L’Eloge du peu, Lee Ufan à Versailles

Ma première rencontre avec les oeuvres de Lee Ufan date de 2004, présentées à la Fondation Fernet Branca, grâce à Jean-Michel Wilmotte, architecte de renommée internationale et grand connaisseur de la culture coréenne, qui a réussi la rénovation et transformation des anciennes usines, en centre d’art contemporain. Dans l’intimité du lieu, elles dégageaient une sérénité contagieuse.
La Fondation présente actuellement et jusqu’au 31 août, les oeuvres d’un ancien élève, puis assistant de Lee Ufan, un compatriote coréen  » Lee Bae »

Lee Ufan, Relatum - Le bâton du géant
Lee Ufan, Relatum – Le bâton du géant

A Versailles, elles tiennent leur promesse. Avec des pierres, du métal et beaucoup de poésie, l’artiste apporte sa vision minimaliste, à la magnificence du parc dessiné par Le Nôtre. Les dix récits illustrés de ce marcheur philosophe, créent de nouvelles visions du monument le plus célèbre du monde.
Dans le château et surtout dans les jardins, les formes sculpturales intenses et silencieuses de l’artiste  se posent au pied de l’Escalier Gabriel, dans la perspective majestueuse dessinée par Le Nôtre ainsi qu’au détour des allées et des mystérieux bosquets, complétant et modifiant pour un temps l’atmosphère des lieux. Toutes entièrement nouvelles et pour certaines aux dimensions inusitées viennent en réponse aux espaces des jardins.
Lee Ufan, Relatum - L’Arche de Versailles
Lee Ufan, Relatum – L’Arche de Versailles

Il n’apprécie pas les oeuvres qui écrasent l’homme par leur présence qui imposent une idée, une théorie. Son prénom, Ufan veut dire soleil en coréen. Maître de l’art Zen, ses oeuvres minimalistes, sont réduites tant au niveau des couleurs, gris, blanc, noir, tant qu’ au niveau des matériaux, l’acier et la roche, le dialogue entre l’être et le temps.
Il est l’un des protagonistes du mouvement artistique intitulé Mono-Ha, terme que l’on peut traduire par “l’École des choses”.
Selon la définition de Lee Ufan, fondateur et théoricien de ce groupe d’artistes japonais, son principe était
“d’utiliser une chose sans rien y ajouter. Ils prenaient et assemblaient des matériaux industriels, des objets quotidiens, des objets naturels, sans les modifier. Cette méthode ne consistait pas à se servir des choses et de l’espace pour réaliser une idée mais est venue à vrai dire de la volonté de faire vivre divers éléments dans les rapports qu’ils entretiennent entre eux ”.
Le Mono-Ha apparaît dans les mêmes années que les tendances européennes ou nord américaines regroupées au sein de l’Arte Povera, Supports-Surfaces ou Land Art, toutes manières de repenser les fondements mêmes de la sculpture ou de la peinture.
A Versailles il invite à un parcours lent, solitaire, en groupe, en famille, comme une sorte de pèlerinage, une sorte de désintoxication en 10 stations, des installations très épurées, en osmose avec l’espace et le temps, invitant à la pause, à la méditation.
le plan des oeuvres
Lee Ufan, Relatum, Earth of the Bridge
Lee Ufan, Relatum, Earth of the Bridge

Elles portent le terme générique de “Relatum”, exprimant que l’œuvre d’art n’est pas une entité indépendante et autonome, mais qu’elle n’existe qu’en relation avec le monde extérieur. Pour Lee Ufan l’acte du sculpteur consiste, en réponse à une évolution de l’art qui après des millénaires d’objets fabriqués par la main de l’homme s’est ouvert à l’objet industriel et au ready made, à critiquer l’hyper productivité du monde contemporain.
Lee Ufan a choisi de lier le faire et le non faire. Il part du principe que
“voir, choisir, emprunter ou déplacer font déjà partie de l’acte de création”. Il relie la nature à la conscience humaine avec une simple plaque de fer en dialogue avec une pierre. Il peut aussi déployer des plaques d’acier mat en une structure linéaire debout ou couchée, dont les ondulations répondent à l’espace investi.
« Cela fait longtemps que je souhaite réaliser une œuvre en forme d’arche comme un arc-en-ciel suspendu à l’horizon. Je suis donc très heureux d’avoir la chance de réaliser ce projet dans les jardins historiques du Château de Versailles. L’œuvre dépassera l’histoire de Versailles ainsi que ma propre histoire. L’espace lui-même s’ouvrira et deviendra un lieu de rencontre avec les spectateurs, une respiration conjointe. Il y a dans ce projet une forme de transcendance, de par le fait même de sa présentation à Versailles. Il ne s’agit pas de poser un objet tout droit sorti de l’atelier, mais de créer un véritable dialogue avec le site. Je pense que l’œuvre doit avoir deux sens. Cette dernière ne doit pas être un objet fermé, mais une porte ouverte. J’utilise souvent la pierre qui représente la nature, et le métal qui est un symbole de la société industrielle. Ils interagissent en fonction de l’espace et créent une relation inévitable dans le lieu. Les œuvres présentées seront principalement composées de pierre et métal. Du petit chemin, au grand jardin, jusqu’aux salons du château, la circulation de l’air dans l’espace offrira au spectateur la sensation que leur cœur palpite ».
C’est en juin 2014 que l’“espace-temps” s’ouvre dans les jardins du château de Versailles. Lee Ufan Extrait d’un entretien de l’artiste avec Philippe Piguet, L’œil #665, Février 2014
Lee Ufan, Relatum, Lames de Vent
Son énorme «Arche» d’acier incarne un vieux rêve d’enfant devant un arc-en-ciel, souvenir du Japon. C’est un immense et fin ruban d’acier bleuté, de 30 mètres de long et 40 tonnes, aux reflets changeant selon la météo, porte ouverte sur la Grande Perspective, jusqu’aux mystérieux bosquets royaux.
Lee Ufan, Relatum - L’ombre des étoiles
Lee Ufan, Relatum – L’ombre des étoiles

Notamment celui de l’Étoile, espace désertique qui abrite « L’Ombre des étoiles », (ma vidéo) une œuvre étrange, un espace minéral de granit blanc, un champ mégalithique éclairé d’une lumière lunaire, auquel Lee Ufan a donné la forme de la constellation du Grand Chariot.

Sur les pelouses il a fait onduler des plaques d’acier, comme des vagues, les lames de vent
Dans l’allée de Flore, deux plaques d’acier posées au sol qui relient, tel un pont, deux grandes roches se faisant face au bout d’un sentier étroit, escorté d’arbres et de buissons proprement alignés.
L’envoûtant bosquet des Bains d’Apollon  qui clôturent le parcours sont un endroit secret et mythique, un paysage de verdure, de bassins et de cascades déferlant de la grotte où le bel Apollon (Louis XIV) trône entouré de ses nymphes, l’artiste a creusé une tombe, d’où une grosse pierre noire figure un hommage à Le Nôtre, le contraste est saisissant.
 
Lee Ufan, Relatum, La Tombe, hommage à Le Nôtre
Lee Ufan, Relatum, La Tombe, hommage à Le Nôtre



Une seule œuvre à l’intérieur du château « un mur de coton »
C’est une invitation à sentir et à voir, avec l’intériorité de chacun et l’infinité du monde.
Jusqu’au 2 novembre
photos de l’auteur
 

Sommaire de juillet 2014

Patrick Bailly maître Grand, Les-Herbes
Patrick Bailly Maître Grand, Les-Herbes

04 juillet 2014 : Daniel Buren, Comme un jeu d’enfant, travaux in situ
06 juillet 2014 : SNCF bonjour !
08 juillet 2014 : Patrick Bailly-Maître-Grand – Colles et Chimères
14 juillet 2014  : Les 40 ans de la collection, Les 10 ans du Musée Frieder Burda
14 juillet 2014 : Le génie de la Bastille, génie de la Liberté
20 juillet 2014 : Charles Ray. Sculptures

Charles Ray. Sculptures

Charles Ray. Sculptures 1997–2014
au Kunstmuseum Basel et Museum für Gegenwartskunst
du 15 juin au 28 septembre 2014
Commissaire : Bernhard Mendes Bürgi


L’Américain, Charles Ray, est un des sculpteurs majeurs de notre temps. Après un siècle de dominance de l’abstraction sculpturale, il travaille la nouvelle figuration plastique.
Le Kunstmuseum Basel et le Museum für Gegenwartskunst présentent, en collaboration avec lArt Institute of Chicago, une vue d’ensemble de son travail depuis 1997. On retrouve des oeuvres telles que Unpainted Sculpture (1997) ou Boy with Frog (2009), mais aussi des nouvelles sculptures telles que Mime ou School Play, toutes deux de 2014, et qui sont l’aboutissement d’un processus s’inscrivant dans la longue durée.


Dans la tradition antique des bas-reliefs, Charles Ray, pieds nus, apporte à sa femme elle aussi pieds nus, un petit beaucoup de fleurs. Transposition d’une scène contemporaine et intime, tirée de l’album de famille. Réalisé en atelier, en fibre de verre, d’après des études photographiques,  la lumière provenait du côté gauche. Light from the left, joue poétiquement sur le fait, que sa femme se dresse à gauche sur la scène et apporte la lumière dans l’univers de l’artiste.


Young Man, 2012, un jeune homme qui se dresse dans un léger contraposto, mais qui s’éloigne du canon classique, avec un peu de graisse aux hanches, une barbe et la bouche entrouverte. La scupture est polie et reflète l’environnement et les visiteurs qui font partie de l’oeuvre.
Charles Ray, né en 1953 à Chicago, vit depuis 1981 à Los Angeles. Au centre de son univers fascinant, on trouve des principes sculpturaux et des questionnements liés à la proportion, la dimension, l’espace, le poids, l’intérieur, l’extérieur, moins que des considérations narratives. Après un siècle de dominance de l’abstraction sculpturale, il travaille – comme Katharina Fritsch( Zurich) ou Jeff Koons  (fondation beyeler)– la nouvelle figuration plastique, à l’exemple de sa statue en acier peinte en blanc Boy with Frog (2009) installée jusqu’à récemment sur la Punta della Dogana à Venise.


Associée à une réalisation époustouflante, la sculpture, dont il est impossible d’imaginer combien son poids est considérable, comporte une dimension intemporelle. On ne saisit pas au premier coup d’oeil que c’est de l’art contemporain, tant elle fait référence à l’antique.
Le Kunstmuseum Basel organise en collaboration avec l’Art Institut of Chicago pour la première fois depuis 2006, une grande exposition muséale de l’artiste américain, en se concentrant sur son travail entre 1997 et 2014.
Ses oeuvres précédentes, réalisées entre 1973 et 1993, ont été montrées en 1994 à travers l’Europe dans des expositions à Malmö, Londres, ainsi qu’aux Kunsthalle de Berne et Zurich. Elles ont présenté le cheminement de Ray depuis les performances liées à une mise à l’épreuve de soi et ses interactions, avec les éléments plastiques des années 1970, dont la trace est conservée par des photographies, jusqu’à Family Romance (1993), un groupe de personnages comprenant des parents et leurs deux jeunes enfants, troublants par leur taille identique, et qui se trouve aujourd’hui au Museum of Modern Art, New York.(vu au Palazzo Grassi)
Aux USA, ont eu lieu des expositions comparables en 1998/99 à New York, Los Angeles et Chicago, dans lesquelles furent aussi présentées des sculptures créées après la tournée européenne, comme Unpainted Sculpture (1997), aujourd’hui dans la collection du Walker Art Center, Minneapolis.


Unpainted Sculpture fait office de prélude à cette exposition : une voiture accidentée, une Pontiac, que l’artiste à réduite en morceaux en l’état, afin d’en copier chaque élément par des pièces en fibre de verre, puis il a reconstruit l’ensemble accidenté, méticuleusement à la recherche de la perfection. La sculpture repeinte en gris pale, apparaît comme un objet baroque, perdant la morbidité et la violence de son passé.

                               Charles Ray Aluminum Girl 2003

En outre, le visiteur est confronté par une figure féminine grandeur nature Aluminum Girl (2003), une statue sans socle en aluminium peinte en blanc, que l’artiste a justement réalisé, en parallèle de son travail sur Unpainted Sculpture, d’abord en bois peint.
La réflexion de Ray sur le canon de la figure humaine, qu’il associait jusqu’alors aux mannequins synthétiques des vitrines, acquière sous cette apparence sculpturale-ci, un air sublime qui la fait ressembler à l’antique. Pourtant, ce n’est nullement une figure idéale, elle possède la présence vivante d’une jeune fille lambda. Cette réalisation fait office, tout en perpétuant la longue tradition de la sculpture figurative,  d’oeuvre charnière dans le travail de Ray.
Les sculptures récentes sont façonnées dans un bloc massif d’acier inoxydableou d’aluminium et ne présentent plus de surface peinte : Shoe Tie (2012), la statue présentant un homme nu accroupi qui rattache des lacets imaginaires ;


Sleeping Woman (2012), la représentation d’une sans-abri, tombée dans un profond sommeil, allongée sur un banc, dans les rues de Santa Monica et la sculpture exposée la plus récente,

Mime (2014), la représentation d’une personne qui semble être endormie. Cela nous renvoie aux gisants.
Presque chacune des 15 sculptures exposées au Kunstmuseum et au Museum für Gegenwartskunst nécessite une salle entière pour trouver sa place, car chacune – après des années de travail et de nombreuses tentatives – est un élément solitaire sculptural et tout à la fois une nouvelle étape dans la confrontation artistique de Ray avec le monde.


Au Gegenwarthkunst, Hand Holding Egg, 2007
est une petite main d’enfant en porcelaine qui tient une petite coquille d’oeuf vide : « Semblable à un viel os poli par le temps qu’on trouverait dans le désert, l’oeuf est vide et l’animal, est parti, depuis longtemps » Charles Ray.


C’est un travail minutieux, qui allie la précision et le finissage de l’antique au réalisme du contemporain

Catalogue
Essais de Michael Fried, Richard Neer, James Rondeau et Anne M. Wagner, ainsi que de courts textes d’accompagnement par Charles Ray dans le catalogue, 160 p., 69 ill., 24 x 30 cm, Hardcover, éditions allemande et anglaise, Verlag Hatje Cantz.
Publication rendue possible grâce au soutien de Glenstone
Conférences dans le Kunstmuseum, Vortragssaal
17.09.2014, 18h30, Anne M. Wagner
23.09.2014, 18h30, Richard Neer 26.09.2014, 19h00, Charles Ray, Künstler-Reden #26
Exposition à l’Art Institute of Chicago
Charles Ray : Sculpture, 1997–2014. 17 mai – 4 octobre 2015

Les 40 ans de la collection, Les 10 ans du Musée Frieder Burda

jusqu’au 26 octobre 2014
Frieder Burda
De Picasso à Neo Rauch en passant par Richter, Polke et Baselitz : le Musée Frieder Burda et la Staatliche Kunsthalle Baden-Baden célèbrent ensemble les 10 ans d’existence du Musée Frieder Burda avec une grande exposition anniversaire présentant des pièces maîtresses d’une collection n’ayant cessé de grandir depuis 40 ans.
Polke Porträt Frieder Burda
Fasciné par la couleur et ses possibilités d’expression émotionnelle, Frieder Burda commença il y plus de 40 ans à collectionner des oeuvres d’art. Entre-temps, sa collection rassemble quelque mille pièces d’art moderne et contemporain. Pour marquer ses 10 ans d’existence, le Musée Frieder Burda présente les pièces maîtresses de la collection dans le cadre d’une grande exposition anniversaire. Tout comme lors de l’exposition inaugurale en 2004, les oeuvres choisies sont à nouveau montrées dans les salles mêmes du musée, et dans la Staatliche Kunsthalle Baden-Baden voisine, preuve du partenariat privilégié rassemblant la mission culturelle publique et l’engagement privé pour l’art.
Les commissaires de l’exposition sont Götz Adriani et Helmut Friedel.
Götz Adriani
Le Musée Frieder Burda, conçu par l’architecte new-yorkais Richard Meier et couronné par plusieurs prix d’architecture, a été inauguré en 2004 et ne cesse depuis de soulever l’enthousiasme des visiteurs en présentant la collection ou de prestigieuses expositions temporaires. Situé au coeur d‘un parcours culturel et artistique qui s’étend le long du célèbre parc de la Lichtentaler Allee, l’édifice éclatant de blancheur réunit de manière unique l’art et la nature grâce à de larges surfaces vitrées permettant de fascinantes perspectives.
Museum Frieder Burda, Baden-Baden
Les points forts de l’exposition anniversaire sont l’expressionnisme allemand, avec des oeuvres de Ernst Ludwig Kirchner, August Macke et Max Beckmann, des Picasso de la période tardive ainsi que des exemples de l’expressionisme abstrait américain représenté par Jackson Pollock, Willem de Kooning et Mark Rothko. La collection se penche aussi particulièrement sur des artistes allemands de renom international tels que Gerhard Richter, Georg Baselitz, Markus Lüpertz et Sigmar Polke, dont une sélection de chefs d’oeuvre est exposée.
August Macke
Parallèlement, l’exposition montre les dernières tendances de la peinture et photographie, représentées dans la collection notamment par des oeuvres de Gregory Crewdson, Axel Hütte, Karin Kneffel et Neo Rauch.
Parallèlement un hommage est rendu à l’architecture de Richard Meier dans le cadre d’une exposition particulière dans la galerie du musée.
Seront en outre exposés, à partir du 23 septembre 2014, les tout derniers travaux issus de l’Atelier d’art pour les enfants, conçus dans le musée pour offrir aux enfants une approche de l’art compréhensible, active et riche en découvertes.
Götz Adriani, qui assure conjointement avec Helmut Friedel le commissariat d’exposition, déclare, parlant de la sélection des oeuvres :
« La merveilleuse collection Frieder Burda pousse pratiquement à créer des lignes de force dans l’exposition et à mettre en scène des confrontations passionnantes. L’un de ces points forts sera la peinture de Gerhard Richter dans la grande salle du musée, où sont exposées des oeuvres majeures datant de toute la période de création de ces 50 dernières années.
Richter Abstraktes Bild
La dernière période de Picasso occupe une place particulière dans la partie du musée dite « mezzanine ». Götz Adriani poursuit : « dans les salles supérieures, en partant de l’expressionnisme allemand et d’oeuvres de Max Beckmann, Ernst Ludwig Kirchner ou August Macke, nous confrontons l’expressionisme abstrait américain des années 50, soit des oeuvres centrales de Jackson Pollock, Mark Rothko, Willem de Kooning ou Clyfford Still, aux tendances figuratives du Pop Art qui apparurent directement après, celles d’un Robert Rauschenberg, d’un Malcolm Morley et d’un Bill Copley. »
de Kooning Untitled X
Dans les salles de la Staatliche Kunsthalle Baden-Baden, Helmut Friedel concentre son choix essentiellement sur les pièces les plus importantes de l’art allemand dans la Collection Frieder Burda. La salle principale est consacrée à Sigmar Polke,
Polke Rasterkopf
elle-même suivie de salles occupées par des tableaux et sculptures de Georg Baselitz et Eugen Schönebeck, puis d’une petite pièce avec des travaux de membres du groupe Zero, Adolf Luther, Heinz Mack et Günther Uecker. Des travaux de Markus Lüpertz, William N. Coplex et Arnulf Rainer, tout comme quelques oeuvres représentatives d’artistes de la nouvelle génération, tels Neo Rauch ou Karin Kneffel, sont exposés dans d’autres petites pièces.
Baselitz Der Hirte
Point fort enfin, une salle abrite certains des premiers tableaux de Gerhard Richter et des sculptures de Isa Genzken. Helmut Friedel s‘est penché d’une part sur les conditions architecturales différentes pour l’exposition de tableaux offertes par l’imposte de la Kunsthalle, édifice historique, et se distinguant du lumineux ouvrage de Richard Meier.
Helmut Friedel
Au-delà, c’est la collection elle-même qui le fascine, reflet de l’histoire de la peinture allemande depuis l’après-guerre. « Dans la collection Frieder Burda, » déclare-t-il, « c’est l’esprit de l’ancienne RFA qui est représenté de manière inimitable, avec tout son lourd passé mais surtout avec tout son optimisme. L’ère Adenauer, la République de Bonn sont inséparables de la réussite économique tout comme des premières leçons encaissées en retour. » Dans ce contexte, Helmut Friedel a suivi la trace des diverses spécificités et lignes de liaison des oeuvres peintes, telles qu’elles traversent la collection Frieder Burda : de l’intégration du matériel dans la surface du tableau, en commençant par le groupe Zero aux frontières fluides entre figuration et abstraction chez Richter, au caractère sémiologique chez Polke et jusqu’à la brutalité chez Rainer.
Museum Frieder Burda
· Lichtentaler Allee 8 b
· 76530 Baden-Baden Telefon:
+49 (0) 72 21/3 98 98-0 · Fax: +49 (0) 72 21/3 98 98-30
· www.museum-frieder-burda.de
 
Heures d’ouverture
du mardi au dimanche
10 h 18 h
fermé le lundi sauf férié
passmusées
photos de l’auteur et courtoisie du musée Frieder Burda

Le génie de la Bastille, génie de la Liberté

Le génie de la Bastille , génie de la Liberté
14 juillet
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Patrick Bailly-Maître-Grand – Colles et Chimères

28 juin – 19 octobre 2014
Une exposition à ne rater sous aucun prétexte
C’est en 2012 que le photographe Patrick Bailly-Maître-Grand (son site) a entrepris de donner à la Ville de Strasbourg, où il s’est établi il y a plus de trente ans, une centaine d’oeuvres qui ont rejoint depuis les cimaises du Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg.
Une de mes rencontres avec Patrick Bailly Maître Grand
Patrick Bailly Maître Grand
De formation scientifique mais aussi peintre à ses débuts, Patrick Bailly-Maître-Grand fait partie du courant des photographes expérimentateurs qui, dans les années 1980, ont choisi d’opter pour une démarche réflexive sur l’histoire et la technique du médium. L’exposition « Colles et Chimères » consiste ainsi non seulement en une présentation de la donation mais aussi en une rétrospective qui permet d’aborder de façon plus exhaustive la diversité de la pratique de Patrick Bailly-Maître-Grand qui passe autant par une interprétation des secrets des origines de la photographie – daguerréotypes, rayogrammes, chronophotographies de Marey … – que par l’exploration de techniques complexes –périphotographie, solarisation… Vivant et travaillant à Strasbourg depuis 30 ans, Patrick Bailly-Maître-Grand a des liens forts avec cette ville qui transparaissent dans nombre de ses séries photographiques à l’instar de l’Hommage à Arp (1988) –où le photographe rend hommage au grand artiste strasbourgeois, membre des mouvements dada et surréaliste, à travers un jeu sur les volutes « arpiennes » d’un bouillon gras dans lequel surnagent les lettres « A, R, P ».
Patrick Bailly maître Grand, Hommage à Arp
Mais les sujets explorés par Patrick Bailly-Maître-Grand dépassent largement le cadre de ce patrimoine historique et culturel local et s’emparent de thématiques valorisant l’étrange voire le surréel à travers des photographies qui métamorphosent les objets du quotidien ou ceux chinés dans les brocantes. L’aléatoire, l’insolite et l’humour font partie intégrante de son oeuvre où sourd également une réflexion profonde sur le passage du temps, nourrie par la recherche de nouveaux modes de construction, de mises en scène et de compréhension de l’image photographique ainsi qu’en témoigne par exemple le triptyque Repérage (2004), réflexion autour du thème de la vanité.
Privilégiant l’empreinte du réel de l’analogique à « l’emprunt au réel » du numérique, Patrick Bailly-Maître- Grand fabrique des « machines à distraire » tout en revendiquant une vision du monde duelle, enjouée et mélancolique, tout autant celle d’un bricoleur que d’un esthète raffiné.
Patrick Bailly-Maître-Grand est né le 1er février 1945 à Paris. Son nom, patronyme et non pseudonyme comme nombreux l’ont cru, lui vient de ses origines franc-comtoises. Une grande maison de famille dans le Haut-Jura est le décor de son enfance
Parcours de l’exposition
L’exposition réunit non seulement les oeuvres issues de la donation mais également des séries qui complémentent le regard sur une carrière photographique de plus d’une trentaine d’années.
Cette rétrospective s’organise donc selon quinze sujets déterminés par l’artiste et qui rendent compte de ses obsessions autant formelles que thématiques.
La scénographie de l’exposition a été pensée par Patrick Bailly-Maître-Grand.
1. Rez-de-chaussée
Du classique
Pour ses premières approches avec l’outil photographique émancipé de la tutelle du dessin – sa première passion artistique -, PBMG flâne en ville afin de capter avec son objectif des associations fortuites d’objets, de formes, qui en appellent à la rêverie.
Cette période « cueillette de champignons-images », ainsi que la définit l’artiste, l’incite à déceler l’insolite dans des jeux d’ombres, dans un fragment de moulures, ou encore à instiller du fictionnel dans des lieux ou des univers traversés par Louis-Ferdinand Céline.
Du daguerréotype
Révélée par Louis Daguerre en 1839, cette technique d’enregistrement de l’image sur une plaque d’argent polie est un procédé à tirage unique puisque non reproductible par duplication ultérieure. A l’origine même de l’essor et de la démocratisation de la photographie, le daguerréotype a connu un vrai triomphe, détrônant la peinture dans le genre du portrait grâce à sa précision inouïe. Mais l’engouement qu’il suscita n’a duré qu’une vingtaine d’années. En utilisant cette technique obsolète, caduque, PBMG réactive un temps sa magie, sa préciosité, au service d’une iconographie presque banale – murs lépreux ou aveugles, graffitis, amoncellement d’outils… – et redonne à l’écume de notre quotidien la grâce d’une icône.
Patrick Bailly Maître Grand, daguerotype
Du virage
Le virage est un traitement chimique complémentaire intervenant lors du développement d’un tirage photographique noir et blanc sur papier, dans le but de donner une couleur dominante à l’épreuve (sépia, bleue, vert…). En optant pour un virage par zone, PBMG accentue la sensualité des volutes d’un bouillon gras pour les associer à la sculpture de Jean Arp, rapproche la teinte verte du cuivre oxydé de la Statue de la Liberté de celle d’un chewing-gum et sature les couleurs de ses Baux de Provence pour les inscrire dans une lignée picturale.
PBMG Hommage à Arp
Le nombre et le hasard
La mouche et la fourmi sont les protagonistes de plusieurs séries de PBMG, à l’instar d’autres insectes, dont le photographe ne cesse de louer la persévérance ou la précision des mouvements. Immortalisées en recourant à des techniques diverses – rayogrammes, virages… – ces petites bêtes incarnent à elles seules la dualité de l’oeuvre de PBMG ainsi que le souligne le titre retenu pour cette section : une grande rigueur d’exécution au service de la description des aléas de l’existence.
PBM
Colles et chimères
Le regroupement de ces huit séries qui donne son titre à l’exposition conjugue le raffinement dans le rendu des images obtenu par l’usage de nombreux virages et la mélancolie funèbre qui émane des sujets photographiés : un matelas ensanglanté qui dévoile progressivement ses entrailles, des poupées cassées… Outre la mise en scène d’objets trouvés comme ces netsuké, simples bouts de bois mangés par les vers qu’il a transformé en précieux éléments de la garde-robe japonaise, PBMG affirme aussi son goût pour le « bricolage » : désosser une chaussure, transformer un kimono en camisole de force, coudre des petits sacs qui scelleront nos secrets, autant d’actions qui requièrent de la « colle » pour mieux faire naître des « chimères ».
Patrick Bailly Maître Grand, les nersuké
De l’ombre immédiate
La technique du rayogramme retenue ici par PBMG consiste à s’affranchir de l’appareil photographique en plaçant directement des objets sur une surface photosensible que l’on exposera ensuite à la lumière. Ce retour aux origines techniques de l’image s’accompagne aussi chez PBMG d’un clin d’oeil à l’histoire de la photographie puisque la citation de l’ouvrage du pionnier anglais Henry Fox Talbot, The Pencil of nature, est évidemment présente dans Les Herbes. De même, on perçoit dans les trois séries présentées ici l’impact de l’Orient, des images du monde flottant et d’un rapport calligraphique à la lumière dans l’oeuvre de PBMG.
Patric Bailly Maitre Grand, Les Herbes
Digiphales
Ces dix doigts se dressent face à nous comme des menhirs provoquant un trouble lié d’une part, au changement d’échelle qui élève ces extrémités au rang de monument, d’autre part, à l’évocation de la blessure et de la difformité. Le traitement technique avec une inversion par solarisation et de multiples virages contribue à renforcer l’aspect minéral des photographies et confère à l’agencement de ces doigts la gravité sereine d’un lieu de culte païen. L’ensemble original est constitué de dix éléments, sur le principe des dix doigts de la main, mais ici, s’adaptant à l’espace disponible, l’artiste a choisi de réduire la présentation à huit doigts-menhirs, afin de conserver au mieux l’idée d’arc de cercle, en résonance souhaitée avec le site mégalithique de Stonehenge.
Patrick bailly Maître Grand
2. Mezzanine
De la cinétique en gelée
Ici est mis en lumière l’autre thème de prédilection de PBMG : la captation du mouvement grâce à l’appareil photographique. En jouant des effets d’oscillation de l’eau ou d’un balancier de pendule, en figeant dans leur explosion des assiettes ou des sacs de plâtre, ou encore en immortalisant les infimes variations de rotation d’une chaise, le photographe s’inscrit clairement dans la lignée des photographes expérimentateurs. Il réactualise les préoccupations de l’astronome Jules Janssen quand il photographiait les mouvements de révolution de la lune ou de Marey dans ses chronophotographies et cherche à susciter des associations d’idées face au surgissement dans l’eau ou le plâtre de formes inédites.
Patrick Bailly Maître Grand, Les Rocking Chairs
Vanités
Squelettes, crânes, dessins d’anatomie ou prothèses constituent quelques uns des objets du musée des vanités du photographe. L’humour noir que l’on décèle dans certaines des oeuvres comme Repérage rapproche les réflexions macabres de PBMG de celle des Surréalistes. Ainsi, dans le Péripatéticien, on assiste à la rencontre insolite entre un squelette et une paire de jambes orthopédiques, rappelant au passage l’importance que revêt la question de l’objet trouvé ou chiné dans les brocantes chez le photographe.
Auteur de ce qu’il nomme des « machines à distraire », PBMG trouve par la photographie un moyen de conjurer l’angoisse de la mort.
Patrick Bailly Maître Grand, peripateticien
De face
De cette galerie de visages, on retient avant tout la puissance expressive plus que le détail des traits. En effet, la majorité des modèles sont inanimés – visages de poupées, de mannequins en cire ou en plastique… – ou alors réduit à l’état de spectres, d’auras.
Au-delà de la première lecture qui renvoie inexorablement à l’idée de la disparition et de la mort ainsi que le suggère Les Véroniques faisant référence à la vraie icône, celle du visage du Christ sur son linceul, ce que cherche à capter PBMG c’est le souffle rémanent de la vie, ce moment d’extase ou de petite mort palpable dans les Comas ou dans la puissance du regard de ces figurines anthropomorphes.
Patrick Bailly Maître Grand, les Véronique
De l’empreinte
Toujours trace d’une relation singulière, d’un corps spécifique, l’empreinte est l’essence même de la photographie qui se définit avant tout par sa nature indicielle. Afin de fixer cette mémoire des formes, PBMG emploie souvent une résine transparente qui moule les reliefs et est ensuite placée sous l’agrandisseur.
Les Codex – empreinte en résine de circuits électroniques – que le photographe assimile à des tablettes assyriennes deviennent ici l’allégorie d’une technologie présente constamment vouée à l’obsolescence : un pied de nez du photographe fidèle à l’argentique à ses condisciples passés au numérique ?
Patrick Bailly Maître Grand, les Codex
Tourner autour du pot
C’est avec Formol’s band que PBMG se fait véritablement une place dans le monde de la photographie au milieu des années 80.
Patrick bailly Ma^tre Grand, Formol
Achetée par le Centre Pompidou et par le MoMA, cette série provoque un fort engouement lié à la singularité de la technique de prise de vue employée par l’artiste :
la périphotographie. Cette captation continue à 360 degrés, à travers une fente longitudinale, d’un objet animé d’un mouvement de rotation régulier sur lui-même, donne naissance à de déroutantes vanités  modernes.
Cette mise à plat d’animaux conservés dans du formol, de squelettes ou de crânes, en condensant l’espace-temps, offre une vision distordue, abstraite de la vie.
Train de lumière-Train de nuit
Seconde installation photographique monumentale de l’exposition, cette locomotive est née d’une rencontre du photographe avec un groupe de jeunes amateurs de photographie de Bischwiller, rassemblés sous le sigle : GRAPH. Plus de 280 images composent cette oeuvre. Elles ont été obtenues en photographiant de nuit le train « PLM Nord 231 » au moyen d’une tourelle mobile de 5 mètres supportant un rail vertical gradué. Grâce à la photographie, cette imposante locomotive devient presque spectrale, une sculpture de lumière.
PBMG le train
Les fenêtres souvent
« Les fenêtres souvent se ferment en riant, se ferment en criant… » chantait Jacques Brel que le photographe cite ici sciemment pour évoquer l’un des éléments récurrents de son iconographie : la fenêtre. Tantôt transparente, tantôt miroir aveugle, parfois support de dessins urbains, la fenêtre devient chez PBMG la métaphore de l’acte photographique et de ses possibles : elle offre un cadre au photographe-spectateur mais aussi un lieu d’évasion.
Dans Les gouttes de Niépce, c’est l’optique photographique –
« cette lentille de verre capable de redessiner tout un paysage extérieur sur un plan » – traduite dans un peu de gélatine alimentaire, qui permet à PBMG d’ouvrir une fenêtre sur le monde.
Patrick Bailly Maître Grand
Monotypes directs
Le troublant jeu d’empreinte qu’occasionne le monotype direct dans ces deux séries photographiques ne permet pas de déterminer si une zone sombre signifie absence de lumière en positif ou, au contraire, lumière en négatif. Jouant des ambigüités de l’absence et de la présence, PBMG conçoit ici ses images comme des apparitions. Dans les Maximiliennes, cette réflexion sur le passage du temps se double d’une référence à une photographie de François Aubert, célèbre au XIXe siècle et représentant, clouée sur une porte, la chemise de l’empereur Maximilien d’Autriche, fusillé par des révolutionnaires au Mexique..
Commissariat : Héloïse Conésa, conservatrice au MAMCS
Cette exposition est organisée en partenariat avec le Musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône qui présente également du 21 juin au 21 septembre 2014 une exposition consacrée à Patrick Bailly-Maître- Grand, donateur à cette institution d’une centaine d’oeuvres ainsi que d’une partie de sa collection de photographies anonymes en 2012.
 
 
Horaires :
du mardi au dimanche de 10h à 18h
– Fermé le lundi
Tarifs :7 euros / 3,5 euros (réduit)
Musée d’Art moderne et contemporain
1 place Hans-Jean Arp / tél. 03 88 23 31 31
www.musees.strasbourg.eu
 

Sommaire de juin

Sylvie de Meuville, le Mond d'ici, Fondation François Schneider
Sylvie de Meuville, le Mond d’ici, Fondation François Schneider

09 juin 2014 : Transposition à la Kunsthalle de Mulhouse
11 juin 2014 : Krištof Kintera « I Am Not You » au musée Tinguely de Bâle
14 juin 2014 : 14 Rooms – Ping & Pong
21 juin 2014 : Art Basel 2014, l’édition 45
23 juin 2014 : Narcisse, L’image dans l’onde

Art Basel 2014, l'édition 45

Anish Kapoor
Art Basel reste la Mecque du commerce de l’art, « the place to be » du 20 et 21 e s, de l’art moderne et contemporain.
La 45e édition de la foire s’est ouverte sous la co-direction de Marc Spiegler,  avec 285 galeries, et 78 oeuvres d’art de grand format dans la section Unlimited, dont le commissariat est assuré par Giani Jetzer (dont je vous ai parlé dans le billet précédent) internationales de renom, provenant de 34 pays à travers les 5 continents.
Art Parcours est programmé par Florence Derieux, directrice du Frac Champagne.
Les films d’Art Basel sont projetés au Stadkino Basel, les conversations et Salon Talks se trouvent dans le Hall 1. Complété par  Desing Miami/Bâle, qui présente les dernières créations en matière de desing.image005
Dans le Hall 3, 14 Rooms (détail ci-dessous) une série d’installations et de performances qui continue jusqu’au 23 juin.
Adèle et Eva
Les satellites d’art Basel comme La Liste et Solo. Hall 2.1 on retrouve Statements , la section d’Art Basel consacrée aux galeries émergentes ou encore Features qui privilégie des projets artistiques.
Quelques performances comme cette jeune femme suisse, Milo Moire qui a tenté d’entrer nue  à Art Basel, qui imperturbable s’est glissée dans la file d’attente de la caisse, mai qui a été refoulée. Une autre Carmen était affalée sur la place de la Messe, comme Esmeralda aux pieds nus et sales, les chaussures abandonnées plus loin attiraient les badauds et photographes. On ne saurait plus se passer d’elles : les  élégantes Eva et Adèle, font partie de l’ambiance, c’est tout juste si elles surprennent encore avec leur changement quotidien de toilettes.
Carmensita
Les galeries
Les grands noms, valeurs sûres, restent égaux à eux-mêmes en présentant les œuvres de 4000 artistes.
Dans le hall principal 2.0 , où se concentrent tous les grands noms qui font le marché : Marian Goodmann, Ropac, Gagosian, Templon, Jablonka, Lahumière, Hauser et Wirth, White Cube, Nahmad, Templon, Aquavella, Pauli, Thomas (à ne pas rater) Meier,  Kamel Mennour, Emmanuel Perrotin ,Richard Nagy ltd., David Zwirner, Air de Paris, Lindau,  et quelques nouveaux venus comme les Brésiliens  A Gentil Carioca ou l’israélien Dvir Gallery , sans oublier la galerie Beyeler du nom du fondateur
d’Art Basel, Ernst Beyeler  qui a permis pour notre plaisir la Fondation du même nom.
Beyeler, Balthus et Giacometti
La « galerie » (elle n’existe plus)  Beyeler présente : Le Passage du Commerce Saint-André de Balthus, peinte en 3 ans,  étrange rencontre, une scène de rue, on y voit un homme (Balthus ?) de dos avec sa baguette, les personnages sont lunaires, une jeune fille au premier rang, de celles qui parsèment l’oeuvre de Balthus, un homme accroupi un enfant qui joue, un petit chien, une vieille dame qui passe au fond. On a envie de le suivre, d’entrer dans le tableau. Nous sommes face à une énigme que l’on tente de comprendre.
Au fond de la rue au n° 8, il y a une serrurerie, avec une clé en or. La guillotine a été expérimentée à cet endroit, sur des moutons, d’où le petit « chien-mouton » . C’est un facteur de clavecin,  habitant au numéro 9 de cette rue , qui a inventé la clé qui permet le déclic, à la lame de la guillotine, de tomber à distance, sans que l’on ai besoin de la grosse lame. C’est un endroit révolutionnaire où Marat faisait imprimer l’Ami du Peuple.
La toile est accompagné de l’homme qui marche de Giacometti.
Gagosian, ne cherchez pas les cartels il n’y en a pas, puis ne prenez pas trop au sérieux le gardien de Hulk, vous pouvez visiter juste pour le plaisir des yeux : Jeff Koons, Stingel et les autres :
La nature avec le Kitch
Jeff Koons
Daniel Templon  : l’indien  Jitish kallat un groupe de sculptures
Jitish Kallat
Penone chez Pauli de Lausanne
Penone
les Picasso,  Miro, Magritte, Calder de Nahmad
Picasso
Marion Goodman : William Kentridge
William Kentridge
Galerie Taddhadeus Ropac : Yan Peu-Ming, l’aigle royal
Yan Pei-Ming
White Cube : Damien Hirst, les frères Chapman
Chapman, Hirst
La galerie Landau Fine Art est un musée à elle seule
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Ainsi que la Galerie Thomas : Hans Richter
Richter
Adel Abdessemed à la Gallery Dvir
Adel Abdessemed
Je ne parlerai pas des prix faramineux pratiqués, pour moi c’est abstrait. Tout ce public qui s’affaire, se presse dans les galeries, discute, semble enclin à investir, au-delà du goût pour l’art. Cela se termine dimanche 22, rendez-vous est déjà donné pour l’année prochaine de June 18–21 à Bâle, Hong Kong 2015, March 15–17,Miami Beach
2015, December 3–6.
poete
photos de l’auteur
j’aime la conclusion de l’article d’Harry Bellet dans le Monde
S’il reste du temps et de l’énergie, on peut poursuivre par une exposition du jeune prodige américain Paul Chan au Schaulager, du vieux prodige, lui aussi américain, Charles Ray, au Kunstmuseum – on suggérera amicalement au lecteur d’en profiter pour faire un saut à Riehen, où la Fondation Beyeler montre une belle exposition de Gerhard Richter, et une autre de Peter Doig. Si vous ne le faites pas pour eux, faites-le en mémoire d‘Ernst Beyeler : s’il n’avait pas eu, il y a plus de quarante-cinq ans, l’idée de créer cette foire…

Art Basel Unlimited

Art Basel 2014
Le plus grand musée du monde a ouvert ses portes depuis lundi, pour les chanceux détenteurs de cartes VIP. Bâle reste sans aucun doute l’épicentre mondial du marché de l’art et de l’art contemporain, malgré l’étendue de la foire après Miami, à Hong Kong.
Dans la section « Art Unlimited » on voit des installations immenses, essentiellement pour le cru 2014.  78 oeuvres d’art de grand format dont le commissariat est assuré par  Giani Jetzer  voir ici la vidéo du vernissage
Dès l’entrée gauche : Kara Walker
Richard Long et Zhang Huan à l’entrée droite
 Richard Long et Zhang Huan
Kara Walker, avec une fresque de citoyens de guerre civile, Trevor Paglen, avec son prototype de satellite,Trevor Paglen Julio Le Parc et son mobile rouge, John Bock
Julio Le Parc
Ysumasa Morimura et sa centaine d’autoportraits, Hamish Fulton et la Skyline du Népal, Alice Channer et sa grande marée, Sam Falls et son voile jaune abstrait.
, Hamish Fulton, Skyline du Népal Michelangelo Pistoletto avec la giuria. Tacita Dean, Quatemary, nous montre la photogravure d’un volcan en effervescence, avec des magmas de lave. La très longue sculpture-chemin de Carle André lui offre une belle mise en valeur.
Racita Dean Sur ce chemin on croise l’artificiel Rock de Zhan Wang, un portail aux couleurs crues de Ron Gorchov. Cathy Wilkes nous emmène dans un univers de pauvreté, de dénuement.
Cathy Wilkes
Recueillement dans la chapelle rouge de Rodney MacMimllian, Fantome de Thomas Houseago. L’installation de l’artiste conceptuelle allemande Hanne Darboven ( 1941-2009) s’étale sur un espace de 25X25m. « Children of this world, rassemble tout pour l’enfance.
Hanne Darboven
Celle du belgo-camerounais Pascale Marthine Tayoux sur 15x15m. est un « capharnaüm » sorte de marché égalitaire. Dans un autre espace l’américain Sterling Ruby montre une accumulation de ses sculptures figuratives bariolées en tissu, créées entre 2011 et 2013 ; avions, bouches, sarcophages, baptisées « Soft work ».
Sterling Ruby
Très spectaculaire : la « Matrice di Linfa » arbre coupé en deux de 48 mètres de long de Giuseppe Penone, qui a été montrée dans la cour vitrée de l’école des Beaux Arts de Paris en 2009, perd de son aura, par le gigantisme, heureusement que l’on retrouve des oeuvres de l’artiste dans plusieurs galeries, même si elles sont déjà connues.
Penone
Une des oeuvres les plus étonnantes d’ Art Unlimited est celle du chinois Xu Zhen qui représente des copies de sculptures antiques occidentales, surmontées de sculptures asiatiques. De l’interpénétration des cultures. Dubitative ….
 Xu Zhen
un peu de zen et de poésie grâce à Lee Ufan et
Lee Ufanet Anne Veronica Janssens
Anne Veronica Janssenes
Ou encore en chaussant des patins pour glisser sur le sol blanc, on peut se laisser éblouir, par l’ambiance de Doug Wheeler
Doug Wheeler
Quelques vidéos à signaler : Cartsen Nicolai qui explore diverses théories de perception,
reflétées dans deux miroirs latéraux.
Carsten Nicolai
ou encore le film de Mikhael Subotzky, sur le tournage d’un film, avec des figurants tantôt
indiens, tantôt soldats de l’armée coloniale, avec le making off du tournage.
Les New Women de Yang Fudong ou encore me and me de Ming Wong
ou encore Haroun Faroki
Yang Fudong
 

14 Rooms – Ping & Pong

14 ROOMS (vernissage public vidéo)
En prélude à la grande semaine à venir, voici la présentation en
live-art réalisé par 14 artistes de renommée internationale
à l’occasion dArt Basel 2014
14 Rooms
La Fondation Beyeler, Art Basel et le Theater Basel ont le plaisir de présenter
’14 Rooms’, une grande exposition de live-art qui se tient à Bâle du 14 au 23 juin 2014. Placée sous la responsabilité des commissaires Klaus Biesenbach et Hans Ulrich Obrist, l’exposition présente des œuvres performatives d’artistes tels que Marina Abramović, Allora et Calzadilla, Ed Atkins, Dominique Gonzalez-Foerster, Damien Hirst, Otobong Nkanga, Roman Ondák, Santiago Sierra, et Xu Zhen. Avec son concept général d’exposition signé Herzog & de Meuron, ’14 Rooms’ est une collaboration entre la Fondation Beyeler, Art Basel et le Theater Basel. Les commissaires de l’exposition Klaus Biesenbach, directeur du MoMA PS1 et conservateur en chef général au Museum of Modern Art, et Hans Ulrich Obrist, co-directeur des expositions et programmes et directeur des projets internationaux à la Serpentine Gallery,
le Staf de 14 Rooms
ont invité 14 artistes internationaux à présenter chacun une pièce en explorant la relation entre l’espace, le temps et la présence physique sous la forme d’une œuvre d’art dont la ‘matière’ est un être humain.
Cette approche qui donne aux visiteurs un aperçu d’une pratique plus performative et interactive leur fait découvrir une nouvelle situation à l’intérieur de chacune des 14 pièces et les confronte à une variété d’expériences immersives et intimes.
Les projets de Ed Atkins, Dominique Gonzalez-Foerster, et Otobong Nkanga seront des nouvelles œuvres spécialement conçues pour Bâle. Parallèlement à ces premières mondiales, des œuvres historiques et rarement exposées d’artistes illustres du monde entier seront présentées à Bâle. L’exposition ’14 Rooms’ inclura ‘Revolving Door’ (2011) de Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla

montrant un groupe de danseurs qui se mettent spontanément en rang et commencent à tourner autour de la pièce en un mouvement circulaire, balayant les visiteurs tandis qu’ils se déplacent à travers la pièce.
Dans son exploration des frontières sociales et des inégalités socioculturelles, Santiago Sierra met en scène une succession de vétérans de divers conflits passés qui se tiennent debout, chacun tourné vers un angle d’une pièce de 5 mètres par 5, et qui ont ordre de ne quitter leur poste que lorsqu’ils sont solennellement remplacés par un autre vétéran en imitant la relève de la garde
.
Santiago Sierra
L’œuvre précoce, relativement inconnue de Damien Hirst ‘Hans, Georg’ (1992), composée d’un cast à rotation de couples de vrais jumeaux, assis en dessous de deux de ses propres tableaux à pois identiques, sera également présentée lors du salon.
Damien Hirst
Luminosity’ (1997) de Marina Abramović place un acteur sur une selle de vélo fixée sur un mur plongé dans une lumière crue et explorant les thèmes de la solitude et de l’élévation spirituelle, acteur totalement nu, qui fait penser à un crucifié, en l’occurrence c’était une très belle actrice.
Swap’ (2011) de Roman Ondak
 Roman Ondák
demande à un acteur assis derrière une table de choisir un objet et lorsque des visiteurs entrent dans la pièce, ils peuvent troquer cet objet contre un objet quelconque qu’ils souhaitent échanger tandis que dans ‘In Just a Blink of an Eye’ (2005) de l’artiste chinois Xu Zhen, un corps flotte dans les airs comme s’il était gelé, défiant le temps et la gravité et incitant l’assistance à remettre en question la réalité et à réfléchir sur l’impossibilité apparente de l’œuvre.
Xu Zhen
Otobong Nkanga,  propose une performances (vidéo) où elle nous interroge sur le rôle de la femme africaine et du poids des coutumes, dans un gospel assez prégnant.
Otobongo Nkanga
Si les artistes eux-mêmes ne sont pas présents dans leurs œuvres, ils donnent des instructions aux acteurs sur la manière dont jouer selon leurs spécifications, ce qui fait que plus de 70 exécutants – essentiellement de la région de Bâle – participent à l’exposition.
Pour contempler l’oeuvre de Laura Lima, Man/Woman=Fleh-Flat, 1997, c’est à vous de faire auparavant une performance : vous accroupir ou mieux vous allonger, afin d’apercevoir,  presque à raz du sol, à travers les 45 cm, un personnage allongé sur le sol, en compagnie d’une simple lampe, expérience de la solitude, mais aussi de voyeur.
Laura Lima, Woman=Flesh-Flat 1997
Autre performance pour voyeur : Joan Jonas : Mirror Check, 1970, une jeune femme nue, examine son corps en promenant un miroir sur toutes les parties, comme si elle créait un autoportrait.
Jordan Wolson clos la visite avec Female Figure. 2014, sa marionnette-danseuse lascive, room où l’on ne peut accéder que par paire, ce qui produit de l’attente.
L’exposition ’14 Rooms’ se tient dans le hall 3 du salon de Bâle, à quelques minutes à pied du Messeplatz.
L’exposition ouvre au public avant Art Basel le samedi 14 juin et restera ouverte jusqu’au lundi 23 juin, soit un jour de plus que le salon.
L’exposition ’14 Rooms’ s’accompagne d’un programme éducatif conçu et organisé par la Fondation Beyeler.
C’est une expérience inédite à Art Basel à visiter sans modération, avec de belles surprises.
Commissionné initialement sous l’appellation ’11 Rooms’ par le Festival International de Manchester et la Manchester Art Gallery, ce projet a ensuite été présenté sous le nom de ’12 Rooms’ au Festival International des Arts RUHRTRIENNALE 2012-2014 et vient plus récemment d’être mis en scène sous le titre ’13 Rooms’ par Kaldor Public Art Projects au Pier 2/3, dans le quartier Walsh Bay de Sydney, en avril 2013. La liste des artistes a été en partie modifiée à chaque édition. Ann-Christin Rommen, Marc Bättig et Samuel Leuenberger sont les producteur de l’exposition.
Vous trouverez plus d’informations sur ’14 Rooms’ sur artbasel.com/basel/14rooms.
Un Catalogue publié par Hatje Cantz Verlag est en vente à 14 Rooms.
Billets 14 Rooms
Billet à la journée (possibilité d’entrer et sortir à volonté) : CHF 18.–
Billet à la journée réduit pour étudiants/seniors : CHF 12.–
Groupes de 10 personnes et plus : CHF 15.– par personne
Dates et heures d’ouverture 
14 Rooms
Du samedi 14 au lundi 23 juin 2014
Tous les jours de 10 h à 19 h,
sauf le lundi 16 juin 2014, de 10 h à 17 h.
photos et vidéos de l’auteur
dès qu’il y avait des corps nus, les photos étaient interdites, mais vous pouvez les trouver, en lien dans mon billet, car ils existent sur Internet.