d’oeuvres"
Robert Cahen, artiste, poète aux semelles de vent, expose
pour un mois à la Galerie La pierre large,
(sorte de caverne de Platon Jean Louis Hess) 25 rue des Veaux à Strasbourg
des vidéos de la période 1973-1983
Jusqu’au20 avril 2019 du mercredi au samedi de 16h à 19h.
son site ici
Robert Cahen, vidéaste international, parle
de ses vidéos : L’invitation au voyage
L’invitation au voyage repose sur l’association
d’images souvenir : sur un plan technique, cela se
traduit par des photos en fondus enchaînés de paysages
solarisés (Truqueur Universel du Service de la Recherche de
l’ORTF) et une scène filmée au ralenti
(caméra grande vitesse 200 images secondes). « Je considère aujourd’hui L’invitation au voyage comme le travail d’un jeune auteur. Un jeune auteur qui découvre un nouveau langage auquel il applique sa propre poétique. J’ai mis toutes les choses gui m’ont ému. J’ai choisi des photos, celles des gens que j’aime, d’un voyage en Italie très important pour moi, je les ai colorisées à l’aide d’un truqueur. J’ai mis une partie de mon existence, de mon histoire et j’ai essayé d’en faire quelque chose, mon premier essai. »
(Robert Cahen, L’image dans l’espace.
Entretien avec Robert Cahen, Nicolas Thely, 01/09/1998) Trompe l’oeil
Dans le film « Amarcord » de F.Fellini, un paquebot
surgit de la nuit et des brouillards de l’eau,
apparaît comme un monstre mystérieux,
passe comme un rêve. « Je souhaitais réaliser un film vidéo sur cette idée de « passage » irréel et de surprise spectaculaire qu’il contient. » (Robert Cahen)
Prix Spécial au Festival Vidéo de Tokyo 1980.
Horizontales couleurs
France, 1979, 14′, vidéo, muet
Production, sujet, réalisation : Robert Cahen
Exploration des possibilités du Spectron. L’entr’aperçu
Musique : Robert Cahen
L’idée d’entr’aperçu détermine le sens de ce film.
Des scènes cachées, à peine révélées, se succèdent
comme des apparitions vivantes et signifiantes,
agissant sur le désir de voir, de savoir ce qui est donné
comme « entr’aperçu » et pouvant être vu.
Construit comme un court métrage dans un parti pris
d’une succession de plans rapides, « l’entr’aperçu » rend
compte de l’entretien mystérieux de deux personnages
« masqués » dans un monde où un rideau reste à déchirer. Prix spécial du Jury au Festival Vidéo de Tokyo 1981 Artmatic
Bande-son : Robert Cahen
Réalisé avec les appareils de l’Ecole Polytechnique,
Paris Premier
En retenant l’empreinte de certains mouvements
comme ceux des pages d’un livre ou de la main de l’artiste,
une caméra – la première en France construite au
Lactamme-École Polytechnique – numérise l’image
toutes les 3 ou 5 secondes et la colorise, permettant
des effets de glissements de matières et de couleurs
qui happent le regard. Cette numérisation des images
dès 1980 constitue une prouesse technologique.
Prix « Arts et Informatique », Paris, 1980 Juste le temps
Parenthèse d’un moment de voyage où des paysages
transformés deviennent des acteurs à part entière
d’une histoire qui, en filigrane, raconte la possible
rencontre entre deux êtres. Les limites entre !e paysage
extérieur et l’intérieur, entre le sommeil et l’état de veille,
entre les bruits et le silence, et même entre les personnages
s’atténuent au point de s’effacer. La notion de passage,
si bien illustrée par le voyage en train, imprègne l’histoire
toute entière.
(Sandra Lischi, ll respiro dei Tempo, ETS, 1995) Premier Prix au Festival de San Sebastian, et à celui de Grenoble, 1983,
Juste le temps fait partie des collections
du Museum of Modern Art de New York,
du Künsthalle de Zurich, du Musée d’Art Contemporain
d’Amsterdam, du « Medialogo» de la Provincia di Milano.
Présenté à « Documenta », Kassel, 1987
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