Brice Marden Inner Space

Jusqu’au 28.8.2022, au Kunstmuseum Basel | Neubau
Commissaire : Josef Helfenstein

Brice Marden (*1938, Bronxville, New York) est l’un des peintres majeurs de notre temps. Dans le cadre de l’exposition Inner Space présentée dans le Neubau, le Kunstmuseum Basel rassemble quelque 90 oeuvres de cet artiste américain réalisées entre 1972 et 2019. Parmi celles-ci, des séries de dessins et des tableaux provenant de la collection de l’artiste, dont certaines exposées pour la toute première fois.

L’art minimal

Brice Marden établit sa réputation dans les années 1960 avec ses peintures monochromes et ses dessins empreints d’émotion. Son oeuvre réunit deux approches fondamentales de la tradition picturale moderne : d’une part le geste caractéristique de l’expressionnisme abstrait, de l’autre une tendance à la réduction à l’essentiel qui rapproche son oeuvre de l’art minimal, du moins extérieurement. L’exposition Inner Space donne à voir une oeuvre en écho avec les temps forts de la collection d’art américain après 1960 figurant au sein de la Öffentliche Kunstsammlung Basel.

Sa pratique picturale

Jusque dans les années 1970, Marden crée des panneaux monochromes qui, quelques années plus tard, prennent la forme de diptyques et de tableaux de grandes dimensions composés de plusieurs parties, qui donnent lieu à des confrontations complexes avec la surface et la couleur et se lisent comme des paysages ou des architectures. Son intérêt pour la ligne, le geste et l’emploi de moyens et de matériaux simples (« there’s no electricity involved ») figure au coeur de sa pratique picturale et dessinatoire.

En outre, il revendique bientôt une reconnaissance à part entière de ses dessins généralement subordonnés aux peintures dans la hiérarchie des médiums artistiques. Dans un texte de 1979, Brice Marden demande que ceux-ci soient considérés « comme des espaces ». Pour lui, le dessin est un médium qui, outre le fait d’exister en plus de deux dimensions, est également en mesure de refléter l’esprit et l’expérience d’un lieu précis.

Le concours

L’exposition Inner Space propose une mise en regard de séries de dessins et de peintures qui souligne l’importance du processus dans le travail de Marden. Une période de son oeuvre trouvant son origine à Bâle en constitue le point de départ : Marden se consacra à cette ville pendant sept ans. En 1978, il remporta un concours pour concevoir les nouveaux vitraux du choeur de la cathédrale de Bâle. Ses esquisses restèrent toutefois sans suite.


L’exposition présente une sélection des travaux préparatoires de ce projet conservés au sein de la collection du Kunstmuseum Basel, ainsi que plusieurs Window Paintings exécutés à cette occasion qu’il est rare de voir exposés.

Son évolution artistique

Malgré l’échec du projet bâlois, ces années marquèrent une rupture décisive dans l’oeuvre de Brice Marden et établirent les fondements de son évolution artistique à venir. Au début des années 1980, enthousiasmé par la visite d’une exposition à New York, il entame une exploration de la calligraphie et de la poésie asiatiques et effectue ses premiers voyages en Thaïlande. Durant ses séjours en Asie et sur l’île grecque d’Hydra, il réalise des dessins inspirés de caractères extrême-orientaux, qui continuent toutefois à résulter d’observations de la nature. Ce faisant, Marden commence à se détourner de la peinture monochrome.

Cold Mountain

Au milieu des années 1980, Brice Marden initie la série Cold Mountain. Celle-ci se réfère aux écrits du célèbre poète Han Shan, connu sous le nom de
« Cold Mountain », qui vécut en Chine sous la dynastie Tang (618–907). Les aplats de son oeuvre de jeunesse s’y dissipent en lignes et en signes suggérant le mouvement. Désormais, des grilles colorées dynamiques et des traits entrelacés dominent les toiles de Marden. Dans les années suivantes, les tracés s’agrègent et renouent avec la couleur. The Muses (1991–1993),
 peinture monumentale conservée au sein de la collection Daros à Hurden, en constitue un exemple éloquent : la structure calligraphique à la base du tableau se déploie en une chorégraphie souple de lignes fluides dans des tons de vert, jaune, gris et bleu.

À travers 80 dessins et 10 peintures provenant du Kunstmuseum Basel ainsi que de prêts suisses et internationaux, l’exposition Inner Space retrace cette évolution artistique jusqu’aux oeuvres d’aujourd’hui.
Brice Marden. Inner Space est une version élargie de l’exposition Think of Them as Spaces. Brice Marden’s Drawings curatée par Kelly Montana qui s’est déroulée à la Menil Collection de Houston (21.2.–14.6.2020).

Variation in Print La gravure américaine

Blatt: 63.3 x 90.4 cm; Farblithographie von 4 Steinen in Schwarz, Dunkelrot, Ultramarinblau und Grün

– Jusqu’au 28.8.2022, au  Kunstmuseum Basel | Hauptbau
Commissaire : Judith Rauser
Parallèlement à l’exposition Inner Space, une sélection de gravures américaines de Barnett Newman, Sam Francis, Jasper Johns, Donald Judd, Sol LeWitt, Frank Stella et Brice Marden est à voir dans le Hauptbau. Cette présentation est consacrée au « Graphic Boom » survenu à partir des années 1960, lorsque des artistes américains majeurs s’enthousiasment pour les possibilités et les défis de l’impression. Cette exposition présente de nombreuses oeuvres de l’art graphique américain, pour certaines rarement exposées.

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
Postfach, CH-4010 Basel
T +41 61 206 62 62
kunstmuseumbasel.ch

Jean-Jacques Lebel «La Chose» de Tinguely, quelques philosophes et «Les Avatars de Vénus»

Jean Jacques Lebel et la sculpture de Spinoza 1985

Au musée Tinguely Basel jusqu’au 18 septembre 2022

Cette exposition a pour point de départ le premier happening en Europe organisé par Lebel le 14 juillet 1960 et dans lequel jouait un rôle principal une sculpture de Jean Tinguely, à savoir L’enterrement de la Chose de Tinguely. Sont présentés des documents sur ce happening, quelques Philosophes de Lebel et de Tinguely ainsi que l’œuvre tardive de Lebel, Les Avatars de Vénus.

Le happening

Le happening L’Enterrement de la Chose de Tinguely a eu lieu à la suite de la deuxième exposition Anti-Procès, une série de trois manifestations en opposition à la guerre cruelle que menait la France contre les mouvements indépendantistes en Algérie. Il s’agissait là d’exprimer tout à la fois anticolonialisme, rejet du chauvinisme affiché par exemple par la Biennale de Venise et hostilité envers l’art nationaliste ou patriarcal.
L’Enterrement faisait suite à la mort violente à Los Angeles d’une jeune femme, Nina Thoeren, avec laquelle les organisateurs d’Anti-Procès, Jean-Jacques Lebel et Alain Jouffroy, étaient amis. Thoeren avait auparavant vécu à Venise:
son viol et son assassinat ont profondément choqué de nombreuses personnes impliquées. Le happening était une manifestation commémorative.
Après une cérémonie avec des femmes en lamentation, une lecture de textes et une mise à mort rituelle de la sculpture, la « Chose » de Tinguely fut chargée sur une gondole, suivie de deux autres portant des spectateurs et spectatrises ; et pour finir, la sculpture fut immergée dans le Canale della Giudecca.
Il existe quelques photos de ce happening, un carton d’invitation ainsi que des récits de différent.es participant.es.

Peinture politiquement engagée et performance

Avec ce premier happening en Europe, Lebel a posé les bases de son développement artistique futur, entre peinture politiquement engagée et performance. Son objectif déclaré, entièrement placé sous le signe de l’insurrection, du soulèvement, de la révolte et de la désobéissance, est alors
de faire sauter toutes les frontières sociétales.

                                     Le retour de Bakounine 1  1988
Dans les années 1960, à travers les Festivals de la Libre Expression, Lebel envisage la rupture avec toutes les normes comme le début d’une nouvelle société. Son art et sa pensée ont été marqués par l’étude, sa vie durant, des textes de Bakounine, Nietzsche, Stirner. Ses positions sont marquées du reste par un regard extrêmement critique sur les politiques publiques.

le portrait de Nietzsche par Jean Jacques Lebel

Les Avatars de Vénus

JJ Lebel Les avatars de Venus

Parmi ses oeuvres tardives figure une installation vidéo quatre canaux, Les Avatars de Vénus (2007), dans laquelle Lebel s’interroge, à travers l’image de la femme, sur la mémoire collective et les archétypes, tels qui déterminent l’histoire des arts et des cultures comme un changement continu. C’est le regard de l’artiste sur la représentation de la femme, dans 7 000 illustrations issues de cultures et de contextes les plus variés, qui, ce faisant, devient le sujet de l’installation.

Celle-ci est visible dans l’exposition, aux côtés de documents sur le happening de 1960 et quelques portraits de Lebel de « ses» philosophes, Bakounine, Dostoïevski, Duchamp, Nietzsche, Spinoza, qui font face à deux philosophes de Tinguely, Kropotkine et Bergson.

Tinguely, Kropotkine et Bergson

Informations

Musée Tinguely
Paul Sacher-Anlage 1 l 4002 Bâle

Heures d’ouverture : mardi – dimanche, tous les jours 11h-18h

Sites Internet : www.tinguely.ch

Réseaux sociaux : @museumtinguely 1  #museumtinguely 1  #lachosedetinguely #jeanjacqueslebel

Accès
depuis la gare SBB prendre le tram 2 vers Riehen
descendre à Wettstein Platz prendre le bus 31 ou 38
arrêt Tinguely

Cuno Amiet
Premiers portraits d’enfants

Cono-Amiet-Die-gelben-Madchen-1931

Jusqu’au 27.03.2022, au Kunstmuseum Basel | Hauptbau
Commissaire : Henriette Mentha
À l’occasion de l’acquisition de Studie zu Zwei Mädchenakte par la Fondation Im Obersteg, le Kunstmuseum Basel consacre une exposition centrée sur les portraits d’enfants de l’artiste suisse Cuno Amiet (1868-1961).
Autour de 1900, Cuno Amiet comptait parmi les artistes suisses les plus influents. Cela explique qu’il soit aujourd’hui représenté dans de nombreuses collections d’art suisses. La Collection Im Obersteg abritée au Kunstmuseum Basel ne fait pas exception. En 2020, Studie zu Zwei Mädchenakte (1910) est venue enrichir le groupement d’oeuvres d’Amiet déjà présent au sein de la collection.

Cuno Amiet; Studie zu « Zwei Mädchenakte »; 1910

Amiet a exécuté certains de ses tableaux d’enfants lorsqu’il était membre du groupe d’artistes expressionnistes « Die Brücke ». Ces oeuvres témoignent du rapprochement de l’artiste suisse avec ses collègues allemands autant que de son indépendance. L’attention portée par les expressionnistes à la provocation et au drame des relations humaines n’intéresse pas Amiet. Une autre divergence concerne son atelier comparable, à première vue seulement, à ceux de ses camarades de « Die Brücke » qui s’apparentent plutôt à des lieux scéniques. Amiet privilégie sa propriété comme sujet de ses tableaux en représentant sa maison, son jardin fleuri et son verger, ainsi que le paysage aux alentours du village bernois d’Oschwand en Haute-Argovie au fil des saisons.


Dans ce cadre privé, il peint également ses proches, en particulier sa femme. Dans un premier temps, Amiet associe souvent les enfants aux fleurs ou à la nature, tels des emblèmes de l’unité de l’homme et de la nature. Ce n’est qu’après 1907 qu’il déplace les scènes à l’intérieur de son atelier et transpose ce contenu allégorique dans le quotidien.
La peinture acquise par la Fondation Im Obersteg illustre bien cette évolution. L’exposition la présente aux côtés d’autres portraits d’enfants d’Amiet et d’une sélection d’oeuvres des artistes de « Die Brücke ».

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
Postfach, CH-4010 Basel
T +41 61 206 62 62
kunstmuseumbasel.ch

Louise Bourgeois x Jenny Holzer The Violence of Handwriting Across a Page

Destruction of the Father (1974)

Jusqu’au 15 mai 2022, au Kunstmuseum Basel | Neubau et Hauptbau
Commissariat assuré par Jenny Holzer et Anita Haldemann

Jenny Holzer (* 1950) compte parmi les artistes majeures de sa génération. Pour le Kunstmuseum Basel, elle conçoit une exposition avec des travaux de Louise Bourgeois (1911–2010), l’une des artistes les plus influentes des 20e et 21e siècles. À travers la rencontre inédite de deux grandes dames de l’art américain, l’oeuvre de Louise Bourgeois est présentée à partir de la perspective de Jenny Holzer.

L’amitié

L’amitié entre Bourgeois et Holzer constitue le fondement de cet ambitieux projet qui est bien plus qu’un simple hommage de la plus jeune artiste à son aînée. Bien que leurs intentions artistiques soient, à première vue, foncièrement différentes, des parallèles apparaissent chez ces deux artistes femmes dans l’emploi du langage, en particulier du mot écrit. Ceux-ci sous-tendent l’interprétation à la fois perspicace et empathique que propose Holzer des oeuvres de Bourgeois, ainsi que sa vision très originale de l’oeuvre de son amie. Le Kunstmuseum Basel a accordé une liberté totale à Jenny Holzer pour la réalisation de cette extraordinaire exposition ainsi que du livre d’artiste qui l’accompagne.

L’importance du langage

Depuis le début des années 1980, Jenny Holzer jouit d’une notoriété mondiale à travers son utilisation subversive et provocante du langage dans l’espace public. Elle s’appuie sur une large palette de médiums et de formats, allant de tee-shirts à des panneaux, en passant par des projections à grande échelle et des camions dotés de lettres lumineuses LED. Ses travaux analysent et interrogent les rapports de force qui prévalent en politique, dans les rôles de genre, la vie professionnelle et au sein de la société.
À travers une pratique artistique protéiforme qui se distingue par une grande inventivité, Louise Bourgeois sonde les profondeurs du paysage de son âme. Son oeuvre hétérogène s’intéresse à diverses émotions humaines : l’amour, le désir, la dépendance, la sexualité, le rejet, la jalousie, la perte et l’abandon. Pour l’artiste, l’écriture relevait presque d’une obsession. Ses abondantes archives comprennent des journaux intimes et des lettres qu’elle conserva durant plusieurs décennies, ainsi que des centaines de notes prises sur des feuilles volantes lors de la psychanalyse qu’elle commença à la mort de son père en 1951.

L’écriture

L’écriture jouait un rôle important dans le processus de création de Louise Bourgeois. Tout comme à travers ses oeuvres, elle y trouvait une expression à ses traumatismes et parvenait parfois à les surmonter. L’acte d’écrire lui permettait d’exprimer consciemment des émotions et des impulsions pour certaines inconscientes. Dans son travail artistique, Bourgeois employait le mot écrit sous diverses formes : brodé sur des matières textiles à l’instar de sous-vêtements et de mouchoirs, gravé dans des plaques de plomb, écrit sur des gravures, ou encore intégré à certaines de ses installations connues sous le nom de Cell (« cellule »). Dans nombre de travaux plus tardifs, Bourgeois eut recours à d’anciens journaux intimes et à d’autres écrits. Ainsi, elle mêla non seulement l’image et le mot écrit, mais aussi le passé et le présent.

L’exposition

Pour l’exposition Louise Bourgeois x Jenny Holzer, Holzer a regroupé des oeuvres de Bourgeois de manière thématique au sein de neuf salles du Kunstmuseum Basel | Neubau. La présentation suit une logique intuitive et poétique. Chaque salle est autonome et possède sa propre identité. Dans le même temps, l’exposition toute entière déploie un récit dense et complexe autour de réminiscences, des cinq sens, de paysages, de l’inconscient, de la sexualité, de la maternité, des traumatismes et de la créativité.

Au-delà du Neubau

L’approche de Jenny Holzer se caractérise par la désagrégation de l’espace d’exposition conventionnel. Ainsi, elle met en scène des interventions artistiques dans d’autres endroits du Kunstmuseum Basel, à l’instar de Twosome (1991), travail de Louise Bourgeois rarement présenté au public, qui occupe le passage souterrain reliant les bâtiments du Neubau et du Hauptbau. Cette installation mécanique monumentale, semblable à un camion-citerne se déplaçant sur des rails d’avant en arrière, représente les oscillations dynamiques entre différents pôles : masculinité et féminité, attraction et répulsion, union et séparation, mère et enfant.


Twosome constitue une transition parfaite vers le Hauptbau où Holzer fait dialoguer les sculptures de Bourgeois avec des chefs-d’oeuvre de la collection du musée, afin de souligner les analogies et les différences entre l’art ancien et contemporain, tout en mettant en évidence la place qu’occupe Louise Bourgeois dans l’histoire de l’art.

Livre d’artiste

Jenny Holzer approfondit son étude de l’oeuvre de Louise Bourgeois dans un livre d’artiste. Elle y entremêle l’art et les écrits de Bourgeois en une délicate histoire sous forme de compositions souvent rognées de manière radicale, disposées par paires, en pleine page.  De temps à autre, elle situe Bourgeois dans l’histoire de l’art en associant des images de ses oeuvres à des reproductions de chefs-d’oeuvre de la collection du Kunstmuseum ayant fait l’objet d’un traitement semblable. Il en résulte des mises en regard inattendues, à première vue insensées, qui suscitent la réflexion. Ce livre d’artiste à nul autre pareil paraît en collaboration avec JRP | Editions.

                                                     Louise Bourgeois autoportrait

En lien avec cet ouvrage, le Kunstmuseum Basel présente une sélection de travaux sur papier provenant du Kupferstichkabinett au sein des deux cabinets d’art graphique situés au premier étage du Hauptbau.

Frise LED, application de RA et projections urbaines

Pour concevoir la frise lumineuse LED projetée sur la façade du Neubau, Jenny Holzer a remanié des fragments issus d’écrits de Bourgeois. En outre, elle a développé une application de réalité augmentée, en collaboration avec l’agence digitale Holition (Londres), qui transforme l’oeuvre emblématique de Bourgeois Destruction of the Father (1974) présentée dans le Neubau en une expérience inoubliable pour les sens. À l’aide de cette application, les visiteur.euse.s peuvent également emporter des mots choisis de Louise Bourgeois partout avec eux.

Destruction of the Father (1974)

Enfin, durant la première semaine de l’exposition, des extraits d’écrits de Bourgeois seront projetés sur les façades de bâtiments publics dans toute la ville de Bâle.

LOUISE BOURGEOIS XX Augmented Reality App

Holzer a développé une application de réalité augmentée avec Holition, un studio d’innovation créative primé basé à Londres, qui transforme l’œuvre pivot de Bourgeois, The Destruction of the Father (1974), exposée au Kunstmuseum Basel | Neubau, en une expérience immersive et multisensorielle.

L’application permettra également aux utilisateurs de voir les mots de Bourgeois flotter autour d’eux où qu’ils aillent, et de créer et partager leurs propres images en réalité virtuelle.

L’application peut être téléchargée gratuitement sur l’App Store (iphone) et le Google Play Store (android).

Brochure de salle

A découvrir ci-dessous

Si vous prenez les ascenseurs vous entendrez la voix enfantine de Louise
Bourgeois chanter.
Une exposition très riche

Party for Öyvind. Öyvind Fahlström & Friends

Fahlstrom The Cold War 1965

Au musée Tinguely jusqu’au 1er mai 2022
Les commissaires de l’exposition sont Barbro Schultz-Lundestam et Gunnar Lundestam.

Avec Party for Öyvind, le Musée Tinguely consacre une grande exposition à Öyvind Fahlström, artiste aux multiples talents. Fahlström (1928-1976) a créé, au cours de sa brève carrière artistique, à tous points de vue « explosive ». À partir du début des années 1950, il a su établir un réseau international d’artistes, présent dans l’exposition,  avec plus de 80 noms des arts plastiques, de la poésie, du théâtre, de la littérature, de la musique, de la danse et du cinéma. Cette exposition permet de refléter la grande diversité d’expressions
 des artistes qui ont inspiré le Suédois ou ont été inspirés par lui.
Les liens, discours et développements créatifs, les relations personnelles et inspirations réciproques sont à revivre dans cette exposition
exceptionnelle jusqu’au 1er mai 2022. Le travail de Fahlström a été marqué
par une atmosphère de renouveau où une jeune génération explore de nouvelles voies, en politique, dans la société et les rapports personnels, s’opposant à la politique coloniale et patriarcale de la génération avant elle. Fahlström et ses ami.e.s ont fait d’une avant-garde, dont la recherche de ce monde nouveau
était au coeur de leurs réflexions, de leurs actions et de leurs créations artistiques.

Le titre de l’exposition

Le titre de l’exposition reprend le carton d’invitation envoyé par Patty et
Claes Oldenbourg, pour une fête organisée à l’occasion de l’anniversaire de
Öyvind Fahlström
et de sa première exposition personnelle à la légendaire Sidney Janis Gallery de New York en 1967.
Cette fête immense réunit alors
plusieurs centaines d’invités,
dont plusieurs sont également
représentés dans l’exposition.

Biographie

UNSPECIFIED – CIRCA 1900: Swedish Visual Artist. He Made « Peintures Variables ». The Components Evolve On Magnetic Base Or Float On Water. They Can Be Interpreted In Many Ways By The Public.\\Rapho Agency Has Not Obtained Authorization From The Rightful Owners/Beneficiaries And E (Photo by Jean-Philippe CHARBONNIER/Gamma-Rapho/Getty Images)

Fahlström est né en 1928 à São Paulo, au Brésil, de parents scandinaves. En juillet 1939, à l’âge de 10 ans, il part pour Stockholm où il rend visite à sa famille pendant six mois. Le début de la Seconde Guerre mondiale, l’empêche de repartir, si bien que Fahlström  passera le reste de son enfance et de son adolescence chez une tante à Stockholm. Après la guerre, il étudie l’histoire de l’art et de l’archéologie à Stockholm et à Rome, où il vit à partir de 1952. Il s’immerge rapidement dans le milieu artistique , crée ses premières oeuvres   et se lie d’amitié avec des artistes comme le peintre Giuseppe Capogrossi, dont l’utilisation des signes et des symboles, est pour le jeune suédois, une source d’inspiration majeure.
Correspondant de journaux suédois, Fahlström écrit des articles sur Rome, notamment sur Cy Twombly et Robert Matta.

Dès le début, Fahlström entretient avec le Moderna Museet (inauguré en 1959) une relation étroite qui débouchera sur de nombreux projets pluri-
disciplinaires et fera de lui plus tard, l’un des ambassadeurs des musées des
Etats – Unis. Suivent ses premières expositions internationales, notamment en 1958 à la galerie Daniel Cordier à Paris, où Fahlström noue des liens avec Jean – Jacques Lebel et Alain Jouffroy, les organisateurs d’Anti – Procès (1,1960)
mouvement d’artistes contre la politique française en Algérie et contre l’Apartheid en Afrique du Sud, dont Fahlström signe lui aussi le manifeste.

Les Etats Unis

En 1961, titulaire d’une bourse, Fahlström se rend pour un an aux États-Unis avec sa partenaire Barbro Östlihn, qu’il a épousée en 1960 et avec laquelle il collabore intensément.

Öyvind Fahlström, Section of World Map – A Puzzle, 1973

Billy Klüver, ingénieur suédois au service des Bell Laboratories et fondateur de l’E.A.T. (Experiments in Art and Technology, institution soutenant de nombreux artistes dans la réalisation technique de leurs œuvres), introduit les nouveaux arrivants dans le milieu artistique new-yorkais. Leurs premiers amis sont alors Patty et Claes Oldenburg. Fahlström peut reprendre l’atelier de Robert Rauschenberg et devient ainsi le voisin de Jasper Johns.
Il se retrouve au cœur d’une fulgurante évolution américaine, et assiste à la montée du pop art et du happening. Une fois l’année de bourse écoulée, Barbro et Öyvind restent à NewYork, où ils feront partie de la scène artistique locale jusqu’à la mort de l’artiste en 1976.

HON

Même vivant à New York, les contacts avec la Suède ne se sont jamais interrompus. En 1966, Fahlström représente son pays à la Biennale de Venise, raison sans doute pour laquelle il n’a pas pu participer à HON, l’immense sculpture féminine que Niki de Saint Phalle a installée en 1966 au Moderna Museet avec Jean Tinguely et Per Olof Ultvedt.
Fahlström et Tinguely s’étaient connus en 1955 à Stockholm lors de sa première exposition en Suède. Öyvind et Niki se sont rencontrés à Stockholm en mai 1961 dans le cadre de l’exposition Rörelse i Konsten, et un an plus tard tous les trois se retrouvent ensemble lors de leur participation commune à la mise en scène de The Construction of Boston par Kenneth Koch. Également poète, Fahlström publie le tout premier Manifeste pour la poésie concrète en 1953. Il écrit des pièces de théâtre, prend part à des performances et des happenings ainsi qu’à des réalisations théâtrales, et il crée, en étroite collaboration avec sa
femme, une œuvre artistique faite de peintures, d’innombrables dessins et d’imposantes installations, à mi-chemin entre la peinture et la bande dessinée, et dans laquelle il aborde les questions politiques, sociales et sociétales de son époque.

Öyvind Fahlström, Analogies du Capricorne : grottes, échelles, cloches,
1960

Party for Öyvind est le reflet d’une époque marquée par les défis de l’après-guerre, mais proposant également des possibilités et ouvertures à la fois uniques, inédites et ludiques : toute une jeune génération tente alors d’en finir avec l’ancien, de trouver son propre mode de vie et de mettre au centre la joie de vivre et l’espoir en l’avenir, le droit à sa propre identité, la sexualité et l’expression artistique, la musique, la littérature et la poésie.

Les artistes

Wiveka Wachtmeister, The Druds, 2020L’exposition réunit de nombreux artistes parmi les plus influents des années 1950-1970:
Alexander Calder, Andy Warhol, Barbro Östlihn, Carl Johan De Geer, Christer
Strömholm, Claes Oldenburg, Cy Twombly, Dennis Hopper, Ernest Cole, Faith Ringgold, Gunilla Palmstierna-Weiss, Jean Tinguely, John Cage, Kiki Kogelnik, Lee Bontecou, Lena Svedberg, Marie-Louise Ekman, Marisol, Merce Cunningham, Mimi Gross, Niki de Saint Phalle, Patty Oldenburg, Peter Weiss, Robert Rauschenberg et Roy Lichtenstein.
Et, bien sûr, Fahlström lui-même. Au total, à peu près autant de femmes que d’hommes.
Après une première étape au Sven-Harrys konstmuseum de Stockholm, elle a été élargie pour Bâle, où elle est montée par Andres Pardey et Tabea Panizzi. Elle sera présentée au Kunstverein de Hambourg à l’été 2022.

                                                Wiveka Wachtmeister, The Druds, 2020

Informations pratiques Musée Tinguely :

Titre de l’exposition : Party for Öyvind. Öyvind Fahlström & Friends
Adresse : Musée Tinguely | Paul Sacher-Anlage 1 | 4002 Bâle
Opening Day : Mardi 15 février 2022 de 11h à 20h
Durée : 16 février – 1er mai 2022
Heures d’ouverture : mardi – dimanche, tous les jours 11h-18h
Sites Internet : www.tinguely.ch
Réseaux sociaux : @museumtinguely | #museumtinguely | #partyforoeyvind | #oeyvindfahlstroem

Accès
Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF :
tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz »,
puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ». 
Gare allemande (Bad. Bahnhof) : bus no. 36.
Autoroute: sortie « Basel Wettstein/ Ost ».

La Fondation Beyeler fête ses 25 ans

La Fondation Beyeler pour ses 25 ans montre, la première présentation d’oeuvres de la Collection de la Fondation Beyeler, cette année, qui s’intéresse à l’interaction entre figuration et abstraction dans l’art moderne. Elle se propose d’éclairer et d’illustrer à travers plus de 70 peintures et sculptures significatives de l’impressionnisme, de la modernité classique et de l’art contemporain.

Passages – Paysage, figure et abstraction

Monet

Le passage de la figuration à l’abstraction est notamment illustré par différentes représentations de paysages et de personnages. Ainsi, les éléments abstraits prennent souvent leur source dans des motifs naturels, qui se trouvent soumis à un processus de réduction et de transformation. Mais il arrive également, à l’inverse, que des formes et des structures abstraites donnent naissance à des représentations d’objets. Ainsi, l’abstraction et la figuration peuvent constamment s’entremêler et se revitaliser mutuellement. C’est ce qu’illustre l’exemple de la célèbre série des Nymphéas de Claude Monet, née au début du XXe siècle, et qui, dans les années 1950, inspira des compositions radicalement novatrices aux artistes américains de l’expressionnisme abstrait. Sous l’invocation du « passage », la présentation rassemble ainsi des oeuvres qui permettent de reconstituer les liens entre deux conceptions opposées et en même temps complémentaires de l’image. Mais c’est aussi sur le plan des thèmes traités qu’il est possible d’identifier l’idée de « passage », au sens de la transition et de la traversée.

Gerhard Richter & Agnès Martin

Gerhardt Richter

Parmi les créateurs représentés dans cette exposition, Gerhard Richter (né en 1932) occupe une position éminente. Pour le 90ème anniversaire de l’artiste, la Fondation consacre une salle — réunissant des
pièces de la Collection Beyeler, mais aussi des oeuvres prêtées — à la vaste production de ce grand contemporain, qui illustre d’une manière frappante l’interaction artistique de la figuration et de l’abstraction.

Agnès Martin

Les prêts généreusement consentis par la Collection Daros ont permis de réserver une autre salle à l’artiste américaine Agnes Martin (1912–2004) et aux compositions caractéristiques de sa manière géométrique et abstraite.
L’exposition « Passages – Paysage, figure et abstraction » a été conçue par Raphaël Bouvier, commissaire de la Fondation Beyeler.

Liste des artistes exposés

Lucas Arruda – Francis Bacon – Paul Gauguin – Alberto Giacometti
Claude Monet – Barnett Newman – Balthus -Vincent van Gogh -Pablo Picasso
Constantin Brancusi – Ferdinand Hodler- Jackson Pollock – Georges Braque
Wassily Kandinsky – Gerhard Richter – Alexander Calder – Ellsworth Kelly
Auguste Rodin – Paul Cézanne – Agnes Martin – Mark Rothko – Max Ernst
Sam Francis – Joan Miró- Joan Mitchell – Henri Rousseau

La Fondation Beyeler célèbre ses 25 années d’existence en 2022. Le musée d’art à Riehen près de Bâle est réputé à l’international pour ses expositions de grande qualité, sa collection de premier plan d’art moderne classique et d’art contemporain, ainsi que son ambitieux programme de manifestations. Conçu par Renzo Piano, le bâtiment du musée est situé dans le cadre idyllique du parc avec ses arbres vénérables et ses bassins de nymphéas. La Fondation Beyeler bénéficie d’une situation unique, au coeur d’une zone récréative de proximité avec vue sur des champs, des pâturages et des vignes, proche des contreforts de la Forêt-Noire. La Beyeler-Stiftung prévoit avec l’architecte suisse Peter Zumthor une extension dans le parc adjacent, renforçant ainsi encore l’alliance harmonieuse entre art, architecture et nature.

Programme 2022

En 2022, le programme des expositions de la Fondation Beyeler sera placé sous le signe de son 25ème anniversaire. Il s’ouvre sur la grande rétrospective consacrée à Georgia O’Keeffe, suivie par l’exposition d’été « Mondrian Evolution ». À l’automne, la Fondation Beyeler présentera l’exposition la plus complète à ce jour d’oeuvres de sa collection, accompagnée d’une riche programmation.
Pour plus d’informations : www.fondationbeyeler.ch/fr/25ans

La Fondation Beyeler est ouverte tous les jours de 10.00 à 18.00 h, le mercredi jusqu’à 20.00 h

« Georgia O’Keeffe », une artiste d’exeption, à la Fondation Beyeler

Après avoir été montrée au centre Pompidou de Paris l’exposition est visible à Bâle jusqu’au 22 mai 2022

« Chanter a toujours été pour moi le moyen d’expression parfait. C’est tellement spontané. Comme je ne sais pas chanter, je peins. »

Georgia O’Keeffe

La Fondation Beyeler consacre la première exposition de son année anniversaire à Georgia O’Keeffe (1887–1986), l’une des peintres les plus importantes et figure emblématique de l’art moderne américain.
Réunissant 85 oeuvres de collections publiques et privées, principalement en provenance des États-Unis, « Georgia O’Keeffe » propose un aperçu représentatif de l’oeuvre aussi multiple que surprenant de cette artiste d’exception. La rétrospective offre une rare occasion au public européen de découvrir dans une telle profondeur l’oeuvre de Georgia O’Keeffe, très peu représenté dans des collections hors des États-Unis.

Un langage visuel propre

L’exposition à la Fondation Beyeler met en lumière la manière si singulière de O’Keeffe de contempler son environnement et de traduire ses perceptions en images inédites de la réalité – parfois presque abstraites, parfois proches de leur modèle naturel.

« On prend rarement le temps de voir vraiment une fleur. Je l’ai
peinte assez grande pour que d’autres voient ce que je vois. »

louisiana 014

Cette citation de 1926 peut servir de fil conducteur à l’exploration de l’art et de la vie de l’artiste. O’Keeffe a développé un langage visuel propre, oscillant entre abstraction et figuration, d’une actualité exceptionnelle non démentie à ce jour. La combinaison de son regard particulier et de son approche délicate et respectueuse du monde naturel fait de Georgia O’Keeffe la peintre de paysages et de la nature la plus importante et la plus passionnante du 20ème siècle.

Le soutien de Stieglitz

O’KEEFFE, Georgia_Nueva York con luna, 1925_(CTB.1981.76)

À partir de 1918, Georgia O’Keeffe passe des années décisives de son évolution artistique dans la métropole de New York, au coeur du cercle étroit alors très en vogue et hautement influent réuni autour d’Alfred Stieglitz, photographe, galeriste et promoteur de l’art moderne. Sa galerie opère très tôt comme
lieu de présentation et de discussion de l’avant-garde européenne ; c’est aussi un endroit où la jeune création artistique et photographique américaine trouve stimulation et soutien. O’Keeffe doit sa reconnaissance précoce et la carrière qui s’ensuit au soutien de Stieglitz, son futur époux, et à son association plusieurs décennies durant à la scène artistique new-yorkaise. Cependant, la vie urbaine ne laisse que peu de traces visibles dans sa production artistique.

La nature

O’Keeffe grandit à la ferme laitière de ses parents dans le Wisconsin, dans le Midwest américain. Les étapes décisives de son développement artistique se déroulent à Charlottesville, Virginia, puis à Canyon, Texas, où elle occupe de 1916 à 1918 un poste de professeure d’art. Après son déménagement à New
York, des séjours réguliers dans différents endroits continuent à rythmer sa vie d’artiste. Pendant de nombreuses années, ce sont des séjours l’été dans la résidence secondaire de la famille Stieglitz sur le lac George dans l’État de New York, où elle puise l’inspiration pour une grande partie de son travail de
l’époque. En 1929, O’Keeffe passe pour la première fois plusieurs semaines au Nouveau-Mexique dans le sud-ouest des États-Unis, où elle retourne chaque année, toujours seule, et où elle s’installe définitivement après la mort de Stieglitz.

Le parcours

L’exposition commence par les premiers travaux de O’Keeffe, réalisés en parallèle à son activité d’enseignante en Virginie et au Texas. Des dessins au fusain comme Early Abstraction, 1915, et No. 14 Special, 1916, sont présentés à côté d’une sélection d’aquarelles de petit format d’une grande intensité
chromatique et lumineuse. Red Landscape, 1916/17, avec son ciel nocturne éclairé par une explosion spectaculaire qui baigne les collines arides d’un rouge éclatant, est l’une des rares peintures à l’huile de cette époque.

No. 14 Special, 1916, Early Abstraction, 1915

L’abstraction

Des oeuvres telles Blue and Green Music, 1919/1921, et Series I – From the Plains, 1919, manifestent ensuite le travail de l’artiste sur l’abstraction. C’est cependant la coexistence de la figuration et de l’abstraction qui régit fondamentalement le travail de O’Keeffe. Le monde végétal, en particulier les fleurs, fournit des motifs centraux de son oeuvre. Dans ses peintures florales de grand format comme

2014.35 Georgia O’Keeffe
Jimson Weed/White Flower No. 1, 1932
Oil on canvas
48 × 40 in. (121.9 × 101.6 cm)
Framed: 53 in. × 44 3/4 in. × 2 1/2 in.

Jimson Weed / White Flower No. 1, 1932, l’une des plus célèbres de ce groupe, ou Oriental Poppies, 1927, on discerne l’intérêt de l’artiste pour le courant alors influent de la
« photographie pure (straight photography) ».

Les sources d’inspiration

Les sources d’inspiration principales de O’Keeffe sont la nature et les paysages ; elle peint des oeuvres figuratives et abstraites basées sur des motifs de paysage, d’abord sur le lac George et ensuite au Nouveau-Mexique. Les oeuvres du premier séjour au Nouveau-Mexique, dont Ranchos Church No. 1,
1929, et Gray Cross with Blue, 1929, s’inspirent d’éléments typiques de la région comme l’architecture en adobe ou les croix de pénitents érigées dans le paysage par une confrérie religieuse. C’est l’époque à laquelle elle réalise Mule’s Skull with Pink Poinsettias, 1936,

célèbres toiles figurant un crâne d’animal trouvé dans le désert. Pendant les années de guerre, lorsque O’Keeffe habite au Nouveau-Mexique de manière permanente, le regard qu’elle porte sur ce paysage évolue. Dans ses deux séries Black Place I–IV, 1944, et Black Place I–III, 1945, elle représente le paysage de collines gris-noir dans une palette inhabituellement sombre, en perspective aérienne et toujours plus abstraite. La nature morte It Was a Man and a Pot de 1942, qui donne à voir un crâne humain, suggère qu’au fil des années 1940 la manière dont O’Keeffe perçoit son environnement évolue sous l’effet de la guerre qui fait rage.

C’ÉTAIT UN HOMME ET UN POT, 1942.

Georgia O’Keeffe (américaine, 1887-1986)

Huile sur toile, 16 x 20 po. Crocker Art Museum Achat avec fonds de contrepartie du National Endowment for the Arts, 1973.23.

La dernière salle

Dans la dernière salle de l’exposition, l’oeuvre tardif de O’Keeffe fait face à Black Mobile with Hole, 1954, d’Alexander Calder (1898–1976), dont le travail est depuis longtemps lié à la Fondation Beyeler – tant par la collection du musée que par plusieurs expositions. Contrairement à O’Keeffe, Calder entretient une relation continue avec l’Europe, mais les deux artistes partagent un attachement profond aux vastes étendues et à l’horizon infini de l’Amérique rurale, qui nourrissent et irriguent leurs oeuvres.

Pionnière

De son vivant déjà, Georgia O’Keeffe est considérée aux États-Unis comme représentante majeure et co-initiatrice du nouvel art américain tel qu’il est prôné et se développe à partir de la fin des années 1910 indépendamment et en démarcation de l’avant-garde européenne. En 1943, le Art Institute of Chicago lui consacre sa première rétrospective muséale et en 1946, le Museum of Modern Art, New York, organise une grande exposition, la première d’une artiste femme à se tenir dans cette institution. La plupart des oeuvres de O’Keeffe se trouvent aux États-Unis, dans plus de 100 collections publiques et dans des collections privées. L’Europe, où O’Keeffe elle-même ne se rend pour la première fois qu’en 1953 à l’âge de 65 ans, ne compte au total qu’une douzaine d’oeuvres détenues dans des collections privées et publiques. La première exposition majeure sur le Vieux Continent lui est consacrée en 1993 à la Hayward Gallery de Londres. L’une des rares expositions dans les années qui suivent et la première en Suisse est celle organisée en 2003 par Bice Curiger au Kunsthaus Zürich. Georgia O’Keeffe figure aujourd’hui aussi en Europe parmi les artistes les plus renommé·e·s, même si les originaux de ses oeuvres n’y sont que rarement exposés. C’est une oeuvre d’une sensualité rare et délicate.

Commissaires

L’exposition « Georgia O’Keeffe » est placée sous le commissariat de Theodora Vischer, Chief Curator, et est présentée à la Fondation Beyeler du 23 janvier au 22 mai 2022. L’exposition a été organisée par la Fondation Beyeler, Riehen/Bâle, le Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid, et le Centre Pompidou, Paris, en partenariat avec le Georgia O’Keeffe Museum, Santa Fe.

Le catalogue de l’exposition paraît en allemand au Hatje Cantz Verlag, Berlin. Sur 208 pages, il réunit des articles de Cody Hartley, Anna Hiddleston-Galloni, Didier Ottinger, Marta Ruiz del Árbol, Ariel Plotek et Julia Keller.
Avec un avant-propos de Sam Keller et Theodora Vischer.

Pratique

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler: tous les jours de 10h00 à 18h00, le mercredi jusqu’à 20h00

Tram n° 2 jusqu’à Messeplatz puis n° 6 arrêt Fondation Beyeler

Camille Pissarro
L’atelier de la modernité

04.09.2021 – 23.01.2022, Kunstmuseum Basel | Neubau
Commissaires : Christophe Duvivier, Josef Helfenstein

« (…) nous sortons peut-être tous de Pissarro. Il a eu la veine de naître aux Antilles, là, il a appris le dessin sans maître. Il m’a raconté tout ça. En 65, déjà il éliminait le noir, le bitume, la terre de Sienne et les ocres. C’est un fait. Ne peins jamais qu’avec les trois couleurs primaires et leurs dérivés immédiats. Me disait-il. C’est lui, oui, le premier impressionniste.»
Paul Cézanne, «Conversations avec Cézanne»

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Camille Pissarro (1830-1903) compte parmi les artistes majeurs dans la France du XIXe siècle. Figure centrale de l’impressionnisme, il marqua ce mouvement de manière décisive.
Camille Pissarro. L’atelier de la modernité au Kunstmuseum Basel est la première rétrospective consacrée à cet artiste en Suisse depuis plus de 60 ans. Elle offre à la fois un vaste aperçu de l’oeuvre de Pissarro et accorde une attention particulière à sa pratique collaborative et à son influence déterminante sur l’art moderne. Elle rend hommage à un artiste parfois relégué au second plan lorsqu’on évoque les grandes figures de l’art du XIXe siècle. Des artistes de différentes générations, hommes et femmes confondus, parmi lesquels plusieurs devinrent des figures de proue de la modernité au tournant des XIXe et XXe siècles, suivirent ses conseils d’ami et de mentor. L’exposition met en lumière les échanges intenses de ces artistes avec Pissarro et situe son oeuvre foisonnante dans le contexte historique à l’aide d’oeuvres de Claude Monet, Paul Cézanne, Paul Gauguin, Georges Seurat, Paul Signac, Mary Cassatt et d’autres. Ainsi, tout en embrassant la naissance de l’art moderne, cette exposition raconte une histoire au-delà du courant dominant de l’histoire de l’art.

                           Pissarro, effet de neige à l’Hermitage
Les expositions consacrées à l’impressionnisme ont une longue tradition au Kunstmuseum Basel. À ce titre, Pissarro revêt une importance particulière pour le musée, sa collection abritant pas moins de huit peintures, dix dessins et aquarelles ainsi que dix travaux d’art graphique. Son oeuvre Un coin de l’Hermitage, Pontoise de 1878 fut le premier tableau impressionniste à entrer dans la Öffentliche Kunstsammlung Basel, la collection publique bâloise.

HxB: 54.6 x 65 cm; Öl auf Leinwand; Inv. 871 Camille Pissarro; Un coin de l’Hermitage, Pontoise; 1878

Acquise en 1912 à l’initiative de trois jeunes artistes, cette peinture posa les fondements de la collection impressionniste. Au printemps de cette année, le Kunstmuseum Basel s’est félicité de la donation de La Maison Rondest, l’Hermitage, Pontoise (1875) de Pissarro par une collection particulière suisse.

Pissarro et la campagne

La posture artistique de Pissarro est plus complexe que celle de ses amis. Son approche se distingue clairement des sujets de Claude Monet, d’Auguste Renoir ou d’Edgar Degas appréciés du public. Ainsi, Pissarro fut le seul impressionniste s’attachant à représenter la vie simple, en particulier celle des gens de la campagne. Ses peintures montrent des paysages cultivés par l’homme, elles sont une plongée dans le monde paysan et agricole, bien loin de l’existence de la bourgeoisie aisée.

Politique, société et marché de l’art

À la différence de Monet ou Renoir, Pissarro était réticent à toute esthétisation. Cela explique sans doute le fait qu’il subit un échec commercial et eut des problèmes financiers jusqu’ à un âge avancé. Pissarro a joué un rôle moteur lors de la création d’une association libre et coopérative qui réunissait des hommes et femmes souhaitant exposer et vendre eux-mêmes leurs oeuvres. Cette Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs entrera plus tard dans l’histoire de l’art sous le nom de groupe des impressionnistes.

Le néo-impressionnisme

Dans les années l’impressionnisme, longtemps sujet à controverse, commence à recueillir davantage l’adhésion du public, à entrer dans les collections particulières et publiques, et à rapporter de l’argent aux artistes. C’est précisément à ce moment-là que Pissarro se consacre à une autre révolution picturale – le néo-impressionnisme – et manifeste de nouveau une volonté ferme en faveur du progrès artistique. L’esthétique radicale et la méthode scientifique du néo-impressionnisme défendues notamment par Georges Seurat, Paul Signac, Louis Hayet et le fils aîné de Pissarro, Lucien, représentent pour l’artiste une évolution logique de l’impressionnisme. Même s’il revient à une touche plus libre dans les années 1890, il reste fidèle à ses convictions : le bon art contient un noyau révolutionnaire et affiche une foi inébranlable en la modernité.


Le peintre ne fait pas mystère de son intérêt pour les écrits anarchistes et de son engagement en faveur des publications anarchistes. Comme nombre de ses contemporains, dont les néo-impressionnistes, Pissarro est convaincu que la répartition inégale des ressources (en particulier dans des grandes villes comme Paris ou Londres) mènera à un renversement sociétal à plus ou moins long terme. À la différence de certains de ses camarades politiques, Pissarro croit cependant en une révolution pacifique et non violente.
La manière dont ses convictions politiques transparaissent dans son art suscite l’intérêt depuis longtemps d’une histoire de l’art socio-historique. Bien que Pissarro ne considérât pas ses tableaux comme des professions de foi politiques, sa technique picturale révolutionnaire, son aspiration à l’autonomie et à la liberté en toute circonstance, de même que sa volonté d’emprunter de nouvelles voies envers et contre tous, associent son art à l’idée centrale de l’anarchisme compris comme une libéralisation de l’individu et de ses aspirations.

Une soif d’expérimentation

Le parcours de Pissarro est marqué par les événements et les dynamiques historiques qui ont jalonné le XIXe siècle. Il incarnait certains des conflits les plus complexes de son temps et considérait qu’il était du devoir des artistes de mener une réflexion critique tant sur l’esprit de l’époque que sur le contexte politique, social et économique. La manière dont il abordait ces réalités en fait aujourd’hui un artiste des plus actuels.


Du fait de ses origines, Pissarro occupait une position marginale parmi les artistes français qu’il fréquenta activement tout au long de sa vie. Né en 1830 de parents juifs sur l’île Saint-Thomas dans les Caraïbes, alors colonie danoise, il est le seul impressionniste à grandir sur deux continents. Trilingue (français, anglais et espagnol), il est sensibilisé à la diversité ethnique et culturelle dès son enfance. Son identité, sa conception de la peinture et sa vision du monde étaient à la fois le fruit d’une culture aux origines complexes, et donc par essence anti-nationaliste, et d’une volonté constante d’échanger avec d’autres créateurs.


Pissarro éprouvait une curiosité singulière pour les expérimentations artistiques et les nouvelles formes de représentation. Dans l’entourage de précurseurs à l’instar de Camille Corot et Gustave Courbet, il recherchera toujours à dialoguer avec ceux qui, comme lui, nourrissaient une vision de l’art indépendant de l’Académie.

Un don pour l’amitié

Comme nul autre, Pissarro était disponible pour entretenir ses amitiés avec les peintres, valoriser leur potentiel et apprendre d’eux en retour. Il possédait ce qu’on pourrait appeler un « don » pour l’amitié. Le respect de la singularité artistique de chaque personnalité en constituait le fondement. Pissarro éprouvait de la méfiance envers les contraintes hiérarchiques et s’opposait par principe à tout dogmatisme. Pour lui, la collaboration artistique n’avait rien à voir avec l’ancienneté, mais reposait sur la base d’un échange sur un pied d’égalité. L’exposition révèle ses différentes relations avec les protagonistes de l’époque et montre ainsi une image bien différente de celle de l’artiste-génie travaillant à l’écart du monde extérieur.

De prestigieux prêts

                               Paul Gauguin

L’exposition Camille Pissarro. L’atelier de la modernité
réunit quelque 180 oeuvres de collections suisses et internationales parmi lesquelles le Museum Folkwang d’Essen, le Musée d’Orsay de Paris, The Museum of Modern Art de New York, The Metropolitan Museum of Art de New York, la National Gallery of Ireland, The National Gallery de Londres, la Kunsthalle Mannheim, le Museo Nacional Thyssen-Bornemisza de Madrid, la Tate Modern de Londres, The British Museum de Londres, le Dallas Museum of Art, la National Gallery of Art de Washington, le Musée du Petit Palais de Genève, le Ashmolean Museum d’Oxford, les Musées de Pontoise, The Art Institute of Chicago, la Staatsgalerie Stuttgart, le Kunstmuseum Bern et le Kunst Museum Winterthur.

Catalogue

L’abondant catalogue de l’exposition avec des contributions de Timothy J. Clark, André Dombrowski, Claire Durand-Ruel, Christophe Duvivier, Sophie Eichner, Colin Harrison, Josef Helfenstein, Jelle Imkampe, David Misteli, Olga Osadtschy, Joachim Pissarro, Esther Rapoport, Valérie Sueur-Hermel et Kerstin Thomas paraît aux éditions Prestel Verlag.

Informations

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
Postfach, CH-4010 Basel
T +41 61 206 62 62
kunstmuseumbasel.ch

HAUPTBAU & NEUBAU

Lu fermé
Ma 10h00–18h00
Me 10h00–20h00
Je–Di 10h00–18h00

Goya à la Fondation Beyeler – Derniers jours – 23 janvier 2022

                                                      Goya St Antoine de Padoue 1798

L’exposition Goya a été organisée par la Fondation Beyeler en coopération avec le Museo Nacional del Prado, Madrid, et développée par Isabela Mora et Sam Keller. Elle est placée sous le commissariat de Martin Schwander, Curator at Large, en collaboration avec Gudrun Maurer, Scientific Advisor. La gestion
du projet a été assurée par Ioana Jimborean et Fiona Hesse, Associate Curators.

275 ans après sa naissance, la Fondation Beyeler consacre à Francisco de Goya – précurseur majeur de l’art moderne – l’une des expositions les plus importantes réalisées à ce jour.
Pour la première fois, des tableaux de collections privées espagnoles rarement donnés à voir côtoient dans les espaces de la Fondation Beyeler des oeuvres maîtresses en provenance de collections privées et de musées européens et
américains de tout premier plan. L’exposition réunit environ 70 tableaux et plus de 100 dessins et gravures d’exception. Aujourd’hui comme du vivant de l’artiste, l’oeuvre de Goya donne à vivre une expérience sensorielle et intellectuelle unique. Depuis deux siècles, son oeuvre complexe et ambigu constitue pour de nombreux·ses artistes un repère et une référence incontournables.

Son oeuvre

                             Francisco de Goya, Vol des sorcières
                          (Vuelo de brujas), 1797 – 1798
                          Huile sur toile, 43,5 x 30,5 cm
                           Museo Nacional del Prado. Madrid
                         © Photographic Archive. Museo Nacional del Prado. Madrid

Francisco de Goya y Lucientes (1746–1828) occupe dans l’histoire de l’art européen une position paradoxale en tant qu’un des derniers grands peintres de cour d’une part et annonciateur de la figure de l’artiste moderne d’autre part. Afin de permettre au public d’apprécier la singularité profonde de son
activité créatrice, qui couvre la période du rococo tardif au romantisme, et de rendre justice à la richesse formelle et thématique de son oeuvre peinte, dessinée et gravée, l’exposition présente tout l’éventail des genres
et des sujets de prédilection de Goya. Conçue de manière chronologique, elle réunit des tableaux de représentation grand format tout comme des pages de carnets de croquis, mettant l’accent sur l’oeuvre tardif de l’artiste.

Peintre de cour ou peintre profane ?

L’exposition de la Fondation Beyeler donne à voir d’une part le peintre de cour et d’autre part le créateur d’univers picturaux énigmatiques et inquiétants, son oeuvre sacrée comme son oeuvre profane, ses représentations du Christ et de sorcières, ses portraits et ses peintures d’histoire, ses natures mortes et ses
scènes de genre. Outre des tableaux réalisés pour le compte de la maison royale, de l’aristocratie et de la bourgeoisie, l’exposition présente des oeuvres que Goya crée dans un espace de liberté artistique conquis à la force de sa volonté et de son talent, parmi elles des peintures de cabinet souvent réservées à un cercle
intime. Dans l’histoire de l’art européen, Goya est l’un des premiers artistes qui s’élève avec une opiniâtreté rebelle contre les dogmes et les règles qui entravent la création artistique, plaidant au contraire pour l’impulsivité et l’inventivité de l’artiste («capricho» et «invención»).

Prêts rares

Parmi les temps forts de l’exposition figurent le portrait de la duchesse d’Albe (1795) et l’emblématique Maja vêtue (La maja vestida, 1800–1807),

La Maja vêtue
(La maja vestida), 1800–1807
Huile sur toile, 95 x 190 cm
Museo Nacional del Prado. Madrid
© Photographic Archive. Museo Nacional del Prado. Madrid

tout comme deux tableaux rarement exposés en provenance de collections privées européennes, Maja et Célestine au balcon et Majas au balcon, que Goya peint entre 1808 et 1812. Autre particularité de l’exposition : des peintures de genre de petit format détenues pour la plupart dans des collections privées espagnoles et à ce jour rarement montrées hors d’Espagne. Dans ces tableaux, Goya – de même que dans ses dessins et ses gravures – donne libre cours à ses inspirations intimes.Tiempo muerto | El Diario VascoHospital del Apestados (L’Hôpital de la peste), 1810© Museo Nacional del Prado. Madrid – Fundación Lázaro Galdiano, Madrid – Collection du Marquis de la Romana.

Pour la première fois depuis son unique présentation à ce jour au Museo Nacional del Prado, le public pourra ainsi découvrir à la Fondation Beyeler la série complète de huit peintures d’histoire et de
genre qui nous sont parvenues de la collection madrilène du marquis de la Romana. Elles sont accompagnées des quatre célèbres panneaux dépeignant des scènes de genre de la Real Academia de Bellas Artes de San Fernando à Madrid, prêts d’une grande rareté.

Vie sociale, politique et religieuse

                                                La trinité
Dans ses scènes de genre et ses peintures d’histoire, Goya dépeint des incidents de la vie quotidienne sociale, politique et religieuse mouvementée des Espagnoles et des Espagnols aux alentours de 1800.
Parmi les décors récurrents de ces scènes figurent les marchés et les arènes, les prisons et les institutions ecclésiastiques, les asiles de fous et les tribunaux de l’Inquisition. Les sorcières constituent également un motif majeur, par lequel Goya illustre la superstition de son temps. Outre un groupe de gravures des
Désastres de la guerre (Los desastres de la guerra, 1811–1814), l’exposition présente une sélection de planches de la série des Caprices (Los caprichos) parue en 1799, parmi elles la célèbre gravure no. 43 au titre éloquent Le Sommeil de la raison enfante des monstres, qui reflète le constat mélancolique et résigné de Goya que ni la raison ni l’ironie et le sarcasme ne peuvent lutter contre la déraison.

Les Caprices (Planche 43) : Le Sommeil de la raison produit des monstres ; El Sueño de la razon produce monstruos
Inscription, en haut à droite : 43. ; titre, en bas à gauche : El Sueño de la razon produce monstruos ; tampon, au dos : musée Goya
Eau-forte et aquatinte

                                     les tribunaux de l’Inquisition.

L’univers pictural énigmatique et insondable de Goya lui vaut une grande estime depuis le romantisme français au début du
19ème siècle. Parmi les artistes de la modernité, Pablo Picasso et Joan Miró, Francis Bacon et les surréalistes ont éprouvé une affinité profonde avec son art. Goya constitue aussi une référence importante pour de nombreux·ses artistes contemporain·e·s, dont Marlene Dumas et Philippe Parreno.

Une chance pour les personnes des trois régions, France, Allemange, Suisse, de voir un panorama de Goya sans aller en Espagne et ailleurs.

Informations pratiques

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler:
tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00

Merci Seppi. Un cadeau merveilleux au Musée Tinguely

Andres Pardey et Josef Imhof dit Seppi

Josef « Seppi » Imhof, assistant de Jean Tinguely de 1971 jusqu’à la mort de l’artiste en 1991, a rassemblé de nombreuses œuvres sur papier tout au long des années où, très régulièrement et de très près, il a accompagné Tinguely
( 22 mai 1925 à Fribourg et mort le 30 août 1991 à Berne).  On trouve là des dessins, des gravures, des collages, des lettres, des croquis de travail, des aquarelles méticuleuses. Ce sont tous de témoignages d’une relation intense entre l’artiste et son assistant. Seppi Imhof a fait don au Musée Tinguely de sa collection d’œuvres sur papier, qui est présentée dans le cadre de l
’exposition Merci Seppi jusqu’au au 13 mars 2022.
Ce sont comme des posts it sommairement
détaillés, mais illustrés par des notifications, que Seppi devait interpréter, comme assistant en chef.

Les histoires sur le travail de Seppi Imhof en tant qu’assistant de Jean Tinguely se bousculent. Que ce soit le recrutement, comme soudeur, au buffet de la gare (avec la question clé de savoir s’il pouvait aussi « taper le carton »), les récits de voyages et les hébergements aventureux ou les visites chez ou avec des artistes comme Alexander Calder ou Keith Haring – Seppi a presque toujours été là et recueilli non seulement des impressions mais aussi de nombreux souvenirs. Et il aime les raconter et les transmettre.

Josef Imhof dit Seppi est né 23 mai 1943 à Berne et passa son enfance à Soleure
Après un apprentissage de serrurier en bâtiment et en construction il travailla entre autres au laminoir de Von Roll à Gerlafingen.
En 1970, il tomba par hasard sur l’annonce suivante dans un journal:
Jean Tinguely cherche pour une durée d’environ 6 mois à partir du 15 juillet serrurier en bâtiment ou serrurier (suisse alémanique), polyvalent et ne souffrant pas de vertige, permis de conduire (connaissances de jass désirées), p.l. construction d’une sculpture monumentale en fer dans les alentours de Paris. Hébergement et nourriture compris. » (jass jeu de cartes suisse)
La décision spontanée de répondre à cette annonce devait déterminer les prochaines 20 années de la vie de Josef Imhof. En tant que soudeur qualifié il devint l’assistant professionnel de Jean Tinguely qui devait – selon les dires de l’artiste – être meilleur soudeur qu’il ne l’était.

Après l’installation de l’exposition “Machines de Tinguely” au CNAC (Centre national d’art contemporain) à Paris au printemps 1971, le véritable travail de Sepp Imhof comme assistant de Tinguely commença pour de vrai: avec Niki, Bernhard Luginbühl, leurs aides et autres artistes, amis de Tinguely, débuta le long travail commencé en 1969 sur la sculpture-installation monumentale La Tête ou Le Cyclop à Milly-la-Forêt, près de Paris.
Sepp Imhof était le garant pour la réalisation matérielle des idées souvent fantastiques de l’artiste.
Pendant plus de 20 ans jusqu’à son inauguration officielle en 1994, 300 tonnes de fer soudé furent nécessaires pour la construction de la sculpture haute de 22,5 m.

Mais, Josef Imhof participa aussi à de nombreux autres projets de Jean Tinguely.
Seppi a collectionné et gardé jusqu’au dernier bout de papier, souvenirs nombreux documentant ses années de travail riches en expériences aux côtés de Jeannot et d’autres artistes. Les spectateurs auront maintenant l’occasion d’en voir un choix au Musée. Parmi ceux-ci se trouvent des lettres-collages hauts en couleurs que Jean Tinguely lui envoyait de tous les coins du monde. Elles révèlent la fantaisie sans borne et la créativité de l’artiste qui avait pour habitude de « bricoler » et donner ainsi forme à ses idées et souhaits à partir d’impressions et d’objets, de choses quotidiennes et de choses jetées. De surcroît, les lettres à son assistant Imhof sont d’importants documents qui nous instruisent sur les étapes éparpillées de la création artistique de Tinguely et nous permettent de gagner un aperçu direct et enrichissant dans sa manière de travailler.

Parmi ces souvenirs, il y a aussi quantité de lettres, affiches, gravures, notes,
« images à avaler », consignes de travail, cartons d’invitation et projets divers que, pour la plupart, Jean Tinguely (et parfois aussi Niki de Saint Phalle) lui a écrits et dédiés. Ce sont des points de repère dans la collaboration avec le patron et ami ; ils évoquent des projets importants des années 1970 et 1980 ainsi que des lieux significatifs : Le Cyclop, Le Crocrodrome de Zig et Puce, Il Giardino die Tarocchi, Chaos No. 1, Klamauk, Pit-Stop, Bâle, Fribourg ou Charlotte.

Après avoir travaillé comme conservateur au Musée Tinguely jusqu’en 2008, Seppi Imhof a fait don à celui-ci de sa collection d’œuvres sur papier. Classés par thèmes, lieux et projets, les plus de 400 pièces sont désormais exposées. Par leur volume, ils illustrent également l’intensité avec laquelle les deux hommes ont travaillé et même souvent vécu ensemble pendant 20 ans, en symbiose presque, mais pourtant dans des domaines et avec des responsabilités bien définis. Cette exposition est donc un hommage, d’une part à Seppi Imhof, le généreux donateur, et d’autre part à l’amitié entre Jean et Seppi qui a rendu tout cela possible.


Informations pratiques Musée Tinguely     :

Titre de l exposition : Merci Seppi. Un cadeau merveilleux Adresse : Musée Tinguely | Paul Sacher – Anlage 1 | 4002 Bâle

Heures d ouverture : mardi  à  dimanche, tous les jours 11h – 18h

Sites Internet : www.tinguely.ch

Réseaux sociaux : @museumtinguely | #museumtinguely | #    tinguely | # merciseppi

Le Musée Tinguely est soumis à l’obligation du certificat Covid. Nous vous demandons donc de présenter votre certificat et votre carte d’identité à l’entrée.

Accès
Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF :
tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz »,
puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ». 
Gare allemande (Bad. Bahnhof) : bus no. 36.