Nicolas de Staël, l’intranquille

Nicolas de Staël, Agrigente (détail), 1954, huile sur toile, 60 x 81 cm, collection particulière © ADAGP, Paris, 2023

Le Musée d'Art moderne de Paris accueille, jusqu'au 24 janvier 2024, une rétrospective magistrale de l'œuvre de Nicolas de Staël. 
Charlotte Barat-Mabille et Pierre Wat, sont les commissaires de l’exposition.

Le Musée d’Art Moderne de Paris consacre une grande rétrospective à Nicolas de Staël (1914-1955), figure incontournable de la scène artistique française d’après-guerre. Vingt ans après celle organisée par le Centre Pompidou en 2003,l’exposition propose un nouveau regard sur le travail de l’artiste, en tirant parti d’expositions thématiques plus récentes ayant mis en lumière certains aspects méconnus de sa carrière (Antibes en 2014, Le Havre en 2014, Aix-en-Provence en 2018).
La rétrospective rassemble une sélection d’environ 200 tableaux, dessins, gravures et carnets venus de nombreuses collections publiques et privées, en Europe et aux Etats-Unis. À côté de chefs-d’oeuvre emblématiques tels que le Parc des Princes, elle présente un ensemble important d’oeuvres rarement, sinon jamais, exposées, dont une cinquantaine montrées pour la première fois dans un  musée français.

                                          Le Soleil 1963, CP
Organisée de manière chronologique, l’exposition retrace les évolutions successives de l’artiste, depuis ses premiers pas figuratifs et ses toiles sombres et matiérées des années 1940, jusqu’à ses tableaux peints à la veille de sa mort prématurée en 1955. Si l’essentiel de son travail tient en une douzaine d’années, Staël ne cesse de se renouveler et d’explorer de nouvelles voies : son
« inévitable besoin de tout casser quand la machine semble tourner trop rond »
le conduit à produire une oeuvre remarquablement riche et complexe,
« sans esthétique a priori ».
Insensible aux modes comme aux querelles de son temps, son travail bouleverse délibérément la distinction entre abstraction et figuration, et apparaît comme la poursuite, menée dans l’urgence, d’un art toujours plus dense et concis :
« c’est si triste sans tableaux la vie que je fonce tant que je peux »,
écrivait-il.

                                                Eau de vie 1948
La rétrospective permet de suivre pas à pas cette quête picturale d’une rare intensité, en commençant par ses voyages de jeunesse et ses premières années parisiennes, puis en évoquant son installation dans le Vaucluse, son fameux voyage en Sicile en 1953, et enfin ses derniers mois à Antibes, dans un atelier face à la mer.

Les poissons Antibes 1955

« Je sais que ma vie sera un continuel voyage sur une mer incertaine » : Nicolas de Staël, l’urgence de la peinture
Biographie

La vie de Staël a d’emblée créé un mythe autour de son art : de son exil après la révolution russe jusqu’à son suicide tragique à l’âge de 41 ans, la vie du peintre n’a cessé d’influer sur la compréhension de son oeuvre. Sans négliger cette dimension mythique, la rétrospective entend rester au plus près des recherches graphiques et picturales de Staël, afin de montrer avant tout un peintre au travail, que ce soit face au paysage ou dans le silence de l’atelier.

                                         Le Bateau 1956
Enfant exilé devenu voyageur infatigable, l’artiste est fasciné par les spectacles du monde et leurs différentes lumières, qu’il se confronte à la mer, à un match de football, ou à un fruit posé sur une table. Variant inlassablement les outils, les techniques et les formats (du tableautin à la composition monumentale), Staël aime « mettre en chantier » plusieurs toiles en parallèle, les travaillant par superpositions et altérations successives. Le dessin joue, dans cette exploration, un rôle prépondérant dont une riche sélection d’oeuvres sur papier souligne le caractère expérimental.

Le film

Un extrait du documentaire : Nicolas de Staël, la peinture à vif
de François Lévy-Kuentz, co-écrit avec Stéphane Lambert et Stephan Lévy-Kuentz et produit par Martin Laurent, Temps Noir, en coproduction avec ARTE France, est présenté en permanence dans les salles de l’exposition et diffusé dans son intégralité sur ARTE le 24 septembre 2023 et en replay.

Le catalogue

Le catalogue de l’exposition permet d’approfondir encore la connaissance du travail du peintre, grâce à des textes sur sa relation aux maîtres du passé et à son contemporain Georges Braque,ou encore son rapport au paysage et à la nature morte. L’ouvrage contient également un entretien des commissaires avec Anne de Staël, fille aînée de l’artiste, ainsi que le texte intégral et inédit du « Journal des années Staël » de Pierre Lecuire, écrivain, éditeur et ami proche      de Staël.

Informations Pratiques
HORAIRES

Mardi au dimanche de 10h à 18h (fermeture des caisses à 17h15)
Nocturne les jeudis jusqu’à 21h30 uniquement pour les expositions temporaires.

Fermeture le lundi et les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre.
Fermeture exceptionnelle à 17h les 24 et 31 décembre. 

TRANSPORTS

Métro : ligne 9 – Arrêt Alma-Marceau ou Iéna
Station Vélib’ : 4 rue de Longchamp ; 4 avenue Marceau ; place de la reine Astrid ou 45 avenue Marceau

Antony Vest, Floating Manurhin

Expo éclair à la cour des arts vernissage vendredi 13 à partir de 18h30.
Samedi 14 de 10h à 18h. Dimanche de 10h à 17h.

Anthony Vest rend hommage aux ouvriers qui ont œuvré durant l’âge d’or d’une grande manufacture mulhousienne. (Manurhin) Les toiles de l’artiste s’exposent  à la Cour des arts de Brunstatt. Après avoir exposé ses « tentatives d’archéologie industrielle » lors de sa résidence d’artiste au sein des Musées historique et des beaux-arts, à Mulhouse, en 2022, il montre son travail pour une exposition « éclair » à la cour des Arts. Anthony Vest poursuit sa recherche sur les artefacts des usines mulhousiennes.

                                                          Photo l’Alsace
Antony Vest est diplômé de de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Après avoir occupé un atelier à la Manurhin, il a déménagé pour
un espace plus vaste, dans le quartier mulhousien de la Mer Rouge.

Artiste pluridisciplinaire, Anthony Vest construit au jour le jour un réseau d’images tantôt en dessin, peinture ou photo, tantôt à travers objet ou installation. Il choisit le médium correspondant le plus justement à une construction personnelle d’un univers dans lequel notre œil corrompu se perd inconsciemment.

Sa démarche est une proposition d’observation, une contemplation humble et positive traduite par l’économie des moyens mis en oeuvre.

Les installations présentées proviennent de moules récupérés dans les bennes de Manurhin. Elles deviennent des oeuvres d’art  sous forme de sculptures
et de peintures. Confectionner un glacis est une technique qu’il a dû apprendre pour révéler au mieux ces pièces en bois, de diverses couleurs et numérotées.
« Façonnées jusque dans les années 1950-1960, elles servaient de gabarit pour le moulage de pièces industrielles en bronze », explique l’artiste. Pourquoi faut-il se hâter de découvrir les huiles de la série baptisée Floating Manurhin ? L’artiste répond simplement que « la prochaine expo ne sera pas dans le coin ».


Un regard d’artiste sur des objets témoins d’un savoir-faire en voie de disparition, les moules aux formes convexes étaient destinés à la destruction

Infos pratiques

La Cour des Arts Brunstatt
301 avenue d’Altkirch, Brunstatt, France
03 89 44 81 85

Contact@courdesarts.fr
courdesarts.fr

La BPM – Biennale de la Photographie de Mulhouse

Christophe Bourguedieu, St Nazaire 2017

« La BPM a pour objectif de montrer une pratique photographique
contemporaine en perpétuel mouvement et interrogation.
Le rapport de la production photographique à sa contemporanéité
est l’un des axes de la programmation : son rapport à l’évolution
du médium mais aussi au contexte écologique, social, économique. »
Anne Immelé, directrice artistique
DIRECTION ARTISTIQUE

                                    Photo Dominique Bannwarth
La direction artistique de la BPM est confiée à Anne Immelé, photographe et Docteure en art. Son travail de curatrice est souvent fondé sur une compréhension spatiale des lieux et sur l’association des photographies entre elles, en témoigne l’exposition Those eyes, these eyes, they fade
(Galerie Valetta Contemporary, Malte, 2022). Ses recherches curatoriales découlent d’une thèse intitulée Constellations photographiques, soutenue en
2007 à l’Université de Strasbourg et publiée par Médiapop Éditions en 2015. Son intérêt concernant les enjeux de l’exposition dans le champ de la photographie contemporaine se reflète également dans des articles publiés dans le magazine Art Press. Photographe, elle est l’auteure de plusieurs livres, dont WIR avec le philosophe Jean-Luc Nancy aux éditions Filigrane, Oublie Oublie, et Jardins du Riesthal, parus chez Médiapop en 2020 et 2022. Son travail photographique est régulièrement exposé, comme en 2019 à la Fondation Fernet-Branca (Saint-Louis) (comme un souvenir). Elle travaille actuellement dans le bassin méditerranéen sur le projet Melita. Soutenu par la CNAP, ce projet interroge la notion de refuge depuis l’antiquité à partir de la traversée de la Méditerranée, une première exposition aura lieu durant la MaltaBiennale
en 2024.
Enseignante à la HEAR, Haute école des arts du Rhin, elle vit et travaille à Mulhouse et Malte.

NOVO

À chaque édition de la BPM son Hors-Série de Novo. Les différents portraits de photographes, entretiens et textes critiques participent ensemble à la réalisation d’une revue-catalogue diffusée gratuitement lors de la Biennale.
https://mediapop-editions.fr/novo/

L’EXPOSITION
10 ANS /
10 PHOTOGRAPHES

C’était


QUAI DES CIGOGNES, MULHOUSE
OUVERTURE LE 7 OCTOBRE 2023
14h : Inauguration de l’exposition au quai des Cigognes
16h : Table ronde, Bibliothèque Grand’Rue
Questions d’exposition : Enjeux et perspectives des festivals photographiques
Avec la participation de Sarah Girard (directrice des Journées Photographiques de Bienne),
Sébastien Arrighi (président et fondateur
du festival Mascarone Lab)
et Anne Immelé (directrice de la BPM). Discussion menée par Dominique Bannwarth, président de Mulhouse Art Contemporain.

16h : Table ronde, Bibliothèque Grand’Rue
Questions d’exposition : Enjeux et perspectives des festivals photographiques
Avec la participation de Sarah Girard (directrice des Journées Photographiques de Bienne), Sébastien Arrighi (président et fondateur
du festival Mascarone Lab) et Anne Immelé (directrice de la BPM). Discussion menée par Dominique Bannwarth, président de Mulhouse Art Contemporain.

Les photographes

Janine Bächle
Geert Goiris
Matthew Genitempo
Pascal Amoyel
Rebecca Topakian
Paul Gaffney
Michel François
Nathalie Wolff & Matthias Bumiller
Céline Clanet
Christophe Bourguedieu

À l’occasion des 10 ans de la BPM, cette exposition dans l’espace public réunit
10 photographes ayant participé aux différentes éditions du festival depuis 2013. La sélection montre une diversité d’approches photographiques, mais tous les photographes témoignent d’une approche sensible, à la fois poétique et politique du monde contemporain.
Le fil conducteur des photographies exposées est le questionnement sur la possibilité ou l’impossibilité d’habiter le monde transformé par l’activité humaine. Janine Bächle, Céline Clanet et Paul Gaffney se questionnent sur les moyens de vivre en harmonie avec la nature, Rebecca Topakian, Michel François, Christophe Bourguedieu, Nathalie Wolff & Matthias Bumiller interrogent la société post-capitaliste, ses frontières et ses contradictions.
Plus intimistes, Matthew Genitempo et Pascal Amoyel photographient leurs proches dans une relation au territoire de vie. Enfin, Geert Goiris illustre une tension fondamentale entre l’humain et la nature.

Continuer la lecture de « La BPM – Biennale de la Photographie de Mulhouse »

Identités partagées – Daniel Tiziani

Jusqu'au 16 décembre 2023 à l'Abri Mémoire de Uffholtz
Quelques silhouettes anonymes, les soldats morts pour la France et des
bornes frontières usées par le temps. L’artiste mulhousien Daniel Tiziani nous présente des dessins, empreintes et gravures en lien avec les traces du passé... que tout le monde voit sans les remarquer. PROJECTION DU FILM DOCUMENTAIRE LE LISERÉ VERT
° En présence du réalisateur Gilles Weinzaepflen, de l'artiste Daniel Tiziani et du docteur en histoire Benoît Vaillot
Samedi 14 octobre, 20h00

Artiste plasticien attentif aux détails que personne ne remarque, sensible aux traces laissées par la main de l’homme, Daniel Tiziani invite à la réflexion sur notre identité partagée. Dans cette exposition où l’art rencontre l’histoire, que nous apprennent ces oeuvres des événements majeurs du passé et des
récits intimes…  Son approche nous permet d’explorer ces thèmes de manière esthétique et émotionnelle et nous offre une occasion précieuse de réfléchir à notre identité collective

Stamala avec Francine Hebding écoutez ici
Il est venu accompagné de Dany Weber, conseillère déléguée à la culture de la Com Com Thann- Cernay ainsi que Jean Paul Welterlen, ancien maire d’Uffholz entre autre. On y parle de l’expo, de l’artiste mais aussi d’histoire et de cet endroit qu’est l’Abri Mémoire à découvrir sans faute.

L’exposition se divise en deux parties :

Partie 1.
Silhouettes anonymes (salle 1)
Partie 2.
Bornes frontières (salle 2)

Silhouettes anonymes

Fondée en 1843 d’après l’idée du rédacteur en chef Edouard CHARTON,
L’Illustration est un magazine illustré français. Il devient le premier magazine au monde en 1906 et ses abonnés habitent dans plus de 150 pays. Dès ses débuts, la revue place le dessin et la gravure au centre de ses publications.

Sa politique journalistique est alors révolutionnaire pour l’époque : recherche de l’information à sa source, envoi des correspondants ou appel à la collaboration des lecteurs. L’impartialité est l’objectif principal de la publication. Chaque édition présente une double page remplie d’illustrations, où l’image se révèle plus importante que le texte.

L’artiste Daniel Tiziani utilise alors ce célèbre magazine comme médium pour ses gravures. Il y imprime des silhouettes anonymes directement sur les pages de la revue : mère, militaire, danseuse étoile, petite fille… ce sont autant de personnages anonymes fixés sur des photographies de personnes célèbres, sur des publicités, ou placés en parallèle de textes journalistiques, telles de nouvelles illustrations. Une Image qui revient souvent, charmante dans sa simplicité, émouvante dans son dépouillement, la petite fille anonyme, dont le procédé photographique, me fait penser à celui d’Irving Penn vu en juillet à la Villa des Roches Brunes de Dinard
 Chaque page utilisée nous apporte des références culturelles et historiques, parfois effacées par le temps. L’emplacement des figures est toujours réfléchi et choisi minutieusement par l’artiste. Quelquefois
un clin d’oeil ironique avec le texte ou la publicité.
Daniel Tiziani nous interroge :
qu’en est-il de ces figures oubliées disparues lors des conflits ?

Silhouettes connues

Les Frères Belmont, immortalisés à travers les gravures de Daniel Tiziani, sont issus d’une famille profondément cultivée et religieuse, qui s’établit à Grenoble en 1893. Parmi les sept frères et la soeur de cette famille, Joseph se distingue particulièrement grâce à la publication de ses lettres de la Première Guerre mondiale, à partir de 1916.
Marie-Victorine, bien qu’absente de cette exposition, est infirmière durant la Grande Guerre. Ferdinand Joseph, né en 1890, est initialement médecin puis Capitaine du 11e bataillon de chasseurs alpins. Il s’est retrouvé blessé d’un éclat d’obus au Hartmannswillerkopf et est décédé de ses blessures à l’hôpital de Moosch, le 28 décembre 1915. Il fut chevalier de la Légion d’honneur et décoré de la croix de guerre.
Jean, né en 1893, est élève à l’Institut Polytechnique de Grenoble lorsqu’il rejoint le 22e Régiment d’Infanterie. Il meurt au col d’Anozel le 28 août 1914, dans les Vosges.
L’abbé Joseph Régis, né en1895, est étudiant au Grand Séminaire de Saint-Sulpice à Issy-les-Moulineaux. Il est nommé caporal au 175e régiment d’infanterie, combat aux Éparges puis à la bataille de l’Argonne, avant de mourir le 02 juillet 1915 au Bois-de-la-Gruerie, dans la Marne.
Maxime, né en 1897, est incorporé au 14e bataillon d’artillerie, puis affecté aux chemins de fer après le décès de ses trois frères, tout comme
Paul, né en 1899.

Ces portraits presqu’anonymes ont été imaginés et produits par l’artiste avant qu’il n’ait eu connaissance de leurs photographies. Il s’agit d’un hommage rendu à tous ces soldats morts pour la France, à travers des portraits-robots pouvant évoquer plusieurs soldats.

Un peu d’histoire

L’Alsace et la Lorraine sont revendiquées par l’Empire allemand dès le début du XIXe siècle. À l’issue de la guerre de 1870, après l’armistice du 29 janvier 1871, la France se voit contrainte de céder à l’Allemagne les territoires qui formeront l’Alsace-Lorraine, par le traité de Francfort de 1871. La nouvelle frontière franco-allemande suit alors en grande partie la ligne de crête des Vosges et traverse principalement des espaces forestiers en altitude.
Adolphe THIERS (1797-1877) se voit imposer la négociation du tracé delà nouvelle frontière à partir d’un « liseré vert », déjà tracé par
Wilhelm LIEBENOW (1822-1897). L’Empire allemand tente de faire correspondre la nouvelle frontière avec la ligne de crête des Vosges.
Les négociations aboutissent au traité préliminaire de paix à Versailles le 26 février 1871.
La nouvelle frontière doit être définie de manière plus approfondie lors des conférences de Bruxelles de mars à mai 1871. Des pionniers de la géographie sont chargés de la définition de la frontière, le français Aimé LAUSSEDAT (1819-1907) et l’allemand Wilhelm HAUCHECORNE (1828-1900).
Le traité définitif depaix est signé le 10 mai 1871
sans qu’aucune carte ne soit produite à cette occasion.

L’Alsace-Lorraine : une identité partagée

Le traité de Francfort du 10 mai 1871 consacre en effet l’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Empire allemand, mais aussi celle de tous ceux qui en sont originaires. Cependant, une clause d’option a été introduite dans le traité et permet aux Alsaciens-Lorrains de conserver la nationalité française, à condition toutefois de « transporter leur domicile » hors des territoires cédés.

Bornes frontières

Sur les cartes, la frontière est matérialisée par un liseré vert.
 Le traité de Francfort prévoit que la commission de délimitation se rende
«sur le terrain immédiatement» pour une phase de démarcation
de la frontière. Le terrain est étudié, les arbres sont rasés et les bornes frontières sont commandées. La commission de délimitation met alors plusieurs années à matérialiser la nouvelle frontière sur le terrain.
Plus de 5 500 bornes sont posées entre le Luxembourg et la Suisse.


Les géomètres français et allemands font le levé du tracé de la frontière. Ils le consignent dans un registre et le reportent sur des cartes de deux types : cartes de détail échelle 1/1250e et les cartes d’ensemble échelle 1/20000e. Pour l’installation de ces bornes, de nombreux arbres ont été rasés, qui aboutiront à la création de circuits de randonnée. Si la frontière se trouve au niveau d’un cour d’eau, deux bornes sont placées de chaque côté, à égale distance. La rive française comporte uniquement la lettre F, la rive allemande la lettre D. En France,de nombreux « D » gravés ont été détruits au fil du temps.
.
Aujourd’hui, cette frontière franco-allemande est comme
oubliée.  Certaines bornes sont conservées, mais elles ne bénéficient pas de la protection des Monuments historiques.

Daniel Tiziani est parti à la recherche de ces bornes frontières souvent ignorées. Sans les déplacer, son art permet de se les remémorer et de les valoriser. Il pose sa feuille sur le dessus, la frotte à l’aide d’une mine de plomb et en relève l’
empreinte: l’angle qui indique l’emplacement des deux autres bornes. Il précise aussi quel côté de la borne appartient à quel pays, où se situent les points cardinaux ou encore le numéro de la borne. Par ses empreintes et décalquages, Daniel Tiziani met en valeur l’objet devenu mémoriel, transformant un artefact tri-dimensionnel presqu’invisible, en une surface plane et riche d’histoire et de géographie. Enfin, dans son atelier, l’artiste rehausse le dessin de couleurs, attirant alors notre regard, en particulier sur la fameuse ligne rouge.

Informations pratiques

Abri mémoire
1 rue du Ballon,
68700 Uffholtz

Visites et activités gratuites
Informations et réservations :
03.89.83.06.91
abri-memoire@cc-thann-cernay.fr

Suivez-nous
abri-memoire.org
Mégane Liguori
Chargée de médiation et d’accueil
07.78.20.60.20
m.liguori@cc-thann-cernay.fr

VISITES GUIDÉES
° Rencontres avec l’artiste
° Rendez-vous à l’Abri
Tous les samedis, 15h00

ATELIERS
° Animés par l’artiste
samedi 14 octobre,
samedi 18 novembre,
samedi 16 décembre,
14h30

PROJECTION DU FILM DOCUMENTAIRE LE LISERÉ VERT
° En présence du réalisateur Gilles Weinzaepflen, de l’artiste Daniel Tiziani
et du docteur en histoire Benoît Vaillot
Samedi 14 octobre, 20h00

Les abstractions de Maggy Kaiser au Musée des Beaux-arts

Maggy Kaiser, sans titre 2011, Fondation Heinrich W. Risken, Badrothefelde

Jusqu'au 28 janvier 2024, au musée des Beaux Arts de Mulhouse
Commissaire : Chloé Tuboeuf, directrice des musées municipaux par intérim
Partenariat : Fondation Heinrich W. Risken, Badrothefelde, Allemagne

Après avoir présenté les mouvements d’avant-garde, par le biais d’œuvres issues des réserves du musée, le Musée des Beaux-arts consacre sa nouvelle exposition temporaire, « Sur les chemins de l’abstraction », à l’artiste mulhousienne Maggy Kaiser, jusqu’au 28 janvier 2024. Le musée se propose de présenter les artistes femmes à l’avenir.

L’exposition

« Dans l’exposition précédente, nous avions déjà présenté une œuvre de Maggy Kaiser, dans une salle dédiée à l’abstraction », confie Chloé Tuboeuf, la responsable du Musée des Beaux-arts. L’œuvre en question, « Rythme diagonale », fait partie des collections du musée depuis les années 80 et c’est loin d’être un hasard, puisque l’artiste, surtout connue en Allemagne, est née et a grandi à Mulhouse.
Née en 1922, Marguerite -Maggy- Kaiser
 « n’était pas prédestinée à devenir artiste, poursuit Chloé Tuboeuf. Elle a commencé à dessiner à 12 ans, lors d’un séjour de convalescence en Suisse, puis s’est trouvée une fascination pour Kandinsky et Klee, qu’elle a découverts au Kunstmuseum de Bâle ».

        Rythme Diagonale ou diagonale droite musée des BA Mulhouse

 L’artiste s’installe à Paris en 1947, décide de ne se consacrer qu’à la peinture quatre ans plus tard, puis migre en Provence (où elle vit toujours), en 1962. 
« Elle a créé des œuvres jusque dans les années 2010 »,
précise la responsable du musée.

Parcours chronologique et thématique

34 ans après une première exposition consacrée à Maggy Kaiser, le Musée des Beaux-arts présente donc une nouvelle monographie de l’artiste, « Sur les chemins de l’abstraction ». « Cette exposition permet de montrer comment elle est arrivée à l’abstraction, qui apparaît très tôt dans son travail, mais aussi de présenter des œuvres créées dans les années 90 et 2000, qui n’avaient encore jamais été présentées », expose Chloé Tuboeuf. Sur tout le deuxième étage du musée, les visiteurs peuvent découvrir le travail singulier de l’artiste, présenté de manière chronologique et thématique. Dans la première salle consacrée à ses œuvres de jeunesse, une très classique nature morte à l’aquarelle côtoie une vue de Mulhouse déjà influencée par le cubisme, ainsi que sa première toile abstraite, « L’inconnue », qui marque un tournant dans son travail.

                              Mulhouse 1956 Fondation Heinrich W.Risken

L’abstraction comme fil conducteur

De salle en salle, on se rend compte de l’évolution du travail de l’artiste, au fil du temps. Si l’abstraction est un fil conducteur, les formes géométriques rigoureuses, les fonds sombres et les toiles rondes des années 70 et du début des années 80 laissent place à la période blanche, caractérisée par des fonds clairs et des lignes fines de couleurs. « Elle s’est détachée de la géométrie pure et de son propre style », analyse Chloé Tuboeuf.

Participation de Géraldine Husson pour les assises

Les œuvres les plus récentes, beaucoup plus colorées et surtout plus grandes, montrent des formes circulaires, flottant dans des univers aux espaces sans limites. « Ici, il y a une explosion de la gamme chromatique et on sent que Maggy Kaiser s’est totalement libérée de la forme géométrique. »

Une artiste peu connue des Mulhousiens

L’exposition, qui revient sur plus de 60 ans de création, offre aussi quelques surprises, comme cette vitrine présentant des photos et articles de presse, sur le travail d’art mural réalisé par Maggy Kaiser. On y voit notamment des clichés d’œuvres murales en céramique, qui sont toujours visibles dans les écoles mulhousiennes George Sand, Plein Ciel et Jean Zay ! Pour le Musée des Beaux-arts, cette exposition dédiée à Maggy Kaiser permet également de mettre en lumière le travail d’une femme artiste, pas forcément connue des Mulhousiens.

                                                San titre 2005
« L’exposition montre avant tout un travail mais le musée s’attache aussi à valoriser les femmes artistes et à travailler sur leurs biographies, dans la collection permanente ou par le biais d’expositions temporaires, conclut Chloé Tuboeuf. Elles ont été invisibilisées, on les connaît donc moins, et c’est aussi notre travail de les faire redécouvrir ! »

Autour de l’exposition : plusieurs événements gratuits

Visites commentées de l’exposition (sur réservation) :

  • Dimanche 6 octobre à 11h et à 15h
  • Jeudi 9 novembre à 18h30
  • Dimanche 3 décembre à 15h

Muséovacances : atelier enfant (7-11 ans), création d’un nuancier avec « La pigmentière »

  • Jeudi 26 octobre de 14h à 17h (sur réservation)

    Musée des Beaux Arts de Mulhouse
    4 Place Guillaume Tell
    68100 Mulhouse
    Ouvert tous les jours de 13 h à 18 h 30
    entrée gratuite

Renseignements réservation

Par email à l’adresse : accueil.musees@mulhouse-alsace.fr
Par téléphone : 03 89 33 78 11
Retrouvez toute l’actualité sur : www.beaux-arts.musees-mulhouse.fr

Sommaire de septembre 2023

Giuseppe Penone à l’Académie des Beaux Arts
 

26 septembre 2023 : Corps à corps. Histoire(s) de la photographie
23 septembre 2023 : Icônes de lumière, Elisabeth Bourdon
19 septembre 2023 : QUI NE DIT MOT…(Une victoire sur le silence)
18 septembre 2023 : Soirée des 30 ans de La Filature, Scène nationale de Mulhouse
18 septembre 2023 : Aglaé Bory, Ici Ailleurs
16 septembre 2023 : Niko Pirosmani
13 septembre 2023 : Les lauréats du prix Praemium Imperiale 2023
08 septembre 2023 : Concert – Clavecin Ruckers
04 septembre 2023 : Matisse, Derain et leurs amis, L’avant-garde parisienne des années 1904–1908

Corps à corps. Histoire(s) de la photographie

Man Ray – Dora Maar 1936

L’exposition « Corps à Corps » (6 septembre 2023 – 25 mars 2024) propose un nouveau regard sur les représentations de la figure humaine en photographie, en faisant dialoguer la collection du Centre Pompidou et celle de Marin Karmitz.
Dans ce podcast/texte, la commissaire Julie Jones aborde les thèmes de l’exposition et présente plusieurs oeuvres du parcours. Scénographie : Camille Excoffon

Julie Jones  vous accompagne dans l’exposition, podcast à écouter
Télécharger la transcription du podcast / PDF  – 435.9 Ko

Avec la rencontre de deux collections photographiques exceptionnelles – celle, publique, du Centre Pompidou – Musée national d’art moderne et celle, privée, du collectionneur français Marin Karmitz – l’exposition « Corps à corps » offre un regard inédit sur les représentations photographiques de la figure humaine, aux 20e et 21e siècles


L’exposition

Rassemblant plus de 500 photographies et documents, réalises par quelque 120 photographes historiques et contemporains, l’exposition dépasse les catégories d’étude classiques telles que le portrait, l’autoportrait, le nu ou encore la photographie dite humaniste.
Elle dévoile des particularités, des manières de voir photographiques et rend visibles des correspondances entre artistes. On leur découvre des obsessions communes, dans leur façon d’appréhender le sujet, comme dans leur approche stylistique.
Ces rapprochements peuvent éclairer une certaine pratique, à un moment précis de l’histoire, ou au contraire montrer la proximité de visions éloignées dans le temps. Les images exposées nourrissent aussi des questionnements sur la responsabilité du photographe : comment la photographie participe-t-elle à la naissance des identités et a leur visibilité ? Comment raconte-t-elle les individualités, le rapport a l’autre ?

La collection du Centre Pompidou – Musée national d’art moderne et la collection Marin Karmitz, distinctes par leur origine, leur nature, et leur fin, apparaissent ici complémentaires.
Regard public et regard privé dialoguent et construisent de nouveaux récits.
Ensemble, ils proposent une réflexion sur l’idée même de collection.
Comment une collection se construit-elle, et quelle est la part de la subjectivité dans sa constitution ?
Comment la transmettre au public ?
La collection de photographies du Centre Pompidou est devenue en près de cinquante ans l’une des plus importantes au monde. Riche de plus de 40 000 tirages et de 60 000 négatifs, elle est constituée de grands fonds historiques (Man Ray, Brassai, Constantin Brancusi ou Dora Maar), et compte de nombreux ensembles de figures incontournables du 20e siècle, comme des corpus importants de la création contemporaine. Forme aux métiers du cinéma
et de la photographie dans les années d’après-guerre et figure majeure du cinéma français, Marin Karmitz se fascine, depuis plusieurs décennies, pour la création, sous toutes ses formes.
Sa collection photographique révèle un intérêt immuable pour la représentation du monde et de celles et ceux qui l’habitent. Qu’il s’agisse des grandes figures de l’avant-garde, telles Stanisław Ignacy Witkiewicz, dont Marin Karmitz à récemment fait don d’un ensemble d’oeuvres important au Centre Pompidou, jusqu’à des figures contemporaines, comme l’artiste SMITH.

Photographes exposés (non exhaustif)

Berenice Abbott, Laia Abril, Michael Ackerman, Laure Albin-Guillot, Dieter Appelt, Richard Avedon, Alain Baczynsky, Hans Bellmer, Jacques-Andre Boiffard, Christian Boltanski, Agnes Bonnot, Constantin Brancusi, Bill Brandt, Brassai, Johannes Brus, Gilles Caron, Henri Cartier-Bresson, Mark Cohen,
Joan Colom, Antoine d’Agata, Roy DeCarava, Raymond Depardon,
Pierre Dubreuil, Hans Eijkelboom, Walker Evans, Patrick Faigenbaum,
Louis Faurer, Fernell Franco, Robert Frank, Douglas Gordon, Sid Grossmann, Raoul Hausmann, Dave Heath, Michal Heiman, Lewis Hine, Lukas Hoffmann, Francoise Janicot, Michel Journiac, Valerie Jouve, Birgit Jurgenssen,
James Karales, Chris Killip, William Klein, Josef, Koudelka, Tarrah Krajnak, Hiroji Kubota, Dorothea Lange, Sergio Larrain, Saul Leiter, Helmar Lerski,
Leon Levinstein, Helen Levitt, Eli Lotar, Dora Maar, Vivian Maier, Man Ray, Chris Marker, Daniel Masclet, Susan Meiselas, Annette Messager, Lisette Model, Zanele Muholi, Joshua Neustein, Janine Niepce, J.D. ‘Okhai Ojeikere, Homer Page, Trevor Paglen, Helga Paris, Gordon Parks, Mathieu Pernot, Anders Petersen, Friederike Pezold, Bernard Plossu, Barbara Probst, Gerhard Richter, Alix Cleo Roubaud, Albert Rudomine, Ilse Salberg, Lise Sarfati, Gotthard Schuh, Claude Simon, Lorna Simpson, SMITH, W. Eugene Smith, Stephanie Solinas,
Annegret Soltau, Jo Spence, Louis Stettner, Paul Strand , Christer Stromholm, Josef Sudek, Val Telberg, Shōmei Tōmatsu, Jakob Tuggener, Ulay, Johan van der Keuken, Leonora Vicuna, Roman Vishniac, Andy Warhol, Hitomi Watanabe, Weegee, William Wegman, Koen Wessing, Nancy Wilson-Pajic, Stanisław Ignacy Witkiewicz…

Ensemble(s) : collections et regards croisés.

Entretien de Julie Jones avec Marin Karmitz

Marin Karmitz et Julie Jones au Centre Pompidou, commissaires de l’exposition Photo c Didier Plowy

Extrait du catalogue de l’exposition :

J.J. Nous commencons l’exposition par un face-a-face entre les portraits en plan très rapproché que Stanisław Witkiewicz réalise dans les annees 1910 et les photographies que Constantin Brancusi prend de ses premières ≪ têtes ≫ sculptées a la même époque.
Ils introduisent un ensemble de visages photographies par d’autres, comme Lewis Hine, Helmar Lerski, Dora Maar, Roman Vishniac, Johan van der Keuken, Paul Strand ou Daniel Masclet, parfaitement modelés par la lumière et l’ombre, par le cadrage, grâce auxquels des identités particulières émergent. Nous concluons l’exposition par la présentation de ≪ fantômes ≫, soit des individualités indéfinies, dissolues.
Qu’évoque pour vous ce passage ?

M.K. Le poids des évènements historiques traumatiques que nous avons traversés et traversons aujourd’hui influe inexorablement sur notre conception du corps, sur notre vision de l’autre et de nous-mêmes. La dissolution de l’individu, avec toute sa complexité, toutes ses particularités, tout ce qui le rend unique me semble être d’une terrible actualité. Comment redonner vie a cet individu ? Si l’on veut sortir de la nuit, et aller vers le jour, il faut résister, essayer de se libérer. Il faut créer. C’est une forme de responsabilité. Il faut réapprendre à voir.

Les premiers visages

Par la photographie, nous appréhendons le corps et entrons dans son intimité. L’image du visage, en particulier, éclaire le rapport à l’autre. Comme le disait le philosophe Emmanuel Levinas :
« […] il y a dans le visage une pauvreté essentielle ; la preuve en est qu’on essaie de masquer cette pauvreté en se donnant des poses, une contenance. Le visage est exposé, menacé, comme nous invitant à un acte de violence. En même temps, le visage est ce qui nous interdit de tuer ».
Au début du 20e siècle, le visage pris en plan rapproché devient un motif récurrent dans l’œuvre photographique des avant-gardes. Le cadrage comme le jeu dramatique des lumières et des ombres renforcent l’impression de présence du sujet. Traité hors de tout contexte (individuel ou social), le visage anonyme devient prétexte à des études formelles. Pour d’autres photographes, dont la démarche relève davantage du documentaire social, photographier le visage est un acte d’engagement, une manière de rendre visible la personne. Pour tous, l’émergence de ces visages impose un face-à-face qui assure au sujet son identité autant qu’il la questionne.

Automatisme ?

Les photomatons apparaissent dans les années 1920, d’abord aux États-Unis, puis en Europe. Cette photographie pauvre, automatique et sans auteur fascine très tôt les artistes surréalistes. La cabine de prises de vues, espace restreint devenu petit théâtre, est prétexte à de multiples grimaces, à des portraits extatiques, les yeux fermés, têtes décoiffées ou à des portraits de groupe indisciplinés. Ainsi, dès ses origines, cette photographie populaire, alors au service des méthodes modernes de contrôles administratif et policier, est détournée en un nouvel espace de liberté et de révolte. De nouveau dans les années 1960, période marquée par le développement des arts performatifs, et jusqu’à aujourd’hui, de nombreux artistes s’emparent de cette esthétique, voire du dispositif même. Ils dénoncent ainsi les carcans imposés par la société contemporaine via la bienséance et la persistance des stéréotypes culturels comme identitaires. Jouant, parfois non sans humour, avec ses codes (frontalité, anonymat, sérialité…), tous renversent les rapports de pouvoir en soulignant la multiplicité et la complexité des subjectivités.

Fulgurances

Intermédiaire entre le photographe et le photographié, l’appareil de prises de vue transforme la manière de percevoir l’autre. À l’affût, le photographe attend l’apparition de l’image :

sa vision, humaine, devient photographique ; il pense le réel par son cadre, puis il le met « en boîte ». L’appareil lui permet de saisir un instant, de capter l’autre, de le posséder par son image. Cette présence au monde si particulière a souvent été comparée aux pratiques de la chasse ou de la collection. Mais cette traque agit aussi parfois comme un révélateur. Visionnaire plus que voyeur, le photographe perçoit et isole des individualités, il met en lumière des anonymes perdus dans la foule. Par une attention aux atmosphères et à l’intimité des regards et des gestes, il donne à voir des rapports humains.
« La photo, affirmait Chris Marker en 1966, c’est l’instinct de chasse sans l’envie de tuer. C’est la chasse des anges… On traque, on vise, on tire et – clac ! au lieu d’un mort, on fait un éternel. »

Fragment

Morcelé par le cadrage – lors de la prise de vue et/ou lors du tirage de l’épreuve –, l’individu devient objet anonyme. Tête, main, doigt, œil, oreille, jambe, torse, pied, cou, bouche, sexe, peau, sein, nombril, cheveux…, ces morceaux de corps et d’épiderme se transforment

     Henri Cartier Bresson l’Araignée d’amour 1934, collection Marin Karmitz

en paysages incertains, parfois inhospitaliers. L’observateur échoue cependant à détourner son regard, tant la sensualité des corps y est décuplée. Le rapport photographe/photographié apparaît comme résolument déséquilibré ; la femme, objectivée, est sans conteste un motif récurrent dans ce type d’image. Nombre d’artistes ont néanmoins su utiliser cette même rhétorique de la fragmentation pour dénoncer la persistance de l’inégalité des rapports de pouvoir et de contrôle dans la société contemporaine. Si ces images-fétiches racontent le désir, elles peuvent aussi encourager, tout simplement, à mieux voir : la grâce et l’élégance d’un geste, d’un corps au travail, d’un corps au repos, d’un corps souffrant ou d’un dialogue silencieux entre deux êtres.

 
   
En soi

Absorbées dans leurs pensées, rêveuses, contemplatives ou soucieuses, conscientes ou non d’être saisies par l’appareil, ces personnes existent au-delà de leur image. Effacé, le photographe semble n’être qu’un témoin impassible, extérieur aux instants et aux intériorités qu’il enregistre. Si ces prises de vue peuvent être spontanées, l’observation (celle du photographe et celle du regardeur) y paraît plus longue, plus posée, plus « picturale ». Certains photographes peuvent mettre en scène leur invisibilité par un dépouillement stylistique (frontalité, neutralité des tons, dispositif sériel…) ; d’autres, confessant une empathie absolue envers le sujet, privilégient un usage dramatique du cadrage Bernard Plossu
et des jeux de clair-obscur. Ces images sont souvent celles de solitudes, d’états mélancoliques ou de corps en transe. Elles appellent un hors-champ inaccessible tant, chez le regardeur, le sentiment d’être étranger à la scène domine la lecture.

Intérieurs

En 1967, le philosophe Michel Foucault forge le terme d’« hétérotopie » pour définir un lieu à part au sein d’une société, régi par des règles, des fonctionnements et des temporalités qui lui sont propres. Asiles psychiatriques, prisons, cimetières, musées, théâtres, cinémas, villages de vacances, lieux de culte… L’hétérotopie a des fonctions et des natures diverses : elle peut accueillir l’imaginaire, être espace de liberté comme de mise à l’écart. Elle révèle d’autres manières de vivre ensemble et de penser le monde. Pourquoi photographier ces lieux clos et autonomes ?

                             Smith
Comment représenter ces corps collectifs, quel portrait réaliser de l’individu au cœur de ceux-ci ? Parfois, les photographes veillent à garder ce qu’ils estiment être une juste distance ; certains participent entièrement à ce qu’ils enregistrent en partageant, souvent sur un temps long, la vie de ces autres. Leurs images dévoilent des sphères intimes, des corps contraints, des corps libérés, des dépendances mais aussi des lieux de contestations sociales et politiques. Toutes donnent une voix à des identités souvent condamnées à l’invisibilité par la société contemporaine.

 
   
Spectres

Dissimulation des corps, enregistrements de reflets, utilisation du flou, recours au photomontage…, ces procédés, aussi divers soient-ils, mettent tous en scène une forme de disparition. Si l’image enregistre, fixe et donne à voir des identités, celles-ci paraissent dissolues et indéterminées, telles des fantômes. Les particularités individuelles s’effacent au profit d’une anatomie collective indéfinie et d’un « fluide » intangible : le corps devient matière anonyme. Faire une image de ces mutations implique un rapport au réel et au photographique plus incertain. Ce qui importe n’est plus de capter l’instant, mais de donner à voir l’expérience d’une transition : la lumière, l’ombre et le cadre perdent leurs fonctions traditionnelles ; ils sont utilisés ici pour souligner un passage. Chacune à leur manière, ces photographies montrent comment la conception de la figure humaine se transforme au contact des autres,des événements historiques et contemporains, parfois traumatiques. Si elles témoignent souvent d’une violence à l’égard du corps, elles peuvent aussi accompagner sa possible renaissance.

Informations pratiques

Le Centre Pompidou
75191 Paris cedex 04

+ 33 (0)1 44 78 12 33

Métro :
Hôtel de Ville, Rambuteau RER Châtelet-Les-Halles

Horaires
Exposition ouverte tous les jours de 11h à 21h,
sauf le mardi.

Icônes de lumière, Elisabeth Bourdon

Mulhouse, Temple Saint-Étienne du 9 septembre au 21 octobre 2023
du mercredi au dimanche de 13h à 19h, entrée gratuite
réservation possible pour des visites guidées avec l’artiste au 06 48 30 53 37
Quand dix mille vues entrelacées apprivoisent la lumière.

Élisabeth Bourdon au Temple Saint-Étienne

Avec l’aimable autorisation
de Luc Maechel

L’artiste Élisabeth Bourdon investit depuis le 8 septembre l’espace d’exposition du Temple Saint-Étienne avec ses œuvres récentes : des pièces singulières à la technique innovante évoquant l’art du vitrail particulièrement en harmonie avec le site qui abrite des vitraux du XIVe.
Sont aussi exposées une demi-douzaine de toiles peintes à l’acrylique entre 2012 et 2018.

        Elisabeth Bourdon & Anne Catherine Goetz adjointe à la culture
Dans un monde fragile et fragmenté, il est tentant de chercher, d’explorer afin de (re)trouver un ordre, tout au moins quelque chose qui permet de donner un fil de cohérence au désordre. Il y a sans doute une part instinctive dans cette pulsion, une part de conjuration aussi.
Le carré, unité primaire, apparaît comme un premier geste d’évidence. Mais le réel ne se laisse pas circonscrire aussi facilement et, très vite, il convient de le démultiplier. Le carré devient motif sériel, s’invite en profusion, en superposition, en lien. Bientôt les formes oblitèrent le fond – le geste premier de la peinture est de préparer le fond et Élisabeth y est très attentive. Si celui-ci disparaît peu à peu sous les motifs, il demeure en résonance avec les couleurs postérieures comme les harmoniques en musique enluminent la voix du chanteur ou de l’instrument. À la fin, il se livre en pulsations ourdies dont l’artiste joue car il y a du ludique dans la chorégraphie polychrome de ses compositions.
À ce trouble jeu, surgit quelquefois un visage, un animal, une architecture : magie de la paréidolie.

                 Elisabeth Bourdon & Robert Cahen
Si avec la peinture, elle module l’opacité avec de souterraines rémanences, depuis 2018, elle a inversé son approche et travaille sur la transparence. D’une technique à l’autre, la logique d’élaboration change peu.
Le fond, c’est désormais un luminaire led (60 x 60 cm), une surface écran et surtout une source de lumière pour irriguer l’exubérance colorée de ses arrangements obtenus par le filtre d’anciennes diapositives superposées, retravaillées.


La première série respecte strictement la règle du jeu avec l’occlusion du cadre : la juxtaposition scrupuleuse des diapositives (121 par couche). La créativité naît de l’apposition et de la superposition. Les sujets photographiés se dissolvent par la magie des recouvrements et de la diffraction. Le matériau impose ses contraintes, mais génère de l’inattendu, acquiert une vie propre loin des clichés.
Peu à peu l’artiste se libère de l’exigence du carré en décollant la pellicule du cache. Les œuvres gagnent en transparence, en vibration, abolissent les frontières tranchées, s’autorisent des superpositions plus nombreuses, plus audacieuses. Elle joue avec les rangées de perforations, manipule, abrase l’émulsion du support… Comme les sujets préexistent, elle les regroupe par séries thématiques suscitant à chaque fois une dynamique particulière à leur texture : élan des colonnes d’églises vers les chapiteaux, arabesques des tympans, moutonnement des paysages, etc. Même ses propres photos, souvenirs de familles, deviennent matière à filtrer la lumière.

Le film inversible a capté le réel – et de façon hyperréaliste : visages, paysages, détails d’architecture, tableaux… mais ces rendus objectifs n’existent plus que pour être transgressés. Le figuratif devient ferment d’abstraction ou chaque pièce décline sa dominante colorée.
Coquetterie d’artiste, avec des diapositives de leurs œuvres, elle rend hommage à Bacon, Rembrandt, etc., ajoutant quelques traits de pinceaux pour attiser l’émergence du portrait. Mais toujours discrètement, sans ostentation : laisser à l’amateur le plaisir de la découverte.

Avec ces pièces de lumière, Élisabeth Bourdon réinvente un art du vitrail non pour représenter ou raconter, mais provoquer la vibration graphique, colorée des photogrammes et, comme à l’ouverture d’un coffret à bijoux, offrir au visiteur le miroitement des trésors qu’il abrite.
Dans sa quête d’un ordre du monde, ses œuvres suggèrent qu’au-delà du carré l’unité primaire est la lumière et, comme le souffle Christian Bobin dans 
La grande vie (2014), L’âme naît au point de rencontre de notre néant avec la lumière qui nous en sauve.

Exposition d’Elisabeth Bourdon au musée des Beaux Arts de Mulhouse
sous ce lien

Pratique

Temple St Etienne
Place de la Réunion
68100 Mulhouse
Fermé lundi et mardi

Pour joindre l’artiste au 06 48 30 53 37

QUI NE DIT MOT…(Une victoire sur le silence)


Du 7 au 23 septembre 2023
Vernissage le 7 septembre à partir de 18h
Sous le commissariat de Marie Deparis-Yafil
Galerie Marguerite Milin
11 rue Charles-François Dupuis 75003 Paris

Pour une fois je vais parler/écrire d’une exposition que je n’ai pas vue, d’une part par amitié pour Naji, d’autre part pour la gravité du sujet

Note d’intention

Bien que fléau menaçant tous les enfants du monde, à tous les niveaux des sociétés, et à des degrés divers de barbarie, la violence sexuelle faite sur enfant reste un sujet éminemment tabou, tant sur les plans politique que culturel.
L’art lui-même, à diverses époques, a pu se faire l’écho bienveillant, sinon complice, de pratiques dont on connait pourtant les ravages physiques et psychologiques sur l’adulte que l’enfant abusé sera devenu.
Il est temps, aujourd’hui, que cela cesse, et que l’on puisse aussi entendre et voir la parole des artistes qui, d’une manière ou d’une autre, luttent pour que la parole des victimes soit entendue et reconnue.
Cette exposition collective, une première sur ce sujet, constitue un moyen d’objectiver la question, au travers de propositions artistiques contemporaines fortes, donnant matière – au propre comme au figuré- à réflexion, ambitionnant de contribuer à faire bouger les lignes.

Les artistes

Avec : Jessy Deshais, Naji Kamouche, Sylvie Kaptur-Gintz, Sandra Krasker, Monk, Piet.sO, Anne Plaisance, Virginie Plauchut, Erik Ravelo Suarez, Camille Sart, Maïssa Toulet, Tina Winkhaus.

QUI NE DIT MOT…

se réfère explicitement au proverbe d’origine latine qui tacet consentire
videtur («qui se tait semble consentir»), laissant au lecteur le soin de finir lui même la phrase, et posant ainsi deux questions cruciales, intimement liées: celle du consentement, celle du silence.
La locution populaire fait écho à cette tenace présupposition que celui qui n’objecte pas de refus donne tacitement son accord, préjugé si souvent répété dans les entourages des victimes, depuis «Tu aurais pu dire non» à «Pourquoi n’a-t-il/elle rien dit pendant toutes ces années?» … C’est le «non» qui n’a pas pu être dit, ou n’a pas été entendu, dont la victime devra sans cesse se justifier, c’est le long silence, dont il faudra se justifier encore, face à une ignorance et une suspicion persistantes des raisons profondes qui nourrissent un secret durant parfois des décennies. C’est aussi l’injonction au silence régnant dans les entourages, les familles…toute une mécanique des yeux et des oreilles tacitement fermés, socle parfois inattaquables des structures familiales et sociales…
«Qui ne dit mot…consent», est aussi un principe de droit, à la racine même de principe de prescription, qu’il nous faut aujourd’hui ré examiner et requestionner.

QUI NE DIT MOT… pour prendre à rebours donc, cette croyance que celui qui se tait consent, pour affirmer que le silence d’une victime ne vaut évidemment pas consentement, que rien n’est moins tacite que la domination par le silence.
Mais «Qui ne dit mot…» fait aussi allusion au silence de «ceux qui savent». Aujourd’hui, peut-être plus que jamais, savoir et ne rien dire doit pouvoir être appréhendé comme une forme de consentement au délit ou au crime. Cette parole là aussi doit être libérée. Dans le même temps, on ne peut – encore une fois- voler la parole à la victime, ni extorquer sa vérité. Les enjeux sont
complexes.
Evitant l’écueil de l’angélisme, opposant une image édulcorée de l’enfance à une réalité sordide, comme celui du voyeurisme, refusant toute ambiguité complaisante, cette exposition, premier moment d’un projet d’ampleur, entend ne laisser le moindre doute sur les intentions des artistes et du commissaire.
Au travers d’oeuvres de tous médias – peinture, sculpture, photographie, vidéo, installation…- l’exposition explore différentes approches, entre corps et esprit, réalité et mémoire, traumatisme et résilience, violence et réparation, avec une attention particulière portée à l’histoire : celle des enfances volées, des vies de famille spoliées, des adolescences mortifères, des adultes devenus avec peine, à qui on n’offre le plus souvent ni le droit de souffrir, ni la reconnaissance de cette blessure que rien ne viendra suturer.
Elle parle de manière plus générale, des systèmes et mécanismes de domination à l’oeuvre dans cet asservissement et cette réification du corps de l’autre, de l’emprise et de la manipulation, du silence et du secret, et prétend en ce sens à l’universel.
Elle engage, enfin, sur la voix de la résilience celles et ceux qui croient en le pouvoir cathartique de l’art.
QUI NE DIT MOT… est une victoire sur le silence, et la première exposition rassemblant des artistes contemporains pour dire non.
texte de Marie Deparis-Yafil

Naji Kamouche (France – Algérie)

« Seul » – Fenêtre, néon clignotant, poignées de porte, dimensions variables, 2003 (courtesy Naji Kamouche)
Portes fermées, portes qui se ferment… L’installation « Seul » évoque
avec une force dramaturgique puissante, au travers de ce simple objet familier – la poignée de porte- l’expérience de la victime de violence, de la solitude et de
l’enfermement, notamment dans le secret.
Que se passe-t-il derrière les portes fermées des maisons, des chambres ? Que se passet- il lorsque la porte s’ouvre, et que l’espace domestique, qui devrait
être sécurisant, se fait zone de danger et de peur ? Et le néon qui clignote, comme un appel au secours, derrière la fenêtre, inaudible, rappelle dans son insistance le cri du silence.
Naji Kamouche déploie depuis de nombreuses années un travail d’une sensibilité écorchée, empreinte de poésie et de violence, réfléchissant
tout à la fois l’arrachement, l’exil, la peur et la solitude. Au travers de divers médiums, avec une prédilection pour le volume et l’installation, il
développe une oeuvre sans concession, dans laquelle la fragilité de la résilience s’inscrit sur le fil d’une lutte constante pour vivre et survivre.
Naji Kamouche vit et travaille à Mulhouse. Son travail fait partie de nombreuses collections publiques et privées françaises (ville de Mulhouse, Artothèque de Caen, FRAC Alsace, FMAC / Fonds Municipal d’Art Contemporain de la ville de Paris, Musée des Beaux-arts de Mulhouse…) et il expose régulièrement en
Europe, dans des musées, centre d’art, galeries et foires.
Naji KAMOUCHE – Seul – © Fred

Jessy Deshais (France)

« Les petites culottes » Organdi, eau sucrée, impression
numérique, broderie, épingles, hameçons, dimensions variables,
2011 (courtesy Jessy Deshais)
«Les petites culottes» forment une installation
suspendue, composée de plusieurs éléments de
coton blanc retravaillés, rebrodés. Ces sousvêtements enfantins, symbolisant la simplicité innocente,
racontent chacun une histoire, rappellent chacun l’intouchable.
Sortes de perizonium, ils évoquent la sanctuarisation du corps de l’enfant. «Elles ont le poids d’une plume, la fragilité d’une aile de papillon et les cris sourds de la violence.», en dit Jessy Deshais, évoquant dans le même temps la force de l’enfance face à la violence du monde, et les blessures indélébiles de ce même enfant devenu adulte.
Née à Tours en 1966, Jessy Deshais pratique divers métiers dans les arts graphiques et vivants ( DA, Illustratrice,scénographe, réalisatrice)
après sa formation, qu’elle poursuivra longtemps en parallèle à ses activités personnelles qu’elle montre peu. C’est autour de 2010 qu’elle commence
à faire valoir ce travail. En 2011, l’exposition personnelle « Les petites culottes » à la QSP de Roubaix, fait surgir la violence restée cachée en elle, une longue période d’un travail d’intériorité se met en place.
Elle navigue depuis entre les salons, les galeries et lieux prestigieux comme le Musée de la Chasse et de la Nature en 2014 , le Monastère de Brou en 2015, le Musée de la Piscine à Roubaix et la Villa Yourcenar à Mont noir en 2018 , La Ruche Seydoux à Paris, le château du Rivau à Lémeré en 2021, la Halle st Pierre à Paris en 2022. Elle continue à développer un corpus d’oeuvres diverses :
écriture, dessin, sculpture, vidéo, photo et installation relatant selon les époques l’expression mêlée de son bonheur de vivre comme sa profonde déception face au monde. Elle vit et travaille à Montreuil-sous-Bois.
Jessy DESHAIS -Les petites culottes- © Atelier Find Art

Les oeuvres

Jeudi 21 septembre 2023

PRÉSENTATION EN AVANT-PREMIERE DU DOCUMENTAIRE « Odette et moi », de Anne Lucie Domange Viscardi, en présence d’Anne Lucie Domange Viscardi, Andréa Bescond et Déborah Moreau, à partir de 18h.

« Odette et moi » est un documentaire qui capte la transmission d’un spectacle, mais pas n’importe quel spectacle !
Écrite et interprétée par Andréa Bescond, mise en scène par Eric Métayer,
« Les chatouilles ou la danse de la colère », jouée pour la première fois en 2014, est une oeuvre artistique essentielle qui marque un moment import libération de la parole au sujet de la pédocriminalité. En 2016, forte de son incroyable succès au
regard du sujet abordé et portée par l’énergie d’Andréa Bescond, la pièce remporte le Molière du Seul(e) en Scène. Adaptée en 2018 pour le cinéma, la pièce devenue film remporte à nouveau le succès et deux Césars, celui de la meilleure adaptation pour Andréa Bescond et Eric Métayer, et celui de la meilleure comédienne pour un second rôle pour Karin Viard.
Après l’avoir interprété durant plus de 4 ans, Andréa Bescond décide de transmettre le spectacle pour qu’il continue d’exister tandis qu’elle souhaite vivre d’autres aventures artistiques.


Le documentaire « Odette et moi» raconte l’histoire de cette transmission, de cette passation entre Andréa Bescond et Déborah Moreau, évoquant au passage le contenu même du texte , et son histoire. D’avril 2018 à juin 2019, Anne Lucie Domange Viscardi suit les deux actrices et nous fait témoins du processus de transmission de ce spectacle hors catégorie, des auditions jusqu’à la première représentation à Avignon. Au travers de ce passage de relais, grâce à la puissance du spectacle, émouvant, réaliste et savamment parsemé d’humour, on découvre et comprend la mécanique des agresseur.e.s, le déni de l’entourage, et la capacité des humain.e.s à se relever quoiqu’il arrive.
On assiste également à la naissance d’une comédienne talentueuse, Déborah Moreau, qui relève ce défi artistique avec talent et détermination !

Lecture

Le samedi 9 septembre lors du VERNISSAGE RENCONTRES AVEC LES ARTISTES
il y a eu la PRÉSENTATION ET LECTURE DE « Mon Secret » DE NIKI DE SAINT PHALLE
Visite commentée, rencontres et discussions privilégiées avec les artistes présents, à partir de 14h.
Présentation de la ré-édition du livre « Mon Secret », de Niki de Saint Phalle, par Ariana Saenz Espinoza et Christine Villeneuve, co-édité par les éditions Le rayon blanc et les éditions des femmes-Antoinette Fouque, à partir de 18h30, suivi d’une lecture d’extraits de l’ouvrage.

Informations pratiques

GALERIE MARGUERITE MILIN
11 rue Charles-François Dupuis 75003 Paris
OUVERTE TOUS LES JOURS DU
MARDI AU SAMEDI DE 12h à 19h et sur RDV
www.margueritemilin.com
galeriemargueritemilin@gmail.com
mdeparisyafil@gmail.com

Soirée des 30 ans de La Filature, Scène nationale de Mulhouse

samedi 30 septembre 2023

EN PRÉSENCE DE

Josiane Chevalier Préfète de la Région Grand Est
Franck Leroy Président de la Région Grand Est
Frédéric Bierry Président de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA)
Michèle Lutz Maire de Mulhouse
Bertrand Jacoberger Président de La Filature, Scène nationale de Mulhouse
Benoît André Directeur de La Filature, Scène nationale de Mulhouse

AU PROGRAMME

17h30 Lancement officiel
18h Les Voyages
Compagnie XY
création in situ aux abords du Théâtre · cirque (voir p.5)
19h Ici Ailleurs
Aglaé Bory
vernissage de l’exposition (voir p.9)
20h Le Tartuffe ou l’Hypocrite
Molière · Ivo van Hove · Comédie-Française
portrait Ivo van Hove · théâtre (voir p.4)
+ exposition d’affiches de saison La Filature, Scène nationale de Mulhouse
Colorée, vibrante, parfois surprenante, l’identité visuelle de La Filature a évolué au fil des années. Les affiches présentées
dans le cadre de cette exposition sont le reflet de 30 années de programmation ! À découvrir dans le hall.

Feuilletez ici le programme