précédée par la présentation du tableau Le Sabbat des sorcières sur le stand de la Fondation à l’exposition Art Basel 2019.
Francisco de GoyaLe Sabbat des sorcières
La Fondation Beyeler organise l’une des expositions les plus importantes jamais consacrées à Francisco de Goya hors d’Espagne. Goya est l’un des derniers grands peintres de cour, et le premier précurseur de l’art moderne. Cette exposition a été réalisée en coopération avec le Museo Nacional del Prado de Madrid. Des tableaux rarement montrés, appartenant à des collections privées espagnoles, seront présentés dans le cadre de la Fondation Beyeler, conjointement à des œuvres clés provenant des musées et des collections les plus célèbres d’Europe et des États-Unis. En guise de prélude à cette exposition de l’été 2020, la Fondation Beyeler présente sur son stand de l’exposition Art Basel le tableau frappant et énigmatique de Goya intitulé Le Sabbat des sorcières (1797-1798), prêté par le Museo Lázaro Galdiano de Madrid.
Le Centre Pompidou-Metz et le Musée Tinguely de Bâle font résonner de façon concomitante, à partir de juin 2019deux expositions consacrées à Rebecca Horn. Elles offrent des perspectives complémentaires sur l’une des artistes les plus singulières de sa génération. Théâtre des métamorphoses à Metz explore les processus de métamorphose, tour à tour animiste, surréaliste et machiniste et le rôle de matrice qu’a pu avoir sa pratique cinématographique, véritable mise en scène de ses sculptures. À Bâle, les Fantasmagories corporelles associent les premières réalisations performatives et les sculptures cinétiques plus tardives, soulignant ainsi les développements au sein de son travail pour mettre l’accent sur les processus d’altération corporelle et de transformation des machines.
« Tout est imbriqué. Je commence toujours par une idée, une histoire qui évolue vers un texte, puis du texte viennent des croquis, ensuite un film, et de tout cela naissent les sculptures et les installations ».
Rebecca Horn –
Rebecca Horn
Féministe ? on ne peut s’empêcher de penser à Niki de St Phalle, compagne de Jean Tinguely. Certains des travaux de Rebecca Horn renvoient aux machines de Tinguely, en plus féminin. Mais surtout elle fait penser à Frida Kahlo, pour le corps, douloureux, meurtri. À l’adolescence, Rebecca Horn suit les cours de la Hochschule für bildende Künste Hamburg de Hambourg, puis en 1964, elle s’installe momentanément à Barcelone, où elle attrape une infection pulmonaire. Elle doit passer un an dans un sanatorium : cette expérience de l’isolement total et de la souffrance est déterminante dans l’orientation de son œuvre.
Rebecca Horn
Le travail de Rebecca Horn s’inspire constamment du corps et des mouvements du corps. Dans ses premières œuvres performatives des années 1960 et 1970, cela se manifeste par le recours à des objets qui, en tant qu’extensions corporelles, ouvrent sur de nouvelles expériences perceptuelles tout en ayant un effet restrictif. À partir des années 1980, l’artiste créé alors surtout des sculptures cinétiques et des installations de plus en plus vastes qui prennent vie grâce au mouvement. Le corps agissant est remplacé par un acteur mécanique. Ces processus de transformation entre corps augmentés et machines animées, qui traversent l’œuvre de Rebecca Horn depuis presque cinq décennies, constituent le cœur de l’exposition à Bâle : des œuvres performatives y jouxtent des sculptures-machines plus tardives pour illustrer le déploiement des motifs du mouvement dans le travail de l’artiste. Cette exposition bâloise, articulée en plusieurs histoires, retrace ainsi une évolution artistique comme « autant d’étapes dans un processus de transformation » (Rebecca Horn) à partir de quatre thèmes et montre la continuité de son travail. « Mes performances ont commencé par des sculptures corporelles. Tous les mouvements de départ étaient les mouvements de mon corps et de ses extensions. »
Rebecca Horn
Battre des ailes
Une première série d’œuvres débute avec la performance Weisser Körperfächer (1972), dans laquelle Rebecca Horn reprend la fascination ancestrale des humains pour les créatures ailées ou à plumes. Avec des ceintures, elle a fixé sur son corps une paire d’ailes semi-circulaires en toile blanche qui se déploient en levant les bras. Un film documente les expériences motrices qu’elle a réalisées avec cet instrument corporel : l’ouverture et la fermeture, le contrôle des ailes dans le vent, les formes de dissimulation et de dévoilement. Ces modèles de mouvements, Rebecca Horn les a prolongés dans une série de sculptures, comme laParadieswitwe (1975) qui enveloppe un corps nu, DiePfauenmaschine (1981) qui fait la roue, le Hängender Fächer (1982) ou la roue de plumes Zen der Eule (2010).
Rebecca Horn Paradieswitw
Circuler
Différentes formes de circulation sont thématisées dans une deuxième partie de l’exposition. L’œuvre centrale est là Überströmer (1970) qui présente l’être humain comme une structure hydromécanique. Lui fait face l’installation ElRio de la Luna (1992) qui prolifère dans l’espace avec un système de tuyaux et dans les « chambres cardiaques » desquelles le mercure est actionné par des pompes. Tandis que, dans le premier cas, le mouvement interne de la circulation sanguine est déplacé vers l’extérieur, dans le second, la visualisation des flux d’énergie émotionnelle est pour Rebecca Horn au premier plan.
Rebecca Horn Überströmer
Rebecca Horn El Rio de la Luna (1992)
Inscrire
Des lignes tracées et des marques de couleur sont toujours aussi les traces de mouvements physiques. Elles constituent ainsi un autre ensemble thématique de l’exposition. Ce motif est présenté à partir Bleistiftmaske (1972), un outil porté sur la tête qui transforme le corps en une machine rythmique à dessiner. L’artiste poursuit de façon systématique l’exploration de ce thème dans des machines à peindre automatisées, dont deux types différents sont montrés ici. Les marquages y sont toujours l’expression d’émotions et de passions. Le dessin comme inscription du corps et du psychisme est repris enfin dans les travaux sur papier grand format de la série Bodylandscapes (2004-2005).
Bleistiftmaske
Tâter
Un dernier champ thématique porte sur l’extension des mains et des pieds. Avec Handschuhfinger (1972), l’artiste explore ainsi son environnement en le palpant avec des tentacules. Elle poursuit l’étude de ce sujet dans ses œuvres cinétiques tout en recourant sans cesse à des objets quotidiens tels que pinceaux, marteaux ou escarpins. Les machines à écrire avec leurs claviers sont elles aussi des instruments qui prolongent nos doigts. Rebecca Horn les utilise d’ailleurs dans plusieurs installations, dont La Lune Rebelle (1991) œuvre majeure exposée à Bâle. Les travaux de cette série donnent également une vision sociologique de la machine comme prothèse en rassemblent notamment des objets considérés comme féminins.
« Pour moi, ces machines sont animées, elles agissent, elles tremblent, elles frissonnent, elles s’évanouissent et s’éveillent soudain à une nouvelle vie. Ce ne sont en aucun cas des machines parfaites. » RH
Rebecca Horn
Un catalogue richement illustré avec des contributions de Sandra BeateReimann, Antje von Graeventiz, Stefan Zweifelet al. paraît au Verlag für moderne Kunst : ISBN (allemand) : 978-3-9524759-6-6 ISBN (anglais) : 978-3-9524759-7-3
Commissaire de l’exposition : Sandra Beate Reimann 6 juin 2019, 18h15 Projections au Stadtkino de Bâle les films suivants de l’artiste seront présentés :
Der Eintänzer, 18h15, 14 CHF, en angalis, La Ferdinanda, 20h15, 17 CHF, en allemand
Heures d’ouverture Du mardi au dimanche 11 – 18h Fermé le lundi
Accès Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF : SBB tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz », puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ».
Jusqu’au 15 septembre 2019, au Kunstmuseum Basel | Neubau Commissaire : Josef Helfenstein avec Maja Wismer
Helmut Federle
En plus de quarante ans, Helmut Federle a développé une oeuvre où construction géométrique et geste pictural s’équilibrent. Le Kunstmuseum Basel réunit six peintures de grand format et des travaux sur papier provenant du fonds du musée aux côtés de céramiques anciennes de la collection de l’artiste dans une présentation resserrée qui met en évidence la manière dont Federle envisage l’abstraction depuis le début des années 1980.
Helmut Federle, Death of a black snack & Asian Sign
Après avoir étudié auprès de Franz Fedier à la Kunstgewerbeschule de Bâle, Federle s’établit comme peintre à partir des années 1970. Il fréquente régulièrement le Kunstmuseum Basel où il découvre les oeuvres de Mark Rothko, Barnett Newman, Clyfford Still et Franz Kline (présentées aujourd’hui dans le Neubau) qui joueront un rôle déterminant dans son étude de la tradition picturale abstraite de l’art américain d’après-guerre. À la différence des artistes suisses John Armleder et Olivier Mosset qui s’intéressent également à l’art non figuratif à partir d’une perspective postmoderne, Federle ne fonde pas sa réflexion sur le moment dans l’évolution des sociétés occidentales d’après-guerre qui voit l’abstraction érigée en esthétique dominante. Il porte plutôt un intérêt véritable à l’abstraction situé au croisement entre technique picturale gestuelle et strictement géométrique.
Helmut Federle Asian Sign (1980)
L’artiste peint Asian Sign (1980) lors de son séjour de plusieurs années à l’adresse 19 E. 21st St. à New York. En 1982, Christian Gelhaar, alors directeur du Kunstmuseum Basel, acquiert cette peinture pour la collection. À l’époque, cette composition inspirée de la forme d’un svastika suscite une vive controverse. Au sein du Grand Conseil de Bâle, des voix s’élèvent pour qu’on décroche le tableau. En 1985, l’oeuvre est présentée dans le cadre de l’exposition individuelle Tableaux Dessins consacrée à l’artiste au Museum für Gegenwartskunst (aujourd’hui Kunstmuseum Basel | Gegenwart). La portée du signe iconique n’en est pas amoindrie, mais en le faisant figurer au sein de l’exposition aux côtés de peintures et de dessins, d’autres interprétations en sont proposées. Ainsi, ce motif est employé de manière diverse dans des contextes très différents comme l’architecture bouddhiste ou les textiles indigènes d’Amérique du Nord.
Helmut Federle
La présentation resserrée au rez-de-chaussée du Neubau montre l’intérêt constant de l’artiste pour les formes géométriques et leur rapport d’équilibre sur la surface picturale. Une sélection de travaux sur papier des années 1979 à 1984 présentés dès 1985 dans l’exposition du Kunstmuseum Basel, puis acquis par le musée, révèlent le regard porté par Federle sur le monde de l’époque. Aujourd’hui, cet ensemble apparaît comme une sorte de capsule temporelle contenant des fragments visuels et matériels de New York qui témoigne de la manière dont Federle se perçoit lui-même dans le tissu urbain new-yorkais.
Helmut Federle, The Jeremiah Case (Eight) 2005
Dans les années 1980, l’oeuvre est intégrée à l’exposition permanente du Kunstmuseum Basel | Gegenwart. Depuis, les oeuvres de Federle sont entrées au sein de nombreuses collections muséales et particulières (notamment à la Tate Modern de Londres et au Centre Pompidou Paris ; À Bâle, en revanche, rien n’est advenu depuis la polémique. En plaçant le tableau bâlois dans le contexte de cinq autres peintures de Federle des années 1980 à 2005 (prêts d’oeuvres en provenance de Berne, Bonn, Karlsruhe et Vienne), l’exposition Helmut Federle. 19 E. 21st St., Six Large Paintings propose de reprendre le dialogue.
Helmut Federle
Une coupe en céramique persane du IXe-Xe siècle et un gobelet à thé japonaisdu début du XVIIe siècle complètent la sélection d’oeuvres présentées. Ces deux artefacts sont des prêts provenant de la collection de l’artiste qui illustrent non seulement sa fascination pour les cultures étrangères, en particulier la culture asiatique, mais aussi l’approche non formaliste de Federle. Il organise la composition et la surface de manière à prendre conscience des expériences et des situations au-delà du factuel. L’artiste voit dans les objets en céramique à la fois simples et raffinés une qualité qui transparaît également dans ses peintures. À travers leur mise en regard avec les peintures et les travaux sur papier, il apparaît que l’abstraction signifie davantage que l’absence de représentation pour Federle : c’est un continuum personnel qui embrasse les époques et les cultures.
collection Federle
Dans le cadre de l’exposition, une publication éponyme abondamment illustrée (all/ang) paraît chez Verlag für moderne Kunst, Vienne, avec des contributions de Gottfried Boehm, Josef Helfenstein, Roman Kurzmeyer, Jeremy Lewison, Jasper Sharp, Richard Shiff et Maja Wismer. Le musée propose régulièrement des visites guidées de l’exposition. Une soirée cinéma aura lieu le 10 septembre en collaboration avec le Stadtkino Basel. Une sélection de films de Helmut Federle sera projetée.
20.8 x 29.5 cm; Aquarell, Gouache
Né en 1944 à Soleure, Helmut Federle vit à Vienne et à Camaiore en Italie. En 1997, il représente la Suisse à la 47e Biennale de Venise. De 1999 à 2007, il est titulaire d’une chaire professorale à la Staatliche Kunstakademie de Düsseldorf. Il obtient le prix Aurélie Nemours en 2008 et le prix de la Collection Ricola en 2016
Kunstmuseum Basel | Neubau, St. Alban-Graben 20, 4052 Basel fermé le lundi ouvert du mardi au dimanche
Jusqu’au 6 octobre 2019 La Fondation Beyeler consacre son exposition estivale 2019 au peintre contemporain Rudolf Stingel (né en 1956 à Merano, il vit aujourd’hui à New York et à Merano). Elle présente les principales séries d’oeuvres réalisées par Rudolf Stingel ces trois dernières décennies, proposant un aperçu complet de sa riche et prolifique pratique artistique. Rudolf Stingel a transformé le musée, en envahissant l’espace conçu par Renzo Piano d’une moquette au motif oriental. Dépassant le concept de la bidimensionalité, conventionnellement associé à la peinture, cette exposition souhaite renverser les relations spatiales qui s’instaurent habituellement entre le spectateur et le tableau.
Rudolf Stingel, Sam Keller et Stephan Guégan
L’exposition de la Fondation Beyeler est la première exposition d’envergure de Rudolf Stingel en Europe après celle du Palazzo Grassi à Venise (2013)et la première en Suisse depuis celle de la Kunsthalle de Zurich (1995). Elle occupe les neuf salles de l’aile sud de la Fondation Beyeler, de même que pour un temps les deux salles du Restaurant Berower Park. Conçue de salle en salle, l’exposition installée par le commissaire invité Udo Kittelmann en étroite collaboration avec l’artiste ne suit aucun ordre chronologique strict mais fait plutôt le choix d’une confrontation spécifique de différentes oeuvres. Certaines oeuvres sont montrées en public pour la toute première fois et l’exposition présente également de nouvelles installations in situ. Si pour les toiles abstraites, c’est bien le pistolet de pulvérisation qui tient lieu d’outil, donc en quelque sorte de pinceau. Stingel a créé pour l’exposition de nouveaux tableaux abstraits en utilisant exactement la technique décrite dans Mode d’emploi: cette série de cinq oeuvres – qui remplit l’une des salles d’exposition – oscille chromatiquement entre rose, des tonspourpres sombres et argentés.
Peu d’autres artistes de sa génération ont élargi comme Rudolf Stingel le champ et la notion même de peinture. Depuis ses débuts à la fin des années 1980, il explore ses possibilités et les limites qui la constituent dans un jeu complexe avec les démarches artistiques, les matériaux et les formes. Partant d’une confrontation à des thèmes picturaux classiques, il développe une multiplicité de variations de motifs. A côté de séries de peintures abstraites et photoréalistes, il crée des oeuvres grand format en polystyrène ou des tableaux en métal coulé. Il revêt également des pièces entières de tapis ou de panneaux isolants argentés pouvant être touchés et foulés.
Rudolf Stingel
Le premier livre d’artiste de Rudolf Stingel, paru en 1989 sous le titre Mode d’emploi, est déjà révélateur de son attitude artistique peu conventionnelle. En six langues et illustré de photographies noires et blanches, il y décrit chacune des étapes de production de ses tableaux abstraits réalisés à l’aide de tulle et d’émail: la peinture à l’huile doit ainsi être mélangée avec un batteur électrique conventionnel et appliquée sur la toile. Une épaisseur de tulle est posée par dessus et recouverte de spray argenté. Lorsqu’on ôte le tulle, on révèle une surface chromatique apparemment tridimensionnelle qui évoque un paysage traversé de vaisseaux sanguins. Mode d’emploi semble suggérer qu’en suivant ces simples instructions on peut créer son propre «Stingel».
Rudolf Stingel Mode d’emploi
Mais si l’on pousse plus loin ce jeu de l’esprit, on s’aperçoit vite que, si l’oeuvre créée en respectant parfaitement toutes les étapes de travail peut être très belle, elle est cependant loin d’être indépendante et autonome – car on reste toujours l’exécutant de l’artiste, simple rouage d’un concept qu’il a imaginé. Ce mode d’emploi livre donc un commentaire facétieux et auto-ironique sur le marché et le monde de l’art.
Rudolf Stingel cuivre électroformé, nickel revêtu et acier inoxydale 2014
Au début des années 1990, Stingel élargit son répertoire: à côté d’oeuvres abstraites, il crée de premières oeuvres in situ. Lors de sa première exposition en galerie, en 1991 à la Daniel Newburg Gallery à New York, il présente une seule oeuvre: la totalité du sol de la galerie est recouverte d’une moquette orange vif, les murs sont nus. Peu après, il présente ailleurs une autre variation de moquette monochrome, cette fois posée sur l’un des murs d’une pièce vide. Dans la galerie, c’est involontairement que les visiteurs laissaient les empreintes de leurs pas sur la moquette au sol; cette fois, ils sont invités à lisser ou brosser le tapis contre le sens du poil de leur propre main, comme autant de grands coups de pinceau. Le tapis devient image, où les gestes picturaux apparaissent, sont effacés et sont remplacés par d’autres traces.
Rudolf Stingel
A la fin des années 1990, Stingel commence à travailler des panneaux de polystyrène ordinaires. Accrochés au mur comme des tableaux, leur surface est couverte de lignes et de motifs griffés et gravés d’empreintes de pied de l’artiste. Depuis le début des années 2000, Stingel revêt des pièces entières de panneaux isolants argentés réfléchissants, dont la texture invite à y apposer des messages, des initiales ou autres gestes. Ces installations visent à la participation, mais elles sont soumises aux mêmes limitations immanentes que les travaux réalisés suivant le Mode d’emploi: si chaque visiteur peut participer au processus de création de l’oeuvre et s’y immortaliser, cela prend toujours une forme aléatoire et incontrôlable, cadrée par des conditions définies par l’artiste.
Rudolf Stingel
De manière semblable, Stingel fait appel au hasard pour certaines de ses peintures. Il étend des toiles achevées sur le sol de son atelier pendant une période prolongée, afin qu’elles s’imprègnent des traces de son procès quotidien artistique. Les éclaboussures de peinture et les empreintes de pied se superposent ainsi à ses tableaux abstraits et photoréalistes.
Rudolf Stingel
Stingel n’est jamais focalisé sur l’oeuvre unique en tant que telle, mais conçoit plutôt tout une série d’oeuvres comparables et interconnectées, tournant autour d’un même motif. Un motif peut ainsi circuler entre les images et les matériaux, apparaissant dans des versions très différentes. Ainsi, la moquette orange vif montrée à l’horizontale chez Daniel Newburg réapparaît en tant que nouvelle oeuvre sur l’un des murs de la Fondation Beyeler. La photographie d’une main tenant un pistolet de pulvérisation, commandée par Stingel pour illustrer son Mode d’emploi, a été traduite pour l’exposition en une toile photoréaliste grand format. Les griffures et éraflures qui ornaient d’anciennes installations de panneaux Celotex ont été transposées de manière fragmentaire en images de métal extrêmement lourdes au moyen d’un processus complexe et laborieux. L’une de ces oeuvres, longue de douze mètres, est présentée dans l’exposition. Des motifs historiques de papiers peints ou de tapis ainsi que des éléments de photographies trouvées ont trouvé place sur des toiles photoréalistes sous forme agrandie et en y intégrant les traces laissées par le temps telles la poussière et les empreintes de doigt. L’exposition présente également différentes oeuvres de ce type.
Rudolf Stingel
Au-delà de leurs différences matérielles, toutes les oeuvres de Rudolf Stingel ont ainsi pour point commun la présence de traces picturales aléatoires ou délibérées. Le temps et le hasard, le changement et la destruction apparaissent à leur surface. Les oeuvres de Stingel formulent ainsi des questions fondamentales concernant la compréhension et la perception de l’art ainsi que la mémoire, le souvenir et l’impermanence des choses.
Rudolf Stingel
Trois nouvelles oeuvres in situ seront également présentées. Une oeuvre murale à base de moquette orange invite les visiteurs à laisser des traces avec leurs mains et à s’impliquer ainsi de manière temporaire dans l’émergence de l’oeuvre. Une deuxième installation à base de tapis occupe tout le mur transversal du musée et s’étend dans l’une des salles. En version noire et blanche fortement agrandie, il reprend le motif d’un tapis persan Sarough.
Rudolf Stingel
Une oeuvre en panneaux isolants Celotex occupe plusieurs murs de l’exposition et s’étend également temporairement aux espaces du restaurant de la Fondation Beyeler dans le Parc Berower.
panneaux isolants Celotex
Toute la diversité et l’envergure de l’oeuvre de Rudolf Stingel, questionnement sans cesse renouvelé du médium de la peinture, se reflètent aussi dans le catalogue qui accompagne l’exposition: pensé comme un livre d’artiste et conçu par le graphiste de renom Christoph Radl, il propose au fil de 475 illustrations sur 380 pages un aperçu unique et complet du travail artistique de Rudolf Stingel.
Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen Tél. + 41 (0)61 645 97 21, www.fondationbeyeler.ch Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler: tous les jours de 10h00 à 18h00, le mercredi jusqu’à 20h depuis la gare SBB tram n° 2 jusqu’à Messeplatz puis tram n°6 arrêt Fondation
Programmation associée à l’exposition «Rudolf Stingel» à consulter sur le site de la Fondation Beyeler
KunstKosmos Durbach Museum für Aktuelle Kunst – Sammlung Hurrle Durbach bei Offenburg jusqu’au 13 octobre 2019 Commissaires : Dr. Katrin Hesse Prof. Germain Roesz, Strasbourg
l’image en exergue est une peinture de Raymond Waydelich, Memory painting 2006
C’est l’espace partagé par la Suisse, la France et l’Allemagne. C’est une entité complexe, étroitement liée en réseau et par une histoire qui remonte au Moyen-âge. En tant que voie naviguable le Rhin (qui fut parfois une frontière au passé sanglant) est une porte ouverte sur le monde, mais aussi un chemin pour une Europe unie. L’objectif de l’exposition est de découvrir la diversité du paysage artistique trinational du Rhin supérieur, de montrer les relations, mais aussi les différences, et d’explorer « l’autre côté ». Pour des raisons d’espace, cet hommage à notre région, riche en art, en culture et en paysages, n’est aucunement exhaustif. Il n’est ainsi qu’un aperçu qui donne envie d’en savoir davantage
Patrick Bailly Maitre Grand NY 1985 photographie
C’est la période 1950 à aujourd’hui qui est présentée. L’exposition commence par un maître rhénan du musée Unterlinden, de Colmar, attribué à Martin Schoengauer, ( une vierge à l’enfant) . C’est à Colmar qu’est né Auguste Bartholdi qui créa la statue de la liberté, en guise de transmission, les photographies de Patrick Bailly Maître Grand y trouvent tout naturellement leur place. L’objectif de l’exposition est de découvrir la diversité du paysage artistique trinational du Rhin supérieur, de montrer les relations, mais aussi les différences, et d’explorer « l’autre côté ». Pour des raisons d’espace, cet hommage à notre région, riche en art, en culture et en paysages, n’est aucunement exhaustif. Il n’est ainsi qu’un aperçu qui donne envie d’en savoir davantage.
le paysage pénètre dans le musée une œuvre de Daniel Depoutot
Un hommage tout naturel est réservé dans une salle à Tomi Ungerer. Son œuvre comprend 140 livres et quelques 40 000 dessins, plus de 300 affiches, des dizaines de peintures à l’huile, des lithographies, des gravures et des sculptures
Tomi Ungerer
L’objectif de l’exposition est de découvrir la diversité du paysage artistique trinational du Rhin supérieur, de montrer les relations, mais aussi les différences, et d’explorer « l’autre côté ». Pour des raisons d’espace, cet hommage à notre région, riche en art, en culture et en paysages, n’est aucunement exhaustif. Il n’est ainsi qu’un aperçu qui donne envie d’en savoir davantage. Sachant qu’il est impossible de mettre en lumière tous les aspects, de présenter tous les artistes, l‘exposition se concentre sur la variété artistique du Rhin Supérieur, avec plus de 100 œuvres, de l’art conceptuel aux approches informelles, de l’art concret à l’art figuratif dans toutes ses variantes. Le regard porté au-delà de la frontière, notamment, mène sans cesse à de nouvelles découvertes et à des parallèles surprenants. li y a toujours eu et il y a encore des projets transfrontaliers communs et des artistes, comme Tomi Ungerer, qui s’emploie tout particulièrement à créer un lien esthétique et artistique et à qui une petite exposition est dédiée dans le cabinet.
Rudiger Hurrle devant une peinture de Raymond Waydelich autre artiste iconique, qui a représenté la France à la biennale de Venise de 1978
Dans le même temps, le peintre fribourgeois Bert Jager est mis à l’honneur, à l’occasion de son 100ième anniversaire, dans une exposition spéciale de la série « Profils artistiques du Rhin Supérieur». Ses œuvres sont fortement influencées par l’avant-garde française, l’informel et l’Expressionnisme abstrait.
Bert Jäger
Voici une sélection subjective d’artistes présentés :
Aujourd’hui, l’artiste helvético-nippone Leiko Ikemura est connue dans le monde entier pour ses mondes oniriques peuplés d’êtres fabuleux où des figures féminines fusionnent avec des paysages en formation. Au Japon, elle est célébrée comme une artiste qui a pris conscience de ses origines en se plongeant dans l’art occidental et qui est parvenue à une synthèse singulière des deux cultures.
Leiko Ikemura
Le Kunstmuseum Basel présente Leiko Ikemura. Vers de nouvelles mers, une rétrospective resserrée qui réunit des dessins, des peintures et des sculptures réalisés tout au long de son parcours artistique. Organisée dans le Neubau, cette exposition a été conçue en collaboration avec l’artiste et en coopération avec le National Art Center à Tokyo qui figure parmi les cinq institutions artistiques majeures du pays. Pour la première fois, la petite cour située au niveau inférieur du Neubau fait partie intégrante d’une exposition : pour l’occasion l’artiste a refondu Usagi Kannon, une sculpture haute de plus de trois mètres dans laquelle il est possible d’entrer.
Leiko Ikemura, Usagi Kannon
Leiko Ikemura commence par étudier la littérature au Japon et en Espagne, puis la peinture à la Real Academia de Bellas Artes de Santa Isabel de Hungría à Séville à partir de 1973. Par la suite, elle déménage à Zurich pour plusieurs années, avant de s’installer en Allemagne dans les années 1980 où elle vit toujours entre Berlin et Cologne. Aujourd’hui méconnue, l’oeuvre de ses débuts développée au sein du milieu des « Nouveaux Fauves » dans les années 1980 se caractérise par des dessins au fusain à la fois expressifs et énigmatiques et par des peintures de grand format. En réalité, c’est en Suisse que Leiko Ikemura est repérée pour la première fois au début des années 1980 avec son univers visuel abordant les thèmes de l’agressivité, de la violence et de la lutte des sexes.
Leiko Ikemura Tarentule
Fusion du corps, du paysage et de deux cultures L’année 1983 marque un tournant dans l’oeuvre de jeunesse d’Ikemura. Pour la première fois, elle peut se consacrer pleinement au dessin et à la peinture pendant plusieurs mois en tant que dessinatrice pour la ville de Nuremberg. Peu après, elle prend conscience de ses racines japonaises. L’histoire récente du Japon, son empreinte religieuse et son précieux héritage littéraire donneront dès lors une impulsion considérable au travail d’Ikemura. À la suite d’un séjour dans le canton des Grisons en 1989, elle développe un nouveau langage visuel qui mène à la fusion des corps et des paysages dans le groupe d’oeuvres des Alpenindianer. Viennent ensuite des êtres hybrides archaïques se manifestant en nombre dans la sculpture également.
Leiko Ikemura Alpenindianer
Dans les années 1990, des personnages féminins vulnérables et inaccessibles à la fois apparaissent dans son oeuvre. Ils semblent se profiler en apesanteur à l’horizon entre terre et ciel, passé et futur. Ces « images de petites filles » deviennent sa marque formelle. Elles échappent à toute description précise, les traits du visage et l’âge des sujets demeurant indéterminés. Néanmoins, ces représentations ne sont aucunement anodines en ce qu’elles renvoient également à l’(auto)destruction et à la violence.
Leiko Ikemura
Dans ses travaux les plus récents, Ikemura a largement recours au lavis, technique picturale de l’Asie orientale. Elle fait communier l’homme et la nature dans des paysages oniriques de l’âme. Des silhouettes fantomatiques se font jour ; montagnes, roches et plantes connaissent un réveil spirituel. Depuis l’an 2000, l’oeuvre d’Ikemura ne cesse d’être parcourue par l’idée de la transformation continue de l’être humain et de son environnement. En cela, ces phénomènes de formation et de métamorphose établissent un lien avec son oeuvre de jeunesse. Ces oeuvres abordent notamment l’inquiétude quant à l’avenir de notre planète face à la menace grandissante qui pèse sur notre habitat.
Leiko Ikemura, Genesis
Aux côtés de 47 oeuvres provenant de la collection du Kunstmuseum Basel, l’exposition présente environ 70 prêts d’oeuvres consentis par l’artiste ainsi que par des collections de Suisse, d’Allemagne, de Belgique et du Japon.
Leiko Ikemura
Dans le cadre de l’exposition, un catalogue abondamment illustré paraît aux éditions Prestel Verlag avec des contributions d’Anita Haldemann, de Mitsue Nagaya et de Stefan Kraus.
Jusqu’au 4 août 2019, au Kunstmuseum Basel | Neubau
Commissaire: Eva Reifert
Après le Centre Pompidou, le Kunstmuseum de Bâle présente en 9 salles, l’exposition, Le Cosmos du Cubisme. Le cubisme, créé au début du XXe siècle par Pablo Picasso
et Georges Braque, a révolutionné l’art.
Elle retrace cette époque à travers un vaste panorama chronologique
et vous invite à la redécouvrir. Élaborée en collaboration avec le Centre Pompidou de Paris, cette rétrospective
réunit pour la première fois un grand nombre d’oeuvres cubistes
exceptionnelles issues des deux musées, offrant ainsi un
contexte idéal aux célèbres peintures bâloises de la donation Raoul La Roche. Complétée par de prestigieux prêts de collections
internationales et avec près de 130 oeuvres au total, l’exposition
de Bâle offre un éventail complet de ce chapitre avant gardiste
de l’histoire de l’art moderne.
Le cubisme était pourvu d’une prodigieuse force d’innovation.
Il eut une influence majeure sur le cours de l’histoire de l’art
du XXe siècle et représente encore aujourd’hui une véritable
aventure pour notre regard. Grâce à leur créativité sans limites,
Pablo Picasso et Georges Braque ont, en quelques années, destructuré
un à un les concepts de l’art traditionnel jusqu’à ce que leurs
innovations constituent les bases d’un nouveau courant artistique.
La fragmentation des formes qui caractérise les oeuvres cubistes
est le résultat d’une rupture dans la relation picturale entre
l’art et la réalité; avec sa combinaison de signes et de fragments,
le cubisme s’adresse non seulement au regard mais également
à l’esprit. De nouveaux matériaux remettent en question la
notion de Grand Art et se mêlent de manière expérimentale
et ludique à la culture quotidienne qui se retrouve intégrée à
l’oeuvre sous forme de collages d’articles de journaux et de papiers
peints. Picasso, Braque et l’esprit pionnier Le Cosmos du Cubisme. De Picasso à Léger témoigne de l’esprit
pionnier et de la force vive du duo Picasso–Braque, mais également
de l’élargissement et de la différenciation de leur conception du
cubisme, devenue canonique au fil des décennies, à travers
des oeuvres du « cubisme de salon » : dès 1910, des artistes vivant
à Paris comme Juan Gris, Fernand Léger, Robert et Sonia Delaunay
ou encore Henri Le Fauconnier s’emparèrent de ce nouveau langage
visuel et le développèrent à leur tour. À partir de 1911, de grands
formats célébrant la vie moderne furent alors exposés dans les
salons du monde de l’art parisien, contribuant ainsi
largement à la diffusion internationale du cubisme. Le Cosmos du Cubisme. De Picasso à Léger suit l’évolution
du cubisme de 1908 jusqu’à la fin de la Première Guerre
Mondiale. Grâce à ce vaste horizon temporel, l’exposition
montre l’immense étendue stylistique de ce mouvement
artistique ainsi que son potentiel révolutionnaire pour bon
nombre de développements ultérieurs de l’art du XXe siècle.
Articulée selon neuf chapitres chronologiques et thématiques,
l’exposition révèle comment Picasso et Braque, entre autres,
se détachèrent de l’Académisme occidental et de la conception
classique de l’art en s’inspirant notamment de sculptures
des régions d’Afrique et du Pacifique comme en témoigne
l’exceptionnel Grand Nu (1907/08) de Braque
aux couleurs ocres. Si d’une part les deux artistes recherchaient
les caractéristiques de l’archaïque, du « sauvage » et du primitif,
l’influence de l’oeuvre de Paul Cézanne les incita à ne pas représenter
le réalisme de la nature mais plutôt à sonder les moyens d’en
exprimer l’essence et la vérité (L’influence de Cézanne, Salle 2). Le plaisir d’expérimenter les éléments cristallins
Dès 1908, apparurent, chez les deux artistes, dans des paysages
créés à l’Estaque et des natures mortes illustrant des instruments
de musique, des éléments cristallins, quasi géométriques, donnant
l’impression d’un ordre intérieur basé sur le concept.
Introduite à la même époque, la réduction des couleurs à des
tons verts et bruns s’accentua rapidement au profit de l’utilisation
presque exclusive d’un gris et d’un brun lumineux, comme
le montrent de manière exemplaire Broc et Violon (1909/10)
de Braque ou encore Nu assis (1909/10) de Picasso
(L’éclatement de la forme homogène, Salle 3).
Braque et Picasso se consacrèrent chacun à leurs idées
novatrices avec un véritable plaisir de l’expérimentation
traduit par une méthode répétitive et variée. Dans un procédé
en apparence sériel, les deux artistes usèrent aussi de lettres,
de fragments de mots et de signes introduits dans les images,
faisant appel à la vue du spectateur et mettant également
à l’épreuve sa capacité de combinaison : un sens pictural ne
pouvait être construit que par l’assemblage interprétatif
des divers éléments de l’image, comme la célèbre
représentation bâloise Le Portugais (1911/1912) de Georges Braque
(Lettres et signes, Salle 4). Les portraits de marchands et d’écrivains, dont Gertrude Stein,
Guillaume Apollinaire et Daniel Henry-Kahnweiler, élargissent
l’aperçu de la connexion du cubisme avec les éditeurs,
les collectionneurs et les poètes qui firent la promotion du
mouvement et assurèrent sa diffusion et sa résonance dans la
littérature (Poètes et critiques, Salle 5).
Le changement qui survint en 1912 avec le retour de la
couleur et l’invention du collage est présenté dans deux
salles de l’exposition. La salle 6 montre l’utilisation expérimentale des matériaux et de la couleur tandis
que la salle 7 expose le collage et l’assemblage avec
leur technique de combinaison de coupures de journaux,
de papiers peints et d’autres fragments de réalité.
L’accueil et la transformation du langage pictural dans
les milieux artistiques avant-gardistes parisiens sont
représentés dans Le cosmos du cubisme par des oeuvres
majeures exposées dans les salons parisiens de 1911 à 1914.
L’Abondance (1910/11) d’Henri Le Fauconnier, Femme au cheval (1912) de Jean Metzinger, Udnie (1913)
de Francis Picabia et Prismes électriques (1914) de Sonia Delaunay
ne sont que quelques exemples de ce pan de l’histoire du cubisme
(Les « Salons Cubistes », Salle 8).
La dernière salle est consacrée au développement du
cubisme après le début de la Première Guerre Mondiale.
Elle présente les oeuvres des artistes cubistes mobilisés
dont les créations reflètent l’influence de la vie sur le front
ainsi que celles des protagonistes restés à Paris, Gris et Picasso,
dont les peintures sont alors à la frontière de l’abstraction
(La Première Guerre mondiale, Salle 9). Kunstmuseum
St. Alban-Graben 8, Postfach
CH–4010 Basel Horaires
mardi au dimanche 10 h / 18 h
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Jusqu’au 1er septembre 2019
En présentant « Lois Weinberger – Debris Field»,
le Musée Tinguelypropose au public de découvrir
un travail de recherche archeo-poétique.
C’est à un véritable cabinet de curiosités que nous sommes
invités à découvrir.
A travers son travail, l’artiste autrichien Lois Weinberger
explore et révèle de manière fascinante des vestiges
de plusieurs siècles d’occupation de la ferme de ses
parents. Debris Field (2010- 2016) s’apparente a une
fouille se déployant dans les strates sédimentaires du
grenier et du plancher de la ferme. L’artiste considère la
maison comme les archives de l’existence et les vestiges
comme des notes marginales qui accompagnent l’essence
des archives, à savoir leurs espaces vides.
Il exprime ces lacunes essentielles et leurs espaces de
mémoire avec des oeuvres poétiques et rend le surréalisme
du quotidien visible à travers des objets, dessins, textes
et photographies.
Avec l’exposition consacrée à Lois Weinberger
s’ouvre un dialogue sur les différentes histoires de la
ferme qui ont servi de sources matérielles à chacune
des oeuvres.
Pionnier dans la recherche archeo-artistique
Les recherches artistiques pionnières de Lois Weinberger
(*1947 a Starns, Haut-Adige) associent l’art, la société et
la nature. Il accède à la notoriété lors de la documenta X en 1997 lorsqu’il implante des néophytes invasives sur
une voie ferrée abandonnée en guise de métaphore
des processus migratoires de notre époque. Il s’intéresse
à la beauté des rebuts et des choses dissimulées de l’envers du
paysage et des terrains vagues.
A travers une variété de formes d’expression et une
inclination pour l’expérimental, il entend présenter ses
recherches comme des processus complexes qui
témoignent du changement constant, du devenir et
semblable à des complices pour entreprendre un voyage
et faire des découvertes par-delà la disparition.
Par leur franchise et leur indétermination, ses installations
invitent les regardants semblables à des complices à
entreprendre un voyage et à faire des découvertes par
eux-mêmes. Debris Field ( 2010- 2016 ) explore et révèle de manière
fascinante des vestiges de plusieurs siècles d’une ferme exploitée
jusqu’à nos jours par la famille de Weinberger.
Rattachée au monastère de Starns, la ferme reflète l’histoire
de leurs influences réciproques. Elle renferme des histoires
tour à tour pieuses et superstitieuses et d’autres qui racontent
l’austérité de vies de privations entre culture monastique
et pratiques associées au Moyen Age tardif. Debris Field s’apparente à une fouille se déployant dans
les strates sédimentaires du grenier et du plancher
de la ferme. Dans cette « archéologie de l’habitable »,
l’absence de contact avec la terre et l’humidité a permis
de préserver une richesse semblable à un cabinet de
curiosités composant un remarquable cosmos de la vie
paysanne qui rend possible une plongée dans le quotidien.
Parmi les débris les plus captivants, ceux qui trouvent
leur origine dans des rites issus de la culture populaire
pour conjurer le malheur.
Ces objets para-religieux et apotropaïques –
crânes d’animaux , pattes de chien, momie de chat et chaussures orphelines de défunts conservées sous
le plancher – s’imposent grâce a leur pouvoir instantané
aux cotes de témoignages de la foi chrétienne comme des
textes sacrés, des images d’indulgence et des billets de
confession, des insignes de pèlerins ou encore des reliquaires. Weinberger considère la maison comme les archives
de l’existence et les vestiges comme des notes marginales
qui définissent l’essence des archives, à savoir leurs espaces
vides. Il exprime ces lacunes essentielles et leurs espaces
de mémoire avec des oeuvres poétiques et représente le
surréalisme du quotidien à travers des objets, dessins, textes
et photographies.
Ceux-ci se prêtent à des mises en scène ludico-animistes
conçues par association ainsi qu’à des réévaluations par
l’intégration de ce que l’archéologie classique perçoit
comme insignifiant.
Ainsi, des journaux fragmentés en morceaux par des souris
pour la construction de leur nid sont par la suite rongés
autour des caractères d’imprimerie par des poissons d’argent.
En dialogue avec Mengele-Danse macabre de Jean Tinguely
« Lois Weinberger – Debris Field» est la troisième
d’une série d’expositions en dialogue avec Mengele -Danse macabre (1986) de Jean Tinguely
qui s’attache à souligner le caractère pluridimensionnel
de cette oeuvre tardive. Dans le cadre de l’inauguration
du nouvel aménagement de la salle en 2017, une première
exposition consacrée à Jerome Zonder mettait en évidence
les aspects de la critique du totalitarisme.
En 2018, une seconde exposition organisée autour de Gauri Gill abordait les thèmes du memento mori
et de la danse macabre. A présent, cette troisième
exposition consacrée à Lois Weinberger ouvre un
dialogue sur les différentes histoires de la ferme
qui ont servi de sources matérielles à chacune des
oeuvres.
Commissaire d’exposition:
Roland Wetzel, directeur du Musée Tinguely,
conjointement avec l’artiste . Publication
A l’occasion de l’exposition paraitra en reférence à
la publication épuisée Debris Field Erkundungen im
Abgelebten, 2010-2016 de la documenta 14 (2017)
une nouvelle interprétation de cet ouvrage en
allemand et en anglais.
Une présentation d’oeuvres inédites sera complétée
par un texte poétique de Lois Weinberger ainsi
que deux contributions de Roland Wetzel et Adam Szymcyzk, commissaire de la documenta 14 a Kassel et à
Athènes. Musee Tinguely I Paul Sacher-Anlage 1 I 4002 Bale Horaires: mardi – dimanche, 11h-18h
Site internet : www.tinguely.ch
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