Stature de bouc
Règne de Trajan, début du 2e siècle de notre ère
Marbre blanc
La plus grande collection privée de sculpture antique romaine conservée à ce jour
– celle rassemblée par les princes Torlonia durant la seconde moitié du 19e siècle à Rome – se dévoile au public pour la première fois depuis le milieu du 20e siècle dans une série d’expositions-évènements. Et c’est au Louvre que les marbres Torlonia s’installent pour leur premier séjour hors d’Italie, dans l’écrin restauré qu’offrent les appartements d’été d’Anne d’Autriche, siège des collections permanentes de sculpture antique depuis la fin du 18e siècle et la naissance du musée du Louvre. Jusqu’au 11 novembre 2024
Les collections nationales françaises se prêtent volontiers à un dialogue fécond avec les marbres Torlonia, un dialogue qui interroge l’origine des musées et le goût pour l’Antique, élément fondateur de la culture occidentale.
Cette exposition met en lumière des chefs-d’oeuvre de la sculpture antique et invite à la contemplation de fleurons incontestés de l’art romain, mais également à une plongée aux racines de l’histoire des musées, dans l’Europe des Lumières et du 19e siècle.
Née de l’amour pour la sculpture antique des princes de la famille, héritiers des
pratiques nobiliaires de la Rome des papes, la collection Torlonia entendait, surtout avec l’ouverture du Museo Torlonia dans les années 1870, rivaliser avec les grands musées publics – du Vatican, du Capitole, du Louvre. Cette collection Torlonia, célèbre en Italie, fait l’objet depuis 2020 d’expositions-évènements qui proposent au public la redécouverte d’un ensemble de sculpture grecques et romaine de premier ordre, après la longue éclipse du musée aménagé par Alessandro Torlonia en 1876, fermé au milieu du 20e siècle. Les deux étapes romaine et milanaise, dont le commissariat fut assuré par Salvatore Settis et Carlo Gasparri sous la supervision de la Surintendance spéciale de Rome étaient construites autour d’une histoire à rebours de la collection.

Statue de la déesse Hygie assise musée du Louvre
L’exposition parisienne est née du souhait de présenter au public, dans un lieu chargé de l’histoire des musées de sculpture antique, cette collection méconnue en France.
Elle propose une plongée esthétique et archéologique à la découverte des oeuvres exceptionnelles de la collection Torlonia, tout en saisissant l’opportunité d’un dialogue avec les collections du Louvre.
L’exposition au public d’une collection de sculpture antique de très haut niveau
artistique, d’accès confidentiel jusqu’à une date très récente, dans un espace
particulièrement marqué par la tradition palatiale de présentation de la sculpture, d’une signification historique de tout premier plan dans l’histoire des musées constitue ainsi un triple évènement en 2024. Soutenue par une sélection d’oeuvres de qualité exceptionnelle, l’exposition, bâtie avec les chefs-d’oeuvre de la collection Torlonia, porte l’accent sur une présentation des genres emblématiques de la sculpture romaine, et des styles artistiques riches et divers que celle-ci révèle.
Portraits, sculpture funéraire, copies d’originaux grecs fameux, oeuvres au style rétrospectif nourries au classicisme ou à l’archaïsme grecs, figures du thiase et allégories dévoilent un répertoire d’images et de formes qui fait la force de l’art romain. Par ailleurs, un dialogue s’instaure entre deux collections soeurs, en mettant en regard les sculptures du Louvre et celles du musée Torlonia du point de vue de l’histoire des collections.
Le Louvre accueille dans ses murs une collection très peu connue du public car
difficilement accessible depuis plusieurs décennies. Appréciée et célébrée par les spécialistes, elle est considérée comme la plus grande collection privée au monde dans le domaine de la sculpture antique. Elle est pour le Louvre l’occasion de mettre en valeur un lien historique avec les ensembles de sculptures romaines du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. Celles-ci sont en cours de réaménagement et invisibles pour le moment.
La présentation
La collection Torlonia est présentée dans un espace très particulier. La rotonde qui aujourd’hui encore y donne accès forme la charnière entre l’aile Denon,
dans laquelle vous vous trouvez, et l’aile Sully qui débute une salle plus loin.
L’enfilade qui suit est aujourd’hui composée de cinq salles axées vers le sud et la Seine. Elle constitue un des espaces historiques important du Louvre, tout
comme la salle dite « des Empereurs » placée perpendiculairement à leur extrémité. Si ces salles ont été remaniées parfois de manière importante depuis
leur création, elles conservent, pour certaines, une partie de leur décor d’origine et sont un écrin idéal pour les sculptures romaines normalement présentées ici. La restauration des lieux étant à présent achevée, le choix de ces salles décorées par un peintre romain du 17e siècle pour présenter les statues de la collection Torlonia n’est donc certainement pas le fruit du hasard et renoue avec les origines des antiques du Louvre.
L’appartement d’été d’Anne d’Autriche
Les cinq premières salles de l’exposition constituent l’enfilade de l’appartement d’été de la reine Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII et mère de Louis XIV. Celle-ci se plaignant de la chaleur épouvantable de son appartement principal placé au rez-dechaussée de l’aile sud du palais et tourné vers le midi, son fils commande à Louis le Vau la construction de ces espaces. L’aménagement est fait entre 1655 et 1658.

L’appartement comporte six salles à l’origine, les deux dernières sont à présent
rassemblée en une seule. Si les cloisonnements ont disparu entre 1798 et 1800, les plafonds des cinq salles peintes par l’artiste romain Giovanni Francesco Romanelli sont conservés. Les sujets sont empruntés à la mythologie, à l’histoire antique ou moderne, à la Bible. Le décor est complété de stucs réalisés par le sculpteur Michel Anguier.

Les fresques de Romanelli constituent un ensemble décoratif du 17e siècle de
première importance. L’artiste a séjourné deux fois à Paris, on lui doit aussi le décor de la galerie Mazarine sur le site Richelieu de la Bibliothèque Nationale de France, un ensemble restauré lui aussi il y a peu de temps.
C’est dans les salles de l’ancien appartement d’été et au rez-de-chaussée de l’aile sud de la cour Carrée que seront présentés, sous le Premier Empire, les plus beaux antiques rassemblés par les agents napoléoniens dans toute l’Europe.
Les portraits
La collection Torlonia abrite essentiellement des oeuvres découvertes à Rome. Elles sont pour beaucoup d’entre elles des copies d’après des oeuvres grecques,
d’autres sont des créations romaines originales et témoignent de l’importance du foyer culturel qu’est Rome à la fin de l’époque républicaine et au début de
l’époque impériale. Il est un domaine dans lequel les sculpteurs romains ont excellé, c’est celui du portrait.
La « fanciulla » de Vulci
Ce portrait de Fanciulla, jeune fille ou fillette, est l’un des chefs-d’oeuvre de la
collection Torlonia et l’un des plus importants portraits datant de la fin de l’époque républicaine, au premier siècle avant notre ère. Sa provenance de Vulci, grande cité d’origine étrusque située à 100 km au nord-ouest de Rome n’est pas certaine mais est souvent proposée. Le buste, fixé à l’origine sur un haut piédestal, montre en effet des influences italo-étrusques importantes dans la précision du travail, l’aspect très métallique de la technique et le grand réalisme des traits.
C’est une toute jeune fille qui est figurée, le regard porté vers le haut, la tête
légèrement tournée. Sa peau lisse et sans défaut contraste avec la ligne très marquée de ses sourcils, son visage reste pourtant calme et réfléchi. Ses yeux étaient à l’origine incrustés et des éléments de métal aujourd’hui perdus lui donnaient un aspect sans doute bien plus animé : des boucles étaient fixées à ses oreilles et des éléments de métal sans doute dorés complétaient sa coiffure particulièrement élaborée qui s’achève en chignon à l’arrière du crâne. L’usage d’éléments rapportés dans des matériaux autres, parfois précieux, est bien connu dans la sculpture antique.
Aucun contexte archéologique connu ne permet de préciser le cadre d’origine de
présentation du buste.

Milieu du 1er siècle
Marbre blanc

Fin du 2e siècle
Marbre blanc
COPIES D’OEUVRES
GRECQUES ET OEUVRES
D’INSPIRATION
Après l’annexion par la République romaine de la Grèce à partir de 146 avant notre ère, un pillage sans précédent dirige vers Rome les chefs d’oeuvre de la
statuaire antique qui ornaient alors sanctuaires et bâtiments publics des villes du monde hellénique. La presque totalité des oeuvres transférées disparaitra par la suite, en particulier de nombreux bronzes monumentaux fondus ou détruits.
Les grandes familles romaines souhaitant décorer villas et jardins avec des oeuvres grecques, une multitude de copies sont réalisées, en général en
marbre. Elles sont travaillées directement en Grèce ou dans des ateliers de Rome. On connait grâce à elles certaines oeuvres disparues car des dizaines de copies romaines de qualité plus ou moins grandes, en sont parfois conservées. L’intérêt de ces oeuvres est qu’elles gardent le souvenir et l’image de chefs-d’oeuvre qui sinon seraient irrémédiablement perdus.
Statue de divinité en péplos dite « Hestia Giustiniani »
Si beaucoup d’oeuvres copiées dans les ateliers romains font référence à des
sculptures d’époque classique ou hellénistique réalisées entre le 5e et le 3e siècle avant notre ère, certaines sont associées à des temps plus anciens, antérieurs au 5e siècle.

C’est de toute évidence le cas pour cette figure de Hestia, déesse grecque du feu sacré et du foyer. La statue de la collection Torlonia est datée du 2e siècle de notre ère et copie un original datant d’environ -470/-460.
Conservée auparavant dans la collection Giustiniani, la figure a connu une grande célébrité parmi les visiteurs étrangers des 17e et 18e siècles, étonnés par le rendu particulier de ses drapés. Le contraste entre la partie supérieure du vêtement, presque lisse mais qui souligne les lignes de la poitrine d’un côté, le lourd plissé monumental du péplos qui couvre les jambes de l’autre, est étonnant. C’est aussi le cas pour l’attitude générale assez figée et austère ainsi que la gestuelle limitée.

Buste de satyre ivre, réplique du type Herculanum
Début de l’époque impériale
Marbre de Dokimeion
STATUES ROMAINES,
RELIEFS ET SARCOPHAGES
Les artistes romains nous ont laissé un grand nombre de reliefs sculptés qui forment un corpus hors norme.
Le décor monumental de certains édifices et le travail de sarcophages ornés constituent un apport essentiel de Rome à l’histoire de l’art antique. Ses répercussions se feront sentir dans l’art occidental jusqu’au 20e siècle.
Constituée à Rome, la collection Torlonia abrite un grand nombre de reliefs plus ou moins fragmentaires

Relief avec scène de boutique
1ere moitié du 2e siècle de notre ère
Marbre de proconèse
mais aussi un groupe impressionnant de sarcophages sculptés qui comptent parmi ses plus grands trésors. Ce sont des reliefs de ce type qui auront une grande influence sur les peintres et les sculpteurs de la première Renaissance.

Sarcophage figurant les travaux d’Héraclès
Information pratiques
Musée du Louvre
Présidente-Directrice du musée du Louvre : Laurence des Cars
Horaires
Le musée est ouvert
9h to 18h
lundi, jeudi, samedi et dimanche
9h to 21h
mercredi et vendredi
Fermé
mardi
Métro 1 station Palais Royal musée du Louvre
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Le résultat est une étude intensément physique et corporelle qui porte sur chaque élément du jeu, des exercices aux rituels d’avant-match en passant par les moments d’impact et leurs replays diffusés au ralenti.
vit et travaille aujourd’hui à New York. Artiste polymorphe, sa pratique englobe le film, la performance, la sculpture et le dessin.


Les oeuvres exposées couvrent le large éventail des supports utilisés par l’artiste – de la peinture à la sculpture en passant par les oeuvres sur papier, le collage et la photographie. Parmi les oeuvres phares de l’exposition figurent des peintures de jeunesse telles que Tableau Vert (1952, collection Art Institute of Chicago) premier monochrome réalisé après la visite d’Ellsworth Kelly à Giverny,
ou Painting in Three Panels (1956, collection Glenstone Museum), un exemple-clé de l’engagement du peintre vis-à-vis de l’architecture. Ces travaux précoces sont exposés en amont de réalisations issues des séries désormais canoniques Chatham et Spectrum.







L’exposition comprend également des œuvres étroitement liées à L’Atelier rouge, tels La Fenêtre bleue (1913) du MoMA et Grand Intérieur rouge (1948) du Mnam/Centre Pompidou, permettant de restituer le parcours complexe du tableau de Matisse et le contexte de son acquisition par le MoMA. Une riche sélection de documents d’archive et de photographies, dont beaucoup n’ont jamais été publiés ou exposés, éclairent l’histoire de l’oeuvre. Enfin, un film présentera les découvertes les plus récentes sur le processus d’exécution du tableau.









Younes Rahmoun est un artiste marocain, né en 1975 à Tétouan
Avec l’une des plus vastes expositions consacrées jusqu’ici à Mika Rottenberg (née en 1976), le Musée Tinguely présente une rétrospective de son œuvre protéiforme qui a déjà retenu l’attention internationale lors de la Biennale de Venise (2015), de Skulptur Projekte à Münster (2017) et de la Biennale d’Istanbul (2019). En provoquant la surprise et le rire, les vidéos de Mika Rottenberg reflètent des situations absurdes de la logique de production capitaliste. À travers d’enivrantes cascades de couleurs à la dimension picturale, ses œuvres éveillent chacun de nos sens et naviguent d’une région du monde et d’une dimension à l’autre avec une malicieuse facilité. L’exposition réunit d’importants travaux et installations vidéo réalisés entre 2003 et 2024, ainsi que son dernier long métrage REMOTE (2022).




Ces objets fétiches du monde marchand surabondant sont contrecarrés par les vendeuses à peine visibles qui disparaissent derrière leurs produits. Le film est inspiré d’une visite de la ville-frontière Mexicali qui se distingue par une importante population chinoise et un nombre considérable de restaurants chinois uniformes. Avant la construction de la frontière clôturée, Mexicali était reliée à Calexico, la ville californienne voisine, par un système de tunnels. Comme dans le film où une banale ‘coupe franche’ permet de surmonter les distances et les dimensions, celui-ci peut être perçu comme une allégorie du flot mondial de marchandises et de l’assujettissement local des personnes.
Aux côtés d’autres travaux et installations vidéo à l’instar de Time and a Hait (2003), Fried Sweat (2008), Smoky Lips (2016-19) et Untitled Ceiling Projection (2018) couvrant près de vingt ans de création, l’exposition montre une sélection de sculptures cinétiques hybrides, pour certaines interactives, accompagnées de compositions fonctionnelles et matérielles surréalistes des années 2020 à 2022, ainsi qu’un ensemble d’œuvres exposé pour la première fois regroupant des lampes-sculptures qui relient des structures organiques à des abat-jour colorés en plastique ré généré. Spécialement conçue pour l’exposition, une sculpture-fontaine haute de près de trois mètres, en forme de pied coloré crachant de l’eau, a été installée dans le parc Solitude.
Les visiteurs et visiteuses évoluent dans un monde imaginaire où se mêlent sensualité enivrante et illogisme déconcertant qui possède quelque chose de très libérateur. Ce sont des écosystèmes de séduction et de magie qui relient la réalité et l’imagination caractérisés par une pensée qui réfléchit la corporalité selon des critères architectoniques : espace et temps, intérieur et extérieur, haut et bas, proximité et distance, pureté et saleté, douceur et résistance. À travers son appropriation créative des matériaux les plus divers et leur ‘agency’ ouverts à des épistémologies alternatives, l’artiste a anticipé des évolutions qui sous le terme de ‘nouveau matérialisme’ explore aujourd’hui les rapports complexes entre la technologie, la nature et l’environnement.