Céline Cléron, visite d’atelier

La Fondation Fernet-Branca, nous convie, par l’intermédiaire de son directeur
Pierre Jean Sugier  pour une nouvelle visite d’atelier.
Place à l’artiste Céline Cléron, qui nous fait
découvrir son univers artistique (vidéo)

Vous avez pu la découvrir, en 2018, dans l’exposition
« l’impermanence » de la Fondation Fernet Branca, en compagnie de
Philippe Lepeut, de Léa Barbazanges  de MARIE DENIS et
STEPHANE GUIRAN
C’est une rencontre virtuelle, Covid-19 oblige

Depuis plus de 15 ans, Céline Cléron mène une production artistique dans le champ de l’objet et de la sculpture, réunissant une multiplicité de matériaux et de supports : verre, tissu, cire d’abeille, ballons, fossiles, bois, porcelaine, dessin, photographie, vidéo…

Céline Cléron, une minute de latitude

Céline Cléron créé des œuvres hybrides, inspirées par les objets du quotidien et leur force d’évocation, mais également par le passé, l’histoire de l’art et l’archéologie, les encyclopédies, les musées, les mythologies et les cultures anciennes, les sciences. Les objets qui retiennent son attention ont en commun le fruit de phénomènes naturels ou le produit du travail de l’artisan.

                                              L’horizon des événements
Le plus souvent, l’artiste travaille en collaboration avec des artisans pour réactiver des techniques et des gestuelles en voie de disparition.
Elle s’appuie ainsi sur les compétences d’un souffleur de verre, d’une costumière, d’un ébéniste, d’un taxidermiste, d’un apiculteur…

                       Céline Cléron, Conseil de révision

Ces « savoirs faire » précis côtoient dans son travail un certain « laisser-faire » qui consiste à convoquer des accidents, des hasards, que les processus techniques engagés vont produire en évoluant. Le hasard et l’accident sont au cœur de sa démarche, ses pièces étant souvent complétées par l’œuvre de la nature ou de l’animal, figure également très importante dans l’ensemble de son travail. La notion de temps et plus singulièrement de temps arrêté ou suspendu, est également récurrente dans sa démarche.

                                              Céline CLÉRON
                                              Saules Pleureurs « Bigoudis »

Chez Céline Cléron, le rapport au souvenir comme au jeu se tisse dans le détournement, selon une tension persistante entre ce qui est figé et ce qui est en mouvement, entre permanence et impermanence, origines et évolution, fondamentaux et inventions. Les objets présents dans l’environnement qui entoure l’artiste mais aussi les images évoquées par sa mémoire, la corrélation entre forme et dénomination génèrent des analogies, des glissements sémantiques et visuels, qui se reflètent à travers son œuvre.

En cette période de confinement, elle s’est retournée vers le dessin sur sable,
pratique amorcée il y a un ou deux ans, qui correspond bien à ce moment
où tout est en suspend. C’est un travail très lent et méditatif.
Chaque vase en verre soufflé est rempli de différentes couches de sable
qui tentent de fixer l’image d’un regard, d’un visage, inspiré des portraits
du Fayoum.
Elle était en train de tourner un film, sur la déambulation d’un chien loup
dans un cimetière pour chiens, lorsque la pandémie s’est déclarée.
Ce film sera visible dans une prochaine exposition à Marseille.

Céline CLÉRON Née en 1976 à Poitiers  Vit et travaille à Paris www.celinecleron.com
Représentée par la Galerie Papillon, Paris

FORMATION
2000 Diplômée de l’École des Beaux-arts d’Angers, (DNSEP)
1998 Diplômée de l’École des Beaux-arts de Poitiers, (DNAP)

Elle a à son actif de nombreuses expositions personnelles

Sommaire du mois d’avril 2020

Le confinement est en train de modifier les modes de « consommation » de la culture, avec une mise à disposition de contenus inédits sur la toile dont les ex-visiteurs sont très friands. Plus que tout, la culture est le socle commun de notre humanité durant ces temps difficiles. D’où l’intérêt d’une réflexion poussée dans notre communauté.

Les différences entre le réel et le virtuel ?
Le coeur  palpite à l’idée de pénétrer dans un musée. Les sens. L’odeur. Le parquet qui craque. Un rayon de lumière sur la toile. Le toucher de la pierre des escaliers. L’envie d’embrasser le Scribe. L’émotion. En rêver sur le chemin du retour.

Pourquoi se déplacer pour voir les oeuvres, puisqu’on peut les voir aussi bien sur un écran ?
Le virtuel n’est pas opposé à la rêverie poétique. Autant la visite réelle laisse une trace dans la mémoire, celle virtuelle permet d’y revenir. C’est pourquoi personnellement j’aime en plus prendre des photos, afin de me replonger dans l’ambiance et de retrouver les détails admirés.

Une visite réelle se compose de trois éléments :
– les oeuvres
– un lieu
– une durée
Le musée est un lieu que l’on parcourt physiquement, une temporalité qui s’étale dans la durée, à l’opposé du zapping du net. Le virtuel est un substitut,
considéré comme une introduction à la visite réelle, il ne rend que très rarement compte du lieu, de la vision exacte de l’oeuvre, de la dimension, des couleurs.
Rien n’est plus triste qu’un musée fermé.
Grand merci à tous ces musées et artistes qui nous permettent des visites virtuelles
et vive le déconfinement

La Fondation Beyeler rouvre ses portes le lundi 11 mai 2020.

Les expositions «Edward Hopper» et «Voir le silence – Images de quiétude» sont prolongées jusqu’au 26 juillet, l’exposition «Goya» est reportée.

25 avril 2020 : Van Eyck. Une Révolution Optique
22 avril 2020 : À La Rencontre de Böcklin
19 avril 2020 : Pascal Henri Poirot
17 avril 2020 : Léa Barbazanges
12 avril 2020 : Joyeuses Pâques
08 avril 2020 : Fondation Fernet Branca
06 avril 2020 :  TINGUELY @ HOME

Pascal Henri Poirot,

Pascal Henri Poirot, la Fonte 2019
C’est une rencontre virtuelle, Covid-19 oblige

Aujourd’hui je vous emmène à la rencontre de Pascal Poirot, peintre, sculpteur, chargé de cours à la fac et aux Arts-Deco, maître du paysage, comme de l’architecture, je vous ai déjà présenté son livre,
« [EN]QUETE DE PEINTURE  qui est tout à fait imparable. », bilingue, français, anglais, enrichi par les textes de Tiphaine Laroque, entre autres, des photos de Florian Tiedje.

Dans une vidéo de France 3, il se présente.

J’emprunte un extrait de Roland Recht qui parle de ses canapés

Les motifs de Canapés se réfèrent explicitement aux « drôleries » de l’art médiéval que l’oeil ne découvre que progressivement dans les marges des manuscrits, ou plus exactement aux « grotesques » de l’Antiquité et de la Renaissance. Dans les Grotesques, tout comme chez Poirot, les figures sont ordonnées à partir d’un principe de symétrie qui les transmue en motifs. Mais alors que dans les grotesques, le peintre crée de toutes pièces des créatures monstrueuses, mi-homme, mi-animal, chez Poirot, c’est le couple « étalé » dans la figure érotique qui devient une créature monstrueuse

et un autre de

(…)…Par leur insistance répétitive et leur fixité, les canapés apparaissent comme un souvenir-écran, qui à la fois voile et dévoile le travail de la mémoire et fige en une image un précipité de souvenirs. Objet de ravissement et de fascination qui surgit là où la mémoire s’est perdue.(…)
Marie Pesenti-Irrman

Plusieurs thèmes bibliques sont abordés et illustrés par les tableaux de
Pascal Henri Poirot. Ils sont porteurs d’une grande richesse symbolique. Le rapport à l’Écriture a toujours été essentiel pour le protestantisme tant dans l’étude des textes bibliques que, dans la force d’extraits de la bible, mis en évidence sur les murs des temples. La paroisse  d’Abreschviller avait
demandé à l’artiste de faire apparaître cette caractéristique.

                                            La Tour de Babelle
Tous les tableaux sont réalisés au pigment à l’œuf sur bois, sauf celui représentant le temple d’Abreschviller, peint sur des collages sur bois.

Dans son « atelier perché »  de Neuve-Eglise en AlsacePascal Henri Poirot, l'Atelier Perché il prend le temps de peindre. Ses paysages de montagnes sont vides de tout personnage, un peu surréalistes, avec un banc de-ci de-là, une échelle, ou encore ses cabanes, souvenir des coins parcourus et photographiés depuis des décennies.  Pascal-Henri Poirot est un artiste esthète, un philosophe, pour lequel Michel Serre est une référence, pour se mettre en phase avec la nature. Ce livre l’inspire sur le temps, les déséquilibres graves qui adviendront, des dangers que nous courons. Il a choisi un extrait :
le « Contrat Naturel » un autre rapport à la nature, un rapport respectueux. C’est une lecture prémonitoire d’un livre qui a 30 ans,
annonciateur d’un autre mode de vie, d’un autre monde, que nous
serons bien obligé d’adopter.

Ses souvenirs d’enfance, la salle à manger des grands parents
ornée de  l’Angelus de Millet, la vie paysanne, font partie de ses thèmes,
qu’il transpose jusqu’en Australie.
Cela correspond aux mutations actuelles du mode de vie,
aux bouleversements.
Paysage insolite, qu’il mélange avec ses récurrentes échelles.

Nés quelquefois au hasard des bigarrures colorées du mobilier, végétaux personnages, monstres et animaux semblent issus d’herbiers ou d’ouvrages ethnologiques et érotiques. Les canapés déserts sont d’autant plus troublants qu’ils éveillent le souvenir d’une musique de chuchotements, de rires lointains et de petites cuillères que l’on tourne dans une tasse de thé.

Le méticuleux contrecollage des papiers froissés et préparés par toute une alchimie culinaire à un vieillissement prématuré, participe à cette sollicitation de la mémoire.
Evelyne Loux

Ses montres sont-ils prémonitoires ?
Tortue géante ou pangolin aux couleurs rassurantes sous un fabuleux
paysage de science fiction ?

Les paysages de Pascal Poirot sont souvent dépeuplés, dénudés.
Le peintre privilégie l’hiver : les blanchiments
précoces du paysage,
la première couche de
neige, quasi-transparente encore, à travers laquelle
le nervurage du sol commence à se lire, lorsque se développe une belle
gamme de gris comme sur
quelque gravure au burin. L’hiver passant, l’ossature
du paysage se dessine bien davantage encore, toute la végétation basse est aplatie ou morte : ne restent plus que les lignes-forces.Avec les hauteurs vosgiennes, le
peintre a tout son content : il parcourt le « pays vain » par excellence.
François Pétry

Une friandise pour terminer

voici à quoi nous allons ressembler à la sortie du confinement

Différentes techniques donnent lieu à des séries récurrentes de peintures autour des objets, canapés, architectures, peintures à l’huile de
paysages sur le thème du mythe et de la sanctuarisation.

PARCOURS
De nombreuses expositions dans des lieux culturels et galeries, foire,
il est présent dans des collections et musées en France ,Suisse,
Allemagne, Australie.

Léa Barbazanges

La Fondation Fernet-Branca, propose une nouvelle visite d’atelier.
place à l’artiste Léa Bargazanges, qui nous fait découvrir son univers
artistique !
C’est une rencontre virtuelle, Covid-19 oblige

Cliquez sur le lien pour visionner

Les sculptures et installations de Léa Barbazanges sont délicates, raffinées, presque flottantes. Le choix de la matière est au cœur de sa réflexion : des matériaux naturels, bruts, sont choisis pour leur beauté.
La compréhension des propriétés des matériaux et leur capacité métamorphique, passionnent autant qu’elles représentent un défi pour l’artiste.


Léa Barbazanges met en espace des cristaux translucides, brillants, au graphisme étonnant. Ils sont constitués de minéraux envahissant des surfaces planes, comme de l’eau qui, à une certaine température, prend une forme cristalline. Le dessin est à la fois organique et géométrique, prédéterminé par sa nature cristalline, qui se caractérise par une matière ordonnée au niveau des atomes. C’est cette organisation de la matière qui explique la réflexion particulière de la lumière.

Dans le triptyque « Magnolia macrophylla – les masques – » on peut distinguer au sein de l’aluminium les nervures d’une feuille d’arbre grandeur nature dans ses moindres détails. C’est en collaboration avec H.H. Services et notamment avec Isaak Rensing, et ses outils de tôlier formeur que Léa Barbazanges a pu imprimer le graphisme du végétal dans du métal. Dans ce travail à quatre mains l’émerveillement apparaît en se rapprochant, quand on découvre la délicatesse du dessin anthropomorphe. En effet les feuilles ont été perforées par des insectes de façon quasi symétrique. Sa forme est simple, fascinante, concrète.

Finalement, les œuvres de Léa Barbazanges nous montrent ce que la nature nous cache ou que nous ne savons pas voir dans un changement constant. Elle nous montre la beauté de cette transformation qui participe à notre enchantement et notre propre construction.

Léa Barbazanges a exposé à la Fondation lors de l’exposition « L’impermanence » avec également Céline Cleron, Marie Denis, Stephane Guiran et Philippe Lepeut du 26 mai 2018 jusqu’au 30 septembre 2018.

Sur France culture

Fondation Fernet Branca

Communiqué de la Fondation Fernet Branca

C’est une rencontre virtuelle, Covid-19 oblige

« Dans le cadre de la situation actuelle de pandémie du Coronavirus, notre responsabilité est d’assurer la sécurité et le bien-être de nos visiteurs et de l’équipe de la Fondation. En conformité avec les directives gouvernementales, nous avons pris la décision de fermer la Fondation Fernet-Branca.

Bien entendu nous ne pouvons pas prédire la durée de la fermeture. Cependant, nous vous tiendrons informés et nous restons à votre disposition par mail pour toute information.

Dans cette attente, nous vous proposons des
visites d’ateliers d’artistes (cliquez ici) que nous diffusons régulièrement pour le plaisir des yeux et du savoir.
La Fondation Fernet Branca, vous propose de revenir sur certaines expositions passées, de les visiter virtuellement :

Expositions 5 femmes : l’engagement poétique

Exposition David Nash, Nature to Nature

Exposition Sens contresens 

Exposition David Brolliet

HISTOIRE DE LA FONDATION

La Distillerie de Fernet-Branca

L’histoire de cette distillerie ludovicienne commence à Bâle, le 22 juillet 1907, date à laquelle l’entreprise de construction Broggi et Appiani, « entrepreneurs de travaux en maçonnerie et ciment », dépose une demande d’autorisation de bâtir au maire de Saint-Louis pour le compte de la famille Branca de Milan, selon les plans de l’architecte milanais G. Merlini.

Ce permis est accordé le 25 juillet par le maire Jules Tilger.


Un impressionnant bâtiment d’une longueur de 50 mètres sera construit sur un terrain qui longe la voie ferrée, sis 2 rue du Ballon, où l’activité de distillerie débute en 1909 et produit un digestif aux plantes amères appelé
« Fernet Branca » : du nom de son inventeur, le Dr Fernet, médecin et herboriste, et Branca, propriétaires de la fabrique.
Le Dr Fernet a fabriqué une poudre et Bernardino Branca l’a transformée en liqueur.

Dans les caves du bâtiment sont installés des fûts de chêne géants destinés au vieillissement de la liqueur, créés sur place par l’artisan tonnelier strasbourgeois Rodolphe Fruhinsholz.
La distillerie de Saint-Louis produira en moyenne 300 000 bouteilles par an.

Le bâtiment est surplombé d’un aigle en cuivre, emblème de la marque Fernet-Branca, réalisé pour dominer le pavillon de cette entreprise à l’exposition internationale de Milan en 1906.
A la demande de Jean Ueberschlag, député-maire de Saint-Louis, le préfet de la Région Alsace, par arrêté du 04 juillet 1996, a inscrit sur l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, la façade ainsi que l’aigle et le globe qui la surmontent.

Le 22 juillet 2000, la production est définitivement arrêtée à Saint-Louis.

De la distillerie Fernet-Branca à un lieu de diffusion d’art contemporain

L’idée est née en février 2003, lors de la visite des lieux par Jean Ueberschlag, député-maire, et Jean-Michel Wilmotte, architecte, à l’occasion de la mission confiée par le Conseil Municipal de Saint-Louis au Cabinet Wilmotte chargé de définir un nouveau projet urbain pour Saint-Louis.

Fondation Fernet-Branca
2, rue du Ballon
68300 Saint-Louis/Alsace
T +33 3 89 69 10 77

Président :  Jean Ueberschlag
Directeur :  Pierre-Jean Sugier

Horaires d’ouverture :
du mercredi au dimanche
de 13 heures à 18 heures

Sommaire du mois de mars 2020

Les expositions et foires prévues pour les mois de mars et avril sont reportées pour la plupart au mois de septembre
La plupart des sites de musées proposent des visites en ligne.

Magritte le Baiser
précurseur du Covid-19 ?

30 mars 2020 : 1518, LA FIÈVRE DE LA DANSE
20 mars 2020 : Coronavirus #Mulhouse Resiste
19 mars 2020 : Bernard Fischbach
13 mars 2020 :  La Fiancée Du Vent – Oscar Kokoschka – Vienne 1900
06 mars 2020 : Amuse-Bouche. Le Goût De L’art.
04 mars 2020 : Karin Kneffel Au Musée Frieder Burda
03 mars 2020 : Jane Evelyn Atwood À La Filature

1518, LA FIÈVRE DE LA DANSE

Voici une « épidémie » qui avait atteint notre région au 16 e siècle
Je fais remonter mon article

Au Musée de l’oeuvre Notre Dame/Arts du Moyen Age
de Strasbourg, jusqu’au 24 FÉVRIER 2019

Albrecht Dürer, « Couples dansants chutant dans une rivière en châtiment de leur attitude irrespectueuse lors de la Fête Dieu », gravure tirée de Hartmann Schedel, Chronique de Nuremberg, Nuremberg, Anton Koberger, 1493, folio CCXVII recto. Strasbourg, Cabinet des Estampes et des Dessins
Photo : Musées de Strasbourg, Mathieu Bertola

En juillet 1518, des dizaines de personnes se mettent
soudainement à danser dans les rues de Strasbourg. Hommes
ou femmes, rien ne semble pouvoir les arrêter.
Cette « épidémie », qui s’étend sur plusieurs semaines, ébranle
la communauté strasbourgeoise et frappe les esprits au point
d’être consignée par de nombreux chroniqueurs de l’histoire
municipale du XVIe au XXe siècle.

. Retable de la Crucifixion avec saint Guy et saint Valentin, vue d’ensemble et détail de la console de saint Guy (Sankt Vitus), Chapelle Saint-Materne, Cathédrale de Cologne.
Le détail de ce panneau peint constitue l’une des très rares représentations
de la danse de Saint-Guy

L’exposition se propose, cinq cent ans plus tard, de revenir sur
ce phénomène et d’observer la manière dont le gouvernement
de la ville, le clergé et le corps médical tentèrent d’y remédier.
Reprenant le déroulement des événements, elle s’efforce d’éclairer
le contexte de cet épisode historique particulier et de le mettre
en relation avec d’autres cas de « manies dansantes » qui ont
marqué le Moyen Âge ou les périodes plus récentes.

7. La Mort dansant, vers 1520,
sculpture sur bois polychromée, Strasbourg, Musée de l’Œuvre Notre-Dame Photo : Musées de Strasbourg, Mathieu Bertola

Basée sur les sources contemporaines de l’évènement, la présentation
tente de distinguer les faits des interprétations abusives
donnant du monde médiéval la vision simpliste d’un monde
traversé par des pulsions irrationnelles et secoué par les crises.
Cette approche de la réalité et de l’imaginaire du Moyen Âge,
portée par une scénographie immersive, s’attache aussi aux
interprétations qui ont pu être données de ces évènements par
les historiens comme par le monde médical jusqu’à la période
contemporaine. Elle questionne en conclusion d’autres
comportements épidémiques de natures diverses et les
processus mentaux ou sociaux qui les sous-tendent.

Relief avec la Vierge à l’enfant, saint Guy et un saint pape, début du XVIe siècle, sculpture sur bois polychromée provenant de la chapelle Saint-Guy près de Saverne,
Musée du Château des Rohan, Saverne Photo : Musées de Strasbourg, Mathieu Bertola

Commissaire : Cécile Dupeux, conservatrice du Musée de
l’Œuvre Notre-Dame
Collaboration scientifique : Georges Bischoff, professeur émérite
d’Histoire du Moyen Âge et Élisabeth Clementz, maître de
conférences à l’Institut d’Histoire d’Alsace de l’Université de Strasbourg
« Il faudrait se souvenir de ces évènements pendant
mille ans, et limiter les danses, en particulier les danses
obscènes et indécentes… ».
C’est en ces termes que l’humaniste et professeur
strasbourgeois Hieronymus Gebwiller décrit quelques années
plus tard le traumatisme créé par l’épisode de danse collective
qui ébranla la ville durant l’été 1518

5. Extrait du registre des Mandats et Règlements de la Ville de Strasbourg. Interdiction des danses publiques par le magistrat de Strasbourg,
signée Sébastien Brandt (Strasbourg, 2 août 1518).
Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, AVES, 1 MR3, f. 72 r.

Le parcours de l’exposition

L’aspect théâtralisé des éléments visuels produit un effet
d’immersion attisant l’imagination des visiteurs.
Ces éléments visuels sont mis en page  en étroite relation avec
les textes s’y référant. Les titrages et les cartels guide la curiosité du
public tout en lui fournissant les éléments propices à l’élaboration d’une
prise de conscience réaliste d’un tel phénomène.
La lumière diffuse pour crée des ambiances favorables à la concentration,
ou bien ponctuelle, éclairant faiblement en découpe une gravure
ou un document écrit.
Unité 1 : l’épidémie de danse à Strasbourg et les réactions de
l’administration municipale
La description de plusieurs cas de danse compulsive décrits par
les sources permet une première approche du phénomène tel qu’il
fut vécu par les habitants de Strasbourg.
Le rôle joué par la ville et ses corporations face à ce problème
d’ordre et de santé publics, et en particulier l’intervention de
l’humaniste et poète Sébastien Brant, secrétaire de la ville et
membre des conseils, sont développés.

Unité 2 : les épidémies de danse au Moyen Âge, répartition
géographique, représentations et descriptions
La présentation des cas répertoriés de manies dansantes médiévales
montre leur implantation presque exclusive dans une aire couvrant
la région Rhin-Main et la Belgique, espace de chevauchement entre
deux espaces culturels à la lisière du monde germanique et du monde roman.
Les quelques descriptions, constituées par les témoignages de médecins
ayant pu assister à des phénomènes semblables au cours du XVIe siècle,
et les rares représentations d’épisodes proches, en particulier celles
du pèlerinage des épileptiques de Moelenbeek près de Bruxelles,
tentent de préciser les caractéristiques du phénomène.

Unité 3 : la médecine face à l’épidémie
Cette section permet de développer la position complexe des médecins
de Strasbourg, partagés entre le recours à un diagnostic astrologique
ou humoral traditionnel et une aspiration nouvelle à l’observation
et à l’analyse scientifique, telle que la révèlent les nombreuses et
remarquables éditions médicales publiées dans la ville au début
du XVIe siècle. Elle montre la présence presque constante de
la religion dans l’analyse médicale, le corps étant perçu comme
le reflet de l’âme. Les premières tentatives d’explication du
phénomène de danse épidémique, en particulier par le médecin
et alchimiste Paracelse, présent à Strasbourg quelques années
après l’évènement, expriment l’intérêt porté à cet épisode
historique après son déroulement.

Unité 4 : bonne et mauvaise danse au Moyen Âge
La perception de la danse à la fin du Moyen Âge et en particulier
le jugement ambigüe de l’Église sont évoqués. Si cette forme
d’expression pouvait en effet être considérée comme un moyen
de communication avec Dieu pouvant conduire au Salut, elle était
aussi parfois perçue comme instrument du diable, capable de
provoquer une perte de contrôle menant à tous les dérèglements.
Le refus des danses populaires désordonnées tournées en dérision
par les graveurs, la distinction des bons et des mauvais instruments,
la publication de traités ou pamphlets contre les danses permettent
d’expliciter cette position de défiance, qui aide à comprendre la peur
suscitée par les épidémies de danse.

Unité 5 : les saints patrons de la danse
Le recours à la thaumaturgie religieuse par le biais de la prière,
des messes et des pèlerinages (vers l’église Saint-Vit de Saverne
dans le cas strasbourgeois) est attesté dans les épidémies de danse.
C’est saint Guy (15 juin) et saint Jean-Baptiste (24 juin), réputés
comme saints patrons de la danse et des maladies convulsionnaires
depuis l’Antiquité tardive, que l’on invoquait le plus
fréquemment pour obtenir une guérison, mais leur culte prend
le plus souvent la forme de rites thérapeutiques annuels,
destinés tout autant à la prévention qu’à la guérison.
Car s’ils sont réputés soigner le mal, ces saints peuvent
aussi en être la cause, capables par leur malédiction
de provoquer les transes redoutées.

Unité 6 : la manie dansante vue par les siècles suivants
La mention de l’évènement par les chroniques strasbourgeoises
successives sera marquée par des déformations qui s’amplifieront
au cours des siècles et permettront d’interroger dans l’exposition
la notion même de « source historique ». Les outrances de
l’interprétation moderne et contemporaine, basée sur une lecture
du Moyen Âge comme époque irrationnelle ancrée dans les
superstitions, font l’objet d’une mise au point nécessaire dans
l’exposition.
L’intérêt du monde médical au XIXe siècle pour ce qui apparaît
comme une pathologie s’exprime en particulier dans l’analyse
du docteur Jean-Martin Charcot, qui en fit une explication
neurologique reprise par la plupart de ses successeurs.
Les développements au XXe siècle montrent la tendance
à plaquer sur le phénomène les stéréotypes de la médecine
et de la psychologie modernes.
Unité 7 : d’autres phénomènes épidémiques dans le monde actuel
Si les mentions ou les représentations de danses convulsives
remontent à l’Antiquité, qui voit dans la possession des corps le signe
de la présence des dieux, les exemples de danses rituelles telles
la Tarentelle encore pratiquées dans le monde contemporain
font partie de la réflexion sur le phénomène.

Jane Evelyn Atwood à la Filature

 

Activiste, militante, engagée, Jane Evelyn Atwood présente ses photographies de la période 1976 – 2010 à la Galerie de la Filature
de Mulhouse
, jusqu’au 8 avril 2020.

communiqué de la Filature :
malheureusement nous ne sommes pas en mesure d’ouvrir notre Galerie dès cette semaine comme nous l’escomptions. En effet l’autorisation d’ouverture des galeries d’exposition exclut dans l’immédiat la catégorie administrative dans laquelle est classée La Filature. Nous restons en attente d’une nouvelle étape du déconfinement, annoncée pour le 22 juin prochain, et ne manquerons pas de vous tenir informés de la réouverture dès qu’elle sera possible, afin de (re)découvrir l’exposition de la photographe Jane Evelyn Atwood.

Commissaire : Emmanuelle Walter

Jane Evelyn Atwood

L’exposition consacrée à la photographe américaine Jane Evelyn Atwood rend compte de 35 ans de travail. Organisée autour de séries majeures
( Les prostituées, Les aveugles, Les femmes en prison, Jean-Louis ) et d’une vingtaine de photographies inédites sur différents sujets, les nombreux tirages de l’exposition retracent le parcours d’une photographe sans concession, sensible aux destins de ceux qui ont été rejetés à la périphérie, loin des regards de la société, de par leur condition et
drames de la vie.
« À travers ses choix personnels, Jane Evelyn Atwood va toujours, semble-t-il, vers la difficulté, comme un défi, se plaçant souvent, au regard des autres, de nous, spectateurs, à la frontière de l’interdit… Toujours une histoire d’enfermement et de frontière, de gens à part, et, à chaque fois, la photographe s’immerge dans son sujet, s’y engage corps et âme, à ses risques et périls, avec un désir de témoigner ou de changer certaines idées reçues sur ces mondes clos et les drames qu’elle rencontre, en révélant à la fois la beauté et la cruauté, la mélancolie et l’ambiguïté. Complice et compatissante, curieuse et concentrée sur ses sujets, saisissant d’instinct le moment qui s’imprime, l’émotion qui s’exprime. Un regard généreux qui transforme la vie en art, le résultat d’un long parcours. »
eDuarDo manet
Extrait de sa préface pour le livre Photo Poche Extérieur Nuit
(Centre national de la photographie, 1998)

Jane Evelyn Atwood est née à New York et vit en France depuis 1971. Son œuvre traduit la profonde intimité qu’elle entretient avec ses sujets pendant de longues périodes. Fascinée par les gens et par la notion de l’exclusion, elle a réussi à pénétrer des mondes que la plupart d’entre nous ignorent ou choisissent d’ignorer. Elle décrit elle-même sa méthode de travail comme obsessionnelle. Elle continue un sujet jusqu’à ce qu’elle sente qu’elle l’a complètement compris ainsi que sa relation à celui-ci.

Jane Evelyn Atwood, rue des Lombards Paris

En 1976, elle achète son premier appareil et commence à photographier les prostituées de la rue des Lombards à Paris. Ce travail qui durera un an, toutes les nuits, deviendra son premier livre. En 1980, elle est récompensée par le premier prix W. Eugene Smith pour réaliser un sujet en profondeur sur les enfants aveugles. Dans les années qui suivent, elle s’engage dans plusieurs projets photographiques au long cours.
En 1983, elle réalise un reportage sur la Légion étrangère et suit des soldats à Beyrouth, au Liban et au Tchad durant 18 mois.

Jane Evelyn Atwood Jean Louis
En 1987, elle photographie Jean-Louis qu’elle suit durant les quatre mois qui précèdent son décès. C’est la première personne atteinte du sida en Europe qui ait accepté que son histoire soit publiée dans la presse. Malgré les milliers de morts causés par cette maladie, le sida n’avait eu auparavant aucun visage.

Jane Evelyn Atwood,
le premier convoi de femmes enchaînées, Maricopa County Jall  Arizona EU 1977

En 1989, elle se lance dans un vaste projet sur les femmes incarcérées dans plusieurs pays du monde. Elle parvient à avoir accès aux établissements pénitenciers les plus difficiles, y compris au couloir de la mort aux États-Unis. Ce travail monumental qui reste une référence, dure dix ans et révèle les conditions de détention féminine dans quarante prisons de neuf pays d’Europe, d’Europe de l’Est et des États-Unis.
Exposé internationalement, il est publié dans le livre Trop de Peines, Femmes en Prison
(Albin Michel, Paris ; Too much time , Phaidon, Londres ; 2000).

Durant quatre ans à partir de l’an 2000, elle documente les victimes des mines antipersonnel au Cambodge, en Angola, au Kosovo, au Mozambique et en Afghanistan. Puis elle passe trois ans à Haïti où elle réalise des photographies de vie quotidienne, une approche en couleur de « street photography », en rupture avec sa pratique habituelle.

Histoires De prostitution, paris 1976-1979 rue des lombards (1976-1977) pigalle people (1978-1979)
Cela a commencé comme cela, en 1976, sans expérience et sans idée préconçue. Elle avait cette envie de savoir qui étaient ces hommes, ces femmes et ces transsexuelles qui vendaient leurs corps et qu’elle côtoyait sur les trottoirs de la capitale. Cela faisait quelques années à peine que Jane Evelyn Atwood, pas encore photographe, s’était installée à Paris. Elle a alors acheté son premier vrai appareil et a rencontré Blondine

Bondine Jane Evelyn Atwood 1976 197

et les autres prostituées de la rue des Lombards, dans le quartier du futur Beaubourg. Puis plus tard, ce furent Barbara, Miranda, Nouja ou Ingrid, tout ce peuple de travestis et de transsexuelles de Pigalle. Sans le savoir, Jane Evelyn Atwood signait ses premiers reportages et débutait une œuvre poignante et magistrale guidée par la rencontre et la nécessité d’intimité avec l’autre. Histoires de prostitution
rassemble les séries Rue des Lombards (réalisée entre 1976 et 1977) et Pigalle People (produite entre 1978 et 1979).

Jean -Louis – Vivre et mourir du sida (Prix World Press Photo, 1987) est emblématique de la démarche de Jane Evelyn Atwood voulant comprendre par elle-même la réalité de cette maladie nouvelle et, plus encore, donner un visage aux malades. Elle a accompagné et photographié jusqu’à sa mort Jean-Louis, première victime de la pandémie en Europe ayant accepté d’être médiatisée.  La série, cette fois en couleur, est parue dans Paris Match en 1987.

Extérieur Nuit (1988)
Sur une période de dix ans, Jane Evelyn Atwood est entrée dans les écoles d’aveugles de France, d’Australie, d’Israël, du Japon et des États-Unis. La photographe, fascinée par le visuel, s’est passionnée pour ces jeunes aveugles qui ne peuvent pas voir et a souhaité restituer leur évolution dans un monde de voyants. Elle a su créer des portraits poignants, en noir et blanc, de ces aveugles rencontrés tout autour du monde.

Jane Evelyn Atwood Université Tsukuba de Tokyo pour aveugles

Jane Evelyn Atwood a reçu le W. Eugene Smith Award pour ce projet initié dans les années 70 et poursuivi pendant une dizaine d’années.

Trop De peines, femmes en prison (1989-2000) Dès 1989,
Jane Evelyn Atwood photographie les femmes incarcérées ; sur une période de près de dix ans, elle est parvenue à obtenir l’accès aux pires prisons du monde, y compris le quartier des condamnés à mort.

                                                       Auto-mutilations
Pour ce travail, la photographe s’est rendue dans quarante prisons situées dans neuf pays d’Europe et aux États-Unis où le nombre de femmes incarcérées a décuplé depuis les années 80. Cette plongée dans le monde carcéral féminin nous amène à poser un regard neuf sur les femmes, le crime et l’incarcération.
Divers Sélection de photographies sur divers sujets qui retracent le parcours de la photographe.

Horaires De la galerie pour cette exposition (entrée libre)
du mardi au samedi 14h-18h30 + dimanche 14h-18h +
les soirs de spectacles
la Filature scène nationale Mulhouse
20 allée nathan katz 68100 mulhouse
03 89 36 28 28
www.lafilature.org

5 RenDez-vous en entrée libre
projection en avant-première mardi 3 mars 18h
Fragments d’un Parcours : Jane Evelyn Atwood / Autour de Pigalle de Thomas Goupille suivie d’une rencontre avec Jane Evelyn Atwood

club sanDwich jeudi 5 mars 12h30 visite guidée de l’expo + pique-nique
tiré du sac
sur inscription 03 89 36 28 28
Week-enD De l’art contemporain
GranD Est du vendredi 13 au dimanche 15 mars
programme sur www.versantest.org
apéro photo mercredi 18 mars 19h15
visite guidée de l’expo + apéritif offert
sur inscription 03 89 36 28 28

Sommaire du mois de février 2020

Autoportrait dans l’ascenseur de la Kunsthalle
en quête de nouveautés et de savoirs.

29 janvier 2020 je déroge à mes habitudes, je me montre

01 février 2020 :  Ernest Pignon-Ernest – Ecce Homo
06 février 2020 : De mains et d’yeux au musée Unterlinden
08 février 2020 : Peindre la lumière du soleil – Edward Hopper à la Fondation Beyeler
11 février  2020  : Sarah Jérôme, à la Santé du Serpent
15 février 2020  : Hans Hartung, La Fabrique Du Geste
22 février 2020 : Picasso, Chagall, Jawlensky Chefs-D’œuvre De La Collection Im Obersteg
26 février 2020 : Algotaylorism à la Kunsthalle de Mulhouse

Algotaylorism à la Kunsthalle de Mulhouse

Jusqu’au 26 avril 2020 à la Kunsthalle labellisée
« Centre d’art contemporain d’intérêt national »

Commissaire : Aude Launay

Suis-je une travailleuse du clic malgré moi, pour mon plaisir de retraitée ?
Et voilà que certaines de mes interrogations trouvent un début de réponse.
A commencer par mon premier GPS, qui m’amusait par ses facéties. En fait malgré sa voix synthétique, ce sont des petites mains qui s’activent derrière.
Je m’étais à peine trompée, lorsqu’en plaisantant je disais que  :

« Juliette tourne les pages du bottin » car lorsque que je ne suivais pas la direction indiquée par elle, que j’en prenais une autre, elle avait un temps de réaction assez lent, qui me semblait incompatible avec un appareil
à la pointe de la technologie. Ou encore mon étonnement lorsque je me promenais outre Rhin, elle prenait l’accent allemand, cela me faisait bien rire, du coup j’en avais rédigé une chronique.
Quelle surprise aussi, Il y a quelques jours :
j’essaie de publier des photos sur un réseau social, avant d’avoir écrit, le texte pour justifier la publication, dès que le visage de la personne dont je souhaitais parler, apparait, son nom s’affiche !!!
Reconnaissance faciale en flagrant délit.

Aussi l’exposition de la Kunsthalle de Mulhouse, retient toute mon attention et excite ma curiosité.
Sous la houlette de Aude Launay les artistes,
Emanuele Braga & Maddalena Fragnito (MACAO) (IT), Simon Denny (NZ), Elisa Giardina-Papa (IT), Sam Lavigne (US), Silvio Lorusso (IT), Jonas Lund (SE), Michael Mandiberg (US), Eva & Franco Mattes (IT),Lauren McCarthy (US), Julien Prévieux (FR), RYBN.ORG (FR), Sebastian Schmieg (DE), Telekommunisten (CA/DE)… opèrent à la jonction humain-machine et ont pris cette interaction comme sujet de recherche et comme outil de production.
L’instant M (documentaire)

Lauren McCarthy Waking Agents (2019)

L’exposition s’attache à la question du taylorisme algorithmique qui est cette division du travail poussée à l’extrême chez ceux que l’on nomme les
« travailleurs du clic » et qui préfigure peut-être la fin du salariat comme organisation dominante du travail.
Libellée sous forme de quatre chapitres, les artistes tentent de répondre à ces hypothèses : Travaille-t-on à notre insu ? / A-t-on un algorithme pour supérieur ? / Fait-on office d’intelligence artificielle ? / Pense-t-on une société non centrée sur le travail ?

Sebastian Schmieg

Alors que de plus en plus de capacités que l’on pensait propres à l’humain sont désormais applicables à des machines, comment penser le travail qui a justement longtemps caractérisé l’humain ? Qu’est-ce que le travail à l’ère numérique mondialisée ? D’un côté, un taylorisme algorithmique grandissant — la division du travail poussée à l’extrême chez les travailleurs du clic —, d’un autre, une illusion machinique persistante — nombre de tâches que l’on pense effectuées par des ordinateurs le sont en fait par des êtres humains de manière plus ou moins dissimulée. À l’heure du management algorithmique, qu’en est-il de la mesure de la performance et des instruments d’optimisation des travailleurs ? Et puis, dans ce que l’on nomme à présent « économie de l’attention », il n’y a pas que les travailleurs qui travaillent : toute activité en ligne est susceptible d’ajouter à l’accumulation de capital des géants du net par sa marchandisation. Toute donnée est monétisable. Tout internaute est générateur de profit. Être en ligne = travailler ?

Chapitre 1
Travaille-t-on à notre insu ?
Si l’exposition Algotaylorism s’ouvre sur cette vidéo de Julien prévieux, c’est que cette dernière en introduit parfaitement le propos. Chaque seconde que nous passons en ligne fait de nous un producteur de ces données dont se repaissent tant et tant d’entreprises et, bien souvent, un travailleur à notre insu. De nombreux logiciels et applications sont conçus pour extraire de la valeur de leur utilisateur quand c’est justement celui-ci qui croit les utiliser à son escient

Julien Prévieux, Anomalie construites, 2011

Chapitre 2
A-t-on un algorithme pour supérieur ?

À l’automne 2018, à l’occasion de la publication d’un article des chercheurs Kate Crawford et Vladan Joler1, le monde apprenait, éberlué, le dépôt par Amazon, deux ans plus tôt, d’un brevet décrivant « une cage métallique destinée au travailleur, équipée de différents accessoires cybernétiques, qui peut être déplacée dans un entrepôt par le même système motorisé qui déplace les étagères remplies de marchandises ».

Simon Denny, Amazon worker cage
Gegenwarthskuntsmuseum Basel

Ces cages étaient destinées à introduire des travailleurs humains dans la zone d’exclusion humaine de ses entrepôts. Car, si l’entreprise la plus puissante au monde2 utilise une main d’œuvre abondamment robotique, notamment pour le traitement de ses expéditions, elle continue de faire appel à des êtres humains pour certaines tâches, bien que ces derniers ne soient pas corvéables à merci comme ses betty bots qui, hormis pour recharger leur batterie, ne s’arrêtent jamais de travailler. Dans les entrepôts, c’est l’organisation algorithmique qui prévaut, les objets étant classés et agencés selon un ordre destiné à optimiser les allées et venues des robots qui vont et viennent chargés d’étagères emplies de marchandises. La cage, de dimensions équivalentes à celles d’une étagère, aurait été transportée de la même manière, soulevée puis acheminée par ces infatigables travailleurs mécaniques, en un paroxysme de la soumission du travailleur humain à la régie algorithmique. Simon Denny en présente ici le brevet, sculpté à l’imprimante 3D pour en faire ressortir les éléments saillants, au sens propre comme figuré.

Chapitre 3
Fait-on office d’intelligence artificielle ?
Cleaning Emotional Data
est la troisième d’une série d’œuvres d’
Elisa Giardina-papa explorant la manière dont le travail et le soin sont restructurés par les économies numériques et l’automatisation. Après Technologies of Care (2016) et Labor of Sleep (2017), cette nouvelle installation vidéo se concentre sur l’infrastructure mondiale des micro-travailleurs qui étiquettent, catégorisent, annotent et valident de grandes quantités de données visuelles utilisées pour former les algorithmes de reconnaissance des émotions. Au cours de l’hiver 2019, alors qu’elle faisait des recherches sur les systèmes d’informatique affective depuis palerme, Giardina-papa a travaillé à distance pour plusieurs entreprises nord-américaines qui disent mettre « l’humain dans la boucle ». parmi les tâches qu’elle a exécutées, on peut citer la taxinomie d’émotions, l’annotation d’expressions faciales et l’enregistrement de son propre visage pour animer des personnages en trois dimensions.

Elisa Giardina-papa, Cleaning Emotional Data

Certaines des vidéos dans lesquelles elle a enregistré ses expressions émotionnelles ont été rejetées car ses expressions faciales ne correspondaient pas parfaitement aux catégories affectives
« standardisées ». il lui a été impossible de savoir si ce rejet provenait d’un algorithme ou d’un autre travailleur à distance qui aurait pu interpréter ses expressions différemment en raison de son propre contexte culturel. Cleaning Emotional Data documente ces micro-tâches tout en retraçant l’histoire des méthodes et des théories psychologiques qui sous-tendent
la schématisation des expressions faciales.

Chapitre 4
Pense-t-on une société non centrée sur le travail ?
MACAo, centre d’arts, de culture et de recherche, a vu le jour à Milan lors d’un soulèvement national qui a mené à l’occupation d’espaces publics dans une lutte pour une meilleure accessibilité de la culture. L’espace, auto-géré, a agrégé en son sein une vaste communauté d’artistes et de techniciens du monde de l’art dans une réflexion sur le rôle social de ce type de travail. Fin 2016 est née CommonCoin, sa monnaie locale intégrant un revenu de base pour les membres de la communauté. Le schéma économique de MACAo, privilégiant la collaboration à la compétition, diffère du schéma traditionnel : vous ne gagnerez pas plus en travaillant plus. en témoignant de l’expérience de mise en commun des richesses conduite par MACAo,

Emmanuele Braga Values

VALEUR/S expose l’argent, littéralement et conceptuellement. Au sein de MACAo, c’est la valeur sociale de l’activité qui est repensée, le montant de rémunération de chaque tâche étant discuté lors des assemblées dans un processus d’attribution non conventionnelle de valeur aux actions. ici, les mentions sur les liasses de billets réfèrent aux tâches effectuées par les membres de la communauté. Mais, même si l’argent occupe une place centrale dans cette pièce ainsi que dans nos vies divisées en milliers de tâches, pour Maddalena Fragnito et emanuele braga, la question est de savoir s’il est possible de donner d’autres significations au travail dans le cadre de pratiques collectives durables visant à « défaire le capitalisme ».

Document relief, Amazon Worker Cage patent 2019

 

wEEK-EnD DE L’ARt COntEMPORAIn gRAnD ESt
vendredi 13, samedi 14 et dimanche 15 mars
LA KunSthALLE Vendredi 13, samedi 14 et dimanche 15 mars R 14:00 – 18:00 ATELIER BRODER LA MACHINE 
entrée libre
Dans la continuité des ateliers publics menés en 2019, l’artiste
tanja boukal vous invite à broder dans la convivialité une série de canevas aux motifs de machines textiles imprimés à partir d’images d’archives. néophytes, amateurs ou brodeurs aguerris, vous êtes les bienvenus pour participer à cet atelier qui est à la fois un lieu de rencontre et de travail, ouvert à tous !
En partenariat avec les Archives Municipales de la Ville de Mulhouse et la société DMC. L’atelier sera déployé jusqu’à mi-avril à Mulhouse :
Au fil de la Mercerie, Musée electropolis, bar Le Greffier, Archives Municipales , Restaurant Universitaire de la Fonderie …
Samedi 14 mars VISITE GUIDÉE DE L’EXPOSITION R 14:00
Entrée libre RENCONTRE DANS L’ESPACE D’EXPOSITION R 16:00
Avec RYbn.oRG et Aude Launay, curatrice Entrée libre
Dimanche 15 mars VISITE GUIDÉE DE L’EXPOSITION  14:30
Entrée libre
REVUE M U S C L E R 16:00 présentation de la revue de poésie de
Laura Vazquez, auteure et éditrice Entrée libre

UN APRÈS-MIDI « CRYPTO » À LA KUNSTHALLE
Dimanche 19 avril CONFÉRENCE  14:00
Les contes de la crypto, initiation aux blockchains et à leurs usages artistiques par Aude Launay, curatrice de l’exposition entrée libre
entre le marché de l’art qui s’en empare pour marchandiser ce qui jusque-là lui échappait, un artiste qui permet à ses collectionneurs d’acheter des parts d’influence sur lui et un centre d’art sans juridiction d’origine, les blockchains se dévoilent comme un outil artistique aussi subversif que nécessaire. Mais de quoi s’agit-il au fond ?

La Kunsthalle Mulhouse Centre d’art contemporain La Fonderie