Sommaire du mois de novembre 2022

30 novembre 2022 : ST-ART 2022, 26e édition
28 novembre 2022 : SurréAlice – une double exposition
25 novembre 2022 : L’art mystique de Laurent Grasso
20 novembre 2022 : Stephen Dock, photographe
15 novembre 2022 : Raymond Stoppele, le vénitien
11 novembre 2022 : La modernité déchirée
10 novembre 2022 : Oskar Kokoschka. Un fauve à Vienne
7 novembre 2022  :  Hyperréalisme. Ceci n’est pas un corps
5 novembre 2022 :   Jacques Thomann – le regard poétique
2 novembre 2022  :  L’art brut – Collection Würth

La modernité déchirée
Les acquisitions bâloises d’art « dégénéré »

Tierschicksale (Die Bäume zeigten ihre Ringe, die Tiere ihre Adern)1913

Jusqu’au 19.2.2023, au Kunstmuseum Basel | Neubau
Équipe du projet : Eva Reifert (Conservatrice du XIXe s. et art moderne), Tessa Friederike Rosebrock (Responsable de la recherche de provenance)

La collection d’oeuvres classiques modernes du Kunstmuseum Basel figure parmi les plus célèbres de son genre. Pourtant sa création fut relativement tardive. À l’été 1939, le Kunstmuseum acquiert 21 oeuvres majeures de l’art moderne allemand et français. Taxées d’oeuvres d’art « dégénéré » par la politique culturelle nationale-socialiste, celles-ci avaient été saisies dans les musées allemands en 1937. Déclarées « exploitables à l’international », elles furent mises en vente sur le marché de l’art.

Un moment particulier de l’histoire de la collection bâloise

L’exposition La modernité déchirée au Kunstmuseum Basel | Neubau met en lumière différents aspects de ce moment particulier de l’histoire de la collection bâloise. Elle mêle l’histoire d’une sauvegarde des oeuvres telle qu’on se plaisait à la raconter à une approche plus précise du débat de société de l’époque autour de cette transaction commerciale avec un régime dictatorial. Les acquisitions de 1939 sont présentées dans leur contexte historique aux côtés d’autres oeuvres marquantes de l’expressionnisme allemand provenant de musées et de collections privées du monde entier. En outre, une part importante de l’exposition est consacrée à des oeuvres en rapport avec les acquisitions bâloises et considérées aujourd’hui comme détruites ou disparues.

Le Kunstmuseum Basel est la seule institution au monde ayant accepté directement une tel grand nombre d’oeuvres d’art provenant de l’ancien patrimoine muséal allemand. Seul le Musée des Beaux-Arts de Liège, avec neuf acquisitions, a également acheté un large ensemble d’oeuvres issues de l’ancien fonds appartenant aux musées allemands aux enchères. A Bâle ces acquisitions ont posé les jalons pour la constitution d’une collection moderne et ont marqué le début de l’ouverture du Kunstmuseum Basel à l’art contemporain.

Le contexte historique en Allemagne

Après le tournant du siècle, de nombreux musées allemands ont acquis des oeuvres de l’expressionnisme, de la Nouvelle Objectivité, du cubisme, du dadaïsme ainsi que de l’art moderne français. Dès leur arrivée au pouvoir en 1933, les nazis utilisent l’appellation péjorative « dégénéré » pour qualifier cet art. À l’été 1937, le régime nazi saisit plus de 21 000 oeuvres d’art dit
« dégénéré » dans les musées allemands, en particulier celles exécutées par des artistes juifs ainsi que celles abordant des thèmes liés au judaïsme ou à la politique. Nombre de ces oeuvres confisquées sont présentées au sein de l’exposition Art dégénéré organisée à Munich en 1937.
Quelque 780 peintures et sculptures ainsi que 3 500 travaux sur papier provenant de ce vaste ensemble sont déclarés « exploitables à l’international », c’est-à-dire conformes à la vente à l’étranger contre des devises. Ils sont entreposés au nord de Berlin dans le château Schönhausen. Fin juin 1939, 125 oeuvres d’art doivent être mises aux enchères par la maison de vente Theodor Fischer à Lucerne. Quatre marchands d’art, parmi lesquels Karl Buchholz et Hildebrand Gurlitt, sont chargés de trouver des acheteurs internationaux pour les autres oeuvres. Le reste des oeuvres jugé « inexploitable » est en grande partie brûlé à Berlin le 20 mars 1939.

Bâle vers 1939

Le nouveau bâtiment du Kunstmuseum – l’actuel Hauptbau – situé St. Alban-Graben a été inauguré en 1936. Le déménagement dans des salles plus spacieuses révèle à quel point la collection est peu dotée en peinture moderne, les oeuvres des maîtres anciens Konrad Witz et Hans Holbein le Jeune constituant l’essentiel du noyau de la collection. Le directeur de l’époque, Otto Fischer, avait échoué à plusieurs reprises dans l’acquisition d’oeuvres d’art moderne.
Lorsque Georg Schmidt prend ses fonctions à la direction du musée en 1939, il souhaite lui aussi constituer une collection moderne. Depuis 1933, il observe et critique en tant que journaliste la persécution de l’art moderne en Allemagne. Son objectif est d’acquérir le plus grand nombre possible d’oeuvres confisquées, non seulement lors de la vente aux enchères à Lucerne, mais aussi à l’entrepôt berlinois qu’il visite fin mai 1939 sur l’invitation des marchands d’art Buchholz et Gurlitt chargés de l’« exploitation » de ces oeuvres. Buchholz et Schmidt s’entendent sur une sélection de peinture es sculptures qui sont ensuite envoyées à Bâle pour consultation.

La vente aux enchères Fischer à Lucerne

La vente aux enchères Maîtres modernes provenant des musées allemands se déroule le 30 juin 1939 à la galerie Theodor Fischer à Lucerne. La commission artistique du Kunstmuseum sollicite un crédit spécial de 100 000 francs suisses auprès du canton de Bâle-Ville en vue d’acquisitions provenant de l’ancien patrimoine muséal allemand. La question de savoir s’il convient d’acheter de l’art à un régime dictatorial – de surcroît dans une situation où tout présage une guerre – est controversée. Malgré tout, 50 000 francs suisses sont accordés la veille de la vente aux enchères.

HxB: 26.5 x 22.4 cm; Öl auf Karton; Inv. 1744

Lors de la vente, le Kunstmuseum achète huit oeuvres : Villa R de Paul Klee, une nature morte de Lovis Corinth, Portrait des parents I d’Otto Dix, Autoportrait comme demi-nue au collier d’ambre II de Paula Modersohn-Becker et Deux chats, bleu et jaune de Franz Marc. Nature morte au Calvaire d’André Derain, un travail sur papier de Marc Chagall ainsi que son grand tableau La Prise (Rabbiner) font également leur entrée dans la collection bâloise à l’occasion de la vente. Ces oeuvres comptent aujourd’hui parmi les plus emblématiques au sein du parcours de la collection d’art moderne. Destin des animaux de Franz Marc fut la première oeuvre du patrimoine muséal allemand morcelé acquise directement à Berlin avant la vente aux enchères.

HxB: 190.7 x 150.6 cm; Öl auf Leinwand; Inv. 1740

Deux semaines après la vente aux enchères de Lucerne, les oeuvres expédiées depuis Berlin figurent à la consultation dans la salle à éclairage zénithal du Kunstmuseum. Parmi cette sélection, treize oeuvres supplémentaires sont achetées, dont Das Nizza in Frankfurt am Main de Max Beckmann, Ecce Homo de Lovis Corinth, deux peintures de Paula Modersohn-Becker et Die Windsbraut d’Oskar Kokoschka, chef-d’oeuvre de l’expressionnisme allemand.

HxB: 61.1 x 50 cm; Öl auf Leinwand; Inv. 1748

Pour des raisons budgétaires, Georg Schmidt ne parvint pas à acquérir toutes les oeuvres qu’il aurait souhaitées, ni à la vente aux enchères, ni lors de la consultation des oeuvres envoyées à Bâle. Pour la première fois, l’exposition La modernité déchirée réunit de nouveau les oeuvres d’art « dégénéré » acquises à cette époque et celles que Bâle ne put acheter, parmi lesquelles Famille Soler de Pablo Picasso, La Mort et les masques de James Ensor ou Fille assise de Wilhelm Lehmbruck. Trois des oeuvres envoyées pour consultation ou sur demande à Bâle en 1939 sont considérées aujourd’hui comme détruites : Trois femmes d’Oskar Schlemmer, La veuve et La tranchée d’Otto Dix. Elles figurent également dans l’exposition sous la forme de projections en noir et blanc.

La « génération oubliée »

Une large part des 21 000 oeuvres saisies était le fruit du travail de femmes et d’hommes artistes à l’orée de leur carrière. En 1938, nombre de ces oeuvres furent détruites, les nazis les considérant d’aucune utilité. Les noms de ces artistes tombèrent dans l’oubli. L’exposition La modernité déchirée consacre une salle entière à cette « génération oubliée ».
Danseuse de Marg Moll illustre particulièrement bien le thème des pertes liées à l’ostracisme envers l’art dit « dégénéré » : l’oeuvre, qui fut présentée au sein de l’exposition Art dégénéré et considérée comme détruite jusqu’à récemment encore, fut retrouvée en 2010 dans les débris d’un bombardement lors du chantier de construction d’une ligne de métro à Berlin.

Films d’exposition

Conçus sous forme de boucles muettes à partir de matériaux photographiques et de documents anciens, ces films constituent une introduction d’environ trois minutes à chaque salle d’exposition. Ils ont été développés et produits par teamstratenwerth

Catalogue

Le catalogue scientifique retrace les événements à partir des saisies dans les musées allemands et en détaille les circonstances historiques. Des textes consacrés à la vente aux enchères de Lucerne, à la démarche de Georg Schmidt ainsi qu’à la répartition des acquisitions dans le contexte de l’histoire de la collection bâloise soulignent des aspects spécifiques à la Suisse. Avec des contributions de Claudia Blank, Gregory Desauvage, Uwe Fleckner, Meike Hoffmann, Georg Kreis, Eva Reifert, Tessa Rosebrock, Ines Rotermund-Reynard, Sandra Sykora, Christoph Zuschlag. Éd. Eva Reifert, Tessa Rosebrock chez Hatje Cantz Verlag, 296 pages, 200 ill., ISBN 978-3-7757-5221-

Kunstmuseum Basel

St. Alban-Graben 8
CH-4010 Basel
Tel. +41 61 206 62 62
Fax +41 61 206 62 52

Horaire d’ouverture

Entrée libre dans la collection:
Mar, Jeu, Ven: 17–18h
Mer: 17–20h
Le 1er dimanche du mois

 

HAUPTBAU & NEUBAU

Lu fermé
Ma 10h00–18h00
Me 10h00–20h00
Je–Di 10h00–18h00
Accès

Depuis la gare SBB
tram n° 2 arrêt Kunstmuseum

Fondation Beyeler, anniversaire 25 ans

A gauche Sam Keller directeur de la Fondation Beyeler, à droite Dr Raphaël Bouvier commissaire – installation Duane Hanson

Exposition Anniversaire – Special Guest Duane Hanson
30 octobre 2022 – 8 janvier 2023
L’exposition est placée sous le commissariat de Dr Raphaël Bouvier.

La Fondation Beyeler célèbre cette année ses 25 ans d’existence avec l’exposition la plus importante à ce jour d’oeuvres de sa collection.
Investissant la quasi-totalité des espaces d’exposition du musée, elle présente une centaine d’oeuvres de 31 artistes – de classiques de l’art moderne à des acquisitions récentes d’art contemporain.
L’exposition offre ainsi une occasion unique de (re)découvrir la collection de la Fondation Beyeler dans toute sa qualité et sa profondeur.

Des oeuvres majeures de Vincent van Gogh, Claude Monet, Paul Cézanne,
Henri Rousseau, Pablo Picasso, Henri Matisse, Alberto Giacometti, Mark Rothko, Andy Warhol, Francis Bacon et Louise Bourgeois, entre autres, sont mises en rapport avec les positions contemporaines d’entre autres Marlene Dumas, Anselm Kiefer, Roni Horn, Felix Gonzalez-Torres, Tacita Dean,
Rachel Whiteread et Wolfgang Tillmans. L’exposition offre ainsi une occasion unique à ce jour de (re)découvrir la collection de la Fondation Beyeler dans
sa qualité et profondeur. Cette exposition anniversaire est encore enrichie par l’inclusion de plusieurs sculptures hyperréalistes de l’artiste américain Duane Hanson. Cette « exposition dans l’exposition » ouvre des perspectives surprenantes sur les oeuvres, l’architecture, les collaborateurs·rices et les visiteurs·ses de la Fondation Beyeler.

Ernst Beyeler

Figure majeure parmi les galeristes de son temps, Ernst Beyeler a constitué avec son épouse Hildy l’une des collections d’art moderne les plus importantes au monde, hébergée depuis 1997 à la Fondation Beyeler conçue par l’architecte italien Renzo Piano. La collection s’étend de l’impressionnisme et postimpressionnisme, en passant par l’art moderne classique à l’art contemporain. L’envergure et la renommée de la collection n’ont depuis cessé de grandir avec de nouvelles acquisitions d’oeuvres d’artistes de premier plan. Entretemps, elle dénombre environ 400 oeuvres des XIXe, XXe et XXIe siècles, comprenant tableaux, dessins, sculptures, photographies, films et installations. L’exposition anniversaire réunit un nombre important d’oeuvres majeures de la collection.

L’exposition

Placée sous le commissariat de Raphaël Bouvier, l’exposition occupe au total 20 salles, consacrant certaines salles à des groupes d’oeuvres majeures d’artistes individuel·le·s comme par exemple Paul Klee, Joan Miró, Mark Rothko et Marlene Dumas.

Le célèbre triptyque aux nymphéas de Claude Monet est également présenté avec d’autres oeuvres importantes de l’artiste dans une salle attitrée, de même que l’oeuvre tardif de Henri Matisse avec ses célèbres papiers découpés. Une autre salle est dédiée à l’ensemble de sculptures emblématique d’Alberto Giacometti.

Pablo Picasso a marqué l’art du XXe siècle d’une empreinte singulière. La Fondation Beyeler possède plus de 30 de ses oeuvres, une des plus belles collections au monde. Un nombre important de ces oeuvres de premier plan est donné à voir. D’autres salles mettent l’accent sur différents mouvements artistiques tels le post-impressionnisme, les débuts de l’abstraction ou le pop art. L’attention se porte alors sur des artistes comme Edgar Degas, Vincent van Gogh, Paul Cézanne, Vassily Kandinsky et Andy Warhol.
Des oeuvres d’artistes contemporaines de renom telles que Leonor Antunes, Louise Bourgeois, Tacita Dean et Roni Horn sont présentées en paires particulières.


L’exposition anniversaire présente enfin pour la toute première fois certaines acquisitions récentes, parmi elles l’installation Poltergeist, 2020, de l’artiste britannique Rachel Whiteread et l’importante toile de Pierre Bonnard La Source ou Nu dans la baignoire, 1917, premier achat d’une oeuvre de l’art moderne classique réalisé par le musée depuis le décès de Ernst et Hildy Beyeler.

Les sculptures de Duane Hanson

Prenant la forme d’une « exposition dans l’exposition », 13 sculptures hyperréalistes de l’influent artiste américain Duane Hanson (1925–1996) sont présentées dans des endroits choisis du musée. Ces prêts en provenance de la succession de l’artiste, de collections privées et de musées engagent un dialogue direct avec des oeuvres de la collection et l’architecture du musée, formant un concentré rétrospectif du travail 

de l’artiste. C’est la première fois qu’un groupe aussi important de sculptures de Duane Hanson est montré dans le contexte d’une collection muséale.

Duane Hanson figure parmi les représentants majeurs de la sculpture américaine d’après-guerre et il est considéré comme un fondateur de l’hyperréalisme au sein du mouvement pop art. À partir de la fin des
années 1960, il réalise des figures humaines grandeur nature dont le réalisme fascine. Utilisant des matériaux alors nouveaux tels la résine de polyester et le polychlorure de vinyle, il reproduit le corps humain dans ses moindres détails et confère à ses sculptures un aspect de véracité trompeuse au moyen
de vêtements et d’accessoires réels.

Hanson se saisit de thèmes brûlants de la société américaine et occidentale, formulant une critique tant explicite qu’implicite des conditions sociales. Il s’intéresse aux personnes défavorisées et opprimées, mais aussi à celles de la classe moyenne, qu’il immortalise dans des situations de la vie quotidienne. Hanson brouille ce faisant les frontières entre art et réalité, suscitant chez le public un vaste éventail de réactions, allant du choc et de l’irritation à une vive émotion et une profonde affection.

La grande diversité et l’ambivalence de ces expériences se manifestent pleinement dans la rencontre orchestrée entre les figures de Duane Hanson et les oeuvres et l’architecture de la Fondation Beyeler.
Certaines sculptures s’érigent radicalement contre des maux et des dysfonctionnements sociaux toujours d’actualité aujourd’hui, tandis que d’autres rendent hommage à toutes les personnes que l’on peut croiser
dans un musée, qu’il s’agisse des visiteurs·ses ou des collaborateurs·rices
qui en assurent le fonctionnement en coulisses. Dans l’une des salles,
on trouve ainsi la sculpture d’un couple d’un certain âge assis sur un banc, épuisé·e, contemplant un tableau de Rothko de la Collection Beyeler.
Dans une autre salle, une femme âgée s’est assise juste à côté du célèbre portrait de l’épouse de Cézanne, adoptant sa pose. La sculpture d’un agent d’entretien nettoie les vitres de la façade du musée et une mère debout
avec sa poussette s’est jointe au célèbre groupe de figures de Giacometti.

Programation

À l’occasion de ses 25 années d’existence, la Fondation Beyeler lance une programmation du vendredi soir. Du 16 septembre au 16 décembre 2022, le musée et le restaurant restent ouverts chaque vendredi jusque 22h. En collaboration avec l’Institut Art Genre Nature de la Haute école des arts visuels et des arts appliqués FHNW à Bâle, le musée propose

14 soirées « Friday Beyeler ».
Sous le titre « I Hear a New
World – 14 Miaows of the Future »,

des étudiant·e·s et des artistes enseignant à l’institut transforment le
foyer du musée en une plateforme pour la création contemporaine,
présentant performances live, films, entretiens, musique, poésie et danse.
Des informations plus détaillées concernant la programmation sont
disponibles sur les comptes de réseaux sociaux et sur le site web de la
Fondation Beyeler :
www.fondationbeyeler.ch/fr/friday-beyeler

Fondation Beyeler.25 Highlights

Dans le cadre des 25 ans du musée paraît au Hatje Cantz Verlag de Berlin Fondation Beyeler. 25 Highlights, une publication de petit format réunissant
25 oeuvres choisies allant de l’impressionnisme à l’art moderne classique et à l’art contemporain. Au fil de 80 pages richement illustrées, des textes concis
présentent des chefs-d’oeuvre de la Collection Beyeler.

Informations complémentaires :

Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00 – 18h00,
le mercredi jusqu’à 20h00,
du 16 septembre au 16 décembre 2022
le vendredi jusqu’à 22h00.

Accès
depuis la gare SBB ou DB,
tram n° 2 descendre à Messe Platz, puis Tram n° 6
arrêt Fondation Beyeler

Doris Salcedo : Palimpsest

Parchemin dont on a effacé la première écriture pour pouvoir écrire un nouveau texte

Jusqu’au 17 septembre 2023 à la Fondation Beyeler
À partir de l’automne, la Fondation Beyeler présente la vaste installation Palimpsest de l’artiste colombienne de renom international Doris Salcedo.

Née en 1958 à Bogota, Salcedo explore à travers des objets, des sculptures et
des interventions in situ à grande échelle les répercussions de la violence et
de l’exclusion dans sa Colombie natale et dans d’autres régions du monde.
Dans Palimpsest, Salcedo se penche sur le sort des réfugié·e·s et migrant·e·s mort·e·s noyé·e·s ces vingt dernières années lors de la dangereuse traversée
de la Méditerranée ou dans l’Atlantique en quête d’une vie meilleure en Europe.
Palimpsest est présenté à la Fondation Beyeler jusqu’en septembre 2023 ;
en été 2023, le musée consacrera une importante exposition individuelle à
Doris Salcedo.

L’oeuvre

Se fondant sur des recherches de plusieurs années, Salcedo explore sans relâche des situations de conflit dans lesquelles la violence et ses victimes sont omniprésentes, concentrant son attention sur le cycle sans cesse répété de violences, d’indignation, de commémoration et d’oubli. Ses oeuvres sont souvent empreintes d’une angoissante étrangeté, faisant puissamment apparaître l’absence de personnes disparues, migrantes, assassinées ou oubliées. Aussi poétiques que fragiles, les oeuvres de Salcedo invoquent le souvenir de celles et de ceux que la mort risque de vouer à l’oubli et rendent hommage au deuil et à la douleur des vivant·e·s.

Sources

Entre 2013 et 2017, plus de 15’600 migrant·e·s venant d’Afrique du Nord, du Proche-Orient, d’Irak, d’Afghanistan et de Syrie ont perdu la vie au large des côtes de la Grèce, de l’Italie et de l’Espagne.
Pendant presque cinq années, l’artiste a suivi la couverture médiatique internationale et parlé avec des survivant·e·s et des proches des victimes. Ces histoires et ces destins bouleversants ainsi que les conséquences profondes de chaque décès pour les familles et les proches l’ont incitée à consigner les
noms de plus de 300 réfugié·e·s et migrant·e·s disparu·e·s en mer dans un travail qui donne expression à cette tragédie abstraite.

Origine du titre
Le titre du projet d’exposition est dérivé du grec ancien « palimpseste », qui désigne des pages de manuscrit réutilisées – effacées à plusieurs reprises pour pouvoir y écrire de nouveau –, pratique courante
au fil de l’Antiquité et du Moyen Âge. Les traces des inscriptions initiales demeuraient parfois visibles sous les nouvelles inscriptions, rendant possible la reconstitution de certains textes anciens. Palimpsest de Doris Salcedo est une installation immersive de dalles de sol poreuses de couleur sable. L’oeuvre est constituée de deux cycles de noms superposés : les noms de personnes décédées lors de mouvements migratoires avant 2010 sont inscrits en sable fin de coloris contrasté incrusté dans les dalles de pierre ; les noms de personnes décédées entre 2011 et 2016 apparaissent en superposition sous forme de gouttes d’eau qui s’agrègent pour former des lettres avant de s’écouler, dans un cycle incessant d’inscription et d’effacement.
Palimpsest est installé dans la plus grande salle de la Fondation Beyeler :
66 dalles de pierre sont disposées sur environ 400 mètres carrés, donnant à lire 171 des 300 noms que compte l’oeuvre au total.
L’oeuvre examine l’incapacité à vivre le deuil de manière collective et interroge l’expérience du souvenir et de la mémoire dans des sociétés habituées à oublier, dans lesquelles chaque nouvelle tragédie efface des consciences celle qui précède. L’installation reflète le processus constant par lequel Salcedo sonde le rapport entre la souffrance personnelle et l’espace public. Palimpsest est ainsi conçu également comme un lieu de rencontre et de deuil. Les modes de représentation de l’artiste éveillent des sentiments universels
tels l’empathie, le chagrin et un sens de perte – une expérience aussi intemporelle que transculturelle. Le sentiment de responsabilité qu’attisent les dérives et les abus politiques actuels tourmente Salcedo et apparaît dans ses oeuvres comme un véritable impératif, leur conférant un caractère mémorial. Ses travaux ont souvent pour toile de fond des événements concrets mais ils offrent un espace aux interprétations personnelles et accèdent à une validité et à un impact universel.

Les expositions
Doris Salcedo est une figure majeure de la création contemporaine.  Née en Colombie, où elle vit et travaille encore aujourd’hui. Elle a étudié la peinture et l’histoire de l’art à l’Université de Bogota, puis au début des années 1980 la sculpture à l’Université de New York (NYU). En 1985, elle retourne en Colombie. Elle sillonne alors le pays à la rencontre de rescapé·e·s et de proches de victimes d’actes de violence et de brutalité. La sensibilisation provoquée en elle par ces échanges par rapport aux thèmes de la guerre, de l’aliénation, du manque de repères et du déracinement forme depuis la base de son travail.

                              Doris Salcedo-shibboleth, photo Lunettes Rouges
Salcedo a fait parler d’elle avec des installations à grande échelle telles Untitled, 2003, Shibboleth , 2007, ou Plegaria Muda, 2008–2010. Untitled, 2003, réalisé pour la 8ème  Biennale internationale d’Istanbul, se compose d’environ 1550 chaises en bois empilées entre deux bâtiments pour rendre compte des aspects
de migration et de déplacement dans l’histoire d’Istanbul. Pour Shibboleth, 2007, à la Tate Modern à Londres, elle conçoit une longue faille crevassée parcourant le sol de la Turbine Hall, inscrivant ainsi dans l’espace de manière sensorielle les expériences de délimitation, d’exclusion et de séparation.
Avec ses tables empilées, semblables à des cercueils à travers les fonds desquels poussent de délicats brins d’herbe, Plegaria Muda, 2008–2010, évoque un cimetière récemment aménagé et commémore symboliquement les milliers de civils disparus et probablement assassinés en Colombie ces dernières
années.                                                                     Photo Arte
En 2015, le Museum of Contemporary Art Chicago présente une première rétrospective de l’artiste. Le musée de Glenstone dans le Maryland lui,  installation saisissante est aujourd’hui donnée à voir pour la première fois dans l’espace germanophone en parallèle à la grande exposition d’oeuvres de la collection organisée à l’occasion des 25 ans de la Fondation Beyeler.
En 2023, la Fondation Beyeler consacrera à Doris Salcedo une grande exposition d’oeuvres majeures de l’ensemble de sa carrière.
Palimpsest est réalisé en étroite collaboration avec l’artiste Doris Salcedo, son atelier et White Cube, Londres. La direction du projet est assurée par Fiona Hesse, Associate Curator à la Fondation Beyeler.

Informations

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler 
tous les jours 10h00 – 18h00, le mercredi jusqu’à 20h00, du 16 septembre au 16 décembre 2022 le vendredi jusqu’à 22h00.
Accès :
depuis la gare SBB
tram n° 2, descendre à MessePlatz, puis tram n° 6 arrêt Fondation Beyeler

Sommaire de septembre 2022

Paris vue depuis le centre Pompidou

29 septembre 2022 : Miroir Du Monde, Chefs-D’oeuvre Du Cabinet D’art De Dresde
27 septembre 2022 : Venise Révélée
13 septembre 2022 : Territories Of Waste – Le Retour Du Rejeté
11 septembre 2022 :  ANAÏS BOUDOT – Reliques Des Jours
08 septembre 2022 : Boldini Les Plaisirs Et Les Jours

Territories of Waste – Le retour du rejeté

Hira Nabi, All That Perishes at the Edge of Land, 2019 (Filmstill)
vidéo monocanal, digital © courtesy, Hira Nabi

Jusqu’au 8 janvier 2023 au musée Tinguely de Basel
Commissaire de l’exposition
: Dr. Sandra Beate Reimann.

La crise planétaire

Face à la crise planétaire, les déchets de la planète ou la manière de faire de celle-ci une vaste poubelle constitue à son tour, avec le changement climatique et l’extinction des espèces, un point focal des pratiques artistiques. L’exposition collective Territoires of Wasteau Musée Tinguely porte sur ces manifestations de l’art contemporain et s’interroge sur les domaines dans lesquels la confrontation avec ce qui reste s’exprime aujourd’hui, jetant ainsi un regard nouveau sur l’art de la seconde moitié du XXe siècle. Cette exposition de groupe se conçoit comme un rassemblement ou une concentration de plusieurs voix qui s’attachent également à faire du mélange dynamique des déchets un concept structurant. L’exposition se déploie comme un paysage dans l’espace et s’articule selon six thématiques principales qui le traversent tel un réseau.

Artistes: Arman, Helène Aylon, Lothar Baumgarten, Anca Benera & Arnold Estefán, Joseph Beuys, Rudy Burckhardt, Carolina Caycedo, Revital Cohen & Tuur Van Balen, Julien Creuzet, Agnes Denes, Douglas Dunn, Julian Aaron Flavin, Nicolás García Uriburu, Hans Haacke, Eric Hattan, Eloise Hawser, Fabienne Hess, Barbara Klemm, Max Leiß, Diana Lelonek, Jean-Pierre Mirouze, Hira Nabi, Otobong Nkanga, Otto Piene, realities:united, Romy Rüegger, Ed Ruscha, Tita Salina & Irwan Ahmett, Tejal Shah, Mierle Laderman Ukeles, Nicolás García Uriburu, Raul Walch, Pinar Yoldaş.

Dès les années 1960, les artistes du Nouveau Réalisme et du Junk Art
(dont Jean Tinguely)
ont recouru aux rebuts et à la ferraille pour refléter à travers leurs œuvres le passage socio-économique fondamental de la pénurie à une société de consommation et du tout-jetable. Alors que les monceaux de déchets provenant de décharges débordantes, et négligemment abandonnés dans la nature, sont devenus partout visibles dans les années 1960, elles sont aujourd’hui pour l’essentiel invisibles dans les régions occidentales du monde globalisé. Un astucieux système de gestion des déchets permet de se débarrasser des ordures et saletés, de tout ce que nous laissons derrière nous en consommant. Trié, transporté, incinéré, traité, composté, recyclé, déposé dans des mines et exporté, le rebut n’a pas disparu, mais il n’est plus là.

Les pratiques artistiques et discours contemporains interrogent les conditions écologiques, géologiques et mondiales dissimulées et réprimées de notre consommation. Dans la perception du public, la micro-dimension invisible des déchets est devenue un véritable sujet. L’omniprésence de cette forme de déchets dans l’air, dans les sols, dans l’eau, dans la glace et chez les êtres vivants – et ce même dans des zones jamais foulées par l’homme – a durablement modifié notre représentation de la nature. À l’heure actuelle, des artistes se consacrent aussi de                                                                                               Eric Hattan, Jet d’OH!, 2000
Poubelle, mécanisme de déclenchement, commande; 120 × 40 cm
en possession de l’artiste
© Eric Hattan; photo: Claude Joray, courtesy Transfert, Biel/Bienne

plus en plus aux déplacements territoriaux  du waste le long des géographies coloniales, mettant en avant les aspects aussi bien de la globalisation que de la géologie. Cette importante notion
« géosphérique » s’inscrit aussi dans une réflexion sur les dimensions écologiques de l’extraction des matières premières, et notamment de l’exploitation minière.

 

Il traite du déplacement territorial du waste le long des géographies coloniales, lesquelles englobent l’exportation des déchets mais aussi la surcharge de l’extraction de matières premières dans les structures d’exploitation néocoloniales. L’accent est mis ici sur les dispositifs de communication électronique ainsi que sur les métaux et terres rares nécessaires à leur production.

L’élimination des déchets est une industrie aujourd’hui hautement automatisée. Les installations modernes de gestion des déchets sont structurées de manière à dissocier les déchets de la société. Les

Eloise Hawser, The Tipping Hall, 2019 (vue d’installation 16ème Biennale d’Istanbul)

 © Eloise Hawser; photo: Sahir Ugur Eren

déchets et leur « élimination » doivent rester le plus invisibles possible. En même temps, le travail physique associé au nettoyage et au contact avec ce qui est « éliminé » est étroitement lié à la hiérarchisation sociale, à l’exclusion, voire à la stigmatisation. Cette composante sociale, qui touche également aux origines et à des assignations genrées, constitue un deuxième champ thématique de l’exposition.

D’autres œuvres exposées traitent de la pollution de l’air et de l’eau ou des océans. Elles rendent également visibles les micro-dimensions de ce qui reste, invisibles au premier coup d’œil, et en finissent avec la notion romantique, encore prédominante, d’une nature intacte. Notre waste imprègne déjà toute l’écosphère.
Les Territories of Waste, pris littéralement comme des zones dévastées, des friches artificielles, des régions de guerre et de catastrophe, constituent le quatrième domaine thématique de l’exposition. Les traces de

Anca Benera & Arnold Estefán, The Last Particles, 2018 (détail)

notre ère industrialisée et nucléaire ont fini par s’inscrire dans les paysages. Le wasteland s’entend comme des terres stériles d’une part, comme des terres en jachère et inutilisées d’autre part, et renferme donc cette double signification de perte et de potentiel.

Dans un autre domaine, l’exposition franchit les territoires physiques et géologiques pour explorer les notions de déchets et de nettoyage dans la sphère numérique. Qu’advient-il des dossiers que nous mettons dans la « corbeille » ? Il est un fait que même les données supprimées ne disparaissent pas tout simplement.
Les notions de compost, humus et cohabitation sociale permettent d’aborder le potentiel de « tout le reste et ce qui reste » comme de nouvelles manières de penser et de vivre, mais aussi comme

Diana Lelonek, Mop, de la série: Center for Living Things, 2017 (vue d’installation du jardin botanique Poznań) Objet trouvé Collection de l’artiste
© Diana Lelonek
de nouvelles alliances. En ce sens, les œuvres présentées ici relient et recoupent les domaines de la nature et de la culture, ainsi que ceux de l’humain et de l’environnement.

Musée Tinguely

Paul Sacher-Anlage 2
Postfach 3255
CH-4002 Basel
Musée : +41 61 681 93 20
Bistro : +41 61 688 94 58

Accès

Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF :
tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz »,
puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ». 
Gare allemande (Bad. Bahnhof) : bus no. 36.

Sommaire de juin 2022

25 juin 2022 : Guillaume Barth
21  juin 2022 : Art Basel 2022 – Bilan
20 juin 2022 : Picasso – El Greco
15 juin 2022 : Mon Art Basel 2022
10 juin 2022 : BANG BANG
04 juin 2022 : MONDRIAN EVOLUTION

Art Basel 2022 – Bilan

Art Basel conclut avec succès le retour de son édition de juin L’édition 2022

-Art Basel s’est clôturée le dimanche 19 juin, après une semaine de rapports de ventes dynamiques dans tous les secteurs du marché

-La foire a attiré une participation globale de 70 000 personnes tout au long de ses journées VIP et publiques

-En soutien à l’Ukraine, Art Basel a collaboré avec la ville de Bâle, les principales institutions culturelles de la ville, Liste Art Fair Basel et le PinchukArtCentre sur un projet d’art public mettant en vedette la dernière série photographique de l’artiste ukrainien Boris Mikhailov, « Temptation of Death »

– Art Basel a également soutenu la performance du collectif punk russe Pussy Riot et a fait un don de 110 000 CHF réparti également entre trois organisations d’aide humanitaire

                                 Photo Raymond Stoppele

-Le jeudi 16 juin, Art Basel a organisé sa première Nuit illimitée, avec un programme de performances spéciales d’Ari Benjamin Meyers et Nora Turato et un événement avec l’artiste lauréat d’un Grammy Award Chance the Rapper Le salon, dont le Lead Partner est UBS, a eu lieu à Messe Basel du 16 au 19 juin 2022

Mon Art Basel

Quelques photos prises pendant le court moment qu’à duré ma visite.

A bientot en octobre

Picasso – El Greco

Picasso et sa première épouse Olga
Paloma Picasso

Jusqu’au 25.09.2022, au  Kunstmuseum Basel | Neubau
Commissaire : Carmen Giménez, avec Gabriel Dette, Josef Helfenstein et Ana Mingota

                                                 au centre Paloma Picasso

Dans le cadre d’une grande exposition temporaire, le Kunstmuseum Basel met en lumière l’intérêt de Pablo Picasso (1881–1973) pour le maître ancien crétois Doménikos Theotokópoulos, mieux connu sous le nom dEl Greco (1541–1614). Quelque 30 rapprochements de chefs-d’oeuvre des deux artistes retracent ce dialogue parmi les plus fascinants de l’histoire de l’art. De prestigieux prêts du monde entier sont réunis autour d’un noyau d’oeuvres de Picasso provenant de la collection du musée.

Des Nouveautés ?

 Picasso

Pablo Picasso a marqué de manière décisive le cours de l’histoire de l’art européenne à maintes reprises. Dans le monde, il n’existe guère d’artiste plus connu et mieux étudié. Pourtant, des nouveautés restent à découvrir dans son oeuvre. On sait ainsi que l’enthousiasme de Picasso pour Le Greco a laissé des traces manifestes dans ses travaux. Toutefois, à cet égard, on songe surtout à ses premières phases de création jusqu’à la période bleue.

                 El Greco

L’exposition Picasso – El Greco propose au contraire une version selon laquelle Picasso s’est consacré non seulement davantage au Greco qu’on ne l’avait supposé jusqu’ici, mais aussi bien plus longtemps qu’on ne le pensait, comme en témoignent des références évidentes à la fois dans ses tableaux cubistes et dans ceux de l’ensemble des périodes de création plus tardives.
L’exposition au Kunstmuseum Basel | Neubau met en scène un « dialogue » d’égal à égal entre Picasso et un de ses modèles, dans une forme circonscrite, parfois associative, s’étendant sur plusieurs siècles.

La réhabilitation du Greco

Né en 1541 en Crête, Le Greco, qui se rendit en Espagne à la fin des années 1570 après un séjour de dix ans à Venise et à Rome, connut une immense gloire de son vivant grâce à sa facture picturale à nulle autre pareille. Pourtant, peu après sa mort, il tomba dans l’oubli. Ce n’est qu’au XIXe siècle puis au tournant du XXe siècle qu’advient une renaissance de l’oeuvre du Greco impliquant des femmes et des hommes artistes dans l’Europe entière. Le jeune Picasso prend part à cette redécouverte en première ligne.
Picasso éprouve un intérêt pour le maître ancien grec dès la fin du XIXe siècle, lorsque sa famille s’établit à Barcelone en 1896. Le futur peintre, tout juste âgé de quinze ans, fréquente des artistes, hommes et femmes, ouverts d’esprit qui jouent un rôle prépondérant dans la réhabilitation du Greco qui a sombré dans l’oubli. En 1898, l’Espagne perd la guerre hispano-américaine et, de ce fait, ses dernières colonies majeures. En réaction au déclin géopolitique de l’ancienne puissance coloniale, de nombreux artistes et gens de culture s’inspirent dudit
« Siglo de Oro », le « Siècle d’or » espagnol qui s’étend du XVIe siècle tardif à la fin du XVIIe siècle. Autour de 1900, époque marquée par le nationalisme et une quête d’identité, les peintres de l’École espagnole jouent un rôle capital avec Le Greco, Diego Velázquez et Francisco de Goya parmi ses représentants.

En tant qu’artiste singulier ayant marqué l’histoire de la peinture européenne, Le Greco se situait à la marge, notamment parce que, en raison de son parcours, trois traditions différentes (gréco-byzantine, vénitienne et espagnole) ont inspiré son oeuvre à partir desquelles il élabora un langage pictural sans pareil. Le manque de documents probants sur sa vie et son oeuvre contribue également à la fascination continue qu’il exerce jusqu’à aujourd’hui. Sa personnalité auréolée de légendes constituait sans doute une surface de projection idéale pour les artistes se rebellant contre l’académisme.

La fascination de Picasso pour les maîtres anciens espagnols

Les emprunts directs au Greco surviennent dès le début de la carrière artistique de Picasso : dans de nombreuses esquisses des années 1898-1899, il s’use véritablement aux motifs du Greco. Son Portrait d’un étranger dans le style du Greco (1899) reproduit une tête type, caractéristique des portraits et des tableaux de saints du Greco, à l’instar du Saint Jérôme (vers 1610) conservé au Metropolitan Museum of Art de New York. L’Enterrement de Casagemas (Évocation) de 1901, chef-d’oeuvre intime qui annonce la période bleue, s’inspire directement du Greco également. Dans les années suivantes, cette influence demeure perceptible, comme le montrent les parallèles étonnants entre le Portrait de Mme Canals (1905) de Picasso et le Portrait d’une dame à la fourrure que l’on attribuait encore à l’époque au Greco, mais dont le véritable auteur n’est pas clairement établi aujourd’hui.
L’exposition porte également une attention particulière au cubisme : deux salles mettent en regard des oeuvres de Picasso réalisées autour de 1910 avec une sélection de célèbres tableaux d’apôtres du Greco (1608/1614) provenant du Museo del Greco à Tolède ainsi que son grand format La Résurrection du Christ (1597–1600) conservé au Prado à Madrid.

Autres comparaisons

Après la Seconde Guerre mondiale, alors que Picasso bénéficiait depuis longtemps d’une renommée internationale, il se consacra largement à l’étude des peintres anciens. L’exposition présente de fascinants exemples de l’intérêt de Picasso pour ses prédécesseurs, dont le tableau Mousquetaire (1967) au verso duquel Picasso a noté « Domenico Theotocopulos van Rijn da Silva », référence explicite aux maîtres qu’il vénérait : Le Greco, Rembrandt et Velázquez.

Picasso  Pablo Picasso
« Greco, Velázquez, INSPIRARME » (Verschiedene Horta-Typen),Conté-Stift auf Papier

De prestigieux prêts

L’exposition Picasso – El Greco réunit plus de cinquante prêts prestigieux consentis par des musées et des collections privées du monde entier aux côtés d’une douzaine d’oeuvres majeures de Picasso provenant de la collection du Kunstmuseum Basel. Parmi les institutions mettant à notre disposition des ensembles d’oeuvres majeurs issus de leurs collections, citons en premier lieu le Museo Nacional del Prado de Madrid, le Museo del Greco de Tolède, le Museu Picasso de Barcelone et le Musée national Picasso de Paris. Par ailleurs, le Metropolitan Museum of Art et le Solomon R. Guggenheim Museum de New York, la National Gallery de Washington, la National Gallery et la Tate Modern de Londres, le Musée du Louvre et le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, le Museo Thyssen-Bornemisza de Madrid, le Museum of Fine Arts de Budapest et la Gemäldegalerie de Berlin consentent d’extraordinaires prêts d’oeuvres.

Dans le cadre de l’exposition, un abondant catalogue avec des contributions de Gabriel Dette, Carmen Giménez, Josef Helfenstein, Javier Portús et Richard Shiff paraît aux éditions Hatje Cantz Verlag.
L’exposition est organisée par Kunstmuseum Basel avec le soutien exceptionnel du Musée national Picasso-Paris

Informations

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
Postfach, CH-4010 Basel
T +41 61 206 62 62
kunstmuseumbasel.ch

Tram n° 2 depuis la gare SBB, arrêt Kunstmuseum (enfin)

Mon Art Basel 2022

ma chronique sur EVA & ADELE Les Jumelles hermaphrodites dans l’art

Prologue

Tout ça parce que je suis tombée du lit, (moi aussi j’ai ri d’abord) sur ma valise ouverte. C’était à Paris le 10 mai. J’ai eu un peu mal au genou. Cela s’est aggravé de jour en jour. Du coup j’ai fait l’impasse sur les ateliers ouverts et autres expositions.
Mon psy prétend que cela s’est produit suite à un cauchemar. En effet cela se transforme en cauchemar…

Acte 1

Je m’étais sagement préparée pour l’évènement (ART BASEL). J’avais, à grands regrets, fait l’impasse sur les évènements mulhousiens  : la biennale de la Photo – BPM -à la Filature – Désidération, à la Chapelle St Jean BPM, musée des BA de Mulhouse BPM, le canal des cigognes, le canal au musée de l’impression sur étoffes, la Kunsthalle
puis St Louis : le vernissage à Fernet Branca, Hombourg BPM, la bibliothèque de Mulhouse, le Séchoir. Enfin vous constaterez l’étendu de mon sacrifice.

J’arrive toute guillerette pour le Breakfast des VIP (Champagne et viennoiseries) J’opte pour un café, je me tourne vers la serveuse qui me
tend le café, c’est là qu’une immense douleur au genou, me foudroie.
Je reste debout en priant le ciel de ne pas m’effondrer devant l’assistance
si chic, et de les asperger avec mon café. Solidaire immédiatement ils me prennent le café des mains, et m’accompagnent vers une chaise. Je ne me souviens plus si j’ai laissé échapper un gros mot, je crois que oui, je les ai remerciés. Un ami qui m’accompagnait est allé au poste de secours de la foire.
Accueilli, par une infirmière qui parlait le français, il a appris qu’il n’y avait
pas de médecin de garde.

Acte 2

Contre la remise de sa CI, on lui a proposé un fauteuil
roulant. Nous voilà parti pour la visite et pour le déjeuner.
Puis décidant d’appeler mon assurance carte World Elite premium (je précise pour la suite), pour être « rapatriée » chez moi, j’apprends qu’il me faut absolument une attestation d’un  vrai médecin.
C’est là que ça se corse. Attente au téléphone, charge de la batterie qui diminue
dangereusement, j’essaie de discuter, rien à faire, je suis dans l’obligation
d’aller aux urgences suisses.
Tout d’abord, mon interlocutrice, me répond qu’il y a une franchise dans mon cas, puis quand je précise que je suis à Bâle, en Suisse, à 35 km de mon domicile, elle ignore tout de Art Basel et me fait patienter pour le service médical qui ne répond pas pendant 25 mn.                                                                            Pistoleto
Je rappelle, enfin j’ai le service médical qui précise que c’est un médecin que je dois voir, ou alors ils ne s’occupent de rien, si je ne veux pas comprendre que c’est tant pis pour moi !

Acte 3

Sur le conseil de l’infirmière de la foire, je fais appel à un taxi, (elle dit que les
pompiers c’est + cher) Elle me pousse jusqu’au taxi et récupère le fauteuil.
Il me mène aux urgences de l’hôpital universitaire de Bâle. Généreux, il me soutient pour sortir du taxi, mais il n’y a personne pour l’accueil, il faut aller jusqu’à l’admission. Je vois un peu plus loin des pompiers, je les appelle au secours. Ils parlent le français et viennent du Doubs, ils ont déposé un malade. Ils demandent un chaise roulante pour moi.
Il n’y a pas de chaise roulante aux urgences.
Ils m’assoient sur une chaise normale. Puis tout d’un coup arrive une chaise. Un infirmier me reçoit, pour les contrôles d’usage, masque,
température, tension etc…
Puis on me pose devant l’admission, où je réponds à toutes questions que l’on me pose, même à celle qui demande, qui prévenir au cas où ….
Puis il est question de procéder à une radio, dans l’attente, on me pose dans un cagibi, je demande à boire.
Puis un infirmier me cherche pour la radio.
il doit descendre la planche où je dois m’étendre, il enlève mes chaussures, s’empêtre dans les doubles noeuds de mes tennis, puis il m’enlève le pantalon,
là je suis prise d’un fou rire nerveux, lui toujours professionnel ne comprend certainement pas mon rire. Il procède à la radio, me remet mon pantalon, pas les chaussures qui sont posées sur ma chaise.
Puis direction cagibi dans l’attente du médecin qui doit révéler le diagnostic
Au bout d’un certain temps arrive le docteur, un suisse, qui m’explique que je n’ai rien, puis il va faire appel à son chef qui lui, parle le français.
Le médecin chef, qui comme tout chef est très occupé, m’explique qu’on va me donner un cachet pour la douleur, et que l’on va me faire un TAC, j’ai compris plus tard que c’est un scanner. On me met dans la salle d’attente du Scanner, je suis seule.
Attente de 45 mn, j’atterris dans la salle du scanner. Là on pénètre dans un espèce de tunnel pour 2 mn dit-elle. De temps en temps mon téléphone sonne mais il est loin.
La dame, à ma demande me conduit aux toilettes, la chaise ne veut pas entrer dans les toilettes, en poussant un peu on y arrive. Pour ressortir c’est le même cirque. On me reconduit chez les 2 médecins. Le médecin assisté d’une infirmière tente de m’allonger, sur une table d’examen, je retombe lourdement sur mon fauteuil. Je comprends que l’infirmière grogne en suisse : elle a 2 jambes non ?
Résultats des courses, à part un peu d’arthrose, je n’ai rien. J’ai un léger … doute, aurait-on scanné la jambe gauche ? Alors que c’est la droite qui est douloureuse.
On me met debout, je ne tiens pas et j’ai mal, on me donne 2 béquilles, encore moins, je prends une leçon de marche avec béquilles, par le chef entouré d’assistants. Sont-ils là pour me rattraper en cas de chute ? Ou mieux, comme c’est un hôpital universitaire, pour suivre la leçon du chef. Puis le médecin chef me dit : si vous avez trop mal et si vous n’arrivez pas à marcher, on vous garde ici.
Panique dans ma tête, je réussis, allez savoir pourquoi, après avoir avaler le médicament, à marcher avec une béquille. Je peux partir, non sans avoir à régler une facture. Mais personne ne sait combien je leur dois.
Au moment de régler avec ma montre connectée, le terminal est un peu loin,
je tire dessus, le système se met en panne. Les agents sont tenus de le réinitialiser, je paye.

Acte 4

Puis c’est l’attente du taxi, qui me conduit
au-delà de la frontière où m’attend Véronique Arnold, qui y a garé sa voiture.
Elle était à Art Basel, en vélo, où elle expose

les plis de l’Univers

 

à la Galerie Stampa, du 16 au 19/6/22

                                                                   Les mains de l’arbre touchent l’azur

En même temps au centre ville au Spalenberg 2 WWW.stampa-galerie.ch
                                           And When I Say
                                          I AM DREAMING TOO

VÉRONIQUE ARNOLD
ET QUAND JE DIS QUE TU RÊVES,
JE RÊVE AUSSI
2. juin 2022 – 27. août 2022

Finale

Arrivées à Mulhouse, elle m’a hissée jusqu’au 3e étage de mon appartement, avec force béquille. Je ne vous raconte pas la stupéfaction de mon mari quand il m’a vue !

Je remercie, mes 2 accompagnateurs solidaires, qui ont eu une patience infinie avec moi.

Retour à domicile

De retour à Mulhouse, après les urgences de Bâle du 14/6 réclamées par mon assurance , je consulte ma généraliste.
Elle souhaite voir le résultat des examens de Bâle et dans le doute et cette attente elle m’envoie faire une IRM.
Le premier radiologue consulté me fixe RDV au 21/7/
le 2e au mois de septembre et me demande de venir m’inscrire chez lui, ou d’envoyer quelqu’un à ma place
Les autres ne répondent pas au tél.
Il faut savoir que j’habite un 3e étage sans ascenseur, et que je marche avec une béquille, pour épargner le genou droit douloureux.

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