Rudolf Stingel

Jusqu’au 6 octobre 2019
La Fondation Beyeler consacre son exposition estivale 2019 au peintre contemporain Rudolf Stingel (né en 1956 à Merano, il vit aujourd’hui à New York et à Merano). Elle présente les principales séries d’oeuvres
réalisées par Rudolf Stingel ces trois dernières décennies, proposant un aperçu complet de sa riche et prolifique pratique artistique.
Rudolf Stingel a transformé le musée, en envahissant l’espace conçu par Renzo Piano d’une moquette au motif oriental. Dépassant le concept de la bidimensionalité, conventionnellement associé à la peinture, cette exposition souhaite renverser les relations spatiales qui s’instaurent habituellement entre le spectateur et le tableau.

Rudolf Stingel, Sam Keller et Stephan Guégan

L’exposition de la Fondation Beyeler est la première exposition d’envergure de Rudolf Stingel en Europe après celle du Palazzo Grassi à Venise (2013) et la première en Suisse depuis celle de la Kunsthalle de
Zurich (1995). Elle occupe les neuf salles de l’aile sud de la Fondation Beyeler, de même que pour un temps les deux salles du Restaurant Berower Park. Conçue de salle en salle, l’exposition installée par le
commissaire invité Udo Kittelmann en étroite collaboration avec l’artiste ne suit aucun ordre chronologique strict mais fait plutôt le choix d’une confrontation spécifique de différentes oeuvres.
Certaines oeuvres sont montrées en public pour la toute première fois et l’exposition présente également de nouvelles installations in situ.
Si pour les toiles abstraites, c’est bien le pistolet de pulvérisation qui tient lieu d’outil, donc en quelque sorte de pinceau. Stingel a créé pour l’exposition de nouveaux tableaux abstraits en utilisant exactement la technique décrite dans Mode d’emploi: cette série
de cinq oeuvres – qui remplit l’une des salles d’exposition – oscille chromatiquement entre rose, des tonspourpres sombres et argentés.

Peu d’autres artistes de sa génération ont élargi comme Rudolf Stingel le champ et la notion même de peinture. Depuis ses débuts à la fin des années 1980, il explore ses possibilités et les limites qui la constituent dans un jeu complexe avec les démarches artistiques, les matériaux et les formes. Partant d’une confrontation à des thèmes picturaux classiques, il développe une multiplicité de variations de
motifs. A côté de séries de peintures abstraites et photoréalistes, il crée des oeuvres grand format en polystyrène ou des tableaux en métal coulé. Il revêt également des pièces entières de tapis ou de
panneaux isolants argentés pouvant être touchés et foulés.

Rudolf Stingel

Le premier livre d’artiste de Rudolf Stingel, paru en 1989 sous le titre Mode d’emploi, est déjà révélateur de son attitude artistique peu conventionnelle. En six langues et illustré de photographies noires et blanches, il y décrit chacune des étapes de production de ses tableaux abstraits réalisés à l’aide de tulle et d’émail: la peinture à l’huile doit ainsi être mélangée avec un batteur électrique conventionnel et appliquée sur la toile.
Une épaisseur de tulle est posée par dessus et recouverte de spray argenté. Lorsqu’on ôte le tulle, on révèle une surface chromatique apparemment tridimensionnelle qui évoque un paysage traversé de
vaisseaux sanguins. Mode d’emploi semble suggérer qu’en suivant ces simples instructions on peut créer
son propre «Stingel».

Rudolf Stingel
Rudolf Stingel Mode d’emploi

Mais si l’on pousse plus loin ce jeu de l’esprit, on s’aperçoit vite que, si l’oeuvre créée en respectant parfaitement toutes les étapes de travail peut être très belle, elle est cependant loin d’être indépendante et
autonome – car on reste toujours l’exécutant de l’artiste, simple rouage d’un concept qu’il a imaginé. Ce mode d’emploi livre donc un commentaire facétieux et auto-ironique sur le marché et le monde de l’art.

Rudolf Stingel cuivre électroformé, nickel revêtu et acier inoxydale 2014

Au début des années 1990, Stingel élargit son répertoire: à côté d’oeuvres abstraites, il crée de premières oeuvres in situ. Lors de sa première exposition en galerie, en 1991 à la Daniel Newburg Gallery à New York, il présente une seule oeuvre: la totalité du sol de la galerie
est recouverte d’une moquette orange vif, les murs sont nus.
Peu après, il présente ailleurs une autre variation de moquette monochrome, cette fois posée sur l’un des murs d’une pièce vide.
Dans la galerie, c’est involontairement que les visiteurs laissaient
les empreintes de leurs pas sur la moquette au sol; cette fois, ils sont invités à lisser ou brosser le tapis contre le sens du poil de leur propre main, comme autant de grands coups de pinceau. Le tapis devient
image, où les gestes picturaux apparaissent, sont effacés et sont remplacés par d’autres traces.

Rudolf Stingel

A la fin des années 1990, Stingel commence à travailler des panneaux de polystyrène ordinaires. Accrochés au mur comme des tableaux, leur surface est couverte de lignes et de motifs griffés et gravés d’empreintes de pied de l’artiste.
Depuis le début des années 2000, Stingel revêt des pièces entières de panneaux isolants argentés réfléchissants, dont la texture invite à y apposer des messages, des initiales ou autres gestes. Ces installations visent à la participation, mais elles sont soumises aux mêmes limitations immanentes que les travaux réalisés suivant le Mode d’emploi:
si chaque visiteur peut participer au processus de création de
l’oeuvre et s’y immortaliser, cela prend toujours une forme aléatoire et incontrôlable, cadrée par des conditions définies par l’artiste.

Rudolf Stingel

De manière semblable, Stingel fait appel au hasard pour certaines de ses peintures. Il étend des toiles achevées sur le sol de son atelier pendant une période prolongée, afin qu’elles s’imprègnent des traces de
son procès quotidien artistique. Les éclaboussures de peinture et les empreintes de pied se superposent ainsi à ses tableaux abstraits et photoréalistes.

Rudolf Stingel

Stingel n’est jamais focalisé sur l’oeuvre unique en tant que telle, mais conçoit plutôt tout une série d’oeuvres comparables et interconnectées, tournant autour d’un même motif. Un motif peut ainsi circuler
entre les images et les matériaux, apparaissant dans des versions très différentes. Ainsi, la moquette orange vif montrée à l’horizontale chez Daniel Newburg réapparaît en tant que nouvelle oeuvre sur l’un des
murs de la Fondation Beyeler. La photographie d’une main tenant un pistolet de pulvérisation, commandée par Stingel pour illustrer son Mode d’emploi, a été traduite pour l’exposition en une toile photoréaliste grand format. Les griffures et éraflures qui ornaient d’anciennes installations de panneaux Celotex ont été
transposées de manière fragmentaire en images de métal extrêmement lourdes au moyen d’un processus complexe et laborieux.
L’une de ces oeuvres, longue de douze mètres, est présentée dans l’exposition.
Des motifs historiques de papiers peints ou de tapis ainsi que des éléments de photographies trouvées ont trouvé place sur des toiles photoréalistes sous forme agrandie et en y intégrant les traces laissées par le temps telles la poussière et les empreintes de doigt. L’exposition présente également différentes oeuvres de ce type.

Rudolf Stingel

Au-delà de leurs différences matérielles, toutes les oeuvres de Rudolf Stingel ont ainsi pour point commun la présence de traces picturales aléatoires ou délibérées. Le temps et le hasard, le changement et la
destruction apparaissent à leur surface. Les oeuvres de Stingel formulent ainsi des questions fondamentales concernant la compréhension et la perception de l’art ainsi que la mémoire, le souvenir et l’impermanence des choses.

Rudolf Stingel

Trois nouvelles oeuvres in situ seront également présentées. Une oeuvre murale à base de moquette orange invite les visiteurs à laisser des traces avec leurs mains et à s’impliquer ainsi de manière temporaire dans
l’émergence de l’oeuvre. Une deuxième installation à base de tapis occupe tout le mur transversal du musée et s’étend dans l’une des salles. En version noire et blanche fortement agrandie, il reprend le motif
d’un tapis persan Sarough.

Rudolf Stingel

Une oeuvre en panneaux isolants Celotex occupe plusieurs murs de l’exposition et s’étend également temporairement aux espaces du restaurant de la Fondation Beyeler dans le Parc Berower.

panneaux isolants Celotex

Toute la diversité et l’envergure de l’oeuvre de Rudolf Stingel, questionnement sans cesse renouvelé du médium de la peinture, se reflètent aussi dans le catalogue qui accompagne l’exposition: pensé comme un livre d’artiste et conçu par le graphiste de renom Christoph Radl, il propose au fil de 475 illustrations sur 380 pages un aperçu unique et complet du travail artistique de Rudolf Stingel.

voir le vernissage TV (vidéo)

Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
Tél. + 41 (0)61 645 97 21, www.fondationbeyeler.ch
Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler:
tous les jours de 10h00 à 18h00,
le mercredi jusqu’à 20h
depuis la gare SBB tram n° 2 jusqu’à Messeplatz
puis tram n°6 arrêt Fondation

Programmation associée à l’exposition «Rudolf Stingel» à consulter
sur le site de la Fondation Beyeler

Sommaire du mois de mars 2019

Sommaire du mois de Février 2019

Banksy en me
musée Frieder Burda de Baden Baden

01 février 2019 : 1518, LA FIÈVRE DE LA DANSE
03 février 2019 : Sigmund Freud, du Regard à l’Ecoute
05 février 2019 : Le jeune PICASSO – Périodes bleue et rose
10 février 2019 : Tomi Ungerer
14 février 2019 : Clément Cogitore
17 février 2019 : Roots Canal avec Cyprien Gaillard
20 février 2019 : Gina Folly au Kunsthaus Baselland
25 février 2019 : La Brique, The Brick, Cărămida
27 février 2019 : Banksy @ Museum Frieder Burda

Le jeune PICASSO – Périodes bleue et rose

C’est l’exposition de l’ANNEE 2019 de la Fondation Beyeler
jusqu’au 5 mai 2019
en préambule,
• Il s’agit du projet d’exposition le plus coûteux, complexe et
ambitieux de l’histoire de la Fondation Beyeler.
• L’exposition a nécessité environ 4 années de préparatifs.
• Environ 75 tableaux et sculptures, pour la plupart rarement prêtés,
sont répartis sur 10 salles, et avec 1622 m2, il s’agit à ce jour de
la plus grande exposition de la Fondation Beyeler en termes
de superficie.

• Le catalogue (une merveille) de l’exposition, qui compte 304 pages
et 17 articles de fond, est la publication la plus volumineuse
réalisée par le musée. – en allemand ou en anglais …..
Les trésors artistiques des périodes bleue et rose ont une valeur
d’assurance d’environ 4 milliards de francs suisses.
• Les prêts proviennent d’au total 41 prêteurs, dont 28 musées
et des collections privées.

60 collaborateurs supplémentaires ont été recrutés afin
de permettre aux visiteurs de découvrir l’exposition dans
le calme et de pouvoir assurer la sécurité des oeuvres.

Claude Picasso et Sam Keller devant l’Acrobate et le Jeune Arlequin 1905

« J’ai voulu être peintre et je suis devenu Picasso. »
Pablo Picasso
Dans ce qui sera à ce jour sa plus prestigieuse exposition,
la Fondation Beyeler se consacre au jeune Pablo Picasso et à
ses peintures et sculptures des périodes dites bleue et rose
de 1901 à 1906.
Ce sera la toute première fois en Europe
que sera donné à voir un éventail d’une telle densité et d’une
telle qualité des chefs-d’oeuvre de cette période importante,
parmi des jalons marquants de la trajectoire de Picasso en marche
vers son statut d’artiste le plus célèbre du 20ème siècle.
Les oeuvres de cette période sont parmi les plus belles et les
plus émouvantes de l’art moderne et font partie des oeuvres
d’art les plus précieuses et inestimables.
Il est fort probable qu’elles ne seront plus amenées à se retrouver
ainsi réunies en un lieu unique.

Agé d’à peine 20 ans, Picasso (1881–1973) entre en quête
de nouveaux thèmes picturaux et formes d’expression, qu’il
mène dans la foulée à leur plein accomplissement. Les styles
et les univers picturaux se succèdent à un rythme effréné
– une « révolution » artistique chasse l’autre.
L’exposition se concentre sur les périodes bleue et rose et
donc sur six années de création du jeune Picasso,
qui joueront un rôle central pour son oeuvre. Elle ouvre par
ailleurs la perspective à la naissance historique du cubisme
vers 1907, qui émerge des phases de création précédentes.

L’exposition opère ainsi la jonction avec la collection
de la
Fondation Beyeler, dont l’oeuvre la plus ancienne
de Picasso,
une étude importante pour les
Demoiselles d’Avignon,
  date précisément de cette année.
Pïcasso La Soupe

L’exposition, articulée de manière chronologique, présente
les débuts de la trajectoire de Picasso en prenant pour point
de référence l’image humaine. Reprenant encore et encore
son élan, l’artiste qui vit alors entre Paris et Barcelone gravite
autour de la figure humaine. Dans la phase qui débute en 1901,
dominée par la couleur bleu, il porte son regard sur la misère
et les abîmes psychiques des personnes en marge de la société.
Vers 1905, dorénavant établi à Paris, sa période dite rose
élève au rang de digne motif pictural les espoirs et les désirs
des artistes de cirque – jongleurs, acrobates et arlequins.

En quête d’une nouvelle authenticité artistique, vers le milieu
de l’année 1906 Picasso passe plusieurs semaines dans le village
de Gósol dans les Pyrénées espagnoles, où il crée de nombreux
tableaux et sculptures qui unissent des idéaux corporels
classiques et archaïques. La déformation et le morcellement
toujours plus poussés de la figure, tels qu’ils apparaissent
dans les représentations « primitivistes » en particulier de nus
féminins créés à son retour à Paris, annoncent finalement le
langage pictural cubiste, qui se déploie à partir de 1907.
Dans les oeuvres bouleversantes et envoûtantes des périodes
bleue et rose réalisées en Espagne et en France, le jeune peintre
émergent qu’est alors Picasso crée des oeuvres d’une signification
universelle. Des thèmes existentiels et universels tels la vie,
l’amour, la sexualité, le destin et la mort s’incarnent dans
des jeunes femmes et des jeunes hommes d’une beauté délicate
comme dans des enfants et des vieillards marqués par la vie
qui portent en eux des sensations telles le bonheur et la joie
mais aussi la solitude et la mélancolie.
Depuis la gare SBB tram n° 2 direction Eglisee,
puis descendre à la Messe Platz
Tram n° 6 direction Grenze, arrêt Fondation Beyeler
Evènements à trouver Ici sous Fondation Beyeler
Ouvert 365 jours par an
Lundi – dimanche 10h – 18h, mercredi 10h – 20h

La conférence en français le 13 février 2019  à 18 h 30
ticket à acheter sur le site de la Fondation ici

Laurent Le Bon parle de l’exposition
« Picasso. Bleu et rose », présentée l’année dernière au
Musée d’Orsay à Paris et se tenant maintenant sous une
forme remaniée à la Fondation Beyeler.

Sommaire du mois de septembre 2018

01 septembre 2018 : Balthus à la Fondation Beyeler
12 septembre 2018 : 150 ans du zoo de Mulhouse, Cinq regards – Robert Cahen
17 septembre 2018 : The Music of Color – Sam Gilliam, 1967–1973
19 septembre 2018 : Nagasawa Rosetsu – D’un pinceau impétueux
23 septembre 2018 : Mondes intérieurs au Kunstmuseum de Bâle
26 septembre 2018 : Alphonse Mucha
28 septembre 2018 : Eblouissante Venise au Grand Palais

Balthus à la Fondation Beyeler

A la Fondation Beyeler jusqu’au 1 janvier 2019
Comme à son habitude la Fondation Beyeler nous
offre un programme de choix.

« L’œuvre de Balthus est verbe dans le trésor du silence.
Nous désirons, tous, la caresse de cette guêpe matinale que
les abeilles désignent du nom de jeune fille et qui cache dans
son corsage la clef de Balthus. »
Cahier d’art 1946.
René CHAR, Dans l’atelier du poète, Quarto Gallimard édition établie
par Marie-Claude Char. © Gallimard, 1996. p. 432-433.

Balthus autoportrait CP

L’exposition réunit 40 tableaux clé de toutes les phases
de sa carrière, des années 1920 aux années 1990.
À travers cette sélection, c’est pour ainsi dire la quintessence de
l’oeuvre de Balthus que découvre le visiteur, fruit d’une
carrière très longue qui n’aura pourtant produit que quelque
350 travaux.
Vidéo

Tout d’abord je vous propose d’écouter les 2 vidéos que j’ai
enregistrées, à la conférence de presse où
Madame  Setsuko Balthus (14 mn50)
raconte avec bonheur et humour, Balthus, son travail,
leur rencontre.
(7mn46)

Michiko Kono, Madame Setsuko Balthus, Sam Keller, Dr Raphaël Bouvier,

D’ascendance polonaise par son père, Erich Klossowski, historien d’art,
peintre et décorateur de théâtre, et russe par sa mère
Baladine Klossowska (mais tous deux ressortissants prussiens),
Balthasar Klossowski naît à Paris, un 29 février 1908 à Paris.
Sa famille, du fait de ses origines, se réfugie en Suisse lors de la
Première Guerre mondiale. Ses parents se séparent peu après et
Balthus passe son enfance avec son frère Pierre dans la région
de Genève, près de leur mère et bientôt de Rilke.

Balthus, le Roi des Chats -1935

A l’âge de 11 ans, le garçon publie son premier livre de dessins,
Mitsou, sous l’impulsion de ce mentor, lorsqu’il a quatorze ans.
Il signe le recueil du surnom de « Baltusz  » avec des textes de Rainer
Maria Rilke. C’est l’histoire d’un chat, le décor de sa vie de peintre
est planté.
Balthus n’aime pas parler peinture, il dit «  je suis un peintre dont
on ne sait rien, mais regardons mes peintures« .
Dans un geste modeste, il se dit artisan et non artiste, tout en adoptant
la posture et le statut de l’aristocrate intellectuel cultivant des
liens étroits avec de grands philosophes, écrivains, gens de théâtre
et cinéastes de son temps. C’est un peintre de la figuration.
Sa longue vie, qui a coïncidé avec la quasi-totalité
du 20ème siècle, a ainsi oscillé constamment entre ascèse
et mondanité.
Madeleine Malraux dit de lui :
«  sa peinture est douce, comme la musique
de Mozart », musicien préféré du peintre.
Il n’aime pas l’abstraction.
Suivons Jean Clair dans son analyse
Admirateur des peintres de la Renaissance, il réalise des copies
au Louvre de Poussin, Courbet Cézanne, Füssli.
Il est instruit par Bonnard, Derain lui prête son atelier où il
commence La Rue.
Ses amis sont Matisse, Picasso et Giacometti
A Florence il copie les maîtres italiens, Piero della Francesca,
Masaccio, Giotto. En examinant attentivement ses peintures
on y retrouve les compositions géométriques,  dans la Rue,
1933, il réalise
des emprunts spécifiques, comme les couvre-chefs,  des détails,
comme la diagonale de la croix, qu’il transpose dans le monde
contemporain. Les visages sortis des toiles de la Renaissance,
mais aussi empruntés aux bandes dessinées des  contes pour enfants
germaniques.(StruwelPeter). Il y a confusion très savante d’une
mémoire érudite de la grande peinture et de son enfance.

Balthus la Rue 1933

L’oeuvre majeure Passage du Commerce-Saint-André
(1952–1954
),

qui se trouve à la Fondation Beyeler depuis de nombreuses
années en tant que prêt permanent d’une importante collection
privée suisse, qui a été précédé par  la Rue, est une scène avec
un arrière fond historique. C’est ici que la guillotine a pour la
première fait une victime un agneau.
Puis on y voit la clé d’or, il y fait un mélange historique, onirique,
avec l’histoire et les récits de son enfance.

Balthus Passage du Commerce St André 1952 – 54

Les personnages sont figés comme sur une scène de théâtre,
le chien a une tête d’agneau ébouriffé. Le tableau condense de manière
particulièrement forte le souci intense du peintre de rendre visibles
les dimensions de l’espace et du temps et de révéler leur rapport
avec les figures et les objets – aspects fondamentaux de son art.
Artiste méticuleux – certains tableaux nécessitant plusieurs années
pour être achevés et après de nombreuses études préparatoires -,
Balthus est resté célèbre pour ses tableaux de jeunes filles nubiles,
souvent peintes dans des poses ambiguës, jouant sur l’idée
de l’innocence perdue à l’adolescence.

Balthus Thérèse rêvant (1938)

« Je vois les adolescentes comme un symbole.
Je ne pourrai jamais
peindre une femme.
La beauté de l’adolescente est plus intéressante.

L’adolescente incarne l’avenir, l’être avant qu’il ne se
transforme en
beauté parfaite. Une femme a déjà trouvé
sa place dans le monde,
une adolescente, non.
Le corps d’une femme est déjà complet.

Le mystère a disparu. »
L’artiste de la contradiction et du trouble, dont les oeuvres à la fois
sereines et fébriles font se rencontrer des contraires qui mêlent de
manière unique la réalité et le rêve, l’érotisme et la candeur,
l’objectivité et le mystère, le familier et l’étrange. Dans ce jeu de contrastes,
Balthus combine des motifs de la tradition artistique à des éléments
empruntés aux illustrations populaires de livres pour enfants
du 19ème siècle. Ses tableaux sont empreints d’ironie tant
implicite qu’explicite, réfléchissant et s’interrogeant par là
sur les possibilités et les impossibilités figuratives et esthétiques
de l’art du 20ème siècle.
Un portrait de femme adulte, dont il était éperdument amoureux,
la Bernoise Antoinette de Watteville qui lui opposait un refus,
mais qu’il a fini par épouser en première noce
et dont il s’est séparé, a donné le magnifique toile :
la Jupe Blanche 1937.

Balthus la Jupe Blanche 1937

Le Chat au miroir III, 1989–1994
Le chat et le miroir – deux motifs qui scandent toute son
oeuvre – se trouvent réunis dans Le Chat au miroir III.
Balthus n’a jamais renoncé à la peinture et a continué
de réaliser, jusqu’à un âge avancé, des tableaux
qui, avec leurs couleurs saturées, leurs étoffes tantôt
lourdes tantôt délicates et leurs motifs caractéristiques,
témoignent toujours aussi fortement de sa maestria.
Vêtue d’un costume d’un autre temps, la jeune fille est
assise sur un sofa recouvert de draps et de coussins.
Cette fois-ci, le miroir est tenu à la hauteur d’un chat,
mais ce dernier ne semble pas y prêter attention et
d’ailleurs, rien ne s’y reflète.

La Chambre turque, 1965/66
La Chambre turque fut peinte dans les années 1960,
alors que Balthus était directeur de l’Académie de France
à Rome, installée dans la Villa Médicis. Le tableau
surprend par sa riche ornementation aux réminiscences
orientales. Telle une odalisque étendue sur un divan de
la fameuse « chambre turque » de la Villa, une femme
gracile se prélasse en robe de chambre et se regarde dans
un miroir. Mais s’y contemple-t-elle vraiment ?
La seconde femme de Balthus, la peintre japonaise
Setsuko Ideta, sert de modèle pour ce tableau, dans
la pose traditionnelle de Vénus. La surface mate de
La Chambre turque – due à l’emploi de caséine et de
tempéra – rappelle beaucoup la peinture à fresque de
la Renaissance, que Balthus a pu étudier durant ses
nombreux séjours en Italie. En consacrant le plus clair
de son temps à la restauration du vieux palais romain
décati, Balthus a développé un goût prononcé pour
l’ornement. Les dallages opulents, les étoffes très
colorées aux motifs sophistiqués sont caractéristiques
de son oeuvre tardive.

Balthus la Chambre Turque 1965/66

Elle a raconté sa rencontre avec Balthus lors d’une visite à la Villa Medicis,
à l’âge de 20 ans, en temps qu’étudiante en art. Balthus lui a fait croire
qu’il avait 40 ans alors qu’il en avait 50 ans.
Elle conclue, que pour elle à ce moment là, elle n’y voyait pas de
différence !
Tous les dimanches, de 13 à 14 h
Lors de la visite de l’exposition, le musée recueille toutes vos questions
sur l’artiste et son oeuvre pour en débattre ensuite avec vous
directement devant les tableaux. « Balthus im Gespräch » : gratuit

Dans le Jardin d’hiver qui borde la salle 7, vous trouverez un
mur sur lequel apposer vos propres commentaires sur l’exposition.
Partagez votre avis sur Balthus avec nous !
Programme lié à l’exposition  à consulter sur le site de la Fondation
A noter le mercredi 31 octobre à 18 h 30 en français
Robert Kopp , professeur émérite de littérature française
moderne à l’Université de Bâle
Balthus entre Rilke Artaud et Jouve.
Balthus peintre de la lenteur (l’art est la matière- France culture)

Sommaire du mois de juin 2018

Art Basel 2018

02 juin 2018 : Zao Wou-Ki L’espace est silence
04 juin 2018 :
Fondation Fernet Branca – Collection David H.Brolliet
09 juin 2018 :
Utopia House | Rhin – Rhône, le retour
16 juin 2018 : Art Basel 2018
17 juin 2018 :
James Turrell. The Substance of Light
18 juin 2018 :
DAVID NASH « NATURE TO NATURE »
19 juin 2018 :
L’IMPERMANENCE , Fondation Fernet Branca
20 juin 2018 : Les artistes robots
23 juin 2018 :
Tsuguharu Foujita, un japonais à Paris
29 juin 2018 :
Ernesto Neto, GaiaMotherTree

Ernesto Neto, GaiaMotherTree

Du 30 juin au 29 juillet 2018, la Fondation Beyeler
présente dans la gare centrale de Zurich un projet de
l’artiste brésilien Ernesto Neto, né en 1964 à Rio de Janeiro.

« Il est important de ralentir, de respirer et d’aller en nous.
Dans notre quotidien fiévreux et compétitif,
nous avons rarement cette possibilité. Je veux permettre aux
visiteurs de se départir de leur peur et de se
concentrer sur eux-mêmes dans ce moment précis. Je veux
qu’ils prennent conscience de leur existence,
qu’ils sentent avec leurs mains, leur cerveau et leur coeur –
et qu’à partir de là, ils ressentent les autres et
la poésie d’être vivant! »

L’oeuvre monumentale GaiaMotherTree est
une sculpture arborescente polychrome, faite de bandes
de coton multicolores crochetées à la main, qui
s’étire jusqu’au plafond du hall de gare à 20 mètres
de hauteur. GaiaMotherTree, que les visiteurs
peuvent pénétrer et découvrir depuis l’intérieur,
constitue un lieu de rencontre, d’échange et de
méditation, qui accueille une programmation riche
et variée pour adultes et pour enfants comprenant
musique, méditations, ateliers, visites guidées de
l’oeuvre et conférences.

Ernesto Neto compte parmi les artistes contemporains
les plus éminents du Brésil. Son travail jouit d’une
grande reconnaissance, notamment suite à plusieurs
participations à la Biennale de Venise et expositions
dans des musées de premier plan à travers le monde.
Ses oeuvres sont présentes dans les collections du
Museum of Modern Art (MoMA) et du musée Solomon
R. Guggenheim à New York, de la Tate à Londres,
du Centre Pompidou à Paris et du Musée d’art
contemporain de Hara à Tokyo.
L’art de Neto est marqué à la fois par le néo-concrétisme
brésilien des années 1960, le minimalisme, l’art
conceptuel et l’arte povera.
Spiritualité, humanisme et écologie sont des aspects
déterminants de son travail. Depuis les années 1990,
ses oeuvres se distinguent par leurs matériaux et leurs
techniques artistiquement atypiques. Matières organiques
et formes biomorphes sont caractéristiques de ses
sculptures. La sensualité, la transparence et l’esprit de
communauté y jouent souvent un rôle majeur. Les
oeuvres peuvent être touchées, foulées, traversées
ou mises en mouvement, et mobilisent volontiers le sens
olfactif. Les visiteurs sont invités à se concentrer sur
leurs perceptions et à interagir avec l’oeuvre et leur
environnement.

Depuis 2013, Ernesto Neto collabore étroitement
avec les Huni Kuin, une communauté indigène de
l’Amazonie brésilienne proche de la frontière
péruvienne
.
Leur culture, leurs coutumes, leur langue, leur
savoir, leur artisanat, leur esthétique, leurs valeurs,
leur vision du monde et leur lien spirituel à la nature
ont bouleversé la conception artistique de Neto et sont
devenus des composantes essentielles de son art.
Les oeuvres qui résultent de cet échange artistique
et spirituel invitent à un temps d’arrêt et à la
contemplation intérieure, mais aussi à la discussion et
à l’affrontement collectif de thèmes tels la relation
de l’homme à la nature, les questions de durabilité ou
la sauvegarde et la diffusion des savoirs d’autres
cultures.
GaiaMotherTree est une oeuvre entièrement faite
main
.
Des bandes de coton ont été crochetées avec les
doigts et nouées en une gigantesque sculpture diaphane.
Sa forme rappelle celle d’un arbre dont la cime
touche le plafond du hall de la gare. Au pied de l’arbre
se trouve un grand espace où les visiteurs
peuvent s’attarder et s’installer sur des sièges disposés
en cercle. Des éléments en forme de gouttes
pendant du plafond sont remplis d’épices odorantes et
de semences.
A l’occasion de ce projet réalisé dans l’espace public,
des oeuvres de Neto sont également visibles à la
Fondation Beyeler. La salle centrale du musée présente
des sculptures historiques majeures des années
1980 et 1990, tandis que le parc accueille Altar
for a Plant de 2017.
Michiko Kono,
Associate Curator à la Fondation Beyeler
Parmi les projets réalisés dans l’espace public par la
Fondation Beyeler depuis sa création en 1997 avec
des oeuvres d’artistes tels Christo et Jeanne-Claude,
Louise Bourgeois, Jeff Koons et Jenny Holzer,
GaiaMotherTree d’Ernesto Neto occupe une place
particulièrement marquante. Il s’agit tant pour Ernesto
Neto que pour la Fondation Beyeler d’un projet ambitieux
et exigeant, dont la mise en oeuvre aura requis
quatre ans au total. La réalisation de GaiaMotherTree,
arbre gigantesque de 20 mètres de haut dont la
couronne occupe une surface de 40 x 28 mètres, a
nécessité 10 220 mètres linéaires d’étoffe de coton.
Cette étoffe a été découpée en bandes, qui ont ensuite
été teintées. Au cours de plusieurs semaines de
travail, 10 collaborateurs d’Ernesto Neto et 17 assistants
auxiliaires instruits par l’artiste ont crocheté ces
bandes avec les doigts et les ont nouées en une gigantesque
sculpture. Au total, la confection de
GaiaMotherTree a duré trois mois, et son transport par
bateau traversant l’Atlantique vers l’Europe quatre

semaines. Des contrepoids en forme de gouttes pendant
de l’arbre, qui donnent sa forme à l’oeuvre et la

stabilisent, sont remplis avec un total de 420 600 klgr
d’épices moulues : 140 kilogrammes de

curcuma, 140 kilogrammes de clous de girofle, 70
kilogrammes de cumin et 70 kilogrammes de poivre

noir. Le contrepoids central contient 70 kilogrammes
de semences. La mise en place de l’installation dans

son lieu d’exposition, le somptueux hall de la gare centrale
de Zurich réalisé il y a presque 150 ans, n’a

nécessité ni trou ni clou. Les contrepoids sont accrochés
aux poutres métalliques du plafond du hall de

gare. Au sol, 840 kilogrammes de terre lestent et ancrent
l’oeuvre. Ce jeu avec les lois physiques de la

pesanteur et cette quête d’équilibre sont caractéristiques
du travail artistique d’Ernesto Neto depuis ses

débuts dans les années 1980.
Avec GaiaMotherTree, Neto établit un lien avec l’histoire
de la création. D’une part, le titre de l’oeuvre

convoque la mythologie grecque. Gaia, la Terre personnifiée,
émerge du chaos, du début de toutes choses.

Elle est à la fois la déesse-mère qui donne la vie et
la déesse de la mort qui accueille les défunts. Neto

place la «Terre mère» au coeur même de sa sculpture :
sur le tapis qui se trouve à l’intérieur de

GaiaMotherTree figure une carte du monde dont
l’océan
Atlantique forme le centre. D’autre part, l’image

de l’arbre se réfère au récit biblique du jardin d’Éden
et à l’arbre de la connaissance. Les bancs de forme

serpentine répartis à l’intérieur de la sculpture et son tunnel
d’entrée évoquant une tête de serpent font

allusion à Adam et Ève et à la Chute. Ces références parallèles
à la cosmogonie mythologique et à la

Genèse de l’Ancien Testament témoignent de la conception
qu’a Ernesto Neto d’une universalité sous-tendant

toutes les traditions spirituelles.

Ernesto Neto s’engage contre la perte générale de
spiritualité qui gagne les civilisations dans lesquelles

triomphe la richesse matérielle. Il trouve un encouragement
dans le lien spirituel à la nature entretenu par

les Huni Kuin, communauté indigène de l’Amazonie brésilienne
qui a fortement influé sur sa pratique

artistique. Neto collabore étroitement avec eux depuis 2013
et l
eur culture, leurs coutumes, leur langue,
leur savoir, leur artisanat, leur esthétique, leurs valeurs et
leur vision du monde sont devenus des
composantes essentielles de son art. Pour les Huni Kuin,
la collectivité et le souci du bien commun jouent
un rôle décisif. De manière comparable, l’esprit de
communauté forme un trait distinctif de l’art d’Ernesto
Neto. Avec ses oeuvres qui mobilisent la vue, le toucher,
l’ouïe et l’odorat, il invite le spectateur à devenir
participant. L’oeuvre peut être touchée, foulée ou mise
en mouvement. Le spectateur est invité à se
concentrer sur ses perceptions et à interagir avec l’oeuvre
et son environnement. GaiaMotherTree propose
un lieu de rencontre, de rassemblement, de discussion, de
méditation et de répit. Neto a par ailleurs invité
le public à s’impliquer en amont en collectant des noyaux
de fruits : ajoutés à des semences de légumineuses telles
les fèves et les pois chiches, ils lestent la goutte tombante
centrale et servent de contrepoids, avant d’être distribués au
public et aux passants à la fin de l’exposition. Par l’utilisation de ces
semences en tant que symbole supplémentaire du cycle
de la vie, Neto pointe aussi la diffusion fulgurante
de semences transgéniques et ses conséquences inquiétantes
telles les répercussions sur l’environnement
et la santé, le danger d’une perte irréversible de semences
non génétiquement modifiées, la position de
monopole de grands groupes de l’industrie alimentaire
ou la menace de la biodiversité.

En rendant accessible au public l’intérieur de
GaiaMotherTree, Ernesto Neto crée un espace de
communauté qui permet un échange sur ces sujets.
Pendant le week-end d’ouverture se tiendra
l’Assembleia MotherTree, forum ouvert au public d’échange
interdisciplinaire et interculturel entre les
représentants des familles indigènes Huni Kuin,
Yawanawa et Tukano et des scientifiques, des chercheurs,
des activistes et des artistes du monde entier.
Le format de l’assembleia (terme portugais pour «assemblée
générale») puise ses racines dans la tradition des Huni Kuin,
mais fait aussi écho à la coutume suisse de la
Landsgemeinde. Pendant deux jours, les participants
se pencheront sur des thèmes touchant au
développement et à l’avenir de la planète Terre qui occupent
également une place centrale dans l’oeuvre
d’Ernesto Neto. Il s’agit d’éveiller une prise de conscience
collective des menaces auxquelles est exposé
l’environnement et de la manière d’y faire face.
Avec GaiaMotherTree, Neto s’empare de l’important motif
culturel de l’arbre. Symbole de grandeur, de
puissance, de longévité, de stabilité ou de fertilité, emblème
de sécurité ou de menace, l’arbre apparaît
dans toutes les cultures, dans les croyances populaires,
les contes, les mythes, la poésie, les écrits
religieux et philosophiques et la pensée mystique.
Il a été représenté dans d’innombrables oeuvres
artistiques, que ce soit en tant que quintessence du monde
naturel ou en tant qu’image symbolique.
En 1911, Gustav Klimt a réalisé dans la salle à manger du
Palais Stoclet à Bruxelles une frise en mosaïque
dont le motif principal est un arbre de vie.
La représentation stylisée de l’arbre a marqué une étape
importante de l’évolution de Piet Mondrian vers la peinture
non figurative et le constructivisme. En 1982,
dans le cadre de la Documenta à Kassel, Joseph Beuys
a planté le premier de ses 7000 chênes, lançant
ainsi son action d’inspiration écologique S
tadtverwaldung statt Stadtverwaltung
(«Reboiser les villes au lieu
de les administrer»).
Quant à Giuseppe Penone, il est connu

pour ses oeuvres dans lesquelles l’arbre, qu’il
qualifie de sculpture parfaite, forme la base de ses
réflexions
sur la sculpture.

Dans GaiaMotherTree se déploient des liens intéressants
entre la version artistique d’un arbre que propose
Ernesto Neto et son pendant botanique.
Colonia, oeuvre créée par Neto peu de temps après sa première
exposition personnelle en 1988 et exposée à la Fondation Beyeler
à Bâle en parallèle à la présentation de
GaiaMotherTree, est composée de bas de nylon fins et fragiles,
remplis de lourdes et dures billes de plomb
disponibles en tant que projectiles pour armes à feu.
Dans cette oeuvre, le féminin et le masculin se
rencontrent. Soulevé, le collant fait penser à un organe masculin;
au sol, son ouverture prend la forme d’une vulve. Ces principes formels
féminin-masculin et la fusion des deux sexes apparaissent dans
plusieurs oeuvres de Neto – une correspondance frappante
avec certains arbres tels les arbres fruitiers et
les magnolias, hermaphrodites dont les fleurs portent
des étamines mâles et des carpelles femelles.
La communication entre les arbres est un autre aspect
qui établit un lien entre GaiaMotherTree et le
monde des plantes. Cette communication fait l’objet de
recherches scientifiques, entre autres à la
University of British Columbia à Vancouver.
Il a été mis en évidence que le système racinaire des arbres
formait un réseau servant à échanger du carbone,
des nutriments et des informations. Ainsi, lorsqu’un
arbre est attaqué par des parasites, il utilise le système
racinaire pour envoyer des signaux aux autres
arbres afin que ceux-ci puissent se préparer à la menace
avec des anticorps adaptés. Lorsqu’un arbre est
affaibli, les autres lui transmettent des nutriments par
leurs racines. Les arbres les plus massifs et les plus
anciens sont les plus fortement interconnectés et
portent une attention toute particulière au bien-être de la
communauté des arbres. Les scientifiques leur ont donné
un nom éloquent : mother tree (arbre mère).
Notre civilisation n’accorde pas d’action intentionnelle
aux plantes, alors qu’il s’agit là pour les Huni Kuin
d’une évidence. Leurs chamanes se définissent entre autres
par leur capacité à communiquer avec les plantes.
L’utilisation de matériaux textiles est un aspect caractéristique
de l’oeuvre d’Ernesto Neto. Utilisant des
tissus initialement synthétiques, puis de plus en plus naturels,
il crée depuis ses débuts des sculptures aux
formes biomorphes dont les surfaces se démarquent par
leur fragilité, leur élasticité et leur transparence.
Au milieu des années 1990, il introduit dans son langage
formel des épices moulues odorantes et colorées.
Les épices – tout comme les textiles – évoquent une certaine
fragilité et une notion d’éphémère. Leurs arômes s’estompent
avec le temps et elles sont facilement emportées par les flux d’air.
Malgré la vulnérabilité de ses matériaux, pour Neto l’approche
tactile et corporelle à ses oeuvres est essentielle. Il
accorde ainsi au spectateur sa confiance et une grande part
de responsabilité. Avec des espaces immersifs
comme GaiaMotherTree, il lui offre par ailleurs un moment
de bien-être. Comme le dit l’artiste: «Take off
your shoes and feel free to walk in, lie down, take a
nap, dream. »


Biographie
Ernesto Neto
Ernesto Neto est né en 1964 à Rio de Janeiro.
De 1994 à 1997, il y fréquente l’Escola de Artes Visuais do
Parque Lage et suit des cours au Museu de Arte Moderna
do Rio de Janeiro. Dès 1988, une première
exposition personnelle lui est consacrée dans sa ville
natale à la Petite Galerie. En 1996, ses oeuvres sont
présentées pour la première fois à l’étranger. Aujourd’hui,
Ernesto Neto compte parmi les artistes
contemporains les plus éminents du Brésil.
Il a participé plusieurs fois à la Biennale de Venise et
fait l’objet de nombreuses expositions dans des musées
majeurs du monde entier.
L’art d’Ernesto Neto est marqué à la fois par le néo-concrétisme
brésilien des années 1960, le minimalisme,
l’art conceptuel et l’arte povera. Spiritualité, humanisme
et écologie sont des aspects déterminants de son
travail. Depuis les années 1990, ses oeuvres se distinguent
par leurs matériaux et leurs techniques
artistiquement atypiques. Les formes biomorphes et
les matières organiques sont caractéristiques de ses
sculptures. La sensualité, la transparence et l’esprit de
communauté y jouent souvent un rôle majeur. Les
oeuvres peuvent être touchées, foulées, traversées ou mises
en mouvement, et impliquent volontiers plusieurs
sens à la fois. Outre la vue et le toucher, l’utilisation
d’épices odorantes permet à l’artiste de mobiliser aussi le
sens olfactif. Les visiteurs sont invités à se concentrer
sur leurs perceptions et à entrer pleinement en contact
avec l’oeuvre et leur environnement. Il se crée ainsi une
nouvelle forme d’interaction qui sonde et redéfinit les
frontières entre l’oeuvre et le spectateur, l’organique et
l’artificiel, mais aussi entre les sphères naturelles,
spirituelles et sociales.

Neto crédit photo felipeschwager

Depuis 2013, Ernesto Neto collabore étroitement avec
les Huni Kuin, une communauté indigène de l’Amazonie
brésilienne proche de la frontière péruvienne. Leur culture
et leurs coutumes, leur savoir et leur lien à la nature
ont bouleversé la conception artistique de Neto et en sont
devenus des composantes essentielles. Les oeuvres
qui résultent de cet échange artistique et spirituel invitent
à un temps d’arrêt et à la contemplation intérieure,
mais aussi à la discussion et à l’affrontement collectif
de thèmes tels la relation de l’homme à la nature, les
questions de durabilité ou la sauvegarde et la diffusion
des savoirs d’autres cultures.
Manifestations, évènements ouverture à
trouver ici sous Fondation Beyeler

Bacon – Giacometti

Jusqu’au – 2 septembre 2018
C’est un face-à-face inattendu que présente la
Fondation Beyeler,

dans sa nouvelle exposition. Alberto Giacometti (1901–1966)
et Francis Bacon (1909–1992) qui ont marqué
l’art du XXe siècle d’une empreinte capitale. Cette exposition fait
dialoguer le travail des deux artistes. Aussi différentes qu’elles
puissent paraître à première vue, leurs œuvres offrent en effet de
surprenants points communs. Pour Bacon et Giacometti, la
figure humaine est le motif majeur de leur recherche artistique.
Ils s’intéressent l’un et l’autre au corps fragmenté et déformé.
Ils se vouent en outre, de façon quasi obsessionnelle et dans
une multitude de portraits, à la représentation de la personne
humaine dans son individualité.

Si Bacon et Giacometti se disent « réalistes », ils poussent
néanmoins l’abstraction de la figure humaine dans ses ultimes
limites.
Giacometti et Bacon travaillaient dans de tout petits ateliers,
incroyablement encombrés, au milieu d’un extraordinaire
désordre. Ces deux creusets où leur œuvre s’est élaborée ont été
spécialement reconstitués pour l’exposition, sous forme de
projections  multimédia en taille réelle, afin que les visiteurs
puissent s’immerger dans l’environnement où les deux artistes
ont œuvré.
L’exposition réunit une centaine de peintures et de sculptures
provenant de prestigieux musées d’Europe et des États-Unis,
ainsi que de plusieurs collections privées. Elle est organisée par la
Fondation Beyeler, en collaboration avec la
Fondation Giacometti à Paris, légataire universelle de la
veuve de l’artiste. La plupart des œuvres de Giacometti présentées
en proviennent. Plusieurs d’entre elles n’ont été que rarement
montrées jusqu’ici, quelques-unes le sont pour la première fois.
A noter plus particulièrement, une série de plâtres originaux
en provenance de la succession de Giacometti jamais encore dévoilés
au grand public, ainsi que quatre grands triptyques de Bacon

L’exposition est placée sous le commissariat de
Catherine Grenier, Michael Peppiatt et Ulf Küster.
Dès l’entrée le ton est donné, avec un vocabulaire commun,
l’ironie. Le portrait du pape Innocent X, hurlant, d’après
Velazquez,
voisine avec le nez en cage de Giacometti.
Pinocchio ou revolver, les deux présentés dans un espace
tridimensionnel.

Isabel Rawsthorne
Le peintre britannique et le sculpteur suisse se sont rencontrés
au début des années 1960 au travers d’une amie commune,
l’artiste Isabel Rawsthorne. En 1965, leur relation était déjà telle
que Bacon avait rendu visite à Giacometti à la Tate Gallery à
Londres, lorsque ce dernier y installait son exposition. Une série
de clichés du photographe anglais Graham Keen documente
cette rencontre, montrant les deux artistes en intense conversation.
Plus d’un demi-siècle plus tard, les deux artistes sont réunis à la
Fondation Beyeler et ce double portrait photographique ouvre
l’exposition.Les neuf salles thématiques de l’exposition présentent les oeuvres
de Giacometti et de Bacon côte à côte, faisant apparaître clairement
les différences mais aussi les points communs des deux artistes; leurs
particularités sont soulignées, ainsi les couleurs souvent vibrantes
de Bacon et le gris hautement différencié qui caractérise le travail
de Giacometti.

Bacon Art Instutit of Chicago

Toute leur vie, Giacometti et Bacon ont travaillé à la
représentation de figures dans l’espace, Giacometti
en sculpture et Bacon en peinture.
C’est à cet aspect de leur travail qu’est consacrée la salle suivante.
Giacometti a construit tout une série de structures,
dont La Cage (1950), exposée ici en version de plâtre et
en bronze. Deux autres constructions spatiales de Giacometti sont
présentées. La légendaire Boule suspendue (1930) est une des
sculptures surréalistes les plus célèbres; de construction
aussi simple que sa charge érotique est forte, elle a stimulé
l’imaginaire de générations d’amateurs d’art.
Giacometti la Boule Suspendue, Kunsthaus Zurich

 L’oeuvre la plus importante de Giacometti dans la salle 7
est la version de plâtre de l’iconique Homme qui marche II
de 1960
,
exposée avec la version de bronze de la collection Beyeler.

Alberto-Giacometti-Walking-Man-II-1960-plaster-188 50-x-29 10-x-111 20-cm-coll-Fondation-Giacometti-Paris-photo

Cette salle présente également une sélection de triptyques
saisissants de Francis Bacon et certains de ses tableaux
grand format. Tout comme Giacometti, Bacon semble avoir
joué avec l’idée de dynamiter les limites traditionnelles de l’image:
l’objectif était la représentation d’une dynamique, la transmission
d’un mouvement se déclarant au spectateur, sans égard pour
l’impossibilité d’un tel projet dans une oeuvre statique.
Parmi ces études de mouvement peintes se démarque tout
particulièrement le triptyque
Three Studies of Figures on Beds (1972),
en provenance de la
collection familiale Esther Grether.
Bacon se sert ici de flèches circulaires, au moyen desquelles il
souligne le sens du mouvement des trois groupes de figures
entremêlées.

L’échec continu de Giacometti était inscrit dans son processus
de travail. S’il n’avait pas sans cesse eu l’impression d’échouer,
il n’aurait peut-être pas eu l’élan de persévérer. Pour lui, le travail
semble avoir été en bonne partie aussi une quête de dépassement
personnel, comme s’il avait voulu se punir pour sa condition d’artiste.
C’est probablement aussi vrai de Bacon, même si dans ses images
l’agressivité semble se diriger principalement vers l’extérieur.


C’est dans le genre du portrait que se manifestent de la manière
la plus impressionnante les obsessions artistiques des deux hommes
et leur lutte autour de leur conception respective du réalisme.
Une série de sculptures de Giacometti – surtout des plâtres
originaux – fait face à des portraits de petit format de Bacon.
Ces derniers incluent quatre petits triptyques dont la forme
est inspirée de retables médiévaux, permettant à Bacon de
représenter ses modèles sous des facettes encore plus nombreuses
et de créer des effets de distanciation.
L’une des plus célèbres oeuvres tardives

de Giacometti, le plâtre original de Grande tête mince (1954),
en fait un portrait de son frère Diego, est également présentée ici;
à la fois plane et volumineuse, l’oeuvre se joue des notions de bi- et
de tridimensionnalité, et donc des principes de la peinture et de la
sculpture. Parmi les oeuvres de Bacon présentées dans cette
salle se trouve l’extraordinaire Self-Portrait (1987), oeuvre rarement
exposée issue d’une collection privée, où l’artiste semble étrangement
absent, perdu dans ses pensées.

Dans la salle suivante, le regard tombe en premier sur un groupe
de figures féminines sur pied de Giacometti, dont la plupart
appartiennent aux Femmes de Venise que l’artiste avait créée
pour la Biennale en 1956.
Elles attirent inexorablement l’attention par leur nature extrêmement
dense et concentrée: leurs surfaces rugueuses et fragmentées sont
difficiles à saisir, il en émerge une impression de calme dynamique.
Il en est de même et plus pour les figures conçues par Giacometti
au début des années 1960

L’avant-dernière salle de l’exposition a pour thème la coexistence
d’intensité, de passion et d’agressivité dans l’oeuvre des deux artistes.
Les profondes balafres infligées par Giacometti à ses bustes en plâtre
lors de ses attaques au couteau de modelage témoignent d’une grande
agressivité, dirigée peut-être contre le modèle, mais certainement
contre son travail artistique et donc contre lui-même, ainsi dans
le Buste d’Annette IV (1962). Des réflexions de même ordre
s’imposent à la contemplation des images de Bacon:
les corps semblent y avoir été déformés et les visages distordus
de manière impitoyable.
Il est étonnant de voir comment les deux artistes ont invalidé
dans leurs oeuvres les catégories esthétiques établies.
Bacon et Giacometti donnent à voir ici les faces sombres
de l’existence humaine.

Fondation Beyeler, Beyeler Museum
AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler:
tous les jours de 10h00 à 18h00, le mercredi jusqu’à 20h
gratuit pour les jeunes de – de 25 ans
Un programme associé à l’exposition est à consulter
ci-dessous
Un catalogue allemand/anglais avec un tiré à part en français
est en vente à la boutique du musée et par correspondance

 

Georg Baselitz – Travaux sur papier

Trois raisons de prendre la direction de Bâle :
la rétrospective :
Baselitz, à la Fondation Beyeler,
en parallèle, l’exposition Georg Baselitz – Travaux sur papier,
au Kunstmuseum de Bâle, à l’occasion des 80 ans de l’artiste.
Deux raisons de venir au Kunstmuseum, la première citée ci-dessus
la deuxième la présentation originale des Shorts Stories
au Kunstmuseum de Bâle.
Une autre façon de présenter une exposition,
à l’instar de la Staatliche Kunsthalle de Karlsruhe :
CÉZANNE – Métamorphoses, avec l’objectif d’éclairer
sous un jour nouveau les aspects, d’une collection ou
l’oeuvre d’un artiste.

Georg Baselitz – Travaux sur papier

Le Kunstmuseum Basel rend hommage à l’une des figures
majeures de l’art allemand d’après-guerre. Il donne un aperçu
représentatif des dessins et des travaux sur papier en couleur
conservés au Kupferstichkabinett.
Baselitz
étudie la peinture aux académies de Berlin-Est
et Berlin-Ouest. Son inclination pour une peinture figurative
particulièrement expressive et réaliste fut perçue comme
une provocation dans le contexte de l’art ouest-allemand
d’après-guerre dominé par l’abstraction.

Baselitz, Pandämonium détail

Le milieu des années 1960 marque le début de la carrière
fulgurante de Baselitz : il réalise des tableaux qui font scandale
et rédige des « manifestes pandémoniques » hallucinants.
Il se met en scène et fait apparaître de « nouveaux héros ».
(Helden)
En 1963 sa première exposition personnelle à la galerie
Werner & Katz à Berlin fait scandale du jour au lendemain.
Parmi les oeuvres exposées, Die große Nacht im Eimer
[La Grande Nuit foutue (?)] (1962-63) et Der nackte Mann
[L’Homme nu] (1962) sont saisies par un huissier.
Le procès qui s’ensuit se poursuivra jusqu’en 1965 et
se clôturera par la restitution des tableaux.
Baselitz, Aufersthung

« Je n’ai pas à m’excuser, c’est chez moi une idée
fixe. Les pieds sont une idée fixe. Certaines cochonneries
bien précises sont une idée fixe. Les héros sont
une idée fixe. Il y a des fixations sur des choses dont
je suis incapable de me défaire. Hier j’ai peint toute
une série de pieds. On peut de nouveau en donner la
même explication philosophique : le contact avec le
bas est plus important que l’antenne sur le toit ».
Baselitz; Elke

Ce protocole culmine en 1969 lorsqu’il entreprend
de renverser ses tableaux pour leur ôter toute substance
normative. Face aux oeuvres inversées, le spectateur
est immédiatement confronté à la couleur et à la forme
sans être happé par le contenu pictural et sans être
contraint de renoncer aux motifs figuratifs.
Oeuvres anciennes et nouvelles

Les oeuvres sur papier de Baselitz mettent en
lumière ce processus et illustrent la manière dont
il développe ses idées avec intuition et aisance.
Une démarche libérée, pleine d’une tranquille
assurance caractérise ses travaux les plus récents
qui témoignent de sa réflexion sur l’impermanence
tout en posant un regard sur son oeuvre abondante
et protéiforme. Ils reprennent également des thèmes
iconographiques majeurs ainsi que des références
déterminantes comme Marcel Duchamp.
Baselitz, Marcel Duchamp

Depuis 1970, le Kunstmuseum Basel entretient une
longue amitié avec l’artiste. Dieter Koepplin,
directeur du Kupferstichkabinett, organisa la
première exposition des dessins de Baselitz qui lança
la carrière de l’artiste alors tout juste âgé de 32 ans.
Suite à cette exposition, 25 feuilles entrèrent dans la
collection. Dans les années 1980, la rétrospective
Georg Baselitz. Dessins 1958–1983 permet
d’enrichir le fonds grâce à des oeuvres de premier rang.
Ces acquisitions et les suivantes sont bientôt complétées
de dons généreux de la part de l’artiste.
Aujourd’hui, Georg Baselitz est présent dans les
collections du Kupferstichkabinett à travers un admirable
ensemble riche de 152 dessins et aquarelles.
L’exposition présente 88 de ces oeuvres aux côtés
de 15 prêts d’oeuvres récentes en possession de l’artiste.
Jusqu’au 29 avril 2018, Kunstmuseum Basel | Neubau
Commissaire : Anita Haldemann
L’exposition bénéficie du soutien de :
IWB Industrielle Werke Basel
Isaac Dreyfus-Bernheim Stiftung
Tram n° 1 ou 2 depuis la gare SBB
Tram 1 ou 2 arrêt messeplatz puis 6
pour la Fondation Beyeler (arrêt)