Le noir insondable, ultime – Pierre Soulages,

Exposition prévue jusqu’au 28 février 2021 au musée Frieder Burda de Baden Baden,
Le musée est temporairement fermé en raison des mesures prises pour contenir la pandémie de Corona.

Pierre Soulages, grand peintre français pionnier de l’abstraction, lui a consacré sa vie d’artiste. Pour autant, le noir est pour lui tout sauf obscurité et ténèbres – il est plutôt le pendant de la lumière, à laquelle il permet de rayonner sous toutes ses facettes – que la couleur soit appliquée par raclage, décapage ou au pinceau. Ce sont les différentes textures, lisses ou fibreuses, légères ou denses qui, sous l’effet de la lumière, font apparaître l’infinie richesse de nuances potentielles ; Soulages se sert du contraste entre le clair et l’obscur pour faire remonter à la surface de la toile la clarté cachée dans les profondeurs du noir.

« Je ne dis rien. Je ne représente pas. Je peins, je présente »,

– ce sont ses propres termes pour évoquer son approche radicale.
Aujourd’hui centenaire, cet artiste né le 24 décembre 1919 à Rodez dans l’Aveyron, vit et travaille à Paris et Sète. 

100e anniversaire

À l’occasion du 100e anniversaire du peintre à la fin de l’année dernière, événement que le Louvre a célébré par une importante exposition, le Musée Frieder Burda lui consacre à son tour à une grande exposition conçue comme une rétrospective. Elle réunit des travaux majeurs réalisés au cours des sept dernières décennies, et c’est l’un des curateurs les plus renommés de France, Alfred Pacquement (qui fut notamment longtemps à la direction du Centre Pompidou), ami de Pierre Soulages depuis des années et connaisseur de son oeuvre, qui en assure le commissariat aux côtés de Udo Kittelmann, directeur de la Nationalgalerie de Berlin.


Après Baden-Baden, l’exposition se rendra au musée Kunstsammlungen Chemnitz, rassemblant une soixantaine d’oeuvres issues de collections internationales et organisée en étroite collaboration avec l’artiste.

Participation de Soulages, jeune artiste

« Le fait que cette exposition puisse avoir lieu en Allemagne a, on peut le dire, un certain caractère sensationnel »,
déclare Henning Schaper, le directeur du Musée Frieder Burda.
« Et elle s’inscrit dans un contexte particulier. Soulages lui-même a souvent dit que tout avait commencé en Allemagne. Fidèles à l’esprit de Frieder Burda, nous maintenons donc la tradition qui vise à enrichir le dialogue artistique entre l’art en France et en Allemagne. »
De fait, la participation de Soulages, jeune artiste, à l’exposition itinérante
« Französische abstrakte Malerei » en 1948/49 fut à l’origine de la précoce renommée de son oeuvre. C’est aussi en Allemagne qu’eut lieu sa première exposition rétrospective : en 1960 à la Kestner Gesellschaft de Hanovre, et il sera aussi le seul artiste présent aux trois premières éditions de la documenta à Kassel en 1955, 1959 et 1964. Pourtant, c’est la haute estime dans laquelle le tinrent très tôt ses collègues peintres allemands qui lui importa le plus ; parmi eux Willi Baumeister, HAP Grieshaber, Karl Otto Goetz, Rupprecht Geiger, Fred Thieler, Hann Trier et tout particulièrement Fritz Winter.
L’affrontement de Soulages avec le noir s’inscrit dans un cheminement qui lui est propre : ses premiers tableaux gestuels, relevant de l’art formel, les tableaux peints au brou de noix de la série Brou de noix datant de la fin des années 1940 rappellent encore par leur réduction formelle la calligraphie chinoise. À partir de 1979, époque de son adhésion radicale à l’outrenoir, Pierre Soulages parvient alors à s’affranchir de tout caractère figuratif et symbolique.

                                
                                                                  Pierre Soulages,
Brou de noix et fusain sur papier

Les commissaires

Alfred Pacquement et Udo Kittelmann évoquent leur travail aux côtés de l’artiste :
« Pierre Soulages est, et demeure aujourd’hui encore, l’une des plus grandes personnalités artistiques de notre temps. Son oeuvre est enraciné depuis plus de 70 ans dans l’histoire de l’art contemporain, de ses débuts juste après la Seconde Guerre mondiale à nos jours. »
La rétrospective qui lui est consacrée à Baden-Baden montre l’évolution
son travail  – surtout face à une si extraordinaire longue phase créative – d’une cohérence impressionnante.
Depuis le début, Soulages s’est tourné vers l’abstraction totale et en a posé ainsi les bases, sans remettre en question les valeurs traditionnelles de la peinture. Il prend, par le choix des matériaux (ex: teinture de noix, goudron) et des outils, une position singulière depuis 1948.

                            Pierre Soulages peintures
Ses toiles sont définies en fonction de la technologie utilisée, dimensions et date d’exécution et non à travers un titre qui influence la perception du spectateur


 «L’œuvre vit du regard qu’on lui porte. Elle ne se limite ni à ce qu’elle est, ni à celui qui l’a produite, elle est faite aussi de celui qui la regarde. Ma peinture est un espace de questionnement et de méditation où les sens qu’on lui prête peuvent venir se faire et se défaire »
L’exposition illustre le parcours de l’artiste de 1946 à ce jour et montre un ensemble de tableaux provenant de musées européens et de collections privées, notamment du Musée Soulages à Rodez et du Centre Pompidou à Paris – Elle est accompagnée d’un catalogue richement documenté.

Tempête autour d’un Soulages

Durant des années, lorsque Georges Pompidou assurait la fonction de Premier Ministre, un immense tableau de Pierre Soulages (194 x 130 cm) est accroché dans le bureau de Matignon. Un choix qui provoque alors incompréhension et polémique.

« L’art abstrait à l’époque n’est pas encore apprécié à sa juste valeur dans les cercles politiques ou médiatiques. Cette toile de Soulages de 1957 remplace un portrait de Colbert ! C’est la première fois que l’art vivant va faire une intrusion aussi fracassante dans les palais de l’Etat », souligne Yannick Mercoyrol, Directeur de la programmation culturelle de Chambord.

Les Vitraux de Conques

Les vitraux de Pierre Soulages font aujourd’hui partie intégrante de l’architecture de l’abbatiale de Conques, de son histoire et de sa mémoire collective.

Si les visiteurs du monde entier se pressent à Conques, c’est pour découvrir dans un même élan l’architecture de l’édifice, son trésor et ses vitraux, au service de cette lumière vivante « en quelque sorte transmutée », une lumière
« en accord avec la fonction de cette architecture, avec l’émotion qu’on y éprouve, en accord avec l’harmonie de ce lieu de contemplation, de méditation et de prière ».

Une lumière au centre de l’œuvre que construit Pierre Soulages, depuis plus de soixante-dix ans.

Le musée

En 2005, Pierre Soulages et son épouse Colette font don d’une collection exceptionnelle de 250 œuvres et 250 documents à la communauté d’agglomération du Grand Rodez….

Cette donation est alors la plus importante octroyée en France par un artiste vivant. Elle sera labellisée « Musée de France » et, afin de l’accueillir, le Grand Rodez engage les démarches nécessaires pour l’édification d’un nouvel équipement culturel sur le site du Foirail. Commence alors la grande aventure du Musée Soulages et de sa création.

Depuis l’ouverture du musée en mai 2014, les collections sont également enrichies par des dépôts d’œuvres de Pierre Soulages provenant de musées ou de collections.

Cette donation constitue le fonds le plus complet sur les 30 premières années de créations de l’artiste et témoigne une volonté des époux de transmettre une expérience d’artiste pour la vision d’une création plus universelle.

Informations

Museum Frieder Burda ·
Lichtentaler Allee 8b · 76530 Baden-Baden
Telefon +49 (0)7221 39898-0 ·
www.museum-frieder-burda.de

• Liaison directe par autobus depuis la gare de Baden-Baden :
• Lignes comportant l’arrêt « Augustaplatz/Museum Frieder Burda » (notamment lignes 201 et 216).

• Depuis l’arrêt Augustaplatz/Museum Frieder Burda, traverser la place à droite pour rejoindre le parc, traverser l’Oos pour arriver directement au musée.

La Fondation Beyeler a rouvert ses portes au public

La Fondation Beyeler a rouvert ses portes au public – par le truchement du jeu Nintendo Switch « Animal Crossing: New Horizons ». L’idée de reconstruire le musée en ligne est née au sein de l’ART LAB, projet participatif d’éducation artistique de la Fondation Beyeler.


Pendant l’actuelle fermeture temporaire du musée dans le cadre des mesures prises par les autorités pour endiguer l’épidémie du Covid 19, la Fondation Beyeler a rendu accessible en ligne l’un de ses chefs-d’oeuvre: il s’agit du bâtiment même du musée, icône architecturale conçue par Renzo Piano.
La décision de ce projet de construction numérique a été prise par les participant·e·s de l’ART LAB: après avoir jonglé avec plusieurs idées, ils·elles ont fini par développer ce projet d’expérience virtuelle du musée, qui permettra ils·elles l’espèrent d’inspirer à d’autres jeunes un enthousiasme pour l’art.
Les jeunes passionné·e·s d’art ont été accompagné·e·s dans leur projet par des éducateurs·rices artistiques de la Fondation Beyeler et par l’experte en jeux vidéo Tonja van Rooij.

Les joueurs

Les joueurs·ses du jeu Nintendo Switch « Animal Crossing: New Horizons » peuvent désormais arpenter de manière numérique les espaces exceptionnels du musée à Riehen aux abords de Bâle, admirer des oeuvres légendaires de la Collection Beyeler, et découvrir le trésor caché du musée d’art le plus visité de Suisse. Les oeuvres exposées sont celles d’artistes tels Claude Monet, Kasimir Malevitch ou Piet Mondrian mais aussi « Le Penseur » d’Auguste Rodin de l’actuelle exposition « Rodin/Arp » ainsi qu’un « Bonhomme de neige » en référence à l’oeuvre du duo d’artistes suisses Fischli/Weiss.

L’avatar

L’avatar du musée est costumé en abeille enjouée et ce n’est pas une coïncidence. Le patronyme des fondateurs du musée et célèbres collectionneurs Ernst et Hildy Beyeler dérive du mot « apiculteur ». On peut dire que l’art était leur miel. Nichée dans l’écrin de verdure du Riehen natal d’Ernst Beyeler, la Fondation Beyeler offre une combinaison unique d’art, de nature et d’architecture, qui rend chaque visite spéciale.

L’actualité

Ces derniers temps cependant, avec la fermeture de la plupart des lieux et des restrictions strictes pesant sur les voyages et les déplacements, le privilège d’une visite à la Fondation Beyeler a été réservé à quelques heureux·ses élu·e·s ayant la chance de vivre à proximité. Et actuellement, personne ne peut en profiter. Mais comme nous le savons, de la nécessité naît l’invention. Par ses canaux numériques, la Fondation Beyeler a trouvé de nouvelles manières d’aller à la rencontre des gens et de transposer les expériences artistiques directement dans leurs salons – avec des visites guidées en live, des ateliers en ligne, des moments de rap, de comédie ou de méditation filmés dans le musée vide avec pour inspiration les expositions en cours.

Animal Crossing

La présence de la Fondation Beyeler dans l’univers de « Animal Crossing » ajoute désormais une nouvelle dimension à son activité numérique. Elle fait revivre l’idée du musée en tant que lieu potentiel de calme et de réflexion.
Dans l’univers de « Animal Crossing », nous trouvons une réponse au désir de décélération qui grandit face à l’accélération incessante de notre époque tant dans le monde virtuel que réel. Nous y trouvons paix et repos, et nous nous y retrouvons les uns les autres autour de notre socle commun.
Pour la Fondation Beyeler, ce socle est la passion pour l’art, qu’elle souhaite partager avec autant de personnes que possible. Dans les moments difficiles, il est particulièrement bon de se rappeler à quel point l’art peut être stimulant et fascinant.

Informations pratiques

Pour visiter la Fondation Beyeler dans le jeu « Animal Crossing », les joueurs·ses peuvent saisir le code DA-8144-8773-0219 qui les transportera vers la “Beyeler Island” dans leur sommeil virtuel pour se promener dans les espaces intérieurs et extérieurs du musée.

Concours

Pour célébrer l’ouverture du musée dans « Animal Crossing », remportez l’une de trois consoles Nintendo Switch avec « Animal Crossing: New Horizons » offertes par la Fondation Beyeler. Modalités de participation disponibles sur les comptes de réseaux sociaux du musée.


À propos de l’ART LAB

Au fil de plusieurs mois, les participant·e·s de l’ART LAB développent leur propre projet d’éducation artistique visant à inspirer à d’autres jeunes un enthousiasme pour l’art. Le programme comprend des visites d’expositions et des échanges avec les équipes de la Fondation Beyeler. Les participant·e·s de l’ART LAB sont encouragé·e·s à faire preuve d’initiative et à se familiariser avec les méthodes de travail artistiques et les processus créatifs.
Les jeunes passionné·e·s d’art sont accompagné·e·s dans leur projet par des éducateurs·rices artistiques de la Fondation Beyeler. Les participant·e·s de l’ART LAB peuvent demeurer actifs·ves au sein de projets des ancien·n·e·s de l’ART LAB, maintenant ainsi le lien avec la Fondation Beyeler sur le long terme. La participation est gratuite, limitée à 15 personnes et possible de 15 à 25 ans.
La prochaine édition de l’ART LAB débutera au printemps 2021.
Pour en savoir plus:
https://www.fondationbeyeler.ch/fr/vermittlung/young/art-lab


Mention spéciale:

Le projet doit beaucoup à Tonja van Rooij pour ses précieux consArt Lab bénéficie du généreux soutien de Max Kohler Stiftung.

Images: illustrations et photos de Pati Grabowicz

Informations complémentaires:
www.fondationbeyeler.ch
Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler:
Le musée est actuellement fermé jusqu’au 28 février 2021

Sommaire de janvier 2021

Christophe dérive des mots grecs Khristos (Christ) et phorein (porter), c’est-à-dire celui qui porte le Christ, en allusion à un géant légendaire initialement nommé « Réprouvé » qui aurait aidé l’enfant Jésus à traverser une rivière. Encore au xvie siècle, avant le concile de Trente, il passait pour mettre à l’abri des maladies quiconque voyait sa statue.
C’est d’ailleurs pour cette vertu que l’on voit son portrait sur les murs extérieurs de certaines églises à l’appui du traditionnel dicton :


 « Regarde Christophe et va-t-en rassuré »

dessin Albrecht Altdorfer

23 janvier 2021 :  Le Séchoir, art en mouvement
18 janvier 2021 :  Les «Bourgeois de Calais» d’Auguste Rodin
12 janvier 2021 :  La Villa Majorelle, une maison Art nouveau
08 janvier 2021 : Françoise Saur – photographe
06 janvier 2021 : Epiphanie, les Rois Mages
03 janvier 2021 : Impasse Ronsin. Meurtre, amour et art au cœur de Paris

Impasse Ronsin. Meurtre, amour et art au cœur de Paris

 Au musée Tinguely de Bâle jusqu’au 5 avril 2021

Commissariat:
Adrian Dannat et Andres Pardey, directeur adjoint du Musée Tinguely.
Vidéo tour
Audio tour avec les commissaires

En raison de la situation actuelle concernant le coronavirus (COVID-19), le Musée Tinguely est fermé du 20 décembre jusqu’au 22 janvier.

Introduction

Durant plus d’un siècle, l’impasse Ronsin, nichée dans le quartier parisien de Montparnasse, est  une  cité d’artistes à nulle autre pareille connue comme lieu artistique, de contemplation, de dialogue et de fête, mais aussi foyer d’innovation, de création et de destruction.

Intitulée « Impasse Ronsin. Meurtre, amour et art au cœur de Paris »,  cette exposition d’ensemble  est la première que le Musée Tinguely  consacre à cet exceptionnel sociotope urbain familier des  gros titres.
Elle présente plus de 50 artistes hommes et femmes à travers plus de 200 œuvres réalisées dans cette ruelle.
Ce lieu se distingue par une pluralité d’identités artistiques comprenant non seulement l’avant-garde, mais aussi un large spectre de la création avec des artistes comme Constantin Brâncusi, Max Ernst, Marta Minujin, en passant par Eva Aeppli, Niki de Saint Phalle, Larry Rivers, jusqu’à André Almo Del Debbie et Alfred Laliberté.

 
 Un parcours d’exposition conçu à partir des plans originaux de cette cité d’artistes réserve aux visiteur.euse.s bien des surprises en associant de manière inédite œuvres d’art et anecdotes et en redonnant vie au Paris cosmopolite et creuset artistique.

Historique

Vers la fin du xrxe siècle, tout un ensemble d’ateliers voit le jour dans l’impasse Ronsin, située dans le 15e arrondissement de Paris, permettant d’étendre les bâtiments existants et d’accueillir jusqu’à 35 artistes. Ce lieu couvre un large spectre de la création artistique : du sculpteur spécialisé dans les monuments de prestige, en passant par le peintre amateur jusqu’aux artistes de l’avant-garde dévoués à l’art-action. L’impasse Ronsin est surtout connue comme la cité d’artistes parisienne où  Constantin Brâncusi a vécu et travaillé durant quatre décennies et dont l’atelier est aujourd’hui reconstitué aux abords du Centre Pompidou, ainsi que comme le théâtre de l’affaire Steinheil, un mystérieux crime passionnel. Ce double meurtre perpétré en 1908 dans le seul bâtiment cossu de la ruelle ainsi que l‘anecdote croustillante qui y est associée autour de la mort du président français Félix Faure, survenue presque dix ans auparavant, alimentent jusqu’à aujourd’hui les fabulations sur l’impasse. Constituée d’un ensemble d’ateliers depuis 1864, la rue disparaît lorsque le sculpteur André Almo Del Debbio quitte son atelier en 1971. Le départ de ce dernier résident ouvre la voie à la construction de bâtiments en vue de l’agrandissement de l’hôpital Necker voisin.

La bohème

Durant son existence, le regard sur l’impasse Ronsin est souvent paré de romantisme, ce qui s’accentuera plus tard encore. Mais ce lieu de la bohème se distingue par la multiplicité singulière d’artistes et d’histoires entremêlées autour de leurs oeuvres et de leurs vies dans un lieu qui se veut un biotope et un sociotope à nul autre pareil.

L’exposition présentée au Musée Tinguely s’attache en particulier à restituer cette diversité. Les échanges animés entre résidents de l’impasse et visiteurs de passage jouent un rôle important.
Dans ce lieu artistique souvent qualifié de miteux, sale et aux conditions de vie précaires, mais qui offre parallèlement la liberté de se consacrer à une production artistique inconditionnelle, se croisent des artistes comme Marcel Duchamp, Max Ernst, Marta Minujin, Eva Aeppli, Niki de Saint Phalle, Daniel Spoerri, Larry Rivers et bien d’autres encore.

Jean Tinguely

À partir de 1955, Jean Tinguely dispose également de son premier atelier dans cette oasis artistique où, dans un véritable moment d’ivresse créatrice, il jette les fondements de l’ensemble de son ceuvre: les reliefs cinétiques Méta-Malevich et Méta-Kandinsky (commencés en partie dès 1954), les premières sculptures fines en fils de fer, animées et motorisées comme les Méta-Herbins, les premières sculptures cinétiques et sonores à l’instar de Mes étoiles, les trois premières machines à dessiner de 1955, suivies d’un groupement d’oeuvres en 1959, ou encore les multiples collaborations avec Yves Klein. Il y fait également la connaissance de Niki de Saint Phalle et, bientôt, les chemins de Jean Tinguely et d’Eva Aeppli, qui s’était installée en 1952 avec lui à Paris, se séparent.

les artistes présentés

Dans l’exposition, les artistes hommes et femmes suivants sont représentés: Eva Aeppli, Théo Albéric, Arman, Louis Mircea Bassarab, Avraham ‘Bera’ Bazak, Suzanne Belloir, Henryk Berlewi, Alphonse Bertillon, Alfred Boucher, Constantin Brâncusi, Charles- Romain Capellaro, Paul-Gabriel Capellaro, Auguste-Henri Carli, Irina Codreanu, Liliane Coket, William N.Copley, André Almo Del Debbio, Robert Descharnes, Marcel Duchamp, Natalia Dumitresco, Max Ernst, Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, Julio Gonzalez, Nadja Grossman Bulighin, Anatole Guillot, Raymond Hains, Anne Harvey, Eli Harvey, Jeanne Hillairet de Boisferon Ray, Florence Homolka-Meyer, Pontus Hultén, Alexandre Istrati, Jasper Johns, Janos Kender, Yves Klein, Joseph Lacasse, Claude Lalanne, François-Xavier Lalanne, Alfred Laliberté, Jean Lubet, Charles-Auguste Mengin, James Metcalf, Marta Minujin, Alicia Moï, Juana Muller, Fidencio Lucano Nava, Isamu Noguchi, Arleyte Péron, Reginald Pollack, Alexander Phimister Proctor, Larry Rivers, Gaston-Louis Roux, Harry Shunk, Niki de Saint Phalle, Daniel Spoerri, Adolphe Charles Édouard Steinheil, Joggi Stoecklin, Marc-Aurèle de Foy Suzor-Côté, Lucien Terriou, Jean Tinguely et Anael Topenot-del Debbio.

Christophe-Emmanuel del Debbio

C’est également parmi autres, grâce à Christophe-Emmanuel del Debbio,
fils du dernier artiste de l’impasse, que les commissaires de l’exposition, Adrian Dannat et Andres Pardey, peuvent retracer de manière aussi dense l’histoire de l’impasse Ronsin au Musée Tinguely. Depuis presque dix ans, Christophe- Emmanuel Del Debbio se consacre particulièrement à l’histoire de ce lieu où son père enseignait la sculpture à des étudiants du monde entier. Il a généreusement mis à disposition son riche fonds de documents d’archive et de photographies, ainsi que les résultats approfondis de ses recherches, et a apporté son soutien au projet en consentant à des prêts de sa collection. Des prêts de musées et de collections particulières du monde entier permettent, en outre, de raconter l’histoire de l’impasse Ronsin au moyen d’oeuvres d’art, de documents et d’objets originaux. Une architecture d’exposition conçue à partir de la cité d’artistes invite les visiteur.euse.s à découvrir, pour la première fois dans cette ampleur, ce lieu artistique exceptionnel au coeur de Paris.

Curator Guided Tour Impasse Ronsin Museum Tinguely

Informations pratiques

Musée Tinguely
I Paul Sacher-Anlage 1 l 4002 Bâle

Heures d’ouverture :
du mardi au dimanche, de 11h à 18h

Site Internet : www.tinguely.ch

Médias sociaux :
@museumtinguely 1 #museumtinguely 1 #tinguely 1 #impasseronsin

un abondant catalogue, en allemand et en anglais, aux éditions Kehrer Verlag

Sommaire du mois de décembre 2020

Rodin, le Baiser 1889-98, bronze, collection de la Fondation Pierre Gianadda
®photo Michèle Strauss

Je dédie cette annus horribilis 2020, à ma petite nièce Virginie Ingold,
qui est allée rejoindre son père Dominique Ingold et son cousin Pierre Bayon, parmi les anges.

« Tu es une femme en or, d’une gentillesse incroyable, malgré tout… Souriante, drôle et serviable…La vie est injuste, et comme à son habitude, elle fait toujours partir les meilleurs en premier… 🙏❤
Fait bon voyage « belle brune » »
je laisse la parole ci-dessus à l’un de ses amis, Jojo Caro Mylan Wittmer, (extrait)


 

26 décembre 2020 :  Un monde infini : Artistes chamanes, autour d’une collection de l’Himalaya
23 décembre 2020 :  Noël 2020
21 décembre 2020  :  Katja Aufleger. GONE
14 décembre 2020  :  Rodin / Arp à la Fondation Beyeler
10 décembre 2020  :  Cadeaux de Noël
08 décembre 2020 :   Jean Pierre Parlange à l’appartement
07 décembre 2020  :  Putain de Covid
05 décembre 2020  :  Rembrandt, la Pièce aux cent florins

Katja Aufleger. GONE

 Jusqu’au 14 mars 2021 au Musée Tinguely de Bâle
Commissaire : Lisa Grenzebach.

Depuis le 2 décembre 2020, Katja Aufleger (*1983, Oldenbourg, Allemagne,
vit à Berlin) présente au Musée Tinguely sa première exposition individuelle
en Suisse.

photo VICTOR SCHITTNY, Katja Aufleger

L’artiste y montre de fragiles sculptures, de dangereux produits chimiques, ainsi que des travaux vidéo réalisés ces dix dernières années.
Aufleger crée de délicates installations et des films à l’aide de matériaux transparents comme le verre et le plastique, de liquides colorés, mais aussi de composants immatériels à l’instar du son et du mouvement. Ces objets semblent à première vue familiers et attirants, mais en les observant plus attentivement, il s’avère que des tensions indéterminées, voire dangereuses, habitent ces œuvres. À travers ces ambivalences, l’artiste critique l’institution et questionne les structures et les systèmes du pouvoir.

L’exposition« GONE » s’accompagne d’une publication qui
propose pour la première fois une vue d’ensemble de son travail.
Délicieusement ludique, l’imagination de l’artiste, tout en nous ravissant avec des couleurs flashy, nous entraine à la réflexion et à la méfiance. Elle est aussi présente à la Galerie Stampa de Bâle.

Destruction potentielle

Trois ballons en verre remplis d’un liquide transparent sont suspendus
par des câbles d’acier au plafond de la grande salle du Musée Tinguely.


Il s’agit de NEWTON’S CRADLE (2013/2020), un pendule à poids surdimensionné. En temps normal, on le trouve en modèle réduit posé sur un bureau. On peut alors mettre en mouvement ses cinq petites billes de métal et les observer osciller : il s’agit de la démonstration de l’énergie cinétique. Quiconque serait tenté de reproduire ce même mouvement dans la salle d’exposition avec le pendule en verre de Katja Aufleger provoquerait des destructions considérables en raison de la présence de trois composants de nitroglycérine à l’intérieur de ces contenants cassables

Des travaux vidéo comme modèles de conception plastique

Tandis que cette explosion demeure un potentiel théorique, la vidéo LOVE AFFAIR (2017) montre du verre éclatant véritablement.

Des corps lumineux y sont filmés en plan rapproché devant un fond noir. Une forte détonation brise soudain le silence: un projectile après l’autre détruisent les lampes. La décharge électrique reste cependant prisonnière de la boucle infinie et prend la forme d’une respiration à la fois irrégulière et rythmée variant de l’attrait au danger. D’abord attrayant et familier, l’art de Katja Aufleger déploie toute sa force à l’instant destructeur de la transformation, qu’il soit réel ou suggéré. Dans ces univers visuels dénués de toute présence humaine, les objets se fondent en un Autre désirable doublé d’une part sombre. Aufleger sonde l’étendue de questions profondément humaines et existentielles, des relations intimes jusqu’aux lois de la nature. Comme dans la vie quotidienne, les ambivalences dont elle use ne sont souvent qu’à peine éloignées les unes des autres.

THE GLOW

Le travail vidéo THE GLOW (2019) donne à voir des appâts en mouvement dans des bassins de piscines. Plusieurs films tournés sous l’eau se succèdent rapidement, modifiant constamment la perspective, l’environnement, l’incidence de la lumière et l’appât. On y entend un cliquetis ou un clic rythmé correspondant parfois aux mouvements puis redevenant asynchrone. Il s’agit d’extraits de films de tutoriels de pêche à la ligne dans desquels des pêcheur.euse.s y présentent l’effet séduisant des appâts. Ces poissons en caoutchouc s’apparentent aux figures d’un amusant théâtre de marionnettes ou aux avatars animés d’un monde numérique.
L’esthétique tremblante propre aux jeux vidéo caractérisant ces films d’amateurs tournés dans un décor architectural sous-marin aux carrelages bleus et dépourvu de présence humaine revêt une dimension à la fois apocalyptique et humoristique.

Art multimédial et conceptuel

Pour matérialiser ses pensées, Katja Aufleger saisit la caméra vidéo ou façonne de l’argile avec ses mains. Néanmoins, pour obtenir des résultats précis, elle charge également des souffleur.euse.s de verre ou des programmeur.euse.s de concrétiser ses idées. Boucles, groupements et répétitions produisent des systèmes cycliques sans commencement ni fin. L’artiste démantèle des structures ou des méthodes familières, les libère de leur connotation évidente pour les doter de nouvelles possibilités. Elle crée des espaces de pensée qu’elle produit grâce à la conversion surprenante de matériaux.

À travers son travail, Aufleger critique l’institution, questionne les rôles et dépasse les frontières. Ainsi, les commissaires d’exposition présentent ses oeuvres d’art explosives au musée, tandis que les spectateurs deviennent les principaux protagonistes du jeu mental de l’artiste. Les titres de ses oeuvres sont des « added colors » au sens de Marcel Duchamp, c’est-à-dire des
« couleurs verbales» constituant un élément essentiel de  ses travaux. Ils ouvrent un horizon plus large et permettent des associations.

Katja Aufleger invitée au Musée Tinguely

L’exposition est située à proximité de Mengele-Danse macabre  (1986)
  de  Jean Tinguely.

Cette oeuvre tardive  traite de la  mort  et de l’extermination de manière évidente, tandis que « GONE » ne révèle son  impermanence qu’après coup. Les thèmes de l’art éphémère, de la  connaissance  du  changement  permanent  ou  de  l’implication du quotidien et des observateur.trice.s dans les arts visuels offrent  de  nombreux parallèles avec l’oeuvre de l’artiste aux machines.

La cabine téléphonique noire

D’autres travaux de cette artiste sont exposés dans la grande salle d’exposition à côté de la Grosse-Méta-Maxi-Maxi-Utopia (1987), ceuvre de Tinguely dans laquelle il est possible d’entrer, mais aussi au niveau inférieur du musée. Ils situent ainsi cette artiste contemporaine au sein du musée monographique consacré  au  cinéticien  suisse pour qui la seule constante  résidait  dans le changement permanent. C’est précisément cette tension – le moment précédant la transformation – à laquelle Katja Aufleger s’intéresse en particulier.

Vidéo de l’exposition

Informations sur le Musée Tinguely :

En raison de la situation actuelle concernant le coronavirus (COVID-19), le Musée Tinguely est fermé du 20 décembre jusqu’au 22 janvier.


Museum Tinguely
I
Paul Sacher-Anlage 1 l 4002 Bâle
Durée de l’exposition:
2 décembre 2020 – 14 mars 2021
Horaires d’ouverture:
mar – dim, tous les jours 11h-18h

Site Internet : www.tinguely.ch

Rodin / Arp à la Fondation Beyeler

 Ptolémée III, Hans Arp et le Penseur de Rodin

Jusqu’au 16 mai 2021, l’exposition a été conçue par la Fondation Beyeler, Riehen/Bâle, en coopération avec le Arp Museum Bahnhof Rolandseck, Remagen, et organisée en collaboration avec le Musée Rodin, Paris. L’exposition est placée sous le commissariat de Dr. Raphaël Bouvier, commissaire d’exposition à la Fondation Beyeler.

* En raison de la nouvelle réglementation officielle du 11 décembre 2020 pour contenir le virus corona, le musée sera temporairement fermé jusqu’au 22 janvier 2021.

Pour la première fois, une exposition muséale fait dialoguer Auguste Rodin (1840–1917) et Hans Arp (1886–1966), mettant face à face l’oeuvre pionnier du grand réformateur de la sculpture du 19ème siècle finissant et l’oeuvre influent d’un des protagonistes majeurs de la sculpture abstraite du 20ème siècle. Les deux artistes possédaient une puissance d’innovation artistique et un goût pour l’expérimentation exceptionnels. Leurs oeuvres ont fortement marqué leur époque et ont conservé toute leur actualité.

« Et ainsi la vérité de mes figures, au lieu d’être superficielle, sembla s’épanouir du dedans au dehors comme la vie même. »

Auguste Rodin

« Nous ne voulons pas copier la nature. Nous ne voulons pas reproduire, nous voulons produire. Nous voulons produire comme une plante qui produit un fruit et ne pas reproduire. »

Hans Arp

Hommage et affinités

Les créations d’Auguste Rodin et de Hans Arp illustrent de manière impressionnante et exemplaire des aspects fondamentaux du développement de la sculpture moderne. Rodin a ainsi introduit des idées et des possibilités artistiques radicalement nouvelles dont Arp s’est saisi plus tard dans ses formes biomorphes, les faisant évoluer, les réinterprétant ou les contrastant.
Il n’est à ce jour pas certain que Rodin et Arp se soient jamais rencontrés personnellement, mais leurs oeuvres présentent des liens de parenté artistique et de références communes, tout comme des différences, qui font de la confrontation de leurs créations singulières une expérience visuelle particulièrement éloquente.

Inspiré de La porte de l’enfer (site)



un coup d’oeil sur le site permet de voir le détail

Le baiser ne se trouve pas dans la Porte de l’Enfer, il est remplacé par le couple
Paolo et Francesca (photo de gauche, sculpture qui n’est pas dans l’exposition)

Le Parcours

L’exposition (en vidéo)prend pour point de départ la sculpture de Hans Arp Sculpture automatique (Hommage à Rodin) de 1938 et son poème Rodin de 1952, hommages explicites au grand précurseur, qui illustrent aussi le vaste éventail créatif de Arp, allant de la sculpture à la poésie. Outre ces références explicites, le dialogue entre Rodin et Arp révèle aussi de nombreux autres liens, repères et préoccupations artistiques communs. L’exposition met ainsi en lumière des rapports de contenu et d’approche conceptuelle qui s’enracinent dans l’exploration de thèmes existentiels tels la création, la croissance, la transformation et la déchéance. Il en résulte des représentations de corps humains, animaux ou végétaux qui se fondent de manière nouvelle.

Entre assemblage et hasard

On rencontre chez Rodin et chez Arp une conception de la nature et de l’art toute singulière et pourtant comparable, qui met en avant le processuel et l’expérimental, et fait aussi du hasard un principe artistique. Les deux artistes s’intéressent à l’idée du vivant en tant que thème philosophique, auquel ils donnent corps dans des sculptures éclatantes de vitalité.

Arp
Fragment et intégralité – le torse

Les sculptures de Rodin et de Arp, mouvementées et émouvantes, fascinent aussi par leur jeu de volumes sensuels, fluides et immaculés d’une part et de surfaces et de formes altérées et accidentées d’autre part, qui trouvent leur idéal dans le torse. L’articulation entre construction et déconstruction est aussi palpable dans le genre de l’assemblage, que Rodin introduit en sculpture et que Arp développe plus avant. Il apparaît aussi chez les deux artistes des liens dans la méthode, par exemple dans le transfert des figures d’un matériau à un autre, et dans leur réalisation à différentes échelles allant du petit format au monument. Leur attention porte aussi sur la présentation de leurs sculptures, en particulier sur le socle, que Rodin est le premier à remettre en question.

Naissance et croissance

Enfin, il existe entre Rodin et Arp des liens en termes de motifs, par exemple celui de l’ombre, de la main créatrice ou du vase en tant qu’objet et volume. Les deux artistes puisent pour cela souvent dans la littérature, par exemple la mythologie antique ou la Divine Comédie de Dante.

Expériences sur papier
Corps et vases
Arp, Etoile
Rodin, Je suis Belle
Rodin, muse
Arp, Amphore relief

Réunissant environ 110 oeuvres de musées et de collections privées du monde entier, «Rodin / Arp» est l’une des expositions de sculpture les plus vastes présentées à ce jour par la Fondation Beyeler. Si l’exposition met l’accent sur les sculptures d’Auguste Rodin et de Hans Arp (y compris une sculpture d’extérieur monumentale dans le parc du musée), elle présente également des reliefs de Arp ainsi que des dessins et des collages des deux artistes.

L’exposition réunit des oeuvres emblématiques comme Le Penseur et Le Baiser de Rodin ou Ptolémée et Torse de Arp.
Des oeuvres moins célèbres font apparaître d’autant plus clairement les liens artistiques qui unissent les deux artistes.

L’exposition a été conçue par la Fondation Beyeler, Riehen/Bâle, en coopération avec le Arp Museum Bahnhof Rolandseck, Remagen, et organisée en collaboration avec le Musée Rodin, Paris. L’exposition est placée sous le commissariat de Dr. Raphaël Bouvier, commissaire d’exposition à la Fondation Beyeler.

En lien avec l’exposition «Rodin / Arp», la célèbre chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker, dont le travail compte parmi les plus influents de la danse contemporaine, présentera une nouvelle création,
à voir à la Fondation Beyeler entre le 29 janvier et le 14 février 2021.
Anne Teresa De Keersmaeker confronte son intervention chorégraphique
Dark Red aux univers sculpturaux d’Auguste Rodin et de Hans Arp.
La puissance palpable de l’obsession de Rodin pour le corps humain et sa force narrative implicite tout comme la soif d’émancipation formelle de Arp trouvent un écho direct dans la recherche chorégraphique de De Keersmaeker: une exploration des capacités d’abstraction du corps, un agencement du mouvement dans le temps et dans l’espace.

sur mon blog ma visite au musée Rodin au sujet de la Porte de l’Enfer

Horaire

Du lundi au samedi de 10h – 18h
Mercredi de 10h – 19h

* En raison de la nouvelle réglementation officielle du 11 décembre 2020 pour contenir le virus corona, le musée sera temporairement fermé les dimanches, jours fériés et après 19 heures jusqu’au 22 janvier 2021.

Plus d’informations

Rembrandt, la Pièce aux cent florins

Autoportrait de Rembrandt, en costume oriental 1631
Rembrandt Leyde, 1606 – Amsterdam, 1669 
Petit Palais

L‘exposition du Kunstmuseum de Bâle sur les eaux fortes de Rembrandt, mais aussi, la conférence de Paris Musées Arts, Introduction à l’histoire de l’art :
« La valeur des détails : un voyage au cœur des œuvres »
par Charles Villeneuve de Janti, m’a incitée à me plonger plus avant, dans les eaux fortes de Rembrandt.

La Pièce aux cent florins (en néerlandais : Honderdguldenprent) est une gravure à l’eau-forte vraisemblablement achevée par Rembrandt vers 1648-1649 et commencée dix ans plus tôt.

De predikende Christus (De Honderdguldenprent), Rembrandt van Rijn, 1775
Rijksmuseum
Composition

Sa composition s’inspire du 19e chapitre de l’Évangile selon Matthieu. Le Christ se tient au centre de la scène, entouré de plusieurs groupes de personnages : à droite, une foule de pauvres, des malades, des personnes âgées ou blessées l’implorent de les guérir ; à gauche, les pharisiens lui tournent le dos, le défient, le provoquent au sujet du droit de l’homme à répudier sa femme ; devant lui, deux femmes s’approchent pour lui demander de bénir leurs enfants.
À saint Pierre qui tente de les repousser, le Christ ordonne :
« Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi ».
Enfin, un jeune homme riche qui hésite à abandonner sa fortune s’oppose au chameau tout à droite de la composition, rappelant la formule de Jésus :
« Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. »

Le titre

Cette gravure tient son titre de l’histoire selon laquelle Rembrandt l’aurait échangée contre une série complète de gravures du maître italien Marcantonio Raimondi, plutôt que de lui payer les 100 florins demandés, somme très élevée à l’époque. Une autre théorie suggère que l’estampe aurait été offerte par Rembrandt à son ami le marchand d’art Jan Pietersz Zomer, ce qui expliquerait qu’elle ne soit ni datée ni signée.

Les exemplaires de l’estampe originale sont très rares et sa plaque a connu un destin surprenant, le capitaine et imprimeur britannique William Baillie, qui l’avait acquise au XVIIIe siècle, l’ayant retravaillée puis découpée en différents motifs afin de les revendre.

Importance

La Pièce aux cent florins est considérée comme la gravure la plus aboutie de Rembrandt, qui innove à plusieurs niveaux. Il représente le Christ comme une source paisible de méditation plutôt que comme figure de souffrance et renferme plusieurs épisodes en une seule scène. Pour mettre ses personnages dans l’ombre ou dans la lumière, engage tous ses moyens techniques — cette eau-forte a été rehaussée à la pointe sèche et au burin sur deux états — et artistiques — avec notamment une intense recherche de la lumière et du visage du Christ dans des œuvres antérieures.

— Catalogue de l’exposition au musée du Petit Palais, 1896

« C’est la première œuvre majeure dans laquelle la lumière et l’ombre atteignent à une telle puissance d’expression et où la vie intérieure s’exprime si fortement à travers une nouvelle maîtrise technique. À cet égard, La Pièce aux cent florins, datée arbitrairement de 1649, ouvre le chemin aux œuvres de la dernière période de Rembrandt graveur. Mais c’est aussi une œuvre charnière représentant la quintessence du travail d’une décennie entière, reflétant toutes les aspirations, tous les accomplissements de l’artiste. »

Sommaire du mois de novembre 2020

Je dédie ce mois de novembre à Ramon Ciuret, qui nous a tiré sa révérence,
avec élégance, le 15 novembre 2020.
Une nouvelle étoile luit au firmament des photographes.
Ce petit homme malicieux et joyeux, toujours armé de son appareil photo
ou de son smartphone, pour capturer les beautés de ce monde. Avec son
regard et son oeil, si juste et bienveillant,  il transmettait avec bonheur
ses prises de vue, pour le plaisir de tous dans des expositions et sur
les réseaux sociaux.
Merci à lui pour le partage.

Tu m’avais enseigné le fish eye, je n’oublie pas notre blague sur le ragondin
du bord de l’Ill, et que tu intervenais, avec justesse, dans les  commentaires
sur mon blog.
Tes nombreux amis, du monde entier sont en deuil et attendent avec impatience, une exposition de tes nombreuses et magnifiques photos.
Vous pouvez le retrouver dans un enregistrement fait avec
Francine Hebding, sur radio MNE sous ce lien
Cher Ramon tu nous manques à tous.

les liens du mois de novembre 2020

30 novembre 2020 : Sommaire du mois de novembre 2020
27 novembre 2020 : Snowman de Fischli/Weiss
24 novembre 2020 : Ana González Sola, A LAS CINCO DE LA TARDE…
19 novembre 2020 : Elina Brotherus, La Lumière Venue Du Nord
14 novembre 2020 :L’Orient de Rembrandt
11 novembre 2020 : Roni Horn You are the Weather
7 novembre 2020  : Eaux-fortes de RembrandtLes donations Eberhard W. Kornfeld
3 novembre 2020 : Le lion a faim…Présentation de la Collection à la Fondation Beyeler

Snowman de Fischli/Weiss

La Fondation Beyeler célèbre l’arrivée du Snowman de Fischli/Weiss dans le Parc Berower: ce week-end, l’accès au musée est gratuit pour tous

Snowman, une sculpture des artistes suisses Fischli/Weiss, prend aujourd’hui sa place dans le Parc Berower de la Fondation Beyeler, où il passera toute une année. La sculpture Snowman représente un sympathique bonhomme de neige dans un réfrigérateur à porte vitrée. La Fondation Beyeler célèbre son arrivée avec un accès gratuit au musée pour tous·tes les samedi 28 et dimanche 29 novembre 2020.
La sculpture Snowman, nouvellement installée dans le Parc Berower, représente un bonhomme de neige, figure familière et sympathique composée de trois boules de neige superposées. Au sommet, sur la plus petite d’entre elles, deux trous marquent les yeux et un trait la bouche. Le bonhomme de neige se trouve dans un réfrigérateur à la façade transparente, qui lui permet de survivre toute l’année.
Snowman illustre la contradiction entre nature et artificialité, avec le penchant pour l’absurde si typique du travail de Fischli/Weiss. Alors même que, comme le dit Peter Fischli, un bonhomme de neige est
«une sculpture que presque tout le monde est capable de réaliser»
en roulant et en empilant simplement trois boules de neige, pour perdurer toute une année la sculpture de Fischli/Weiss est tributaire d’un dispositif technique complexe. Le contexte du bonhomme de neige dans son réfrigérateur est aujourd’hui tout autre qu’au moment de sa conception. L’image de dépendance totale à l’énergie que présente Snowman de manière si attachante acquiert une dimension nouvelle, poignante et terrifiante à la fois, au vu de la crise climatique.
Peter Fischli (*1952) et David Weiss (1946-2012) avaient initialement conçu cette oeuvre en 1989/90 dans le cadre d’une exposition dans l’espace public à Sarrebruck. En réponse à l’emplacement qui leur avait été attribué à côté d’une nouvelle centrale thermique, ils avaient décidé d’imaginer une oeuvre qui dépende de l’énergie de la centrale. Le bonhomme de neige devait donc utiliser l’énergie résiduelle de la centrale, convertie en froid dans un renversement typique de l’univers de Fischli/Weiss. Au final, l’exécution n’avait pas entièrement répondu aux attentes des artistes mais l’envie était restée de transformer un jour cette idée en oeuvre.
Une ébauche de projet a émergé fin des années 1990 à l’invitation du Walker Art Center de Minneapolis, sans être mise à exécution. La réalisation de la sculpture Snowman s’est finalement faite en 2016. Sa trajectoire l’a menée dans le Sculpture Garden du Museum of Modern Art à New York, puis sur la terrasse du Art Institute à Chicago, et plus loin encore.
Le Snowman désormais installé à la Fondation Beyeler, l’un de quatre exemplaires, est le seul en Europe et en Suisse, et le premier dont l’opération est assurée par de l’énergie solaire.
Snowman est la dernière acquisition en date de la collection de la Fondation Beyeler.


La collaboration des deux artistes suisses Peter Fischli (*1952) et David Weiss (1946–2012) a duré plus de trois décennies. Leurs oeuvres, réalisées dans une grande variété de médias, se distinguent par un sens de l’humour prononcé, un amour de la poésie et une fascination pour le quotidien.
En 2016, Fischli/Weiss étaient représentés à la Fondation Beyeler dans l’exposition «Alexander Calder & Fischli/Weiss».

Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler:
tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00