Cuno Amiet
Premiers portraits d’enfants

Cono-Amiet-Die-gelben-Madchen-1931

Jusqu’au 27.03.2022, au Kunstmuseum Basel | Hauptbau
Commissaire : Henriette Mentha
À l’occasion de l’acquisition de Studie zu Zwei Mädchenakte par la Fondation Im Obersteg, le Kunstmuseum Basel consacre une exposition centrée sur les portraits d’enfants de l’artiste suisse Cuno Amiet (1868-1961).
Autour de 1900, Cuno Amiet comptait parmi les artistes suisses les plus influents. Cela explique qu’il soit aujourd’hui représenté dans de nombreuses collections d’art suisses. La Collection Im Obersteg abritée au Kunstmuseum Basel ne fait pas exception. En 2020, Studie zu Zwei Mädchenakte (1910) est venue enrichir le groupement d’oeuvres d’Amiet déjà présent au sein de la collection.

Cuno Amiet; Studie zu « Zwei Mädchenakte »; 1910

Amiet a exécuté certains de ses tableaux d’enfants lorsqu’il était membre du groupe d’artistes expressionnistes « Die Brücke ». Ces oeuvres témoignent du rapprochement de l’artiste suisse avec ses collègues allemands autant que de son indépendance. L’attention portée par les expressionnistes à la provocation et au drame des relations humaines n’intéresse pas Amiet. Une autre divergence concerne son atelier comparable, à première vue seulement, à ceux de ses camarades de « Die Brücke » qui s’apparentent plutôt à des lieux scéniques. Amiet privilégie sa propriété comme sujet de ses tableaux en représentant sa maison, son jardin fleuri et son verger, ainsi que le paysage aux alentours du village bernois d’Oschwand en Haute-Argovie au fil des saisons.


Dans ce cadre privé, il peint également ses proches, en particulier sa femme. Dans un premier temps, Amiet associe souvent les enfants aux fleurs ou à la nature, tels des emblèmes de l’unité de l’homme et de la nature. Ce n’est qu’après 1907 qu’il déplace les scènes à l’intérieur de son atelier et transpose ce contenu allégorique dans le quotidien.
La peinture acquise par la Fondation Im Obersteg illustre bien cette évolution. L’exposition la présente aux côtés d’autres portraits d’enfants d’Amiet et d’une sélection d’oeuvres des artistes de « Die Brücke ».

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
Postfach, CH-4010 Basel
T +41 61 206 62 62
kunstmuseumbasel.ch

Louise Bourgeois x Jenny Holzer The Violence of Handwriting Across a Page

Destruction of the Father (1974)

Jusqu’au 15 mai 2022, au Kunstmuseum Basel | Neubau et Hauptbau
Commissariat assuré par Jenny Holzer et Anita Haldemann

Jenny Holzer (* 1950) compte parmi les artistes majeures de sa génération. Pour le Kunstmuseum Basel, elle conçoit une exposition avec des travaux de Louise Bourgeois (1911–2010), l’une des artistes les plus influentes des 20e et 21e siècles. À travers la rencontre inédite de deux grandes dames de l’art américain, l’oeuvre de Louise Bourgeois est présentée à partir de la perspective de Jenny Holzer.

L’amitié

L’amitié entre Bourgeois et Holzer constitue le fondement de cet ambitieux projet qui est bien plus qu’un simple hommage de la plus jeune artiste à son aînée. Bien que leurs intentions artistiques soient, à première vue, foncièrement différentes, des parallèles apparaissent chez ces deux artistes femmes dans l’emploi du langage, en particulier du mot écrit. Ceux-ci sous-tendent l’interprétation à la fois perspicace et empathique que propose Holzer des oeuvres de Bourgeois, ainsi que sa vision très originale de l’oeuvre de son amie. Le Kunstmuseum Basel a accordé une liberté totale à Jenny Holzer pour la réalisation de cette extraordinaire exposition ainsi que du livre d’artiste qui l’accompagne.

L’importance du langage

Depuis le début des années 1980, Jenny Holzer jouit d’une notoriété mondiale à travers son utilisation subversive et provocante du langage dans l’espace public. Elle s’appuie sur une large palette de médiums et de formats, allant de tee-shirts à des panneaux, en passant par des projections à grande échelle et des camions dotés de lettres lumineuses LED. Ses travaux analysent et interrogent les rapports de force qui prévalent en politique, dans les rôles de genre, la vie professionnelle et au sein de la société.
À travers une pratique artistique protéiforme qui se distingue par une grande inventivité, Louise Bourgeois sonde les profondeurs du paysage de son âme. Son oeuvre hétérogène s’intéresse à diverses émotions humaines : l’amour, le désir, la dépendance, la sexualité, le rejet, la jalousie, la perte et l’abandon. Pour l’artiste, l’écriture relevait presque d’une obsession. Ses abondantes archives comprennent des journaux intimes et des lettres qu’elle conserva durant plusieurs décennies, ainsi que des centaines de notes prises sur des feuilles volantes lors de la psychanalyse qu’elle commença à la mort de son père en 1951.

L’écriture

L’écriture jouait un rôle important dans le processus de création de Louise Bourgeois. Tout comme à travers ses oeuvres, elle y trouvait une expression à ses traumatismes et parvenait parfois à les surmonter. L’acte d’écrire lui permettait d’exprimer consciemment des émotions et des impulsions pour certaines inconscientes. Dans son travail artistique, Bourgeois employait le mot écrit sous diverses formes : brodé sur des matières textiles à l’instar de sous-vêtements et de mouchoirs, gravé dans des plaques de plomb, écrit sur des gravures, ou encore intégré à certaines de ses installations connues sous le nom de Cell (« cellule »). Dans nombre de travaux plus tardifs, Bourgeois eut recours à d’anciens journaux intimes et à d’autres écrits. Ainsi, elle mêla non seulement l’image et le mot écrit, mais aussi le passé et le présent.

L’exposition

Pour l’exposition Louise Bourgeois x Jenny Holzer, Holzer a regroupé des oeuvres de Bourgeois de manière thématique au sein de neuf salles du Kunstmuseum Basel | Neubau. La présentation suit une logique intuitive et poétique. Chaque salle est autonome et possède sa propre identité. Dans le même temps, l’exposition toute entière déploie un récit dense et complexe autour de réminiscences, des cinq sens, de paysages, de l’inconscient, de la sexualité, de la maternité, des traumatismes et de la créativité.

Au-delà du Neubau

L’approche de Jenny Holzer se caractérise par la désagrégation de l’espace d’exposition conventionnel. Ainsi, elle met en scène des interventions artistiques dans d’autres endroits du Kunstmuseum Basel, à l’instar de Twosome (1991), travail de Louise Bourgeois rarement présenté au public, qui occupe le passage souterrain reliant les bâtiments du Neubau et du Hauptbau. Cette installation mécanique monumentale, semblable à un camion-citerne se déplaçant sur des rails d’avant en arrière, représente les oscillations dynamiques entre différents pôles : masculinité et féminité, attraction et répulsion, union et séparation, mère et enfant.


Twosome constitue une transition parfaite vers le Hauptbau où Holzer fait dialoguer les sculptures de Bourgeois avec des chefs-d’oeuvre de la collection du musée, afin de souligner les analogies et les différences entre l’art ancien et contemporain, tout en mettant en évidence la place qu’occupe Louise Bourgeois dans l’histoire de l’art.

Livre d’artiste

Jenny Holzer approfondit son étude de l’oeuvre de Louise Bourgeois dans un livre d’artiste. Elle y entremêle l’art et les écrits de Bourgeois en une délicate histoire sous forme de compositions souvent rognées de manière radicale, disposées par paires, en pleine page.  De temps à autre, elle situe Bourgeois dans l’histoire de l’art en associant des images de ses oeuvres à des reproductions de chefs-d’oeuvre de la collection du Kunstmuseum ayant fait l’objet d’un traitement semblable. Il en résulte des mises en regard inattendues, à première vue insensées, qui suscitent la réflexion. Ce livre d’artiste à nul autre pareil paraît en collaboration avec JRP | Editions.

                                                     Louise Bourgeois autoportrait

En lien avec cet ouvrage, le Kunstmuseum Basel présente une sélection de travaux sur papier provenant du Kupferstichkabinett au sein des deux cabinets d’art graphique situés au premier étage du Hauptbau.

Frise LED, application de RA et projections urbaines

Pour concevoir la frise lumineuse LED projetée sur la façade du Neubau, Jenny Holzer a remanié des fragments issus d’écrits de Bourgeois. En outre, elle a développé une application de réalité augmentée, en collaboration avec l’agence digitale Holition (Londres), qui transforme l’oeuvre emblématique de Bourgeois Destruction of the Father (1974) présentée dans le Neubau en une expérience inoubliable pour les sens. À l’aide de cette application, les visiteur.euse.s peuvent également emporter des mots choisis de Louise Bourgeois partout avec eux.

Destruction of the Father (1974)

Enfin, durant la première semaine de l’exposition, des extraits d’écrits de Bourgeois seront projetés sur les façades de bâtiments publics dans toute la ville de Bâle.

LOUISE BOURGEOIS XX Augmented Reality App

Holzer a développé une application de réalité augmentée avec Holition, un studio d’innovation créative primé basé à Londres, qui transforme l’œuvre pivot de Bourgeois, The Destruction of the Father (1974), exposée au Kunstmuseum Basel | Neubau, en une expérience immersive et multisensorielle.

L’application permettra également aux utilisateurs de voir les mots de Bourgeois flotter autour d’eux où qu’ils aillent, et de créer et partager leurs propres images en réalité virtuelle.

L’application peut être téléchargée gratuitement sur l’App Store (iphone) et le Google Play Store (android).

Brochure de salle

A découvrir ci-dessous

Si vous prenez les ascenseurs vous entendrez la voix enfantine de Louise
Bourgeois chanter.
Une exposition très riche

Party for Öyvind. Öyvind Fahlström & Friends

Fahlstrom The Cold War 1965

Au musée Tinguely jusqu’au 1er mai 2022
Les commissaires de l’exposition sont Barbro Schultz-Lundestam et Gunnar Lundestam.

Avec Party for Öyvind, le Musée Tinguely consacre une grande exposition à Öyvind Fahlström, artiste aux multiples talents. Fahlström (1928-1976) a créé, au cours de sa brève carrière artistique, à tous points de vue « explosive ». À partir du début des années 1950, il a su établir un réseau international d’artistes, présent dans l’exposition,  avec plus de 80 noms des arts plastiques, de la poésie, du théâtre, de la littérature, de la musique, de la danse et du cinéma. Cette exposition permet de refléter la grande diversité d’expressions
 des artistes qui ont inspiré le Suédois ou ont été inspirés par lui.
Les liens, discours et développements créatifs, les relations personnelles et inspirations réciproques sont à revivre dans cette exposition
exceptionnelle jusqu’au 1er mai 2022. Le travail de Fahlström a été marqué
par une atmosphère de renouveau où une jeune génération explore de nouvelles voies, en politique, dans la société et les rapports personnels, s’opposant à la politique coloniale et patriarcale de la génération avant elle. Fahlström et ses ami.e.s ont fait d’une avant-garde, dont la recherche de ce monde nouveau
était au coeur de leurs réflexions, de leurs actions et de leurs créations artistiques.

Le titre de l’exposition

Le titre de l’exposition reprend le carton d’invitation envoyé par Patty et
Claes Oldenbourg, pour une fête organisée à l’occasion de l’anniversaire de
Öyvind Fahlström
et de sa première exposition personnelle à la légendaire Sidney Janis Gallery de New York en 1967.
Cette fête immense réunit alors
plusieurs centaines d’invités,
dont plusieurs sont également
représentés dans l’exposition.

Biographie

UNSPECIFIED – CIRCA 1900: Swedish Visual Artist. He Made « Peintures Variables ». The Components Evolve On Magnetic Base Or Float On Water. They Can Be Interpreted In Many Ways By The Public.\\Rapho Agency Has Not Obtained Authorization From The Rightful Owners/Beneficiaries And E (Photo by Jean-Philippe CHARBONNIER/Gamma-Rapho/Getty Images)

Fahlström est né en 1928 à São Paulo, au Brésil, de parents scandinaves. En juillet 1939, à l’âge de 10 ans, il part pour Stockholm où il rend visite à sa famille pendant six mois. Le début de la Seconde Guerre mondiale, l’empêche de repartir, si bien que Fahlström  passera le reste de son enfance et de son adolescence chez une tante à Stockholm. Après la guerre, il étudie l’histoire de l’art et de l’archéologie à Stockholm et à Rome, où il vit à partir de 1952. Il s’immerge rapidement dans le milieu artistique , crée ses premières oeuvres   et se lie d’amitié avec des artistes comme le peintre Giuseppe Capogrossi, dont l’utilisation des signes et des symboles, est pour le jeune suédois, une source d’inspiration majeure.
Correspondant de journaux suédois, Fahlström écrit des articles sur Rome, notamment sur Cy Twombly et Robert Matta.

Dès le début, Fahlström entretient avec le Moderna Museet (inauguré en 1959) une relation étroite qui débouchera sur de nombreux projets pluri-
disciplinaires et fera de lui plus tard, l’un des ambassadeurs des musées des
Etats – Unis. Suivent ses premières expositions internationales, notamment en 1958 à la galerie Daniel Cordier à Paris, où Fahlström noue des liens avec Jean – Jacques Lebel et Alain Jouffroy, les organisateurs d’Anti – Procès (1,1960)
mouvement d’artistes contre la politique française en Algérie et contre l’Apartheid en Afrique du Sud, dont Fahlström signe lui aussi le manifeste.

Les Etats Unis

En 1961, titulaire d’une bourse, Fahlström se rend pour un an aux États-Unis avec sa partenaire Barbro Östlihn, qu’il a épousée en 1960 et avec laquelle il collabore intensément.

Öyvind Fahlström, Section of World Map – A Puzzle, 1973

Billy Klüver, ingénieur suédois au service des Bell Laboratories et fondateur de l’E.A.T. (Experiments in Art and Technology, institution soutenant de nombreux artistes dans la réalisation technique de leurs œuvres), introduit les nouveaux arrivants dans le milieu artistique new-yorkais. Leurs premiers amis sont alors Patty et Claes Oldenburg. Fahlström peut reprendre l’atelier de Robert Rauschenberg et devient ainsi le voisin de Jasper Johns.
Il se retrouve au cœur d’une fulgurante évolution américaine, et assiste à la montée du pop art et du happening. Une fois l’année de bourse écoulée, Barbro et Öyvind restent à NewYork, où ils feront partie de la scène artistique locale jusqu’à la mort de l’artiste en 1976.

HON

Même vivant à New York, les contacts avec la Suède ne se sont jamais interrompus. En 1966, Fahlström représente son pays à la Biennale de Venise, raison sans doute pour laquelle il n’a pas pu participer à HON, l’immense sculpture féminine que Niki de Saint Phalle a installée en 1966 au Moderna Museet avec Jean Tinguely et Per Olof Ultvedt.
Fahlström et Tinguely s’étaient connus en 1955 à Stockholm lors de sa première exposition en Suède. Öyvind et Niki se sont rencontrés à Stockholm en mai 1961 dans le cadre de l’exposition Rörelse i Konsten, et un an plus tard tous les trois se retrouvent ensemble lors de leur participation commune à la mise en scène de The Construction of Boston par Kenneth Koch. Également poète, Fahlström publie le tout premier Manifeste pour la poésie concrète en 1953. Il écrit des pièces de théâtre, prend part à des performances et des happenings ainsi qu’à des réalisations théâtrales, et il crée, en étroite collaboration avec sa
femme, une œuvre artistique faite de peintures, d’innombrables dessins et d’imposantes installations, à mi-chemin entre la peinture et la bande dessinée, et dans laquelle il aborde les questions politiques, sociales et sociétales de son époque.

Öyvind Fahlström, Analogies du Capricorne : grottes, échelles, cloches,
1960

Party for Öyvind est le reflet d’une époque marquée par les défis de l’après-guerre, mais proposant également des possibilités et ouvertures à la fois uniques, inédites et ludiques : toute une jeune génération tente alors d’en finir avec l’ancien, de trouver son propre mode de vie et de mettre au centre la joie de vivre et l’espoir en l’avenir, le droit à sa propre identité, la sexualité et l’expression artistique, la musique, la littérature et la poésie.

Les artistes

Wiveka Wachtmeister, The Druds, 2020L’exposition réunit de nombreux artistes parmi les plus influents des années 1950-1970:
Alexander Calder, Andy Warhol, Barbro Östlihn, Carl Johan De Geer, Christer
Strömholm, Claes Oldenburg, Cy Twombly, Dennis Hopper, Ernest Cole, Faith Ringgold, Gunilla Palmstierna-Weiss, Jean Tinguely, John Cage, Kiki Kogelnik, Lee Bontecou, Lena Svedberg, Marie-Louise Ekman, Marisol, Merce Cunningham, Mimi Gross, Niki de Saint Phalle, Patty Oldenburg, Peter Weiss, Robert Rauschenberg et Roy Lichtenstein.
Et, bien sûr, Fahlström lui-même. Au total, à peu près autant de femmes que d’hommes.
Après une première étape au Sven-Harrys konstmuseum de Stockholm, elle a été élargie pour Bâle, où elle est montée par Andres Pardey et Tabea Panizzi. Elle sera présentée au Kunstverein de Hambourg à l’été 2022.

                                                Wiveka Wachtmeister, The Druds, 2020

Informations pratiques Musée Tinguely :

Titre de l’exposition : Party for Öyvind. Öyvind Fahlström & Friends
Adresse : Musée Tinguely | Paul Sacher-Anlage 1 | 4002 Bâle
Opening Day : Mardi 15 février 2022 de 11h à 20h
Durée : 16 février – 1er mai 2022
Heures d’ouverture : mardi – dimanche, tous les jours 11h-18h
Sites Internet : www.tinguely.ch
Réseaux sociaux : @museumtinguely | #museumtinguely | #partyforoeyvind | #oeyvindfahlstroem

Accès
Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF :
tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz »,
puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ». 
Gare allemande (Bad. Bahnhof) : bus no. 36.
Autoroute: sortie « Basel Wettstein/ Ost ».

La Fondation Beyeler fête ses 25 ans

La Fondation Beyeler pour ses 25 ans montre, la première présentation d’oeuvres de la Collection de la Fondation Beyeler, cette année, qui s’intéresse à l’interaction entre figuration et abstraction dans l’art moderne. Elle se propose d’éclairer et d’illustrer à travers plus de 70 peintures et sculptures significatives de l’impressionnisme, de la modernité classique et de l’art contemporain.

Passages – Paysage, figure et abstraction

Monet

Le passage de la figuration à l’abstraction est notamment illustré par différentes représentations de paysages et de personnages. Ainsi, les éléments abstraits prennent souvent leur source dans des motifs naturels, qui se trouvent soumis à un processus de réduction et de transformation. Mais il arrive également, à l’inverse, que des formes et des structures abstraites donnent naissance à des représentations d’objets. Ainsi, l’abstraction et la figuration peuvent constamment s’entremêler et se revitaliser mutuellement. C’est ce qu’illustre l’exemple de la célèbre série des Nymphéas de Claude Monet, née au début du XXe siècle, et qui, dans les années 1950, inspira des compositions radicalement novatrices aux artistes américains de l’expressionnisme abstrait. Sous l’invocation du « passage », la présentation rassemble ainsi des oeuvres qui permettent de reconstituer les liens entre deux conceptions opposées et en même temps complémentaires de l’image. Mais c’est aussi sur le plan des thèmes traités qu’il est possible d’identifier l’idée de « passage », au sens de la transition et de la traversée.

Gerhard Richter & Agnès Martin

Gerhardt Richter

Parmi les créateurs représentés dans cette exposition, Gerhard Richter (né en 1932) occupe une position éminente. Pour le 90ème anniversaire de l’artiste, la Fondation consacre une salle — réunissant des
pièces de la Collection Beyeler, mais aussi des oeuvres prêtées — à la vaste production de ce grand contemporain, qui illustre d’une manière frappante l’interaction artistique de la figuration et de l’abstraction.

Agnès Martin

Les prêts généreusement consentis par la Collection Daros ont permis de réserver une autre salle à l’artiste américaine Agnes Martin (1912–2004) et aux compositions caractéristiques de sa manière géométrique et abstraite.
L’exposition « Passages – Paysage, figure et abstraction » a été conçue par Raphaël Bouvier, commissaire de la Fondation Beyeler.

Liste des artistes exposés

Lucas Arruda – Francis Bacon – Paul Gauguin – Alberto Giacometti
Claude Monet – Barnett Newman – Balthus -Vincent van Gogh -Pablo Picasso
Constantin Brancusi – Ferdinand Hodler- Jackson Pollock – Georges Braque
Wassily Kandinsky – Gerhard Richter – Alexander Calder – Ellsworth Kelly
Auguste Rodin – Paul Cézanne – Agnes Martin – Mark Rothko – Max Ernst
Sam Francis – Joan Miró- Joan Mitchell – Henri Rousseau

La Fondation Beyeler célèbre ses 25 années d’existence en 2022. Le musée d’art à Riehen près de Bâle est réputé à l’international pour ses expositions de grande qualité, sa collection de premier plan d’art moderne classique et d’art contemporain, ainsi que son ambitieux programme de manifestations. Conçu par Renzo Piano, le bâtiment du musée est situé dans le cadre idyllique du parc avec ses arbres vénérables et ses bassins de nymphéas. La Fondation Beyeler bénéficie d’une situation unique, au coeur d’une zone récréative de proximité avec vue sur des champs, des pâturages et des vignes, proche des contreforts de la Forêt-Noire. La Beyeler-Stiftung prévoit avec l’architecte suisse Peter Zumthor une extension dans le parc adjacent, renforçant ainsi encore l’alliance harmonieuse entre art, architecture et nature.

Programme 2022

En 2022, le programme des expositions de la Fondation Beyeler sera placé sous le signe de son 25ème anniversaire. Il s’ouvre sur la grande rétrospective consacrée à Georgia O’Keeffe, suivie par l’exposition d’été « Mondrian Evolution ». À l’automne, la Fondation Beyeler présentera l’exposition la plus complète à ce jour d’oeuvres de sa collection, accompagnée d’une riche programmation.
Pour plus d’informations : www.fondationbeyeler.ch/fr/25ans

La Fondation Beyeler est ouverte tous les jours de 10.00 à 18.00 h, le mercredi jusqu’à 20.00 h

« Georgia O’Keeffe », une artiste d’exeption, à la Fondation Beyeler

Après avoir été montrée au centre Pompidou de Paris l’exposition est visible à Bâle jusqu’au 22 mai 2022

« Chanter a toujours été pour moi le moyen d’expression parfait. C’est tellement spontané. Comme je ne sais pas chanter, je peins. »

Georgia O’Keeffe

La Fondation Beyeler consacre la première exposition de son année anniversaire à Georgia O’Keeffe (1887–1986), l’une des peintres les plus importantes et figure emblématique de l’art moderne américain.
Réunissant 85 oeuvres de collections publiques et privées, principalement en provenance des États-Unis, « Georgia O’Keeffe » propose un aperçu représentatif de l’oeuvre aussi multiple que surprenant de cette artiste d’exception. La rétrospective offre une rare occasion au public européen de découvrir dans une telle profondeur l’oeuvre de Georgia O’Keeffe, très peu représenté dans des collections hors des États-Unis.

Un langage visuel propre

L’exposition à la Fondation Beyeler met en lumière la manière si singulière de O’Keeffe de contempler son environnement et de traduire ses perceptions en images inédites de la réalité – parfois presque abstraites, parfois proches de leur modèle naturel.

« On prend rarement le temps de voir vraiment une fleur. Je l’ai
peinte assez grande pour que d’autres voient ce que je vois. »

louisiana 014

Cette citation de 1926 peut servir de fil conducteur à l’exploration de l’art et de la vie de l’artiste. O’Keeffe a développé un langage visuel propre, oscillant entre abstraction et figuration, d’une actualité exceptionnelle non démentie à ce jour. La combinaison de son regard particulier et de son approche délicate et respectueuse du monde naturel fait de Georgia O’Keeffe la peintre de paysages et de la nature la plus importante et la plus passionnante du 20ème siècle.

Le soutien de Stieglitz

O’KEEFFE, Georgia_Nueva York con luna, 1925_(CTB.1981.76)

À partir de 1918, Georgia O’Keeffe passe des années décisives de son évolution artistique dans la métropole de New York, au coeur du cercle étroit alors très en vogue et hautement influent réuni autour d’Alfred Stieglitz, photographe, galeriste et promoteur de l’art moderne. Sa galerie opère très tôt comme
lieu de présentation et de discussion de l’avant-garde européenne ; c’est aussi un endroit où la jeune création artistique et photographique américaine trouve stimulation et soutien. O’Keeffe doit sa reconnaissance précoce et la carrière qui s’ensuit au soutien de Stieglitz, son futur époux, et à son association plusieurs décennies durant à la scène artistique new-yorkaise. Cependant, la vie urbaine ne laisse que peu de traces visibles dans sa production artistique.

La nature

O’Keeffe grandit à la ferme laitière de ses parents dans le Wisconsin, dans le Midwest américain. Les étapes décisives de son développement artistique se déroulent à Charlottesville, Virginia, puis à Canyon, Texas, où elle occupe de 1916 à 1918 un poste de professeure d’art. Après son déménagement à New
York, des séjours réguliers dans différents endroits continuent à rythmer sa vie d’artiste. Pendant de nombreuses années, ce sont des séjours l’été dans la résidence secondaire de la famille Stieglitz sur le lac George dans l’État de New York, où elle puise l’inspiration pour une grande partie de son travail de
l’époque. En 1929, O’Keeffe passe pour la première fois plusieurs semaines au Nouveau-Mexique dans le sud-ouest des États-Unis, où elle retourne chaque année, toujours seule, et où elle s’installe définitivement après la mort de Stieglitz.

Le parcours

L’exposition commence par les premiers travaux de O’Keeffe, réalisés en parallèle à son activité d’enseignante en Virginie et au Texas. Des dessins au fusain comme Early Abstraction, 1915, et No. 14 Special, 1916, sont présentés à côté d’une sélection d’aquarelles de petit format d’une grande intensité
chromatique et lumineuse. Red Landscape, 1916/17, avec son ciel nocturne éclairé par une explosion spectaculaire qui baigne les collines arides d’un rouge éclatant, est l’une des rares peintures à l’huile de cette époque.

No. 14 Special, 1916, Early Abstraction, 1915

L’abstraction

Des oeuvres telles Blue and Green Music, 1919/1921, et Series I – From the Plains, 1919, manifestent ensuite le travail de l’artiste sur l’abstraction. C’est cependant la coexistence de la figuration et de l’abstraction qui régit fondamentalement le travail de O’Keeffe. Le monde végétal, en particulier les fleurs, fournit des motifs centraux de son oeuvre. Dans ses peintures florales de grand format comme

2014.35 Georgia O’Keeffe
Jimson Weed/White Flower No. 1, 1932
Oil on canvas
48 × 40 in. (121.9 × 101.6 cm)
Framed: 53 in. × 44 3/4 in. × 2 1/2 in.

Jimson Weed / White Flower No. 1, 1932, l’une des plus célèbres de ce groupe, ou Oriental Poppies, 1927, on discerne l’intérêt de l’artiste pour le courant alors influent de la
« photographie pure (straight photography) ».

Les sources d’inspiration

Les sources d’inspiration principales de O’Keeffe sont la nature et les paysages ; elle peint des oeuvres figuratives et abstraites basées sur des motifs de paysage, d’abord sur le lac George et ensuite au Nouveau-Mexique. Les oeuvres du premier séjour au Nouveau-Mexique, dont Ranchos Church No. 1,
1929, et Gray Cross with Blue, 1929, s’inspirent d’éléments typiques de la région comme l’architecture en adobe ou les croix de pénitents érigées dans le paysage par une confrérie religieuse. C’est l’époque à laquelle elle réalise Mule’s Skull with Pink Poinsettias, 1936,

célèbres toiles figurant un crâne d’animal trouvé dans le désert. Pendant les années de guerre, lorsque O’Keeffe habite au Nouveau-Mexique de manière permanente, le regard qu’elle porte sur ce paysage évolue. Dans ses deux séries Black Place I–IV, 1944, et Black Place I–III, 1945, elle représente le paysage de collines gris-noir dans une palette inhabituellement sombre, en perspective aérienne et toujours plus abstraite. La nature morte It Was a Man and a Pot de 1942, qui donne à voir un crâne humain, suggère qu’au fil des années 1940 la manière dont O’Keeffe perçoit son environnement évolue sous l’effet de la guerre qui fait rage.

C’ÉTAIT UN HOMME ET UN POT, 1942.

Georgia O’Keeffe (américaine, 1887-1986)

Huile sur toile, 16 x 20 po. Crocker Art Museum Achat avec fonds de contrepartie du National Endowment for the Arts, 1973.23.

La dernière salle

Dans la dernière salle de l’exposition, l’oeuvre tardif de O’Keeffe fait face à Black Mobile with Hole, 1954, d’Alexander Calder (1898–1976), dont le travail est depuis longtemps lié à la Fondation Beyeler – tant par la collection du musée que par plusieurs expositions. Contrairement à O’Keeffe, Calder entretient une relation continue avec l’Europe, mais les deux artistes partagent un attachement profond aux vastes étendues et à l’horizon infini de l’Amérique rurale, qui nourrissent et irriguent leurs oeuvres.

Pionnière

De son vivant déjà, Georgia O’Keeffe est considérée aux États-Unis comme représentante majeure et co-initiatrice du nouvel art américain tel qu’il est prôné et se développe à partir de la fin des années 1910 indépendamment et en démarcation de l’avant-garde européenne. En 1943, le Art Institute of Chicago lui consacre sa première rétrospective muséale et en 1946, le Museum of Modern Art, New York, organise une grande exposition, la première d’une artiste femme à se tenir dans cette institution. La plupart des oeuvres de O’Keeffe se trouvent aux États-Unis, dans plus de 100 collections publiques et dans des collections privées. L’Europe, où O’Keeffe elle-même ne se rend pour la première fois qu’en 1953 à l’âge de 65 ans, ne compte au total qu’une douzaine d’oeuvres détenues dans des collections privées et publiques. La première exposition majeure sur le Vieux Continent lui est consacrée en 1993 à la Hayward Gallery de Londres. L’une des rares expositions dans les années qui suivent et la première en Suisse est celle organisée en 2003 par Bice Curiger au Kunsthaus Zürich. Georgia O’Keeffe figure aujourd’hui aussi en Europe parmi les artistes les plus renommé·e·s, même si les originaux de ses oeuvres n’y sont que rarement exposés. C’est une oeuvre d’une sensualité rare et délicate.

Commissaires

L’exposition « Georgia O’Keeffe » est placée sous le commissariat de Theodora Vischer, Chief Curator, et est présentée à la Fondation Beyeler du 23 janvier au 22 mai 2022. L’exposition a été organisée par la Fondation Beyeler, Riehen/Bâle, le Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid, et le Centre Pompidou, Paris, en partenariat avec le Georgia O’Keeffe Museum, Santa Fe.

Le catalogue de l’exposition paraît en allemand au Hatje Cantz Verlag, Berlin. Sur 208 pages, il réunit des articles de Cody Hartley, Anna Hiddleston-Galloni, Didier Ottinger, Marta Ruiz del Árbol, Ariel Plotek et Julia Keller.
Avec un avant-propos de Sam Keller et Theodora Vischer.

Pratique

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler: tous les jours de 10h00 à 18h00, le mercredi jusqu’à 20h00

Tram n° 2 jusqu’à Messeplatz puis n° 6 arrêt Fondation Beyeler

Camille Pissarro
L’atelier de la modernité

04.09.2021 – 23.01.2022, Kunstmuseum Basel | Neubau
Commissaires : Christophe Duvivier, Josef Helfenstein

« (…) nous sortons peut-être tous de Pissarro. Il a eu la veine de naître aux Antilles, là, il a appris le dessin sans maître. Il m’a raconté tout ça. En 65, déjà il éliminait le noir, le bitume, la terre de Sienne et les ocres. C’est un fait. Ne peins jamais qu’avec les trois couleurs primaires et leurs dérivés immédiats. Me disait-il. C’est lui, oui, le premier impressionniste.»
Paul Cézanne, «Conversations avec Cézanne»

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Camille Pissarro (1830-1903) compte parmi les artistes majeurs dans la France du XIXe siècle. Figure centrale de l’impressionnisme, il marqua ce mouvement de manière décisive.
Camille Pissarro. L’atelier de la modernité au Kunstmuseum Basel est la première rétrospective consacrée à cet artiste en Suisse depuis plus de 60 ans. Elle offre à la fois un vaste aperçu de l’oeuvre de Pissarro et accorde une attention particulière à sa pratique collaborative et à son influence déterminante sur l’art moderne. Elle rend hommage à un artiste parfois relégué au second plan lorsqu’on évoque les grandes figures de l’art du XIXe siècle. Des artistes de différentes générations, hommes et femmes confondus, parmi lesquels plusieurs devinrent des figures de proue de la modernité au tournant des XIXe et XXe siècles, suivirent ses conseils d’ami et de mentor. L’exposition met en lumière les échanges intenses de ces artistes avec Pissarro et situe son oeuvre foisonnante dans le contexte historique à l’aide d’oeuvres de Claude Monet, Paul Cézanne, Paul Gauguin, Georges Seurat, Paul Signac, Mary Cassatt et d’autres. Ainsi, tout en embrassant la naissance de l’art moderne, cette exposition raconte une histoire au-delà du courant dominant de l’histoire de l’art.

                           Pissarro, effet de neige à l’Hermitage
Les expositions consacrées à l’impressionnisme ont une longue tradition au Kunstmuseum Basel. À ce titre, Pissarro revêt une importance particulière pour le musée, sa collection abritant pas moins de huit peintures, dix dessins et aquarelles ainsi que dix travaux d’art graphique. Son oeuvre Un coin de l’Hermitage, Pontoise de 1878 fut le premier tableau impressionniste à entrer dans la Öffentliche Kunstsammlung Basel, la collection publique bâloise.

HxB: 54.6 x 65 cm; Öl auf Leinwand; Inv. 871 Camille Pissarro; Un coin de l’Hermitage, Pontoise; 1878

Acquise en 1912 à l’initiative de trois jeunes artistes, cette peinture posa les fondements de la collection impressionniste. Au printemps de cette année, le Kunstmuseum Basel s’est félicité de la donation de La Maison Rondest, l’Hermitage, Pontoise (1875) de Pissarro par une collection particulière suisse.

Pissarro et la campagne

La posture artistique de Pissarro est plus complexe que celle de ses amis. Son approche se distingue clairement des sujets de Claude Monet, d’Auguste Renoir ou d’Edgar Degas appréciés du public. Ainsi, Pissarro fut le seul impressionniste s’attachant à représenter la vie simple, en particulier celle des gens de la campagne. Ses peintures montrent des paysages cultivés par l’homme, elles sont une plongée dans le monde paysan et agricole, bien loin de l’existence de la bourgeoisie aisée.

Politique, société et marché de l’art

À la différence de Monet ou Renoir, Pissarro était réticent à toute esthétisation. Cela explique sans doute le fait qu’il subit un échec commercial et eut des problèmes financiers jusqu’ à un âge avancé. Pissarro a joué un rôle moteur lors de la création d’une association libre et coopérative qui réunissait des hommes et femmes souhaitant exposer et vendre eux-mêmes leurs oeuvres. Cette Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs entrera plus tard dans l’histoire de l’art sous le nom de groupe des impressionnistes.

Le néo-impressionnisme

Dans les années l’impressionnisme, longtemps sujet à controverse, commence à recueillir davantage l’adhésion du public, à entrer dans les collections particulières et publiques, et à rapporter de l’argent aux artistes. C’est précisément à ce moment-là que Pissarro se consacre à une autre révolution picturale – le néo-impressionnisme – et manifeste de nouveau une volonté ferme en faveur du progrès artistique. L’esthétique radicale et la méthode scientifique du néo-impressionnisme défendues notamment par Georges Seurat, Paul Signac, Louis Hayet et le fils aîné de Pissarro, Lucien, représentent pour l’artiste une évolution logique de l’impressionnisme. Même s’il revient à une touche plus libre dans les années 1890, il reste fidèle à ses convictions : le bon art contient un noyau révolutionnaire et affiche une foi inébranlable en la modernité.


Le peintre ne fait pas mystère de son intérêt pour les écrits anarchistes et de son engagement en faveur des publications anarchistes. Comme nombre de ses contemporains, dont les néo-impressionnistes, Pissarro est convaincu que la répartition inégale des ressources (en particulier dans des grandes villes comme Paris ou Londres) mènera à un renversement sociétal à plus ou moins long terme. À la différence de certains de ses camarades politiques, Pissarro croit cependant en une révolution pacifique et non violente.
La manière dont ses convictions politiques transparaissent dans son art suscite l’intérêt depuis longtemps d’une histoire de l’art socio-historique. Bien que Pissarro ne considérât pas ses tableaux comme des professions de foi politiques, sa technique picturale révolutionnaire, son aspiration à l’autonomie et à la liberté en toute circonstance, de même que sa volonté d’emprunter de nouvelles voies envers et contre tous, associent son art à l’idée centrale de l’anarchisme compris comme une libéralisation de l’individu et de ses aspirations.

Une soif d’expérimentation

Le parcours de Pissarro est marqué par les événements et les dynamiques historiques qui ont jalonné le XIXe siècle. Il incarnait certains des conflits les plus complexes de son temps et considérait qu’il était du devoir des artistes de mener une réflexion critique tant sur l’esprit de l’époque que sur le contexte politique, social et économique. La manière dont il abordait ces réalités en fait aujourd’hui un artiste des plus actuels.


Du fait de ses origines, Pissarro occupait une position marginale parmi les artistes français qu’il fréquenta activement tout au long de sa vie. Né en 1830 de parents juifs sur l’île Saint-Thomas dans les Caraïbes, alors colonie danoise, il est le seul impressionniste à grandir sur deux continents. Trilingue (français, anglais et espagnol), il est sensibilisé à la diversité ethnique et culturelle dès son enfance. Son identité, sa conception de la peinture et sa vision du monde étaient à la fois le fruit d’une culture aux origines complexes, et donc par essence anti-nationaliste, et d’une volonté constante d’échanger avec d’autres créateurs.


Pissarro éprouvait une curiosité singulière pour les expérimentations artistiques et les nouvelles formes de représentation. Dans l’entourage de précurseurs à l’instar de Camille Corot et Gustave Courbet, il recherchera toujours à dialoguer avec ceux qui, comme lui, nourrissaient une vision de l’art indépendant de l’Académie.

Un don pour l’amitié

Comme nul autre, Pissarro était disponible pour entretenir ses amitiés avec les peintres, valoriser leur potentiel et apprendre d’eux en retour. Il possédait ce qu’on pourrait appeler un « don » pour l’amitié. Le respect de la singularité artistique de chaque personnalité en constituait le fondement. Pissarro éprouvait de la méfiance envers les contraintes hiérarchiques et s’opposait par principe à tout dogmatisme. Pour lui, la collaboration artistique n’avait rien à voir avec l’ancienneté, mais reposait sur la base d’un échange sur un pied d’égalité. L’exposition révèle ses différentes relations avec les protagonistes de l’époque et montre ainsi une image bien différente de celle de l’artiste-génie travaillant à l’écart du monde extérieur.

De prestigieux prêts

                               Paul Gauguin

L’exposition Camille Pissarro. L’atelier de la modernité
réunit quelque 180 oeuvres de collections suisses et internationales parmi lesquelles le Museum Folkwang d’Essen, le Musée d’Orsay de Paris, The Museum of Modern Art de New York, The Metropolitan Museum of Art de New York, la National Gallery of Ireland, The National Gallery de Londres, la Kunsthalle Mannheim, le Museo Nacional Thyssen-Bornemisza de Madrid, la Tate Modern de Londres, The British Museum de Londres, le Dallas Museum of Art, la National Gallery of Art de Washington, le Musée du Petit Palais de Genève, le Ashmolean Museum d’Oxford, les Musées de Pontoise, The Art Institute of Chicago, la Staatsgalerie Stuttgart, le Kunstmuseum Bern et le Kunst Museum Winterthur.

Catalogue

L’abondant catalogue de l’exposition avec des contributions de Timothy J. Clark, André Dombrowski, Claire Durand-Ruel, Christophe Duvivier, Sophie Eichner, Colin Harrison, Josef Helfenstein, Jelle Imkampe, David Misteli, Olga Osadtschy, Joachim Pissarro, Esther Rapoport, Valérie Sueur-Hermel et Kerstin Thomas paraît aux éditions Prestel Verlag.

Informations

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
Postfach, CH-4010 Basel
T +41 61 206 62 62
kunstmuseumbasel.ch

HAUPTBAU & NEUBAU

Lu fermé
Ma 10h00–18h00
Me 10h00–20h00
Je–Di 10h00–18h00

Goya à la Fondation Beyeler – Derniers jours – 23 janvier 2022

                                                      Goya St Antoine de Padoue 1798

L’exposition Goya a été organisée par la Fondation Beyeler en coopération avec le Museo Nacional del Prado, Madrid, et développée par Isabela Mora et Sam Keller. Elle est placée sous le commissariat de Martin Schwander, Curator at Large, en collaboration avec Gudrun Maurer, Scientific Advisor. La gestion
du projet a été assurée par Ioana Jimborean et Fiona Hesse, Associate Curators.

275 ans après sa naissance, la Fondation Beyeler consacre à Francisco de Goya – précurseur majeur de l’art moderne – l’une des expositions les plus importantes réalisées à ce jour.
Pour la première fois, des tableaux de collections privées espagnoles rarement donnés à voir côtoient dans les espaces de la Fondation Beyeler des oeuvres maîtresses en provenance de collections privées et de musées européens et
américains de tout premier plan. L’exposition réunit environ 70 tableaux et plus de 100 dessins et gravures d’exception. Aujourd’hui comme du vivant de l’artiste, l’oeuvre de Goya donne à vivre une expérience sensorielle et intellectuelle unique. Depuis deux siècles, son oeuvre complexe et ambigu constitue pour de nombreux·ses artistes un repère et une référence incontournables.

Son oeuvre

                             Francisco de Goya, Vol des sorcières
                          (Vuelo de brujas), 1797 – 1798
                          Huile sur toile, 43,5 x 30,5 cm
                           Museo Nacional del Prado. Madrid
                         © Photographic Archive. Museo Nacional del Prado. Madrid

Francisco de Goya y Lucientes (1746–1828) occupe dans l’histoire de l’art européen une position paradoxale en tant qu’un des derniers grands peintres de cour d’une part et annonciateur de la figure de l’artiste moderne d’autre part. Afin de permettre au public d’apprécier la singularité profonde de son
activité créatrice, qui couvre la période du rococo tardif au romantisme, et de rendre justice à la richesse formelle et thématique de son oeuvre peinte, dessinée et gravée, l’exposition présente tout l’éventail des genres
et des sujets de prédilection de Goya. Conçue de manière chronologique, elle réunit des tableaux de représentation grand format tout comme des pages de carnets de croquis, mettant l’accent sur l’oeuvre tardif de l’artiste.

Peintre de cour ou peintre profane ?

L’exposition de la Fondation Beyeler donne à voir d’une part le peintre de cour et d’autre part le créateur d’univers picturaux énigmatiques et inquiétants, son oeuvre sacrée comme son oeuvre profane, ses représentations du Christ et de sorcières, ses portraits et ses peintures d’histoire, ses natures mortes et ses
scènes de genre. Outre des tableaux réalisés pour le compte de la maison royale, de l’aristocratie et de la bourgeoisie, l’exposition présente des oeuvres que Goya crée dans un espace de liberté artistique conquis à la force de sa volonté et de son talent, parmi elles des peintures de cabinet souvent réservées à un cercle
intime. Dans l’histoire de l’art européen, Goya est l’un des premiers artistes qui s’élève avec une opiniâtreté rebelle contre les dogmes et les règles qui entravent la création artistique, plaidant au contraire pour l’impulsivité et l’inventivité de l’artiste («capricho» et «invención»).

Prêts rares

Parmi les temps forts de l’exposition figurent le portrait de la duchesse d’Albe (1795) et l’emblématique Maja vêtue (La maja vestida, 1800–1807),

La Maja vêtue
(La maja vestida), 1800–1807
Huile sur toile, 95 x 190 cm
Museo Nacional del Prado. Madrid
© Photographic Archive. Museo Nacional del Prado. Madrid

tout comme deux tableaux rarement exposés en provenance de collections privées européennes, Maja et Célestine au balcon et Majas au balcon, que Goya peint entre 1808 et 1812. Autre particularité de l’exposition : des peintures de genre de petit format détenues pour la plupart dans des collections privées espagnoles et à ce jour rarement montrées hors d’Espagne. Dans ces tableaux, Goya – de même que dans ses dessins et ses gravures – donne libre cours à ses inspirations intimes.Tiempo muerto | El Diario VascoHospital del Apestados (L’Hôpital de la peste), 1810© Museo Nacional del Prado. Madrid – Fundación Lázaro Galdiano, Madrid – Collection du Marquis de la Romana.

Pour la première fois depuis son unique présentation à ce jour au Museo Nacional del Prado, le public pourra ainsi découvrir à la Fondation Beyeler la série complète de huit peintures d’histoire et de
genre qui nous sont parvenues de la collection madrilène du marquis de la Romana. Elles sont accompagnées des quatre célèbres panneaux dépeignant des scènes de genre de la Real Academia de Bellas Artes de San Fernando à Madrid, prêts d’une grande rareté.

Vie sociale, politique et religieuse

                                                La trinité
Dans ses scènes de genre et ses peintures d’histoire, Goya dépeint des incidents de la vie quotidienne sociale, politique et religieuse mouvementée des Espagnoles et des Espagnols aux alentours de 1800.
Parmi les décors récurrents de ces scènes figurent les marchés et les arènes, les prisons et les institutions ecclésiastiques, les asiles de fous et les tribunaux de l’Inquisition. Les sorcières constituent également un motif majeur, par lequel Goya illustre la superstition de son temps. Outre un groupe de gravures des
Désastres de la guerre (Los desastres de la guerra, 1811–1814), l’exposition présente une sélection de planches de la série des Caprices (Los caprichos) parue en 1799, parmi elles la célèbre gravure no. 43 au titre éloquent Le Sommeil de la raison enfante des monstres, qui reflète le constat mélancolique et résigné de Goya que ni la raison ni l’ironie et le sarcasme ne peuvent lutter contre la déraison.

Les Caprices (Planche 43) : Le Sommeil de la raison produit des monstres ; El Sueño de la razon produce monstruos
Inscription, en haut à droite : 43. ; titre, en bas à gauche : El Sueño de la razon produce monstruos ; tampon, au dos : musée Goya
Eau-forte et aquatinte

                                     les tribunaux de l’Inquisition.

L’univers pictural énigmatique et insondable de Goya lui vaut une grande estime depuis le romantisme français au début du
19ème siècle. Parmi les artistes de la modernité, Pablo Picasso et Joan Miró, Francis Bacon et les surréalistes ont éprouvé une affinité profonde avec son art. Goya constitue aussi une référence importante pour de nombreux·ses artistes contemporain·e·s, dont Marlene Dumas et Philippe Parreno.

Une chance pour les personnes des trois régions, France, Allemange, Suisse, de voir un panorama de Goya sans aller en Espagne et ailleurs.

Informations pratiques

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler:
tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00

Merci Seppi. Un cadeau merveilleux au Musée Tinguely

Andres Pardey et Josef Imhof dit Seppi

Josef « Seppi » Imhof, assistant de Jean Tinguely de 1971 jusqu’à la mort de l’artiste en 1991, a rassemblé de nombreuses œuvres sur papier tout au long des années où, très régulièrement et de très près, il a accompagné Tinguely
( 22 mai 1925 à Fribourg et mort le 30 août 1991 à Berne).  On trouve là des dessins, des gravures, des collages, des lettres, des croquis de travail, des aquarelles méticuleuses. Ce sont tous de témoignages d’une relation intense entre l’artiste et son assistant. Seppi Imhof a fait don au Musée Tinguely de sa collection d’œuvres sur papier, qui est présentée dans le cadre de l
’exposition Merci Seppi jusqu’au au 13 mars 2022.
Ce sont comme des posts it sommairement
détaillés, mais illustrés par des notifications, que Seppi devait interpréter, comme assistant en chef.

Les histoires sur le travail de Seppi Imhof en tant qu’assistant de Jean Tinguely se bousculent. Que ce soit le recrutement, comme soudeur, au buffet de la gare (avec la question clé de savoir s’il pouvait aussi « taper le carton »), les récits de voyages et les hébergements aventureux ou les visites chez ou avec des artistes comme Alexander Calder ou Keith Haring – Seppi a presque toujours été là et recueilli non seulement des impressions mais aussi de nombreux souvenirs. Et il aime les raconter et les transmettre.

Josef Imhof dit Seppi est né 23 mai 1943 à Berne et passa son enfance à Soleure
Après un apprentissage de serrurier en bâtiment et en construction il travailla entre autres au laminoir de Von Roll à Gerlafingen.
En 1970, il tomba par hasard sur l’annonce suivante dans un journal:
Jean Tinguely cherche pour une durée d’environ 6 mois à partir du 15 juillet serrurier en bâtiment ou serrurier (suisse alémanique), polyvalent et ne souffrant pas de vertige, permis de conduire (connaissances de jass désirées), p.l. construction d’une sculpture monumentale en fer dans les alentours de Paris. Hébergement et nourriture compris. » (jass jeu de cartes suisse)
La décision spontanée de répondre à cette annonce devait déterminer les prochaines 20 années de la vie de Josef Imhof. En tant que soudeur qualifié il devint l’assistant professionnel de Jean Tinguely qui devait – selon les dires de l’artiste – être meilleur soudeur qu’il ne l’était.

Après l’installation de l’exposition “Machines de Tinguely” au CNAC (Centre national d’art contemporain) à Paris au printemps 1971, le véritable travail de Sepp Imhof comme assistant de Tinguely commença pour de vrai: avec Niki, Bernhard Luginbühl, leurs aides et autres artistes, amis de Tinguely, débuta le long travail commencé en 1969 sur la sculpture-installation monumentale La Tête ou Le Cyclop à Milly-la-Forêt, près de Paris.
Sepp Imhof était le garant pour la réalisation matérielle des idées souvent fantastiques de l’artiste.
Pendant plus de 20 ans jusqu’à son inauguration officielle en 1994, 300 tonnes de fer soudé furent nécessaires pour la construction de la sculpture haute de 22,5 m.

Mais, Josef Imhof participa aussi à de nombreux autres projets de Jean Tinguely.
Seppi a collectionné et gardé jusqu’au dernier bout de papier, souvenirs nombreux documentant ses années de travail riches en expériences aux côtés de Jeannot et d’autres artistes. Les spectateurs auront maintenant l’occasion d’en voir un choix au Musée. Parmi ceux-ci se trouvent des lettres-collages hauts en couleurs que Jean Tinguely lui envoyait de tous les coins du monde. Elles révèlent la fantaisie sans borne et la créativité de l’artiste qui avait pour habitude de « bricoler » et donner ainsi forme à ses idées et souhaits à partir d’impressions et d’objets, de choses quotidiennes et de choses jetées. De surcroît, les lettres à son assistant Imhof sont d’importants documents qui nous instruisent sur les étapes éparpillées de la création artistique de Tinguely et nous permettent de gagner un aperçu direct et enrichissant dans sa manière de travailler.

Parmi ces souvenirs, il y a aussi quantité de lettres, affiches, gravures, notes,
« images à avaler », consignes de travail, cartons d’invitation et projets divers que, pour la plupart, Jean Tinguely (et parfois aussi Niki de Saint Phalle) lui a écrits et dédiés. Ce sont des points de repère dans la collaboration avec le patron et ami ; ils évoquent des projets importants des années 1970 et 1980 ainsi que des lieux significatifs : Le Cyclop, Le Crocrodrome de Zig et Puce, Il Giardino die Tarocchi, Chaos No. 1, Klamauk, Pit-Stop, Bâle, Fribourg ou Charlotte.

Après avoir travaillé comme conservateur au Musée Tinguely jusqu’en 2008, Seppi Imhof a fait don à celui-ci de sa collection d’œuvres sur papier. Classés par thèmes, lieux et projets, les plus de 400 pièces sont désormais exposées. Par leur volume, ils illustrent également l’intensité avec laquelle les deux hommes ont travaillé et même souvent vécu ensemble pendant 20 ans, en symbiose presque, mais pourtant dans des domaines et avec des responsabilités bien définis. Cette exposition est donc un hommage, d’une part à Seppi Imhof, le généreux donateur, et d’autre part à l’amitié entre Jean et Seppi qui a rendu tout cela possible.


Informations pratiques Musée Tinguely     :

Titre de l exposition : Merci Seppi. Un cadeau merveilleux Adresse : Musée Tinguely | Paul Sacher – Anlage 1 | 4002 Bâle

Heures d ouverture : mardi  à  dimanche, tous les jours 11h – 18h

Sites Internet : www.tinguely.ch

Réseaux sociaux : @museumtinguely | #museumtinguely | #    tinguely | # merciseppi

Le Musée Tinguely est soumis à l’obligation du certificat Covid. Nous vous demandons donc de présenter votre certificat et votre carte d’identité à l’entrée.

Accès
Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF :
tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz »,
puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ». 
Gare allemande (Bad. Bahnhof) : bus no. 36.

Sommaire du mois de juillet 2021

Fête de l’été à la Fondation Beyeler

26 juillet 2021 : Elles font l’abstraction
22 juillet 2021 : Museum Tinguely AHOY !
16 juillet 2021 : Centenaire de la naissance d’Ernst Beyeler
14 juillet 2021 : Christian Boltanski
10 juillet 2021 : Frieder Burda, en souvenir
05 juillet 2021 : Circumnavigation jusqu’à Épuisement
01 juillet 2021 : Palais Augmenté

Museum Tinguely AHOY !

Das umgebaute Frachtschiff MS Evolutie auf dem Rhein vor dem Basler Münster© 2021 Museum Tinguely, Basel; Foto: Matthias Willi

Paris – Amsterdam – Bâle

Museum Tinguely AHOY ! Paris – Amsterdam – Bâle

A Paris le 17 juillet – 26 septembre 2021

Départ de Bâle depuis le 27 juin 2021

Le projet

À l’occasion de son 25e anniversaire, le Musée Tinguely entame cet été un grand voyage en bateau intitulé « Museum Tinguely AHOY ! » : à bord d’une péniche reconvertie, le musée fera ainsi découvrir de plus près l’art de Jean Tinguely (1925-1991), l’un des artistes suisses les plus importants et les plus novateurs du xxe siècle.

Le navire amarrera dans différents lieux qui ont marqué l’évolution artistique de Tinguely – de Paris à Bâle, en passant par Anvers et Amsterdam et la région métropolitaine Rhin-Ruhr. Le voyage a  débuté à Paris le 17 juillet, et, après un itinéraire de onze semaines à travers la France, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne, le bateau reviendra à Bâle le 25 septembre 2021. Il présentera une exposition dans la coque du navire et une spectaculaire sculpture-fontaine sur le pont. Ce voyage anniversaire traversera onze endroits en tout et proposera, en collaboration avec des institutions partenaires locales, un programme varié de chaque fois deux jours – expositions, médiations culturelles et performances d’artistes contemporaines. Le trajet montre combien, dès le milieu des années 1950, l’artiste était inscrit dans un réseau international et quelles relations intenses le musée entretient aujourd’hui avec d’autres institutions. 
Le projet« Museum Tinguely AHOY ! » se déplace à bord d’une péniche reconvertie de 40 mètres de long, la MS Evolutie.

Anniversaire

À l’occasion de son 25e anniversaire, le Musée Tinguely fête
« 25 Years of Moving Art» jusqu’au mois de décembre de cette année.
Comme point fort des festivités, le musée se lance cet été dans une aventure qui mènera l’art par les voies fluviales, tout comme Tinguely lui-même aurait pu le faire. Avec cette expédition, le musée entend aussi afficher l’image qu’il a de lui-même et cultiver les partenariats existants, en susciter de nouveaux, et manifester, en cette année particulière, son souhait d’offrir au public une expérience culturelle tout à fait unique dans différents lieux d’Europe. Pour la fête d’anniversaire, prévue  du  25 au  26 septembre  2021, la péniche effectuera la dernière étape de ce grand voyage et retournera à Bâle, où elle accostera directement devant le Musée Tinguely.


Une exposition

Une exposition documentaire sur l’art de Jean Tinguely est présentée à bord de la péniche, avec des références particulières à chacune des étapes du voyage qui retracent la biographie de Tinguely en tant qu’artiste, voyageur, homme de réseaux et ami. Pour couronner le tout, la sculpture fontaine Schwimmwasserplastik  (1980)  de  Tinguely,  qui se trouve sinon devant le Musée Tinguely, est montée sur le pont de la péniche même.

Le voyage

Le voyage de la péniche MS Evolutie ira de Paris à Bâle en passant par Amsterdam. Ses différentes étapes se feront dans les lieux qui ont marqué la carrière de Jean Tinguely et la réception de son œuvre. La péniche a quitté Bâle le 27 juin et a effectué sa première escale à Paris le 17 juillet. De là, elle poursuit vers Anvers et Amsterdam,  puis remontera le Rhin jusqu’à  Bâle,  où  elle arrivera  pile  pour fêter le fameux anniversaire  pendant tout un week-end.
Le choix des escales correspond à des références historiques et des institutions significatives pour le travail de Tinguely.  Ce  parcours  illustre la  force  du réseau international de l’artiste  à  partir  du  milieu  des  années 1950  et l’importance continue de ce réseau aujourd’hui pour le Musée Tinguely.

« Museum Tinguely AHOY ! » est une occasion unique de découvrir le musée et l’artiste hors de Bâle, dans de nombreuses localités européennes en lien avec la vie de l’artiste. L’accès à la péniche dépend d’un lieu à l’autre de la réglementation sanitaire en vigueur dans le pays concerné.

Les étapes du voyage

Paris, du 17 au 18 juillet, RMN-Grand Palais, La Villette et Centre Pompidou

Paris est à la fois centre et lieu d’inspiration dans la carrière artistique du jeune Tinguely. À partir de 1954 ont lieu de nombreuses expositions en galerie suivies par de grandes rétrospectives muséales.

Anvers, du 28 au 29 juillet, Het Bos et Royal Academy of Fine Arts

À Anvers, Tinguely a participé à deux expositions collectives importantes: en 1957, à la rve Biennale voor Beeldhouwkunst, Middelheimpark, et en 1959 à Vision in Motion Motion in Vision au Hessenhuis.

Maastricht, du 2 au 3 août, Bonnefantenmuseum

Le Bonnefantenmuseum est un partenaire de coopération du Musée Tinguely dans différents projets.

Amsterdam, du 8 au 9 août, Stedelijk Museum Amsterdam

Au Stedelijk Museum d’Amsterdam ont eu lieu de nombreuses expositions novatrices avec des œuvres de Tinguely : Jean Tinguely: Tekeningen (1969), Jean Tinguely (1973), Jean Tinguely (1984), ainsi que l’exposition Bewogen Beweging (1961) et Dylaby: dynamisch labyrint (1962). Et plus récemment, en 2016-2017, la grande rétrospective : Jean Tinguely Machine Spectacle.

Gelsenkirchen, du 16 au 17 août, Kunstmuseum Gelsenkirchen et Musiktheater im Revier

En 1958-1959, à l’invitation d’Yves Klein, Tinguely a participé à la décoration de l’opéra, où il a installé un relief cinétique qui existe encore aujourd’hui.

Duisbourg, du 20 au 21 août, Wilhelm Lehmbruck Museum

En 1976, Tinguely a reçu le prix Wilhelm-Lehmbruck et en 1978, il a organisé la grande exposition Jean Tinguely: Meta-Maschinen. Plusieurs œuvres cinétiques spectaculaires se trouvent aujourd’hui dans la collection du musée.

Krefeld, du 25 au 26 août, Kunstmuseen Krefeld

En 1960, Tinguely présentait sa première exposition monographique au musée Haus Lange. Le premier relief multiple de Tinguely, à savoir le « tableau machine » Haus Lange de 1960, a été créé pour Krefeld.

Düsseldorf, du 28 au 29 août, ZERO Foundation

Tinguely était ami avec les artistes du groupe Zero. Il a participé à des expositions communes et été représenté à plusieurs reprises à la Galerie Schmela. En 1959, il y a mis en scène le lancer de son manifeste Für Statik depuis un avion.

Coblence, du 3 au 4 septembre,  Ludwig Museum Koblenz

Le Ludwig Museum Koblenz abrite dans sa collection des œuvres de Jean Tinguely, Niki de Saint Phalle et Eva Aeppli.

Francfort, du 8 au 9 septembre, Frankfurter Kunstverein

En 1979, le Musée Stadel a présenté l’exposition Tinguely –  Luginbühl.

Mannheim, du 14 au 15 septembre, Kunsthalle Mannheim

L’art de Tinguely constitue ici un point fort de la collection. En 2002-2003, la Kunsthalle a présenté la rétrospective Jean Tinguely Stillstand gibt es nicht.

Bâle, du 25 au 26 septembre, Musée Tinguely


Fondé en 1996, cinq ans après la mort de Tinguely, le Musée Tinguely fête son 25e anniversaire en 2021.

La sculpture-fontaine Schwimmwasserplastik

Le point fort du projet « Museum Tinguely AHOY ! » est la Schwimmwasserplastik (1980) de Jean Tinguely, qui se trouve normalement devant le Musée Tinguely, dans le parc Solitude environnant. Elle est installée pour l’occasion sur le pont de la péniche.

Jean Tinguely, Schwimmwasserplastik (1980) 407 x 214 x 184 cm, ferraille, tuyaux d’arrosage, embouts, moteurs électriques Musée Tinguely, Bâle,
donation Paul Sacher
© 2021 Musée Tinguely, Bâle ; photo : Daniel Spehr

Actionnée par des roues peintes en noir, la sculpture-fontaine projette de l’eau dans toutes les directions à partir de cinq buses différentes ; en fonction du vent, ce spectacle de pulvérisation mécanique peut éclabousser le spectateur. Tinguely voulait que la fontaine déverse de l’eau à profusion et dans toutes les directions, comme un feu d’artifice. L’artiste aimait d’ailleurs particulièrement le caractère ludique de l’eau et a créé ainsi des formes éphémères qui en prolongent le jaillissement. De la même manière, il a augmenté ses sculptures de mouvements ou de sons pour générer des expériences sensorielles complètes

Informations pratiques Musée Tinguely

Itinéraire du navire : départ à Bâle le 27 juin 2021 / ire escale Paris, le 17 juillet 2021
/ Retour à Bâle, le 24 septembre 2021
Titre de l’exposition :
« Et tout ceci est vrai ! Sur les traces de Tinguely entre Paris, Amsterdam et Bâle »
détail àvenir
 présentation : du 17 juillet au 26 septembre 2021 sur la péniche
transformée MS Evolutie, « Museum Tinguely AHOY ! »
2e présentation : du 20 octobre 2021 au 23 janvier 2022 au Musée Tinguely (Journée portes ouvertes: le 19 octobre 2021 de 11h à 20h)
Adresse: Musée Tinguely I Paul Sacher-Anlage 1 l 4002 Bâle
Heures d’ouverture : de 10h à 20 h
Heures d’ouverture du bateau : du mardi au dimanche, de 11h à 18h

Sites Internet : www.tinguely.ch I www.mtahoy.com
Réseaux sociaux : @museumtinguely 1 #museumtinguely 1 #tinguely 1
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photos Musée Tinguely

© 2021 Museum Tinguely, Basel; photo: Matthias Willi