Un Paon et un Hippopotame se lancent dans un Débat Existentiel, une exposition monographique de Basim Magdy. Jusqu’au 25 août 2019, à La Kunsthalle de Mulhouse commissaire : Sandrine Wymann
Le sujet du bac philo 2019 À quoi bon expliquer une œuvre d’art ?
A point nommé … En un premier temps, je vais tenter de comprendre moi-même, à travers le texte de Sandrine Wymann
Un Paon et un Hippopotame se lancent dans un Débat Existentiel rassemble un ensemble de pièces inédites, des peintures, des photographies et des films. Les oeuvres colorées de Basim Magdy impriment nos rétines durablement et nous forcent à considérer le monde tel qu’il nous entoure. L’artiste aborde des questions philosophiques majeures avec humour et dérision.
Attiré par les sciences, l’inexplicable, l’impressionnant, Basim Magdy reconnait par ailleurs un attrait pour la beauté des mots, la musicalité d’un son ou l’harmonie d’une gamme colorée. Artiste d’origine égyptienne, il a gardé de ses ancêtres le goût des grands projets. Que ce soit en peinture, en photographie ou en images filmées, Basim Magdy compose à partir de prélèvements du monde qu’il observe. Il extrait des images, il les façonne, les détourne comme un scientifique tente des expériences à partir du réel pour obtenir une réalité secondaire. Il obtient alors une nouvelle matière avec laquelle il questionne l’existentiel ou raconte une histoire plus personnelle.
D’entrée l’on est frappé, par la peinture, chose plus qu’inhabituelle à la Kunsthalle, avec ses murs impersonnels. La peinture est majeure dans l’oeuvre de Basim Magdy. Qu’elle couvre les murs ou soit oeuvre en soi, elle est une matière suffisamment malléable pour se prêter aux expériences physiques qu’il mène. Elle est d’abord couleur. La gamme colorée de Basim Magdy est vaste et riche de fondus ou de juxtapositions. Il confronte largement les tons, les rapproche pour les révéler et les mettre en dialogue avec ses motifs narratifs.
La peinture est aussi repère. Basim Magdy introduit dans ses images, qu’elles soient fixes ou animées, un principe de calques qui sont autant d’étapes de sa recherche ou du développement de sa pensée. En construisant ses peintures par des jeux de lignes et de repères, il invite les spectateurs non pas à suivre le même processus mais à s’emparer des interstices et y introduire leurs propres superpositions. La peinture enfin est figuration. Les oeuvres peintes de Basim Magdy ont une valeur narrative. Elles s’inscrivent dans un univers proche de la science-fiction, l’homme y est souvent représenté dans une posture de choix face à son futur. Il est en prise avec des espaces étranges, des installations démesurées ou des situations incontrôlables qui relèvent à la fois de l’imaginaire et du défi
L’exposition de Basim Magdy à La Kunsthalle Mulhouse prend place entre deux films : 13 Règles Essentielles pour Comprendre le Monde et New Acid. Entre les deux, l’artiste installe son monde qui ne ressemble à aucun autre, dans lequel il brouille volontiers les références et développe ses propres interrogations. Tour à tour collectionneur, raconteur d’histoires et de fictions, chercheur, manipulateur, chimiste, philosophe, Basim Magdy accumule quantité de matières visuelles, d’objets et d’appareils en tous genres. Il n’est pas un artiste reclus, plutôt un voyageur, un observateur infatigable, un curieux de tout ce qui le relie à la vie. Il faut imaginer dans son atelier des classeurs remplis d’images, des étagères lourdes de pierres, de caméras et de divers instruments. Ce ne sont pas des sujets en soi mais autant de ressources et de matières pour formuler chacun de ses projets.
La photographie est le medium qui relie directement la pensée de Basim Magdy à la réalité du monde qu’il arpente. Sur le mode de la collecte, il accumule des images qui sont autant de matériaux dans lesquels il puise au fur et à mesure de ses projets. Les photographies grand format appartiennent à une série avec laquelle il a expérimenté des procédés chimiques. Chaque image a subi une décoloration qui l’a tout à la fois sublimée et altérée. C’est en réagissant à des produits usuels, aussi ordinaires que du vinaigre, du coca ou d’autres sodas que les images se sont transformées et se sont révélées sous l’emprise de dominantes colorées. Chaque ensemble de la série Someone tried to lock up Time est pensé comme une référence à une part de l’Histoire méconnue, presque anecdotique que les livres n’ont pas nécessairement choisi de retenir. Sous forme de constellations, mettant en présence un ensemble de photographies, Basim Magdy écrit par l’image, parfois combinée aux mots, des poèmes qui rendent hommage à des non-événements, à des épisodes qu’il fixe pour leur beauté ou leur absence.
À la photographie, le film apporte l’animation que Basim Madgy utilise afin d’ouvrir davantage le champ de complexité des situations. Il entremêle les récits, croise les images, superpose les techniques et obtient des films qui se regardent comme des poèmes visuels. Filmé en Super 8 puis transféré sur support numérique, 13 Essential Rules for Understanding the World, se regarde comme un avant-propos à l’exposition. En cinq minutes, l’artiste pose les fondements d’un travail qui se déploie entre opinions fortes et absurdités. Les images défilent lentement, une voix énonce en 13 points presque avec autorité, les règles à respecter si l’on veut s’accommoder du monde tel qu’il est. Sur une musique lente, peut-être inquiétante, ses recommandations se succèdent et fixent un ton entre humour et désillusion.
Pingpinpoolpong À travers cette pièce, Basim Magdy réinvente le pingpong et lui rajoute des niveaux de complexité. Aux règles traditionnelles, chaque joueur peut introduire des obstacles qui viendront entraver le jeu de l’adversaire. S’engage alors une partie dans laquelle il faut accepter le hasard et l’échec, deux notions habituellement peu appréciées des joueurs.
L’artiste invite les visiteurs à poster sur Instagram des photos, des vidéos, leurs règles ou nouvelles idées pour le jeu avec le hashtag #dearbasim.
KUNSTDÉJEUNER Vendredi 21 juin → 12:15-13:45 Visite suivie d’un déjeuner tiré du sac. Gratuit, sur inscription VISITE GUIDÉE Dimanche 23 juin → 16:00 Entrée libre
KUNSTAPÉRO Jeudi 4 juillet → 18:30 – 20:30 Des oeuvres et des vins à découvrir. En partenariat avec Mulhouse Art Contemporain et la Fédération Culturelle des Vins de France Sur réservation, 5 € / personne
RENDEZ -VOUS TENNIS DE TABLE – PERDU C’EST GAGNÉ !
Dimanche 30 juin de 16:00 – 18:00 Venez pratiquer le tennis de table artistique ! L’oeuvre interactive Pingpinpoolpong est une drôle de table de jeu qui invite à célébrer l’échec et à embrasser le hasard. Ce rendez-vous sera une opportunité offerte aux joueurs d’activer une pièce qui ne manque ni d’humour, ni de philosophie. Le public est bienvenu pour encourager les joueurs ! En rebondissant sur les valeurs de l’olympisme – excellence, amitié et respect – ce rendez-vous réunira sur le terrain jeu et valeurs humaines. En partenariat avec l’association Mulhouse Tennis de Table Gratuit, sur inscriptionpour les joueurs (tout public initié à partir de 6 ans), entrée libre pour les spectateurs.
Pour la visite, munissez-vous de la brochure explicative, car à La Kunsthalle, nom à consonance germanique, les cartels et certains textes sont « in english », si vous n’avez pas fait anglais en 1e ou 2 langue, ou téléchargé un traducteur sur votre smartphone, vous êtes largué.
Horaires d’ouverture Entrée libre Du mercredi au jeudi → 12:00 – 18:00 Samedi et dimanche → 14:00 – 18:00 La Kunsthalle Mulhouse Centre d’art contemporain La Fonderie 16 rue de la Fonderie 68093 Mulhouse Cedex Tél : + 33 (0)3 69 77 66 47 kunsthalle@mulhouse.fr www.kunsthallemulhouse.com
Elger Esser est né le 11 mai 1967 à Stuttgart. D’origine franco-allemande, il a passé son enfance à Rome. Entre 1986 et 1991, Elger Esser retourne en Allemagne et débute sa carrière en tant que photographe publicitaire. Il poursuit ses études à la Kunstakadémie de Düsseldorf, où il étudie la photographie avec le célèbre couple d’artistes Bernd et Hilla Becher. Influencé par leur travail, c’est en délaissant le principe de quadrillage (caractéristique des travaux du couple Becher) et en s’appropriant la photographie de paysages que Elger Esser se démarque de leur enseignement.
Elger Esser a élaboré une œuvre photographique à contre-courant de la tendance générale : il reste fidèle aux techniques prénumériques et s’inspire à la fois des pictorialistes et des photographes paysagistes européens. Avec sa chambre photographique, il sillonne de nombreux pays, répertoriant des paysages intemporels. Ses photos, témoignages entre histoire et mémoire, sont inspirées par les écrits de Proust, Flaubert ou Maupassant. Si l’artiste privilégie la vision de paysages vierges, il n’évacue pas pour autant radicalement de son travail la figure humaine ou sa trace architecturale dans l’environnement.
Elger Esser est particulièrement connu pour ses grandes photographies de paysages méditatifs. Pour ces paysages, l’artiste utilise principalement la technique de longue pose, permettant ainsi d’effacer la délimitation entre la terre, l’air et l’eau. L’horizon revient succinctement dans les photographies d’Elger Esser, entrecroisant le ciel et la terre, ils sont alors indifférenciés par les jeux de lumières naturels. Ces paysages étendus à l’horizon, avec l’emploi des couleurs douces, témoignent d’un sentiment de calme profond de par la beauté naturelle qui y émane.
Aujourd’hui, l’artiste photographe franco-allemand tient sa place à côté des grands. Son oeuvre est présente dans les plus grandes collections telles qu’au Guggenheim à New York et au Rijksmuseum à Amsterdam. Il a notamment eu de nombreuses expositions personnelles comme celles à la Galleria d’Arte à Bologne, au Kunstverein à Hagen et au Herzog Foundation à Bâle. De même que l’on peut le trouver dans les grandes galeries à Art Basel
Morgenland [Terre du matin] – et non « Orient » et encore moins « Proche Orient ». « Morgenland » est un terme ancien devenu obsolète, mais dont on retient la substance poétique. La mythique « Terre du matin », hors de laquelle Luther fait venir les sages dans sa traduction de la Bible. La terre promise dans laquelle les voyageurs ont marché, la terre des possibles pour les peintres, écrivains et photographes au cours du 19ème siècle.
Elger Esser a également été attiré « vers le matin » : en 2005 au Liban, en 2011 en Egypte et en 2015 en Israël. Les images qu’il a rapportées contiennent à la fois – la poésie du regard occidental et la réalité d’aujourd’hui. Plongé dans la lumière du sable coloré, caractéristique des photographies d’Elger Esser, de toute évidence sans fin, l’horizon s’étire au-dessus de la totalité de la surface de l’image. Divisé avec l’eau, l’air et en bandes côtières lointaines, qui souvent apparaissent comme des mirages. L’impression du temps est néanmoins trompant : chaque cliché est intitulé avec l’année et le nom du lieu de son origine.
Ces noms sont en partie emprunts d’histoire, et en partie révélateurs de la situation politique de l’époque – un jeu esthétiquement fascinant de la déception du passé, du mythe, du présent et à la recherche des racines communes. 2016 Prix d’Oscar Schlemmer Vie et travail à Düsseldorf, Allemagne
Fondation Fernet-Branca 2, rue du Ballon 68300 Saint-Louis fondationfernet-branca.org Horaires d’ouverture : du mercredi au dimanche de 13h à 18h Accès : Aéroport Bâle/Mulhouse (à 5 minutes) SNCF Autoroute A35 La Ville de Bâle est à 5 minutes de Saint-Louis. Arrêt de bus « Carrefour Central / Croisée des Lys » (à 3 minutes du musée) – direction Bâle station « Schifflände »
Les ART LUNCH DE LA FFB seront présents tout l’été, toujours dans la formule « Pause déjeuner au musée ». Pour la mise en appétit, le directeur parcourt les œuvres exposées avec son public, puis ils choisissent ensemble une œuvre comme support de discussion, avant de passer à la table des hors-d’œuvre, pour ne pas partager que de l’art, mais aussi des fruits, des légumes de saisons et des petits plats faits maison.
Le premier ART LUNCH DE L’ÉTÉ a lieu ce VENDREDI 21 JUIN, autour de l’exposition MORGENLAND – ELGER ESSER.
*Tarif 20 euros / Le prix comprend : l’entrée de la fondation + la visite guidée + lunch
Organisé pour la huitième et dernière année par Gianni Jetzer, conservateur spécial au musée Hirshhorn et au Jardin de sculptures de Washington, DC Art Basel, dont le partenaire principal est UBS, a lieu à Messe Basel du 13 au 16 juin 2019.
Alexandra Pirici, artiste roumaine, sélectionnée par Art Basel présente «Aggregate» (2017-2019), sur la Messeplatz, un salon environnement performatif , organisée par Cecilia Alemani
Unlimited, plate-forme unique d‘Art Basel pour les projets de grande envergure, offre aux galeries l’occasion de présenter des installations gigantesques, des sculptures monumentales, de vastes peintures murales, de vastes séries de photographies, des projections vidéo et des performances qui transcendent le stand traditionnel des foires d’art. 75 projets de grande envergure d’artistes de renom et émergents, notamment: Larry Bell, Huma Bhabha, Andrea Bowers, Jonathas de Andrade, VALIE EXPORT, Alicia Framis, Abdulnasser Gharem, Kiluanji Kia Henda, Kapwani Kiwanga, Daniel Knorr, Jannis Kounellis, Lawrence Lek, Zoe Leonard, Sarah Lucas, Kerry James Marshall, Rivane Neuenschwander, Hélio Oiticica, Jacolby Satterwhite, Joan Semmel, Do Ho Suh, Fiona Tan, Franz West et Pae White
Quelques sélections :
Xu Zhen, propose des tables de jeu de casino dont le tapis est réalisé à la façon des mandalas de sable tibétains. Création, destruction ; argent et spiritualité… Une belle métaphore autour d’Art Basel
Installation dans le registre de la reproduction mimétique. Seuls les expressions et la mise en situation révèlent une intention « artistique » les personnages de Duane Hanson sont d’une tristesse accablante.
En écho au mouvement #metoo sont exposés de nombreux travaux militants, comme LifeDress, signé par Alicia Framis (vidéo). L’Espagnole a revêtu des mannequins de robes fabriquées à partir d’airbags de voiture. Chaque vêtement est prévu pour protéger la personne contre une forme de harcèlement en gonflant de manière surréaliste autour de différentes parties du corps des femmes, dès que l’on approche d’elles. Parmi les nombreuses œuvres historiques présentées, la vidéo 1983 de l’artiste autrichien VALIE EXPORT ‘Syntagma’ explore l’identité féminine en relation avec l’image du corps, tandis qu’Hélio Oiticica, artiste phare du tropicalisme brésilien, rentre à Bâle avec l’installation ‘Penetrável L’installation de canapés de Franz West est la bienvenue pour prendre une pause. Art Basel Unlimited atteint ses limites et les nôtres …
Les galeries Gagosian, Zwirner, Hauser & Wirth, Lisson, Thaddaeus Ropac, les ténors du marché de l’art mondial occupent l’allée centrale de la foire.
Laure Prouvost, représentante de la France à la biennale de Venise 2019 est présentée par la galerie Obadia, qui montre quelques pièces de choix.
La plasticienne Véronique Arnold est présente pour la deuxième année consécutive, dans la Galerie baloise Stampa, galerie où une exposition monographique « WE ARE THE UNIVERSE » lui est consacrée jusqu’au 31.08.2019 Stampa Spalenberg 2, CH-4051 Basel
Une application smartphone vous accompagne tout au long du parcours. Rendez-vous est déjà donné pour 2020 du 18 au 21 juin, 50 ans en 2020 avec un projet curatorial autour de la notion de marché voir ici la vidéo du vernissage TV
Bilan L’édition 2019 d’Art Basel a attiré un public véritablement mondial, catalysant d’excellentes ventes à tous les niveaux. • L’édition 2019 d’Art Basel a été clôturée le dimanche 16 juin 2019, alors que les ventes de magasins et d’institutions privées ont été soutenues par des galeries de tous les secteurs du marché. • La foire a attiré des collectionneurs de plus de 80 pays et une fréquentation globale de 93 000 personnes. • Art Basel a présenté «Aggregate» (2017-2019) d’Alexandra Pirici sur la Messeplatz avec beaucoup de succès • Un nouveau système de tarification à échelle mobile a été introduit avec succès, offrant un support supplémentaire aux galeries de petite et moyenne taille
Jusqu’au 13 octobre 2019, Kunstmuseum Basel | Gegenwart Commissaire : Josef Helfenstein Assistance : Philipp Selzer, Eva Falge
William Kentridge (né en 1955) compte parmi les figures majeures de l’art contemporain à l’échelle internationale. Depuis plus de trente ans, ce plasticien, réalisateur et metteur en scène associe dans son oeuvre protéiforme différents médias artistiques : film d’animation, dessin, gravure, mise en scène théâtrale et sculpture. Dans le cadre d’une exposition d’ensemble au Kunstmuseum Basel | Gegenwart, plusieurs oeuvres de l’artiste sud-africain sont visibles pour la première fois sur le continent européen. Élaborée en étroite collaboration avec l’artiste, l’exposition A Poem That Is Not Our Own met en lumière les thèmes de la migration, de l’exil et de la procession qui jalonnent son oeuvre aux côtés de dessins et de films des années 1980 et 1990. Elle montre comment ces thématiques présentes très tôt dans l’oeuvre dessiné de Kentridge y occupent une place grandissante au fil des années.
Sa récente oeuvre performative The Head & The Load (2018) illustre bien cette progression. Après une présentation inédite à la Tate Modern de Londres à l’été 2018, elle sera visible au Kunstmuseum Basel sous forme d’une installation – une première en Europe. The Head & The Load aborde le rôle peu connu de l’Afrique durant la Première Guerre mondiale à travers une procession d’un genre tout à fait singulier composée de projections de films, de jeux d’ombre et de silhouettes dansantes. Trois autres oeuvres présentes dans l’exposition explorent le thème de la procession dans le travail de Kentridge : les installations vidéo Shadow Procession (1999), More Sweetly Play The Dance (2015) et Triumphs & Laments (2016) à laquelle est consacrée une salle où sont exposés, pour la première fois en Europe, des dessins et des gravures sur bois.
Conflits politiques et sociaux Second temps fort de l’exposition, les conflits politiques et sociaux en Afrique du Sud et en Europe auxquels Kentridge porte un intérêt dès ses premiers films et dessins. Une salle d’exposition consacrée à l’abondant travail de Kentridge en tant que réalisateur et scénographe présente un film documentaire aux côtés de décors scéniques de la pièce de théâtre Sophiatown (1986–1989). Réunis pour la première fois en Europe, ces panneaux se distinguent par leur grand format et leurs couleurs terreuses. Fruit d’une collaboration entre l’artiste et la Junction Avenue Theatre Company, cette pièce de théâtre traite de la démolition brutale de Sophiatown, haut lieu culturel de Johannesbourg, et du déplacement forcé de ses résidents entre 1955 et 1959.
Dans son oeuvre dessiné de jeunesse, Kentridge explore l’histoire souvent violente de l’Europe à partir d’une perspective sud-africaine. L’exposition rassemble des oeuvres sur papier exemplaires et marquantes provenant de collections d’Afrique du Sud réalisées pour la plupart avant la fin de l’apartheid. Elles témoignent de l’approche achronologique de Kentridge qui répond aux événements et aux anomalies de la société sud-africaine sous l’apartheid à l’aide de procédés artistiques datant du début du XXe siècle.
Drawings for Projection et Drawing Lessons En 1985, William Kentridge produit l’un de ses premiers films d’animation intitulé Vetkoek/Fête Galante. Par la suite, il met au point la « poor man’s animation », une technique filmique élaborée à partir de photographies de dessins au fusain et de collages. Cette méthode donne notamment naissance à Drawings for Projection (1989–aujourd’hui), célèbre série de films en 35 mm. Ces épisodes animés mettent en scène deux personnages, Soko Eckstein et Felix Teitelbaum, dotés de traits semblables à ceux de Kentridge. Outre le lien topographique avec Johannesbourg – sa ville de naissance –, l’artiste s’appuie sur ces personnages comme toile de fond pour expliquer l’ambivalence de l’Afrique du Sud contemporaine.
À travers de courtes séquences tournées dans l’atelier de William Kentridge, Drawing Lessons (2009–aujourd’hui), série de films expérimentaux entamée ultérieurement, montre la manière dont l’artiste s’amuse à questionner l’art avec humour. Une caméra immobile orientée sur une partie de son atelier détermine le cadrage de la plupart des Drawing Lessons.
La première Drawing Lesson bâloise (Drawing Lesson No.50) intitulée In Praise of Folly (2018) fait référence à la thèse satirique du même nom rédigée en 1509 par Érasme de Rotterdam dans laquelle il critique l’Église catholique. Le savant humaniste entretient un lien étroit avec la ville de Bâle en enseignant notamment au sein de son université. In Praise of Folly présente au second plan des croquis de Kentridge évoquant le Portrait d’Érasme de Rotterdam de Hans Holbein qui figure au sein de la Öffentliche Kunstsammlung Basel. On identifie également des croquis d’autres oeuvres connues de la collection bâloise – celles de Pablo Picasso, Paul Klee ou Matthias Grünewald –, autant de sources d’inspiration artistique qui ornent l’atelier de Kentridge telles des icônes. À la lumière de ces oeuvres, In Praise of Folly aborde l’histoire de l’art et ses figures tutélaires auxquelles les artistes d’aujourd’hui empruntent leurs inspirations.
L’exposition William Kentridge. A Poem That Is Not Our Own est répartie sur trois niveaux du Kunstmuseum Basel | Gegenwart ainsi que dans certaines salles du Kunstmuseum Basel | Hauptbau et Neubau.
Dans le cadre de l’exposition, un catalogue paraît. Il réunit des textes de William Kentridge, Josef Helfenstein, Ute Holl et Leora Maltz-Leca.
Le Centre Pompidou-Metz et le Musée Tinguely de Bâle font résonner de façon concomitante, à partir de juin 2019deux expositions consacrées à Rebecca Horn. Elles offrent des perspectives complémentaires sur l’une des artistes les plus singulières de sa génération. Théâtre des métamorphoses à Metz explore les processus de métamorphose, tour à tour animiste, surréaliste et machiniste et le rôle de matrice qu’a pu avoir sa pratique cinématographique, véritable mise en scène de ses sculptures. À Bâle, les Fantasmagories corporelles associent les premières réalisations performatives et les sculptures cinétiques plus tardives, soulignant ainsi les développements au sein de son travail pour mettre l’accent sur les processus d’altération corporelle et de transformation des machines.
« Tout est imbriqué. Je commence toujours par une idée, une histoire qui évolue vers un texte, puis du texte viennent des croquis, ensuite un film, et de tout cela naissent les sculptures et les installations ».
Rebecca Horn –
Féministe ? on ne peut s’empêcher de penser à Niki de St Phalle, compagne de Jean Tinguely. Certains des travaux de Rebecca Horn renvoient aux machines de Tinguely, en plus féminin. Mais surtout elle fait penser à Frida Kahlo, pour le corps, douloureux, meurtri. À l’adolescence, Rebecca Horn suit les cours de la Hochschule für bildende Künste Hamburg de Hambourg, puis en 1964, elle s’installe momentanément à Barcelone, où elle attrape une infection pulmonaire. Elle doit passer un an dans un sanatorium : cette expérience de l’isolement total et de la souffrance est déterminante dans l’orientation de son œuvre.
Le travail de Rebecca Horn s’inspire constamment du corps et des mouvements du corps. Dans ses premières œuvres performatives des années 1960 et 1970, cela se manifeste par le recours à des objets qui, en tant qu’extensions corporelles, ouvrent sur de nouvelles expériences perceptuelles tout en ayant un effet restrictif. À partir des années 1980, l’artiste créé alors surtout des sculptures cinétiques et des installations de plus en plus vastes qui prennent vie grâce au mouvement. Le corps agissant est remplacé par un acteur mécanique. Ces processus de transformation entre corps augmentés et machines animées, qui traversent l’œuvre de Rebecca Horn depuis presque cinq décennies, constituent le cœur de l’exposition à Bâle : des œuvres performatives y jouxtent des sculptures-machines plus tardives pour illustrer le déploiement des motifs du mouvement dans le travail de l’artiste. Cette exposition bâloise, articulée en plusieurs histoires, retrace ainsi une évolution artistique comme « autant d’étapes dans un processus de transformation » (Rebecca Horn) à partir de quatre thèmes et montre la continuité de son travail. « Mes performances ont commencé par des sculptures corporelles. Tous les mouvements de départ étaient les mouvements de mon corps et de ses extensions. »
Battre des ailes
Une première série d’œuvres débute avec la performance Weisser Körperfächer (1972), dans laquelle Rebecca Horn reprend la fascination ancestrale des humains pour les créatures ailées ou à plumes. Avec des ceintures, elle a fixé sur son corps une paire d’ailes semi-circulaires en toile blanche qui se déploient en levant les bras. Un film documente les expériences motrices qu’elle a réalisées avec cet instrument corporel : l’ouverture et la fermeture, le contrôle des ailes dans le vent, les formes de dissimulation et de dévoilement. Ces modèles de mouvements, Rebecca Horn les a prolongés dans une série de sculptures, comme laParadieswitwe (1975) qui enveloppe un corps nu, DiePfauenmaschine (1981) qui fait la roue, le Hängender Fächer (1982) ou la roue de plumes Zen der Eule (2010).
Circuler
Différentes formes de circulation sont thématisées dans une deuxième partie de l’exposition. L’œuvre centrale est là Überströmer (1970) qui présente l’être humain comme une structure hydromécanique. Lui fait face l’installation ElRio de la Luna (1992) qui prolifère dans l’espace avec un système de tuyaux et dans les « chambres cardiaques » desquelles le mercure est actionné par des pompes. Tandis que, dans le premier cas, le mouvement interne de la circulation sanguine est déplacé vers l’extérieur, dans le second, la visualisation des flux d’énergie émotionnelle est pour Rebecca Horn au premier plan.
Inscrire
Des lignes tracées et des marques de couleur sont toujours aussi les traces de mouvements physiques. Elles constituent ainsi un autre ensemble thématique de l’exposition. Ce motif est présenté à partir Bleistiftmaske (1972), un outil porté sur la tête qui transforme le corps en une machine rythmique à dessiner. L’artiste poursuit de façon systématique l’exploration de ce thème dans des machines à peindre automatisées, dont deux types différents sont montrés ici. Les marquages y sont toujours l’expression d’émotions et de passions. Le dessin comme inscription du corps et du psychisme est repris enfin dans les travaux sur papier grand format de la série Bodylandscapes (2004-2005).
Tâter
Un dernier champ thématique porte sur l’extension des mains et des pieds. Avec Handschuhfinger (1972), l’artiste explore ainsi son environnement en le palpant avec des tentacules. Elle poursuit l’étude de ce sujet dans ses œuvres cinétiques tout en recourant sans cesse à des objets quotidiens tels que pinceaux, marteaux ou escarpins. Les machines à écrire avec leurs claviers sont elles aussi des instruments qui prolongent nos doigts. Rebecca Horn les utilise d’ailleurs dans plusieurs installations, dont La Lune Rebelle (1991) œuvre majeure exposée à Bâle. Les travaux de cette série donnent également une vision sociologique de la machine comme prothèse en rassemblent notamment des objets considérés comme féminins.
« Pour moi, ces machines sont animées, elles agissent, elles tremblent, elles frissonnent, elles s’évanouissent et s’éveillent soudain à une nouvelle vie. Ce ne sont en aucun cas des machines parfaites. » RH
Un catalogue richement illustré avec des contributions de Sandra BeateReimann, Antje von Graeventiz, Stefan Zweifelet al. paraît au Verlag für moderne Kunst : ISBN (allemand) : 978-3-9524759-6-6 ISBN (anglais) : 978-3-9524759-7-3
Commissaire de l’exposition : Sandra Beate Reimann 6 juin 2019, 18h15 Projections au Stadtkino de Bâle les films suivants de l’artiste seront présentés :
Der Eintänzer, 18h15, 14 CHF, en angalis, La Ferdinanda, 20h15, 17 CHF, en allemand
Heures d’ouverture Du mardi au dimanche 11 – 18h Fermé le lundi
Accès Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF : SBB tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz », puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ».
Jusqu’ au 22 juillet 2019au Grand Palais Galeries nationales entrée Square Jean Perrin
commissariat : Alexia Fabre, conservatrice en chef, directrice du Mac Val, musée d’art contemporain du Val de Marne et Philippe Malgouyres, conservateur en chef, Département des objets d’art du musée du Louvre. scénographie : Agence bGc studio: Giovanna Comana / Iva Berthon Gajsak
La célébration du cinquantenaire des premiers pas de l’homme sur la Lune nous offre l’occasion de célébrer la longue relation des hommes avec cet astre familier, à travers des d’oeuvres d’art qui ont incarné les multiples formes de cette relation. Cette exposition articulée en cinq parties propose au visiteur de se confronter aux créations artistiques de l’Antiquité à nos jours, de l’Europe et d’ailleurs, inspirées par la Lune.
De la lune à la Terre, du voyage réel au voyage imaginaire L’exposition débute par le voyage réel, en juillet 1969. Elle propose ensuite de remonter le temps, à travers les voyages rêvés par la littérature et les arts vers la Lune. Depuis l’Antiquité, l’idée de se rendre dans la lune par les moyens les plus fous déchaina l’inventivité et l’imagination la plus débridée. Avec l’expédition d’Apollo 11, le voyage, devenu réalité, inaugure le début d’une nouvelle ère. Pourtant, l’imagination n’y perd pas ses droits, bien au contraire : à la fantaisie s’ajoute de grandes interrogations sur l’humanité, la place des femmes, le nationalisme, l’inégalité du développement économique.
La Lune observée La première tentative de dessiner la Lune est de Thomas Harriot en 1609. A partir de Galilée, des instruments de plus en plus précis ont permis d’en explorer la surface : la Lune est observée. Les premières cartes de la planète sont dessinées au milieu du XVIIe siècle. A la fin de ce siècle, Cassini réalise une carte plus précise que les précédentes qui restera une référence jusqu’à l’apparition de la photographie. La présentation de la réplique de la lunette de Galilée, des premiers dessins et cartes, puis de photographies illustreront l’évolution d’un regard de prise de connaissance, à la recherche d’une vérité objective dont ne sont jamais absente le rêve et la contemplation esthétique.
Les trois visages de la Lune Le parcours articule en trois sections l’évocation des trois visages de la Lune ou de ses trois humeurs : caressante, changeante ou inquiétante. Le premier visage est bénéfique et caressant ; c’est la Lune qui protège et qui inspire. Sous sa protection, l’homme rêve, aime, dort, prie ou médite. Ainsi, dans le célèbre tableau de Girodet, Endymion endormi, Diane visite sous la forme d’un rayon lumineux le sommeil du beau jeune homme, et le caresse de sa lumière.
Le second visage est celui de la Lune changeante, versatile, dont les mutations scandent le temps des hommes et organisent leurs calendriers. Les croyances populaires en font l’origine de l’humeur des femmes, qualifiée de « lunatique ». Ses rythmes deviennent phénomènes optiques inspirant de nombreux artistes du XXe siècle. Enfin, le troisième visage est celui de l’astre des ténèbres, de la mélancolie ou de la folie : la Lune noire ou démoniaque, source de fantasmes et de peurs.
La Lune est une personne La quatrième partie de l’exposition montre que, depuis l’antiquité, cet astre lointain est une divinité proche, de forme humaine, tantôt homme, tantôt femme, ayant souvent différents aspects liés à ceux, changeants, de la Lune. Si en Egypte, en Mésopotamie ou dans l’hindouisme moderne la Lune est déifiée sous une forme masculine (Thot, Nefertoum, Sîn, Chandra), l’antiquité classique la fait femme : Artémis, Diane, Séléné, Hécate. Dans le christianisme, la Vierge, qui reflète la lumière mais ne la produit pas, va être aussi associée à la Lune.
Une expérience partagée de la beauté La dernière partie de l’exposition montre la Lune comme source d’inspiration, proche et mystérieuse, qui dévoile la Nature sous une lumière réfléchie, étrange, intime, mélancolique, et toujours contemplative, propice à un renouvellement du thème du paysage. Elle est une expérience à part entière de la beauté. Une ultime promenade méditative sous le regard de la Lune.
L’exposition se clôt sur L’endymion endormi de Canova, moment paisible de contemplation.
Réunion des musées nationaux – Grand Palais
254-256 rue de Bercy
75 577 Paris cedex 12
ouverture : du jeudi au lundi de 10h à 20h ; mercredi de 10h à 22h ; fermeture hebdomadaire le mardi; fermé le 1er mai et dimanche 14 juillet
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C’est à la Filature de Mulhouse jusqu’au 10 mai Il nous offre une oeuvre globale, associant projet
photographique et performance scénique. Chorégraphe, danseur, mais aussi plasticien
et photographe, Josef Nadj, apparait comme sorti du
cadre du tableau de Magritte, le Baiser. (les amants)
Josef Nadj livre une brève performance d’une rare
densité : chaque mouvement, chaque action, chaque instant
résonne avec son parcours, personnel et artistique, transfiguré
dans une épure empruntée à Beckett.Tel un mime, sa silhouette
massive s’anime en quelques mouvements de tai-chi.
Josef Nadj a conçu une exposition photographique
foisonnante. Chacun des clichés accrochés aux abords
de la boîte raconte une histoire, où une grenouille
tient la vedette.
Elle est à appréhender comme un spectacle
suspendu. Chaque image recèle une mémoire en soi, connue
de l’artiste seul : s’y côtoient des objets trouvés retenus pour
leur puissance suggestive, des références patrimoniales
qui ne cessent de l’inspirer et toutes sortes de souvenirs.
Ces clichés suggèrent, parallèlement à la brièveté de la
performance, un rapport au temps qui s’étire sur plusieurs
années, de la recherche des formes à la composition
des images, du choix de la technique à la prise
de vue effective.
Hommage personnel et transversal à l’Atlas
demeuré inachevé de l’historien d’art allemand Aby Warburg, Mnémosyne s’apparente à
une oeuvre d’art totale, à la fois installation,
performance et exposition, dont il reste pour
chacun une image, ultime, qui interroge à la
fois notre regard et notre mémoire :
qu’avons-nous vu ?
extrait du texte de Marylène Malbert d’après un entretien avec Josef Nadj club sandwich
jeu. 2 mai 12h30
visite guidée + pique-nique
inscription 03 89 36 28 28 apéro photo ven. 10 mai 19h15
visite guidée + apéritif
inscription 03 89 36 28 28