Jusqu’ au 22 juillet 2019au Grand Palais Galeries nationales entrée Square Jean Perrin
commissariat : Alexia Fabre, conservatrice en chef, directrice du Mac Val, musée d’art contemporain du Val de Marne et Philippe Malgouyres, conservateur en chef, Département des objets d’art du musée du Louvre. scénographie : Agence bGc studio: Giovanna Comana / Iva Berthon Gajsak
La célébration du cinquantenaire des premiers pas de l’homme sur la Lune nous offre l’occasion de célébrer la longue relation des hommes avec cet astre familier, à travers des d’oeuvres d’art qui ont incarné les multiples formes de cette relation. Cette exposition articulée en cinq parties propose au visiteur de se confronter aux créations artistiques de l’Antiquité à nos jours, de l’Europe et d’ailleurs, inspirées par la Lune.
De la lune à la Terre, du voyage réel au voyage imaginaire L’exposition débute par le voyage réel, en juillet 1969. Elle propose ensuite de remonter le temps, à travers les voyages rêvés par la littérature et les arts vers la Lune. Depuis l’Antiquité, l’idée de se rendre dans la lune par les moyens les plus fous déchaina l’inventivité et l’imagination la plus débridée. Avec l’expédition d’Apollo 11, le voyage, devenu réalité, inaugure le début d’une nouvelle ère. Pourtant, l’imagination n’y perd pas ses droits, bien au contraire : à la fantaisie s’ajoute de grandes interrogations sur l’humanité, la place des femmes, le nationalisme, l’inégalité du développement économique.
La Lune observée La première tentative de dessiner la Lune est de Thomas Harriot en 1609. A partir de Galilée, des instruments de plus en plus précis ont permis d’en explorer la surface : la Lune est observée. Les premières cartes de la planète sont dessinées au milieu du XVIIe siècle. A la fin de ce siècle, Cassini réalise une carte plus précise que les précédentes qui restera une référence jusqu’à l’apparition de la photographie. La présentation de la réplique de la lunette de Galilée, des premiers dessins et cartes, puis de photographies illustreront l’évolution d’un regard de prise de connaissance, à la recherche d’une vérité objective dont ne sont jamais absente le rêve et la contemplation esthétique.
Les trois visages de la Lune Le parcours articule en trois sections l’évocation des trois visages de la Lune ou de ses trois humeurs : caressante, changeante ou inquiétante. Le premier visage est bénéfique et caressant ; c’est la Lune qui protège et qui inspire. Sous sa protection, l’homme rêve, aime, dort, prie ou médite. Ainsi, dans le célèbre tableau de Girodet, Endymion endormi, Diane visite sous la forme d’un rayon lumineux le sommeil du beau jeune homme, et le caresse de sa lumière.
Le second visage est celui de la Lune changeante, versatile, dont les mutations scandent le temps des hommes et organisent leurs calendriers. Les croyances populaires en font l’origine de l’humeur des femmes, qualifiée de « lunatique ». Ses rythmes deviennent phénomènes optiques inspirant de nombreux artistes du XXe siècle. Enfin, le troisième visage est celui de l’astre des ténèbres, de la mélancolie ou de la folie : la Lune noire ou démoniaque, source de fantasmes et de peurs.
La Lune est une personne La quatrième partie de l’exposition montre que, depuis l’antiquité, cet astre lointain est une divinité proche, de forme humaine, tantôt homme, tantôt femme, ayant souvent différents aspects liés à ceux, changeants, de la Lune. Si en Egypte, en Mésopotamie ou dans l’hindouisme moderne la Lune est déifiée sous une forme masculine (Thot, Nefertoum, Sîn, Chandra), l’antiquité classique la fait femme : Artémis, Diane, Séléné, Hécate. Dans le christianisme, la Vierge, qui reflète la lumière mais ne la produit pas, va être aussi associée à la Lune.
Une expérience partagée de la beauté La dernière partie de l’exposition montre la Lune comme source d’inspiration, proche et mystérieuse, qui dévoile la Nature sous une lumière réfléchie, étrange, intime, mélancolique, et toujours contemplative, propice à un renouvellement du thème du paysage. Elle est une expérience à part entière de la beauté. Une ultime promenade méditative sous le regard de la Lune.
L’exposition se clôt sur L’endymion endormi de Canova, moment paisible de contemplation.
Réunion des musées nationaux – Grand Palais
254-256 rue de Bercy
75 577 Paris cedex 12
ouverture : du jeudi au lundi de 10h à 20h ; mercredi de 10h à 22h ; fermeture hebdomadaire le mardi; fermé le 1er mai et dimanche 14 juillet
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C’est jusqu‘16 Juin 2019 à la Monnaie de Paris
La Monnaie de Paris organise la première rétrospective
parisienne de l’artiste allemand, majeur et inclassable, Thomas Schütte (né en 1954 et vivant à Düsseldorf).
Élève de Gerhard Richter à la Kunstakademie de Düsseldorf
jusque dans les années 80, il est aujourd’hui reconnu comme
l’un des principaux réinventeurs de la sculpture.
Il fait partie du top ten des artistes allemands, comme Gerhard RichterSigmar Polke, Anselm Kiefer et Georg Baselitz, avec lequel nous, habitants frontaliers
sommes familiarisés, grâce aux musées suisses et allemands,
ou encore colmarien. Après l’avoir admiré à la Fondation Beyeler, ses migrants à la dOCUMENTA IX , devant la Dogana et
Lion d’or à la Biennale de Venise 2005, c’est à une rétrospective que nous sommes conviés.
Il fait figure de benjamin espiègle avec son « troisième animal »
(Trittes Tier) sorte de dragon aux naseaux
fumants qui vous accueille dans la cour arrière.
Il est autant marqué par l’art minimal et conceptuel que
par la sculpture classique et ses grands codes de représentation.
Ses oeuvres font partie des collections des plus grands musées
et sont très régulièrement exposées.
Cette rétrospective est intitulée, « Trois Actes », traduction
de Dreiakter, oeuvre la plus historique de l’exposition,
datant de 1982 et appartenant aux collections du Centre
Pompidou. «Mes oeuvres ont pour but d’introduire un point d’interrogation tordu dans le monde».
Le choix des oeuvres témoigne de sa troublante et grinçante
analyse de l’organisation de la société et de son impact sur
les individus. L’exposition construite en trois temps,
de manière thématique, inclut la présentation de plusieurs
séries majeures de son travail comme les United Enemies,
les Aluminium Frau et Vater Staat ainsi que des oeuvres
inédites.
C’est un pur bijou d’éclectisme et de curiosités, allant
des spirituelles marionnettes de pâte à modeler des années
1993-1994 aux multiples maquettes de maisons construites
pour des collectionneurs, présentées sous les ors du musée.
Inspiré des jouets de ses enfants dit-il, Thomas Schütte
a l’art de manipuler tous les médiums (céramique, bronze,
acier, aluminium, verre, textile, mais aussi aquarelle et gravure.
Le premier acte s’articule autour de la représentation
de la figure humaine – homme et femme – tantôt monumentale,
tantôt minuscule qui se plie à toute sorte de distorsions
et transformations.
Le deuxième acte conduit le visiteur à découvrir la relation
étonnante que l’artiste entretient avec la mort et ses
possibles représentations : masques mortuaires, esprits facétieux,
fleurs fanées, urnes funéraires…
Le troisième acte présente les modèles architecturaux qui
sont autant de monuments de notre civilisation
faisant grimacer, à l’instar de One Man House, tout à la fois
lieu de retraite et prison, ou Ferienhaus für Terroristen aux
accents modernistes. Plusieurs de ses maquettes
ont été réalisées à l’échelle 1 dont Kristall II installée
dans le Salon Dupré, maison de contemplation dans laquelle
le visiteur peut entrer.
L’artiste passe de la maquette à l’architecture grandeur nature,
de la miniature à la sculpture monumentale.
Les oeuvres de Thomas Schütte investissent l’espace public
et s’exposent dans la totalité des cours intérieures avec
des sculptures magistrales et inédites, accessibles à tous.
Ainsi cette rétrospective est construite en tandem, à
l’image de son oeuvre, les espaces intérieurs faisant écho
aux espaces extérieurs de la Monnaie de Paris.
L’exposition est le fruit d’une étroite collaboration avec Thomas Schütte grâce à son exceptionnelle implication. Elle
bénéficie également de partenariats avec les musées français
dont le Musée National d’Art Moderne, le Musée de Grenoble
et le Carré d’Art de Nîmes et la Pinault Collection.
Cette exposition prolonge des axes forts de la programmation
de la Monnaie de Paris : exposer les grands sculpteurs des XXe
et XXIe siècles, réfléchir sur le savoir-faire et le geste artistique
sur un site dont l’usine est encore en activité.
Commissaire : Camille Morineau, Directrice des Expositions
et des Collections de la Monnaie de Paris
Commissaire associée : Mathilde de Croix, Commissaire
d’exposition à la Monnaie de Paris Podcast France culture la Dispute MONNAIE DE PARIS
Horaires d’ouverture
Du mardi au dimanche 11h – 19h
Mercredi jusqu’à 21h
11, Quai de Conti
75006 Paris
Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente
jusqu’au 14 juillet 2019
la première rétrospective en France de Thomas Houseago.
Figure majeure de la scène artistique internationale, Thomas Houseago est un sculpteur et peintre né à Leeds
(Royaume-Uni) en 1972. Il vit et travaille à Los Angeles depuis
2003, et son oeuvre est présente dans de nombreuses
collections publiques et privées.
Utilisant des matériaux comme le bois, le plâtre, le fer ou
le bronze, il s’inscrit dans la lignée de sculpteurs qui, de
Henry Moore à Georg Baselitz et Bruce Nauman, se concentrent
sur une représentation de la figure humaine dans l’espace.
L’exposition est présentée dans les salles monumentales
des collections du musée, qui sont, pour l’artiste, parties
prenantes de la scénographie.
Le bâtiment, les bas-reliefs d’Alfred Auguste Janniot réalisés
en 1937, la Tour Eiffel, permettent également à l’artiste
d’ancrer son oeuvre dans l’environnement architectural
du musée. Souvent monumentales, ses sculptures conservent
les vestiges du processus de fabrication et oscillent entre force
et fragilité. Almost Human retrace les différentes évolutions du travail
de l’artiste, de ses oeuvres des années 1990 jusqu’à ses
dernières réalisations. Le parcours, principalement
chronologique, s’articule autour de quatre salles, qui croisent
à la fois les grandes étapes géographiques de la vie de l’artiste,
mais aussi son rapport intrinsèque aux matériaux.
Une imposante oeuvre en bronze, intitulée
Striding Figure II (Ghost),
est également installée dans le bassin de l’esplanade du musée.
L’exposition s’ouvre sur les sculptures anthropomorphes des
débuts de l’artiste et reprend l’équilibre et l’aspect brut
du plâtre est parfois teinté de couleur.
La deuxième salle de l’exposition est pensée autour de
sculptures hybrides et expérimentales. Elles servent de
passerelle entre les oeuvres figuratives du début de sa carrière
et les ensembles architecturés et immersifs, qui constituent
la plus grande partie de la production actuelle de
Thomas Houseago.
La troisième salle, la plus monumentale, est consacrée
au gigantisme et à la noirceur où se répand le sentiment
troublant d’isolement et d’introspection.L’Homme pressé,
imposant colosse de bronze prenant possession de la
verticalité des lieux, est contré par l’horizontalité de la
sculpture couchée Wood Skeleton I (Father) et de la longue
frise murale de la série « Black Paintings ».
La quatrième salle est un espace immersif dédié à la présentation
de l’oeuvreCast Studio (stage, chairs, bed, mound, cave,
bath, grave), réalisée spécialement pour l’exposition.
Accompagnée d’un film et de photographies retraçant
sa conception, cette sculpture – moulée dans l’argile –
retranscrit physiquement l’atelier de l’artiste à travers ses
mouvements et actions, et marque ainsi son retour à la
dimension performative de ses premières oeuvres.
Les formes et les assemblages qu’il réalise échappent à
toute classification culturelle : ses références à Picasso et
à la sculpture africaine dialoguent avec sa passion pour
la science fiction. Souvent maladroites et grossièrement
ébauchées, les sculptures de Houseago laissent un goût
d’inachevé et donnent une sensation à la fois de vulnérabilité
et de puissance
Certaines de ses œuvres ont été présentées à la Biennale de Venise à la
Punta della Dogana lors de l’exposition ‘Eloge du doute’
(2011-13) et à Palazzo Grassi pour
‘Le Monde vous appartient’ (2011-12). Podcast France culture la Dispute d’Arnaud Laporte 😯
Un catalogue bilingue, réalisé sous la direction de l’artiste,
est publié aux éditions Paris Musées.
Avec le parrainage de Thomas Houseago Accès au musée pendant les travaux côté Seine.
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photo en exergue Vasarely, Vega Päl, musée Unterlinden
Le Centre Pompidou présente jusqu’au6 mai 2019,
la première grande rétrospective française consacrée à Victor Vasarely (1906-1997).
À travers quelque 300 pièces, l’exposition retrace le parcours
du père fondateur de l’art optique, et remet en scène ces
abstractions vibrantes et déstabilisantes qui ont tant
imprégné la société des années 1960-1970. Elle en dévoile
le processus de création, basé sur la science, le langage de
la communication et celui de l’informatique, voire la
cybernétique. Elle en révèle aussi les conditions de production
et de diffusion par lesquelles Vasarely cherchait d’une nouvelle
manière à briser la séparation entre l’art et la vie.
Une occasion unique de découvrir toute l’envergure et
la logique de son œuvre restées jusqu’ici mal connues…
VASARELY, EN QUELQUES MOTS Un parcours à la fois chronologique et thématique
vous emmène parmi toutes les facettes de son œuvre
foisonnant, depuis sa formation dans les traces du
Bauhaus jusqu’aux dernières innovations formelles :
peintures, sculptures, multiples, intégrations architecturales,
publicités, études…
Au travers de trois cents œuvres, objets et documents,
on peut explorer le « continent Vasarely » et la manière
dont il a marqué la culture populaire de l’époque,
s’inscrivant pleinement dans le contexte scientifique,
économique et social des années 1960-1970, et soulignant
la place cardinale de l’artiste dans l’imaginaire des Trente
Glorieuses.
Né en 1906 en Hongrie, Victor Vasarely se forme aux
Beaux-arts de Budapest, puis au Muhëly, annexe hongroise
de l’école du Bauhaus. Lorsqu’il s’installe à Paris en 1930,
il travaille d’abord comme graphiste publicitaire.
Ce n’est qu’au lendemain de la 2nde guerre mondiale
qu’il se consacre entièrement à la peinture.
Au milieu des années 1950, Vasarely pose les principes
de ce qui sera consacré une décennie plus tard,
aux États-Unis, comme l’Op art (art optique) :
des compositions abstraites, basées sur des formes géométriques
élémentaires, associées d’abord au noir et blanc puis
à un nuancier de couleurs, propres à créer d’elles-mêmes
des effets d’animation. Les tableaux vibrent ou clignotent.
Une forme sitôt saisie par le regard se transforme en une
autre sans jamais se stabiliser ; sa perception exige du temps.
Ainsi Vasarely, comme ses contemporains tenants de l’art
optique et cinétique (du grec kine, le mouvement),
interroge-t-il la vision habituellement statique et
fugace que nous avons du monde et de la réalité. « Ce que j’appelle de mes vœux c’est un ‹ folklore planétaire › où chacun, au sein même de la règle, pourrait exprimer sa diversité. »
Une fois défini son « alphabet plastique universel »
et les conditions de sa reproductibilité sous forme
de combinatoires programmables, Vasarely s’emploie
à le diffuser le plus largement possible, y compris et
surtout hors du strict contexte institutionnel.
Le multiple et les arts appliqués notamment lui
permettent cela. On retrouve ses formes déclinées sous forme
de sérigraphies, de petites sculptures ou de posters,
mais encore dans les journaux de mode et les vitrines,
sur la pochette d’un disque de David Bowie comme
sur le plateau de télévision de Jean-Christophe Averty.
Même sur les murs des villes, particulièrement de
l’architecture de masse et industrielle
(la gare Montparnasse, l’université de Jussieu,
la station RTL à Paris…)
L’immense succès populaire que le « plasticien » Vasarely rencontre dans les années 1960-1970 a sans
doute dépassé ses propres espoirs…
En 1982, cinq sérigraphies sont même emportées par
le spationaute Jean-Loup Chrétien à bord de la station
spatiale orbitale Saliout 7, donnant à l’œuvre vasarélienne
le cadre intersidéral dont elle rêvait…
Jusqu’au 1er juillet 2019 au Grand Palais galeries nationales. Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais et le Centre Pompidou
commissariat : Nicolas Liucci-Goutnikov, conservateur, assisté de Natalia Milovzorova, chargée de recherche, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou scénographie : Valentina Dodi et Nicolas Groult
En 1917, la révolution d’Octobre provoque un bouleversement de l’ordre social dont les répercussions sur la création artistique s’avèrent déterminantes. De nombreux artistes adhèrent au projet communiste et veulent participer par leurs oeuvres à l’édification de la société nouvelle. Conduits pour la plupart par d’authentiques convictions, à l’instar de Maïakovski, ces artistes s’opposent dans la définition de ce que doit être l’art du socialisme. Mais dès la fin des années 1920, les débats sont clos par la mise en place du régime stalinien. Celui-ci entraîne l’instauration progressive du réalisme socialiste, doctrine esthétique qui régit peu à peu tous les secteurs de la création. Dans les pays capitalistes, ces débats sont suivis avec attention : de multiples échanges artistiques se nouent avec la jeune Russie soviétique, qui attire intellectuels et artistes curieux de découvrir la « patrie du socialisme ».
Quarante ans après la mythique exposition Paris-Moscou au Centre Pompidou, c’est cette histoire, ses
tensions, ses élans comme ses revirements, que relate l’exposition à travers une série d’oeuvres majeures
prêtées par les grands musées russes et le Centre Pompidou ; une histoire où innovations plastiques et
contraintes idéologiques, indissociablement liées, posent la question d’une possible politisation des arts.
L’art dans la vie : le productivisme La première partie de l’exposition met en exergue les débats qui animent avec vigueur la scène artistique soviétique au lendemain de la révolution et se prolongent durant les années 1920 : que doit être l’art de la nouvelle société socialiste ? Le parcours s’articule autour du projet porté par une large part des avant-gardes : abandonner les formes d’art jugées « bourgeoises » au profit d’un « art de la production » susceptible de participer à la transformation active du mode de vie. Le design, le théâtre, le photomontage et le cinéma s’affirment comme les médiums privilégiés de cette entreprise radicale, autour de figures-clefs comme Gustav Klutsis, Vladimir Maïakovski, Lioubov Popova, Alexandre Rodtchenko ou Varvara Stepanova. L’architecture constructiviste invente de nouvelles typologies de bâtiments – clubs ouvriers, habitats collectifs – et rêve de villes idéales.
Cette utopie artistique de fusion de l’art dans la vie est rapidement contrariée par l’hostilité croissante du pouvoir bolchevique vis-à-vis des avant-gardes. Ceux-ci favorisent un art « compréhensible des masses », reflétant lestransformationsencoursdelasociété,tandisquesontorganiséessurleterritoiresoviétiquede grandes expositions consacrées à l’art révolutionnaire des pays capitalistes, notamment allemand(1924).
La vie rêvée dans l’art : vers le réalisme socialiste
La concentration des pouvoirs entre les mains de Staline, totale à partir de 1929, entraîne la fin du pluralisme défendu jusqu’alors par Trotski ou Boukharine. Alors que la répression s’abat sur l’art de gauche, accusé de « formalisme bourgeois », un consensus s’établit autour de la figuration, considérée comme la plus apte à pénétrer les masses et à leur présenter les modèles du nouvel homme socialiste. Un groupe d’artistes modernistes, formés à l’école des avant-gardes, joue un rôle central dans la lente définition des fondements picturaux du réalisme socialiste : la Société des artistes de chevalet à Moscou – avec Alexandre Deïneka ou Youri Pimenov – et le Cercle des artistes à Leningrad – Alexandre Samokhvalov ou Alexeï Pakhomov – proposent une peinture monumentale célébrant des héros idéalisés, dont l’exposition rend compte par grandes sections thématiques consacrées notamment au travail ouvrier, au corps et à l’avenir radieux.
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Jusqu’au 26 août 2019
Sur les trois derniers niveaux et la terrasse de la Fondation Louis Vuittonest présentée une nouvelle sélection de 70 oeuvres de sa collection (réalisées par 23 artistes internationaux),
des années 1960 à nos jours. La peinture en est le thème.
Elle est abordée dans toute sa diversité : figurative ou abstraite,
expressive ou distanciée. Des oeuvres en volume sont mises
en regard. Des salles consacrées à Joan Mitchell, Alex Katz,
Gerhard Richter, Ettore Spalletti, Yayoi Kusama, Jesús Rafael Soto
alternent avec des ensembles thématiques, autour de l’abstraction,
de l’espace et de la couleur. Cet accrochage montre de quelle
manière la peinture ne cesse de se réinventer et d’enfreindre
ses propres règles, puisant dans les techniques de reproduction
actuelles.
Depuis son inauguration en 2014, la Fondation présente
régulièrement un choix d’oeuvres de la Collection.
Les premiers accrochages étaient conçus autour des lignes
sensibles retenues pour la collection :
Contemplation, Expressionnisme, Popisme et Musique/Son
(2014-2016).
Des ensembles ont par la suite été montrés dans le cadre
de manifestations spécifiques, dédiées à la Chine (2016)
et à l’Afrique (2017). Enfin, la collection a été abordée
selon un axe thématique, interrogeant la place de
l’Homme au sein du monde vivant dans l’exposition « Au diapason du monde » (2018).
Infinity Mirror Room (Phalli’s Field) 1965/2013
est un des tous premiers environnements de Yayoi Kusama. Immergé dans ce paysage psychédélique
de formes organiques dont il devient un élément,
le spectateur est dans un univers hypnotique, peinture dans
l’espace qui s’étire à l’infini par le jeu de miroirs.
Il vous faut grimper aux étages pour
Jesús Rafael Soto (1923-2005) Pénétrable BBL bleu, 1999
Par la répétition de formes et de couleurs, Soto crée un
environnement optique qui augmente la sensation
vibratoire et dynamique.
A travers la présentation de ces deux expositions simultanées,
La Fondation Louis Vuitton réaffirme ainsi,
une nouvelle fois, sa volonté d’ancrer son engagement
pour la création actuelle dans une perspective historique.
Un audioguide gratuit sur votre smartphone peut vous
accompagner durant la visite.
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