Sommaire du mois de février 2023

Wayne Thiebaud Flood Waters LAC Fondation Beyeler actuellement

17 février 2023 : ALCHIMIA NOVA – Anne Marie Maes
14 février 2023 : Espèce d’animal ! Un bestiaire contemporain
14 février 2023 : Un bestiaire contemporain au Séchoir suite
10 février 2023 : La roue = c’est tout, Nouvelle présentation de la collection Tinguely
08 février 2023 : Vagamondes
02 février 2023 : Jean Tinguely : l’Éloge de la folie
01 février 2023 : Trésor national : le musée d’Orsay s’enrichit d’un exceptionnel tableau de Caillebotte

ALCHIMIA NOVA – Anne Marie Maes

Anne-Marie Maes devant les colonnes de Winogradsky

Du 17.02 au  30.04.2023 à la Kunsthalle de Mulhouse
Commissariat : Sandrine Wymann directrice de la Kunsthalle
L’exposition est réalisée avec le soutien de DMC.

« Nous sommes contaminés par nos rencontres : elles changent ce que nous sommes pendant que nous ouvrons la voie à d’autres. Comme la contamination modifie les projets de mondes en chantier, des mondes mutuels ainsi que des nouvelles directions peuvent émerger. »

Anna Lowenhaupt Tsing, « Le champignon de la fin du monde ».

L’artiste

Comment définir Anne Marie Maes ? C’est une artiste multidisciplinaire qui vit et travaille à Bruxelles. Elle se présente comme apicultrice, mais elle combine, les sciences avec l’art, c’est une poétesse magicienne. C’est également une oratrice, intarissable, multilingue, qui saute du français à l’anglais et au latin, du fait de ses connaissances étendues en sciences, en jardinage, ingénierie, fabriquante des métiers à tisser, d’un alambic pour parfum, et j’en oublie. C’est une artiste que l’on peut rattacher au genre art et science.

L’histoire qu’écrit Anne Marie Maes est celle d’un monde vivant en constante transformation. Elle use de ce principe dans l’élaboration de son propre travail et certaines de ses œuvres sont entièrement basées sur des phénomènes d’évolution. Elles fermentent, poussent, se reproduisent, se décomposent… Il n’est pas rare de croiser dans ses expositions des distillations dans des alambics, des cultures bactériennes ou microbiennes dans des aquariums. Les organismes vivants sont en quelque sorte ses partenaires privilégiés, elle engage avec eux des collaborations multiples et renouvelées. C’est bien sous le signe de la collaboration, qui passe toujours et d’abord par la rencontre, qu’Anne Marie Maes est venue à Mulhouse.

Son Travail

Elle développe depuis de nombreuses années un travail qui s’appuie sur la recherche scientifique, la biologie, l’étude des micro-organismes d’une part, les sciences numériques et la passion du jardinage d’autre part. Dans son jardin à Bruxelles, elle cultive les plantes qui lui servent de matière première pour ses expérimentations, elle installe aussi les ruches qui lui permettent d’étudier le comportement des abeilles. C’est en les observant qu’elle trouve sa propre représentation du monde, celle qu’elle livre dans chacun de ses projets et qui, au fil du temps, s’étoffe de précisions et de beautés.

 Le livre de la nature, Anne Marie Maes l’explore par l’étude et l’expérimentation, non pas pour vérifier des hypothèses, procédé qu’elle laisse à ses partenaires scientifiques, mais pour mieux la raconter à travers ses œuvres. Elle a la rigueur et la curiosité du scientifique mais aussi la liberté et le sens du beau de l’artiste. Son monde ne se réduit pas à un ensemble de phénomènes, elle l’aborde par le sensible, elle le touche, le ressent, éventuellement lui emprunte des systèmes qu’elle reproduit ou essaye dans son atelier. Ses procédés de narration sont multiples. Elle raconte par la couleur.

Naturelles, extraites ou combinées, ses couleurs sont fidèles à celles de la nature, elle s’autorise à les prélever, parfois les classer, souvent les magnifier quand elles deviennent œuvres. L’élément graphique est un autre de ses artifices visuels.    Il peut être le sien, répondre à des lois strictes, géométriques, se soumettre à des répétitions de formes, inspiré de récurrences qu’elle relève et fait siennes. Il est souvent une ligne, celle des trajectoires des abeilles dans la ruche ou des rhizomes partout présents dans la nature. Elle peut aussi le confier au hasard des organisations naturelles ou au développement des micro-organismes qui produisent leurs propres dessins.

Dans ses projets, Anne Marie Maes a aussi recours à des figures de style. La métaphore, par exemple la forme du tissage dont les entrelacs renvoient aux réseaux, lui permet de rendre compte de la complexité de ses observations. Ailleurs, l’accumulation lui sert à donner un effet de profusion par l’énumération de quantité de formes, de phénomènes, de processus ou de couleurs.

En septembre 2021, Sandrine Wymann a été contactée par Pierre Fechter, microbiologiste au CNRS à Strasbourg qui souhaitait entamer une collaboration avec un artiste pour provoquer un autre regard sur les bactéries, sujet d’étude de son laboratoire. En échangeant avec Christopher Crimes de la Fondation [N.A!] Project, l’invitation d’Anne Marie Maes, artiste soutenue par la fondation depuis plusieurs années, lui est apparue comme une évidence. Dès lors un réseau de savoirs, de curiosités et d’intérêts s’est créé et a porté le projet jusqu’à l’exposition. L’artiste a rencontré les biologistes, ils ont partagé des connaissances, des outils et se sont révélés des objectifs et des méthodes de travail.

Anne Marie Maes a découvert une région, ses plantes, ses terrains et a souhaité les placer au centre de son projet. Pierre Fechter et son équipe ont découvert ce qu’était la recherche par l’art, ses libertés et son lien avec les publics.

À ce binôme, s’est rattaché un groupe de cueilleurs, pré-leveurs qui ont eu pour mission de récolter les plantes, les organismes et les champignons qui ont servi de matière aux expériences et à la production des œuvres de l’artiste. Se sont aussi impliqués les ambassadeurs [N.A!] Project de l’entreprise Solinest, en participant à la fabrication de certaines œuvres, celles qui ont été préparées quelques mois avant l’exposition et qui rejoindront la collection de l’entreprise à Brunstatt à l’issue de leur présentation à La Kunsthalle.

Enfin, un dernier groupe partenaire a très activement pris part au projet : les étudiants en Master Critique- Essais, écritures de l’art contemporain de l’Universite de Strasbourg ont rédigé et coordonné la présentation de l’exposition et une interview d’Anne Marie Maes et de Pierre Fechter publiées dans le journal d’exposition. En quelques rencontres, ils se sont approprié le projet et l’ont magnifiquement restitué et prolongé à travers leurs questions et leurs présentations.

L’exposition à son tour laissera une place belle à la rencontre avec les publics que nous nous réjouissons d’accueillir et qui pourront venir et revenir voir les œuvres se transformer en l’espace de deux mois et demi. Des temps d’ateliers, présentations, débats rythmeront le projet qui ne fait sens, pour chacun de ceux qui l’ont voulu, que dans l’échange et la découverte de l’autre, ce que nous aimons designer comme des temps de fertilisations croisées.

Texte Sandrine Wymann

                 Bibliothèque de curiosités

SUR LA CROISSANCE ET LA FORME

Anne Marie Maes est fascinée par les processus par lesquels la nature crée des formes : comment les abeilles créent des rayons de miel dans la ruche, comment elles s’auto-organisent en essaims, comment les plantes poussent et forment des motifs géométriques, ou comment les bactéries et les levures créent collectivement des surfaces matérielles formant des biotextiles. Elle observe et analyse ces processus, les isole ou les fait apparaître dans des conditions artificielles, puis crée des œuvres d’art à partir de cette recherche artistique dans de nombreux médias différents : installations, vidéo, audio, photos et sculptures. Ces œuvres d’art vont souvent au-delà d’une pure expérience esthétique, même si le sens de la beauté est toujours présent. Elles intriguent car elles amènent le spectateur à s’interroger sur les processus de croissance naturelle qui leur ont donné naissance. Elles soulèvent des questions sur la durabilité de notre mode de vie et de nos processus de fabrication actuels.

Ses Expériences

Elle travaille avec une gamme de médias biologiques, numériques et traditionnels, y compris des organismes vivants. Sur le toit de son studio à Bruxelles, elle a créé un laboratoire en plein air et un jardin expérimental où elle étudie les organismes symbiotiques et les processus que la nature utilise pour créer des formes.

Les projets à long terme “Bee Agency” et “Laboratory for Form and Matter” – dans lesquels elle expérimente avec des bactéries et des textiles vivants – fournissent un cadre qui a inspiré un large éventail d’installations, de sculptures, de photographies, d’objets et de performances – tous à l’intersection de l’art et de l’écologie.

Anne Marie Maes a exposé ses œuvres dans des centres d’art et des festivals du monde entier. Elle a reçu une mention honorable à Ars Electronica pour son projet de recherche en cours intitulé “The Intelligent Guerrilla Beehive”.

A visiter son site
 annemariemaes.net

Informations pratiques

Heures d’ouverture
Du mercredi au vendredi de 12h à 18h Samedi et dimanche de 14h à 18h
Fermé les lundis et mardis + du 7 au 10 avril 2023 Entrée libre et gratuite

Coordonnées
kunsthalle@mulhouse.fr / www.kunsthallemulhouse.com

Les notices ont été réalisées par Rose Defer, Louise Delval-Kuenzi, Marine Le Nagard, Théo Petit-D’Heilly, Caroline Schikelé, Maïta Stébé étudiants en Master Critique-Essais, écritures de l’art contemporain de l’Université de Strasbourg.

                           Performance au Palais de Tokyo

COLLOQUE
« Associer l’artiste et le chercheur pour penser une société contemporaine »
Jeudi 30 mars → de 15h à 20h30
Entrée libre
Table ronde « Associer l’artiste et le chercheur pour penser une société contemporaine » ; Visite de l’exposition Alchimia Nova suivie d’une performance d’Anne Marie Maes ; Buffet & présentation de la Inland Academy.

Le colloque a pour objectif de mettre en lumière les apports qui résident dans les collaborations croisées entre artistes, chercheurs, et acteurs du milieu socio-économique, au travers du cas de la collaboration entre Anne Marie Maes et Pierre Fechter, soutenue par le Fonds [NA!] Project.

Avec la participation de :

  • Christophe Chaillou, enseignant à l’Université de Lille & Charge de mission Art & Sciences, Vice- Présidence Valorisation et Lien Science-Société.
  • Fernando Garcia-Dori, artiste, initiateur de la Inland
  • Guillaume Logé, chercheur associé à l’Universite Paris 1 Panthéon-Sorbonne et conseiller artistique, docteur en esthétique, histoire et théorie des arts et en sciences de l’environnement.
  • Anne Marie Maes, artiste multidisciplinaire qui vit et travaille à
  • Luc Steels, scientifique et artiste belge, pionnier de l’intelligence artificielle en Europe

Modérateur : Alexis Weigel

RENCONTRE
« Conférence gustative » – Temps public avec Pierre Fechter
Jeudi 13 avril → 18h30 Entrée libre

En mars 2023
En Mars 2023

Kunstapéro : des œuvres et des vins à découvrir
Jeudi 9 mars à 18h30
Visite commentée de Alchimia Nova suivie d’une dégustation de vins en écho à l’exposition.

Participation à la dégustation de 5€/personne, inscription obligatoire (places limitées) au 03 69 77 66 47 / kunsthalle@mulhouse.fr

En partenariat avec Mulhouse Art Contemporain et la Fédération Culturelle des Vins de France.

Kunstdéjeuner
Jeudi 16 mars à 12h15

Pendant la pause méridienne, visite commentée de l’exposition Alchimia Nova, suivie d’un déjeuner pour poursuivre les échanges en toute convivialité.

Participation au repas de 10€/personne, sur inscription au 03 69 77 66 47 / kunsthalle@mulhouse.fr
Déjeuner concocté par l’association EPICES.

Visites commentées de l’exposition
Les samedis 25 mars et 29 avril à 16h00

Découvrez l’exposition Alchimia Nova à l’occasion d’un échange avec une médiatrice du centre d’art.

L’équipe de médiation du centre d’art vous propose une visite commentée tous les derniers samedis du mois.
Entrée libre et gratuite.

Espèce d’animal ! Un bestiaire contemporain

1)- 17 février au  26 mars 2023, une exposition collective au Séchoir
VERNISSAGE LE VENDREDI 17 FÉVRIER À 18H30
20 artistes :
Margot Agnus - Myrtille Béal - Léonard Bullock - Vincent Campos - Chéni - Victoria David - Kim Détraux - Louise Dumont - Violetta Fink - Gilles Gaudel - Goulven Le Maître - Yoshikazu - Kiki DeGonzag et Florent Ruch - Katarina Kudelova - Barbara Leboeuf - Lobis - Carole Masson - et Jan Stevens - Christophe Meyer - Florent Meyer - Jessica Preis - Jean-Christophe Przybylski
2 Commissaires : Sandrine Stahl présidente du Séchoir et Mathieu Stahl

2)- Une nouveauté : un Runspace ? Cet espace s’appelle LE MOUVOIR, Anne Zimmermann  nous fait le plaisir d’inaugurer ce Runspace.
17 FÉV - 26 MARS – UN MUR, UN ARTISTE, UNE PIÈCE
VERNISSAGE LE VENDREDI 17 FÉVRIER À 18H30
3)- Bêtes de foire !
Spectacle de marionnettes Pan Puppet Project 
samedi 25 février 16h00

4)- Concert : GRAND MARCH
samedi 11 mars 18h00



Jessica Preiss
5)-les cailloux au fond des poches de virginia
exposition solo
Vincent Campos & Claudine Gambino-Cibray
Hommage au regretté andré maïo 1968–2022

« Animal, on est mal
On a le dos couvert d’écailles
On sent la paille
Dans la faille
Et quand on ouvre la porte
Une armée de cloportes
Vous repousse en criant
“Ici, pas de serpent !”
Animal, on est mal
Animal, on est mal
Animal, on est mal. »
Gérard Manset

Avant propos

« Espèce d’animal ! » L’expression renvoie le sujet à un état primitif d’idiot, d’âne bâté. Mais qui est l’idiot ? L’animal ou l’homme ?
Dans ses Métamorphoses, Apulée a utilisé sciemment ce préjugé en transformant Lucius en âne doué de raison pour mieux rendre compte de la vacuité du monde.
Plus proche de nous, des artistes comme Louise Bourgeois, Annette Messager,
Sophie Calle ou Pierre Huygues ont exploité la figure animale comme outil
de médiation ou « objet transitionnel ».
L’idée de cet appel est de réunir un bestiaire contemporain pour
transformer le Séchoir en un cabinet de curiosités hétérogène avec des
représentations d’animaux réels, imaginaires, monstrueux, chimériques,
des pièces où la figure animale prend une place centrale mais où les hommes
et femmes ne sont pas loin, par anthropomorphisme ou zoanthropie.
Chaque proposition interrogera notre humanité. Le tout nous forcera à
reconsidérer notre rapport au monde animal aujourd’hui.
Animal, on est mal ?

Conclusion

Tout ce préambule, pour vous inciter à venir au (à Le) Séchoir
soit pour le vernissage, soit dans la journée ou en nocturne.
Pour obtenir le livret de l’exposition il faut scanner le QR code affiché
dans l’exposition. (économie, écologie)
Devenir membre EN ADHÉRANTi ici
Abonnez-vous à la Newsletter

Informations pratiques

Le Séchoir
25 rue Josué Hofer,
La Tuilerie, 68200 Mulhouse
Au dernier étage, accessible aux personnes à mobilité réduite
• ACCÈS EN BUS
La ligne C7 de Soléa vous déposera
devant Le Séchoir, arrêt LESAGE.
• ACCÈS EN VOITURE
Prendre la sortie 17 de l’A35.
Parking gratuit devant Le Séchoir.

@ suivre ici Continuer la lecture de « Espèce d’animal ! Un bestiaire contemporain »

Un bestiaire contemporain au Séchoir suite

Hommage à andré maïo 1968–2022

Malgré son décès, André Maïo nous pousse de l’avant. Il insuffle un vent
d’ouverture et de folie douce à une équipe de bénévoles qui oeuvrent de
manière professionnelle à accueillir les artistes et tous les publics dans un
esprit de respect, de curiosité et de partage.
Le Séchoir vous est ouvert.  Venez nous rendre visite !
L’équipe du Séchoir
Nocturne à partir du 11 mars 2023 jusqu’à 22 h



Anne Zimmermann

espace runspace
le mouvoir Anne Zimmermann
17 FÉV – 26 MARS – UN MUR, UN ARTISTE, UNE PIÈCE
VERNISSAGE LE VENDREDI 17 FÉVRIER À 18H30
Anne Zimmermann est une artiste plasticienne qui vit en Alsace à Wittersdorf.
En 2003 elle crée un personnage au nom de Paula Orpington.
Personnage mi-femme,
mi-poule fabriqué avec 50 peaux
de poulets naturalisées.
Elle habitera ce personnage jusqu’en 2008. Ce personnage décéda
symboliquement en 2010 et a été autopsié lors d’une performance organisée par la Kunsthalle de Mulhouse.
Depuis, sa réflexion se poursuit sur les rapports que l’on entretient avec le monde animal. Elle installe en 2016, une série d’oeuvres en extérieur avec des ruches et des papillons en partenariat avec La Filature de Mulhouse et Coal avec le projet Stuwa. Cette réflexion se poursuivra en 2018 avec Homsweet home, exposition en partenariat avec l’O.N.F. Suisse. Résidence qui marquera le début d’une série de prises de vues d’animaux forestiers ainsi qu’un partenariat avec le Zoo de Mulhouse en 2022. Une exposition sera prévue dans le parc zoologique en avril 2023.
En parallèle, elle est directrice artistique de la Forêt Enchantée à Altkirch. Son atelier est installé à Motoco depuis 2020.

Pratiques
4 rue de la source
68130 Wittersdorf
MOTOCO
13 rue des brodeuses
(1er étage sur rendez-vous)
68100 Mulhouse
Contact
06 71 53 42 60
contact@anne-zimmermann.com
www.anne-zimmermann.com
www.facebook.com/zimmer.anne
www.instagram.com/zimmermannanne1
Qu’est-ce qu’un Runspace ?
Terme qui vient du langage informatique :
Le Runspace est un espace de travail séparé du programme principal qui
permet d’exécuter une tâche en parallèle.
Appliqué au domaine de l’Art contemporain, cela devient un espace
limité qui accueille un artiste sur le principe : un espace, un artiste, une
oeuvre (adaptée à l’espace).
Le Séchoir a décidé de créer en son sein un tel espace qui accueillera en alternance un artiste du Séchoir et un artiste extérieur, en parallèle de ses autres cycles
Les cailloux au fond des poches de Virginia

Vincent Campos & Claudine Gambino-Cibray
Proposition sonore de Jean-Louis Davoigneau
17 FÉV – 26 MARS – EXPOSITION SOLO
VERNISSAGE LE VENDREDI 17 FÉVRIER À 18H30
I
nstallation se composant de cinq pièces céramiques qui mêlent présence
sculpturale et environnement sonore et prend source dans l’oeuvre de Virginia
Woolf.


Grès émaillé et oxydé, bois, mousse expansée, pierres grises – Dimensions
variables.
Cette oeuvre a été réalisé avec le soutien de la DRAC Grand Est et de la région
Grand Est.

Le thème de l’eau, de la dérive rencontre par-delà les circonstances de vie de
l’auteure, les mythes de Narcisse ou encore d’Ophélie. Eaux dormantes, eaux noires, flux de l’inconscient, eaux troubles de la mélancolie qui rejoignent celles de l’écriture de Virginia.
Deux grandes pièces de 1.40 m, « fontaines » déversant leur flux.
Des pièces plus petites, au sol, vasque, pierres amoncelées au sol et autres
éléments céramiques céramiques « flammes » ou «flux » enserrant une
chaise.

Pratique

25 rue Josué Hofer,
La Tuilerie, 68200 Mulhouse
Au dernier étage, accessible
aux personnes à mobilité réduite.
ACCÈS EN BUS
La ligne C7 de Soléa vous déposera
devant Le Séchoir, arrêt LESAGE.
ACCÈS EN VOITURE
Prendre la sortie 17 de l’A35.
Parking gratuit devant Le Séchoir.
www.lesechoir.fr

La roue = c’est tout, Nouvelle présentation de la collection Tinguely

Jean Tinguely à la recherche de matériaux, Paris, 1960, photographe inconnu

du 8 février 2023 jusqu’au printemps 2025 au musée Tinguely
Commissaire de l’exposition : Roland Wetzel | Assistante : Tabea Panizzi
Fil conducteur

Augmentée de plusieurs prêts d’oeuvres emblématiques, une large vue
d’ensemble s’ouvre ainsi sur le travail de Jean Tinguely, dont l’affirmation
« La roue = c’est tout » sert de fil conducteur. Le motif de la roue jalonne non seulement toutes les périodes de création de l’artiste, mais témoigne aussi de sa conviction selon laquelle les évolutions au fil du temps doivent s’exprimer dans l’art. La nouvelle présentation de la collection est articulée de manière chronologique ; elle commence par les années incroyablement innovantes de 1954 à 1959,

parmi lesquelles figurent aussi des prêts majeurs comme le Moulin à prière ou Tricycle de 1954. La première salle de la présentation de la collection met en évidence le caractère inventif et novateur de Tinguely. Elle est consacrée à ses premières oeuvres mobiles des années 1950 – les sculptures en fil métallique et les reliefs – qui lui permettent de s’établir comme pionnier de l’art cinétique.

Périodes 1960/1967

L’espace suivant est consacré aux « sculptures performatives » de la période de 1960 à 1967 qui met en regard les sculptures en ferraille (vers 1960) et les sculptures noires (vers 1965). Sur la nouvelle mezzanine, l’exposition se poursuit avec la passion automobile de Tinguely et ses sculptures « sacrées » et carnavalesques. Le travail extrêmement novateur de Tinguely, dans le champ de l’esquisse et du dessin, peut être consulté à partir d’oeuvres choisies.

Cabinet et section d’Etude

La succession des salles se présente comme un cabinet ou une section d’étude ; elle met l’accent sur les importants projets collectifs et performatifs que Tinguely a réalisés au cours des années 1960 et 1970 dans l’espace public, sur scène et dans les musées. Des salles de projection vidéo proposent au public de s’immerger dans les projets Homage to New York (1960), Étude pour une fin du monde No.1 (1961), Study for an end of the world No. 2 (1962) et Éloge de la folie (1966).

Dernières années

Enfin, l’espace s’ouvre sur les dernières années de Tinguely avec de grandes sculptures et des machines musicales, entre autres avec Méta-Harmonie II (1979), Fatamorgana (1985)

et la plus grande sculpture du musée que Tinguely ait jamais créée la Méta-Maxi-Maxi-Utopia (1987). Les oeuvres de cette espace fonctionnent selon une durée chorégraphie bien établies et donc sans l’utilisation des boutons noirs. L’oeuvre tardive et importante Mengele-Totentanz de 1986 s’inscrit également dans le parcours, visible au deuxième étage comme le Schauatelier – l’atelier de l’équipe de restaurateur.trices.

Biographie illustrée

On y trouve également une biographie illustrée qui renseigne sur la vie de Tinguely au moyen de photos, vidéos et fichiers audio. L’oeuvre de Tinguely est marquée par une multiplicité d’intérêts et de sujets : le rapport entre l’homme et la machine, le mouvement et la cinétique, le hasard comme allié de génie, l’innovation par la destruction créatrice, la vie et la mort, l’embodiment, le théâtral et le performatif, la musicalité et toutes les formes de sensorialité, la critique du consumérisme, l’anarchisme et l’engagement politique, l’interdisciplinarité et la transdisciplinarité.

Tinguely était un talentueux réseauteur ; il disposait d’un vaste cercle d’amis et prenait un grand plaisir aux processus collaboratifs, expérimentaux et transfrontaliers de la création artistique et muséographique. La qualité particulière de son oeuvre se mesure à son accessibilité.

Les familles au musée

Juste après l’entrée du musée un espace ‘activités éducatives’ accueille désormais les familles au musée. En faisant appel à plusieurs sens, les familles trouvent ici différentes suggestions pour une visite stimulante et un aperçu de la médiation artistique du musée et de ses offres actuelles.
Pour explorer les oeuvres d’art de la collection de manière autonome et ludique, le musée propose des « parcours pour les familles » qui invitent à de nouvelles découvertes et fournissent des pistes de réflexion pour petits et grands.

Informations pratiques

Musée Tinguely
Paul Sacher-Anlage 1 | 4002 Bâle
Durée : du 8 février 2023 jusqu’au printemps 2025
Heures d’ouverture :
mardi – dimanche, tous les jours 11h-18h, jeudi 11h-21h
L’heure bleue
Ouvert le jeudi jusqu’à 21h, 18h-21h entrée gratuite

Sites Internet : www.tinguely.ch
Réseaux sociaux : @museumtinguely | #museumtinguely | #larouecesttout

Vagamondes

Pour sa 11e édition, le Festival Vagamondes continue de questionner la notion de frontières (géographiques, idéologiques, sociétales…) et explore cette année la thématique du genre !
lire l’édito de Benoît André, directeur de La Filature

« TROUBLE » EST UN MOT APPARU 
DANS LA LANGUE FRANÇAISE AU XIIIE 
SIÈCLE. IL ENGLOBE CE QUI REMUE, 
CE QUI OBSCURCIT, CE QUI DÉRANGE.
SMITH (France Culture / Par les temps qui courent)

CETTE 11e ÉDITION EXPLORE LA THÉMATIQUE DU GENRE !
15 spectacles // 1 exposition // 2 projections // 1 atelier // des rencontres
9 structures culturelles partenaires

WEEK-END D’OUVERTURE
du vendredi  17 au dimanche 19 mars 2023

LAFILATURE.ORG (à voir ici)

Jeanne Added + Vatican Soundsystem
Superpartners (SMITH & Nadège Piton)
Benjamin Millepied
Phia Ménard

Olivier Letellier
Caty Olive & Nosfell

Sorour Darabi
Elli Papakonstantinou
Cie Roland Furieux – Laëtitia Pitz & Xavier Charles
Alexandre Ethève, Jean-Claude Gallotta
Léa Girardet et Julie Bertin
Chloé Dabert

Johanny Bert
Monsieur K.
Juliette Steiner

Jean Tinguely : l’Éloge de la folie

Jean Tinguely, Éloge de la folie, 1966
540 x 780 x 75 cm, cadre en aluminium avec panneaux de bois, fils métallique, courroies en caoutchouc, boules, moteurs électriques, peint en noir

Acquisition par le Musée Tinguely d’une oeuvre majeure de Jean Tinguely des années 1960
Le Musée Tinguely a acquis l’une des oeuvres emblématiques des années 1960 de Jean Tinguely : l’Éloge de la folie créée en 1966 pour le ballet éponyme de Roland Petit. Elle contribue magnifiquement à l’extension de la collection du musée en lui donnant un nouveau point fort. L’oeuvre fut présentée pour la dernière fois à Wolfsburg et à Bâle il y a plus de 20 ans. Dans le cadre de la nouvelle présentation de la collection « La roue = c’est tout », l’oeuvre sera à nouveau accessible au public à partir du 8 février.

Description

Pour le ballet l’Éloge de la folie, Jean Tinguely réalise l’une de ses plus importantes contributions scéniques et l’une de ses oeuvres emblématiques des années 1960. Sa machine, intitulée l’Éloge de la folie à l’instar du ballet, est constituée d’un système de rouages plat, semblable à un relief ajouré, faisant office de rideau au fond de la scène. De grandes roues plates découpées dans des panneaux de bois et peintes en noir tournent devant un rideau blanc éclairé à l’arrière. Elles évoquent ses premiers Reliefs méta-mécaniques composés de fines roues métalliques et d’éléments en tôle colorés se mettant à danser au rythme de la rotation des roues. Un danseur positionné sur un pédalier s’apparentant à un vélo active les roues de l’assemblage grâce à une courroie de transmission ainsi qu’un circuit à boules traversant le relief. Avec cette présentation scénique de grandes dimensions, Tinguely reprend d’anciens thèmes et motifs, mais trouve une nouvelle forme d’expression. Le rétroéclairage évoque un jeu d’ombres tout en donnant une impression d’apesanteur. L’artiste s’était déjà intéressé aux jeux d’ombre produits par ses sculptures comme il l’explique dans une lettre adressée à Pontus Hultén :
« Je vais utiliser 3–4 projecteurs de cinéma pour que les oeuvres produisent des ombres. »
Dans plusieurs travaux ultérieurs, les jeux d’ombre et leur mise en scène deviennent une composante essentielle de ses réflexions artistiques. Aujourd’hui, un moteur électrique impulse le mouvement ; quant au danseur activant le pédalier, Tinguely l’a lui-même remplacé par une silhouette humaine.

Le Ballet

Roland Petit, chorégraphe et fondateur des ‘Ballets des Champs-Élysées’, puise son inspiration dans l’ouvrage l’Éloge de la folie d’Érasme de Rotterdam pour concevoir un ballet contemporain. L’oeuvre littéraire d’Érasme constitue un enseignement, un miroir intemporel grossissant avec ironie les faiblesses humaines et leurs vaines aspirations. L’écrivain Jean Cau en rédige le livret :
« C’est un éloge de notre vie et de notre monde. Un éloge noir et blanc et de mille couleurs, contrasté de violences et de tendresses. Des bruits, des sons et des musiques. Des corps qui se cherchent et s’interrogent... »
Le compositeur Marius Constant en écrit la musique : une série de structures concertantes pour 19 musiciens destinées à différents instruments solistes.
Roland Petit engage Niki de Saint Phalle, Martial Raysse et Jean Tinguely pour les décors scéniques des neuf scènes de ballet. Chacun en réalise trois. Il s’agit dans l’ordre du livret de : 1. Les Empreintes, 2. La Publicité, 3. L’Amour, 4. La Femme au pouvoir, 5. Les Pilules, 6. La Guerre, 7. La Machine,
8. L’Interrogatoire et 9. Count Down. Jean Tinguely apporte sa contribution aux scènes 1, 7 et 9. Dans le film réalisé lors de la représentation, le ballet commence avec ‘La Machine’, premier décor réalisé par Tinguely, et se termine avec ‘Count Down’, la dernière scène. Il sera présenté pour la première fois le 7 mars 1966 au Théâtre des Champs- Élysées. Dans la presse française, ce sont surtout les nouveaux décors scéniques qui recueillent des critiques positives. Le film sera également présenté au sein de la nouvelle présentation de la collection du Musée Tinguely inaugurée le 7 février 2023.
L’Éloge de la folie a été présenté pour la dernière fois au public il y a plus de 20 ans dans le cadre de l’exposition L’esprit de Tinguely au Kunstmuseum Wolfsburg (2000), puis au Musée Tinguely (2000-2001). Durant son séjour à Bâle, l’oeuvre avait été vendue à une remarquable collection privée. Désormais, celle-ci est en possession du Musée Tinguely qui l’a acquise dans le cadre de la succession de cette collection.

Le Musée Tinguely

Avec plus de 120 sculptures cinétiques et 1500 oeuvres sur papier, le Musée Tinguely détient la plus grande collection au monde d’oeuvres de l’artiste suisse Jean Tinguely (1925-1991). Pour la première fois depuis l’inauguration du musée en 1996, la collection est de nouveau présentée sous le titre La roue = c’est tout dans la grande halle d’exposition à partir du 8 février 2023.
L’oeuvre de jeunesse de Tinguely empreinte de fragilité et de poésie, ses actions explosives et ses collaborations des années 1960, ainsi que ses dernières oeuvres musicales et monumentales plus sombres, composent un parcours d’exposition éclectique proposant de nombreuses activités participatives ainsi qu’un nouvel aperçu de son oeuvre sur quatre décennies. En s’appuyant sur le monde des idées de Tinguely, le Musée Tinguely présente un programme d’expositions et de manifestations varié mettant en avant le dialogue avec d’autres artistes et d’autres formes d’art, tout en offrant une expérience muséale interactive qui sollicite tous les sens.

Informations pratiques

Musée Tinguely:
Paul Sacher-Anlage 1 | 4002 Basel
Heures d’ouverture: mardi – dimanche, tous les jours 11h-18h, jeudi 11h-21h
Sites Internet: www.tinguely.ch
Réseaux sociaux: @museumtinguely | #museumtinguely | #tinguely

Accès
tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz »,
puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ». 
Gare allemande (Bad. Bahnhof) : bus no. 36.
Autoroute: sortie « Basel Wettstein/ Ost ».
Parking à coté du musée ou au Badischer Bahnhof.

Trésor national : le musée d’Orsay s’enrichit d’un exceptionnel tableau de Caillebotte

Classé « trésor national », le tableau « La Partie de bateau » de Gustave Caillebotte rejoint les collections du musée d’Orsay. ©Connaissance des Arts/Agathe Hakoun

Ce lundi, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak a annoncé l’entrée de
« Partie de bateau » ou « Canotier au chapeau haut de forme » de Gustave Caillebotte dans les collections du musée d’Orsay. Classé trésor national, ce chef-d’œuvre de l’impressionnisme a été acquis grâce au mécénat de l’entreprise LVMH pour 43 millions d’euros.

Si certains trésors nationaux ne rejoignent finalement pas les collections françaises (à l’instar du Porte-étendard de Rembrandt), quelques happy few réussissent à faire le bonheur de nos musées. C’est le cas de Partie de bateau ou Canotier au chapeau haut de forme  (1877-1878) de Gustave Caillebotte (1848-1894), classé trésor national en 2020, qui vient compléter les collections impressionnistes du musée d’Orsay grâce au soutien de LVMH, a annoncé la ministre de la Culture Rima Abdul Malak lors d’une conférence de presse ce lundi 30 janvier. En mars 2022, le gouvernement avait publié un avis d’appel au mécénat d’entreprise de 43 millions d’euros pour l’acquisition du tableau par l’État. Accroché à la place du Moulin de la galette de Renoir, le chef-d’œuvre pourra être découvert par les visiteurs dès demain, mardi 31 janvier.

De gauche à droite : Christophe Leribault, Président de l’Établissement public des musées d’Orsay et de l’Orangerie – Valéry Giscard d’Estaing, Jean-Paul Claverie, conseiller de Bernard Arnault, président-directeur général de LVMH et Rima Abdul Malak, Ministre de la Culture, lors du dévoilement du tableau Partie de bateau de Gustave Caillebotte au musée d’Orsay le 30 janvier 2023. ©Connaissance des Arts/Agathe Hakoun

Une des œuvres les plus importantes de l’artiste

« Par son iconographie, son style, sa modernité et son historique, cette œuvre apparaît ainsi comme l’une des œuvres les plus importantes de l’artiste et un jalon inventif dans la peinture des années 1870 », déclarait le Journal officiel en mars dernier. Partie de bateau ou Canotier au chapeau haut de forme représente une scène de sport nautique : un canotier en train de ramer sur l’Yerres, sur les rives de laquelle se dresse la maison de vacances de l’artiste. Passionné par ce loisir moderne importé d’Angleterre, Caillebotte s’inscrit en 1876 au Cercle de la voile de Paris et immortalise ce sujet dans de nombreuses œuvres.

Un témoignage d’un thème emblématique de la peinture impressionniste

Chef-d’œuvre de l’art français de la seconde moitié du XIXe siècle, Partie de bateau ou Canotier au chapeau haut de forme est sans doute l’une des toiles les plus emblématiques de l’ensemble présenté par Caillebotte lors de la quatrième exposition du groupe impressionniste en 1879. Elle témoigne de la maîtrise du cadrage par le peintre qui utilise un effet de perspective audacieux
« pour donner l’impression au spectateur de faire partie du tableau »,
précise le « Journal officiel », et marque l’évolution du style de Caillebotte, qui tend au fil des années vers une peinture de plein air, plus colorée.

Si le musée d’Orsay conserve déjà un des chefs-d’œuvre emblématiques du peintre, collectionneur et mécène des artistes impressionnistes, Les Raboteurs de parquet (1875), l’institution ne possédait pas jusqu’à présent d’œuvre aussi importante de sa période dédiée aux sports nautiques. Resté dans les collections familiales de l’artiste jusqu’à nos jours, Partie de bateau ou Canotier au chapeau haut de forme a été présenté en 2011 dans l’exposition « Dans l’intimité des frères Caillebotte » au musée Jacquemart-André à Paris (et mis en parallèle avec une photographie d’un canotier prise par Martial caillebotte), ou encore en 2014 dans l’exposition « Caillebotte à Yerres au temps de l’impressionnisme » organisée à la Propriété Caillebotte à Yerres.

Une tournée nationale avant une grande rétrospective Caillebotte

« Devait-on rester indifférent à ce qu’un tel chef-d’œuvre quitte notre pays pour l’étranger ? », questionne Jean-Paul Claverie, conseiller de Bernard Arnault, président-directeur général de LVMH. Pour son sixième mécénat pour un trésor national, l’entreprise a collaboré cette fois-ci avec l’État et le musée d’Orsay pour « mener cette opération commando », telle que la qualifie Christophe Leribault, président de l’institution, et acquérir en 30 mois ce record des achats pour un trésor national français.
Pour la première fois en France, un trésor national fera une tournée dans les musées de l’Hexagone pour offrir à tous et à toutes la chance de pouvoir le contempler. L’itinérance de la Partie de bateau commencera en 2024 au musée des Beaux-Arts de Lyon, les étapes suivantes seront annoncées prochainement par le musée d’Orsay. À l’occasion de l’anniversaire de la première exposition de l’Impressionnisme (qui a eu lieu le 15 avril 1874), plusieurs événements dans une vingtaine de musées célébreront les peintres à l’origine du mouvement artistique. La Partie de bateau sera l’œuvre phare d’une grande rétrospective consacrée à Caillebotte qui se déroulera au musée d’Orsay en septembre 2024. L’exposition voyagera ensuite au Getty Museum de Los Angeles et au Art Institute de Chicago. Cette grande rétrospective réunira notamment le legs Caillebotte et marquera le 130e anniversaire de la mort de l’artiste. Toute une série de manifestation qui permettront de
« mieux faire prendre la mesure du génie de Caillebotte »,
souligne Rima Abdul Malak.

Vidéo

Lu dans Connaissance des Arts

Ou comment les riches participent à la culture nationale (EI)

Sommaire de janvier 2022

28 janvier 2023 : Wayne Thiebaud, l’artiste des tentations
24 janvier 2023 : Silvère Jarrosson Au Musée Unterlinden
16 janvier 2023 :
14 janvier 2023 : L’attente D’Anna Malagrida
8  janvier 2023  :
5 janvier  2023 :
1 janvier 2023  :

Wayne Thiebaud, l’artiste des tentations

 Girl with Pink Hat, 1973
A la Fondation Beyeler à Riehen du 29 janvier – 21 mai 2023 
L’exposition « Wayne Thiebaud » est dirigée par Ulf Küster, Conservateur en chef à la Fondation Beyeler. Commissaire assistante : Charlotte Sarrazin.
Un magnifique catalogue de l’exposition a été conçu par Bonbon (Zurich) et paraît en allemand et en anglais aux éditions Hatje Cantz, Berlin. 
Cet ouvrage de 160 pages comprend, entre autres, des contributions de Janet
Bishop et de Ulf Küster, ainsi que la dernière interview de Wayne Thiebaud datant de 2021, réalisée par Jason Edward Kaufman.

Venir à la Fondation Beyeler est toujours un bonheur, vous êtes accueillis par le traditionnel bouquet de fleurs. Grâce aux baies vitrées le paysage pénètre favorablement dans le white cube.

« J’essaie toujours de placer un peu de chaque couleur dans autant de zones de l’image que possible, afin de créer une sorte d’aura, presque comme la lumière du soleil ou un effet arc-en-ciel »
Wayne Thiebaud

Avec Wayne Thiebaud (1920–2021), la Fondation Beyeler consacre une rétrospective à un peintre contemporain d’exception. Largement inconnu du public en Europe, Thiebaud jouit depuis longtemps d’une grande popularité
aux États-Unis. À travers ses natures mortes aux pastels envoûtants, mettant en scène des objets du quotidien, Thiebaud invoque les promesses du
« American Way of Life ». Parallèlement, ses portraits étonnants ainsi que ses paysages urbains et ruraux aux perspectives multiples témoignent de la
polyvalence de ce peintre à la technique brillante.

Composée de 65 tableaux et dessins issus de collections privées et publiques, principalement américaines, cette rétrospective présente les ensembles d’oeuvres majeures de l’artiste, et invite les visiteurs à découvrir sa technique picturale unique ainsi que son
approche toute personnelle de la couleur. Célèbre aux États-Unis pour ses natures mortes, Thiebaud explore les possibilités d’expression picturale à la frontière entre le monde visible et le monde imaginaire, créant ainsi
un langage iconographique unique et très personnel, oscillant entre ironie, humour, nostalgie et mélancolie.
Les oeuvres de Thiebaud appellent un regard précis. Tout d’abord nous apparaissent les sujets tirés du quotidien, étalages de pâtisseries ou machines à sous ; dans ce sens, Thiebaud est un représentant du pop art.

Mais en regardant de plus près, chaque sujet se dissout en un vaste éventail d’innombrables couleurs et nuances, dont seule l’agrégation produit une image reconnaissable.
C’est ainsi moins le sujet que la manière de peindre qui se trouve au coeur de l’oeuvre de Thiebaud.
Toute sa vie, Thiebaud s’est consacré principalement à trois thématiques : les choses, les personnes et les paysages. L’exposition donne à voir ses peintures à l’huile et à l’acrylique ainsi que ses dessins. Les frontières entre représentation et abstraction y sont fluides : par son usage sophistiqué de la couleur, Thiebaud soumet tous les éléments d’une image à un processus d’abstraction, générant ainsi une expérience unique de la couleur.

Précurseur du pop art

Wayne Thiebaud compte parmi les représentants majeurs de l’art figuratif américain et s’inscrit ainsi dans la tradition de peintres tels que Edward Hopper et Georgia O’Keeffe. Il découvre très tôt son intérêt pour les bandes dessinées et les dessins animés, travaille brièvement dans le département des films d’animation des studios de Walt Disney, et plus tard en tant que graphiste publicitaire et dessinateur commercial.
De 1949 à 1953, il étudie les arts à l’université d’État de San José et à l’université d’État de Californie à Sacramento. Tout au long de sa vie, il est resté actif dans l’enseignement et a formé plusieurs générations d’artistes. Thiebaud a évolué à l’écart des grandes métropoles de l’art et a peint indépendamment des
mouvements artistiques dominants du moment. En raison de son intérêt pour les objets de la culture populaire, il est souvent associé au pop art – une classification qu’il a toujours refusée. Compte tenu de sa propre vision de l’esthétique de la production de masse et de son intérêt pour la peinture, Thiebaud devrait plutôt être qualifié de précurseur du pop art. Il a lui-même désigné Diego Velázquez, Paul Cézanne, Henri Rousseau et Piet Mondrian comme ses modèles; mais en tant que cartooniste, il a également été fortement
influencé par les graphistes publicitaires et les créateurs d’affiches.

Les sujets

On retrouve dans les tableaux de Thiebaud de nombreux motifs de la vie quotidienne, reflet du style de vie américain, tels que des distributeurs de chewing-gum, des gâteaux aux couleurs vives, des autoroutes entrelacées, souvent plongées dans la lumière du soleil de la côte ouest…

Au premier coup d’oeil, ses tableaux semblent presque simplistes voire caricaturaux. Cependant, en y regardant de plus près, on constate rapidement une dimension supplémentaire. Ses compositions sont formées d’un spectre illimité de couleurs souvent intenses et lumineuses qui font passer le motif à l’arrière-plan. Les frontières entre figuratif et non-figuratif restent floues, dans la mesure où Thiebaud soumet son motif à un processus
d’abstraction par le biais de l’utilisation ciblée de la couleur. Ce qui l’intéresse au premier plan, ce sont bien plus les possibilités offertes par la technique picturale, et en particulier par la couleur. Il a un sens incroyable de la composition, digne d’un major de promotion d’une école d’art élite.

Les oeuvres majeures

L’exposition de la Fondation Beyeler consacrée à Wayne Thiebaud présenter les ensembles d’oeuvres majeurs du peintre, regroupés par thèmes et salles – notamment des natures mortes, des compositions de figures, ainsi que des paysages urbains et fluviaux. L’exposition s’ouvrira sur trois de ses oeuvres
clés :Student, 1968, 35 Cent Masterworks, 1970, et Mickey Mouse, 1988. Le Mickey de Thiebaud reflète l’attachement de l’artiste à la culture pop américaine du début des années 60. Dans une large mesure, ce célèbre personnage de bande dessinée est l’antithèse des canons traditionnels de l’art occidental et incarne pour ainsi dire la quintessence du « pop ».

Student illustre de manière exemplaire les principes de l’art du portrait. On y voit une jeune femme assise sur une chaise, face au spectateur, le regard fixe. Malgré l’apparente insistance de son regard, en l’observant de plus près, sa singularité s’estompe et la puissance des couleurs se superpose à la perception de sa personne. Cette impression de distance se renforce au fur et à mesure que l’on s’approche du tableau: chaque trait individuel de cette jeune femme semble se fondre dans des myriades de combinaisons de couleurs éclatantes.


Dans 35 Cent Masterworks, Thiebaud a rassemblé ses modèles artistiques: douze oeuvres majeures de l’histoire de l’art y sont soigneusement
disposées sur une étagère à revues. Comme l’indique une étiquette de prix,
le Tableau n° IV de Mondrian, les Nymphéas de Monet et la Nature morte à la guitare de Picasso sont disponibles, ainsi que tous les autres tableaux, pour seulement 35 centimes. En connaisseur et amateur d’histoire de l’art, Thiebaud
s’interroge ici, avec humour, sur la « valeur » des chefs-d’oeuvre qu’il admire, et, dans le même temps, lance le débat sur le rapport entre original et reproduction. Sa compilation de tableaux révèle en outre une affinité avec la collection de la Fondation Beyeler.

Les natures mortes

Une salle d’exposition entière est consacrée à l’ensemble d’oeuvres le plus célèbre : les natures mortes.
Friandises sucrées alignées sur des étals, dans des vitrines ou joliment présentées sur des assiettes.
Jouets, animaux en peluche et cornets de glace rappelant les plus grandes tentations de l’enfance.

Pie Rows, 1961, représente des parts de gâteaux disposées les unes à côté des autres et les unes derrière les autres jusqu’à former un motif. Par leur pouvoir de séduction et leur nature sucrée, ces desserts ont à la fois un effet apaisant et une emprise irrésistible sur le spectateur. Thiebaud parvient ainsi à démasquer
le caractère prétendument inoffensif des aliments et des objets représentés, et exposer la disponibilité quasi illimitée de ces composantes majeures de notre comportement de consommation.

Le jeu

Dans une autre salle, les machines à sous constituent le motif principal des oeuvres exposées.

Jackpot, 2004, présente le fameux jeu de hasard « bandit manchot » des casinos qui, pour une somme modique, promet une chance de gagner le gros lot. À l’instar des gâteaux ruisselants de sucre, cette nature morte attire également par les accès d’exaltation secrète qu’elle déclenche.
Par ailleurs, les pots en métal poli aux coulées de peinture dégoulinante ou encore les bâtonnets de pastels multicolores marquent la fin du thème
« Nature morte », et renvoient à un autre motif: la relation intime entre le travail quotidien de l’artiste et son matériel.

Les personnages

Les compositions de figures de Thiebaud manifestent une affinité étroite avec les natures mortes de l’artiste: les personnes sont certes représentées de manière réaliste, mais dans des postures inhabituelles
et statiques – immergées dans une baignoire d’où ne sort que la tête posée en arrière sur le rebord;

agenouillées côte à côte en maillot de bain, le visage impassible face au spectateur; ou encore assises par terre les jambes écartées, un cornet de glace à la main. Girl with Pink Hat, 1973, rappelle les grands
classiques de la Renaissance, notamment les portraits célèbres de Botticelli ou encore de Giorgione. (image du début)
Mais à la différence de ces derniers, les contrastes de complémentaires et les contours aux couleurs vives font resplendir « La Fille au chapeau rose ».


Eating Figures, 1963, en revanche, est sous-tendu par ce comique
que l’on retrouve dans de nombreux tableaux de Thiebaud : un homme en costume et une femme en robe sont assis très près l’un de l’autre sur des tabourets de bar et regardent apparemment sans plaisir les hotdogs
qu’ils tiennent à la main. L’appétit vorace généralement associé au fast food et le plaisir habituellement conféré à cet en-cas populaire sont ici poussés à l’absurde au biais de l’ironie.

Les paysages

Les tableaux de villes et de paysages de Wayne Thiebaud sont moins connus. Rock Ridge, 1962, et Canyon Mountains, 2011–2012, représentent des parois rocheuses abruptes qui descendent de hauts plateaux sur lesquels s’étendent parfois des paysages peints de manière détaillée. Dans les années 1960,
Wayne Thiebaud se lance dans la peinture de paysages. Il se concentre alors sur des représentations époustouflantes de San Francisco, des perspectives aériennes aplaties vues à vol d’oiseau sur le delta de fleuve Sacramento, ainsi que des panoramas imposants de sommets et de chaînes montagneuses de la
Sierra Nevada. Les abîmes mis en scène donnent l’impression de plonger dans un gouffre de couleurs.


Pour ses peintures de paysages urbains, Thiebaud s’est largement inspiré de San Francisco. Il a illustré la ville, avec ses collines en montagnes russes et ses rues escarpées, de manière fantaisiste, à l’aide de forts contrastes et de compositions dominées par des diagonales. L’inclinaison vertigineuse des rues plonge les observateurs dans un étonnement à couper le souffle et les amène à se demander si ces routes sont réellement praticables ou carrossables. Il s’agit d’images symboliques et emblématiques du paysage urbain nord-américain contemporain, marqué par un réseau routier dense et des agglomérations, où même la nature la plus inhospitalière est domptée et aménagée par l’homme, et semble étrangement vidée de sa substance.

Continuer la lecture de « Wayne Thiebaud, l’artiste des tentations »