Highland Titles

Highland Titles

La réserve naturelle de Highland Titles à Glencoe Wood

Rendue possible grâce aux Lords et Ladies de Glencoe. Ouverte à tous.

À l’origine du projet
voir la vidéo

Highland Titles a été fondée en 2006 par le Dr Peter Bevis, membre de la Société zoologique de Londres, et par sa fille Laura. Ils ont commencé en vendant des parcelles de leurs terres familiales afin de financer la plantation de nouveaux arbres. La mission visait simplement à restaurer la terre dévastée par des siècles d’agriculture et de sylviculture commerciale.

L’idée a beaucoup plu et la société est vite devenue en mesure d’acheter un terrain plus vaste permettant d’augmenter l’étendue du projet. Aujourd’hui, Highland Titles possède et gère deux réserves naturelles dans les magnifiques highlands écossaises et ils remercient les milliers de sympathisants d’avoir rendu cela possible.

Ouverte en 2007, la première réserve naturelle Highland Titles est constituée de plusieurs milliers de parcelles soutenues par une communauté internationale de Lairds. Cette terre peut se visiter librement, avec ou sans achat d’une parcelle. Située proche du Glencoe historique,
la réserve est l’une des deux réserves de Highland Titles, une attraction touristique vedette 4 étoiles bien établie.

Toute personne qui achète une parcelle Highland Titles devient Laird, Lord ou Lady of Glencoe, même pour l’achat d’une parcelle d’1 pied carré.
Devenir un Laird, Lord ou Lady est plus intéressant qu’il n’y parait car
avec le titre stylisé vient le style de vie.
Le titre de courtoisie ne doit pas être confondu avec un titre de noblesse, lequel est conféré par la Reine sur l’avis de ses ministres.
« Laird » n’a jamais été et ne sera jamais un titre de noblesse.

 

La réserve naturelle de Mountain View
Seconde réserve de Highland Titles, rendue possible grâce au soutien permanent des lairds.
La réserve de Mountain View, ouverte par Highland Titles en 2014, qui abrite aussi Bumblebee Haven, surplombe le majestueux Loch Loyne.
Connu par les pêcheurs comme l’un des meilleurs lacs à brochets des Highlands, les lairds bénéficient du privilège d’explorer la région et de pêcher dans le loch dès lors qu’ils viennent en visite.

Les Lairds, Lords et Ladies ayant acquis le droit de propriété des parcelles dans ce domaine (les parcelles de plus d’1 pied carré se situent à MountainView) peuvent choisir de se faire appeler Laird, Lord ou Lady de Lochaber, nom de la région où se trouve Mountain View.
vidéo ici

MIROIRS, reflets de l’être humain

La déesse du Soleil Amaterasu sortant de la grotte
Kazu Huggler (née en 1969) 2019 Installation

Jusqu’au 22 septembre 2019 au musée Rietberg de Zurich
commissaire, Albert Lutz, directeur du Musée depuis 1998

« Miroirs, personne, jamais encore, n’a décrit sciemment ce que
vous êtes dans votre essence » Rilke, Sonnets à Orphée, II , 3.

Musée Rietberg exposition Miroirs

Intitulée Eternity now,  œuvre de la plasticienne helvète Sylvie Fleury,
est un immense rétroviseur posé sur la pelouse qui permet une saisissante vision de la Villa Wesendonck et de son parc, où est installé le Museum Rietberg, qui débute l’exposition à l’extérieur.

L’exposition commence à l’intérieur,  inévitablement par le mythe antique de Narcisse. L’histoire de ce jeune homme qui tombe amoureux de son reflet dans l’eau, mais qui, prenant conscience que cet amour est vain et dépérissant de jour en jour, finit par mourir de désespoir, a enflammé l’imagination des créateurs pendant des siècles: le mythe de Narcisse est un thème récurrent dans la littérature, la philosophie, l’art et la psychologie, à chaque fois qu’il est question d’un amour immodéré de sa propre personne, de la vie et de la mort et de l’estime de soi.                           
marbre de John Gibson

« De quoi ai-je l’air aujourd’hui? Qu’est-ce que me dit mon visage? »

Jour après jour, le miroir est l’instance qui nous permet de vérifier
notre aspect et de capter notre état d’âme. Il nous accompagne
durant toute notre vie, et nous entretenons avec lui une relation
intime, même si elle est parfois machinale et distanciée, aimée ou
haïe.
Mais au fait, que savons-nous de lui, de son histoire et de son
utilisation, et que raconte le miroir sur nous-même?

Orphée, Tokyo Rumando

Cette exposition est la plus vaste jamais présentée sur l’histoire
culturelle du miroir, qui s’étend sur plusieurs millénaires.
Que ce soit dans l’Egypte ancienne, chez les Mayas du Mexique,
au Japon ou en Italie, plus précisément à Venise, mais aussi dans
l’art et les films actuels – d’un bout à l’autre de la planète,
des miroirs ont été fabriqués dans toutes sortes de civilisations
et se sont vus attribuer des significations et des pouvoirs particuliers.

A l’aide de 220 oeuvres d’art provenant de 95 musées et collections du monde entier, l’exposition met en lumière l’évolution artisanale et technologique mouvementée ainsi que la portée culturelle et sociale de cet intermédiaire qui nous renvoie notre propre reflet. Il est question du miroir en tant qu’artefact, mais aussi de connaissance de soi, d’orgueil et de sagesse, de beauté, de mystique et de magie, ainsi que du miroir de notre époque – le « #selfie ».

Florence Henri
Sur le net, sous tous les hashtags possibles, on peut voir des millions de selfies pris à bout de bras. Si l’on saisit « miroir et selfie » dans un moteur de recherche, on se retrouve en face de photos de femmes et d’hommes qui prennent la pose dans le lieu le plus intime de leur vie privée, la salle de bains, et divulguent ces images dans le monde entier sous le mot-dièse #bathroomselfie.

Sur la voie de la connaissance de soi
Les nouveau-nés et les nourrissons s’intéressent déjà très tôt aux visages. Le visage de la mère, sa première personne de référence, est pour l’enfant son « premier miroir ». Tous deux s’imitent mutuellement, chacun reflétant les traits du visage et les émotions de l’autre. Dans un premier temps, les tout-petits interagissent avec leur reflet comme ils le feraient avec un vis-à-vis « inconnu ». Ce n’est qu’à peu près à l’âge de 18 mois que les enfants se reconnaissent eux-mêmes dans le miroir. Peu à peu, ils développent également la faculté de prise de conscience de soi en tant qu’objet et de réflexion à ce sujet.
Le philosophe grec Socrate ne recommandait-il pas à ses élèves de se regarder dans un miroir pour méditer sur la beauté et la fugacité et cultiver leur propre âme…

 Michelangelo Pistoletto, L’Etrusco.

CHANGEMENT D’IDENTITÉ
Je est un autre
Dans la célèbre formule d’Arthur Rimbaud – Je est un autre –,
le poète se considère comme un voyant, qui se transcende
lui-même et qui, s’affranchissant de sa propre personnalité,
devient un autre, et pénètre ainsi dans les domaines inconnus
de l’imagination.
.Miroir-lièvre (Hasenspiegel)
Cette oeuvre de Markus Raetz se réfère à une action de l’artiste
allemand Joseph Beuys réalisée en 1965 et intitulée:
Wie man dem toten Hasen die Bilder erklärt
(«Comment expliquer la peinture à un lièvre mort»).
La silhouette du lièvre réalisée en fil de fer reflétée dans le miroir
devient celle de quelqu’un d’autre – le profil de Joseph Beuys.

Marianne Brandt

L’exposition montre des oeuvres de vingt artistes, dont des photographes, provenant de quatre continents, sur le thème de l’« autoportrait » – des années 1920 à aujourd’hui. Cette série comprend des photographies de Claude Cahun et de Florence Henri, de Cindy Sherman et Nan Goldin, jusqu’à Amalia Ulman et Zanele Muholi, des vidéos de Bill Viola, d’Albert Lutz.  Des extraits de films – des monologues d’hommes se parlant devant le miroir ou des cowboys tirant dans un miroir – constituent un programme contrasté à la fois savoureux et qui mérite réflexion.

Zanele Muholi

de Niro

Ce tour du monde à travers l’histoire du miroir auquel nous invite l’exposition commence par un miroir en bronze égyptien du XIXe s. av. J.-C., que, selon l’inscription, un père avait fait fabriquer pour sa fille
« afin qu’elle puisse y regarder son visage ». Elle nous conduit en Grèce et en Italie, plus précisément à Rome, chez les Etrusques, les Celtes, puis en Asie, en Iran, en Inde, en Chine et au Japon. Des pièces singulières provenant du Museo Nacional de Antropología de Mexico laissent deviner le pouvoir numineux des miroirs chez les Mayas et les Aztèques. Quant aux miroirs grecs, romains ou étrusques, leur revers est orné de représentations artistiques de femmes se baignant ou se coiffant. L’exposition montre à ce sujet des chefs-d’oeuvre du Louvre, à Paris, et du Metropolitan Museum de New York.

Miroirs Rietberg

Magie et mysticisme
Le miroir peut aussi être obscur et mystérieux. Dans de nombreux
genres cinématographiques, les metteurs en scène ont recours à
des miroirs pour annoncer l’avenir ou dévoiler le passé; parfois,
la mort rôde derrière le miroir, il rend visible l’invisible. L’art du surréalisme, de Salvador Dali à Paul Delvaux, utilise le miroir pour
suggérer des phénomènes insondables, incompréhensibles ou
secrets.
L’exposition présente aussi un incroyable costume de chaman,
le plus vieil exemple au monde, provenant de Sibérie auquel
sont suspendus des miroirs en laiton. Le parcours se termin
avec l’histoire d’Alice traversant le miroir, illustrée par une
oeuvre majeure de Michelangelo Pistoletto.(ci-dessus)

Paul Delvaux, Femme au Miroir 1936

Interaction
Des extraits de certaines des scènes les plus célèbres de l’histoire
du cinéma où le miroir joue un rôle sont présentés dans une vaste
projection : l’entrée dans le monde des Enfers, tirée du film
Orphée de Jean Cocteau, le final grandiose de La Dame de Shanghai
d’Orson Welles, la scène du peep-show de Paris Texas de Wim Wenders
ou quelques autres tirées de In the Mood for Love; de Wong Kar-Wai.

Le narcisse suisse clôture l’exposition que l’on quitte avec regret, tant elle
est intelligente, riche en découvertes.

Narcisse suisse, Paul Camenisch 1944

Musée Rietberg
Les arts du monde à Zurich
Gablerstrasse 15
8002 Zurich
Suisse

Horaires
Lundi fermé
Mardi jeudi vendredi samedi dimanche 10–17h
Mercredi 10–20h

Accès tram 7 depuis gare CFF, arrêt Musée Rietberg
direction de «Wollishofen»

Une ombre au tableau, du XVIe au XXIe siècle

John Martin, la création de la lumière

Jusqu’au 27 OCTOBRE 2019 à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne
Commissariat
Victor I. Stoichita, professeur ordinaire en histoire de l’art des temps modernes à l’Université de Fribourg
Sylvie Wuhrmann, directrice de la Fondation de l’Hermitage
Aurélie Couvreur, conservatrice de la Fondation de l’Hermitage

attribué à Wolfgang Heimbach cp

Après le succès de l’exposition Fenêtres, de la Renaissance à nos jours. Dürer, Monet, Magritte… en 2013,
la Fondation de l’Hermitage à Lausanne poursuit son exploration des grands thèmes de l’iconographie occidentale, et propose au public de découvrir les multiples facettes artistiques de l’ombre. Avec une
sélection inédite de près de 140 oeuvres, l’exposition Ombres, de la Renaissance à nos jours offre un parcours à travers 500 ans d’histoire
de l’art, et convoque des formes artistiques très variées, allant de la
peinture à l’installation, en passant par la sculpture, l’estampe,
le dessin, le découpage, la photographie ou encore la vidéo.

vue de l’entrée de la Fondation de l’Hermitage, avec les ombres portées.

L’exposition se déploie en 16 thèmes. Pour certaines oeuvres connues ou encore d’autres d’auteurs moins connus, l’exposition  rend attentif aux détails, que l’on regarde souvent rapidement  sans les voir.

L’ombre naît de la lumière, ou plus précisément de l’absence de lumière,
et elle se définit comme suit :
« Diminution plus ou moins importante de l’intensité lumineuse dans une zone soustraite au rayonnement direct par l’interposition d’une masse opaque ».
En d’autres termes, lorsqu’un objet opaque est mis devant un rayon lumineux, l’ombre proprement dite (ou ombre propre) est la zone de l’objet qui ne reçoit pas de lumière. Mais l’ombre a ses variations.  La première
d’entre elles est l’ombre portée, c’est-à-dire l’ombre projetée par un corps éclairé sur une surface. La pénombre est la zone partiellement éclairée qui entoure l’ombre propre ou l’ombre portée, lorsque l’objet est
éclairé par une source lumineuse étendue.

Sol LeWitt
Une sphère éclairée par le haut, les quatre côtés, et toutes leurs combinaisons

Depuis l’Antiquité, il se raconte que l’ombre est au coeur de l’invention de la peinture, du dessin et même du modelage en bas-relief. Ainsi Pline l’Ancien
explique-t-il qu’une jeune femme corinthienne, Dibutade,  dessina les contours de l’ombre de son bien-aimé qui se projetait sur un mur, pour en garder une image avant qu’ils ne soient séparés (Histoire naturelle, XXXV, 15 et 151). Ce récit mettant en scène une jeune femme inventrice d’un art et un jeune homme lui servant de modèle, montre le rôle central de l’ombre dans la conception artistique occidentale.

Joseph-Benoît Suvée, L’origine du dessin, 1776-1791 huile sur toile, 49 x 34 cm
Musée Groeninge, Bruges

Les couleurs de l’ombre
Si l’ombre est, dans l’imaginaire occidental, associée à la couleur grise,
il n’en va pas de même dans la nature. Comme le note le théoricien
de l’art Leon Battista Alberti dès 1435,
« les rayons réfléchis s’imprègnent de la couleur qu’ils
trouvent sur la surface par laquelle ils sont réfléchis »
.
En d’autres termes, la couleur de l’ombre offre une infinité de teintes et
de nuances, qui dépendent des sources de la lumière et des
surfaces que celle-ci atteint, directement ou indirectement.

Maximilien Luce

Le parcours traverse les siècles et les thèmes, associant de manière inédite des chefs-d’oeuvre de l’art occidental qui témoignent de l’intérêt continu des artistes pour ce thème, que ce soit dans l’autoportrait (Rembrandt, Eugène Delacroix), les recherches sur la perspective (Baccio Bandinelli, Pieter de Hooch), le travail sur le clair-obscur (Luca Cambiaso, Jacob Jordaens, Joseph Wright of Derby) ou la dramatisation des paysages chez les
romantiques (Caspar David Friedrich, Carl Gustav Carus, Wilhelm Bendz). L’exposition fait également la part belle aux ombres impressionnistes (Claude Monet) et post-impressionnistes (Henri-Edmond Cross, Joaquín
Sorolla y Bastida), qui témoignent de l’apparition de la lumière artificielle et des recherches sur la théorie des couleurs au XIXe siècle.

Claude Monet
Londres, le Parlement, reflets sur la Tamise, 1905
huile sur toile, 81,5 x 92 cm
Musée Marmottan Monet, Paris

Au tournant du XXe siècle, contre-jours tranchants et ombres puissantes jouent un rôle déterminant dans la quête d’un langage formel synthétique et novateur (Félix Vallotton, Hans Emmenegger).
Parmi les points forts de l’exposition figure une section confrontant les ombres inquiétantes et paradoxales des artistes symbolistes (William Degouve de Nuncques, Léon Spilliaert), expressionnistes (Edvard Munch),
surréalistes (Salvador Dalí, René Magritte, Max Ernst) et de la Nouvelle Objectivité (Christian Schad, Niklaus Stoecklin).

Hans Emmenegger

Les usages de l’ombre dans la création moderne et contemporaine sont, quant à eux, déclinés à travers des oeuvres emblématiques de
Pablo Picasso, Andy Warhol, Christian Boltanski ou encore Joseph
Kosuth, tandis que les artistes vidéo (Vito Acconci, Jean Otth, Thomas Maisonnasse) réinterprètent les grands mythes des origines qui,
de Platon à Pline, relient l’ombre, l’art et la connaissance.

Boltanski, le théâtre d’ombres

En contrepoint, une importante section photographique rassemblant notamment des images saisissantes d’Edward Steichen, Man Ray, Lee
Friedlander et Wolfgang Tillmans, montre que ce thème suit la photographie comme son ombre…

Thomas Ruff

Fondation de l’Hermitage
Route du Signal 2 Lise Schaeren Decollogny
CH – 1018 Lausanne Responsable Communication
www.fondation-hermitage.ch
+41 (0)21 320 50 01

Catalogue
L’exposition est accompagnée d’un ouvrage richement illustré, contenant un avant-propos de Sylvie Wuhrmann
et Aurélie Couvreur et des essais de Marco Costantini, Corinne Currat, Michel Hilaire, Dominique Hoeltschi,
Patrizia Lombardo, Dominique Païni, Michel Pastoureau, Didier Semin, Victor Stoichita, publié en co-édition avec
La Bibliothèque des Arts, Lausanne.

Horaires
Mardi à dimanche de 10h à 18h
Jeudi de 10h à 21h
Lundi fermé

Accès
Depuis la gare
•Prendre le M2 direction « Croisettes », descendre à l’arrêt
« Bessières » puis prendre le bus no 16, direction « Grand-Vennes ». Descendre à l’arrêt « Hermitage »

Depuis le centre ville (Place Saint-François)
•Prendre le bus no 16, direction « Grand-Vennes ».
Descendre à l’arrêt « Hermitage »
Info trafic des Transports publics de la région lausannoise TL

 

Le modèle noir de Géricault à Matisse

Jean-Léon Gérôme (1824-1904)
Etude d’après un modèle féminin pour
« A vendre, esclaves au Caire »
Vers 1872

Au Musée d’Orsay jusqu’au 21 juillet 2019

L’exposition présente un peu plus de 300 oeuvres dont 73 peintures, 81 photos, 17 sculptures, 60 oeuvres arts graphiques, 70 documents (livres, revues, affiches, documents, lettres…) et 1 photographie d’artiste projetée
sur cimaise, avec incrustations de feuilles d’or.

De la Révolution française à l’abolition de l’esclavage en 1848, de la révolte des esclaves de Saint-Domingue en 1791 à l’apparition de la négritude dans les années 1930, ce presque siècle et demi est le témoin privilégié des tensions, luttes et débats qu’occasionne la naissance de la modernité démocratique, et dont le monde des images s’est chargé, et nourri. Lentement il voit s’affirmer, en dépit de toutes sortes de réticences et d’obstacles, une iconographie, et même une identité noires.

Manet, Jeanne Duval

Portée par trois moments forts – le temps de l’abolition de l’esclavage (1794-1848), le temps de la Nouvelle peinture (Manet, Bazille, Degas, Cézanne) et le temps des premières avant-gardes du XXe siècle – cette exposition propose un nouveau regard sur un sujet trop longtemps négligé : la contribution importante de personnes et de personnalités noires à l’histoire des arts. Répartie en 12 sections.

Frédéric Bazille, Femme aux pivoines

Le choix d’un titre au singulier, malgré la diversité des représentations, cherche à souligner les différentes significations du terme « modèle« , qui peut aussi bien se comprendre comme « modèle d’artiste » que comme figure exemplaire. Femmes et hommes dits de couleur, ils sont nombreux à avoir croisé la trajectoire des artistes et à avoir tissé des relations avec eux. Qui sont-ils, ces grands oubliés du récit de la modernité ? Autant de personnes auxquelles les commissaires ont tenté de redonner un nom, une histoire, et une visibilité.

Du stéréotype à l’individu, de la méconnaissance à la reconnaissance, cette exposition essaie de retracer ce long processus, et tente de mettre en lumière l’un des plus grands non-vus et non-dits de l’histoire de l’art, révélant à nouveau cette discipline comme miroir des idées et des sensibilités, et affirmant ainsi les liens de continuité profonds qui unissent le XIXe siècle au XXe siècle, jusqu’à notre époque.

Nouveaux regards

Plus de cinquante ans séparent la première abolition de l’esclavage dans les colonies françaises de la seconde, proclamée en avril 1848 par la Deuxième République naissante.

Le 4 février 1794, un premier décret d’abolition, doublement révolutionnaire, accorde aux affranchis sans distinction de couleur la pleine citoyenneté française. Pour la France de l’an II, il s’agit d’acter la révolte victorieuse des esclaves de l’île de Saint-Domingue en 1791, menés par Toussaint Louverture, et de rallier à la République l’île menacée par les flottes étrangères.

Dès 1802 cependant, Napoléon Ier rétablit l’esclavage. Mais les troupes qu’il envoie à Saint-Domingue se heurtent à une résistance tenace : le 1er janvier 1804, l’île indépendante devient la République d’Haïti, « première nation noire » dira Aimé Césaire.

Marie Guillemine Benoist Portrait de Madeleine
© RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) / Gérard Blot

Le point de rupture historique que constitue la Révolution française permet ainsi l’émergence de portraits d’individus noirs émancipés, parmi lesquels les célèbres Jean-Baptiste Belley par Anne-Louis Girodet et Madeleine par Marie-Guillemine Benoist.
Si ces oeuvres occupent l’espace artistique créé par la révolution politique et sociale contemporaine, elles témoignent néanmoins des ambiguïtés propres à leur temps : ainsi le livret du Salon de 1800 qui accompagne le Portrait de Madeleine ne dévoile-t-il ni l’état domestique, ni le prénom du modèle, ni clairement les intentions de l’artiste, qui font encore débat aujourd’hui.

Géricault et la présence noire

Théodore Géricault Etude d’homme, d’après le modèle Joseph
© Photo Courtesy The J. Paul Getty Museum, Los Angeles

Théodore Géricault (1791-1824) est adolescent lorsque Napoléon Ier, qui souhaite reconstruire un puissant empire français aux Amériques, fait rétablir l’esclavage dans les Caraïbes. La législation particulièrement restrictive qui accompagne ce rétablissement (interdiction des mariages interraciaux, interdiction d’accès à la métropole pour les Noirs des colonies…) explique le regain du mouvement abolitionniste, auquel participe Géricault. Ce dernier met sa fougue romantique au service de cette cause, multipliant les représentations énergiques ou doloristes des Noirs.

Sa correspondance ne dit rien des femmes et hommes de couleur qu’il fit poser, mais nous savons qu’il eut recours au célèbre modèle Joseph, originaire d’Haïti, aussi représenté par Théodore Chassériau. Pour son oeuvre iconique, Le Radeau de la Méduse, Joseph incarne le marin torse nu, agitant au sommet du tonneau le foulard du dernier espoir collectif.

Le tableau, qui relate la funeste expédition coloniale de la frégate La Méduse à l’été 1816, au large des côtes de l’actuelle Mauritanie, a connu plusieurs étapes.
Si la première esquisse frappe par l’absence de tout Noir, la composition finale en compte trois, soit deux de plus que ce que l’Histoire nous rapporte. En multipliant les figures noires dans son tableau, Géricault résume ainsi son combat fraternitaire, et dote la cause abolitionniste d’un symbole décisif.

Jean Baptiste Carpeaux

L’art contre l’esclavage

Le 29 mars 1815, Napoléon Ier abolit la traite négrière, décision qui sera confirmée par Louis XVIII, quelques années plus tard. Malgré la pression accrue des abolitionnistes, le système esclavagiste, lui, perdure ; les gouvernements successifs de la Restauration et de la monarchie de Juillet se contentant de le réformer.

Du côté des peintres, le ton se durcit. La Traite des noirs de François-Auguste Biard fait sensation au Salon de 1835. D’autres osent dénoncer ce qu’endurent les victimes d’un système inhumain. C’est le cas de Marcel Verdier, élève d’Ingres, qui, en 1843, se voit refuser au Salon son Châtiment des quatre piquets.

François-Auguste Biard

Il faut attendre le 27 avril 1848 pour que la Deuxième République naissante abolisse l’esclavage dans les colonies françaises. Biard est chargé de célébrer cette mesure symbolique : Noirs et Blancs sont rassemblés dans un tableau où la liesse des affranchis, les chaînes brisées et le drapeau tricolore célèbrent avec emphase l’unité fraternelle du nouvel ordre républicain.
L’immense toile de Biard fait ainsi écho aux thèses antiesclavagistes de Victor Schoelcher. C’est aussi à partir du Salon de 1848 que le sculpteur Charles Cordier inventorie la famille humaine dans son unité et sa singulière diversité.

Métissages littéraires
Le métissage, thème central du Romantisme français, s’incarne dans deux figures clés de l’époque : Alexandre Dumas et Jeanne Duval. L’auteur du Comte de Monte-Cristo, petit-fils de Marie-Césette Dumas, esclave affranchie de Saint-Domingue, est l’objet de très nombreuses caricatures plus ou moins bienveillantes sur ses origines. Le romancier lui-même aborde franchement le thème de l’esclavage dans Le Capitaine Pamphile (1839).


Baudelaire, Jeanne Duval
Henri Matisse

Probablement née en Haïti vers 1827, l’actrice Jeanne Duval devient,
à 15 ans, la maîtresse et la muse de Baudelaire.
Figure idéale de la dualité des êtres et des amours, elle traverse l’oeuvre dessinée du poète, et s’est glissée très tôt parmi les poèmes exotiques des Fleurs du mal, les préférés probablement de Manet, et certainement de Matisse.

Le photographe Nadar rapprochera, après 1850, les mondes de Dumas et Baudelaire. S’il n’a pas photographié Jeanne Duval, il l’a décrite, de même que Théodore de Banville qui évoque, dans ses Souvenirs, « une fille de couleur, d’une très haute taille, qui portait bien sa brune tête ingénue et superbe, couronnée d’une chevelure violemment crespelée, et dont la démarche de reine, pleine d’une grâce farouche, avait quelque chose a` la fois de divin et de bestial ».

Dans l’atelier
C’est au sein de la petite population noire installée en France au XIXe siècle que les artistes ont vraisemblablement recruté des modèles qui pouvaient poser occasionnellement pour eux. Les études d’atelier constituent des témoignages incomparables de la présence des Noirs à Paris, dont l’activité est alors essentiellement concentrée dans les secteurs de la domesticité et de l’artisanat.
Faute de recensement, les chercheurs ne  disposent que de quelques sources permettant d’associer un prénom ou un surnom à un visage. Rares sont les moyens permettant de rendre leur identité aux différents modèles qui posaient pour les artistes. De précieuses archives provenant de l’Ecole des beaux-arts révèlent pour certains d’entre eux leur âge, leur adresse, et parfois leur pays d’origine.
Les études peintes montrant ces femmes et ces hommes dans des ateliers d’artistes, à la manière de portraits intimistes et individualisés, contrastent avec les tableaux de Salon dans lesquels perdure l’ambivalence des stéréotypes associés aux personnages noirs.
Si ces représentations sont autant de traces des relations qui pouvaient exister entre des artistes et des modèles, elles témoignent également de recherches plastiques qui contribuent à l’élaboration d’un nouvel univers esthétique.

Autour d’Olympia
A l’exception de quelques caricatures violentes, la figure de la servante noire est passée relativement inaperçue dans le scandale provoqué par la présentation d’Olympia de Manet au Salon de 1865, les critiques se concentrant essentiellement sur le sujet du tableau, jugé vulgaire, et sur l’absence d’idéalisation du nu féminin.

Cette « invisibilité » de la femme noire révèle la part conventionnelle de la représentation (attitude déférente, bouquet de fleurs à la main) qui s’inscrit également dans une longue tradition orientaliste, laquelle joue sur les contrastes et la tension érotique provoquée par les rapprochements des corps noirs et des corps blancs. Cependant, Manet effectue un déplacement radical en choisissant de représenter non pas une scène de toilette fantasmée dans un ailleurs exotique mais une scène de prostitution dans le Paris contemporain. La présence d’une domestique noire – qui renvoie à un imaginaire aristocratique et colonial – peut être lue comme un indicateur du statut social élevé de la courtisane et vient renforcer le pouvoir subversif du tableau.

 

Edouard Manet, Olympia

Admirateur de Manet, Bazille opère un singulier mélange entre le Paris moderne et un Orient lointain dans La Toilette qui est refusée au Salon de 1870. Dans sa Moderne Olympia qu’il présente à la première exposition impressionniste, Cézanne montre quant à lui l’envers du décor du tableau de Manet en introduisant la présence du client et en donnant un rôle actif et théâtral à la servante.

En scène

La présence de personnalités noires dans les milieux du spectacle et du cirque est notable dès le début du XIXe siècle. Parmi eux, on compte un certain nombre d’artistes originaires des Etats-Unis ou de la Caraïbe. C’est ainsi que Joseph, natif de Saint-Domingue a été repéré par Géricault au sein d’une troupe d’acrobates à Paris, ou que la musicienne havanaise Maria Martinez, le comédien shakespearien Ira Aldridge et le pianiste virtuose Blind Tom, tous deux américains, ont cherché en France et ailleurs en Europe la possibilité de faire carrière.

Cet attrait exercé par la scène parisienne pour les Noirs nés de l’autre côté de l’Atlantique est vif à la fin du XIXe siècle, notamment dans le domaine du cirque. Des affiches et des articles de presse témoignent de la célébrité des Américains Delmonico, intrépide dompteur de fauves, et Miss La La, acrobate aérienne dont la puissance extraordinaire des exercices de force inspire à Degas un tableau au cadrage non moins stupéfiant. C’est un registre autre que celui de la performance physique sensationnelle qu’explore le clown Rafael, originaire de La Havane. Sous le surnom de Chocolat, il joue le rôle de l’auguste aux côtés de Footit, clown blanc et tyrannique. Le duo inspire plusieurs oeuvres à Toulouse-Lautrec, mais aussi des publicités, des jouets, des marionnettes… Il est filmé par les frères Lumière en vue de l’Exposition Universelle de 1900.

 

Miss Lala, Henri de Toulouse Lautrec
Cézanne, une moderne Olympia

La « Force noire »

La Première Guerre mondiale mobilise de nombreux soldats noirs. Dès l’automne 1914, les tirailleurs sénégalais, corps d’armée issu des troupes coloniales, prennent part au conflit. Après une période d’adaptation, ils participent à la plupart des grandes offensives, dont la bataille de Verdun et celle du Chemin des Dames.

A l’inverse de l’Allemagne qui les figure en combattants cannibales employés de façon déloyale par l’ennemi, la France s’éloigne de l’iconographie coloniale du Sauvage et s’efforce d’en diffuser une image de soldat loyal et courageux, qui donne lieu au célèbre personnage rieur des publicités Banania, dénoncé dans les années 1930 par les militants de la Négritude.

A partir de l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917, des contingents de soldats noirs-américains rejoignent les tranchées apportant avec eux une musique nouvelle, le jazz. En 1918, le fameux orchestre du régiment des « Harlem Hellfighters » dirigé par James Reese Europe électrise les foules. Cette présence nouvelle d’une communauté noire transforme le Paris des années 1920, perçu comme un refuge cosmopolite pour ceux qui fuient la ségrégation raciale.
Le monde du spectacle est revivifié par des artistes venant des Etats-Unis ou des Antilles – la danseuse Joséphine Baker étant la plus célèbre. Plusieurs lieux, films ou revues célèbrent les performances des artistes noirs.

Joséphine Baker

Voix et contre-voix de l’Empire colonial

Alors que la conquête coloniale est célébrée à travers les expositions universelles et les décors de villages indigènes reconstitués, le rapport au « modèle noir » se transforme pourtant sensiblement au tournant du siècle. Un imaginaire de l’ailleurs se constitue à partir notamment du premier voyage de Gauguin en Martinique (1887) et des forêts tropicales oniriques du Douanier Rousseau.
Ces visions idylliques d’un paradis perdu, associées à la découverte par Derain, Picasso et Matisse de la statuaire africaine, dès les années 1906/07, donnent lieu à une stylisation nouvelle qui remet en cause le simple rapport mimétique au modèle.

Picasso remplace le visage d’une des cinq figures de ses Demoiselles d’Avignon par un masque Baoulé quand Matisse peint un Nu bleu radical. Cette altérité plastique acquiert, avec la génération suivante, une dimension politique. Le mouvement dada et surréaliste érige en modèle anti-occidental et anti-bourgeois un fantasme de l’Afrique, celui que livre la pièce loufoque et poétique de Raymond Roussel, Impressions d’Afrique ou qui se joue à travers des performances comme le combat entre Arthur Cravan et le champion de boxe noir américain, Jack Johnson.

La Négritude à Paris
Le Paris des années 1920 connaît une véritable vogue pour le jazz et les artistes noirs, dont les corps érotisés figurent dans nombre d’oeuvres Art Déco. Des égéries fugaces de la bohème parisienne – Aïcha Goblet ou Adrienne Fidelin – sont portraiturées. En 1919, la première Conférence panafricaine y est organisée par l’un des acteurs majeurs de la Harlem Renaissance, W.E.B. du Bois, posant les premiers jalons d’une revendication d’autodétermination des Noirs. A partir des années 30, en pleine hégémonie
coloniale et montée des périls fascistes, l’affirmation à Paris de la négritude est portée par la création en 1931 de la Revue du Monde noir et par les poètes Léon Gontran Damas, Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor qui fondent en 1935 la revue L’Etudiant noir. Michel Leiris et la revue Document de Bataille revendiquent, quant à eux, une approche ethnographique et sociologique des objets africains ; les surréalistes s’associent au Parti communiste pour organiser une contre-exposition face à la gigantesque
Exposition coloniale de 1931. Lors de sa traversée de l’Atlantique qui le mènera à New York, fuyant le régime de Vichy en 1941, André Breton, accompagné des peintres Wifredo Lam et André Masson,
découvre, fasciné, à Fort-de-France, le poème de Césaire, Cahier d’un retour au pays natal ; il écrit avec Masson un double hommage syncrétique, à la Martinique et au Douanier Rousseau :
Martinique, la charmeuse de serpents (1948).

Douanier Rousseau

Matisse à Harlem
Matisse entreprend en 1930 un long voyage à destination de Tahiti, en passant par les États-Unis. Il découvre pour la première fois New York, il est fasciné par les gratte-ciels, la lumière et les « musicals » de Harlem. Il découvre le quartier noir en pleine « Renaissance » alors que des intellectuels tels que Du Bois ou Alain Locke, des musiciens comme Louis Amstrong ou Billie Holiday, des photographes comme James Van Der Zee, défendent une culture noire moderne et urbaine. Nourri de jazz grâce aux disques que son fils, Pierre, galeriste newyorkais, lui rapporte, Matisse fréquente les clubs de Harlem, notamment le célèbre Connie’s Inn. Il rentre en France habité par la rythmique du jazz mêlée aux sensations colorées et végétales de Tahiti. Cette expérience forme le creuset de ses dernières oeuvres. Il travaille alors, à partir de plusieurs modèles métisses :
Elvire Van Hyfte, belgo-congolaise, qui personnifie
l’Asie dans un très beau tableau de 1946, Carmen Lahens, haïtienne, qui pose pour les dessins des Fleurs du mal de Baudelaire, évocation lointaine de la maîtresse du poète, Jeanne Duval ; ou encore Katherine
Dunham, la fondatrice des Ballets caraïbes à la fin des années 1940 et qui inspire au peintre un de ses derniers grands papiers découpés, Danseuse créole (1951). Autant de figures concises et graphiques – le dessin de Matisse s’apparentant à la ligne mélodique improvisée du jazz.

Henri Matisse

« J’aime Olympia en noire »
Olympia de Manet par sa complexité et sa puissance formelle est un jalon de l’art moderne, inspirant et déconstruit à l’envi – depuis les relectures de Cézanne ou la copie de Gauguin dès 1891, en passant par
les Odalisques de Matisse, jusqu’aux multiples réinterprétations de la Harlem Renaissance, du pop art et d’aujourd’hui.
La coprésence de la figure blanche et de la figure noire est au centre des relectures du tableau. Les jeux formels de la dualité chromatique, du contraste entre la position couchée et la position debout
interrogent les identités raciales, sociales et sexuelles des deux femmes, les rapports entre Occident et Afrique, et forgent de véritables dispositifs plastiques pour les artistes futurs.

Larry Rivers (1923-2002)
I Like Olympia in Black Face, 1970

Huile sur bois, toile plastifiée, plastique et plexiglas,

Posdcast France culture


Musée d’Orsay
1, rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris
Téléphone : 01 40 49 48 14
www.musee-orsay.fr
Transports
Bus : 24, 63, 68, 69, 73,83, 84, 94
Métro : ligne 12, station Solférino
RER : ligne C, station Musée d’Orsay
Jours et heures d’ouverture
Mardi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche de 9h30 à 18h
Jeudi de 9h30 à 21h45
Lundi : jour de fermeture

Sommaire du mois de juin 2019

Gregory Forstner, The Ship of Fools

La photo en exergue est issue de l’exposition de Gregory Forstner à la Fondation Fernet Branca
(billet à venir)
20 juin 2019 : Basim Magdy
17 juin 2019 : Elger Esser, MORGENLAND
13 juin 2019 : Art Basel 2019
10 juin 2019 : Céleste Boursier-Mougenot
08 juin 2019 : William Kentridge A Poem That Is Not Our Own
07 juin 2019 : Francisco de Goya de l’été 2020, Fondation Beyeler
05 juin 2019 : Rebecca Horn
01 juin 2019 : Helmut Federle

Basim Magdy

Un Paon et un Hippopotame se lancent dans un Débat Existentiel, une exposition monographique de Basim Magdy.
Jusqu’au 25 août 2019, à La Kunsthalle  de Mulhouse
commissaire : Sandrine Wymann

Le sujet du bac philo 2019
À quoi bon expliquer une œuvre d’art ?

A point nommé …
En un premier temps, je vais tenter de comprendre moi-même, à travers le texte de Sandrine Wymann

Un Paon et un Hippopotame se lancent dans un Débat Existentiel rassemble un ensemble de pièces inédites, des peintures, des photographies et des films. Les oeuvres colorées de Basim Magdy impriment nos rétines
durablement et nous forcent à considérer le monde tel qu’il nous entoure. L’artiste aborde des questions philosophiques majeures avec humour et dérision.

Attiré par les sciences, l’inexplicable, l’impressionnant, Basim Magdy reconnait par ailleurs un attrait pour la beauté des mots, la musicalité d’un son ou l’harmonie d’une gamme colorée. Artiste d’origine égyptienne, il a gardé de ses ancêtres le goût des grands projets. Que ce soit en peinture, en photographie ou en images filmées, Basim Magdy compose à partir de prélèvements du monde qu’il observe. Il extrait des images, il les façonne, les détourne comme un scientifique tente des expériences à partir du réel pour obtenir une réalité secondaire. Il obtient alors une nouvelle matière avec laquelle il questionne l’existentiel ou raconte une histoire plus personnelle.

Basim Magdy

D’entrée l’on est frappé, par la peinture, chose plus qu’inhabituelle à la Kunsthalle, avec ses murs impersonnels.
La peinture est majeure dans l’oeuvre de Basim Magdy. Qu’elle couvre
les murs ou soit oeuvre en soi, elle est une matière suffisamment
malléable pour se prêter aux expériences physiques qu’il mène.
Elle est d’abord couleur. La gamme colorée de Basim Magdy est vaste
et riche de fondus ou de juxtapositions. Il confronte largement les
tons, les rapproche pour les révéler et les mettre en dialogue avec ses
motifs narratifs.

Basim Magdy

La peinture est aussi repère. Basim Magdy introduit dans ses images,
qu’elles soient fixes ou animées, un principe de calques qui sont
autant d’étapes de sa recherche ou du développement de sa pensée.
En construisant ses peintures par des jeux de lignes et de repères,
il invite les spectateurs non pas à suivre le même processus mais à
s’emparer des interstices et y introduire leurs propres superpositions.
La peinture enfin est figuration. Les oeuvres peintes de Basim Magdy
ont une valeur narrative. Elles s’inscrivent dans un univers proche de
la science-fiction, l’homme y est souvent représenté dans une posture
de choix face à son futur. Il est en prise avec des espaces étranges, des
installations démesurées ou des situations incontrôlables qui relèvent
à la fois de l’imaginaire et du défi

L’exposition de Basim Magdy à La Kunsthalle Mulhouse prend
place entre deux films : 13 Règles Essentielles pour Comprendre le
Monde et New Acid. Entre les deux, l’artiste installe son monde qui
ne ressemble à aucun autre, dans lequel il brouille volontiers les
références et développe ses propres interrogations.
Tour à tour collectionneur, raconteur d’histoires et de fictions,
chercheur, manipulateur, chimiste, philosophe, Basim Magdy
accumule quantité de matières visuelles, d’objets et d’appareils en
tous genres. Il n’est pas un artiste reclus, plutôt un voyageur, un
observateur infatigable, un curieux de tout ce qui le relie à la vie. Il
faut imaginer dans son atelier des classeurs remplis d’images, des
étagères lourdes de pierres, de caméras et de divers instruments.
Ce ne sont pas des sujets en soi mais autant de ressources et de
matières pour formuler chacun de ses projets.

Basim Magdy

La  photographie est le medium qui relie directement
la pensée de Basim Magdy à la réalité du monde qu’il
arpente. Sur le mode de la collecte, il accumule des
images qui sont autant de matériaux dans lesquels il
puise au fur et à mesure de ses projets.
Les photographies grand format appartiennent à
une série avec laquelle il a expérimenté des procédés
chimiques.
Chaque image a subi une décoloration qui l’a tout à
la fois sublimée et altérée. C’est en réagissant à des
produits usuels, aussi ordinaires que du vinaigre, du
coca ou d’autres sodas que les images se sont transformées
et se sont révélées sous l’emprise de dominantes
colorées.
Chaque ensemble de la série Someone tried to lock
up Time est pensé comme une référence à une part
de l’Histoire méconnue, presque anecdotique que
les livres n’ont pas nécessairement choisi de retenir.
Sous forme de constellations, mettant en présence
un ensemble de photographies, Basim Magdy écrit
par l’image, parfois combinée aux mots, des poèmes
qui rendent hommage à des non-événements, à des
épisodes qu’il fixe pour leur beauté ou leur absence.

Basim Magdy

À la photographie, le film apporte l’animation que Basim Madgy utilise afin d’ouvrir davantage le champ de complexité des situations.
Il entremêle les récits, croise les images, superpose les techniques et obtient
des films qui se regardent comme des poèmes visuels.
Filmé en Super 8 puis transféré sur support numérique,
13 Essential Rules for Understanding the World,
se regarde comme un avant-propos à l’exposition.
En cinq minutes, l’artiste pose les fondements d’un travail
qui se déploie entre opinions fortes et absurdités.
Les images défilent lentement, une voix énonce en 13 points presque avec autorité, les règles à respecter si l’on veut s’accommoder du monde tel qu’il est. Sur une musique lente, peut-être inquiétante, ses recommandations se succèdent et fixent un ton entre humour et désillusion.

Basim Magdy

Pingpinpoolpong
À travers cette pièce, Basim Magdy réinvente le pingpong
et lui rajoute des niveaux de complexité. Aux règles traditionnelles,
chaque joueur peut introduire des obstacles qui viendront entraver
le jeu de l’adversaire. S’engage alors une partie dans laquelle
il faut accepter le hasard et l’échec, deux notions habituellement peu appréciées des joueurs.

L’artiste invite les visiteurs à poster sur Instagram des
photos, des vidéos, leurs règles ou nouvelles idées pour
le jeu avec le hashtag #dearbasim.

KUNSTDÉJEUNER
Vendredi 21 juin → 12:15-13:45
Visite suivie d’un déjeuner tiré du sac.
Gratuit, sur inscription
VISITE GUIDÉE
Dimanche 23 juin → 16:00
Entrée libre

KUNSTAPÉRO
Jeudi 4 juillet → 18:30 – 20:30
Des oeuvres et des vins à découvrir.
En partenariat avec Mulhouse Art Contemporain
et la Fédération Culturelle des Vins de France
Sur réservation, 5 € / personne

RENDEZ -VOUS TENNIS DE
TABLE – PERDU C’EST GAGNÉ !

Dimanche 30 juin  de 16:00 – 18:00
Venez pratiquer le tennis de table artistique ! L’oeuvre interactive Pingpinpoolpong est une drôle de table de jeu qui invite à célébrer l’échec et à embrasser le hasard. Ce rendez-vous sera une opportunité offerte
aux joueurs d’activer une pièce qui ne manque ni d’humour, ni de philosophie. Le public est bienvenu pour encourager les joueurs ! En rebondissant sur les valeurs de l’olympisme – excellence, amitié et respect
– ce rendez-vous réunira sur le terrain jeu et valeurs humaines.
En partenariat avec l’association Mulhouse Tennis de Table
Gratuit, sur inscription pour les joueurs (tout public initié à partir de 6 ans), entrée libre pour les spectateurs.

Pour la visite, munissez-vous de la brochure explicative, car à
La Kunsthalle, nom à consonance germanique, les cartels et
certains textes sont « in english », si vous n’avez pas fait anglais
en 1e ou 2 langue, ou téléchargé un traducteur sur votre smartphone,
vous êtes largué.

Horaires d’ouverture
Entrée libre
Du mercredi au jeudi → 12:00 – 18:00
Samedi et dimanche → 14:00 – 18:00
La Kunsthalle Mulhouse Centre d’art contemporain
La Fonderie 16 rue de la Fonderie
68093 Mulhouse Cedex
Tél : + 33 (0)3 69 77 66 47
kunsthalle@mulhouse.fr
www.kunsthallemulhouse.com

Elger Esser, MORGENLAND

Les photographies d’Elger Esser sont visibles jusqu’au 29 SEPTEMBRE 2019 à la Fondation Fernet-Branca de St Louis

Elger Esser

Elger Esser est né le 11 mai 1967 à Stuttgart. D’origine franco-allemande, il a passé son enfance à Rome. Entre 1986 et 1991, Elger Esser retourne en Allemagne et débute sa carrière en tant que photographe publicitaire. Il poursuit ses études à la Kunstakadémie de Düsseldorf, où il étudie la photographie avec le célèbre couple d’artistes Bernd et Hilla Becher. Influencé par leur travail, c’est en délaissant le principe de quadrillage (caractéristique des travaux du couple Becher) et en s’appropriant la photographie de paysages que Elger Esser se démarque de leur enseignement.

Elger Esser

Elger Esser a élaboré une œuvre photographique à contre-courant de la tendance générale : il reste fidèle aux techniques prénumériques et s’inspire à la fois des pictorialistes et des photographes paysagistes européens. Avec sa chambre photographique, il sillonne de nombreux pays, répertoriant des paysages intemporels. Ses photos, témoignages entre histoire et mémoire, sont inspirées par les écrits de Proust, Flaubert ou Maupassant. Si l’artiste privilégie la vision de paysages vierges, il n’évacue pas pour autant radicalement de son travail la figure humaine ou sa trace architecturale dans l’environnement.

Elger Esser

Elger Esser est particulièrement connu pour ses grandes photographies de paysages méditatifs. Pour ces paysages, l’artiste utilise principalement la technique de longue pose, permettant ainsi d’effacer la délimitation entre la terre, l’air et l’eau. L’horizon revient succinctement dans les photographies d’Elger Esser, entrecroisant le ciel et la terre, ils sont alors indifférenciés par les jeux de lumières naturels. Ces paysages étendus à l’horizon, avec l’emploi des couleurs douces, témoignent d’un sentiment de calme profond de par la beauté naturelle qui y émane.

Elger Esser

Aujourd’hui, l’artiste photographe franco-allemand tient sa place à côté des grands. Son oeuvre est présente dans les plus grandes collections telles qu’au Guggenheim à New York et au Rijksmuseum à Amsterdam. Il a notamment eu de nombreuses expositions personnelles comme celles à la Galleria d’Arte à Bologne, au Kunstverein à Hagen et au Herzog Foundation à Bâle. De même que l’on peut le trouver dans les grandes galeries à Art Basel

Elger Esser

Morgenland [Terre du matin] – et non « Orient » et encore moins « Proche Orient ». « Morgenland » est un terme ancien devenu obsolète, mais dont on retient la substance poétique. La mythique « Terre du matin », hors de laquelle Luther fait venir les sages dans sa traduction de la Bible. La terre promise dans laquelle les voyageurs ont marché, la terre des possibles pour les peintres, écrivains et photographes au cours du 19ème siècle.

Elger Esser

Elger Esser a également été attiré « vers le matin » : en 2005 au Liban, en 2011 en Egypte et en 2015 en Israël. Les images qu’il a rapportées contiennent à la fois – la poésie du regard occidental et la réalité d’aujourd’hui. Plongé dans la lumière du sable coloré, caractéristique des photographies d’Elger Esser, de toute évidence sans fin, l’horizon s’étire au-dessus de la totalité de la surface de l’image. Divisé avec l’eau, l’air et en bandes côtières lointaines, qui souvent apparaissent comme des mirages. L’impression du temps est néanmoins trompant : chaque cliché est intitulé avec l’année et le nom du lieu de son origine.

Elger Esser

Ces noms sont en partie emprunts d’histoire, et en partie révélateurs de la situation politique de l’époque – un jeu esthétiquement fascinant de la déception du passé, du mythe, du présent et à la recherche des racines communes.
2016
Prix d’Oscar Schlemmer
Vie et travail à Düsseldorf, Allemagne

Fondation Fernet-Branca
2, rue du Ballon 68300 Saint-Louis
fondationfernet-branca.org
Horaires d’ouverture :
du mercredi au dimanche de 13h à 18h
 Accès : Aéroport Bâle/Mulhouse (à 5 minutes)
SNCF Autoroute A35
La Ville de Bâle est à 5 minutes de Saint-Louis.
 Arrêt de bus « Carrefour Central / Croisée des Lys »
(à 3 minutes du musée) – direction Bâle station « Schifflände »

Les ART LUNCH DE LA FFB seront présents tout l’été, toujours dans la formule « Pause déjeuner au musée ». Pour la mise en appétit, le directeur parcourt les œuvres exposées avec son public, puis ils choisissent ensemble une œuvre comme support de discussion, avant de passer à la table des hors-d’œuvre, pour ne pas partager que de l’art, mais aussi des fruits, des légumes de saisons et des petits plats faits maison.

Le premier ART LUNCH DE L’ÉTÉ a lieu ce VENDREDI 21 JUIN, autour de l’exposition MORGENLAND – ELGER ESSER.

*Tarif 20 euros / Le prix comprend : l’entrée de la fondation + la visite guidée + lunch

Art Basel 2019

Organisé pour la huitième et dernière année par Gianni Jetzer, conservateur spécial au musée Hirshhorn et au Jardin de sculptures de Washington, DC
Art Basel, dont le partenaire principal est UBS, a lieu à Messe Basel du
13 au 16 juin 2019.

photo Bertrand Alain Gillig

Alexandra Pirici, artiste roumaine, sélectionnée par Art Basel présente «Aggregate» (2017-2019), sur la Messeplatz, un salon environnement performatif , organisée par Cecilia Alemani

Unlimited, plate-forme unique d‘Art Basel pour les projets de grande envergure, offre aux galeries l’occasion de présenter des installations gigantesques, des sculptures monumentales, de vastes peintures murales, de vastes séries de photographies, des projections vidéo et des performances qui transcendent le stand traditionnel des foires d’art.
75 projets de grande envergure d’artistes de renom et émergents, notamment: Larry Bell, Huma Bhabha, Andrea Bowers, Jonathas de Andrade, VALIE EXPORT, Alicia Framis, Abdulnasser Gharem, Kiluanji Kia Henda, Kapwani Kiwanga, Daniel Knorr, Jannis Kounellis, Lawrence Lek, Zoe Leonard, Sarah Lucas, Kerry James Marshall, Rivane Neuenschwander, Hélio Oiticica, Jacolby Satterwhite, Joan Semmel, Do Ho Suh, Fiona Tan, Franz West et Pae White

Quelques sélections :

Laurent Grasso, Otto

OttO, de Laurent Grasso, artiste alsacien.
Tourné en 2017 dans le désert australien, avec son équipe il a filmé des sites sacrés avec des drones et des caméras thermiques et hyperspectrales. Des machines ultra-perfectionnées qui permettent de restituer le rayonnement électromagnétique de ces terres. L’idée était de « visualiser la force des lieux, de mettre en relation des outils scientifiques qui permettent d’augmenter la vision et des lieux énigmatiques » , explique l’artiste. (l’Alsace 13/6/19)
Des sphères parcourent ces espaces dans un mouvement lent et hypnotique. « Elles représentent l’énergie des lieux, la part invisible. Mais je ne veux pas tomber dans des explications spirituelles. Je fais un travail de fiction, les sphères constituent un élément narratif du film. »
Le sentiment de survoler ces espaces donne presque le vertige, tant on
est happé et entraîné par les prises de vue.



Xu Zhen

Xu Zhen, propose des tables de jeu de casino dont le tapis est réalisé à la façon des mandalas de sable tibétains. Création, destruction ; argent et spiritualité… Une belle métaphore autour d’Art Basel

Duane Hanson Lunchbreack

Installation dans le registre de la reproduction mimétique. Seuls les expressions et la mise en situation révèlent une intention « artistique » les  personnages de Duane Hanson sont d’une tristesse accablante.

Alicia Framis LifeDress

Voir ici la vidéo du vernissage TV

En écho au mouvement #metoo sont exposés de nombreux travaux militants, comme LifeDress, signé par Alicia Framis (vidéo). L’Espagnole a revêtu des mannequins de robes fabriquées à partir d’airbags de voiture. Chaque vêtement est prévu pour protéger la personne contre une forme de harcèlement en gonflant de manière surréaliste autour de différentes parties du corps des femmes, dès que l’on approche d’elles.
Parmi les nombreuses œuvres historiques présentées, la vidéo 1983 de l’artiste autrichien VALIE EXPORT ‘Syntagma’ explore l’identité féminine en relation avec l’image du corps, tandis qu’Hélio Oiticica, artiste phare du tropicalisme brésilien, rentre à Bâle avec l’installation ‘Penetrável
L’installation de canapés de Franz West est la bienvenue pour prendre  une pause. Art Basel Unlimited atteint ses limites et les nôtres …

Les galeries
Gagosian, Zwirner, Hauser & Wirth, Lisson, Thaddaeus Ropac, les ténors du marché de l’art mondial occupent l’allée centrale de la foire.

Laure Prouvost

Laure Prouvost, représentante de la France à la biennale de Venise
2019
est présentée par la galerie Obadia, qui montre quelques pièces de choix.

Véronique Arnold, Galaxies 2019, broderies sur texile

La plasticienne Véronique Arnold est présente pour la deuxième année consécutive, dans la Galerie baloise Stampa, galerie où une exposition monographique « WE ARE THE UNIVERSE » lui est consacrée jusqu’au 31.08.2019
Stampa
Spalenberg 2, CH-4051 Basel

Douglas Gordon, Anish Kapoor, Bertrand Lavier

Chez Kamel Mennour, la qualité est encore au rendez-vous, avec François Morellet, Camille Henrot, Daniel Buren, Bertrand Lavier, Lee Ufan, Zao Wou-Ki.

Une application smartphone vous accompagne tout au long du parcours.
Rendez-vous est déjà donné pour 2020 du 18 au 21 juin,
50 ans en 2020 avec un projet curatorial autour de la notion de marché
voir ici la vidéo du vernissage TV

Bilan
L’édition 2019 d’Art Basel a attiré un public véritablement mondial, catalysant d’excellentes ventes à tous les niveaux.

• L’édition 2019 d’Art Basel a été clôturée le dimanche 16 juin 2019, alors que les ventes de magasins et d’institutions privées ont été soutenues par des galeries de tous les secteurs du marché.
• La foire a attiré des collectionneurs de plus de 80 pays et une fréquentation globale de 93 000 personnes.
• Art Basel a présenté «Aggregate» (2017-2019) d’Alexandra Pirici sur la Messeplatz avec beaucoup de succès
• Un nouveau système de tarification à échelle mobile a été introduit avec succès, offrant un support supplémentaire aux galeries de petite et moyenne taille

William Kentridge A Poem That Is Not Our Own

Jusqu’au 13 octobre 2019, Kunstmuseum Basel | Gegenwart
Commissaire : Josef Helfenstein
Assistance : Philipp Selzer, Eva Falge

William Kentridge

William Kentridge (né en 1955) compte parmi les figures majeures de l’art contemporain à l’échelle internationale. Depuis plus de trente ans, ce plasticien, réalisateur et metteur en scène associe dans son oeuvre protéiforme différents médias artistiques : film d’animation, dessin,
gravure, mise en scène théâtrale et sculpture.
Dans le cadre d’une exposition d’ensemble au Kunstmuseum Basel | Gegenwart, plusieurs oeuvres de l’artiste sud-africain sont visibles pour la
première fois sur le continent européen.
Élaborée en étroite collaboration avec l’artiste, l’exposition
A Poem That Is Not Our Own met en lumière les thèmes de la migration,
de l’exil et de la procession qui jalonnent son oeuvre aux côtés de dessins
et de films des années 1980 et 1990. Elle montre comment ces thématiques
présentes très tôt dans l’oeuvre dessiné de Kentridge y occupent une place grandissante au fil des années.

William Kentridge

Sa récente oeuvre performative The Head & The Load (2018) illustre bien cette progression.
Après une présentation inédite à la Tate Modern de Londres à l’été 2018,
elle sera visible au Kunstmuseum Basel sous forme d’une installation – une première en Europe. The Head & The Load aborde le rôle peu connu de l’Afrique durant la Première Guerre mondiale à travers une
procession d’un genre tout à fait singulier composée de projections de films, de jeux d’ombre et de silhouettes dansantes. Trois autres oeuvres présentes dans l’exposition explorent le thème
de la procession dans le travail de Kentridge :
les installations vidéo Shadow Procession (1999),
More Sweetly Play The Dance (2015) et Triumphs & Laments (2016) à laquelle est consacrée une salle où sont exposés, pour la première fois en Europe, des dessins et des gravures sur bois.

Kentridge

Conflits politiques et sociaux
Second temps fort de l’exposition, les conflits politiques et sociaux en Afrique du Sud et en Europe auxquels Kentridge porte un intérêt dès ses premiers films et dessins. Une salle d’exposition consacrée à l’abondant travail de Kentridge en tant que réalisateur et scénographe
présente un film documentaire aux côtés de décors scéniques de la pièce de théâtre Sophiatown (1986–1989).
Réunis pour la première fois en Europe, ces panneaux se distinguent
par leur grand format et leurs couleurs terreuses. Fruit d’une collaboration entre l’artiste et la Junction Avenue Theatre Company, cette pièce de théâtre traite de la démolition brutale de Sophiatown, haut lieu culturel de Johannesbourg, et du déplacement forcé de ses résidents entre 1955 et 1959.

Kentridge Sophiatown

Dans son oeuvre dessiné de jeunesse, Kentridge explore l’histoire souvent violente de l’Europe à partir d’une perspective sud-africaine. L’exposition rassemble des oeuvres sur papier exemplaires et marquantes provenant de collections d’Afrique du Sud réalisées pour la plupart avant la fin de l’apartheid. Elles témoignent de l’approche achronologique de Kentridge qui répond aux événements et aux anomalies de la société sud-africaine sous l’apartheid à l’aide de procédés artistiques datant du début du XXe siècle.

Kentridge

Drawings for Projection et Drawing Lessons
En 1985, William Kentridge produit l’un de ses premiers films d’animation intitulé Vetkoek/Fête Galante. Par la suite, il met au point la « poor man’s animation », une technique filmique élaborée à partir de photographies de dessins au fusain et de collages. Cette méthode donne notamment naissance à Drawings for Projection (1989–aujourd’hui), célèbre série de films en 35 mm. Ces épisodes animés mettent en scène deux personnages, Soko Eckstein et Felix Teitelbaum, dotés de traits semblables à ceux de Kentridge. Outre le lien topographique avec Johannesbourg – sa ville de naissance –, l’artiste s’appuie sur ces personnages comme toile de fond pour expliquer l’ambivalence de l’Afrique du Sud contemporaine.

William Kentridge

À travers de courtes séquences tournées dans l’atelier de William Kentridge, Drawing Lessons (2009–aujourd’hui), série de films expérimentaux entamée ultérieurement, montre la manière dont l’artiste s’amuse à questionner l’art avec humour. Une caméra immobile orientée sur une partie de son atelier détermine le cadrage de la plupart des Drawing Lessons.

Kentridge

La première Drawing Lesson bâloise (Drawing Lesson No.50) intitulée In Praise of Folly (2018) fait référence à la thèse satirique du même nom rédigée en 1509 par Érasme de Rotterdam dans laquelle il critique l’Église catholique. Le savant humaniste entretient un lien étroit avec la ville de Bâle en enseignant notamment au sein de son université. In Praise of Folly présente au second plan des croquis de Kentridge évoquant le Portrait d’Érasme de Rotterdam de Hans Holbein qui figure au sein de la Öffentliche Kunstsammlung Basel. On identifie également des croquis d’autres oeuvres connues de la collection bâloise – celles de Pablo Picasso, Paul Klee ou Matthias Grünewald –, autant de sources d’inspiration artistique qui ornent l’atelier de Kentridge telles des icônes. À la lumière de ces oeuvres, In Praise of Folly aborde l’histoire de l’art et ses figures tutélaires auxquelles les artistes d’aujourd’hui empruntent leurs inspirations.

Kentridge

L’exposition William Kentridge. A Poem That Is Not Our Own est répartie sur trois niveaux du Kunstmuseum Basel | Gegenwart ainsi que dans certaines salles du Kunstmuseum Basel | Hauptbau et Neubau.

Dans le cadre de l’exposition, un catalogue paraît. Il réunit des textes de William Kentridge, Josef Helfenstein, Ute Holl et Leora Maltz-Leca.

Voir ici la vidéo du vernissage TV

Kunstmuseum Basel | Gegenwart

Lundi  fermé
Ma–Di  11.00–18.00

Rebecca Horn

Jusqu’au 22.9.2019 au Musée Tinguely de Bâle

Le Centre Pompidou-Metz et le Musée Tinguely de Bâle font
résonner de façon concomitante, à partir de juin 2019 deux
expositions consacrées à Rebecca Horn
.
Elles offrent des perspectives complémentaires sur l’une des artistes les plus singulières de sa génération.
Théâtre des métamorphoses à Metz
explore les processus de métamorphose, tour à tour animiste,
surréaliste et machiniste et le rôle de matrice qu’a pu avoir sa
pratique cinématographique, véritable mise en scène de ses
sculptures. À Bâle, les Fantasmagories corporelles associent les
premières réalisations performatives et les sculptures cinétiques
plus tardives, soulignant ainsi les développements au sein de son
travail pour mettre l’accent sur les processus d’altération
corporelle et de transformation des machines.

Rebecca Horn, Measure Box, 1970
Photography
Staatsgalerie Stuttgart
© 2019: Rebecca Horn/ProLitteris, Zürich

« Tout est imbriqué. Je commence toujours par une idée, une histoire qui évolue vers un texte, puis du texte viennent des croquis, ensuite un film, et de tout cela naissent les sculptures et les installations ».

Rebecca Horn –
Rebecca Horn

Féministe ? on ne peut s’empêcher de penser à Niki de St Phalle, compagne de Jean Tinguely.  Certains des travaux de Rebecca Horn renvoient aux machines de Tinguely, en plus féminin.
Mais surtout elle fait penser à Frida Kahlo, pour le corps, douloureux,
meurtri. À l’adolescence, Rebecca Horn suit les cours de la Hochschule für bildende Künste Hamburg de Hambourg, puis en 1964, elle s’installe momentanément à Barcelone, où elle attrape une infection pulmonaire. Elle doit passer un an dans un sanatorium : cette expérience de l’isolement total et de la souffrance est déterminante dans l’orientation de son œuvre.

 

Rebecca Horn

Le travail de Rebecca Horn s’inspire constamment du corps et des mouvements du corps. Dans ses premières œuvres performatives des années 1960 et 1970, cela se manifeste par le recours à des objets qui, en tant qu’extensions corporelles, ouvrent sur de nouvelles expériences perceptuelles tout en ayant un effet restrictif. À partir des années 1980, l’artiste créé alors surtout des sculptures cinétiques et des installations de plus en plus vastes qui prennent vie grâce au mouvement. Le corps agissant est remplacé par un acteur mécanique. Ces processus de transformation entre corps augmentés et machines animées, qui traversent l’œuvre de Rebecca Horn depuis presque cinq décennies, constituent le cœur de l’exposition à Bâle : des œuvres performatives y jouxtent des sculptures-machines plus tardives pour illustrer le déploiement des motifs du mouvement dans le travail de l’artiste.
Cette exposition bâloise, articulée en plusieurs histoires, retrace ainsi une évolution artistique comme « autant d’étapes dans un processus de transformation » (Rebecca Horn) à partir de quatre thèmes et montre la continuité de son travail.
« Mes performances ont commencé par des sculptures corporelles. Tous les mouvements de départ étaient les mouvements de mon corps et de ses extensions. »

Rebecca Horn

Battre des ailes

Une première série d’œuvres débute avec la performance Weisser Körperfächer (1972), dans laquelle Rebecca Horn reprend la fascination ancestrale des humains pour les créatures ailées ou à plumes. Avec des ceintures, elle a fixé sur son corps une paire d’ailes semi-circulaires en toile blanche qui se déploient en levant les bras. Un film documente les expériences motrices qu’elle a réalisées avec cet instrument corporel : l’ouverture et la fermeture, le contrôle des ailes dans le vent, les formes de dissimulation et de dévoilement. Ces modèles de mouvements, Rebecca Horn les a prolongés dans une série de sculptures, comme la Paradieswitwe (1975) qui enveloppe un corps nu, Die Pfauenmaschine (1981) qui fait la roue, le Hängender Fächer (1982) ou la roue de plumes Zen der Eule (2010).

Rebecca Horn Paradieswitw

Circuler

Différentes formes de circulation sont thématisées dans une deuxième partie de l’exposition. L’œuvre centrale est là Überströmer (1970) qui présente l’être humain comme une structure hydromécanique. Lui fait face l’installation El Rio de la Luna (1992) qui prolifère dans l’espace avec un système de tuyaux et dans les « chambres cardiaques » desquelles le mercure est actionné par des pompes. Tandis que, dans le premier cas, le mouvement interne de la circulation sanguine est déplacé vers l’extérieur, dans le second, la visualisation des flux d’énergie émotionnelle est pour Rebecca Horn au premier plan.

Rebecca Horn Überströmer

Rebecca Horn El Rio de la Luna (1992)



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Des lignes tracées et des marques de couleur sont toujours aussi les traces de mouvements physiques. Elles constituent ainsi un autre ensemble thématique de l’exposition. Ce motif est présenté à partir Bleistiftmaske (1972), un outil porté sur la tête qui transforme le corps en une machine rythmique à dessiner. L’artiste poursuit de façon systématique l’exploration de ce thème dans des machines à peindre automatisées, dont deux types différents sont montrés ici. Les marquages y sont toujours l’expression d’émotions et de passions. Le dessin comme inscription du corps et du psychisme est repris enfin dans les travaux sur papier grand format de la série Bodylandscapes (2004-2005).

Bleistiftmaske

Tâter

Un dernier champ thématique porte sur l’extension des mains et des pieds. Avec Handschuhfinger (1972), l’artiste explore ainsi son environnement en le palpant avec des tentacules. Elle poursuit l’étude de ce sujet dans ses œuvres cinétiques tout en recourant sans cesse à des objets quotidiens tels que pinceaux, marteaux ou escarpins. Les machines à écrire avec leurs claviers sont elles aussi des instruments qui prolongent nos doigts. Rebecca Horn les utilise d’ailleurs dans plusieurs installations, dont La Lune Rebelle (1991) œuvre majeure exposée à Bâle. Les travaux de cette série donnent également une vision sociologique de la machine comme prothèse en rassemblent notamment des objets considérés comme féminins.

« Pour moi, ces machines sont animées, elles agissent, elles tremblent, elles frissonnent, elles s’évanouissent et s’éveillent soudain à une nouvelle vie. Ce ne sont en aucun cas des machines parfaites. » RH

Rebecca Horn

Un catalogue richement illustré avec des contributions de Sandra Beate Reimann, Antje von Graeventiz, Stefan Zweifel et al. paraît au Verlag für moderne Kunst :
ISBN (allemand) : 978-3-9524759-6-6
ISBN (anglais) : 978-3-9524759-7-3

Commissaire de l’exposition : Sandra Beate Reimann
6 juin 2019, 18h15
Projections au Stadtkino de Bâle
les films suivants de l’artiste seront présentés :

Der Eintänzer, 18h15, 14 CHF, en angalis, 
La Ferdinanda, 20h15, 17 CHF, en allemand

Heures d’ouverture
Du mardi au dimanche 11 – 18h
Fermé le lundi

Accès
Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF : SBB
tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz »,
puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ». 

Oeuvre in situ Rebecca Horn