Le jardin des délices

img_0193.1279814933.JPGL’ Hortus Deliciarum ou Jardin des Délices était certainement l’un des plus beaux manuscrits alsaciens du Moyen-Age. Il a été composé vers la fin du XIIe siècle au couvent du Mont Sainte-Odile sous la direction de l’abbesse Herrade. Il racontait l’histoire biblique depuis la création jusqu’à la fin des temps. Ce manuscrit a péri dans l’incendie de la bibliothèque de Strasbourg en 1870. Foudroyé dans le bombardement de la bibliothèque, le « jardin des délices » de l’Abbesse Herrade de Hohenbourg n’était pas seulement le plus beau manuscrit de l’Alsace Romane : c’était un des plus grands trésors de l’art du Moyen Age.
Il est possible d’admirer des copies et des reconstitutions de ce manuscrit de nos jours car, au cours du XIXe siècle, des amateurs d’histoire et d’art s’appliquèrent à en copier les textes et les images. Vers 1815, un érudit strasbourgeois, Christian Maurice Engelhardt, calqua une quarantaine de fragments d’images ainsi que quatre miniatures entières. Il rassembla ce travail dans un cahier au format du manuscrit et le fit imprimer en 1818. Certains des exemplaires de 1818 ont été soigneusement coloriés et par endroit dorés à la feuille sous la surveillance attentive de M. Engelhardt
Le Hortus Deliciarum est le reflet d’une civilisation qui s’est épanouie au temps des cathédrales. Il est tout à la fois le catalogue des gestes, des formes et des objets de ce beau XIIe siècle, et le répertoire d’un imaginaire qui nous est resté familier. L’exposition temporaire présentée par Voix et routes romanes en partenariat avec l’association Saint-Etienne Réunion, au temple St Etienne de Mulhouse est visible durant tout l’été.
L’histoire veut que le manuscrit et le lieu qui accueille l’exposition ont un point commun non négligeable : la première église mulhousienne a été fondée au XII e siècle, et c’est à la même période que le manuscrit commence à voir le jour au Mont Sainte-Odile.
Tous les jours jusqu’au 6 septembre de 10 h à 12 h et de 14 h à 18, sauf le mardi et le dimanche matin, au temple Saint-Etienne, place de la Réunion à Mulhouse.
scan du catalogue

Romances sans paroles

Romances sans Paroles laisse sans doute une impression mélancolique. Il pleut doucement
sur la ville aurait dit Arthur Rimbaud mais nos artistes malgré leurs humeurs sombres
promènent un regard poétique et ironique qui fait plutôt sourire et laisse entrevoir des
mondes imaginaires, pourquoi pas visionnaires, tout à fait plaisants et attirants.

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C’est tout l’art d’un commissaire de faire résonner les œuvres d’artistes fraîchement diplômés, avec celles d’artistes connus, confirmés, émergeants et appréciés. En l’occurrence c’est l’éminent Ami Barak qui avec « raison » et pertinence, fait cohabiter les artistes dans l’exposition de l’été, sous le doux titre de « Romance sans paroles » tout un programme, tient elle sa promesse ?
Sandrine Wymann, directrice de la Kunsthalle de Mulhouse s’est, elle aussi attelée à la tâche et de concert, Ils ont créé cette « Romance »
Mélancolie, schizophrénie, un dénominateur commun d’un esprit romantique, mis au goût du jour, d’une génération un peu floue, un peu plus désabusée, les mêmes constantes, les paysages, par rapport au passé, la présence de l’objet, un certain désenchantement, cela rime avec la dépression ambiante, et de citer Freud «  la dépression n’est pas une maladie, ce n’est qu’un affect …. » AB
C’est en s’approchant des œuvres que l’on constate le dialogue instaurée, par les 2 commissaires entre les œuvres.
Les cinq diplômés du Quai font leurs premiers pas sur le devant institutionnel
pascal-auer1.1279128275.jpgPascal Auer, sorte de neveu de Fernando Pessoa, avec Parasite Rec,  met en place un site, une sorte de dédoublement, un art de la défausse. Où se trouve le romantisme dans tout celà ?
Réponse d’AB : le dédoublement est une forme de névrose.
En parallèle l’on trouve Flexible de Joe Scanlan, – un artiste américain –  un meuble de rangement avec étagères, très banale, issu du design, devenu objet discriminatoire puisque destiné aux riches (objet créé avec du matériel de récupération transportable maniable autarcique).
matthew-day-jackson-pitfalls.1279128000.jpgMatthew day Jackson, artiste de la globalisation , qui montre avec Pitfalls of Utopian Desire, l’identité particulière américaine, il déconstruit, en montrant ce double visage de cette nation qui fascine le monde y compris ses adversaires.
3 dessins au fusain qui déconstruisent le chariot  des pionniers,  ceux qui ont traversé l’Amérique en allant vers l’ouest, c’est un objet qui se trouve dans un musée en UK, dépecé, un objet ludique, qui décrit soigneusement, une déconstruction. Il a reproduit le n° de Time Magazine de 1978, qui raconte la tragédie de Jonestown où 800 américains se sont laissés entraînés dans un suicide collectif par un gourou.
Il veut mettre en exergue ce double visage de l’Amérique du côté des gens de souche en utilisant  l’arc en ciel, un symbole indien, et l’utopie sociale et  de l’autre les pulsions et l’inconscient suicidaire, dans cette société qui se   cherche encore une identité culturelle
img_0063.1279127423.jpgReiner Ruthenbeck, élève de Beuys, avec Tuch mi Spannrahmen, – une oeuvre provenant  du Frac de Bourgogne qui déconstruit la question de tableau, remet en cause le statut  de la peinture, référence des années 70, où il s’agit d’une toile et d’un châssis, en revenant sur les ingrédients de la modernité Malévitchienne, du rond dans le carré, la toile est devenue soft, elle est à même le sol, vocabulaire de toute l’abstraction qui s’exprimait après la guerre de 40, où justement il s’agit d’une volonté d’annihiler le sujet, vu que l’histoire s’est chargée d’ébranler nos convictions culturelles.
Une pièce avec un impact visuel fort,  de Daniel Firman, déjà croisé chez Arte, encombré d’objets de consommation courante, à la recherche d’équilibre, semblant l’avoir trouvé, bel état névrotique, Gathering (2000) est une sculpture, un autoportrait, une performance. L’artiste s’est encombré dans un premier temps de tout un tas d’objets hétéroclites qu’il a accumulés sur son dos jusqu’à la limite de sa capacité de portage, de sa force physique. Dans un second temps, débarrassé de ce poids, il a moulé son corps dans la position d’équilibre pour ensuite le rhabiller et donner à la sculpture une valeur d’objet et de
trace de l’expérience.
img_0080.1279127252.jpg Daniel Firman s’inscrit dans la lignée des sculpteurs qui élargissent leur réflexion au-delà de l’objet à l’espace environnemental. Proche du chorégraphe, du performeur, il travaille à partir du corps, souvent le sien, et s’intéresse aux limites de la pesanteur et de la matière.Les matériaux de Daniel Firman sont issus de son quotidien, il interroge les objets et les mouvements qui lui sont proches.
img_0029.1279122696.jpgAMI Barak – Un autre Français a eu affaire au comité de censure chinois lors de l’Exposition universelle : il s’agit du commissaire Ami Barak, responsable de l’exposition « Art for the World Expo », qui rassemble vingt sculptures autour de l’allée centrale du site de l’Expo U. Pour lui, les voies du comité restent souvent impénétrables. Une oeuvre de Paul McCarthy, qui représente un Père Noël portant un godemiché en guise de sapin, a sans surprise été refusée. Mais une autre de Mike Kelley, qui semblait inoffensive, a reçu un feu rouge du comité : une silhouette sculptée dans le sel, que chèvres et ânes viennent lécher jusqu’à sa disparition. Ami Barak résume ainsi son incompréhension : « Avec ses professeurs académiques et ses fonctionnaires d’une moyenne d’âge de 70 ans, le comité de censure, c’est Jurassic Park. » extrait  Emmanuel Lequeux Le Monde
VISITES GUIDÉES
Visites gratuites les samedis & dimanches à 15:00
Entrée libre sans inscription
Autres visites sur RDV
à partir de 5 personnes minimum
Participation 2 € / personne,
réservation au 03 69 77 66 47
DIALOGUES
Regards croisés entre le Musée des Beaux-Arts
et La Kunsthalle Mulhouse
SAMEDI 21 AOÛT DE 15:00 À 17:00
RDV à La Kunsthalle Mulhouse
IN BUS WITH eRikm
DIMANCHE 22 AOÛT 2010
A l’occasion du Festival MÉTÉO, une promenade
dominicale programmée par eRikm est proposée
dans les centres d’art de la région.
+ Espace multimédia gantner, Bourogne
+ CRAC Alsace, Altkirch
+ FABRIKculture, Hégenheim
+ La Kunsthalle, Mulhouse.
À partir de 19:00 BULLES
Installation de Julien Clauss à la Kunsthalle
Programme complet de la journée
sur www.festival-meteo.fr
Renseignements et inscription
+33 (0)3 89 45 36 67
ou info@festival-meteo.fr
photos de l’auteur et courtoisie de la Kunsthalle
à suivre

14 juillet 2010

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Vouvouzelas citoyens ? …

 

caricature de Jean François Mattauer dit Giefem

Jeux et Concours suite

passmusees.1278842672.jpgMa passion pour les voyages et mes tentatives de gagner des concours pour faire le voyage de ma vie ont quelquefois des effets secondaires inattendus.
C’était l’année dernière, mais chaque fois que je m’approche de la pompe à carburants j’en frémis encore :
J’avais décidé de faire le concours du passmusées de ma région (en lien sur la droite du blog). Cela consistait à visiter les 170 musées, de la « Regio » c’est-à-dire le grand est : l’Alsace, la Suisse proche, l’Allemagne proche. Le premier prix était un chèque voyage de 5 000 francs suisses.
J’étais absolument convaincue et je n’avais aucun doute là-dessus que je remporterai ce prix, car je mettrai tout en œuvre pour réussir.
Lors de la visite, il fallait recueillir un tampon pour justifier du passage.
Je m’y suis pris dès que le concours était ouvert en avril.
Un dimanche matin j’étais prête à partir vers la Suisse, Porrentruy, Moutier, Delémont, à la chasse aux tampons. Il me fallait prendre du carburant. Il faut signaler qu’en général, c’est JR (mon époux) qui se charge de cette corvée. Fin prête, casse croûte, eau, apn,  etc. je me dirige vers la pompe, j’hésite sur le choix du carburant, pour mon cabriolet, vendu depuis un moment, je prenais du sans-plomb, donc je prends du sans-plomb, puis tout d’un coup, horreur, je me souviens que c’est du Diesel, qu’il faut. J’arrête tout, mais trop tard. J’appelle chez moi, hurlement du JR, « elle est folle »!!!!!!!!!!!!!!!! J’appelle en tremblant l’assistance, la dame me tranquillise, je ne suis pas la première, c’est arrivé à des messieurs très bien. Le dépannage est pris en charge, mais pas l’erreur. J’ai le temps de manger mon casse-croûte en attendant le dépanneur. Il arrive sympathique, rassurant, amusé. Il charge la voiture sur sa dépanneuse, je grimpe à son côté, pour déposer la voiture chez le plus proche concessionnaire de la marque. Fin de l’expédition. Mon mari est venu me récupérer en fulminant contre mon inattention inhabituelle.
Résultat du concours, j’ai eu un prix de consolation de 200 francs suisses, à dépenser dans les magasins Coop de la Suisse, sous la forme d’un chèque. Les organisateurs ont eu certainement pitié de moi, lorsqu’ils ont constaté ma déconvenue, quand j’ai appris, que certaines personnes, certainement pourvues du don d’ubiquité, avaient réussi l’exploit de ramasser plus de tampons que nécessaire. J’ai fait remarquer que cela me paraissait impossible, vu les distances, le temps imparti et l’obligation de se présenter personnellement dans les musées et de recueillir le sésame la visite accomplie.
Il y a un point du règlement qui a dû m’échapper.
Comme je n’ai pas envie de me goinfrer de chocolat surtout suisse, le montant gagné est quasi intact. Si quelqu’un peut le transformer en liquide plutôt qu’en cacao à X % cela me rendrait service.
En conclusion, j’ai visité de charmants musées, découvert des trésors inouïs dans ma région que j’aurai ignorés sans l’opportunité de ce concours.

Matthew Barney

« La rencontre avec une oeuvre d’art est une longue gestation. Le fait qu’une création ne soit pas tenue de s’expliquer immédiatement, qu’elle puisse rester longtemps à l’état latent avant de se révéler, est à mes yeux une très bonne chose. » Matthew Barney.mb_008_dr10_1_l.1278280754.jpg


C’est un artiste américain né en 1967, compagnon de la chanteuse & actrice Björk,
Diplômé de Yale en1989, il s’installe à New York où il commence très vite à créer et à exposer. Relevant de l’utopie de l’oeuvre d’art totale, la pratique de Matthew Barney recouvre, sans aucune hiérarchie, tous les médiums. Travaillant avec le dessin, la photographie, le film, les installations vidéo et la sculpture, il est rapidement devenu une figure importante de l’art contemporain. Ses installations, ses performances filmées révèlent un univers personnel, constitués de personnages, de lieux et d’objets
hybrides.
Dans ses premières expositions, il a présenté des installations complexes incluant des vidéos où on le voit interagir avec divers objets fabriqués par ses soins et accomplir des exploits physiques tels qu’escalader le plafond de la galerie d’art, suspendu à des vis en titanes. En 1992, Barney introduit des créatures fantastiques dans son travail ; une action qui laisse présager le lexique de ses films à venir.
Démarrée en 1994 et achevée en 2002, la série de films « Cremaster Cycle » a largement contribué à la reconnaissance de Matthew Barney. Pièce maîtresse de son oeuvre, il y impose un monde personnel, peuplé de créatures fantastiques et de surprenantes métamorphoses corporelles. Ce projet est au croisement de la photographie, du cinéma et de l’art contemporain. L’objectif de Matthew Barney est de réaliser des dessins au crayon dans la douleur extrême, sous la contrainte physique, d’où le titre (en anglais) de son exposition actuellement au Schaulager de Bâle, jusqu’au 3 octobre : Le titre de l’exposition » Prayer sheet with the wound and the nail »
 “Drawing Restraint”, “Form can only take shape when it struggles against resistance”.
 Exemple : dessiner au plafond en sautant sur un trampoline, – restraint 18 – dessiner, accroché à une corde au ras de l’eau sur un bateau qui traverse l’atlantique avec un crayon mis dans la bouche d’un poisson ….. Tout cela est très surprenant, et demande réflexion voire explication….. l’art est-il fait pour être toujours compris ?
C’est ainsi que le commissaire, critique d’art  Neville Wakefied, ami de longue date de l’artiste a suggéré la mise en parallèle des oeuvres d’art provenant du Kunstmuseum de Bâle ainsi que d’autres lieux comme des églises, du Hoch Rhein, relatant la passion du Christ ou des martyres. Les eaux fortes d’Albrecht Dürer, de Martin Schongauer, d’Urs Graf, des tableaux de Hans Holbein, Lucas Cranach, de Hans Baldung Grien, d’autres  auteurs inconnus de la Renaissance Rhénane se trouvent mises en résonance avec les sculptures en plastique de résine blanche de MB qui rappellent sa réflexion lors de ses performances physiques.
Son art pour atteindre la perfection, est soumis à diverses contraintes, physiques, d’endurance, de résistance et demande une préparation physique, qui donne un résultat remarquable sur le corps d’athlète que l’on peut admirer dans les diverses vidéos projetées dans les salles du centre d’art. Mais aussi le matériel utilisé pour contraindre son coprs aux excercices physiques a permis la création de sculptures exposées dans des vitrines, présentées dans l’exposition.
mb_046_6_l.1278280848.jpgL’exposition s’articule comme le plan d’une église, avec ses travées, et sa crypte au sous-sol,  en son centre on trouve les 3 vidéos  – restraint 7 (1993) où à l’instar de Marsyas – le satyre /Apollon –self-portrait de MB, sur le siège arrière d’une limousine, qui parcourt Manhattan, se battent tout en gravant avec leurs cornes leur portrait dans le plafond vitré de la limousine, pour finir par se désagréger.
L’architecture si particulière de l’immeuble conçu par Herzog & de Meuron  pour abriter la collection de la Fondation Emmanuel Hoffmann, a permis de réaliser une performance, habituelle de MB – Restraint 17 – mais où pour la première fois il ne participe pas physiquement et où il laisse sa place à une jeune fille. Partie de Dornach, le centre des antroposophes, choisi non pour ses idées, mais pour son architecture si particulière, où elle a creusé sa tombe, cette cascadeuse court le long de la grande baie vitrée, puis  grimpe le long de la paroi vers le haut en s’aidant des excroissances, escaladant les bosses comme  dans  une varappe, mais non encordée, toujours dans cette idée, de performance pour atteindre le meilleur, le sommet, et qui lorsqu’elle l’atteint chute indéfiniment d’une hauteur de 58 mètres sur le sol, pour nous ramener à cet objectif d’humilité qui est présent dans toute l’œuvre de MB. A l’extérieur un film permet de suivre la performance sur une vidéo.mb_055_dr17_l.1278280993.jpgmb_baldung_tod_und_frau_l.1278281104.jpg Analogie toute contemporaine entre l’oeuvre de Hans Baldung Grien, « la mort et la femme » « Drawing 17 » et
DRAWING RESTRAINT 9 – Spielfilm von Matthew Barney, Soundtrack komponiert von Björk. Darsteller: Matthew Barney, Björk, Mayumi Miyata, – est visible tous les jours à 14 h, a permis la création des sculptures : Torii et Cetacera, Occidental restraint, résine/vaseline.
 Une exposition à découvrir dans toute sa complexité et dont je retiens, l’idée directrice, d’efforts et d’humilité pour moi, d’aboutissement dans la souffrance pour l’artiste avec un regard ironique sur lui-même.
photos courtoisie Schaulager et scan
désolée pour les erreurs le logiciel du Monde est désespérant de lenteur et de réaction.

Sommaire de juin 2010

06 juin 2010 : De Degas à Picasso – la collection de Jean Planque
10 juin 2010 : Qui « Baise-en-ville » à Mulhouse en 2010
15 juin 2010 : Art Basel 2010
17 juin 2010 : Art Basel – les couples
18 juin 2010 : Art Basel 2010 suite
21 juin 2010 : Art Basel encore
23 juin 2010 : Art Basel 2010 Art Parcours
30 juin 2010 : Jeux et concours

Jeux et concours

concours-de-peche.1277896465.jpgÊtes-vous aussi de ces personnes un peu simplettes comme moi qui tentent désespérément de gagner un voyage, alléchées par les nombreuses publicités, envoyées dans nos mailbox.

En effet j’adore les voyages, mes chroniques précédentes en font état. Aussi à la lecture d’une éventuelle possibilité d’aller à Florence, mon cœur a bondi, et je me suis précipitée sur le sujet.

Il fallait comme d’habitude répondre à un quiz d’une facilité enfantine, et le tirage au sort désignerait l’heureuse élue, car il s’agissait cette fois d’un quiz spécial femme. Or vous ne devinerez jamais qui a été le super gagnant de ce voyage à Florence que je convoitais tant : « un homme, un mec !!! ». Mes deux neurones se seraient-ils entrechoqués pour déboucher sur une telle mauvaise interprétation ? Ou encore ai-je deux cerveaux comme le dauphin, l’un qui dort et l’autre en éveil ? Les deux étant en train de somnoler lorsque j’ai lu l’article.

Mais l’élu aura t – il assez de sensibilité pour apprécier ce divin cadeau, la ville des tous les arts, par excellence. Je trouvais que ce trophée me revenait de droit. Quelle déconvenue, la chapelle Brancacci, le David de Michel Ange, les musées du Duomo, de l’Accademia, le Bargello, le Baptistère, le musée des Offices, enfin toutes ces merveilles, que je rêve de contempler à nouveau, livrées à un quidam. Puis réflexion faite, je me console en me disant que je pourrais être parmi ces malheureux, que tout le monde envie toute l’année, d’habiter dans le Var, et que je pourrais être privée de maison, de nourriture enfin de l’indispensable.

Aussi j’ai mis mon dépit dans ma poche et mon mouchoir au-dessus.

Si l’heureux gagnant me lit, je lui souhaite bon vent et d’apprécier le cadeau à sa juste valeur, en en faisant bon usage.

Art Basel 2010 – Art Parcours

img_7877.1277196646.JPG Le nouveau projet d’exposition spéciale Art Parcours, initié dans le cadre d’Art 41 Basel, scénarise l’art contemporain dans des hauts lieux symboliques et historiques en plein cœur de la ville de Bâle.
Durant trois soirées successives, des travaux in situ et des performances de 10 artistes – Angela Bulloch, John Bock, Daniel Buren, Nathalie Djurberg et Hans Berg, Cerith Wyn Evans, Aurélien Froment, Ryan Gander, Damián Ortega et Martha Rosler –ont  métamorphosé plusieurs sites de la ville. Cette mise en scène d’installations de grande qualité que Jens Hoffmann, le directeur du CCA Wattis Institute de San Francisco a sélectionnés, porta sur l’histoire de Bâle et sur la ville actuelle, et les interventions artistiques étaient enserrées dans l’espace urbain. Parmi les lieux retenus pour cet événement dans la vieille ville figuraient la Cathédrale, l’Hôtel de Ville, le Musée d’Histoire Naturelle, le bâtiment universitaire historique, le Pont du Milieu, le Musée des cultures, un bac qui traverse le Rhin ainsi que divers lieux publics de la ville.
Munie du plan, d’un sac style « baise-en-ville » aux couleurs d’Art Parcours, et d’une bouteille d’eau gracieusement offerte, je gagnais le départ  sur la terrasse (Pfalz) de la Cathédrale qui était ventée et quelque peu arrosée le jeudi, soir du vernissage, mais la vue vaut largement le déplacement. A chaque étape il fallait recueillir un tampon auto-collant qui permettait l’accès à l’installation.
John Bock
“Der Seewolf,” 2010
Bac de la Cathédrale
John Bock réalisa une nouvelle performance sur le bac historique qui transporta les passagers depuis 1854 d’une rive à l’autre du Rhin. Pour cette performance qui évoque le roman de Jack London “Le loup des mers” paru en 1904, Bock  devait se glisser dans le rôle d’un batelier qui captive l’attention des passagers pendant la traversée du fleuve en leur racontant ses récits d’aventure.
Je n’ai jamais pu y participer, le jeudi il s’est mis à pleuvoir, le vendredi il fallait « tuer » pour y accéder, le samedi c’était annulé pour cause de crue.
Je m’adonne au plaisir  de la traversée en bac chaque fois que je vais au musée Tinguely, je vous la recommande.
Angela Bulloch
“Night Sky: Mercury & Venus,” 2010
Cathédraleimg_8322.1277240235.JPG
Angela Bulloch a conçu spécialement et fait réaliser pour l’occasion un caisson lumineux composé d’éléments à LED. Cette installation fascinante simule l’aspect du ciel la nuit, du haut de l’autel de la cathédrale de Bâle. Le travail de Bulloch flotta  au-dessus de l’autel et offrit au spectateur une « vue » panoramique de l’univers. C’était très romantique et incitait au recueillement .
Daniel Buren
‘“Colors on the Rhine” work in situ 2010. Basel CH’
Université vieille
L’installation de Daniel Buren était visible à l’Université de Bâle, la plus ancienne université de Suisse qui se trouve au coeur du centre historique de la ville. A travers son installation, Buren transforma  les fenêtres de la façade de l’Université en feuilles de couleur transparentes qui s’apparentaient à un échiquier. A la tombée de la nuit, ces feuilles s’éclairaient de l’intérieur et projetaient des rayons de lumière.  Cela faisait penser aussi à l’installation dans Art Statement d’Ugo Rondinone.img_7879.1277196558.JPG
Nathalie Djurberg and Hans Berg
“Of Course I’m Working with Magic,” 2010
Musée d’Histoire Naturelle, stock
Nathalie Djurberg a présenté dans les tréfonds des caves du Musée d’Histoire Naturelle de Bâle, une vidéo d’animation en pâte à modeler accompagnée d’une bande sonore live de Hans Berg. Entre animaux empaillés, cornes élancées et autres réminiscences conservées dans cette cave, Nathalie Djurberg présenta une sélection de films d’animation avec des figurines d’animaux modelées de sa main.
Aurélien Froment
“The Fourdrinier Machine Interlude,” 2010
Mentelin Hof, E.E. Zunft zu Weinleuten
Un nouveau film documentaire d’Aurélien Froment, réalisé spécialement pour Art Parcours, était projeté en avant-première. Le film retrace l’histoire du papier à Bâle, de son invention à sa fabrication; des commentaires en allemand, en anglais et en français se superposent et créent une cacophonie de mots incompréhensibles. Il vous invite à visiter le musée du papier qui se trouve dans un bel endroit au bord du Rhin, que vous pouvez compléter par la traversée du Rhin en bac.
Ryan Gander
“Loose Associations 1.1,” 2002
“Loose Associations 2.1,” 2003
Musée d’Histoire Naturelle, Auditoriumimg_7854.1277196862.JPG
Ryan Gander a présenté dans l’amphithéâtre du Musée d’Histoire Naturelle de Bâle, dont les murs sont tapissés, du sol au plafond, de portraits d’illustres hommes de science et académiciens suisses, une série de “Loose Association Lectures”. A la différence de ces scientifiques honorés pour leur maîtrise de la pensée logique,  Gander se joue dans ses lectures de la pensée rationnelle. C’était  un peu surréaliste à suivre, l’artiste allant de long en large dans la pénombre sur son fauteuil roulant, mon anglais « technique » très sommaire ne me permit pas d’apprécier la performance à sa juste valeur.
Damián Ortega
“New Balance,” 2010
Hôtel de Ville, cour intérieure
Damián Ortega a placé une installation dans la cour intérieure de l’Hôtel de Ville et siège du Gouvernement de Bâle depuis le 14e siècle. A l’intérieur de cet édifice politique et juridique, Ortega  a installé une statue monumentale de la Justice flanquée d’une balance à trois bras. Les volontaires se faisaient prier pour y subir la pesée.img_7871.1277197129.JPG
Martha Rosler
“Fair Trade Garage Sale,” 2010
Musée des Cultures
Martha Rosler a créé une nouvelle version de son important travail “Fair Trade Garage Sale” qu’elle a adaptée pour Art Parcours et qui sera présentée au Musée des Cultures.  “Fair Trade Garage Sale” s’inspire de la coutume américaine de “vente de garage”, lors de laquelle le rebut de l’un peut devenir le trésor de l’autre. Tout est mis en vente, les prix peuvent se négocier avec l’artiste qui était présente lors de la vente. Les recettes seront versées à une association caritative locale. J’y ai retrouvé des assiettes en porcelaine chinoise de mon enfance.Une idée que je devrais mettre en pratique …
Cerith Wyn Evans
“Paysage fautif (Wayward Landscape),” 2010
Sur le Pont du Milieu qui passe au-dessus du Rhin,
Cerith Wyn Evans   devait mettre en scène un feu d’artifice sur une plate-forme flottante installée sur le Rhin, à proximité du pont le plus ancien de Bâle, le Pont du Milieu ou  Mittlere Rheinbrücke. Les travaux de Wyn Evans sont des montants de bois sur lesquels s’inscrivent à heure fixe des citations dans des feux d’artifice éphémères. Cette nouvelle création présentée à Bâle  devait se rattacher à son contexte spécifique. Hélas la météo en a décidé autrement. Cet auto-collant-là me manquera toujours !
Parallèlement à Art Parcours, le travail d’installation “Untitled” (America), 1994/1995 est présenté sur le Pont du Milieu (Mittlere Rheinbrücke). Ce travail fait partie de l’exposition “Felix Gonzalez-Torres: Specific Objects without Specific Form” visible jusqu’au 29 août à la Fondation Beyeler. Pour l’installation étincelante de Felix Gonzalez-Torres, des ampoules de pylône devaient être placées en zigzag, sur une longueur de 240 mètres, sur le pont le plus ancien et le plus emblématique de Bâle. Cette installation évoque une fête d’été dans un jardin et donne une impression tantôt romantique et festive, tantôt mélancolique. Gonzalez-Torres avait envisagé que les ampoules devraient brûler pendant toute la durée de l’exposition en étant surveillées et remplacées. Ces ampoules sont à la fois un hymne symbolique à la vie et au possible, mais aussi à son contraire, la mort. Annulé pour cause de pluie et de crue.
Felix Gonzalez-Torres
“Untitled” (America), 1994/1995
Whitney Museum of American Art, New York

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En conclusion, je  m’en  suis donné à cœur joie cette année à Art Basel, seule ombre au tableau, la perte d’une boucle d’oreille vieille de 20 ans, très actuelle en or jaune, longue, fine, vraisemblablement au Schaulager où je « petit-déjeunais  » mercredi 16, si vous la retrouvez, de grâce faites moi signe – ; )))
photos et vidéos de l’auteur

Art Basel 2010 encore

 A la demande générale et particulère …
Quelques œuvres délicates comme cette vidéo florale de Pipilotti Rist, ou cette autre de Tony Oursler, img_8127.1277078308.JPGun étonnant chat de Magritte, et enfin de sublimes tranches d’oranges peintes par Jean Fautrier img_8133.1277078238.JPG rencontrées chez un galeriste genevois, qui impressionné par ma carte de presse m’a aimablement proposé de m’envoyer la documentation de l’œuvre, que j’ai promis de publier, je vous la livre telle quelle :
Les tranches d’orange, 1944
Technique mixte sur papier marouflée sur toile
Mixed media (coat and oil) on paper laid down on canvas
Signée et datée en bas à droite – Signed and dated lower right : Fautrier 44
Titrée au dos sur le châssis – Titled on the back on the stretcher
26.7 x 35 cm – 10 1/2 x 13 3/4 in
Provenance
Collection Jean Fautrier
Référence
Certificat d’authenticité établi par Monsieur Jean-Paul Ledeur fait à Paris le 16 décembre 2003. (clic sur l’image)



Toute la poésie de Rebecca Horn, avec le vol de 2 papillons  bleus en cage, ainsi que les plumes  noires qui  font une délicate roue .
Un dernier hommage à  Louise Bourgeois avec les magnifiques fleurs rouges.
Dans un autre registre Ragnar Kjartansson –Me and my mother – où elle le couvre de crachats, vidéos prises à différents stades de leur vie respective, où un moment cela se termine sur un fou rire.
Poétique aussi l’installation d’Egill Saebjörnsson, – rotation Unit 2010.
Et cette autre installation,
Zilvinas Kempinas (merci à Marc Sanchez) presque éphémère, dont le filin était parfois  emporté par un spectateur distrait et pressé.
 img_8076.1277078401.JPGUn autre amusement, déjà rencontré il y a deux ans, un homme nu, cette année c’est la sculpture du buste, présentée par la galerie Sperone Westwater, œuvre d’Evan Penny, intitulée Michaël (variations µ 1 2010) qui selon l’endroit où vous vous placez et l’angle d’où vous le regardez, change de morphologie, est difforme ou normal. En réalité c’est le buste du galeriste présent, qui le regard amusé, a bien voulu prendre la pose pour moi.img_8096.1277078441.JPG

Je le remercie ici.
 Ou encore TV Man de Corban Walker, dont les yeux vous suivent comme ceux de la Joconde et qui vous font un clin d’oeil complice…
J’allais omettre la chambre aux miroirs et aux bougies de Yayoi Kusama, dont je suis dans l’impossibilité de vous montrer une image, qui comme le tube de Sergio Prego, génére des queues interminables.
Je cite Dominique : s’il y a des queues sans hésitation, elle prendra la queue et son mal en patience et elle est joliment récompensée.
Cette année Art Basel était un grand cru, arrosé force champagne, mais aussi par la pluie, qui a empêché Art Parcours de se dérouler intégralement, surtout par le clou de 23 h, le feu d’artifices à cause de la crue du Rhin !
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Art Basel 2010 suite


cid_74d83330-be66-4388-b4c6-22add8c7beca.1276817445.jpgSi vous avez de la patience, je vous encourage à entrer dans le tunnel-boyau de Sergio Prego de la Galeria Soledad Lorenzo de Madrid. Après un moment assez désagréable pour pénétrer dans le tube, l'insolite est au rendez-vous, une balade dans l'irréel, le rêve, comme suspendu dans un autre monde, pour revenir à la réalité bruyante de la foire.

 
Un bel hommage est rendu à Ernst Beyeler dans le catalogue de la foire, dans sa galerie, avec une photo géante, montrant le Ernst jeune galeriste, créateur d'Art Basel.
Une vidéo de Bill Viola, celle montrée à Unlimited m'a moins convaincue, un masque doré à la feuille de Marina Abramovic. Agnès Varda, avec sa coiffure bicolore, est présente, vous pouvez la croiser assez souvent, avec sa cabane sur la plage, img_7527.1276816879.jpg posée à même le sable. Une belle série de JM Basquiat est présentée par une galerie américaine, Anish Kapoor, et Paul McCarthy facétieux,qui était présent mardi matin pour la première conversation, puis tous les classiques img_7626.1276817033.jpg



Puis Arte résume l'édition 41 de cette foire mondiale, où l'on a le sentiment que la crise mondiale n'est que balivernes. Si vous êtes invités aux réception privées, vernissages, petits déjeuners, lunchs, tout est luxe.
Le public nombreux se presse dans les allées et demeure curieux d'éventuelles nouveautés. Selon les heures et les jours, le public, des vernissages divers, du first choice, des conversations, des rencontres presse, change, cela passe des tenues très classiques des collectionneurs, décidés allant droit au but, aux flaneurs, aux familles avec poussettes, aux femmes allaitant leurs bébés, aux excentriques à chapeaux, une foule hétéroclite, sous le soleil, sous la pluie, dans les divers cafés de la foire, mais aussi se reposant sur les bancs qui entourent la cour, pour reprendre de plus belle la visite des lieux. 


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sauf la photo 1 photo Robert Cahen