Jean Pierre Parlange à l’appartement

Valérie Cardi directrice du mensuel culturel de la région rhénane
hebdoscope, a ajouté une nouvelle corde à son arc.
Elle accueille désormais des expositions d’artistes dans « l’appartement »
11 rue Descartes à Mulhouse, ainsi qu’à Freiburg au « Die  Nr 9 »,
chez Edle Aussicht, Waltershofener Strasse 9
C’est ainsi que l’on a pu voir en Allemagne, de septembre à novembre 2020 l’exposition de Pascal Henri Poirot, après qu’elle l’eut présenté à ST’ART en 2019.

 


Jean Pierre Parlange

Accrochés aux cimaises de ce bel espace, qui domine la place du marché, les dessins de Jean Pierre Parlange, (son site) semblent une évidence dans ce nouveau lieu.
Jean Pierre Parlange navigue entre maîtrise absolue et vagabondage fantasmé. Ses dessins rappellent de manière frappante, un autre maître du dessin érotique Egon Schiele. Illustrateur pendant vingt ans, il a goutté aux joies de l’édition, de la publicité ou du packaging. Il utilise aussi bien la peinture numérique que traditionnelle, mais tout ceci est devenu un passe temps quand en 2001, nommé rédacteur en chef de la revue Dessins & Peintures, il lâche le pinceau pour la plume.

Sa devise ?

« La perfection n’existe pas, alors autant ne pas s’en préoccuper ».

Entretien

Comment êtes-vous venus à l’art ?
C’est une rencontre avec une chorégraphe qui m’a fait prendre conscience,
il y a longtemps, que je pouvais mettre mon savoir faire au service de l’art et pas seulement au service de mes clients pour gagner ma vie.

Depuis quand dessinez-vous ?
Enfant, je ne faisais que dessiner, ensuite, j’ai toujours obtenu de bonnes notes concernant le dessin, plus tard, tout au long de ma vie d’illustrateur, j’ai continué à ne faire que ça.

Vos parents, la famille ?

Mes parents furent totalement opposés à mes projets de vie d’artiste, mais j’étais encore plus têtu qu’eux.

Comment définiriez-vous votre peinture ?

Je ne me considère pas comme un peintre, je suis un dessinateur qui emploie de la couleur. Je ne dessine pratiquement que d’après modèle vivant. Deux choses m’intéressent, l’élégance et le caractère du modèle, qui détermine souvent le caractère de mon dessin.
Il s’agit d’un exercice difficile et exigeant que d’aller toujours à l’essentiel, d’éliminer le caractère décoratif et commercial d’une œuvre. Je travaille d’abord pour moi, je ne cherche pas à plaire ou à séduire.

 

Faites-vous des dessins/essais préparatoires ?
Je passe mon temps à dessiner, donc j’ai des milliers d’esquisses en stock, il est finalement très rare que j’aboutisse un dessin avec les notions de couleurs et de composition.

Quand travaillez-vous?
Essentiellement quand j’ai envie, ou lorsque qu’une exposition ou une commande approche et que je dois produire.

A quel endroit, maison, atelier ?
Je travaille beaucoup l’image numérique que je considère comme l’art du XXIe siècle, et dans ce cas je deviens nomade, il me suffit d’un ordinateur et d’une tablette graphique pour travailler où je veux. Ce que je préfère reste tout de même le travail d’après modèle vivant, que je pratique seul, avec des modèles qui sont devenus mes amis, ou en groupe chez des amis peintres. Il m’arrive aussi à la belle saison de sortir dessiner les passants dans la rue.

Un rite pour vous mettre au travail ?
La présence d’un modèle ou bien la solitude de l’atelier. Je ne peins pas de belle images, j’essaie simplement de rendre compte de la relation qui s’établit entre le modèle et moi. C’est quelque chose de très humain, d’intense. J’ai beaucoup de respect pour toutes les personnes qui, ont un jour posé pour moi.

Votre technique ?
Tous les outils simples d’emploi, la mine de plomb, l’aquarelle et surtout l’encre de Chine. J’adore ce médium pour son côté sans concession, noir sur blanc, sans possibilité de correction qui demande une réflexion rapide, presque instinctive. Je sais peindre avec l’huile, mais le côté mise en œuvre compliquée et tout le cérémonial qui va avec ne font que diluer mon propos.

L’ambiance, musique, silence, intérieur, extérieur ?
Ce qui me plaît, c’est l’ambiance d’une séance de pose, le silence et le son de la mine de crayon qui trace sur le papier. J’aime aussi parfois les discussions naturelles, à propos de tout et de rien qui viennent détendre l’atmosphère, parfois les éclats de rire, ou bien un sourire complice du modèle, tout ceci est très naturel et très humain.

Vos maîtres ?
Tous les bons dessinateurs m’impressionnent. Je ne parle pas bien sûr de gens qui reproduisent des photographies à la perfection, ceux là m’indiffèrent.
Je parle de dessins expressifs, quand on sait que le dessinateur n’a pas triché, quand il vous montre son trait comme d’autres écrivent des poèmes sensibles.

Si je remonte à mes débuts, j’ai adoré les peintres préraphaélites, plus tard, la sécession viennoise m’a beaucoup marquée. Des artistes comme Gustav Klimt, Egon Schiele ou Koloman Moser sont toujours à mes côtés lorsque je dessine… Mais je m’arrête là, la liste serait beaucoup trop longue.

Qu’est  devenu votre travail pendant le confinement ?
J’ai continué à travailler sur commande, comme si de rien n’était, j’ai aussi continué à dessiner d’après modèle.

Que cherchez-vous à exprimer dans votre travail, qui ne serait pas possible avec des mots ?
Bonne question qui me touche ! Je considère que le dessin est l’ancêtre de la lettre, les enfants dessinent avant de savoir écrire, les grottes de Lascaux sont couvertes de figures animalières, et les égyptiens avec les hiéroglyphes mélangeaient le dessin et l’écriture. Le dessin est une forme sauvage d’écriture, quelque chose de plus essentiel, mais en même temps de moins universel. Au fond, ce qui est important, c’est l’expression et l’élégance, et aussi que le spectateur-lecteur saisisse le sens du trait, qu’il touche du doigt un peu de l’âme du dessinateur.

Quand avez-vous décidé d’exposer votre travail ?
Jeune, j’ai exposé mes illustrations et mes peintures un peu partout, mais en même temps comme j’étais tout de même pas mal édité, je ne ressentais pas ce besoin pressant que d’autres éprouvent à présenter leur travail. Aujourd’hui, je ne cherche pas, même si je suis toujours partant, surtout avec une amie comme Valérie Cardi.

Comment définiriez-vous votre travail ?
Traits, expressivité, toujours aller à l’essentiel, plaisir de dessiner, challenge de la ressemblance, de la rapidité d’exécution, composer, cadrer, respect des règles de la perspective, ne pas trop tomber dans la description détaillée, travail sans filets !

Peignez-vous des autoportraits ?
Oui, j’en ai fait quelques uns, il s’agit d’un exercice d’introspection intéressant, mais en même temps, il s’agit d’un exercice un peu nombriliste, à pratiquer avec retenu, en tout cas pas trop souvent.

Les artistes doivent-ils être le reflet des sentiments, de la vision de leur époque ?
Je pense que la nature humaine n’a jamais changée depuis la nuit des temps. Les modes elles changent à chaque génération, à chaque époque. Ce qui m’intéresse, c’est la nature humaine avec toutes ses facettes, grandeur, bassesse, beauté, laideur, etc…

Quelle est votre plus belle rencontre en art ?
Je crois qu’Hergé a déterminé ma vocation. Tout est simple et expressif chez lui, les personnages, les décors, les véhicules…

Une définition de l’art
Provoquer des émotions à l’aide de l’outil qu’est le savoir-faire.

Dès le 15 décembre ( sous réserves) vous pouvez contacter Valérie Cardi pour une visite de l‘appartement et à Freiburg les peintures de Bernard Latuner
 – 06 86 66 73 41
adresse mail valeriecardi68@gmail.com

Merci à Jean Pierre Parlange d’avoir accepté le principe des questions/réponses
confinement oblige

 

Putain de Covid

                               Techniques mixtes. 2020. 15X25X19cm.


Je laisse la parole à Anne-Marie Ambiehl, notre amie, victime
du Covid depuis le 16 septembre :

 « Ça bouge dedans ».

Comment décrire la guerre qui se déroule dans mon corps depuis 83 jours ?
 

Des mini-soldats se livrent de violentes batailles. Ils ne pèsent qu’un gramme chacun, mais comme il y en a en des milliards, ils font une tonne. Ils me font mal, ils m’épuisent, ils m’écrasent.

Dans mes bras, mes mains, mes jambes, mes pieds, ils sont armés jusqu’aux dents ; toutes armes, de toutes civilisations, de toutes époques.

Je ressens à l’intérieur de ma peau chaque impact d’épée, de marteau, de masse, de fléau, de fusil, de flèche, de bombe comme autant de brûlures, picotements, décharges électriques.

Les armées se déplacent par milliers de combattants, sans cesse, dans tous les sens, à toute allure, piétinant mon « dedans ». Les vibrations se font alors ressentir jusqu’à l’extérieur de ma peau. Impossible alors de recevoir une caresse ou un câlin. La peau est trop douloureuse.

L’atterrissage d’un projectile catapulté dans mes genoux fait l’effet d’une bombe anesthésiante et m’empêche de bouger mes jambes et de me lever.

La forte concentration de ces brutes dans mes doigts provoque des tremblements visibles à l’œil nu, ne me permettant pas, alors, de tenir un stylo ou une fourchette.

Les guerriers et leurs armes rebondissent à l’intérieur de mes membres. Parfois, pendant quelques heures ou quelques jours, ils se calment. On pourrait croire qu’ils sont partis. Mais non. Ils réajustent leurs armures pour me malmener de plus belle.

Le long de ma colonne vertébrale, les soldats se battent à mains nues.

Des milliards de minuscules poings et pieds se ruent, tapent, frappent, cognent, rossent mes vertèbres. Tous les coups sont permis.

Les gestes précis de l’ostéopathe et les pouces puissants et les ventouses de la kinésithérapeute dispersent les lutteurs pendant quelques heures, mais valeureux, ils retrouvent leur place bien vite.

Dans la tête, c’est pire. Ici le désordre est amplifié par un épais brouillard dense et pesant. Les combattants se brutalisent sans ménager mes neurones entrainant ainsi des confusions de tous ordres dans mon cerveau. Les mots ne sortent plus comme je voudrais, mes phrases sont décousues, j’ai des trous de mémoire. La moindre conversation me plonge dans la brume.

Lorsqu’une accalmie me permet d’écrire un mail ou de préparer un repas, je sais que je vais payer cher mon audace et mes efforts de concentration pour avoir défié « mes » guerriers en bougeant et en réfléchissant…

Ils se réveillent par milliers dans mon corps, provoquant des vertiges, ne me laissant de répit qu’après de nombreuses heures de sommeil et de repos. Et ça recommence…

Anne-Marie Ambiehl, artiste-plasticienne pleine d’espoir.

#sentraineraecrire #sentrainerareflechir #essaiedemecroire #essaiedemecomprendre #covid #longcovid #art #artcontemporain

Sommaire du mois de novembre 2020

Je dédie ce mois de novembre à Ramon Ciuret, qui nous a tiré sa révérence,
avec élégance, le 15 novembre 2020.
Une nouvelle étoile luit au firmament des photographes.
Ce petit homme malicieux et joyeux, toujours armé de son appareil photo
ou de son smartphone, pour capturer les beautés de ce monde. Avec son
regard et son oeil, si juste et bienveillant,  il transmettait avec bonheur
ses prises de vue, pour le plaisir de tous dans des expositions et sur
les réseaux sociaux.
Merci à lui pour le partage.

Tu m’avais enseigné le fish eye, je n’oublie pas notre blague sur le ragondin
du bord de l’Ill, et que tu intervenais, avec justesse, dans les  commentaires
sur mon blog.
Tes nombreux amis, du monde entier sont en deuil et attendent avec impatience, une exposition de tes nombreuses et magnifiques photos.
Vous pouvez le retrouver dans un enregistrement fait avec
Francine Hebding, sur radio MNE sous ce lien
Cher Ramon tu nous manques à tous.

les liens du mois de novembre 2020

30 novembre 2020 : Sommaire du mois de novembre 2020
27 novembre 2020 : Snowman de Fischli/Weiss
24 novembre 2020 : Ana González Sola, A LAS CINCO DE LA TARDE…
19 novembre 2020 : Elina Brotherus, La Lumière Venue Du Nord
14 novembre 2020 :L’Orient de Rembrandt
11 novembre 2020 : Roni Horn You are the Weather
7 novembre 2020  : Eaux-fortes de RembrandtLes donations Eberhard W. Kornfeld
3 novembre 2020 : Le lion a faim…Présentation de la Collection à la Fondation Beyeler

Elina Brotherus, la lumière venue du nord

Exposition de courte durée à la Galerie de la Filature qui se termine le
29 novembre 2020
Elina était plusieurs fois annoncée,
hélas les circonstances actuelles ont empêché sa venue.

« Quand je me photographie, c’est moi mais en même temps ce n’est pas moi… C’est la condition humaine que j’essaie de décrire » Elina Brotherus


this is the first day of the rest of your life

(c’est le premier jour du reste de ta vie)

Elina Brotherus, et Cindy Sherman, ont en commun le sujet de leurs photographies, une seule et même personne : elle.
Pour Elina Brotherus, ce n’est pas une métamorphose, il faut regarder les détails pour passer au second degré. Elle se montre de face ou de dos, telle qu’elle est, nue, debout ou assise, sans pose recherchée, ni artifice qui l’embellisse. Son pied est presque toujours posé sur le déclencheur de l’appareil photo. Elle opère toujours seule, d’une part pour n’avoir personne sur le dos ! d’autre part parce qu’elle utilise une matériel léger, qu’elle peut transporter à elle toute seule. Avec la photographie, et plus récemment la vidéo, Elina Brotherus explore le paysage émotionnel, les sentiments de l’individu et tente de déterminer comment celui-ci devient une partie de l’ensemble formé par les autres. Avec un langage délibérément structuré, elle travaille sur sa propre personne à partir des événements de sa vie.

Comme l’art est aujourd’hui le seul domaine dans lequel on accepte que des adultes s’amusent, elle ne s’en prive pas. C’est en tout cas ainsi que l’artiste finnoise qui pratique depuis un quart de siècle l’autoportrait mis en scène, généralement seule, mais parfois accompagnée de son chien ou, plus récemment de complices, présente sa démarche.
Elle construit tout avec une belle prise de distance qui n’empêche nullement une vision poétique, entre autres dans les paysages de sa Scandinavie natale ou de sa Bourgogne d’adoption.
Le paysage, aux différentes saisons, devient un décor à la respiration ample, un paysage en écho à la peinture romantique
– et à la peinture en général dont Elina a une belle connaissance – pour un corps libre, tour à tour dénudé ou vêtu de couleurs qui dialoguent avec celles de la nature.
Une peinture qu’elle réinterprète en jouant, en référence aux grands moments d’histoire et en écho du contemporain, en allant de l’atelier et de ses modèles réinventés à la mise en situation de son corps, à la limite de l’équilibre,
dans des lieux inattendus comme le chantier des grands magasins de La Samaritaine, exposés ici pour la première fois.

La  couleur

Savante coloriste, elle a cette capacité rare, en milieu de carrière et avec toujours ce mélange de sérieux et de fantaisie, de distance et de sourire,
de se pencher sur ce qu’elle a fait et de recomposer un passé récent qu’elle transforme pour la série 12 ans après.
L’image animée, série de fables qui ne sont jamais édifiantes, est une occasion de plus de jouer. De se jouer de l’espace, de le construire et de le faire exister en devenant illusionniste et magicienne.

Travaux pratiques, bricolages, rêves et divertissements articulent
une oeuvre dont la cohérence profonde n’enlève jamais
l’indispensable légèreté.
C’est rare, voire unique aujourd’hui.
extrait du Texte Christian Caujolle (commissaire de l’exposition), août 2020

Photos choisies

« Cette image d’autoportrait est aussi un clin d’œil à la difficulté que j’ai eu à mon arrivée en France, je n’avais pas les mots pour communiquer en français… »

C’est grâce à des amies photographes, après un parcours en sciences, – une maitrise en chimie -, études suivies en parallèle, qu’elle apprend l’autoportrait. Pour elle cela a été une libération. C’était la mode dans les années 90 dans les écoles d’art. Quand elle regarde les photos de cette période, elle dit avoir crée une autofiction.
Dans Le reflet dans la suite des séries françaises, elle est dans le coin de la photo,
le visage découpé, on en voit que le menton. Une salle de bain devant un lavabo où sont collés une multitude de post-it, un post-it sur le reflet de son visage cache son reflet. Post-it où il est marqué : reflet.
Tout les objets sont nommés sur les post-it. C’est la première fois qu’elle sortait de son pays pour aller en résidence au musée Nicéphore Niépce. Comme elle ne parlait pas le français c’était
le meilleur moyen d’apprendre la langue en nommant les objets.

Biographie

Elina Brotherus est née en 1972 à Helsinki et partage sa vie et son travail entre la Finlande et la France. Avec la photographie et plus récemment la vidéo,
Elina Brotherus explore le paysage émotionnel, les sentiments de
l’individu et tente de déterminer comment celui-ci devient une partie de l’ensemble formé par les autres. Avec un langage délibérément structuré, elle travaille sur sa propre personne à partir des événements de sa vie.
Bien que ses autoportraits dominent son oeuvre, elle n’interprète jamais de rôles et ne crée pas de mises en scène ; ses paysages révèlent tout autant la nature de ses sentiments.

Dans sa série The New Painting, Elina Brotherus questionne aussi bien les
codes esthétiques de la peinture que la notion de Beauté et va au-devant de questions sur la réalité et sa représentation.
parcours détaillé sur www.gbagency.fr

Sommaire du mois de septembre 2020

Robes du soir, présentées dans l’exposition Man Ray et la mode au musée du Luxembourg
Jeanne Lanvin et Jean Charles Worth (1925)

20 septembre 2020 : Le Monument, Le Labeur Et L’hippocampe
15 septembre 2020 :  Delphine Gutron
12 septembre 2020 :  Taro Izumi. ex
08 septembre 2020 : Pour tout le sel de la terre
06 septembre 2020 : Susanna Fritscher, Frémissements
04 septembre 2020 : Richard Chapoy -ARTCHIMIE-

Le monument, le labeur et l’hippocampe

Jusqu’au 15 novembre 2020 à la Kunsthalle de Mulhouse
Commissaire : Sandrine Wymann
les artistes : Véronique Arnold (FR), Hélène Bleys (FR), Irina Botea Bucan (RO) et Jon Dean (UK), Tanja Boukal (AT), Igor Grubic (HR), Zhanna Kadyrova (UA)

Tanja Boukal

 C’est la mémoire industrielle, qui est évoquée à la Kunsthalle, celle qui laisse les traces du travail, de l’humain, dans nos paysages et dans nos vies. Elle est conçue à partir de l’exemple mulhousien. L’histoire récente de la ville sert de modèle mais pas d’unique point de repère.
Ce qu’elle livre de son passé, la façon dont elle s’en accommode vaut pour d’autres villes, d’autres régions. Elle est représentative d’une histoire industrielle faite de constructions, de travailleurs et d’une certaine idée du progrès qui a traversé son siècle mais pas forcément tenu ses promesses.

L’hippocampe, « animal exotique », est un organe du cerveau, de petite taille, qui ressemble grandement à un cheval de mer. Situé dans le lobe temporal, il est le siège d’une mémoire à long terme, autrement dit de la mémoire de l’individu depuis le moment où il est capable de se souvenir. Cet organe joue un rôle central dans le stockage des connaissances dites explicites, celles que l’on peut formuler par le langage. Il est aussi le siège de ce qu’on appelle la mémoire épisodique, celle qui nous permet d’enregistrer des informations factuelles et contextuelles, celle qui nous sert aussi à voyager mentalement dans le temps et l’espace. Une sorte de disque dur personnel, qui archive nos souvenirs.

Hélène Bleys

L’image commandée à l’artiste Hélène Bleys (en en-tête) qui  illustre le carton de l’exposition, est une sorte d’hippocampe posée sur un enchevêtrement de fils entremêlés et ombrés, des fils qui nous ramènent naturellement à Mulhouse à l’industrie textile. Cette industrie qui a façonné la cité, planté ses usines-monuments dans le paysage, organisé la vie de ses habitants laborieux. Le labeur renvoie à la dimension humaine du sujet.
L’image est au coeur de la pratique d’Hélène Bleys. Par le dessin, qu’elle exerce abondamment, elle dialogue avec des sujets ou des motifs qu’elle met en lumière ou perd dans de vastes compositions.
Autour du dessin, viennent graviter d’autres pratiques telles que la céramique, qui prolongent ses investigations picturales. Membre du collectif Ergastule

elle administre leurs ateliers depuis 2015.
En 2017, elle a été accueillie en résidence à La Kunsthalle Mulhouse.

« La main et les gestes sont au coeur de ma pratique, ils incarnent une humanité préservée face la mécanisation généralisée et à l’efficacité imposée actuellement.
Mes mains résistent à l’air du temps, aux modes et elles essaient de
relever le défi de réaliser des oeuvres difficiles à situer, ni anciennes,
ni vraiment nouvelles. Tout se répète comme dans un motif ! »

Véronique Arnold

Le lien qui unit les femmes au textile n’est pas seulement celui de la fabrication mais aussi d’une sensibilité, d’un quotidien, d’une apparence. Les femmes tissent, s’habillent et entretiennent le textile. à Mulhouse, il a pu les faire vivre, elles le chérissent mais il ne les a pas épargnées. Véronique Arnold a rencontré ces femmes pour les écouter parler d’elles. Entre confidences et rapports factuels, elles racontent leur féminité et leurs parcours en laissant entrevoir des choix personnels, des situations subies et surtout des organisations industrielles qui ont façonné leurs vies.

« Dans le cadre temporel de ce projet avec La Kunsthalle, j’ai eu la chance de recueillir la parole de vingt-trois femmes ayant travaillé ou travaillant dans des entreprises textiles. J’ai écouté ce qu’elles disaient et j’ai posé des questions. Mon écoute est tributaire, bien-sûr, de la somme de mes expériences, fantasmes, illusions, connaissances, analyses, etc. C’est un outil on ne peut plus subjectif. Le témoignage
de ces femmes est une parole absolument subjective elle aussi… »

Igor Grubic

L’histoire ne se résume pas à des faits et des monuments, elle est faite d’humanités et d’intimités. Dans son film « How Steel was Tempered », Igor Grubic


visite les ruines d’une usine à travers la relation d’un père et de son fils. L’un est la mémoire du lieu, l’autre en fait son terrain de jeu.
Dans ce même espace ils se côtoient, se perdent puis se retrouvent autour d’une esthétique de désolation et de gestes perdus. Au terme de leurs vagabondages, ils trouvent un rythme commun, une pulsation partagée qui témoigne une transmission de la mémoire et de la valeur du lieu.

Irina Botea Bucan et Jon Dean

À travers une recherche et une étude sur les Maisons de la Culture en Roumanie, Irina Botea Bucan et Jon Dean retracent une histoire du travail et des travailleurs dans l’industrie par le biais de leurs loisirs. Emanant de programmes politiques, ces institutions ont toujours servi à exercer un contrôle sur la population.

Elles ont par ailleurs fait l’objet de programmes
architecturaux qui les ont visiblement installées dans les paysages
urbains roumains. Aujourd’hui, elles sont toujours debout et sont des espaces dans lesquels il est tentant de faire émerger une nouvelle relation entre les hommes et la culture, basée sur une nouvelle organisation du travail, de la société, des pouvoirs politiques et économiques.

Tanja Boukal

L’entreprise DMC, fleuron textile mulhousien, est le témoin
majeur d’une époque industrielle. Elle est le reflet d’un temps
social et économique, elle abrite la mémoire de savoir-faire mais
aussi de traditions. En s’immergeant dans les archives de l’usine,
Tanja Boukal a revisité les lieux, les machines et les hommes qui
avec le temps avaient pris place sur le fil de l’oubli.

série European Spring (Printemps européen), déclinaison du mot
« peur » dans 25 langues européennes,

Par son travail d’artiste, elle les a réveillés, leur a réattribué une présence et à
l’occasion d’ateliers et de rencontres a partagé autant que possible son investigation avec qui souhaitait apporter ses souvenirs ou ses connaissances. L’époque récente a été témoin du passage de la main à la machine et le « dit » progrès industriel a incarné cette transition majeure.
En rapprochant le talent des uns et les capacités des autres, Tanja Boukal propose un terrain si ce n’est de réconciliation, au moins d’acceptation d’un déplacement des compétences.

Zhanna Kadyrova

Sur les sites d’usines abandonnées, Zhanna Kadyrova vient déshabiller les murs de leurs carrelages pour les façonner en de petites jupes ou robes. Les vêtements ainsi assemblés évoquent que, sur les lieux mêmes de leur provenance, du textile était fabriqué. De l’Ukraine à la France l’histoire des fabriques, de textile par exemple, n’est pas très différente et celle de ses
travailleurs non plus.

D’immenses bâtisses grouillant de main d’oeuvre et d’activités sont devenues des espaces vides et dégradés.
Faut-il les réinventer ou leur rendre hommage ? La question du devenir de ces espaces est posée à travers le geste de Zhanna Kadyrova.


Pratique

Journal de l’exposition

 La Kunsthalle, centre d’art contemporain,
16 rue de la Fonderie à Mulhouse

Agenda

Ouvert du mercredi au vendredi de 12 h à 18 h,
du samedi au mardi de 14 h à 18 h.
Fermé les jours fériés.

Visites guidées
les 20 et 27 septembre et 25 octobre à 16 h et sur rendez-vous (tél.03.69.77.66.47.)

 

Delphine Gutron

photo Sandrine Stahl

Nom : Gutron
Prénom : Delphine
Profession : Graveur
spécialité : Dessins – Encres – Gravures
signe particulier : artiste en mouvement au Séchoir, une Sécheuse

Delphine Gutron est une artiste, dessinatrice, graveur.  Dans son atelier au Séchoir, elle alterne entre la gravure, les dessins préparatoires et les dessins tout court. Son travail est très minutieux, son tracé précis et esthétique. Elle dessine avec des outils très fins afin que son trait soit le plus juste possible.
La gravure en taille-douce (ou gravure en creux) est sa technique de gravure préférée de l’artiste.
Delphine grave en effet ses dessins à la pointe sèche sur des plaques de cuivre ou de zinc ou utilise la technique de gravure à l’acide (eau-forte, aquatinte) pour réaliser ses estampes. Elle travaille parfois aussi sur des plaques de gomme qu’elle monte en tampon.

La ville, les usines, les bâtiments, les parcs… sont les thèmes que l’on retrouve souvent dans le travail de Delphine Gutron. Nancéenne, puis mulhousienne d’adoption, elle a beaucoup observé le Temple St Etienne et flâné au Musée d’Impression sur Etoffes de Mulhouse pour y trouver son inspiration.
Mais parfois, son imagination lui suffit, et de son esprit peuvent naître des images d’anges, d’êtres hybrides ou de curieuses créatures animales… la finesse de ses graphismes rendant son œuvre toujours très esthétique.
Emmanuelle van dinh.

L’artiste dans ses propres mots

« Je travaille doucement, avec force détails, en laissant les traits glisser,
jusqu’à atteindre un équilibre sensible. »

 

Entretien avec l’artiste

 

Comment êtes-tu venue à l’art ?

Je dessinais depuis longtemps pour moi, mais un bon déclic lors d’un stage en
2004 pour apprendre la gravure au Centre de la gravure et de l’image Imprimée
à La Louvière en Belgique, où l’on apprenait au milieu des oeuvres de Louise
Bourgeois.

Depuis quand dessines-tu ?

Je dessine depuis toute petite, mais j’ai fait du dessin technique et du dessin de
représentation lors de mes études d’abord scientifiques, un bac E technologies
industrielles puis de la physique Chimie à l’université et de la géologie.

Tes parents t’ont-ils influencée ?

Pour l’amour du papier, cela vient certainement de mon père qui travaillait
dans une imprimerie à Nancy et qui rentrait à la maison avec ses habits
imprégnés de l’odeur de l’encre.

Fais-tu des dessins/essais préparatoires ?

Pour certaines séries, je travaille dans des carnets de recherche et je note des
phrases et des croquis, pour d’autres séries je travaille directement sur le
papier ou le métal. C’est le premier trait qui me guide, même si je sais vers
quoi je vais tendre.

Quand travailles-tu ? A quel endroit ? maison, atelier ?

Je travaille le week-end dans mon atelier au Centre d’Arts en mouvements Le
Séchoir et le soir, je travaille à la maison, tard.

As-tu des horaires définis ? Un rite pour te mettre au travail ?

… Dès que je peux , j’ai un job d’enseignante aussi, et une famille 🙂
Pour le rite : un café !!! pour l’atelier, un verre de bon vin si c’est le soir à la maison, de la musique rock à fond, pleine d’énergie.


                   exposition Fernet Branca POP-UP Artistes

Peux-tu m’expliquer ta technique, c’est un peu mystérieux
pour moi ?

Je travaille en alternance en gravure et en peinture . Pour le moment toujours
sur du papier, cependant j’aimerai travailler le volume, les assemblages,
poursuivre des recherches déjà engagées en ce sens, soit en faisant sortir la
gravure de son cadre, soit en travaillant les feuilles de métal ou encore la
céramique. Je n’ai pas assez le temps de pouvoir mettre en oeuvre toutes ces
expérimentations.

Es-tu influencée par des maîtres ?

Surtout ces trois là :
Odilon Redon pour son onirisme et sa douceur .
Paul Klee pour sa liberté et ses recherches sur les symboles et les couleurs, la
musicalité de ses compositions.
Et Fred Deux pour sa folie et son dessin.

Quelles sont tes lectures, tes références littéraires ?

Je lis beaucoup de romans historiques où sont liés art et politique afin de
comprendre comment la société et les événements politiques peuvent
intervenir sur l’art. Ca me permet également de vivre une époque que je n’ai pas connue .
Les livres de Sophie Chauveau par exemple, Dan Franck, les monographies d’artistes ou les livres sur les ateliers d’artistes .
Récemment j’ai lu Zao de Richard Texier aux éditions Gallimard et cela me permet de voir les artistes sous un autre angle que la peinture, dans leurs relations d’amitié et de connivence avec les autres artistes de leur époque .
Le bon livre aussi de Philippe Dagen, « artistes et ateliers » qui me permet de m’imaginer au coeur de la création.

Peins-tu des autoportraits ?
Je n’en ai réalisé qu’un, une fois, pour mon diplôme d’arts plastiques .

Qu’est devenu ton travail pendant le confinement ?

Il a pris de l’ampleur ! Du temps libéré, et de grandes feuilles de papier à disposition ont permis à la série « ROOMS » d’apparaître.
J’ai expérimenté un geste plus ample oublié des détails et mis en avant une
émotion plus immédiate avec une gamme de couleurs plus réduite.
C’est la série que j’ai exposée à Fernet Branca cet été.
Bien sûr, la notion de confinement, le sentiment d’être bloqué entre 4 murs a vu dans la peinture une échappée belle. Dans les Rooms , je revisite les lieux qui me sont familiers et les émotions qui m’ont parcourues dans ces endroits.
(ci-contre le Fakir)

Cette pandémie a-t-elle agit sur ton travail ?

Elle m’a donné du temps, c’est très précieux pour faire évoluer son travail et
pouvoir interpréter ses questionnements graphiquement.
Depuis le déconfinement, je continue les grands formats, je sens que j’ai
franchi une étape supplémentaire dans la liberté de mon expression artistique,
tant par le format que par les idées qui continuent de s’accumuler et les projets
que je consigne.

Que cherches-tu à exprimer dans ton travail, qui ne serait pas possible avec
des
mots ?

J’essaye d’imaginer un monde qui a existé ou qui va exister. Je m’interroge
beaucoup sur la notion de temps (géologique, à l’échelle des millions d’années
mais aussi historique) et la notion de création (les espèces, apparition/
disparition, utopie, préservation des écosystèmes, sensibilisation au beau qui est partout dans une bestiole mais aussi dans la ferraille d’une poutre).
Je souhaite surtout ressentir intensément des moments, des émotions très
particulières et que le public qui voit ces traces éprouve aussi immédiatement
une empathie, une compassion ou un regard non anodin sur mes dessins.

Le Séchoir est-il un apport pour toi ?

Membre fondateur au Séchoir depuis mai 2014.
A permis des collaborations, des expositions collectives jusqu’à Berlin, des échanges artistes riches tant au niveau des techniques que des recherches et des questionnements. Cela m’a permis aussi de découvrir nombre d’artistes plasticiens mais aussi musiciens et d’affuter mon regard sur les oeuvres grâce aux sélections lors des appels à projets de nos expositions.
J’acquiers des notions de scénographie, d’exposition également, bref un apprentissage dans tous les domaines !!
Cela n’a pas vraiment modifié ma manière de travailler mais me permet des rencontres, des échanges, d’entrer dans l’élaboration de projet et
ponctuellement des conseils dans des techniques que je pratique moins
souvent comme la céramique.

Les artistes doivent-ils être le reflet des sentiments, de la vision de leur

époque ?

Pour moi , l’artiste doit être le reflet de son époque, mais comme le temps agit
sur nous, inéluctablement et que je suis persuadée que vivent au fond de nous
des vies antérieures, les époques précédentes transpirent dans le présent .Le
sentiment que l’on donne à voir à travers nos peintures, nos textes, nos dessins, il n’est pas si spontané, il n’est pas qu’une bribe de contemporanéité,
imbibé d’actuel mais pas essentiellement, il est plutôt le résultat d’une
réitération de ce même sentiment à travers les âges, les époques.
Tous les sentiments ont déjà été vécus, mais les artistes les transmettent au coeur de l’époque dans laquelle ils sont nés, sur un fond d’une époque plus ancienne, présente aussi en eux.

Quelle est ta plus belle rencontre en art ?

Celle qui évolue. J’ai pu être totalement insensible à l’oeuvre d’un artiste et
avec le temps ou la médiation de galeriste par exemple, commencer à apprécier
les mêmes oeuvres. Passer de l’indifférence à un sentiment intense sur une
même image, je trouve ça fort, avec le temps.

As-tu une définition de l’art ?

Ce serait : L’art c’est une émotion animale, primaire qui nous saisit sur une
image, une musique, une phrase, c’est vital.

Une future exposition « Katalog « , à venir au
Centre d’Arts en Mouvements Le Séchoir.

Ateliers Ouverts 2020, 10 et 11 octobre 2020 à partir de 14 h

                                                                   Série Rooms

Delphine Gutron
Atelier Le Séchoir
– 25 Rue Josué Hofer, La Tuilerie,
68200 Mulhouse

site Web :
https://www.delphinegutron.com
faceBook :  https://www.facebook.com/DelphineGutron

Richard Chapoy -ARTCHIMIE-

Prénom : Richard
Nom : Chapoy
Profession : promeneur dans les arts
signe particulier : dendrophile

Faut-il encore le présenter ? Il est « presque » connu comme le loup blanc dans sa jungle poétique d’arbres, présent localement dans de nombreuses expositions, et sur les réseaux sociaux.

Les 28/29/30 août les visiteurs ont pu découvrir ses dernières créations disséminées dans son jardin, bien en évidence ou cachées dans la végétation luxuriante de l’été, ainsi que dans son atelier qui occupe une bonne partie de son sous-sol à Illzach.
Un dessin a été offert au visiteur, à choisir dans la profusion de sa production par celui qui réfute le qualificatif d’artiste.
Ce gaucher contrarié, en guise de représailles contre les Ayatollahs de la main droite, a autorisé dans ses cours, l’usage de toute possibilité permettant de
dessiner . Il a enseigné le dessin dans différents collèges et endroits de la région.

Comment est- vous venu à l’art ?

Enfant en découvrant les reproductions des impressionnistes et des fauves dans l’almanach que recevait ma grand-mère tous les ans. Très marqué par l’entrée en gare St Lazare de Monet (une grande émotion la première fois devant le tableau au musée d’Orsay).

Depuis quand dessinez-vous ?

Depuis ma petite enfance, une activité importante avec plein de petits bricolages.

Comment définissez-vous votre travail ?

Une promenade quotidienne dans les mélanges improbables, une recherche de matières, de réactions, vers une simplification maximale avec le temps …

Faites-vous des dessins préparatoires ?

Non, tout démarre comme une improvisation qui se structure sur la durée avec un fond d’expérimentations et de souvenirs.

Quand travaillez-vous ?

Tous les jours, tout le temps. Dans l’atelier ou le jardin. En fonction du jour, je peux commencer à 6h le matin jusqu’à 23h. Entre 3 et 12h par jour depuis 30 ans par besoin vital !

Quelle est votre technique ?

Un jeu avec toute sorte de constituants, une « cuisine » très personnelle.
Toutes sortes de papiers, papier de soie, papier Kraft, cartons, bois, boîtiers de CD, nacre…) et des réactions entre les produits (émulsions instables, matières végétales, solvants, acides, colorants, encres…)

On pourrait y chanter les petits papiers de Gainsbourg et Régine

Vous référez-vous à des maîtres ?

Très nombreux depuis mon enfance : Monet, Matisse, Ernst, Magritte, Klee, Alechinsky, Hartung, Dubuffet, Soulages, Baselitz, Fautrier, Richard Long, Richard Serra, Mondrian (hommage à) … et d’autres.

Références littéraires : Antonin Artaud (les œuvres complètes), Henri Michaud, Pierre Daix, Michel Pastoureau, Michel Draguet …

Le confinement a t’il influé votre travail, on a pu voir de nombreuses publications sur un réseau social ?

Pas de changement sauf une réalisation quotidienne de paysages imaginaires. Pas d’incidence, je suis un contemplatif très affairé, sans angoisse ni certitude avec un besoin vital de faire !

A cause du confinement, 4 expositions ont été annulées, 4 réalisées, 3 en prévision cette année.

A venir, une exposition à la cave dimière
de Guebwiller,
Pour être informé de ses prochaines expositions, vous pouvez consulter les informations sur sa page Faceboock
ci dessous

 

L’artiste

« Je ne suis pas artiste juste un promeneur dans les arts, l’actualité me fait parfois réagir (quelques dessins et peintures sur les naufrages des migrants en méditerranée mais que je ne mettrais pas en vente) mais pour l’essentiel je suis « homme des cavernes »  loin des visions sociologiques ou politiques de certains.« 
La simplicité d’une forme d’art, le plaisir du regard partagé, mon petit univers en croissance permanente …

 

Sa devise :

Pour une poésie du concret, pour que l’improbable trouve une réalité.

Sa définition de l’art :

Un souffle de vie, comme un vent apportant l’émotion.

Richard Chapoy -ARTCHIMIE–   

Sommaire du mois d’août 2020

Giuseppe Penone
Frontières indistinctes – Noce, 2017
Bronze, marbre blanc de carrare

26 août 2020 : « L’Île Des Morts » D’Arnold Bocklin
23 août 2020 : Christophe Bourguedieu
14 août 2020 : Christo au musée Würth
01 août 2020 : LES FRÈRES BURDA. Une histoire des Collections

Christophe Bourguedieu

Exposition à la Galerie de la Filature de Mulhouse jusqu’au 13 septembre 2020

Le temps fort de la 4e Biennale de la photographie de Mulhouse (BPM)

Christophe Bourguedieu a été l’hôte de la galerie de la Filature en 2002, c’était déjà une proposition d’Anne Immelé, collaboratrice à l’époque, pour la programmation et le suivi des projets auprès de Paul Cottin.
Christophe Bourguedieu nous a guidé à travers son exposition, « Avant la Nuit », en toute improvisation, en ponctuant certains éléments, en soulignant, la pertinence ou la cohérence de ses choix, soutenu, par la commissaire Anne Immele, qui est à l’initiative du choix du photographe, qui souligne la commande de la photographie spécialement conçue pour Mulhouse.

Une salle dédiée à Mulhouse

Une salle est spécifiquement dédiée à Mulhouse, des paysages, des maisons,
des personnages, qui devraient être le reflet de notre ville.
D’autres photographies, provenant du monde entier où Christophe a voyagé proposent des lieux étranges, parfois très impersonnels. Des liens imperceptibles se voient, par certaines couleurs, un peu de rouge, comme le petit pan de mur jaune …. une voiture jaune, des volets de même couleur, une lumière idéale, une photo parfaite.


La présence de certains animaux, des constructions se répondent par des jeux de symétrie, ou des inversions, suggérant la possibilité d’une lecture différente.
Un boxeur, un Botticelli, un après-midi chez le voisin d’Anne, un hôtel mulhousien (Witz), de belles jeunes femmes, un chien blanc, en rappel un ragondin blanc, toutes ses choses doivent faire sens et lien. L’univers de Wim Wenders, d’Edward Hopper, par le côté impersonnel, voire mélancolique, sensoriel.

Christophe Bourguedieu est un photographe mondialement connu et reconnu

Il n’aime pas les images trop évidentes, trop esthétiques, trop symboliques, trop militantes, voire, trop humaines. Ses photographies peuvent sembler anodines, impersonnelles, sa recherche de la neutralité est presque obsessionnelle, pas de couleurs claquantes. Il s’attache à la lumière, à l’espace, à la singularité.

La BPM-BIENNALE ou

le Microcosme mulhousien de la culture masqué


Benoit André professionnel de la culture, ancien de Chaillot est à son affaire, il n’a pas eu de chance, nouveau directeur de la Filature depuis le 1er janvier, il est tombé de plein pied dans la pandémie. Il s’est fait fort de faire ouvrir la Galerie de la Filature, auprès des autorités préfectorales qui lui opposaient la COVID, ce qui a permis d’exposer les photographies de Christophe Bourguedieu,
À la tombée de la nuit.

Anne Immele, professeur, docteur en Photographie, maitre d’œuvre de la Biennale, nous explique avec enthousiasme la cohérence des photos exposées, l’étrangeté de l’ambiance dans le contexte actuel, de la pandémie, du désert culturel, des catastrophes mondiales, Californie, Liban, Australie, l’image de Mulhouse en lien avec St Nazaire, une photo de l’arrêt de tram St Nazaire…..

Anne Catherine Goetz, nouvelle adjointe à la culture issue des récentes élections municipales, par son discours de vernissage, inaugure ses nouvelles fonctions, et ouvre ainsi l’exposition Christophe Bourguedieu,

Éric Kheliff, comédien, vice-président de MAC,  en doublure de Dominique BANNWARTH, président de MAC, absent pour cause de vacances, déclame ou plutôt lit son papier, pour se féliciter de la participation de MAC à la Biennale et à la Galerie de la Filature, de leur partenariat avec l’Agrandisseur. Il remercie, Christophe Bourguedieu, Anne Immele, Benoit André et Anne Catherine Goetz pour leur collaboration. En conclusion il annonce une future exposition en off, de l’artiste Fahd El Jaoudi, soutenu par MAC, Mulhouse Art Contemporain.

L’exposition est accompagnée d’un guide de salle, édité par Novo, dans lequel vous pouvez lire un entretien entre Michel Poivert et Christophe Bourguedieu.

il est très difficile de photographier des photos

Informations

Des visites aux horaires suivants :
du mardi au samedi de 13h30 à 18h30
Sauf samedi 29 août de 11h à 18h30

Dimanche 30 août de 14h à 18h

Visites commentées possibles sur RDV (à partir de 4 personnes)
au 06 99 73 81 80 ou agrandisseur@gmail.com