VASARELY, LE PARTAGE DES FORMES

photo en exergue  Vasarely, Vega Päl, musée Unterlinden

Le Centre Pompidou présente jusqu’au 6 mai 2019,
la première grande rétrospective française consacrée à
Victor Vasarely (1906-1997).


À travers quelque 300 pièces, l’exposition retrace le parcours
du père fondateur de l’art optique, et remet en scène ces
abstractions vibrantes et déstabilisantes qui ont tant
imprégné la société des années 1960-1970. Elle en dévoile
le processus de création, basé sur la science, le langage de
la communication et celui de l’informatique, voire la
cybernétique. Elle en révèle aussi les conditions de production
et de diffusion par lesquelles Vasarely cherchait d’une nouvelle
manière à briser la séparation entre l’art et la vie.
Une occasion unique de découvrir toute l’envergure et
la logique de son œuvre restées jusqu’ici mal connues…


VASARELY, EN QUELQUES MOTS
Un parcours à la fois chronologique et thématique
vous emmène parmi toutes les facettes de son œuvre
foisonnant, depuis sa formation dans les traces du
Bauhaus jusqu’aux dernières innovations formelles :
peintures, sculptures, multiples, intégrations architecturales,
publicités, études…

Vasarely Belle-Isle

Au travers de trois cents œuvres, objets et documents,
on peut explorer le « continent Vasarely » et la manière
dont il a marqué la culture populaire de l’époque,
s’inscrivant pleinement dans le contexte scientifique,
économique et social des années 1960-1970, et soulignant
la place cardinale de l’artiste dans l’imaginaire des Trente
Glorieuses.
Né en 1906 en Hongrie, Victor Vasarely se forme aux
Beaux-arts de Budapest, puis au Muhëly, annexe hongroise
de l’école du Bauhaus. Lorsqu’il s’installe à Paris en 1930,
il travaille d’abord comme graphiste publicitaire.
Ce n’est qu’au lendemain de la 2nde guerre mondiale
qu’il se consacre entièrement à la peinture.

Au milieu des années 1950, Vasarely pose les principes
de ce qui sera consacré une décennie plus tard,
aux États-Unis, comme l’Op art (art optique) :
des compositions abstraites, basées sur des formes géométriques
élémentaires, associées d’abord au noir et blanc puis
à un nuancier de couleurs, propres à créer d’elles-mêmes
des effets d’animation. Les tableaux vibrent ou clignotent.
Une forme sitôt saisie par le regard se transforme en une
autre sans jamais se stabiliser ; sa perception exige du temps.

Ainsi Vasarely, comme ses contemporains tenants de l’art
optique et cinétique (du grec kine, le mouvement),
interroge-t-il la vision habituellement statique et
fugace que nous avons du monde et de la réalité.
« Ce que j’appelle de mes vœux c’est un ‹ folklore
planétaire › où chacun, au sein même de la règle,
pourrait exprimer sa diversité. »

Une fois défini son « alphabet plastique universel »
et les conditions de sa reproductibilité sous forme
de combinatoires programmables, Vasarely s’emploie
à le diffuser le plus largement possible, y compris et
surtout hors du strict contexte institutionnel.

Le multiple et les arts appliqués notamment lui
permettent cela. On retrouve ses formes déclinées sous forme
de sérigraphies, de petites sculptures ou de posters,
mais encore dans les journaux de mode et les vitrines,

sur la pochette d’un disque de David Bowie comme
sur le plateau de télévision de Jean-Christophe Averty.
Même sur les murs des villes, particulièrement de
l’architecture de masse et industrielle
(la gare Montparnasse, l’université de Jussieu,
la station RTL à Paris…)
L’immense succès populaire que le « plasticien »
Vasarely rencontre dans les années 1960-1970 a sans
doute dépassé ses propres espoirs…
En 1982, cinq sérigraphies sont même emportées par
le spationaute Jean-Loup Chrétien à bord de la station
spatiale orbitale Saliout 7, donnant à l’œuvre vasarélienne
le cadre intersidéral dont elle rêvait…

Vasarely, Vega Päl, musée Unterlinden

Podcast France culture l’art est la matière

Rouge. Art et utopie au pays des Soviets

Rouge. Art et utopie au pays des Soviets

Jusqu’au 1er juillet 2019 au Grand Palais galeries nationales. Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais et le Centre Pompidou

commissariat : Nicolas Liucci-Goutnikov, conservateur, assisté de Natalia Milovzorova, chargée de recherche, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou scénographie : Valentina Dodi et Nicolas Groult

Kouzma Petro-Vodkine Fantaisie St Peterbourg Musée d’état russe

En 1917, la révolution d’Octobre provoque un bouleversement de l’ordre social dont les répercussions sur la création artistique s’avèrent déterminantes. De nombreux artistes adhèrent au projet communiste et veulent participer par leurs oeuvres à l’édification de la société nouvelle. Conduits pour la plupart par d’authentiques convictions, à l’instar de Maïakovski, ces artistes s’opposent dans la définition de ce que doit être l’art du socialisme. Mais dès la fin des années 1920, les débats sont clos par la mise en place du régime stalinien. Celui-ci entraîne l’instauration progressive du réalisme socialiste, doctrine esthétique qui régit peu à peu tous les secteurs de la création. Dans les pays capitalistes, ces débats sont suivis avec attention : de multiples échanges artistiques se nouent avec la jeune Russie soviétique, qui attire intellectuels et artistes curieux de découvrir la « patrie du socialisme ».

Boris Koustodiev Le Bolchevik

Quarante ans après la mythique exposition Paris-Moscou au Centre Pompidou, c’est cette histoire, ses tensions, ses élans comme ses revirements, que relate l’exposition à travers une série d’oeuvres majeures prêtées par les grands musées russes et le Centre Pompidou ; une histoire où innovations plastiques et contraintes idéologiques, indissociablement liées, posent la question d’une possible politisation des arts.

Isaac Brodsky
devant le cercueil du chef

L’art dans la vie : le productivisme
La première partie de l’exposition met en exergue les débats qui animent avec vigueur la scène artistique soviétique au lendemain de la révolution et se prolongent durant les années 1920 : que doit être l’art de la nouvelle société socialiste ? Le parcours s’articule autour du projet porté par une large part des avant-gardes : abandonner les formes d’art jugées « bourgeoises » au profit d’un « art de la production » susceptible de participer à la transformation active du mode de vie. Le design, le théâtre, le photomontage et le cinéma s’affirment comme les médiums privilégiés de cette entreprise radicale, autour de figures-clefs comme Gustav Klutsis, Vladimir Maïakovski, Lioubov Popova, Alexandre Rodtchenko ou Varvara Stepanova. L’architecture constructiviste invente de nouvelles typologies de bâtiments – clubs ouvriers, habitats collectifs – et rêve de villes idéales.

Vladimir Lebedev, le Fantôme rouge du communisme

Cette utopie artistique de fusion de l’art dans la vie est rapidement contrariée par l’hostilité croissante du pouvoir bolchevique vis-à-vis des avant-gardes. Ceux-ci favorisent un art « compréhensible des masses », reflétant les transformations en cours de la société, tandis que sont organisées sur le territoire soviétique de grandes expositions consacrées à l’art révolutionnaire des pays capitalistes, notamment allemand (1924).

La vie rêvée dans l’art : vers le réalisme socialiste

La concentration des pouvoirs entre les mains de Staline, totale à partir de 1929, entraîne la fin du pluralisme défendu jusqu’alors par Trotski ou Boukharine. Alors que la répression s’abat sur l’art de gauche, accusé de « formalisme bourgeois », un consensus s’établit autour de la figuration, considérée comme la plus apte à pénétrer les masses et à leur présenter les modèles du nouvel homme socialiste.
Un groupe d’artistes modernistes, formés à l’école des avant-gardes, joue un rôle central dans la lente définition des fondements picturaux du réalisme socialiste : la Société des artistes de chevalet à Moscou – avec Alexandre Deïneka ou Youri Pimenov – et le Cercle des artistes à Leningrad – Alexandre Samokhvalov ou Alexeï Pakhomov – proposent une peinture monumentale célébrant des héros idéalisés, dont l’exposition rend compte par grandes sections thématiques consacrées notamment au travail ouvrier, au corps et à l’avenir radieux.

Fondation Louis Vuitton / La Collection : Le parti de la Peinture Nouvelle sélection d’oeuvres

Jusqu’au 26 août 2019
Sur les trois derniers niveaux et la terrasse de la
Fondation Louis Vuitton est présentée une nouvelle
sélection de 70 oeuvres de sa collection
(réalisées par 23 artistes internationaux),
des années 1960 à nos jours.
La peinture en est le thème.

Elle est abordée dans toute sa diversité : figurative ou abstraite,
expressive ou distanciée. Des oeuvres en volume sont mises
en regard. Des salles consacrées à Joan Mitchell, Alex Katz,
Gerhard Richter, Ettore Spalletti, Yayoi Kusama, Jesús Rafael Soto
alternent avec des ensembles thématiques, autour de l’abstraction,
de l’espace et de la couleur. Cet accrochage montre de quelle
manière la peinture ne cesse de se réinventer et d’enfreindre
ses propres règles, puisant dans les techniques de reproduction
actuelles.
Depuis son inauguration en 2014, la Fondation présente
régulièrement un choix d’oeuvres de la Collection.
Les premiers accrochages étaient conçus autour des lignes
sensibles retenues pour la collection :
Contemplation, Expressionnisme, Popisme et Musique/Son
(2014-2016).

Alex Katz

Des ensembles ont par la suite été montrés dans le cadre
de manifestations spécifiques, dédiées à la Chine (2016)
et à l’Afrique (2017). Enfin, la collection a été abordée
selon un axe thématique, interrogeant la place de
l’Homme au sein du monde vivant dans l’exposition
« Au diapason du monde » (2018).

Infinity Mirror Room (Phalli’s Field) 1965/2013
est un des tous premiers environnements de
Yayoi Kusama. Immergé dans ce paysage psychédélique
de formes organiques dont il devient un élément,
le spectateur est dans un univers hypnotique, peinture dans
l’espace qui s’étire à l’infini par le jeu de miroirs.
Il vous faut grimper aux étages pour
Jesús Rafael Soto
(1923-2005)
Pénétrable BBL bleu, 1999

Par la répétition de formes et de couleurs, Soto crée un
environnement optique qui augmente la sensation
vibratoire et dynamique.
A travers la présentation de ces deux expositions simultanées,
La Fondation Louis Vuitton réaffirme ainsi,
une nouvelle fois, sa volonté d’ancrer son engagement
pour la création actuelle dans une perspective historique.
Un audioguide gratuit sur votre smartphone peut vous
accompagner durant la visite.

Premier avril 2019

Exposition Rouge
Art et utopie au pays des Soviets
Grand Palais jusqu’au 1 juillet 2019

Les Nabis et le décor

Jusqu’au 30 juin 2019 au Musée du Luxembourg
19 rue Vaugirard, 75006 Paris
Bonnard, Vuillard, Maurice Denis…
13 artistes présentés dans l’exposition.
Aucune exposition en France n’a encore été consacrée
à l’art décoratif des Nabis. Il s’agit pourtant
d’un domaine essentiel pour ces artistes qui voulaient
abattre la frontière entre beaux-arts et arts appliqués.
Dès la formation du groupe, à la fin des années 1880,
la question du décoratif s’impose comme principe fondamental
de l’unité de la création. Cette conception qui n’était pas entièrement
nouvelle, tirait ses origines de la pensée de William Morris
qui fut avec John Ruskin l’initiateur du mouvement Arts & Crafts
en Angleterre dans les années 1860.

Paul Serusier

Le mouvement parti d’Angleterre essaima en Espagne avec
le modernisme catalan, en Belgique avec Victor Horta,
Van de Velde et Paul Hankar, en France puis dans toute l’Europe.
L’art décoratif des Nabis s’inscrit dans un courant
global de renouveau défendu et popularisé par Siegfried Bing
dans sa galerie de l’Art nouveau.
Paul Ranson

Il constitue une expérience spécifique d’art total basée sur un
dialogue entre les artistes et une admiration commune
pour l’art du Japon.
L’intérêt des Nabis pour l’ornemental occupe une place
importante dans leur création en leur permettant d’élargir
leurs expériences techniques dans le domaine de la peinture
– de chevalet mais aussi sur paravent et éventail -, de l’estampe,
de la tapisserie, du papier peint, du vitrail.
Marguerite Sérusier

Fascinés par les estampes japonaises qu’ils découvrent à l’occasion
d’une exposition organisée en 1890 à l’Ecole des beaux-arts de Paris,
ils s’inspirent de ces images expressives pour mettre au point
une nouvelle grammaire stylistique. En proscrivant l’imitation
illusionniste et en affirmant la planéité naturelle du support,
les Nabis ont développé un art aux formes simplifiées, aux
lignes souples, aux motifs sans modelé, destiné à agrémenter
des intérieurs contemporains.
Leurs compositions se distinguent par l’emploi de couleurs vives,
de lignes ondulantes, de perspective sans profondeur avec
des motifs soulignés d’un cerne pour mieux les détacher du fond.
Véritables pionniers du décor moderne, Bonnard, Vuillard,
Maurice Denis, Sérusier, Ranson, ont
défendu un art en lien direct avec la vie permettant d’introduire
le Beau dans le quotidien. Ils prônent une expression originale,
joyeuse, vivante et rythmée, en réaction contre l’esthétique du
pastiche qui était alors en vogue.
Marguerite Sérusier

« Notre âge ne hait rien tant que les répétitions, affirmait
Roger Marx, les recettes héritées du passé, il est tourmenté par
l’appétence de l’interdit, il convoite le frisson nouveau ;
échapper à la hantise du ressouvenir, bannir ce qui est voulu,
enseigné, telle est son ambition, sinon sa règle. »

Vuillard

L’exposition au musée du Luxembourg permet de
reconstituer des ensembles décoratifs qui ont été démantelés
et dispersés au cours du temps. Parallèlement à la peinture,
elle consacre une part significative aux créations des Nabis
dans le domaine de la tapisserie, du papier peint,
du vitrail et de la céramique.
Maurice Denis (esquisse)

Son parcours articulé en
quatre sections ( les jardins publics-
Intérieurs – l’Art nouveau –
Rites Sacrés) aborde le sujet à travers des
thèmes importants comme l’association symbolique
de la femme et de la nature dans les oeuvres de jeunesse
de Bonnard, Maurice Denis,
Vuillard et Ker-Xavier Roussel,
ou encore le
thème des intérieurs chez Vuillard. Y est également évoquée la
contribution de ces artistes aux innovations encouragées par
Bing dans sa galerie de l’Art nouveau. L’exposition se conclue
sur la présentation de décors à thèmes sacrés évoquant
l’engouement de certains Nabis pour l’ésotérisme et le spirituel.

commissariat :
Isabelle Cahn, conservatrice générale des peintures au
musée d’Orsay ;
Guy Cogeval, directeur du Centre d’études des Nabis et
du symbolisme
scénographie :
Hubert Le Gall, assisté de Laurie Cousseau
Podcast l’art est la matière

Jean-Jacques Lequeu – Bâtisseur de fantasmes

Le Petit Palais présente pour la première fois au public
jusqu’au 31 mars 2019
un ensemble inédit de 150 dessins de
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826), artiste hors du
commun.L’oeuvre graphique de ce dessinateur méconnu est
l’une des plus singulières de son temps. Elle témoigne,
au-delà des premières étapes d’un parcours d’architecte,
de la dérive solitaire et obsédante d’un artiste fascinant.
Cette exposition est réalisée avec le concours de la Bibliothèque
nationale de France qui conserve la quasi-totalité des
dessins de l’artiste.Jean-Jacques Lequeu, originaire d’une famille de menuisiers
à Rouen, reçoit une formation de dessinateur technique.
Très doué, il est recommandé par ses professeurs et trouve
rapidement sa place auprès d’architectes parisiens dont
le grand Soufflot. Celui-ci, occupé par le chantier
de l’église Sainte Geneviève (actuel Panthéon), le prend sous
son aile. Mais Soufflot meurt en 1780. Dix ans plus tard,
les bouleversements révolutionnaires font disparaître la riche
clientèle que Lequeu avait tenté de courtiser.
Désormais employé de bureau au Cadastre, il tente en vain
de remporter des concours d’architecture.
Il doit se résigner à dessiner des monuments et des «fabriques»
d’autant plus étonnants que l’artiste, pressentant que ces
constructions ne sortiront jamais de terre, se libère des
contraintes techniques.
Le parcours thématique de l’exposition retrace cette trajectoire
atypique et aborde les différentes facettes de
son oeuvre. L’exposition ouvre sur une série de portraits,
genre si en vogue au XVI I Ie siècle.
Lequeu se portraiture à de nombreuses reprises et réalise
des têtes d’expression témoignant de sa recherche sur
le tempérament et les émotions des individus.
En parallèle, il propose des projets d’architecture
qui n’aboutissent pas ou sont interrompus. Alors, fort
de sa technique précise de l’épure géométrique et du lavis,
Lequeu, à défaut de réaliser ses projets, décrit
scrupuleusement des édifices peuplant des paysages
d’invention. Ce voyage initiatique au sein d’un parc
imaginaire, qu’il accomplit sans sortir de son étroit
logement, est nourri de figures et de récits tirés de ses
lecture d’autodidacte tel Le Songe de Poliphile.
Il conduit ainsi le visiteur de temples en buissons,
de grottes factices en palais, de kiosques
en souterrains labyrinthiques.
L’exposition se termine sur une série de dessins érotiques
oscillant entre idéalisation héritée de la statuaire
antique et naturalisme anatomique.
Ainsi pour Lequeu, il s’agit de tout voir et tout décrire,
avec systématisme, de l’animal à l’organique, du fantasme
et du sexe cru à l’autoportrait, et par-delà de mener
une véritable quête afin de mieux se connaître
lui-même.
En 1825, six mois avant de disparaître dans le
dénuement et l’oubli, il donne à la Bibliothèque royale
l’ensemble de ses feuilles livrant l’une des oeuvres les
plus complexes et curieuses de cette période. Au XXe
siècle, des recherches ont permis de redécouvrir
peu à peu l’artiste, mettant en lumière ses dessins
les plus déconcertants mais jamais une rétrospective
n’avait été organisée sur ce génie si singulier.

Il est libre, 1798-1799, plume et lavis d’encre, BnF,
département des Estampes et de la photographie.
Commissariat :
Corinne Le Bitouzé, conservateur général, adjointe
au directeur du département des Estampes et de
la photographie de la BnF ;
Laurent Baridon, professeur à l’université de Lyon II ;
Jean-Philippe Garric, professeur à l’université Paris
1 Panthéon-Sorbonne ;
Martial Guédron, professeur à l’université de Strasbourg ;
Christophe Leribault, directeur du Petit Palais,
avec le concours de Joëlle Raineau, collaboratrice
scientifique au Petit Palais.
Podcast France culture
PROGRAMMATION CULTURELLE
19 mars
De chair et de pierre : l’imaginaire analogique de Lequeu
par Laurent Baridon, professeur d’histoire de l’art à
l’Université Lumière Lyon 2
26 mars
La Révolution sexuelle a-t-elle eu lieu ?
Par Pierre Serna, professeur d’histoire de la Révolution
française et de l’Empire à l’Université de Paris 1
Panthéon-Sorbonne, membre de l’Institut d’Histoire
de la Révolution Française
CONCERT
Dimanche 17 mars à 16h (durée 1h)
Par le Kairos Reed Quintett (Michaela Hrabankowa,
hautbois; Pascal Rousseaud, saxophone; Sophie
Raynaud, basson; Rémy Duplouy, clarinette basse et
Angelica Retana, clarinette).
Quintette en C minor KV 406 de W A Mozart (extraits).
Sonate pour 2 clarinettes de F. Poulenc. Les tableaux
d’une exposition de M. Moussorsky (extraits).
Epigraphes antiques de C.Debussy et Trio d’Anches de G.Auric.

Fernand Khnopff, le maître de l’énigme

Le Petit Palais  présente jusqu’au 17 mars 2019
une exposition inédite dédiée
à Fernand Khnopff grâce au soutien exceptionnel des
Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
Artiste rare, le maître du Symbolisme belge n’avait
pas bénéficié de rétrospective à Paris depuis près
de quarante ans. L’exposition du Petit Palais rassemble
des pièces emblématiques de l’esthétique singulière
de Fernand Khnopff, à la fois peintre, dessinateur,
graveur, sculpteur et metteur en scène de son oeuvre.
L’exposition évoque par sa scénographie le parcours
initiatique de sa fausse demeure qui lui servait
d’atelier et aborde les grands thèmes qui parcourent
son oeuvre, des paysages aux portraits d’enfants,
des rêveries inspirés des Primitifs flamands aux
souvenirs de Bruges-la-morte, des usages complexes
de la photographie jusqu’aux mythologies personnelles
placées sous le signe d’Hypnos.

Près de 150 oeuvres dont une large part provient
de collections privées, offrent un panorama inédit de
l’oeuvre de Fernand Khnopff.
À la fois point de départ et fil rouge de l’exposition,
la maison-atelier de Khnopff est un véritable
« temple du Moi » au sein duquel s’exprime pleinement
sa personnalité complexe. À travers une scénographie
qui reprend les couleurs de son intérieur – bleu, noir,
blanc et or, le parcours évoque les obsessions et les
figures chères à l’artiste : du portrait aux souvenirs
oniriques, du fantasme au nu.
Après une salle introductive recréant le vestibule
de son atelier et évoquant l’architecture de sa demeure,
le parcours débute avec la présentation de peintures

de paysages de Fosset, petit hameau des Ardennes belges
Fernand Khnopff passe plusieurs étés avec sa famille.
De ces paysages de petit format, saisi sur le vif, on perçoit tout
de suite chez l’artiste un goût pour l’introspection et la solitude.
Une autre facette de son oeuvre, beaucoup plus connue du grand
public, est son travail sur le portrait. Khnopff représente des
proches comme sa mère, des enfants qu’il dépeint avec le sérieux
d’adultes, parfois des hommes. Mais le plus souvent,
il s’agit de figures féminines, toute en intériorité et nimbées
de mystère. Sa soeur Marguerite avec qui il noue une secrète complicité
devient son modèle, sa muse.
C’est elle encore que l’on retrouve représentée sept
fois dans un grand pastel intitulé Memories qui en raison de
sa fragilité n’a pu voyager pour l’exposition.
Il est évoqué à travers des esquisses et des études de détail ainsi
que par un dispositif multimédia.

Marguerite est également le sujet de nombreux portraits
photographiques. Khnopff va en effet s’intéresser à ce medium
avec beaucoup d’intérêt. L’artiste utilise ce procédé moderne
au service de son art afin d’étudier la pose et la gestuelle de
son modèle favori qu’il déguise en princesse de légende
ou en divinité orientale. Il fait également photographier
un certain nombre de ses oeuvres par un professionnel
de renom, Albert Edouard Drains dit Alexandre, et
retravaille les tirages par des rehauts de crayon, d’aquarelle
ou de pastel.
Comme d’autres peintres symbolistes, l’artiste est fasciné
par les mythes antiques. Parmi les obsessions de Khnopff,
la figure d’Hypnos, le dieu du Sommeil apparaît de manière
récurrente.
La petite tête à l’aile teintée en bleu, couleur du rêve,
est représentée la première fois en 1891 dans le tableau
I Lock My Door Upon Myself. Hypnos est l’objet de
plusieurs tableaux tout comme la Méduse ou bien
encore OEdipe qui esquisse dans le tableau
Des caresses un étrange dialogue avec un sphinx à
corps de guépard.

On retrouve également une série de dessins et de tableaux
de nus sensuels exaltant la féminité. Ces femmes à la chevelure
rousse, vaporeuse, au regard insistant, représentées dans
un halo semblent tout droit sorties d’un songe.
Mais, contrairement aux héroïnes de Klimt peintes à la même époque,
elles ne paraissent aucunement en proie aux tourments de la chair.
Elles sont plutôt des représentations de l’«éternel féminin ».

En fin de parcours, le visiteur retrouve plusieurs tableaux
de Bruges, ville, elle aussi énigmatique, où Khnopff vécut
jusqu’à l’âge de six ans. La nostalgie de ces années d’enfance
mêlée à une admiration pour les primitifs flamands lui fait
associer certaines de ses vues de Bruges à un portrait de
femme ou à un objet symbolique renvoyant à la cité des Flandres

Ce parcours s’accompagne de dispositifs de médiation innovants
permettant au public de mieux comprendre l’oeuvre de
Khnopff ainsi que le Symbolisme européen. En effet, en
référence aux diffuseurs de parfum présents dans sa maison-atelier,
quatre stèles audio-olfactives ponctuent l’exposition et
permettent de sentir un parfum et d’entendre en simultané
une musique et un poème liés aux oeuvres exposées,
recréant ainsi cette atmosphère de résonances entre les arts
et les sens, chères aux symbolistes.

Les visiteurs sont également invités à s’installer dans le
« salon symboliste » qui propose des livres, des photographies,
une stèle audio-olfactive, des animations littéraires, théâtrales
et musicales évoquant les liens tissés entre les différents arts
à cette époque.
Podcast France culture
Connaissance des Arts
PETIT PALAIS
Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston-Churchill – 75008 Paris
Tel: 01 53 43 40 00
Accessible aux personnes handicapées.
Transports
Métro Champs-Élysées Clemenceau
Métro Franklin D. Roosevelt
RER Invalides
Bus : 28, 42, 72, 73, 83, 93

Sommaire du mois de Février 2019

Banksy en me
musée Frieder Burda de Baden Baden

01 février 2019 : 1518, LA FIÈVRE DE LA DANSE
03 février 2019 : Sigmund Freud, du Regard à l’Ecoute
05 février 2019 : Le jeune PICASSO – Périodes bleue et rose
10 février 2019 : Tomi Ungerer
14 février 2019 : Clément Cogitore
17 février 2019 : Roots Canal avec Cyprien Gaillard
20 février 2019 : Gina Folly au Kunsthaus Baselland
25 février 2019 : La Brique, The Brick, Cărămida
27 février 2019 : Banksy @ Museum Frieder Burda

Sigmund Freud, du Regard à l'Ecoute

Jusqu’au 10 février 2019 au musée
d’art et d’histoire du judaïsme de Paris

Portrait de Sigmund Freud
12 février 1932
Photographie
Londres, Freud Museum

Cette exposition, proposée à l’occasion des vingt ans du mahJ,
est la première présentée en France sur Sigmund Freud
(1856-1939). Par un ensemble de 200 pièces – peintures, dessins,
gravures, ouvrages, objets et dispositifs scientifiques –, dont des
oeuvres majeures de Gustave Courbet (L’Origine du monde),
Oskar Kokoschka, Mark Rothko ou Egon Schiele, elle jette un
regard nouveau sur le cheminement intellectuel et scientifique
de l’inventeur de la psychanalyse.
Une leçon clinique à la Salpétrière d’André Brouillet (1857-1914

En France, l’enseignement de Freud est d’abord diffusé
par les cercles littéraires, surréalistes en particulier, dans le
sillage du symbolisme de la fin du XIXe siècle. Or cette
réduction à la littérature ignore la rationalité dont se
réclame la doctrine freudienne. Le parcours de l’exposition
insiste donc sur les années viennoises, puis parisiennes
de Freud, héritier de Darwin, qui débute sa carrière en
tant que neurologue, et dont l’intérêt pour la biologie ne
va cesser de croître –
Baquet à magnétiser

Une leçon clinique à la Salpétrière d’André Brouillet
(1857-1914) et le baquet à magnétiser de Franz Anton Mesmer
(1734-1815), présents dans l’exposition, sont prêtés tous deux
pour la première fois. Ses premières recherches s’enracinent
dans la tentative de tracer des schémas et des esquisses souvent
semblables à ceux que les neurosciences s’efforcent alors de
dessiner pour expliquer la croissance et le développement
des neurones et le fonctionnement du cerveau.

L’exposition fait redécouvrir l’invention de la psychanalyse.
Si cette démarche est née de l’observation éminemment
visuelle des symptômes, photographiés, dessinés, mis en
scène autour de Jean-Martin Charcot (1825-1893) à la Salpêtrière,
elle trouve sa spécificité et son efficacité à refuser l’image.
Elle s’épanouit dans la seule écoute, dans les associations de
mots, en l’absence de toute représentation visuelle.
Le lisible contre le visible, le mot contre l’image :
Freud se pose ici en héritier de Moïse, grand briseur d’images.

La spiritualité juive, à défaut d’une foi et d’une pratique, irrigue
ses travaux, de L’interprétation des rêves – ouvrage dont
l’herméneutique talmudique n’est pas absente –, jusqu’à
l’essai final, Moïse et le monothéisme. Si Freud lui-même,
né dans une famille juive originaire de Galicie gagnée par les
idées de la Haskalah (les Lumières juives), affirme son athéisme
et tient sa production scientifique à l’écart de son ascendance
juive, tout comme du milieu viennois où il a vécu, c’est
d’abord pour faire de la psychanalyse une science
universelle, détachée de tout particularisme religieux
ou culturel. Mais la démarche psychanalytique n’est
pas étrangère à la tradition interprétative propre
au judaïsme.
Portrait de Freud par Dali

L’exposition bénéficie de prêts exceptionnels du musée
Freud de Londres, du musée d’Orsay et du musée
national d’Art moderne, ainsi que de grands musées
autrichiens et allemands (Leopold Museum,
Österreichische Galerie Belvedere, Vienne ; Museum der
Bildenden Künste, Leipzig…).

Elle est accompagnée d’un riche programme (rencontres,
table rondes, conférences, projection, activités pour le
jeune public…).
Son catalogue est publié avec les éditions Gallimard.
Commissariat de l’exposition : Jean Clair, Académie française
Conseil scientifique : Laura Bossi, Laboratoire Sphère –
Université Paris Diderot et Philippe Comar, ENSBA
Coordination : Virginie Michel, assistée de Camille Filaferro, mahJ
Max Halberstadt (1882-1940)
Musée d’art et d’histoire du Judaïsme
Hôtel de Saint-Aignan71, rue du Temple 75003
Pariswww.mahj.org
métro : Rambuteau, Hôtel-de-Ville
RER : Châtelet – les Halles
bus : 29, 38, 47, 75
parking : Beaubourg, Hôtel-de-Ville

Sommaire du mois de décembre 2018

Meilleurs voeux pour 2019,
plus d’art, beaucoup de tolérance
encore plus de bienveillance

Patrick Bailly Maître Grand

03 décembre 2018 : Michael Jackson : On the Wall
10 décembre 2018 : Le Caravage était-il un « bad boy »?
15 décembre 2018 : Jean Michel Basquiat & Egon Schiele
22 décembre 2018 : Le Cubisme au Centre Pompidou
25 décembre 2018 : Joyeux Noël