Ni la chaleur moite, ni la pluie, ni les manifestations gigantesques de Rome n’auraient pu m’empêcher d’aller à la rencontre de Michelangelo Merisi, dit le Caravage. C’est un bonheur, une émotion sans nom que de découvrir les oeuvres in situ, puissant disait Marie-Jo non sans raison. D’églises, en galeries, de palais en librairie, nous l’avons débusqué, admiré, que ce soit l’ange ambigu blanc aux ailes noires de la Fuite en Egypte de la galerie Pamphilij, la Madeleine Pénitente, ou son petit Saint Jean Baptiste, la Madone des Palefreniers, Saint Jérome à son écritoire, Bacchus malade, David tenant la tête de Goliath, une salle entière consacrée à sa peinture à la Galerie Borghese, mais aussi la Madone des Pèlerins, la conversion et le martyre de St Matthieu, pour conclure ce qui pour moi est le sommet de son art, 2 peintures extraordinaires à Santa Maria del Poppolo : la crucifixion de St Pierre et la conversion de St Paul.
Il est inutile de décrire son art, de faire des phrases pompeuses, de jargonner, il suffit d’écarquiller les yeux et de contempler : c’est « caravagesque » virtuose, sublime. L’extase de St Paul, les bras dirigés vers le ciel peut être mis en parallèle avec les sculptures du Bernin, qui exprime lui aussi, l’extase avec virtuosité : Sainte Thérèse d’Avila à Notre Dame de la Victoire,
dans son petit théâtre, la famille de part et d’autre observant, regardant l’ange qui la transperce au coeur, de son dard en or, ressenti jusque dans les entrailles (d’après le récit de la sainte) ou encore la bienheureuse Ludovicina Albertoni en pamoison à San Francesco a Ripa dans le Trastevere. (où j’ai entraîné mes amis contre vents et marées sous un ciel menaçant suivi d’un semi-déluge)
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Exposition qui a été largement controversée. Dans les salles consacrées aux peintures des écoles du Nord, le visiteur était invité à redécouvrir les chefs-d’oeuvre de Van Eyck, Van der Weyden, Bosch, Metsys ou Rubens à travers le regard de cet artiste majeur de la scène contemporaine. Après des études à l’Académie des beaux-arts d’Anvers, Jan Fabre commence à écrire des textes de théâtre et présente à la fin des années 1970 des « actions » provocatrices et des « performances privées ». Enfant terrible de la « nouvelle vague » flamande des années 80, il est plasticien mais réalise également des mises en scène d’une incroyable liberté. Au printemps 2008, dans les salles de peintures flamandes du Louvre, l’artiste a proposé un parcours d’oeuvres diverses (sculptures, dessins, vidéos, installations…). Il répond ainsi, avec ses propres créations, aux sollicitations visuelles et thématiques de la collection. L’artiste était également invité à l’auditorium du Louvre afin de rendre compte du caractère pluridisciplinaire de son travail de danseur, de chorégraphe et d’homme de théâtre.
photos grâce à la gentillesse de Marie-jo N – texte de l’auteur.
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Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler d’une exposition que je n’ai pas vue encore. Je vous épargne la controverse des puristes, sur le kistch, je considère d’ores et déjà l’évèment comme un amusement et une curiosité. Je ne vous parlerai pas non plus du parallèle entre Andy Warhol et leur méthode de travail en atelier, les maîtres de la Renaissance procédaient de la même façon, à la différence de Jeff Koons, ils mettaient la main à la pâte, procédaient à la finition, ne se contentaient pas à d’être un concepteur. Pour nous habitants de la « regio »
Jeff Koons n’est plus un inconnu, nous avons pu voir ses bouquets, lors de la spendide exposition au musée Beyeler, le mythe des fleurs ou encore lors de la magnifique exposition qui montre une sculpture de la la Cicciolina dans son tub Eros à Beyeler Comme je n’irai à Versailles qu’en décembre le thème ne sera plus dans l’actualité brûlante comme le « Homard » de Jeff Koons .
Entre les 2 vedettes actuelles de l’art contemporain, il n’y a presque pas de choix possible, les 2 sont des busnissmen accomplis, célèbres, provocateurs, talentueux. Les bourses s’effondrent, les banques s’affolent, les gens ne partent plus en vacances et se serrent la ceinture, raclent leur fond de poche, les femmes indonésiennes se font tuer pour quelques poignées de roupies, mais « l’élite » mondiale soutient, achète et se précipite aux ventes et aux expositions de ces artistes . Damien Hirst, dont je vous parlerai dans un autre billet, a court-circuité les galeristes en vendant directement chez Sotheby’s à Londres, aux enchères, 223 de ses œuvres en encaissant la somme astronomique de 140 millions d’euros. La fortune de Bill Gates serait largement dépassée (?) (faux Bill Gates « pèse » 57 milliards de $).
Damien Hirst n’est pas un inconnu pour les frontaliers qui ont la chance de fréquenter Art Basel, où D.H. est très présent. Le veau d’or Dès le premier soir, la vente a explosé le record détenu jusque-là par la cession de 88 oeuvres de Pablo Picasso en 1993, qui avait rapporté 20 millions de dollars. » Beautiful inside my head forever » ou « Money in my pocket, money for a long time” ma traduction …. « Je pense que le marché de l’art est plus vaste que ce que l’on imagine. J’aime l’art et ceci prouve que je ne suis pas le seul et que l’avenir paraît radieux pour tout le monde », a commenté Damien Hirst,
Il a de quoi pavoiser car en organisant directement la vente, sans passer par l’intermédiaire traditionnel d’une galerie qui prélève une commission de 40 à 50 %, l’artiste avait joué avec le feu.
Jeff Koons, chevalier, puis officier de la légion d’honneur nous parle de l’acceptation de soi-même et de l’autre, de la confiance en lui-même et du pouvoir de l’art, grâce au rêve réalisé en exposant à Versailles. De François Pinault collectionneur fervent de JK à Jean Jacques Aillagon, respectivement ancien ministre de la culture, puis directeur du Palais Grassi puis directeur du château de Versailles, la connexion était aisée. C’est en regardant l’Olympia de Manet qu’est venue sa compréhension et son amour de l’art et ses niveaux de significations. Il imagine devant le Homard, acrobate, lien entre le visiteur et l’œuvre, la couleur rouge, le motif, évoquant les flammes du Moyen Age, que s’il reste trop longtemps sous le regard du public, il finira dans les flammes. Quand à l’ « Aspirateur » sa transparence est pour lui associée au féminin …. (tiens donc !) à la matrice. L’autoportrait entre celui de Louis XIV et Louis XVI, expression du monumental, sur un socle réplique du Bernin, n’est pas l’image de Jeff Koons, mais l’expression en tant qu’artiste confronté aux 2 icônes du passé avec le contemporain.
Je cite « le frottement, la juxtaposition d’intérêts communs, voire le parallèle entre 17e, 18e et JK. »
Il désire être impliqué, pour lui ses œuvres sont une métaphore de l’acceptation de l’autre et de soi-même au niveau mondial. En résumé Jeff Koons souhaite établir une connexion avec l’art et son pouvoir sur le monde. ci-joint 2 liens qui montrent photo et vidéos (descendre dans le site) et un diaporama, de l’exposition de cet automne au château de Versailles, comme si vous y étiez.
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C’est d’abord une impressionnante statue en bois, de Madeleine pénitente, dépeinte comme une vieille femme édentée couverte de longs cheveux, pathétique, dont les mains tremblantes s’efforcent de s’unir pour la prière, c’est inconstestablement une des œuvres les plus poignantes de Donatello, sculptée vers 1454 (Comme dirait Marie-jo, c’est puissant ….), pour le Baptistère, de Florence, présence attestée une première fois vers la fin du XVe siècle. Après les dommages causés par l’inondation de l’Arno de 1966, une restauration s’impose. Il apparut qu’elle était dorée à l’origine. On peut la voir au musée du Duomo à Florence.
image Insecula
Si l’on lit Daniel Arasse, Madeleine est une figure « composite », le fruit d’une condensation, accessoirement une fausse blonde ( voir la toison de Madeleine !) Pour DA, sa chevelure est un attribut féminin. Ses cheveux sont son image de femme, la manifestation de son corps femelle, tellement exubérante qu’ils nous empêchent de rien voir. C’est à cause d’eux que Madeleine existe, pour eux, grâce à eux, rien d’autre. Sans ses cheveux Madeleine n’existerait pas. A son avis elle n’a jamais existé.
Je fais court, reportez-vous à la page 97 du livre de DA, « on n’y voit rien » vous ne le regretterez pas…
Frère Jacques a tout inventé : elle voit Jésus, elle a honte de son passé, se repent, pleure, renonce à ses plaisirs en lui lavant les pieds, les essuie avec sa longue chevelure, les parfume et n’arrête plus de pleurer… en fait elle est Marie, la sœur de Marthe qui passe son temps à la cuisine, et de Lazare que Jésus ressuscite ; Luc parle d’une autre Madeleine, la vraie selon DA. Jésus l’avait ramassée à Magdala, sur le lac de Tibériade, juste une hystérique que Jésus a exorcisé de ses 7 démons, pas moins… Une putain de la ville, à Naïn, quand Jésus déjeunait chez Simon vient lui laver les pieds, les parfumer et les baiser.
Ceci donne lieu à une belle histoire, un cocktail de Marie la sœur de Marthe, Marie la putain, à cause du lavement des pieds, et de Madeleine, l’hystérique aux 7 démons, une parabole, Marie-Madeleine, avec Jean, favorite de Jésus.
Il lui apparaît après la résurrection, sous la forme d’un jardinier, lorsqu’elle reconnaît Jésus il prononce le « Noli me tangere » (ne me touche pas pas) non je n’ajouterai pas comme DA, » des fois qu’avec ses larmes, son parfum et ses cheveux, elle lui aurait trop bien lavé les pieds et lui aurait cicatricé les stigmates !… »
Quand ils ont inventé Madeleine, (DA) ils ont construit un triangle sémiotique dans lequel les femmes trouvent leur destin. Entre Marie, la pure, la vierge, un dogme, Eve la précheresse et Madeleine la prostitué repentie, il permet aux filles d’Eve de devenir des filles de Marie, puisque repenties. C’est la sainte des femmes par excellence. Da continue, les femmes sont toutes des filles d’Eve, bien comme leur mère, tentatrices, séductrices, menteuses, bavardes, il en passe et non des moindres, que poouvaient-elles faire les femmes ? D’Eve à Marie, pas de passage, pas de transformation possible. Il n’y a rien à faire, Eve et Marie sont contraires. La preuve, quand Gabriel s’adresse à Marie, il lui dit « Ave » vous croyez que c’est le hasard ? Ave c’est le contraire de Eva, dès le premier mot on a tout compris, Marie renverse Eve, elle annule la malédiction. Mais que peuvent faire les filles d’Eve ? Rien. Rien jusqu’à ce qu’on invente Madeleine, parce qu’avec elle c’est le passage de l’une à l’autre, ou plutôt de l’une vers l’autre, parce qu’aucune femme ne pourra jamais être Marie, alors qu’elles peuvent devenir Madeleine …. Sa chevelure exhibe sa pénitence actuelle et son impudeur passée. En fait la seule qui a une grande chevelure c’est Madeleine l’Egyptienne, qui expie ses turpitudes dans le désert, vieille, hagarde, amaigrie, édentée.
« Lorsque j’avais entre huit et douze ans, j’étais passionné d’astronomie. Je cherchais à dessiner des éclairs ». Hans Hartung
Cette exposition s’articule ainsi sur l’histoire même de l’artiste, puisque Hans Hartung collectionneur et conservateur de son propre travail a laissé à sa mort, au sein de ce qui allait devenir une fondation, les chefs-d’œuvre qu’il a souhaité réunir et conserver. Cet immense corpus, généreux, impressionnant, est montré dans sa nouvelle actualité comme l’aboutissement d’un désir de maîtrise qui vise un concept globalisant, l’œuvre entre geste et méthode.
Avec la présentation des « Hartung de Hartung », la Fondation Maeght renoue avec les grandes expositions monographiques et magnifie le travail patient de la Fondation Hans Hartung et Anna-Eva Bergman qui s’attache à développer des programmes de recherche autour de cette oeuvre majeure. A cette occasion, la Fondation Maeght offre un rendez-vous exceptionnel au public avec Hans Hartung pour mieux appréhender son travail pictural. Cette exposition se veut un véritable plaisir de peinture : une présentation expressive et érudite, exaltée par la rencontre d’une œuvre forte et d’un lieu rare pour créer un moment d’exception. Il décline tantôt sur papier baryté, tous les médiums : peinture, encre, avec des outils tels que : plumes, pinceaux, spalters, rouleaux, griffes.
Ce papier, composé d’une surface très lisse de poudre de marbre blanc, offre à l’artiste un terrain favorable, pour recueillir le dynamisme d’une expression, comme la construction méthodique d’un signe. Compris comme un répertoire graphique de l’oeuvre de Hans Hartung, cet ensemble résume le désir insistant de l’artiste d’inscription et de réinscription de signes privilégiés. clic sur l’image pour l’agrandir
Un film montre l’artiste dans ses divers travaux. Entre les carnets intimes, un ensemble cohérent nous montre un panorama de son oeuvre. Une série de céramiques fabriquées à la fondation même profitant de la présence d’un four, il a abordé cette technique de manière spontanée, avec des inscriptions audacieuses, ludiques et inventives en essayant d’adapter sa technique à la céramique. Véritable musée dans la nature, la Fondation Maeght est un lieu exceptionnel qui possède une des plus importantes collections en Europe de peintures, sculptures, dessins et oeuvres graphiques du XXème siècle : Bonnard, Braque, Calder, Chagall, Giacometti, Léger, Miró… Elle s’apparente avec la Fondation Gianadda à Martigny et l’actuelle exposition du musée Frieder Burda de Baden Baden. c’est en voyant 2 de ses toiles au Musée Wurth que j’ai eu envie d’en savoir plus sur cet artiste au graphisme élégant. Une fontaine Pol Burry a fait son apparition à la Fondation Jusqu’au 16 novembre. photos de l’auteur autorisées contre une légère contribution financière.
photos de l’auteur
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Si sa maîtrise d’écrivain éclipse un peu les qualités de son œuvre graphique, celle-ci est cependant loin d’être négligeable. Son activité d’artiste plasticien, ne peut être entièrement séparée de son travail d’écrivain. Günter Grass, qui n’a jamais été séduit par le non-figuratif, est en effet un remarquable artiste animalier qui s’exprime par le dessin, la gravure, la lithographie, la sculpture. La vocation de sculpteur qui marqua ses débuts n’a toutefois pas pu s’affirmer au même degré : de l’aveu de Grass, elle implique un engagement trop exigeant pour supporter la cohabitation avec l’activité également prenante de l’écriture.
Par contre, sur ses manuscrits, le texte s’accompagne souvent d’images qui viennent nourrir l’inspiration dans un chassé-croisé permanent entre les deux disciplines qui se fécondent mutuellement. C’est d’ailleurs, peut-être, par le dessin qu’il arrive le mieux à assumer l’expérience dérangeante de la misère indienne, mais aussi son engagement politique, son amitié pour Willy Brandt.
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Notre rencontre de blogueurs a débuté par une visite guidée, avec grand talent par Détours des Mondes, qui nous a permis une incursion dans l’art africain, dont elle est une spécialiste.
Nous avons traversé maintes salles, gravi pleins d’escaliers, guidé par Louvre-passion, qui se déplace au Louvre comme chez lui, pour voir une oeuvre installée depuis quelques temps au Louvre, de Daniele da Volterra double face, dont vous trouverez le détail ici, et là Après avoir revisité les « Stars du Louvre » nous nous sommes attardés devant les oeuvres d’une donation. Puis, Louvre-passion nous a fait découvrir un havre de paix la salle de Baouit copte.
Notre pérégrination louvresque s’est achevée en apothéose devant l’installation d’Anselm Kiefer, commentée avec l’érudition qu’on lui connait par Lunettes Rouges.
Cette belle rencontre s’est achevée devant un sympathique déjeuner, loin du tumulte de la foule pascale, dans un agréable restaurant. De nouveaux projets de rencontre se sont échaffaudés spontanément.
Lunettes Rouges avec les « blogueurs réunis » sous mon objectif attentif
Anselm Kiefer a installé une peinture originale dans un escalier du Louvre. C’est la première fois, depuis Georges Braque en 1953, qu’un artiste contemporain crée une œuvre pérenne spécialement pour le musée. Toute l’œuvre, si contemporaine d’Anselm Kiefer dit la présence de l’Orient proche, des racines du monde judéo-chrétien, des mythes égyptiens et sumériens. C’est sur ce terrain que le Louvre a engagé cet automne le dialogue avec le peintre.
Découvrir Athanor, Hortus Conclusus et Danaé exige de se perdre au préalable dans les salles du département des Antiquités orientales entre Egypte, Mésopotamie et Iran. Puis, en haut de l’escalier nord, l’ensemble composé d’une toile et de deux sculptures se dévoile enfin, isolé de toutes autres œuvres. Le choc n’en est que plus saisissant, à la mesure du talent de Kiefer.
Athanor, la toile rappelle « J’ai vu le pays du brouillard, j’ai mangé le coeur du brouillard » dédiée à Ingebord Bachmann, vu à Monumenta, même corps allongé, immobile, mais au crâne nu, livide, la tête plus basse que le corps, comme dans une position de méditation ou d’abandon total, le corps flottant, se détachant sur la terre ocre rouge, une ligne verticale jaillit du centre du corps rejoint une immense nébuleuse grise et blanche tel un vortex, à l’image des toiles de constellations; au centre une pluie d’or, un soleil, puis une ligne horizontale, une inscription juste en-dessous, divise la toile, au-dessus la nébuleuse blanche se partage, permettant d’imaginer une sorte de croix. Autoportrait de l’artiste ? Evocation de la mort ? Thème récurrent chez Kiefer qui nous renvoie à une réflexion sur nous-mêmes.
A droite, Hortus Conclusus est un bouquet de douze tournesols dont les fleurs desséchées sont tournées vers le bas. Certaines ont la tige brisée. Elles ont poussé sur un sol de glaise, magmaesque, presque un tas de boue. Sa fascination pour la nature, l’architecture naturelle des plantes suscite une admiration presque enfantine chez l’artiste. Ses oeuvres proposent de reprendre contact avec la nature, les éléments naturels : l’argile, l’eau, le bois, les feuilles, mais aussi la cendre etc… Chacune de ces sculptures semble répondre à la toile placée au centre. L’impression morbide est très forte.
A gauche, dans une niche, Danaé, empilement de livres de plomb au dessus desquels se dresse une immense tige de tournesol, ensemble monochrome gris clair parsemé de pépites de tournesol tombées sur les livres. On songe évidemment à la pluie d’or du tableau, mais aussi à la magnifique bibliothèque de plomb et de verre de Chute d’étoiles. La fascination d’Anselm Kiefer pour les livres est profondément ancrée dans sa pratique artistique. De son propre aveu, s’il n’avait été peintre, il aurait été écrivain. La littérature est pour lui un territoire inépuisable pour la création de ses oeuvres plastiques.
Le mythe, la subjectivité, la passion… grâce à l’apport de l’art conceptuel, mais avec des moyens essentiellement picturaux, Kiefer tente de déconstruire et de mettre à plat un sujet délicat et ambigu : le concept de germanité, profondément enraciné dans l’idéologie allemande et mis à mal après la Seconde Guerre mondiale, pour dégager une nouvelle identité, débarrassée d’une connotation excessivement idéaliste et inhumaine, purifiée de ses tabous et de ses refoulements, déculpabilisée. De plain-pied dans l’histoire mais se situant dans le présent, l’œuvre de Kiefer, est la pluspart du temps de dimensions monumentales.
Dérangeante et complexe, l’œuvre de Kiefer, en ne privilégiant pas la forme par rapport au contenu, en s’interrogeant au contraire sur le rôle de l’art dans la société, et de la responsabilité de l’artiste, sans en nier l’aspect esthétique, a réhabilité une peinture « porteuse de sens ».