Huang Yong Ping et Wu Zei

Une étrange ménagerie a cherché refuge au Musée de l’Hospice Comtesse, dans le Vieux Lille.

Huang Yong Ping, Wu Zei

en est l’initiateur. Installé en France depuis la célèbre exposition « Magiciens de la terre » réalisée par le centre Pompidou en 1989, l’artiste chinois réalise depuis des oeuvres qui parlent de migration et de déplacement de territoires en confrontant des univers culturels contradictoires. Pas étonnant qu’il se soit inspiré de l’Arche de Noé pour imaginer ce rassemblement, superbe et incongru. Point d’être humain sur ce navire gigantesque, mais des animaux dont certains sont morts ou bien mal en point : l’artiste met ainsi en scène le paradoxe d’une arche qui transporte la vie, mais aussi la violence inhérente à toute société.
Huang Yong Ping

Non loin, Wu Zei, complète ce bestiaire. Parmi les autres présences inquiétantes, sous le jubé et dans la chapelle, une pieuvre immense de 25 mètres de large et de 8 mètres de haut, recouvre notamment le plafond de ses tentacules déployées…
Walking up language

Dans la chapelle, Pharmacy évoque une nature qui, à l’image de la médecine, peut être tantôt remède, tantôt poison.
 
photos de l’auteur

Lille "Fantastic"

 
Quelques « Métamorphoses » Urbaines

Nick Cave Surrational – Gare Lille Europe

Ross Lovegrove Ufo Gare Lille Flandres

 

François Schuiten Dentelle Stellaire rue Faidherbe

Jean François Fourtou La Maison tombée du ciel

Fujiko Nakaya – Nuage de mer et Yoko Kusama – les Tulipes de Schangaï

Lilian Bourgeat Le Dîner dz Gulliver au Tri Postal

 
Pierre Delavie à Contre Pierre Facade de l’hôtel des Postes

 
François Schuiten Facade de la Voix du Nord

 
Subodh Gupta Gol Hungry église Ste Marie Madeleine

AES+F – Parade des Anges gare St Sauveur

 
Robert Cahen -une des Cartes Postales -Paysages Urbains Mur Euralille


ainsi que MuMo déjà vu à Mulhouse
photos de l’auteur

Edward Hopper au Grand Palais

 

Edward Hopper Captain’s Upton House 1927

Edward Hopper est certes un grand peintre, malgré les critiques, parfois très inspirées entendues de-ci de-là. Sans avoir vu la rétrospective, tout le monde est familiarisé par des affiches, par des photos, par la reprise d’autres artistes, avec l’image de 3 personnages attablés au bar, les pompes à essence violemment éclairées de stations services,
l’ouvreuse pensive, prostrée et tellement seule dans ce cinéma de New York, la femme seule assise sur un lit regardant vers la fenêtre, cette autre assise sur un lit, lisant une lettre, consultant un guide voyage selon certains commentateurs, l’homme le visage pensif,  tournant le dos à la femme, et l’inverse, toujours dans une chambre, le couple quoique ensemble et semblant si distant, la maison oubliée,  au bord d’une voie ferrée, qu’Hitchcock a reprise dans Psychose. Il y a aussi ces femmes en voyage, en train, dans une salle d’attente, au bureau, au restaurant,  que l’on regarde de façon presque indiscrète. Toutes ces toiles ambigües expriment la solitude, la culpabilité.
Edward Hopper paysage

Hopper réussit mieux que personne à exprimer ce sentiment d’étrangeté, un peu inquiétante, avec des images nettes et précises, révélant nostalgie, mélancolie, un sentiment trouble de déjà vu pourtant.
Ses peintures figurent la rue, la contemporanéité, l’urbanisme, décrit avec détails, dès les années 1925.
La femme en robe verte, l’homme prostré,  le chien aux aguets seul exprimant un intérêt pour le monde. Des pièces vides où la recherche de la lumière est évidente.
Jo Hopper

Son épouse Jo, seule quasi modèle de ses toiles, peinte sans complaisance, est omniprésente, Un sentiment désabusé, transpire partout, mésentente du couple ? ennui, dépression de l’artiste ?
Il n’y a personne dans les espaces, les personnages restent immobiles, regardent vers la mer, tournés vers l’attente dont on ignore tout, les lignes sont très composées, l’architecture est très ordonnée. Son passé de dessinateur de presse, lui permet cette dextérité. L’horizontalité des objets est mise en valeur, un lit, une table, un comptoir, des routes, un parapet, le gazon, une scène de cabaret, le sol, une fenêtre ouverte, coupé par une verticalité, permettant le reflet des ombres.
Edward Hopper Stations

D’aucuns lui reprochent de mal « peindre » (de la confiture étalée) les disproportions des membres, une carnation pas très flatteuse, la chair triste, sans attrait, excluant le désir,  une texture décevante.
Ma visite de l’exposition en 2010 à la Fondation de l’Hermitage de Lausanne.
L’exposition au Grand Palais est différente, une autre approche, plus complète pour la connaissance de l’artiste.
Edward Hopper Compartiment C

Elle se termine par un rayon de lumière jaune dans une chambre bleue, la fenêtre ouverte sur le bleu de la mer. J’y ai vu : Edward Hopper un peintre solitaire et solaire, avec des images qui restent dans la mémoire.
Prolongée jusqu’au  28 janvier 2013
 

Sommaire de décembre 2012


01 décembre 2012 : Anne-Sophie Tschiegg à la Chapelle des Annonciades de Haguenau
05 décembre 2012 : Ça vous regarde
09 décembre 2012 : Marcel Imsand et la Fondation Gianadda
18 décembre 2012 : Cours Publics – Thème 2013 : L’ART IMMATERIEL
23 décembre 2012 : Joyeux Noël
26 décembre 2012 : Le retable de Konrad Witz
 
 

Le retable de Konrad Witz,

Le retable de Konrad Witz, œuvre majeure du patrimoine genevois, est de retour au Musée d’art et d’histoire (MAH). Depuis juillet 2011, cette pièce de 1444 a été soustraite au regard du public pour bénéficier d’importants travaux de restauration et de conservation.
 

 
Je rappelle ici ma visite au conservateur du Retable à Genève, Victor Lopez et de son équipe  en 2011.
Cette œuvre, d’autant plus exceptionnelle qu’elle date d’avant la Réforme, elle  a marqué l’histoire de la peinture, a rappelé jeudi le conseiller administratif en charge de la culture Sami Kanaan. L’un de ses quatre panneaux, la Pêche miraculeuse.
A cette occasion K.Witz, déplaçant la scène des bords du lac de Génésareth à ceux du Lac Leman, réalise le premier portrait d’un paysage connu. Il est d’ailleurs encore possible aujourd’hui, grâce au panorama de montagnes et au sommet enneigé du Mont-Blanc, de resituer la position exacte qui fut celle du peintre face à lui.
C’est ainsi que l’on distingue à gauche le mont Voirons, en face le Môle avec à l’arrière plan les Alpes et sur la droite le mont Salève.
Cette représentation  exceptionnelle pour son époque K.Witz l’a sciemment dotée d’une inscription latine sur le cadre. Il y a fait figurer son nom, son lieu d’origine, Bâle, et l’année à laquelle il a terminé l’œuvre, 1444.
C’est la seule oeuvre datée et signée de la main de Witz, et jouit donc d’une position clé dans la recherche sur son activité artistique. Grâce à son style propre, l’artiste s’est imposé comme novateur et précurseur du paysage dans la peinture occidentale. Les peintures ont permis de redécouvrir la personnalité du peintre de le situer par rapport aux autres génies de la Renaissance :
 Konrad Witz : 1400 – 1445
Léonard de Vinci 1452 – 1519
Albrecht Dürer  1471 – 1528
Mathias Gothard Nithart Grünewald 1475- 1528
« Le travail fantastique de l’équipe de restauration a permis de redécouvrir totalement l’icône du musée, une réalisation essentielle, très fragile », s’est réjoui Jean-Yves Marin, directeur du Musée d’art et d’histoire. Œuvre de référence, le retable du peintre bâlois est toujours cité et très demandé, a-t-il expliqué. « Le musée est sollicité environ une fois par semaine pour un prêt. » Le retable a en effet miraculeusement traversé les siècles. Initialement placé dans le maître-autel de la cathédrale Saint-Pierre, il a en grande partie échappé à l’iconoclasme protestant qui s’est abattu sur la ville dès 1535.

Konrad Witz – visage du Christ lacéré détail MAHG ©

Marqués par les années, ayant connu des restaurations plus ou moins heureuses, les quatre volets du retable ainsi que leurs cadres devaient être restaurés. L’aspect structurel posait notamment problème, avec pas moins de 29 fissures. Les restaurateurs se sont penchés sur l’œuvre avec les plus grandes précautions, documentant au fur et à mesure toutes les étapes de leur travail.
 
Aujourd’hui le retable est à redécouvrir, au musée d’art et d’histoire de Genève, avec sa nouvelle chromatique et des éléments mis à jour. Sa restauration, d’un montant de 200 000 CHF (166 000 €), a été réalisée grâce au soutien de la Fondation Hans-Wilsdorf.
 
Photos courtoisie du conservateur et restaurateur Victor Lopez du  MAHG
 
 

Joyeux Noël

Le Caravage ‘ Le repos pendant la fuite en Egypte Galerie Pamphili Rome

Réflexions de Michel Serres

Marcel Imsand et la Fondation Gianadda

« L’alchimie qui se passe entre deux êtres n’appartient pas forcément à l’ordre des sens. C’est un climat qui naît de confiances réciproques et instantanées. (…) Sans cette alchimie, il n’y a pas de bon portrait. » (Confidences, 2006) Marcel Imsand

Calvignac, 1985 © Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

Tout commence avec Auguste Rodin. Mis au défi par
Léonard Gianadda, Marcel Imsand présente sa première exposition personnelle à la Fondation en 1985.
Il enchaîne en interprétant, avec son regard, les sculptures de Giacometti, exposées en 1986. Des liens étroits se tissent. Marcel Imsand devient un familier des lieux, croque les moments forts des vernissages et des concerts, fixe pour la postérité les artistes qui défilent à Martigny et, surtout, capte une atmosphère, une ambiance. Devant son objectif, les Anne-Sophie Mutter, Isaac Stern, Barbara Hendricks, ou Teresa Berganza traversent les jardins et le parc de sculptures sur un petit nuage ; ils font vibrer les milliers de spectateurs venus les applaudir à la Fondation.

Concert d’Anne-Sophie Mutter à la Fondation Pierre Gianadda, 5 septembre 1986 © Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

Et, à chaque fois, Marcel offre à son ami Léonard une série de tirages si caractéristiques dont il a le secret et qu’il réalise dans la pleine maîtrise de son art.
En 1996, le photographe, a de nouveau les honneurs des cimaises de la Fondation.
Pour les grands anniversaires de la Fondation, Marcel Imsand offre à Léonard et Annette ce qu’il pouvait donner de meilleur. Il commence, pour les vingt-cinq ans, avec la série originale des photographies de Luigi le berger ; il poursuit, pour les trente ans, avec les originaux des reportages effectués durant trois décennies sur leur ami commun, Maurice Béjart.
En souvenir d’Annette, Marcel remet à Léonard une collection qui reflète les préoccupations d’une vie d’artiste et qui est constituée de quatre séries : Paysages, Portraits, Artistes, Les vieux amis.
Au total, plus de 500 chefs-d’oeuvre ont trouvé le chemin de la Fondation Pierre Gianadda ; les plus représentatifs y sont  présentés et mis en scène.
L’EXPOSITION EST ORGANISÉE AUTOUR DES GRANDES COLLECTIONS OFFERTES :
vue d’ensemble de l’exposition Marcel Imsand

En rouge, les séries offertes en 2003 :
1.  Luigi le berger (1989-1991) 87 photographies en 2003, dont 50 photos exposées ;
2. Maurice Béjart (1975-1995), 63 photographies en 2009 ;
dans la salle Franck
3. Giacometti (1984-1986), 56 photographies en 2011 ;
En blanc avec des tirages numériques
4. Reportages sur les vernissages et les concerts (1982-1992), 100 photographies données
au fur et à mesure des événements ;
En vert, les photographies offertes à Léonard Gianadda en souvenir de son épouse Anette décédée en 2011.
5. Collection personnelle (1960-2000), quatre séries remises en 2011-2012.
L’ensemble constitue un témoignage d’une amitié indéfectible  de 30 ans, et surtout, un condensé d’une oeuvre artistique de premier plan.
LE COMMISSARIAT de l’exposition est assuré par Jean-Henry Papilloud et Sophia Cantinotti.
Marcel Imsand Lénoard Gianadda et les commissaires

LE CATALOGUE DE L’EXPOSITION Marcel Imsand et la Fondation Pierre Gianadda reproduit les
photographies exposées. Egalement disponibles : Luigi le Berger et Maurice Béjart. Prix de vente
CHF 45.– (env. € 37.50.–).
LA VIE ET SES SURPRISES
Entre Marcel Imsand et Léonard Gianadda, c’est une longue histoire. Une histoire jalonnée de rencontres amicales, de nombreuses lettres, dont on peut en voir quelques unes dans la salle Frank, et évidemment de photographies.
On connaît avant tout le photographe vaudois pour ses célèbres portraits de
Paul et Clémence, Les Dailles© Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

Paul et Clémence (1982), Luigi le berger (1991), Les Frères (1996), mais également pour ses longues amitiés avec Barbara, Maurice Béjart ou Jorg Donn, pour les « Instantanés » publiés dans la Feuille d’Avis de Lausanne, puis dans le Sillon Romand ; sans oublier ses collaborations avec le C.I.O., le Grand Théâtre de Genève ou le Théâtre de Beaulieu.
Fils d’un ouvrier socialiste et d’une couturière habitant Broc, un petit village de Gruyère, rien ne prédestinait Marcel Imsand à embrasser une carrière de photographe. A quinze ans, désireux de voler de ses propres ailes, il entre dans la vie professionnelle comme livreur de pain à Lausanne.
Puis, après un début d’apprentissage de pâtissier à Vevey, il s’oriente finalement vers la mécanique de précision et part pour Neuchâtel. C’est là qu’il découvre la joie de voir apparaître une photo dans le bac du révélateur. Quinze ans plus tard, Marcel sait qu’il désire vivre de la photographie.
Couvent de Géronde © Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

Léonard Gianadda, lui, est connu pour ses nombreuses constructions à Martigny, mais surtout pour la célèbre Fondation Pierre Gianadda, ouverte en 1978, en souvenir d’un frère trop tôt disparu. Une fondation visitée par des centaines de milliers de personnes chaque année : pour ses expositions et ses concerts prestigieux, son parc de sculptures unique en Suisse, son musée de l’automobile.
Fils d’un entrepreneur italien, petit-fils d’un émigré piémontais, qui aurait pu imaginer que Léonard Gianadda serait un jour un mécène et un entrepreneur culturel disposant d’un réseau de relations et de contacts envié par tous les responsables de musées ?
Curieusement, c’est lorsque la carrière photographique de l’un s’arrête que celle de l’autre prend son envol. A la fin des années 1950, après huit années de reportages passionnants, Léonard laisse de côté ses appareils photo et investit toute son énergie dans son métier d’ingénieur et d’architecte. A l’inverse, en 1964, Marcel démissionne de son poste de chef d’atelier dans une usine de moteurs de camions pour s’adonner entièrement à la photographie, un pari fou pour un jeune père de famille. Comme s’il suffisait souvent d’oser un grand pas pour que tout se mette en marche, et que l’impensable devienne réalité.
MARCEL, ARTISAN DU NOIR ET BLANC
Secondé par sa femme Mylène, Marcel peut enfin s’adonner à une passion qui occupait
auparavant ses nuits et ses week-ends. Très rapidement, osant s’aventurer dans les coulisses du Théâtre de Beaulieu, il réussit à tirer le portrait de grands artistes de passage (Rubinstein, Brassens, Brel, Barbara, Béjart…). Son audace, mais également les hasards de la vie lui ouvrent peu à peu des portes : il trouve un atelier, Rue de l’Ale 9 à Lausanne, publie un premier livre, Lausanne 1000, décroche un contrat avec La Feuille d’Avis de Lausanne pour publier chaque jour un instantané, devient le photographe officiel du Grand Théâtre de Genève. Dans les années 1970, sa carrière photographique est en plein essor : il est le photographe attitré de l’Encyclopédie illustrée du Pays de Vaud en douze volumes, il expose dans des galeries et publie des livres qui font sa renommée.
Maurice Béjart, Lausanne© Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

RENCONTRE
En février 1982, Marcel Imsand expose à Lausanne les tirages de Paul et Clémence. Série
photographique marquante, il y dévoile une profonde amitié tissée durant douze ans avec deux personnes âgées qui vivent retirées dans une ferme vaudoise, aux Dailles. Un livre paraît en décembre. Le succès est tel que l’ouvrage doit déjà être réédité en janvier 1983.
Si quelques images de reportage indiquent la présence de Marcel à la Fondation Pierre Gianadda en septembre 1983, à l’occasion d’un concert de la pianiste Brigitte Meyer, ce n’est qu’en novembre que la véritable rencontre entre Léonard et Marcel a lieu, lors d’un repas chez un ami commun.
Marcel Imsand et Léonard Gianadda, 1989 © France Vauthey Brun, Fondation Pierre Gianadda

Entre les deux hommes, le courant ne passe pas d’emblée. Seraient-ils de caractères trop
différents pour réussir à s’apprécier ? Et pourtant, quelques mois plus tard, Léonard Gianadda demande à Marcel Imsand de photographier les oeuvres présentées à Martigny dans l’exposition Rodin, afin d’en tirer des posters et des cartes postales. Marcel relève le défi avec brio. Le succès de la manifestation donne à la Fondation sa stature internationale et les cartes de Marcel sont dans toutes les mains.
Cette réussite encourage sans doute Léonard à programmer, avec les oeuvres de Marcel Imsand, la première exposition de photographies à la Fondation Pierre Gianadda. Du 7 novembre au 15 décembre 1985, l’artiste présente plus de cent oeuvres en noir-blanc. Le public est au rendez-vous et l’accueil de la presse est enthousiaste, à l’exemple de la Gazette de Lausanne qui note le 16 novembre :
Romont 1978 © Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

« A travers ces nombreuses photographies se révèle une fois de plus la magie Imsand, cette mystérieuse et inimitable touche qui fait que l’on reconnaît son style, sans pouvoir vraiment expliquer pourquoi. C’est une mélange de poésie intimiste, de pudeur tendre, de sensibilité esthétique raffinée ».
A partir de cet instant, les deux hommes vont collaborer régulièrement. Entre eux s’établit un lien de confiance nourri par une admiration mutuelle. Leur sensibilité, leur curiosité, leur soif de rencontres et de partage sont finalement à l’unisson et constituent autant de portes ouvertes sur un monde où les miracles ne sont pas exclus.
Vernissage de l’exposition Toulouse-Lautrec à la Fondation Pierre Gianadda, 16 mai 1987 © Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

Avec son Leica, discrètement, Marcel suit plusieurs fois par année les vernissages et concerts de la Fondation Pierre Gianadda, sans oublier les soupers d’après-concert. Il en rapporte des photographies de qualité et les transmet au fur et à mesure à Léonard. C’est ainsi qu’une collection de tirages originaux prend corps et s’étoffe au fil des années. On y retrouve le vernissage Alberto Giacometti, les concerts d’Anne-Sophie Mutter et Barbara Hendricks en 1986, la prestation des danseuses du Moulin-Rouge de Paris à l’occasion du vernissage de Toulouse-Lautrec, la venue de Yehudi Menuhin et de Teresa Berganza en 1987, la présence d’Isaac Stern en 1988, pendant Les Trésors du Musée de São Paulo… Des moments inoubliables sont interprétés par un des plus grands photographes suisses. Au-delà de l’aspect documentaire de ces clichés, c’est la force des moments partagés, des émotions vécues qui est transmise, restituée dans les tirages de Marcel :
Salle Louis et Evelyn Franck Fondation Pierre Gianadda Alberto Giacometti Marcel Imsand

« La grâce est un déclic. Comme si tu allumais une allumette, il y a une lumière.
Donc quelque chose s’allume en toi, tu es ému, tu es touché, tu es bouleversé. C’est un moment bref et il faut être conscient qu’il ne dure pas. Ce sont des instants d’étincelles […] Tant de rencontres ont été belles » confie-t-il à sa fille Marie-José.
En novembre 1996, dix ans après la première exposition, la Fondation met à nouveau à l’affiche des oeuvres de Marcel Imsand. Quatre séries de photographies, fruit d’un travail de plusieurs années, se déploient autour du temple gallo-romain : Les Frères, Luigi le berger, la vie dans les couvents, Maurice Béjart en création.
« Ce sont des années de travail qui m’ont permis d’arriver à cela, dit alors Marcel Imsand à Philippe Dubath du Matin, et je constate en regardant ces photos que ce travail n’était pas vain. Parce que je me retrouve totalement dans ces sujets, parce que dans ces photos, oui, il y a ma foi à moi. Je la montre comme je la ressens. »
Luigi le berger, © sur la route, 1990 Marcel Imsand Fondation Pierre Gianadda

La plupart des tirages exposés intègreront la collection de la Fondation Pierre Gianadda : Luigi le berger (résultat d’une des plus belles aventures du photographe), en 2003 ; Maurice Béjart en 2008 ; puis, en 2011 et 2012, la collection Giacometti, les négatifs de tous les vernissages et concerts suivis à Martigny, ainsi que quatre séries de portraits et de paysages. Au final, ces donations successives représentent un ensemble fort et cohérent de plus de cinq cents photographies, témoignage d’une amitié indéfectible et, surtout, condensé d’une oeuvre artistique de premier plan.
« Il est troublant, l’amour que ce paysage inspire, mais il faut aller plus loin. Pouvoir le partager ! C’est à cela qu’on rêve. » (Confidences, 2006)
Partager une émotion, un instant, un regard… voilà un des mots-clés de Marcel, mais également de Léonard, pour qui il était devenu évident qu’une large sélection de cette grande collection photographique devait être montrée au public. Ce sera chose faite dès le 7 décembre prochain.
Présentées deux fois aux côtés d’autres artistes, en 1985 et 1996, les oeuvres de Marcel Imsand occupent cette fois-ci toutes les cimaises de la Fondation, comme si le moment était enfin venu de dévoiler à tous une fidélité, une générosité et une amitié réciproques qui durent depuis trente ans.
Sophia Cantinotti
Jean-Henry Papilloud
Commissaires de l’exposition

FONDATION PIERRE GIANADDA
Rue du Forum 59
1920 Martigny, Suisse
RENSEIGNEMENTS
Tel : + 41 27 722 39 78
Fax : + 41 27 722 52 85
Contact : info@gianadda.ch
site : www.gianadda.ch
HORAIRES DE L’EXPOSITION
Tous les jours : 10h à 18h
à l’invitation de la Fondation Gianadda, texte et photos courtoisie de la Fondation
+ 3 photos de l’auteur

Anne-Sophie Tschiegg à la Chapelle des Annonciades de Haguenau


Pour sa première exposition après rénovation, la Chapelle des Annonciades du musée historique de Haguenau nous a gratifié d’une exposition magnifique de couleurs.
Anne-Sophie Tschiegg, coloriste de talents, nous a émerveillés une fois de plus, en nous montrant toute l’ampleur de son imagination. Des fleurs sur fond de rayures, des gammes, des pluies, des collages, passant avec virtuosité de l’abstraction à la figuration, organique ou végétale , avec poésie, délicatesse et générosité, elle est conforme à sa réputation de dompteuse de la couleur. Un ingénieux cabinet de curiosités montrait les sources de son inspiration, mais aussi son environnement, ses maîtres. Cette fois les 365 ou 366 ciels sur papier de paquets gitanes ont laissé la place à de somptueuses toiles de pluies et d’orages, sur des campagnes magnifiées.


Le lieu empreint de (presque) religiosité se prêtait à merveille, et donnait un cachet tout à fait particulier à ce vernissage. Les discours des diverses personnalités reflétaient l’étroite complicité entre Anne Sophie et Haguenau depuis de très longues années, dans le domaine culturel, en illustrant de sa touche personnelle les affiches et magazines de la ville, petit Lautrec à sa manière.

Avis aux amateurs, les toiles ont eu un grand succès, fleurs ou paysages de pluies, il n’y en aura pas pour tout le monde………
Après son exposition à l’espace Beaurepaire à Paris, son exposition à la Galerie Hagen à Offenbourg, à Brumath, à Art Karlsruhe galerie Vayhinger, (ne manquez pas la photo d’Anne-So), sa participation à la nuit blanche de Paris, son exposition au musée des Beaux Arts de Mulhouse, elle repart vers d’autres projets, munie de sa palette et de ses pinceaux magiques.


du mercredi au dimanche de 14 h à 18 h
www.wille-haguenau.fr  03 88 90 29 39
jusqu’au 20 janvier 2013

photos de l’auteur

Sommaire de novembre 2012

03 novembre 2012 : Paul Durand-Ruel et le terrible Edgar Degas
06 novembre 2012 : Tinguely@Tinguely
11 novembre 2012  :  11 novembre et Poppy Day
14 novembre 2012  : « L’appel de la forêt »
17 novembre 2012  :  Sensualité et spiritualité – À la recherche de l’absolu
20 novembre 2012 :  MuMo, premier musée mobile d’art contemporain pour les enfants
24 novembre 2012  : st-art 2012
28 novembre 2012 : zeichnen zeichnen, toujours toujours

zeichnen zeichnen, toujours toujours

Régionale 13
Commissariat : Sandrine Wymann et Sophie Yerly

ZeichnenZeichnen



Une ligne grise. A peine perceptible, vaguement tracee sur un coin de feuille blanche. Elle s’elance timidement, acquiert de l’assurance et s’affirme dans un ton assombri. La voie est libre, la ligne chemine, elle trouve les directions a suivre, les espaces a preserver. Elle connait intimement les regles de l’equilibre et s’enfuit quand une respiration s’impose. Elle s’epaissit, saisit de la noirceur, s’applique a occuper quelques centimetres carres. Son rythme s’accelere. Elle va et vient, tourne et s’enroule autour d’un centre qu’elle evite pour ne pas sombrer. Son corps s’etire et s’emmele, elle ne sait plus trop par ou s’echapper. Elle se repand et se perd, elle n’est presque plus ligne, elle est surface et noire. Une tache noire.

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La Kunsthalle presente une exposition de dessins.
Les artistes de zeichnen zeichnen, toujours toujours
Le bureau du dessin, Pierre Clement, Monika Dillier, Judith Marlen Dobler, Cedric Eisenring, Lena Eriksson, Mireille Gros, Noemie Kukielczynski, Elisa Martin, Marianne Mispelaere, Laetitia Oser, Clement Richem, Emanuel Rossetti, Claudia de la Torre, Tomi Ungerer, Gunter Walter, Ulrike Weiss, Anja Wicki et Shabnam
Zeraati.
Le bureau du dessin cree depuis 2008 des rendez-vous inedits autour des formes multiples du dessin.
Il peut s’agir de projets courts : rencontres, workshops, debats mais aussi d’expositions dans des lieux de differentes natures ou plus recemment d’editions qui engagent la participation d’etudiants de trois des etablissements superieurs d’art du grand Est : L’ESAL (Ecole superieure d’art de Lorraine), L’ENSAN (Ecole nationale superieure d’art de Nancy), l’HEAR (Haute ecole des arts du Rhin).
Mulhouse invite Le bureau du dessin qui presente Places assises, une proposition des professeurs & artistes : Edouard Boyer, Jean-Jacques Dumont, Jean-Claude Luttmann, Etienne Pressager et Alain Simon, invitant 74 etudiants.
La regle du jeu est la suivante : chaque etudiant dispose d’une chaise d’ecole, en bois et metal, proche de la celebre Mullca 510.
Elle delimite son espace.
A chaque chaise, les quatre pieds au sol, sont associes un ou plusieurs dessins qui engagent un dialogue avec celle-ci.

Tomi Ungerer
Ne en 1931, vit et travaille en Irlande.
Vulvodendrum penifloris, 1988
Planche du Portfolio Tomi Ungerers Botanik
« Der Kamasutra der Frösche (Le Kamasutra des Grenouilles), Erzählungen für Erwachsene (Contes pour Adultes), Tomi Ungerer’s Botanik (La Botanique de Tomi Ungerer), des livres qui relevent du pur genre erotique, appartiennent a une veine qui s’est developpee dans les annees quatre-vingts et quatre-vingt-dix. Elle renvoie a une sexualite joyeuse et innocente et par sa truculence, peut etre qualifiee de rabelaisienne.
Non seulement le monde animal, mais aussi la botanique lui ont donne l’occasion de creer un monde erotique extraordinaire. Les fleurs et les plantes qui en font partie resultent de l’assemblage et de la juxtaposition saugrenus d’organes genitaux humains. Les noms latins fantaisistes, tels Orchis clitoriderecta ou Voluptiphallus autofellator, qu’il a imagines pour cette serie, lui conferent un cote pseudo-scientifique qui renvoie aux herbiers du XVIIIe siecle.
Therese Willer (Tomi Ungerer : Graphic Art, Editions du Rocher, 2011)
Tomi Ungerer

 
les artistes des 3 régions : France, Allemagne, Suisse : Pierre Clément-Monika Dillier-Judith Marlen Dobler-Cedric Eisenring-Lena Eriksson-Mireille Gros-Noémie Kukielczynski-Elisa Martin-Marianne Mispelaëre-Laetitia Oser-Clément Richem-Emanuel Rossetti-Claudia de la Torre -Tomi Ungerer-Günter Walter-Ulrike Weiss-Anja Wicki-Shabnam Zeraati-
Ulrike Weiss
Nee en 1956, vit et travaille Fribourg-en-Brisgau.
Les materiaux legers et flexibles comme le tissu, la gaze, le papier japonais, la feuille plastique, sont a la base du travail d’Ulrike Weiss. Fortement inspiree par les lieux qu’elle habite, l’artiste a ajoute a ces supports des elements issus de ses sejours repetes au Maroc : l’ornement, la combinaison, l’histoire imagee et la repetition geometrique.
Le dessin dans Images croisées intervient comme une partie de l’installation qui joue egalement sur la transparence et la superposition des images.

Images croisées, 2012 Installation, 12 couches de tulle, dessins a l’encre de Chine   Ulrike Weiss Courtesy Ulrike Weiss
Clément Richem
Ne en 1986, vit et travaille a Strasbourg.
Clement Richem s’interroge sur la vie et cherche a en saisir le processus. Tout etre vivant ou element naturel etant le fruit du faconnement de l’histoire, il represente et communique son emerveillement face a cette complexite. Les effets du temps et des aleas sur la matiere sont au coeur de ses preoccupations.

Crayon noir sur papier 220 x150cm Clement Richem 2012, 2011
Mireille Gros
Nee en 1954, vit et travaille a Bale.
Les dessins Pink ink sont issus de deux longs sejours en Chine.
Le Wu Wei, est un concept philosophique traditionnel taoiste qui nomme une maniere de ne pas influer sur le cours du destin… Ici, l’encre rose coule sur le papier de chine yuan et fait naitre un dessin en utilisant le pinceau
et le papier de la maniere la plus minimale possible.
Dans cette serie Mireille Gros ne convoque ni theorie, ni concept, ni idee particuliere. Toutes les idees sont placees au meme niveau, sans preference, afin de privilegier le plus longtemps possible l’ouverture au comportement et au cours des choses.

Pink ink, 2011
Mireille Gros Encre sur papier chinois xuan 4 dessins 144 x 75 cm
Parallèlement à zeichnen zeichnen, toujours toujours, La Kunsthalle s’associe à La Filature pour présenter filmer, immer noch, une sélection de vidéos réalisées par les artistes sélectionnés de la Régionale 13.
filmer, immer noch
Jury video : Emilie George et Emmanuelle Walter
A travers une selection de 18 films courts, 16 artistes donnent un apercu de la scene video allemande, francaise et suisse. Singulieres, leurs propositions tendent vers des champs artistiques tres larges : du plan fixe au travelling, du rythme saccade au mouvement lent, de la narration au zoom sur la matiere, de la bande son au film muet, elles nous emmenent de la construction a la destruction, de l’apparition a l’effacement, du passe au present…
Projection à La Filature, Scene nationale, 20 allee Nathan Katz, Mulhouse
Du mardi au samedi de 11:00 a 18:30
Soirée inaugurale :
Vernissage de zeichnen zeichnen, toujours toujours : jeudi 22 novembre à 18:30 à La Kunsthalle. Suivi d’un Concert performance de I Apologize : jeudi 22 novembre à 20:30 à La Filature – Entrée libre Jean-Luc Verna, Pascal Marius et Gauthier Tassart
et filmer, immer noch, un choix de vidéos : jeudi 22 novembre 20:30 à La Filature
Egalement Du mardi au samedi de 11:00 à 18:30
Dimanche de 14:00 à 18:00 et les soirs de spectacles
Fermé du 24 décembre au 1er janvier
Entrée libre
Jean Luc la Verna

Bustour : dimanche 9 décembre, départ à 10:50 devant la Filature, 20 allée Nathan Katz
11.45 Kunst Raum Riehen \ 13:15 Projektraum M54, Bâle \ 14.15 Ausstellungsraum Klingental, Bâle \ 15.15 Kunsthalle Basel \ 16.30 Retour á Mulhouse, arrivée env. 18.00
Accompagné de Maren Ruben, artiste.
Réservation obligatoire – tarif 20€
Informations complètes sur www.regionale.org
Kunstapéro : jeudis 6 décembre et 10 janvier à 18:00
Des oeuvres et des vins à découvrir : visite guidée suivie d’une dégustation de vins, en partenariat avec l’association Mulhouse Art Contemporain et la Fédération Culturelle des Vins de France.
Participation de 5 € / personne, inscription au 03 69 77 66 47 / kunsthalle@mulhouse.fr
A word for a play : samedi 8 décembre à partir de 15:00
Radio Désir installe son studio d’enregistrement à la Kunsthalle, au programme deux performances :
15:00 Martina Sofie Wildeberger
16:00 Jue Löffelhof
Ciné-club, cycle Citations: : mercredi 12 décembre à 20:30
Fahrenheit 451, film de François Truffaut, 1966 (1h52)
Dans un pays indéfini, à une époque indéterminée, la lecture est rigoureusement interdite : elle empêcherait les gens d’être heureux. La brigade des pompiers a pour seule mission de traquer les gens qui possèdent des livres et de réduire ces objets en cendres.
Guy Montag, pompier zélé et citoyen respectueux des institutions, fait la connaissance de Clarisse, une jeune institutrice qui le fait douter de sa fonction. Peu à peu, il est à son tour gagné par l’amour des livres.
En partenariat avec Musées Mulhouse Sud Alsace Amphithéâtre de l’Université de la Fonderie
Entrée libre
Kunstdéjeuner : vendredi 14 décembre à 12:15
Conversation autour d’une oeuvre suivie d’un déjeuner*
En partenariat avec l’Université Populaire
Gratuit, sur réservation
* repas tiré du sac
Concert dessiné Notes selon Notes : jeudi 20 décembre à 20:30
Bearboz (dessin), Markus Buser (mixage), Susanne Gärtner (flûte)
Entrée libre
texte Kunsthalle photo de l’auteur sauf la dernière (Jean Luc d la Verna)