Splendeurs des collections du prince de Liechtenstein

Brueghel, Rembrandt, Rubens…
Jusqu’au 2 octobre 2011 – Palais Lumière Evian
 

Friedrich von Amerling Portrait de Maria Franziska von Liechntenstein

Avec Splendeurs des collections du prince de Liechtenstein, le Palais Lumière d’Évian accueille pour la première fois en France les chefs-d’oeuvre issus de la plus importante collection privée européenne à ce jour. En effet, l’activité de mécénat et de commanditaire aux plus importants artistes de leur époque remonte jusqu’à Hartmann von Liechtenstein (1544-1585). Après 1800, la collection est rendue partiellement accessible au public. Le magnifique Palais Liechtenstein à Vienne, qui date de 1700 environ, accueille de nouveau les Collections Princières depuis 2004.
Si le baroque est célébré au sein de la collection, il sera également largement représenté au Palais Lumière.
Environ 70 tableaux (dont des oeuvres de dimensions monumentales), 20 sculptures et 15 pièces de mobilier sélectionnés pour leur exceptionnelle qualité seront ainsi visibles pour la première fois en France.
Le choix des oeuvres illustre le double patrimoine du LIECHTENSTEIN MUSEUM à Vienne :
– le baroque, le sud : la peinture et sculpture italienne ;
– le baroque, le nord : la peinture flamande.
Parmi ces deux grands ensembles, on se doit de citer les grands maîtres tels que Marcantonio Franceschini,
Guido Reni, Canaletto ou encore Massimiliano Soldani Benzi. Au Nord de l’Europe, les plus brillants artistes de leur époque sont représentés : Rubens, Rembrandt ou encore Van Dyck, pour n’en citer que quelques-uns.
Une deuxième partie des oeuvres est consacrée au classicisme mais ce qui fait la particularité des Collections Princières est surtout la richesse des oeuvres dédiées au Biedermeier. Amerling, Gauermann ou Waldmüller sont les protagonistes de ce mouvement du XIXe siècle, qui témoigne non seulement d’un nouvel élan artistique, mais aussi d’un changement au sein de la société.
En guise de prologue, une salle sera consacrée à l’histoire de la Famille Liechtenstein. Des portraits des princes mécènes témoigneront d’une passion pour l’art, ininterrompue depuis plusieurs siècles.
L’exposition est accompagnée par un catalogue comprenant la totalité des oeuvres exposées, ainsi que plusieurs essais inédits. Il constituera la première publication en langue française relative aux Collections Princières.
Commissariat : Johann Kräftner, directeur du LIECHTENSTEIN MUSEUM, Caroline Messensee, historienne de l’art.

Les Collections du Prince von und zu Liechtenstein réunissent cinq siècles de chefs-d’oeuvre de l’art européen et comptent parmi les collections privées les plus importantes au monde.
Leurs naissances remontent au XVIIe siècle, elles découlent de l’idéal baroque du mécénat
princier à vocation artistique. La Maison de Liechtenstein a transmis cet idéal sans rupture
de génération en génération, complétant ses collections avec clairvoyance. Une politique
d’acquisition dynamique est aujourd’hui au service de l’élargissement du fonds. Ceci permet d’approfondir et de développer les axes majeurs de l’actuelle collection en lui adjoignant régulièrement des oeuvres d’une qualité exceptionnelle qui renforcent à long terme l’attrait du lieu d’exposition des Collections Princières,
le LIECHTENSTEIN MUSEUM.
Les Collections Princières abritent aujourd’hui environ 1 700 tableaux, des chefs-d’oeuvre
allant des tout débuts de la Renaissance au romantisme autrichien.
QUELQUES OEUVRES PHARES

Pieter Brueghel le Jeune, dit d’Enfer (c. 1564–1638), Le recensement de Bethléem
Signé et daté sur la carriole au centre du tableau : P.BRUEGHEL.16 7
Huile sur bois, 122 x 170 cm
Pierre Brueghel le Jeune
Ce tableau est une copie de l’original célèbre de Pieter Bruegel l’Ancien
conservé dans les Musées Royaux des Beaux-Arts à Bruxelles, signé et
daté 1566. Cet épisode du recensement est situé dans une scène contemporaine de
la vie quotidienne d’un village. Marie, vêtue d’une cape bleue et chevauchant une mule à droite, au premier plan, et Joseph, qui marche devant avec une scie sur son épaule, se distinguent à peine des activités hivernales de la vie villageoise. Acquis en 1820 par le Prince Johann I, le tableau est remarquable par la richesse narrative des détails et sa
représentation réaliste des nombreuses activités qui se déroulent devant le fond enneigé.
Friedrich von Amerling (1803–1887), Jeune fille au chapeau de paille, 1835
Huile sur toile, 58 x 46 cm
Friedrich von Amerling

La vente aux enchères sensationnelle de ce tableau en 2008 a augmenté d’un seul coup le grand nombre de toiles de Biedermeier dans les Collections Princières – dont environ une vingtaine sont de Friedrich von Amerling lui-même – et qui plus est, grâce à un chef
d’oeuvre absolu.
Friedrich von  Amerling a peint cette toile en 1835 au cours de sa période la plus innovante et productrice. Elle est remarquable non seulement pour la qualité de la technique picturale, en partie vernie, mais aussi par le choix du sujet. Comme dans son tableau Perdue dans ses rêves, également daté de 1835, Amerling reflète avec exactitude la mélancolie et la contemplation qui prédominent dans l’état d’âme de la jeune
femme. Cet effet est intensifié par sa tête, presque entièrement détournée du spectateur et reposant sur sa main, ainsi que son regard, légèrement tourné vers le haut. Le ruban vert de son chapeau, simplement enroulé autour de son avant bras droit, ainsi que son châle
rouge et le chapeau à large bords, accentuent et articulent la structure de la toile, vue directement d’en bas. Le tableau est impressionnant non seulement par ses couleurs mais par sa composition astucieuse.
Peter Paul Rubens (1577–1640), Esquisse pour Mars et Rhéa Silvia, c. 1616/17
Huile sur toile, 46 x 66 cm

Les Collections Princières ne sont pas seulement propriétaires de
l’oeuvre elle-même mais aussi de l’esquisse complexe à l’huile, (vers laquelle va ma préférence), de Mars et Rhea Silvia par Peter Paul Rubens – le premier tableau que le Prince Hans-Adam II von und zu Liechtenstein a acquis pour les Collections
Princières.
Le mythe classique rapporte que Mars était amoureux de Rhea Silvia,
une prêtresse de Vesta, déesse du foyer, vénérée en tant que protectrice
de la famille, de l’hospitalité et de la vie communautaire bien
organisée. Ovide raconte que Mars a vaincu la vierge vestale pendant
son sommeil.
Rubens a placé la scène dans le temple, où le dieu porté par les nuages
s’approche fougueusement de la prêtresse, qui s’éloigne atterrée, car,
en tant que vierge vestale, elle a prononcé un voeu de chasteté. Mars
s’est débarrassé temporairement de son casque et donc de ses
ambitions guerrières. Cupidon, dieu de l’amour se comporte en
entremetteur et conduit Mars vers Rhea. Le feu perpétuel de Vesta
entretenu par la prêtresse flambe sur l’autel à droite.
Des attributs inversés en miroir pour Athéna et Mars indiquent que le
tableau a servi de patron pour une tapisserie murale.
Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606–1669), Amour avec une bulle de savon, 1634
Huile sur toile, 75 x 93 cm

Soutenu par un coussin rondouillet, le dieu de l’amour, est allongé sur un lit couvert de tissu rouge. A l’aide d’une paille, il fait une bulle dans un coquillage. Ce motif est un symbole de Vanité familier dans l’art hollandais du XVIIe siècle ; cependant la notion du caractère éphémère de la vie n’est pas habituellement associée à Cupidon. Comme d’habitude, Rembrandt trouve une solution créatrice par une association avec la mythologie, en faisant de la bulle de savon un symbole de la fragilité de l’amour. Il est certes vrai que les couples formés par Cupidon avec sa flèche ne duraient que peu de temps. Il est possible que Rembrandt ait emprunté le motif à une gravure sur cuivre
de Hendrick Goltzius (1558–1617). Le tableau est daté 1634, et asurvécu en très bonne condition ; par ses qualités picturales, il est typique de l’oeuvre de jeunesse de Rembrandt. La composition fondée sur des diagonales, la lumière forte, rasante, qui néanmoins maintient le fond sombre et les couleurs rayonnantes sont des indices typiques de
son travail au début des années 1630.
Le parcours de l’exposition a été conçu par Caroline Messensee de façon à suivre dans ses grandes lignes l’accrochage au LIECHTENSTEIN MUSEUM à Vienne, basé sur une
cohérence entre les grandes écoles, une cohérence chronologique et thématique.
En débutant sa visite, le spectateur découvre les portraits des Princes de Liechtenstein et
avec eux l’histoire de la Maison Liechtenstein et leur passion pour les arts.
Ainsi le visiteur remonte les siècles que les grands mécènes ont marqués par leurs
acquisitions et leurs commandes avant d’entrer dans le monde baroque, premier point fort
des Collections Princières et de l’exposition à Evian.
La première salle, tout comme celles qui suivront, présente des oeuvres des grands maître du Baroque, en confrontant les écoles du Nord et celles du Sud.
Ainsi Jean Evangéliste lisant de Guido Reni

C’est un portrait intimiste du jeune évangéliste qui rompt avec l’iconographie traditionnelle.
L’artiste montre St Jean en train de lire. La scène  emplit l’espace condensée dans un format horizontale et coupée par les bords du tableau. Les nuances chromatiques, rapidement appliquées, presque  non achevées sur le vêtement,  contrastent avec la partie achevée du visage. Il est ancré dans le monde d’ici-bas  et pourtant déjà inverti d’une signification initiatique spirituelle,
fait face à la monumentale
Déploration du Christ de Peter Paul Rubens.
Pierre Paul Rubens la déploration du Christ

Inspiré  mêlée des flamands et des maîtres italiens, elle se distingue par une vue rapprochée du Christ mort, il est étendu en diagonale, en une perspective exagérée, on peut le rapprocher du Christ de Mantegna, le corps supplicié,  est traité avec réalisme et sans complaisance, d’une couleur rose chaire blême , comme le visage figé de la vierge. Les autres protagonistes de la scène se laissent envahir par leur émotion.
 
La première salle, tout comme celles qui suivront, présente des oeuvres des grands maîtres
du Baroque, en confrontant les écoles du Nord et celles du Sud. Ainsi Jean Evangéliste
lisant de Guido Reni fait face à la monumentale Descente de la croix de Peter Paul Rubens.
Suit alors une salle entièrement consacrée aux scènes mythologiques avec des chefs-d’oeuvre tels que Mars et Rhea Silvia ou encore Victoire et Virtus, tous deux signés Rubens ou encore, Amour à la bulle de savon, oeuvre de jeunesse de Rembrandt.
Puis ce sont les portraits de Franz Hals et de Anthonis van Dyck qui capteront l’attention des visiteurs avant de découvrir dans la salle qui clôturera la visite du rez-de-chaussée les
paysages de Canaletto, Berckheyde ou encore Brueghel.
L’exposition se poursuit au sous-sol du Palais Lumière avec une salle consacrée à la
sculpture baroque et aux chefs-d’oeuvre de pierre-dure. Les bustes de Massimiliano Soldani Benzi seront ainsi rapprochés de ceux de Pierre Puget. Les maîtres de la pierre dure se nomment Pandolfini et Castrucci.
Suit alors un petit aperçu du baroque Autrichien avec une série de peintures sur émail par
Johann Georg Platzer et Franz Christoph Janneck et une oeuvre majeure du sculpteur
Autrichien Georg Raphael Donner, célèbre entre autre pour sa fontaine au coeur du centre
historique de Vienne.
En passant par le classicisme, illustré par des oeuvres majeures de Joseph Vernet ou encore d’Angelika Kauffmann, femme peintre rarissime pour l’époque, le visiteur termine le parcours de l’exposition avec le deuxième point fort dans les Collections Princières : le
Biedermeier. Les scènes de genre et les natures mortes de Ferdinand Georg Waldmüller, les paysages de Friedrich Gauermann ou Thomas Ender ou encore les portraits de Friedrich von Amerling donnent à voir des chefs-d’oeuvre d’une époque qui nécessite encore d’être découverte par le grand public.
 
Images Presse et catalogue

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.