Pour la première fois au cours des plus de 25 ans d’histoire de la Fondation Beyeler, l’ensemble du musée et son parc environnant seront transformés en un lieu d’exposition expérimental d’art contemporain. Organisée par laFondation Beyeler en partenariat avecLUMA Foundation, la manifestation réunira le travail de 30 artistes issu·e·s de différents horizons et disciplines, dont Michael Armitage, Anne Boyer, Federico Campagna, Ia Cheng, Chuquimamani-Condori et Joshua Chuquimia Crampton, Marlene Dumas, Frida Escobedo, Peter Fischli, Cyprien Gaillard avec Victor Man, Dominique Gonzalez-Foerster, Wade Guyton, Carsten Höller avec Adam Haar, Pierre Huyghe, Arthur Jafa, Koo Jeong A, Dozie Kanu, Cildo Meireles, Jota Mombaça, Fujiko Nakaya, Alice Notley, Precious Okoyomon, Philippe Parreno, Rachel Rose, Tino Sehgal, Rirkrit Tiravanija et Adrián Villar Rojas, Félix González-Torres
Les développeurs
Développée par Sam Keller, Mouna Mekouar, Isabela Mora, Hans Ulrich Obrist, Precious Okoyomon, Philippe Parreno et Tino Sehgal en étroite collaboration avec les participants et participantes, l’exposition vise à stimuler la liberté artistique, l’échange interdisciplinaire et la responsabilité collective. L’approche, telle que formulée par Philippe Parreno et Precious Okoyomon, reconnait :
Félix González-Torres
« les complexités et les incertitudes inhérentes au rapprochement des artistes, mais considère également ces enchevêtrements comme faisant partie intégrante du processus de création ».
L’exposition est donc envisagée comme
« une proposition dynamique plutôt que statique, un projet ontologique évolutif qui reflète la complexité et la diversité inhérentes à la réunion sous un même toit de voix artistiques distinctes ».
Conçue comme un organisme vivant qui change et se transforme, l’exposition a été développée par un nombre croissant de personnes, qui ont apporté leur réflexion sur toutes les étapes de la réalisation de l’exposition, depuis sa conception, son élaboration et sa production jusqu’à sa création et sa présentation. En particulier, Tino Sehgal a été invité à créer des éléments d’exposition transformateurs pour la présentation générale, notamment pour les oeuvres de la collection. NB : (même pendant la présentation à la presse, on a pu voir des modifications dans l’accrochage)
Evénements collectifs variés
À l’instar d’événements collectifs tels que « Il Tempo del Postino » (organisé par Art Basel, la Fondation Beyeler et Theater Basel avec le soutien de LUMA Foundation et commandé par le Festival international de Manchester et le Théâtre du Châtelet, à Paris) et « To the Moon via the Beach » (commandé et produit par LUMA Foundation), le projet trace des parcours plutôt que des filiations strictes. Tout comme l’exposition et l’expérience elle-même, le titre de cette manifestation d’été est proposé par les participants et participantes et change périodiquement.
Parmi les intervenants et intervenantes, on compte des artistes, des poètes et poétesses, des architectes, et designeuses, des musiciens et musiciennes, des compositeurs et compositrices, des philosophes et des scientifiques. Toutes et tous ont été accueilli·e·s pour transformer le site de la Fondation Beyeler, s’étendant à travers les galeries et le foyer aux espaces annexes, comme la billetterie, le vestiaire ou la boutique, au jardin d’hiver, aux terrasses et au parc. Le public pourra redécouvrir de façon inattendue les espaces de galerie existants, mais aussi explorer des espaces qui ne lui sont pas familiers. En arrivant à des moments différents, les visiteurs et visiteuses profiteront d’expériences différentes dans les mêmes espaces. Plusieurs temporalités se chevaucheront à travers des expositions, des espaces sociaux, des spectacles, des concerts, des lectures de poèmes, des conférences et des activités communautaires, encourageant les visites multiples en offrant des billets de retour. L’architecture en labyrinthe invitera à explorer la performance de différentes manières.
Les oeuvres
Les liens et les interrelations entre les oeuvres individuelles se développent en dialogue étroit avec les artistes. Cet échange s’étend également aux oeuvres de la propre collection de la Fondation Beyeler, qui est mise à la disposition des artistes en tant que ressource et fait partie intégrante de l’exposition. Parallèlement aux projets artistiques temporaires, des oeuvres d’artistes tels que Louise Bourgeois, Paul Klee, Claude Monet et Vincent Van Gogh seront exposées.
Alors que la première manifestation de ce projet collectif sera montrée cet été à Riehen/Bâle, en Suisse, l’exposition collective interdisciplinaire évoluera et se transformera comme un organisme vivant, et les prochains événements seront présentés sous une autre forme à Arles et dans d’autres sites LUMA.
LIT DE RÊVE
Carsten Höller (*1961) avec Adam Haar (*1992) Chambre d’hôtel de rêve 1 : Rêver de voler avec des agarics de mouche volante, 2024
Pendant l’exposition, les visiteurs peuvent dormir dans la chambre d’hôtel de rêve 1 . Pendant les heures d’ouverture du musée, les plages horaires sont fixées à 60 minutes par personne. Le prix est inclus dans le billet d’entrée. Les créneaux ne peuvent pas être réservés à l’avance : les inscriptions se font sur place au musée selon les disponibilités. Une fois par semaine, il est possible de passer la nuit entière du vendredi au samedi dans le « Dream Bed ». L’expérience dure de 20h à 8h et ne peut être réservée qu’en ligne. Afin de rendre cette soirée au musée abordable pour tous les budgets, les prix varieront. Le personnel de sécurité du musée fournira des draps propres.
Le « Dream Bed » est un robot qui se déplace pendant le sommeil du visiteur. Les rêves sont détectés via des capteurs intégrés au matelas, qui mesurent la fréquence cardiaque, la respiration et les mouvements. Ces lectures ne sont pas enregistrées. Les différentes phases de sommeil et intensités de rêve sont synchronisées avec les mouvements du lit. Au fur et à mesure que le visiteur s’endort et se réveille, une reproduction d’un champignon rougeoyant tourne au-dessus du lit.
Les billets pour la nuitée dans le «Dream Bed» peuvent être trouvés ici .
Informations Pratiques
Fondation Beyeler La Fondation Beyeler à Riehen près de Bâle est réputée à l’international pour ses expositions de grande qualité, sa collection d’art moderne et d’art contemporain de premier plan, ainsi que son ambitieux programme de manifestations. Conçu par Renzo Piano, le bâtiment du musée est situé dans le cadre idyllique d’un parc aux arbres vénérables et aux bassins de nymphéas. Le musée bénéficie d’une situation unique, au coeur d’une zone récréative de proximité avec vue sur des champs, des pâturages et des vignes, proche des contreforts de la Forêt-Noire. La Fondation Beyeler procède avec l’architecte suisse Peter Zumthor à la construction d’un nouveau bâtiment dans le parc adjacent, renforçant ainsi encore l’alliance harmonieuse entre art, architecture et nature. www.fondationbeyeler.ch LUMA Foundation LUMA Foundation a été créée en 2004 par Maja Hoffmann à Zurich, en Suisse, afin de soutenir la création artistique dans les domaines des arts visuels, de la photographie, de l’édition, des films documentaires et du multimédia. Considérée comme un outil de production pour les multiples initiatives lancées par Maja Hoffmann, LUMA Foundation produit, soutient et finance des projets artistiques qui visent à approfondir la compréhension des questions liées à l’environnement, aux droits de la personne, à l’éducation et à la culture. www.luma.org; www.westbau.com
Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler
tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00 accès depuis la gare SBB, prendre le Tram 1 ou le 2, jusqu’à Messeplatz puis prendre le tram 6 jusqu’à l’arrêt la Fondation
La Fondation François Schneider présente pour la période estivale, une exposition temporaire intitulée Aqua Terra mettant en avant la céramique contemporaine à travers le travail sculptural d’une trentaine d’artistes céramistes. Commissariat : Sarah Guilain, responsable des projets artistiques et de la collection
LES ARTISTES
LES THÈMES ABORDÉS
C’est là que tout commence, sur un bord de plage ensoleillé, où les rires des baigneurs et les jeux d’eau résonnent. Que ce soit pour se baigner avec une bouée, se détendre entre amis ou en famille, ou partir à la découverte des trésors marins, chacun y trouve son bonheur. Les artistes s’inspirent de ces éléments emblématiques de la plage afin de créer des oeuvres originales évoquant la détente, les coquillages, les bouées aux couleurs vitaminées et aux formes amusantes. L’ambiance y est détendue et ludique.
Johan Creten, Les Crevettes diaboliques, 2021-2023
Lisa Pélisson Chaise de maitre-nageur,
L’horizon marine
Agathe Brahami-Ferron puise ainsi dans ses souvenirs de vacances pour créer des oeuvres pleines d’humanité, de couleur et de vie. Ses personnages, comme La baigneuse, semblent surgir de l’eau, avec des détails tels qu’un maillot de bain en forme de coquillage ou les premiers coups de soleil rougissant sa peau. Très attachée à la dimension technique et à la mise en valeur de l’art de la céramique, Agathe Brahami-Ferron crée des personnages en céramique tels que des vacanciers ou des nageuses. Sur ces oeuvres sculptées en grandeur nature, l’artiste applique des nuances avec un pistolet, donnant ainsi une profondeur à la peau de ses personnages. La mer : la liberté se compose de 8 modules en céramique qui mettent en valeur le savoir-faire technique de l’artiste dans la manipulation de la forme et de la couleur. En superposant diverses couches d’émaux transparents et opaques, Félicien Umbreitcrée des couleurs uniques qui reflètent le mouvement incessant de la mer. Dans cette oeuvre, la force de la nature invite à la contemplation.
Virgaest une oeuvre captivante de l’artiste Cat Loray, qui transporte le visiteur. Telles des cascades célestes, des fils de pluie suspendus flottent dans l’air, créant une danse poétique entre la terre et le ciel. Chaque gouttelette en céramique blanche est un instant figé, une pause dans le temps. L’oeuvre invite à la contemplation, à la réflexion. Virga est une ode à la nature, une invitation à se perdre dans la magie de l’instant présent.
Fascination glacée
Dans un univers entre la magie des émaux céladon et la pure blancheur de la porcelaine, le froid se fait ressentir. Parmi les icebergs majestueux dressés comme des sculptures de glace éternelles, les bélugas dansent avec grâce dans les eaux cristallines, capturant un moment figé dans un monde glacé.
Cécile Fouillade, Phoque annelé, 2024 Porcelaine, tissus, bois Iceberg n’est pas une pièce unique. Il s’agit d’une série sur laquelle l’artiste travaille depuis 2015. La porcelaine blanche contraste magnifiquement avec le bleu de l’eau, évoquant la pureté et la majesté de la glace. On imagine aisément les icebergs géants se détachant de la banquise et dérivant dans les eaux froides de l’océan.
Weronika Lucinska Iceberg, 2024
Dans une démarche visant à instaurer un dialogue entre la nature et l’architecture, les céramiques de Safia Hijoss’inscrivent dans un environnement à la fois baroque et poétique. Elles se retrouvent au mur, au plafond, au sol, dans les coins, dans les arbres… Avec ces pièces murales tubulaires, il s’agit ici d’évoquer à la fois l’eau à l’état liquide et les roches qui se forment lentement par calcification.
Stalaktos, 2024
Vestiges oubliés des profondeurs
Ces vestiges abandonnés qui jonchent les fonds marins, sont des témoins silencieux de l’histoire de l’humanité et de la vie marine. Les artistes nous confrontent à la fragilité des écosystèmes marins et à l’empreinte indélébile laissée par l’homme sur ces paysages sublimes. Les sculptures exposées captent cette atmosphère de mystère et de nostalgie, où la céramique devient le témoin silencieux des bouleversements qui affectent les océans. Mein Er Mere est le nom désigné d’une pierre couchée sur l’estran de Locmariaquer (Bretagne). Depuis le Néolithique, cette pierre a vu la mer monter d’un mètre par millénaire. Les collines sont devenues des îles et l’argile sur laquelle elle reposait s’est mêlée avec le sable vaseux : on appelle ce mélange de la tangue. À partir de ce matériau, les deux artistes ont façonné des milliers de pièces céramiques suggérant la face cachée du menhir. Mein Er Mere est le portrait imaginaire de ce qui a déjà été emporté par la mer avec lenteur et certitude.
Cordina & Mérovée Dubois Mein Er Mère, 2021
Ce casque de scaphandre à taille humaine nous accueille tel un guide fantomatique qui invite le visiteur à l’équiper pour partir en exploration. Tout en suggérant la préparation nécessaire aux plongeurs, il nous rappelle les limites de notre condition humaine à pénétrer physiquement l’espace sousmarin. Cette protection mécanique évoque les inlassables recherches vouées à inventer toujours plus d’outils et de machines capables de remédier aux impairs de notre évolution. Cartel rédigé par Licia Demuro à l’occasion de l’exposition à la Corderie Royale en 2022
Elsa Guillaume, Spacesuit, 2012 Céramique, câbles
Les merveilles de l’océan
Le monde aquatique prend vie avec sa profondeur envoûtante. Les massifs coralliens déploient des couleurs chatoyantes et des formes étranges, pendant que des créatures marines telles que des araignées de mer et des poulpes se faufilent habilement entre les coraux.
Bénédicte Vallet, Phanons, 2019 Porcelaine fibrée, chanvre, bois
Un poulpe, brillant et vibrant d’énergie, se faufile à travers une étagère carrelée en verre bleu avec tous ses tentacules. Ce fragment d’espace domestique remodelé par une fantaisie débridée suscite des sentiments mêlés, entre la connivence du clin d’oeil et l’inquiétude face à l’animation incontrôlée et intempestive d’un décor ordinairement si policé.
Sébastien Gouju, Le poulpe, 2017 Faïence émaillée
Les gardiens des abysses
Au coeur des abysses, nous sommes transportés à la rencontre de créatures marines fantastiques telles que des sirènes, des tentacules et des poissons scintillants. Les artistes explorent les mythes et légendes liés à l’océan, et créent des oeuvres qui évoquent des univers mystérieux. C’est là que le royaume de Neptune prend vie, dans une réalité liquéfiée et captivée par l’imagination. Les gardiens des abysses Thomas Kartini, s’inspire de ses précédentes recherches en biologie, de monstres japonais et de jouets modulaires pour créer des paysages ludiques, habités de créatures charmantes ou inquiétantes.
Thomas Kartini, Tentaculaire II, 2024 Modelage, matières grès, porcelaine, engobes, émauxMuriel Persil Le poisson scintillant, 2022 Grès émailléJohan Creten, Les Crevettes diaboliques, 2021-2023 Grès émailléMélanie Broglio L’hippocampe, 2019 Faïence émaillée
Information Pratiques
HORAIRES & TARIFS Horaires d’hiver (Octobre – Mars) du mercredi au dimanche 13h à 17h Tarif normal : 8 € Tarifs réduits : 4 € Et gratuité sous conditions. Pour plus de renseignements consultez notre site internet : fondationfrancoisschneider.org Fondation François Schneider 27 rue de la Première Armée 68700 Wattwiller – FRANCE
……………………………………………………… Horaires d’été (Avril – Septembre) du mercredi au dimanche 11h à 18h
A la Fondation Cartier jusqu'au 21 avril 2024 avec les artistes : Alev Ebüzziya Siesbye et Hu Liu Commissaire de l’exposition : Hervé Chandès, Directeur Général Artistique de la Fondation Cartier Commissaire associée : Juliette Lecorne, conservatrice à la Fondation Cartier
En tant qu’architecte, j’apporte la plus grande considération à la façon dont sont créées les choses. L’essentiel est d’être attentif à l’environnement naturel, aux matériaux et aux habitants. L’espace et l’architecture doivent être inclusifs. Bijoy Jain
Du 9 décembre 2023 au 21 avril 2024, la Fondation Cartier pour l’art contemporain présente Le souffle de l’architecte, une exposition spécialement créée pour l’institution par l’architecte Bijoy Jain, fondateur du Studio Mumbai en Inde. Il est l’auteur d’une oeuvre témoignant d’une profonde préoccupation pour la relation entre l’homme et la nature, et dont le temps et le geste sont des facteurs essentiels. Il est l’auteur d’une oeuvre témoignant d’une profonde préoccupation pour la relation entre l’homme et la nature, et dont le temps et le geste sont des facteurs essentiels. Explorant les liens entre l’art, l’architecture et la matière, Bijoy Jain propose à la Fondation Cartier une création totale : un espace de rêverie et de contemplation en dialogue avec le bâtiment iconique de Jean Nouvel.
Le souffle de l’architecte
Bijoy Jain imagine une exposition qui se vit comme une expérience physique et émotionnelle. Le souffle de l’architecte offre aux visiteurs une véritable invitation à respirer, à errer en toute quiétude, à redécouvrir le silence : « Le silence a un son, nous l’entendons résonner en nous. Ce son connecte tous les êtres vivants. C’est le souffle de la vie. Il est synchrone en chacun de nous. Le silence, le temps et l’espace sont éternels, tout comme l’eau, l’air et la lumière, qui sont notre construction élémentaire. Cette abondance de phénomènes sensoriels, de rêves, de mémoire, d’imagination, d’émotions et d’intuitions provient de ce réservoir d’expériences, ancré dans les coins de nos yeux, dans la plante de nos pieds, dans le lobe de nos oreilles, dans le timbre de notre voix, dans le murmure de notre souffle et dans la paume de nos mains.» Convoquant l’ombre et la lumière, la légèreté et la gravité, le bois, la brique, la terre, la pierre ou encore l’eau, l’architecte dessine une traversée sensorielle, en résonance avec la matière. Élaborée au rythme du souffle et façonnée à la main, l’exposition déploie une installation composée de fragments architecturaux.
Sculptures en pierre ou en terracotta, façades d’habitats vernaculaires indiens, panneaux enduits, lignes de pigments tracées au fil, structures en bambou inspirées des tazias – monuments funéraires portés sur les épaules à la mémoire d’un saint lors des processions musulmanes chiites – ces constructions transitoires et éphémères présentent un monde à la fois infini et intime et nous transportent dans des lieux aussi proches que lointains.
Bijoy Jain convie également l’artiste chinoise vivant à Pékin Hu Liu et la céramiste danoise d’origine turque demeurant à Paris Alev Ebüzziya Siesbye. Accordant la même importance à la maîtrise rituelle du geste, à la résonance et au dialogue avec la matière, tous trois partagent le même ethos et la même sensibilité. Les dessins monochromes noirs de Hu Liu sont entièrement réalisés au graphite, par l’itération d’un même mouvement, afin de révéler l’essence d’éléments naturels : l’herbe caressée par le vent, le ressac des vagues ou la silhouette des branches d’un arbre.
Les céramiques d’Alev Ebüzziya Siesbye, comme en apesanteur, sont également le fruit d’une grande dextérité et d’un dialogue intense avec la terre.
Pour Bijoy Jain, le monde physique que nous habitons est un palimpseste de notre évolution culturelle. L’humanité traverse un paysage en constante évolution, dont les écritures successives s’entremêlent.
Le souffle de l’architecte tente de donner un aperçu, aussi fugace soit-il, de la sensorialité qui émane de l’architecture, de la force intuitive qui nous lie aux éléments et de notre rapport émotionnel à l’espace.
Bijoy Jain et le Studio Mumbai
Né en 1965 à Mumbai, en Inde, Bijoy Jain a étudié l’architecture à l’Université de Washington à Saint-Louis, aux États-Unis. Entre 1989 et 1995, il développe sa pratique architecturale à Los Angeles dans l’atelier de maquettes de Richard Maier pour le Getty Museum, tout en étudiant sous la direction de Robert Mangurian, fondateur de Studio Works. Il a également travaillé à Londres avant de retourner en Inde en 1995. Les créations de Studio Mumbai ont fait l’objet d’expositions dans de nombreuses galeries à travers le monde, ainsi que d’acquisitions dans les collections permanentes du Canadian Centre for Architecture, du MOMA à San Francisco et du Centre Pompidou à Paris.
Le travail de Studio Mumbai a fait l’objet d’expositions internationales notamment au Victoria and Albert Museum de Londres en 2010, mais aussi à la Biennale de Sharjah en 2013, à Arc en rêve centre d’architecture à Bordeaux en 2015, ainsi qu’à la Biennale d’architecture de Venise en 2010 et 2016. la Grande Médaille d’or de l’Académie d’Architecture de Paris (2014), le BSI Swiss Architecture Award (2012), le Spirit of Nature Wood Architecture Award, décerné en Finlande (2012), le Aga Khan Award for Architecture (2010) dont il était finalistepour la 11e édition, et le Global Award in Sustainable Architecture (2009).
Informations pratiques
Visites guidées LES MATINÉES GUIDÉES Un moment privilégié hors des horaires d’ouverture pour explorer en groupe l’exposition en compagnie d’un médiateur culturel. – Les mercredis, jeudis et vendredis matin à 10 h Horaires d’ouverture Tous les jours de 11 h à 20 h, sauf le lundi. Nocturne le mardi, jusqu’à 22 h. La fermeture des salles débute à 19 h 45 (21 h 45 les mardis). Fondation Cartier 261 bld Raspail Paris
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du 28 janvier – 21 avril 2024à la Fondation Beyeler Commissaire :l’exposition est placée sous le commissariat de Martin Schwander, Curator at Large, Fondation Beyeler, en collaboration avec Charlotte Sarrazin, Associate Curator.
Martin Schwander, Jeff Wall et Sam Keller directeur de la Fondation Beyeler
Introduction
En ce début d’année, la Fondation Beyeler consacre une importante exposition personnelle à l’artiste canadien Jeff Wall (*1946). Il s’agit de la première exposition de cette envergure en Suisse depuis près de deux décennies. Wall, qui a largement contribué à établir la photographie en tant que forme autonome d’expression artistique, compte aujourd’hui parmi ses représentant·e·s majeur·e·s. Réunissant plus d’une cinquantaine d’oeuvres réalisées au fil de cinq décennies, l’exposition présente une vue d’ensemble très complète du travail précurseur de l’artiste, allant de ses emblématiques grandes diapositives montées dans des caissons lumineux à ses photographies grand format noir et blanc et ses tirages en couleur au jet d’encre. L’exposition met un accent particulier sur les oeuvres des deux dernières décennies, parmi elles des photographies données à voir en public pour la première fois. L’exposition a été conçue en étroite collaboration avec l’artiste.
Son travail
Dans son travail, Jeff Wall sonde les limites entre fait et invention, hasard et construction. Depuis le milieu des années 1970, il a exploré différentes façons d’étendre les possibilités artistiques de la photographie. Wall qualifie son travail de « cinématographie », voyant dans le cinéma un modèle de liberté de création et d’invention, liberté qui avait été freinée dans le domaine de la photographie par sa définition dominante comme « documentaire ». Beaucoup de ses photographies sont des images construites impliquant une planification et une préparation longues et minutieuses, une collaboration avec des acteurs·rices et un important travail de « postproduction ». Jeff Wall crée ainsi des images qui divergent de la notion de la photographie comme principalement une documentation fidèle de la réalité.
Wall est né en 1946 à Vancouver au Canada, où il vit et travaille. Il commence à s’intéresser à la photographie dans les années 1960, âge d’or de l’art conceptuel. À partir du milieu des années 1970, il produit de grandes diapositives montées dans des caissons lumineux. Avec ce format, jusqu’alors associé plutôt à la photographie publicitaire qu’à la photographie d’art, il innove et lance une forme nouvelle de présentation d’oeuvres d’art. Depuis le milieu des années 1990, Wall a encore élargi son répertoire – d’abord avec des photographies noir et blanc grand format puis avec des tirages en couleur. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles dans le monde entier, entre autres à la Tate Modern, Londres (2005), au Museum of Modern Art, New York (2007), au Stedelijk Museum, Amsterdam (2014) et au Glenstone Museum, Potomac (2021).
Evolution
Les images de Jeff Wall évoluent entre instantané documentaire, composition cinématographique et invention poétique libre, confrontant les spectateurs·rices à une vaste palette de sujets et de thèmes, à la beauté et à la laideur, à l’ambiguïté et à l’inconfort. Pour Wall, l’art de la photographie se doit d’être aussi libre que toutes les autres formes artistiques dans son éventail de sujets et de traitements – aussi poétique que la poésie, aussi littéraire que le roman, aussi pictural que la peinture, aussi théâtral que le théâtre, et tout cela avec pour objectif d’atteindre à l’essence même de la photographie.
L’exposition
L’exposition à la Fondation Beyeler s’ouvre dans le foyer du musée avec la juxtaposition de deux oeuvres emblématiques de 1999. Morning Cleaning, Mies van der Rohe Foundation, Barcelonamontre les préparatifs matinaux effectués dans le célèbre pavillon avant l’arrivée des premiers visiteurs. L’agent d’entretien est en train de nettoyer les grandes baies vitrées donnant sur un miroir d’eau, nous faisant ainsi assister à un moment habituellement invisible dans la vie de ce célèbre édifice.
A Donkey in Blackpoolreprésente une étable modeste et pourtant très riche sur le plan visuel, occupée par la figure familière d’un âne, qui nous apparaît ici dans un moment de repos. L’association des deux images réunit des univers socialement et culturellement très différents tout en dirigeant notre attention sur leurs points communs – les êtres humains et les animaux entretiennent tous deux une relation profonde aux intérieurs qui les abritent. L’exposition a été conçue de manière à créer une séquence de comparaisons et de juxtapositions de ce type, tissant des échos et des résonances entre les sujets, les techniques et les genres. Pour le catalogue, l’artiste a rédigé un guide qui présente les différentes dimensions de la production des images et de leur agencement dans l’exposition.
Ainsi, la première salle de l’exposition présente une série de diapositives montées dans des caissons lumineux qui mettent en avant des paysages. Produits entre 1987 et 2005, ces paysages urbains offrent une vaste vision des zones urbaines et périurbaines de Vancouver. Jeff Wall considère les paysages urbains comme un aspect important de son travail, qui lui permet d’explorer l’essence même de la ville, les rapports qu’elle entretient avec les zones non urbaines ou périurbaines qui l’entourent, et sa spécificité en tant que théâtre du maillage infini d’événements qui constituent la vie en société.
Les salles suivantes réunissent des scènes réalisées dans des intérieurs et des extérieurs variés, publics et privés, représentant des hommes et des femmes, des personnes pauvres et aisées, jeunes et âgées – certaines images témoignant d’un travail et d’un artifice recherchés, d’autres ne semblant avoir nécessité aucun effort, en couleur et en noir et blanc, transparentes et opaques, de grand et de petit format, représentant le réel et l’irréel, et un large éventail d’atmosphères, d’états d’esprit et de relations.
Les oeuvres les plus célèbres de l’artiste
L’exposition inclut beaucoup des oeuvres les plus célèbres de l’artiste, parmi elles After ‘Invisible Man’ by Ralph Ellison, the Prologue (1999–2000),
construction d’une scène du roman de 1952 d’Ellison qui montre le jeune protagoniste noir en train de rédiger l’histoire du livre dans son repaire secret en sous-sol, éclairé d’exactement 1369 ampoules électriques. A Sudden Gust of Wind (after Hokusai) (1993), l’une des oeuvres aux dimensions les plus impressionnantes de Wall, est une adaptation contemporaine d’une des planches de la série de gravures sur bois de Katsushika Hokusai Trente-six vues du mont Fuji (1830- 1832). Ces deux images puisent leurs origines dans les oeuvres d’autres artistes ;
Wall s’accorde la liberté de trouver ses sujets là où le mène son imagination. A Sudden Gust of Wind est l’une des premières oeuvres pour lesquelles l’artiste a recouru à la technologie numérique, qui lui permet de combiner plusieurs négatifs individuels en une seule image finale.
Les oeuvres récentes en contrepoint des oeuvres anciennes
La plupart des oeuvres récentes de Wall sont inclues dans l’exposition, généralement présentées en contrepoint à des images plus anciennes. Fallen rider (2022), image d’une femme qui vient de chuter de sa monture,
est accroché face à War game (2007), où trois jeunes garçons, apparemment photographiés pendant un jeu de guerre, sont allongés sous surveillance dans une prison improvisée.
Dans Parent child (2019), c’est une petite fille qui est allongée, cette fois sur un trottoir dans l’ombre paisible d’un arbre, sous le regard d’un homme qui est probablement son père.
Comme des images de film, les photographies de Wall semblent saisir un instant en train de se dérouler – l’avant et l’après demeurent hors champ. Sur un mur voisin est accroché Maquette for a monument to the contemplation of the possibility of mending a hole in a sock (2023), dans lequel une autre figure contemplative, une femme d’un certain âge tenant à la main une aiguille, considère un trou dans le talon usé d’une chaussette mauve. La repriseuse semble irréelle, telle une apparition nous rappelant à l’incertitude qui pèse sur la volonté et la capacité de l’humanité à réparer ce qui a été usé, sursollicité et abîmé.
Le catalogue
Le catalogue de l’exposition, mis en page par Uwe Koch en consultation étroite avec l’artiste, est publié en version anglaise et allemande par Hatje Cantz Verlag, Berlin. Sur 240 pages, il contient des illustrations des oeuvres de l’exposition, une conversation entre Jeff Wall et Martin Schwander, une explication détaillée de l’artiste lui-même de la sélection des oeuvres et de leur accrochage dans les onze salles de l’exposition, ainsi que des essais rédigés par Martin Schwander et Ralph Ubl.
Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler : tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00
Programmation associée « Jeff Wall »
Dimanche, 28 janvier 14h –15h Conférence de Jeff Wall L’artiste canadien Jeff Wall s’exprimera personellement sur place au sujet de son travail actuel et de sa toute nouvelle exposition, qui sera présentée à la Fondation Beyeler du 28 janvier au 21 avril 2024. L’exposition peut être visitée avant et après la manifestation. La conférence sera donnée en anglais. Prix : billett d’entrée Un lundi sur deux à partir du 29 janvier 14h–15h Perspectives – en allemand Un lundi sur deux, nous vous invitons au parcours thématique autour de thèmes choisis, en rapport avec l’exposition « Jeff Wall », en compagnie d’un.e membre de notre équipe de médiation. Ce format vous permet de découvrir les oeuvres sous des angles inattendus, d’élargir vos connaissances et d’approfondir votre compréhension de certaines oeuvres choisies. 29.01. Échos – l’histoire de l’art pour toile de fond 12.02. Une absence – langage et image 26.02. Freeze – l’instant décisif 11.03. Par procuration – poupées, zombies, actrices et acteurs 25.03. Visions du monde – paysage et société 08.04. Poses, postures et gestes – le corps signifiant Prix : billet d’entrée + CHF 7.- Samedi, 3 février Dimanche, 4 février Samedi, 2 mars Dimanche, 3 mars Samedi, 20 avril Dimanche, 21 avril 10h–18h Open Studio – en allemand Au travers de différents ateliers, l’Open Studio offre à ses participants l’opportunité d’aborder et d’approfondir divers thèmes et techniques de travail, ainsi que de s’essayer eux-mêmes à quelques explorations créatives. Sans inscription. Participation gratuite et ouverte à tous les âges (en compagnie d’un adulte pour les enfants jusqu’à 12 ans). Dimanche, 4 février Dimanche, 3 mars Dimanche, 21 avril 11h–12h Visite accompagnée en famille – en allemand Une expérience artistique et ludique pour les enfants de 6 à 10 ans accompagnés de leurs parents. La visite accompagnée et interactive en famille fait de l’art une expérience ludique pour petits et grands. Le nombre de participants est limité. Prix : jusqu’à 10 ans : CHF 7.- /Adultes : billet d’entrée Un mercredi sur deux à partir du 7 février 12h30–13h Conversation autour d’une oeuvre – en allemand Lors de cette confrontation courte mais intense avec une oeuvre d’art choisie, vous aurez accès à des informations sur les singularités de l’oeuvre en question, sur son auteur et sur l’époque de sa genèse. Le nombre de participants est limité. 07.02. Jeff Wall, Dead Troops Talk, 1992 21.02. Jeff Wall, The Storyteller, 1986 06.03. Jeff Wall, After ‘Invisible Man’ by Ralph Ellison, 1999/2000 20.03. Jeff Wall, War game, 2007 03.04. Jeff Wall, In the Legion, 2022 17.04. Jeff Wall, Restoration, 1993 Prix : billet d’entrée + CHF 7.- Mercredi, 7 février Mercredi, 6 mars 18h30–19h30 Visite avec les commissaires de l’exposition Vous souhaitez voir les expositions de la Fondation Beyeler à travers les yeux de celles et de ceux qui les conçoivent ? Cette visite vous en donne l’occasion. Les commissaires ne se contentent pas de vous renseigner sur la conception, l’organisation et la programmation de l’exposition, mais vous apportent également des éclairages sur les artistes, leur époque, la genèse des oeuvres et leur signification dans le contexte artistique. Le nombre de participants est limité. Prix : CHF 35.- / Bénéficiaires d’une rente AI 30.- / Moins de 25 ans 10.- / Art Club, Young Art Club, Amis, Museums-PASS-Musées 10.- Dimanche, 11 février Dimanche, 10 mars Dimanche, 7. avril Visite accompagnée – en français Aperçu de l’exposition « Jeff Wall ». Le nombre de participants est limité. Prix : billet d’entrée + CHF 7.- Jeudi, 22 février Jeudi, 14 mars Jeudi, 11 avril 10h30–11h30 Sketch it! – en allemand « Sketch it » donne l’occasion de se confronter de manière créative à des oeuvres choisies exposées à la Fondation Beyeler. En particulier, les oeuvres photographiques de Jeff Wall nous inspirent à explorer différentes techniques. Nous posons ainsi un regard neuf sur les oeuvres originales. Tous les matériaux nécessaires sont mis à disposition. Prix : billet d’entrée + CHF 10.- Dimanche, 25 février Dimanche, 7 avril 9h–12h L’art au petit déjeuner – en allemand Délicieux petit–déjeuner au « Beyeler Restaurant im Park » suivi d’une visite accompagnée (11–12h) de l’exposition. Le nombre de participants est limité. Attention : la vente des billets se termine le vendredi après-midi. Prix : CHF 80.- / Bénéficiaires d’une rente AI 75.- / Moins de 25 ans 55.- / Art Club, Young Art Club, Amis, Museums-PASS-Musées 48.- Mercredi, 28 février 18h–20h30 Atelier pour adultes – en allemand L’atelier pour adultes offre la possibilité d’approfondir de manière active par la pratique ce que l’on a vu et vécu durant la visite guidée. L’objectif est de comprendre les techniques artistiques en atelier et de les mettre en pratique. Point n’est besoin de notions ni de compétences artistiques; toutes les personnes s’intéressant à l’art – que ce soit sous l’angle esthétique, philosophique ou artisanal – sont les bienvenues. Le nombre de participants est limité. Inscription obligatoire : tours@fondationbeyeler.ch ou 061 645 97 20. Prix : billet d’entrée + CHF 20.- (matériel inclus) Jeudi, 29 février 16h30–17h30 Visite accompagnée pour personnes avec un handicap visuel – en allemand Les visites guidées destinées aux malvoyants et aveugles contiennent des descriptions détaillées qui permettent de faire ressentir l’oeuvre au plus profond. Votre chien guide peut vous accompagner dans le musée. Nous souhaitons vous informer du fait que les oeuvres ne peuvent pas être touchées. Entrée gratuite pour une personne accompagnante. Le nombre de participants est limité. Inscription obligatoire : tours@fondationbeyeler.ch ou 061 645 97 20. Prix : billet d’entrée Jeudi, 7 mars 16h30–17h30 Visite accompagnée pour personnes avec un handicap auditif – en allemand Un(e) interprète traduit les explications des oeuvres d’art de l’exposition en cours simultanément en langage des signes. Le nombre de participants est limité. Inscription obligatoire : tours@fondationbeyeler.ch ou 061 645 97 20. Prix : billet d’entrée Mercredi, 13 mars 14h–16h30 Ateliers pour enfants – en allemand Découverte de l’exposition au cours d’une visite guidée suivie d’expérimentations ludiques dans l’atelier. Inscription obligatoire : tours@fondationbeyeler.ch ou 061 645 97 20. Prix : CHF 10.- matériel inclus Dimanche, 14 avril 10h–18h Journée des familles – en français, allemand & anglais Organisée autour de l’exposition « Jeff Wall », la Journée des familles sera consacrée aux histoires, aux secrets et aux ambiances qui imprègnent les univers visuels de l’artiste canadien. Des visites guidées en famille offriront un accès amusant aux oeuvres et aux thèmes de l’exposition. Les plus jeunes pourront voyager sur le tapis des contes ou explorer le musée en compagnie de Fred l’écureuil. Des ateliers pour tous les âges proposeront des activités de création, de découverte et de jeu. Toutes les animations de la Journée des familles sont comprises dans le billet d’accès au musée. L’accès au musée est gratuit jusqu’à 25 ans
En collaboration avec le Musée d'Art moderne de Paris, Paris Musées, la Fondation Pierre Gianadda a le privilège d’exposer plus d’une centaine d’œuvres provenant aussi de musées français tels le Musée national d’art moderne Centre Pompidou, le Musée Paul Dini, ou celui des Beaux-Arts de Bordeaux et de collections privées. Des peintures, sculptures et céramiques toutes emblématiques des années fauves vont parer les cimaises de la Fondation de couleurs flamboyantes. Du 7 juillet 2023 au 21 janvier 2024 – Tous les jours de 10h00 à 18h00 Fermeture à 16h30 le 8 décembre 2023 Commissariat général de l’exposition, Musée d’Art moderne de Paris : Fabrice Hergott Commissariat de l’exposition, Musée d’Art moderne de Paris : Jacqueline Munck, Conservatrice en chef avec Marianne Sarkari Antoinette de Wolff, fondation Gianadda
La couleur portée à son paroxysme
A l’égard de certains paysages portés au maximum de leur intensité avec leurs tons rehaussés, l’on se rappelle la déclaration mythique de Matisse : « …il faudrait en venir à mettre le soleil derrière la toile ». Il affirme également « …Le Fauvisme fut aussi la première recherche d’une synthèse expressive ».
Ce mouvement est animé par Henri Matisse entouré d’un groupe de peintres, parmi lesquels Henri Manguin, André Derain, Maurice de Vlaminck, Charles Camoin, Georges Rouault et Albert Marquet, expose leurs oeuvres dans la salle VII du Salon d’Automne en 1905. En réaction contre les variations éphémères de l’atmosphère et les vibrations instables de la lumière des peintures impressionnistes, « secouant la tyrannie du Divisionnisme », sentence de Matisse, ces jeunes artistes portent au paroxysme la leçon de Van Gogh en exaltant la couleur pure. Un excès qui déclenche l’ire du public et de la critique de l’art, qui s’en prend violemment à ces nouveaux peintres, dont Louis Vauxcelles qui, découvrant dans ladite salle un buste d’enfant italianisant du sculpteur Albert Marque s’exclame : « Donatello parmi les fauves » !
Le Fauvisme : premier mouvement du XXe siècle
La phrase fait mouche et fauve devient éponyme du Fauvisme, reconnu comme la première avant-garde du XXe siècle, école sans règles et interdits. Ce qui réunit ces peintres se révèle Paris, qui à l’époque attire comme un aimant des artistes de toute l’Europe. C’est dans ce climat de métropole de l’art, que cette jeune génération de peintres formés à l’Ecole des Beaux-Arts ou dans des ateliers libres mènent ce combat novateur d’une esthétique révolutionnaire. Aux côtés de ce premier noyau de Fauves, qui entre 1905 et 1908, peint à Collioure, sur la côte normande, à Saint-Tropez et à l’Estaque, se joignent de jeunes peintres venus du Havre : Emile Othon Friesz, Raoul Dufy, Georges Braque, puis Kees van Dongen des Pays-Bas et Pierre Girieud qui tous participent de cette grande libération des tonalités. D’autres peintres peuvent être reliés à ces artistes comme Louis André Valtat, Jean Metzinger, Robert Delaunay, Etienne Terrus, Maurice Marinot et le jeune Auguste Herbin en raison de leur proximité aux moments clés de l’évolution du fauvisme ou des rendez-vous du Salon des Indépendants ou celui d’Automne. Picasso, dont deux oeuvres sont présentes aux cimaises de la Fondation Pierre Gianadda, noue des contacts étroits avec les Fauves. L’Espagnol observe Matisse et Derain et mesure leurs avancées par rapport à sa période rose. Il se rapproche de Kees van Dongen au Bateau Lavoir partageant avec lui une thématique pleine de similitude.
Plus d’ombre : le tableau devient une surface totalement éclairée
Avec cette nouvelle technique picturale, on relève la construction de l’espace par la couleur pure, les formes traitées en aplats et cernées, plus de nuances « descriptives » mais « expressives », des contrastes colorés se substituent à la perspective.
Dans les visages, on supprime le modelé le remplaçant par des nuances débridées bien loin de la réalité. En résumé : « on transpose » et la sensation le dispute à l’émotion. Dans les toiles de certains artistes, on emploie encore la touche en mosaïque, issue du néo-impressionnisme, comme Matisse la pratiquait. La stridence des rouges, des verts et des oranges présents dans les huiles des Fauves, exprime « les feux de l’été » et la hardiesse des compositions.
De quelques thèmes traités par le Fauvisme
La Seine et les villages de Chatou, du Pecq, d’Argenteuil et aussi de la Normandie font partie des paysages allumés par les Fauves, de même que le spectacle de la ville et de la rue pavoisée avec l’étalage des drapeaux et des oriflammes. Et puis n’oublions pas l’attraction de la nuit, des cabarets et des cirques parisiens d’où jaillissent les « filles » ou « ivrognesses » de Georges Rouault,
les prostituées et les saltimbanques de Picasso ou Van Dongen. Tout ce petit monde noctambule qui reflète l’ambiance à l’époque de la Butte Montmartre. Et aussi, le nu, le portrait et le modèle dans l’atelier traités avec la même fougue enivrante d’un chromatisme porté à son comble.
La part d’exotisme
Derain s’émerveille devant les sculptures océaniennes du British Museum « affolantes d’expression ». Le réalisme vigoureux de cette statuaire venue d’Afrique et d’autres pays lointains, avec sa simplification esthétique, sa fracture anatomique, ses canons de la beauté antagonistes de l’art classique se propage dans les ateliers des Fauves apportant un « langage universel ».
L’exotisme rejoint ainsi l’universalité de la création. Plusieurs sculptures provenant de différentes régions de l’Afrique et de la Nouvelle-Guinée sont exposées et vont illustrer à merveille cette influence sur l’art européen. Foin de l’ethnocentrisme occidental avec Derain, Vlaminck et Matisse qui acquièrent des sculptures, statuettes et masques du Gabon, du Congo, du Bénin, d’Océanie etc. dont ils s’inspirent.
La pratique pluridisciplinaire des Fauves : la céramique en est un exemple
Tous s’ouvrent aux innovations techniques et pluriculturelles notamment la céramique qui rencontre un renouveau au tournant du XIXe siècle. Au contact des découvertes archéologiques et autres inspirations, certains Fauves s’adonnent à la peinture sur céramique. C’est avec le céramiste André Metthey qu’ils se forment à cette nouvelle expression artistique et cette collaboration donne naissance à l’École d’Asnières.
Les artistes fauves prouvent leur fascination pour ce procédé dans des réalisations exemplaires comme des plats, des assiettes ou des vases signés Vlaminck ou Derain. Cécile Debray déclare que : « Le Salon d’Automne offre un cadre favorable à la réhabilitation de cet art et à son introduction dans les milieux artistiques ». Ces créations témoignent d’un autre aspect du Fauvisme et complètent d’une façon très enrichissante cette exposition.
De quelques oeuvres exposées
Matisse (1869-1954), figure majeure du XXe siècle suit les cours de Gustave Moreau à Paris et devient le protagoniste du fauvisme. Son Paysage de Saint-Tropez au crépuscule (huile sur carton de 1904) Matisse le traite en bandes colorées où le bleu se décline de l’outremer à l’azur pour terminer avec un ciel aigue-marine traversé par des nuages violets.
Avec de larges coups de pinceaux il réduit les arbres d’une façon radicale leur donnant un aspect de fantômes ! Derain (1880-1954) rencontre Matisse et Vlaminck à l’académie Carrière et à Collioure : il innove avec les couleurs pures. Fasciné par l’art africain, il va à l’essentiel et simplifie les formes comme dans Trois personnages assis dans l’herbe (huile sur toile, 1906). Un traitement en aplat pour l’herbe verte opposée au bleu du ciel et les protagonistes évoqués avec quelques traits aux couleurs dissonantes dans la confrontation des complémentaires. La découverte de la peinture de Van Gogh amène Maurice de Vlaminck (1876-1958) cycliste, musicien, journaliste anarchiste, à la peinture. Qualifié de fauve le plus « radical » en témoigne Berges de la Seine à Chatou (huile sur toile, 1906), un sujet qu’il aime reproduire avec ses couleurs pures. Des coups de pinceaux énergiques traduisent une nature en mouvement en lui donnant un côté sismique. Le Fauvisme prend ses quartiers à Chatou, Collioure ou l’Estaque, mais un pôle se développe aussi au Havre avec trois Normands qui se rapprochent des Fauves : Othon Friesz, Raoul Dufy et Georges Braque. Le Havre avec son activité portuaire intense et ses ciels changeants, offre une source d’inspiration à ces jeunes artistes.
Notamment avec Les Régates (huile sur toile, 1907-1908), Dufy (1877-1953) donne un exemple de cette fébrilité de bord de mer traitée avec un chromatisme vibrant et des estivants très sommairement esquissés tournés vers le large en train d’observer les navires. La couleur posée en aplats et cernée de noir témoigne de l’adhésion de Dufy au Fauvisme. Braque (1882-1963) attiré par le Sud, peint à l’Estaque sur les traces de Cézanne puis, séduit par la lumière éblouissante de la Méditerranée, brosse Le Golfe des Lecques (huile sur toile, 1907). Avec une vue plongeante, les plans se déroulent d’une façon frontale avec le jaune intense de la pinède, le bleu de cobalt de la mer et fermant l’horizon, les contours montagneux colorés et cernés de noir. Un ciel aux tons empiriques clôt cette composition ardente. Tout autre chose avec Henri Manguin (1874-1949) qualifié de « peintre du bonheur », ami de Matisse et de Camoin. Il pratique un fauvisme moins absolu que ses contemporains et peut s’épanouir dans son art sans souci financier contrairement aux autres artistes adeptes du Fauvisme. A partir de 1905, il passe ses étés à la villa Demière, près de Saint-Tropez à Malteribes. Dans ce lieu paradisiaque Manguin signe : La Femme à la grappe (huile sur toile, 1905, Fondation Pierre Gianadda). Jeanne, son épouse dans une position frontale, gracieuse et naturaliste, tient une grappe de raisin sombre, qui contraste avec les blancs subtils rehaussés de tons bleus. L’écharpe qui rime avec la grappe s’affiche dans un bleu nuit audacieux. Le décor qui entoure le modèle, s’exprime par des touches souples, où s’opposent les couleurs chaudes et froides. Manguin, livre une oeuvre raffinée et, oh combien séduisante. Auguste Herbin (1882-1960), formé à l’Ecole des beaux-arts de Lille, s’installe à Paris en 1901. Un séjour en Corse lui révèle la lumière et il évolue vers le Fauvisme. Avec Bruges (aquarelle sur papier, 1907), il adopte le chromatisme expressif des fauves, la simplification des formes et la distance prise avec la réalité.
Louis André Valtat (1869-1952), est admis à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris à 17 ans puis complète sa formation à l’Académie Julian. Installé dans un atelier à Anthéor, il rend visite à Renoir et Cagnes lui inspire ce Paysage de Cagnes (huile sur carton, 1898). Il brosse déjà avant la naissance du Fauvisme un tableau avec des touches comme des bâtonnets qui sillonnent le ciel d’une façon dynamique. Les troncs violets des arbres témoignent de cette volonté de s’éloigner de la couleur originale et il traite le sol en arabesque qui sera privilégiée dans le fauvisme à la ligne exacte !
Cartouches de dynamite
Les cimaises vont s’enflammer avec les « cartouches de dynamite » de Vlaminck et affirmer combien les inventeurs du Fauvisme créent avec une « énergie vitaliste » et en éliminant les ombres : un feu d’artifices dans le concert de l’art du début du XXe siècle. Antoinette de Wolff
Informations pratiques
Fondation Pierre Gianadda Rue du Forum 59 1920 Martigny (Suisse) Téléphone : +41 (0) 27 722 39 78 site internet : http://www.gianadda.ch/
La Fondation Vuitton présente la première rétrospective en France consacrée à Mark Rothko (1903-1970), jusqu'au2 avril 2024
Commissaire de l’exposition : Suzanne Pagé
Co-commissaire de l’exposition : Christopher Rothko avec François Michaud et Ludovic Delalande, Claudia Buizza, Magdalena Gemra, Cordélia de Brosses
« C’était seulement l’extase ; l’art est extatique ou il n’est rien ». Telle était la profession de foi de Mark Rothko (1903-1970).
Première rétrospective en France consacrée à Mark Rothko (1903-1970) depuis celle du musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 1999, l’exposition présentée à la Fondation Louis Vuitton à partir du 18 octobre 2023 réunit quelque 115 oeuvres provenant des plus grandes collections institutionnelles et privées internationales, notamment la National Gallery of Art de Washington, la Tate de Londres, la Phillips Collection ainsi que la famille de l’artiste. Se déployant dans la totalité des espaces de la Fondation, selon un parcours chronologique, elle retrace l’ensemble de la carrière de l’artiste depuis ses premières peintures figuratives jusqu’à l’abstraction lui définit aujourd’hui son oeuvre.
« Je suis devenu peintre car je voulais élever la peinture pour qu’elle soit aussi poignante que la musique et la poésie. » Mark Rothko
L’exposition s’ouvre sur des scènes intimistes et des paysages urbains – telles les scènes du métro new-yorkais – qui dominent dans les années 1930, avant de céder la place à un répertoire inspiré des mythes antiques et du surréalisme à travers lesquels s’exprime, pendant la guerre, la dimension tragique de la condition humaine.
À partir de 1946, Rothko opère un tournant décisif vers l’abstraction dont la première phase est celle des Multiformes, où des masses chromatiques en suspension tendent à s’équilibrer. Progressivement, leur nombre diminue et l’organisation spatiale de sa peinture évolue rapidement vers ses oeuvres dites « classiques » des années 1950 où se superposent des formes rectangulaires suivant un rythme binaire ou ternaire, caractérisées par des tons jaunes, rouges, ocre, orange, mais aussi bleus, blancs…
En 1958, Rothko reçoit la commande d’un ensemble de peintures murales destinées au restaurant Four Seasons conçu par Philip Johnson pour le Seagram Building – dont Ludwig Mies van der Rohe dirige la construction à New York. Rothko renonce finalement à livrer la commande et conserve l’intégralité de la série. Onze ans plus tard, en 1969, l’artiste fera don à la Tate de neuf de ces peintures qui se distinguent des précédentes par leurs teintes d’un rouge profond, constituant une salle exclusivement dédiée à son travail au sein des collections.
Cet ensemble est présenté exceptionnellement dans l’exposition. En 1960, la Phillips Collection consacre au peintre une salle permanente, la première « Rothko Room », étroitement conçue avec lui, qui est également présentée ici.
L’année suivante, le MoMA organisera la première rétrospective de son oeuvre qui voyagera dans plusieurs villes européennes (Londres, Bâle, Amsterdam, Bruxelles, Rome, Paris). Au cours des années 1960, il répond à de nouvelles commandes, dont la principale est la chapelle voulue par Jean et Dominique de Menil à Houston, inaugurée en 1971 sous le nom de Rothko Chapel. Si depuis la fin des années 1950, Rothko privilégie des tonalités plus sombres, des contrastes sourds, l’artiste n’a pourtant jamais complètement abandonné sa palette de couleurs vives, comme en témoignent plusieurs toiles de 1967 et le tout dernier tableau rouge demeuré inachevé dans son atelier. Même la série des Black and Grey de 1969-1970 ne peut mener à une interprétation simpliste de l’oeuvre associant le gris et le noir à la dépression et au suicide.
Ces oeuvres sont réunies dans la plus haute salle du bâtiment de Frank Gehry aux côtés des grandes figures d’Alberto Giacometti, créant un environnement proche de ce que Rothko avait imaginé pour répondre à une commande de l’UNESCO restée sans lendemain.
La permanence du questionnement de Rothko, sa volonté d’un dialogue sans mots avec le spectateur, son refus d’être vu comme un « coloriste », autorisent à travers cette exposition une lecture renouvelée de son oeuvre – dans sa vraie pluralité.
Suzanne Pagé, Commissaire de l’exposition
Comment dire ce qui ne peut l’être et pourtant s’éprouve si intensément ? Comment introduire par les mots à une oeuvre qui a porté à son incandescence la picturalité, langage irréductible à tout autre ? Que cherche le visiteur captif de ce qui parle si fort à ses yeux, à son coeur, à tout son être? Que cherche sans répit l’artiste lui-même que de rares photos montrent dans l’atelier scrutant inlassablement les champs colorés auxquels il a peu à peu réduit ses propres toiles ? Pourquoi, aujourd’hui encore, cette oeuvre nous apparaît-elle si nécessaire dans son urgence intemporelle à évoquer la condition humaine, cette poignancy tapie au plus profond de chacun comme Rothko la veut au coeur de son oeuvre, récurrente aussi dans ses carnets ?
Biographie
Né Marcus Rotkovitch et ayant quitté à l’âge de dix ans sa Russie natale après un passage par l’école talmudique, l’artiste ne cessera de nourrir sa peinture de lectures et de réflexions sur l’art et la philosophie. Après avoir quitté Yale où il avait bénéficié d’une formation intellectuelle plurielle – des mathématiques à l’économie, la biologie, la physique, la philosophie, la psychologie, les langues… – et avoir déjà manifesté à travers un journal un engagement social permanent et lié à une volonté constante de transmission. C’est à l’École de la vie qu’il s’éprouve ensuite avant d’être brièvement tenté par le théâtre. Découvrant fortuitement la peinture à l’Art Students League en 1923, il y retournera notamment auprès de Max Weber puis en deviendra membre pour la quitter en 1930. C’est en 1938 qu’il sera naturalisé, adoptant deux ans plus tard le nom de Mark Rothko.
« à ceux qui pensent que mes peintures sont sereines, j’aimerais dire que j’ai emprisonné la violence la plus absolue dans chaque centimètre carré de leur surface » Rothko.
Christopher Rothko
extrait …..Aussi justifiée soit sa réputation d’artiste réservé, je pense qu’il y a derrière sa réticence à évoquer sa technique une motivation bien plus forte. À ses yeux, les matériaux, les méthodes et même les titres détournaient le spectateur de l’expérience d’absorption dans l’oeuvre. Il voulait simplement que le visiteur regarde, qu’il soit présent face à l’oeuvre. Si Rothko était là aujourd’hui, il vous enjoindrait de cesser de lire cet essai, de lire les textes muraux, d’arrêter de vous demander où il achetait ses couleurs, s’il portait ou non ses lunettes pour peindre, ou de vous informer sur l’éclairage dans l’atelier. Regardez la peinture. Regardez dans la peinture. Mon père ne vous demande pas de vous préoccuper de la façon dont il l’a réalisée, il veut que vous fassiez l’expérience de ce qu’il a lui-même éprouvé en l’exécutant. Il ne veut pas d’un étudiant, ni d’un observateur, il a besoin d’un co-créateur. vidéo Traduction de l’anglais par Annie Pérez
Conclusion
Pour l’artiste hier comme pour le visiteur aujourd’hui de quel exil cet art serait-il donc le signe ? De quelle quête scellée au plus profond de chacun ? L’état d’hypersensibilité né à la surface des tableaux et développé par les oeuvres – comme par un excès de beauté – suscite et aiguise simultanément plénitude et incomplétude. En même temps qu’est décuplé un ravissement sensoriel se creuse comme une attente puis viennent des questionnements de l’ordre de la transcendance dont ces oeuvres autorisent l’accès. Chacun y mettra ses mots, séraphiques ou tragiques. Félicité ou néant lié à la hantise de la condition de mortel, Rothko ne choisit pas. Si les gens veulent des expériences sacrées, ils les trouveront, s’ils veulent des expériences profanes, ils les trouveront.
Cette exposition d’un artiste pour qui la musique était vitale – Mozart, Schubert… – et qui avait la volonté d’élever la peinture au même degré d’intensité que la musique et la poésie, sera l’occasion d’une création exceptionnelle du compositeur Max Richter inspirée par l’oeuvre de Rothko.
Informations pratiques
Réservations Sur le site : www.fondationlouisvuitton.fr Horaires d’ouverture (hors vacances scolaires) Lundi, mercredi et jeudi de 11h à 20h Vendredi de 11h à 21h Nocturne le 1er vendredi du mois jusqu’à 23h Samedi et dimanche de 10h à 20h Fermeture le mardi Horaires d’ouverture (vacances scolaires) Vacances de Pâques : Tous les jours de 10h à 20h Vacances d’été : lundi, mercredi et jeudi de 11h à 20h – samedi et dimanche de 10h à 20h – fermeture le mardi Accès Adresse : 8, avenue du Mahatma Gandhi, Bois de Boulogne, 75116 Paris. Métro : ligne 1, station Les Sablons, sortie Fondation Louis Vuitton. Navette de la Fondation : départ toutes les 20 minutes de la place Charles-de-Gaulle – Etoile, 44 avenue de Friedland 75008 Paris (Service réservé aux personnes munies d’un billet Fondation et d’un titre de transport – billet aller-retour de 2€ en vente sur www.fondationlouisvuitton.fr ou à bord France culture
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Maggy Kaiser, sans titre 2011, Fondation Heinrich W. Risken, Badrothefelde
Jusqu'au 28 janvier 2024, au musée des Beaux Arts de Mulhouse
Commissaire : Chloé Tuboeuf, directrice des musées municipaux par intérim
Partenariat : Fondation Heinrich W. Risken, Badrothefelde, Allemagne
Après avoir présenté les mouvements d’avant-garde, par le biais d’œuvres issues des réserves du musée, le Musée des Beaux-arts consacre sa nouvelle exposition temporaire, « Sur les chemins de l’abstraction », à l’artiste mulhousienne Maggy Kaiser, jusqu’au 28 janvier 2024. Le musée se propose de présenter les artistes femmes à l’avenir.
L’exposition
« Dans l’exposition précédente, nous avions déjà présenté une œuvre de Maggy Kaiser, dans une salle dédiée à l’abstraction », confie Chloé Tuboeuf, la responsable du Musée des Beaux-arts. L’œuvre en question, « Rythme diagonale », fait partie des collections du musée depuis les années 80 et c’est loin d’être un hasard, puisque l’artiste, surtout connue en Allemagne, est née et a grandi à Mulhouse. Née en 1922, Marguerite -Maggy- Kaiser « n’était pas prédestinée à devenir artiste, poursuit Chloé Tuboeuf. Elle a commencé à dessiner à 12 ans, lors d’un séjour de convalescence en Suisse, puis s’est trouvée une fascination pour Kandinsky et Klee, qu’elle a découverts au Kunstmuseum de Bâle ».
Rythme Diagonale ou diagonale droite musée des BA Mulhouse
L’artiste s’installe à Paris en 1947, décide de ne se consacrer qu’à la peinture quatre ans plus tard, puis migre en Provence (où elle vit toujours), en 1962. « Elle a créé des œuvres jusque dans les années 2010 », précise la responsable du musée.
Parcours chronologique et thématique
34 ans après une première exposition consacrée à Maggy Kaiser, le Musée des Beaux-arts présente donc une nouvelle monographie de l’artiste, « Sur les chemins de l’abstraction ». « Cette exposition permet de montrer comment elle est arrivée à l’abstraction, qui apparaît très tôt dans son travail, mais aussi de présenter des œuvres créées dans les années 90 et 2000, qui n’avaient encore jamais été présentées », expose Chloé Tuboeuf. Sur tout le deuxième étage du musée, les visiteurs peuvent découvrir le travail singulier de l’artiste, présenté de manière chronologique et thématique. Dans la première salle consacrée à ses œuvres de jeunesse, une très classique nature morte à l’aquarelle côtoie une vue de Mulhouse déjà influencée par le cubisme, ainsi que sa première toile abstraite, « L’inconnue », qui marque un tournant dans son travail.
Mulhouse 1956 Fondation Heinrich W.Risken
L’abstraction comme fil conducteur
De salle en salle, on se rend compte de l’évolution du travail de l’artiste, au fil du temps. Si l’abstraction est un fil conducteur, les formes géométriques rigoureuses, les fonds sombres et les toiles rondes des années 70 et du début des années 80 laissent place à la période blanche, caractérisée par des fonds clairs et des lignes fines de couleurs. « Elle s’est détachée de la géométrie pure et de son propre style », analyse Chloé Tuboeuf.
Participation de Géraldine Husson pour les assises
Les œuvres les plus récentes, beaucoup plus colorées et surtout plus grandes, montrent des formes circulaires, flottant dans des univers aux espaces sans limites. « Ici, il y a une explosion de la gamme chromatique et on sent que Maggy Kaiser s’est totalement libérée de la forme géométrique. »
Une artiste peu connue des Mulhousiens
L’exposition, qui revient sur plus de 60 ans de création, offre aussi quelques surprises, comme cette vitrine présentant des photos et articles de presse, sur le travail d’art mural réalisé par Maggy Kaiser. On y voit notamment des clichés d’œuvres murales en céramique, qui sont toujours visibles dans les écoles mulhousiennes George Sand, Plein Ciel et Jean Zay ! Pour le Musée des Beaux-arts, cette exposition dédiée à Maggy Kaiser permet également de mettre en lumière le travail d’une femme artiste, pas forcément connue des Mulhousiens.
San titre 2005 « L’exposition montre avant tout un travail mais le musée s’attache aussi à valoriser les femmes artistes et à travailler sur leurs biographies, dans la collection permanente ou par le biais d’expositions temporaires, conclut Chloé Tuboeuf. Elles ont été invisibilisées, on les connaît donc moins, et c’est aussi notre travail de les faire redécouvrir ! »
Autour de l’exposition : plusieurs événements gratuits
Visites commentées de l’exposition (sur réservation) :
Dimanche 6 octobre à 11h et à 15h
Jeudi 9 novembre à 18h30
Dimanche 3 décembre à 15h
Muséovacances : atelier enfant (7-11 ans), création d’un nuancier avec « La pigmentière »
Jeudi 26 octobre de 14h à 17h (sur réservation)
Musée des Beaux Arts de Mulhouse 4 Place Guillaume Tell 68100 Mulhouse Ouvert tous les jours de 13 h à 18 h 30 entrée gratuite
Renseignements réservation
Par email à l’adresse : accueil.musees@mulhouse-alsace.fr Par téléphone : 03 89 33 78 11 Retrouvez toute l’actualité sur : www.beaux-arts.musees-mulhouse.fr
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