Photographes en Alsace 2013

Photographes d’Alsace 2013.

Ils sont 7, symbole d’esprit, de connaissance, d’analyse, de recherche, les photographes de l’Atelier Nomade, exposent sous le commissariat de Paul Kanitzer, qu’on ne présente plus. C’est la galerie Hors Champs, rue Schlumberger à Mulhouse qui leur permet ce déploiement, jusqu’au 29 septembre.

C’est une association informelle d’amis, amateurs passionnés par le même « objectif » cela va de soi, l’appareil photo. Ils se réunissent de temps en temps pour confronter leurs recherches, leurs expériences, chacun ayant une particularité bien personnelle.

La plupart proposent le noir et blanc, témoignage social, humaniste et questionnement citoyen. Ce qui donne une belle cohérence entre les différents sujets présentés.

Bernard Bay « quiet people in towns »


Pour ce tirage en numérique le Mulhousien n’est pas allé, très loin, à la recherche des lieux de vacances et de loisirs en milieu urbain, il a immortalisé des personnages calmes, sans violence, selon son goût.

 

Pascal Bichain “photophone”


Une photo par jour avec son téléphone
sous le titre « Photophone ». 112 photos dont 366 ont été tirées, pour une année bissextile,  au rythme d’une photo par jour pendant un an, il a construit une manière de journal intime en noir et blanc. C’est une lassitude de la complexité des appareils photos qui l’a amené à utiliser son téléphone, un challenge intéressant.

François Carbonnier « Sténopés-0613 »


Technique photographique ultra simple,  un boîtier, un trou, pas de pile, pas de viseur, il retourne aux origines de la photographie et propose notamment des paysages vus sous des angles inattendus. Maniéré mais passionnant,
il a photographié des endroits de Mulhouse, avec des effets très particuliers, qu’il nous propose de reconnaître.

Jean-Jacques Delattre « Moi, jeux »


Une série sur le jeu, des joueurs dans leur distractions quotidiennes, leur addiction. Pendant quelques heures dans un café proche d’une gare à Lyon, il a observé des joueurs. Unité de temps et d’action, où la couleur rouge souligne l’intensité.

Luc Georges « l’attente »

 

Longtemps il a donné son regard à la pub.
Son reportage sur la vie des gens, est un travail de mémoire. Aujourd’hui, c’est le social qui le passionne. « L’attente » ou des portraits d’habitants dans un immeuble promis à la démolition.

Sylvain Scubi « Strasbourg mai 2012 »

Il fut de la première édition de «PenA». Traversant la vie comme un baroudeur, il aime être «dans les gens» ainsi dans «Strasbourg, mai 2012», une manifestation de gauche.
En noir et blanc, surgit du hasard, dans la bonne tradition française, sur le vif, spontané, à la Cartier Bresson.

Renaud Spitz « Cambodge S21 »


Une série Sortie de sa photothèque, de 76/79, un musée de la prison.
Le Cambodge est un pays superbe mais c’est aussi une terre marquée par les terrifiants Khmers rouges. « Cambodge S21 » ou le retour dans une ex-prison de sinistre mémoire, cela nous ramène aussi à Ai WeiWei.
Ils seront tous  au Lézard de Colmar à partir du 14 septembre.

 

Jusqu’au 29 septembre

Galerie Hors Champs, 14 rue Schlumberger
68200 Mulhouse
du mercredi au samedi de 13 h 30 à 18 h 30
que les photographes me pardonnent mes photos d’amateur

 

 

 

les aventures de la vérité

La Fondation Maeght a donné carte blanche au philosophe et écrivain Bernard-Henri Lévy. Sur le thème « Peinture et philosophie », Bernard-Henri Lévy, commissaire artistique, propose un itinéraire en sept « séquences » pour comprendre le corps à corps millénaire, entre la philosophie et la peinture, parfois rivales, parfois alliées. Une centaine d’œuvres anciennes et contemporaines, issues de collections publiques et privées, françaises et internationales, sont réunies pour cette exposition événement.

Jean Michel Basquiat – Sans titre (Prophète) 1981-1982 acrylique, craie et collage sur toile -collection privée ©

« Très vite, j’ai été conquis par l’idée de constituer une collection, moi qui ne suis pas collectionneur, de saisir cette occasion extraordinaire de faire l’une des plus belles collections du monde, mais éphémère et qui corresponde à mes rêves », extrait du  Journal intime BHL qui constitue la préface du catalogue qui est plus un livre, édité par la Fondation Maeght et Grasset, pour l’occasion. Les reproductions de la centaine d’oeuvres choisies sont accompagnées de notices rédigées par Bernard-Henri Lévy, dans lesquelles le narrateur ne fait pas mystère ni de la subjectivité de ses choix, ni de ses éblouissements. Rencontres, réflexions, difficultés, étonnements et satisfactions : de larges extraits du journal tenu par Bernard-Henri Lévy tout au long du travail constituent un chapitre inédit de l’ouvrage. Ces textes aident à la compréhension de sa pensée, du choix et de son cheminement.
« Cette exposition raconte une histoire, l’histoire de la vérité à travers ses deux grandes vestales que sont la philosophie et la peinture », résume le commissaire Lévy.
Son titre, qui est aussi celui du livre, est « Les Aventures de la vérité », sous-titré « récit », car les quelque 140 oeuvres réunies par BHL sont là pour raconter le bras de fer que se sont livré à travers les siècles l’art pictural et la pensée philosophique.
« Si j’ai avec tous ces tableaux et ces dessins une relation intense et personnelle, explique-t-il, aucun de mes choix ne déroge à l’objectif poursuivi. »
 Sauf un : un portrait d’André Breton par Nadja, qu’il a découvert chez un collectionneur, et pour lequel il a éprouvé un coup de foudre immédiat. Le seul portrait du pape du surréalisme, écrit-il dans le commentaire « où on ne le sente pas statufié, poseur ».
Une exposition, pour celui qui l’organise, c’est un autoportrai. Le sous-titre de l’exposition résume bien le propos, « récit » Ce n’est pas une expo, c’est un parcours, une déambulation.

Pour moi, novice, la philosophie vue du point de vue de l’art, commentée, juxtaposée, rivale est une aventure. Curieuse de l’art (dilettante), gourmande de nouvelles expressions et de manières d’exposer, je me suis régalée, tout en tentant de saisir l’essentiel du propos.
Venir à la Fondation Maeght est déjà un grand bonheur.
Les  connaissances de BHL sont impressionnantes. Il nous montre des œuvres inconnues comme Dibutabe, entre autres, pour illustrer ses propos.
L’exposition propose un itinéraire à travers ces œuvres de l’esprit qui se déploie en sept « séquences » :
 
Première séquence : La Fatalité des ombres.
Platon et les platoniciens chassent hors de la république les faiseurs d’illusions et montreurs d’ombres. Se référant au mythe de la caverne et à la fable de la Dibutade qui trace au charbon l’ombre de son amoureux avant qu’il ne disparaisse,  démonstration de BHL “l’art porte, comme un fardeau imaginaire, le poids de ce platonisme.
La formule fait allusion à l’interdit porté par le platonisme sur les images en  général et la peinture en particulier, mais aussi aux iconoclastes.
Il est difficile de choisir entre les oeuvres proposées par BHL pour illustrer ses stations.Je propose Le Saut de Pierre Tal Coat.
Pierre Tal Coat – Le Saut 1955-56 huile sur toile 146 x 146 Collection Adrien Maeght ©

 
Un homme bleu, sur un fond d’or, courant après un objet perdu que l’on sent qu’il n’atteindra jamais.
Deuxième séquence : Technique du coup d’état.
C’est la réhabilitation de l’image dans le christianisme par les philosophes et les théologiens, qui lève la malédiction platonicienne. BHL nous présente quelques Sainte Véronique, icône acheiropoieta, dont celle de Pierre et Gilles, créée spécialement pour l’exposition. Il en a assemblé une profusion (oeuvres religieuses et profanes)

Troisième séquence : la Voie Royale.
La peinture a pris sa revanche sur la philosophie à laquelle elle passe le relais.
La vérité de l’être est présentée par la peinture, l’art est la vraie philosophie.
Des textes de philosophie voisinent avec les masques de James Ensor et le Communicator n° 4 de Marina Abramovic, ou encore les libraires aveugles de Gérard Garouste, les Cène, les crucifixions, qui avec bonheur sont raisonnablement éloignées l’une de l’autre pour donner à chacune son importance.
Marina Abramovic – The Communicator (n° 4) 2012 tête en cire avec des pierres de cristal de quartz piédestal en verre, Gallery Lia Rumma

Quatrième séquence : Contre-Être.
Une oeuvre d’Anselm Kiefer, « Alkahest », elle aussi spécialement créée pour l’exposition pour illustrer ce propos. Oeuvre géologique autant que philosophique, ou les éléments font allusion aux alchimistes, avec la balance du dosent le sel et le sulfure. BHL fait allusion dans son texte à Faust et devine la silhouette de Nietzsche, dans la partie gauche de la toile. Faust qui transforme le plomb en or, ou l’or en argent, il transmue tous les éléments. C’est une toile sublime, devant laquelle les visiteurs passent dans la regarder. (du moins lors de ma visite)
Portraits et sculptures de quelques philosophes, (De Chirico, les philosophes grecs, André Masson le portrait de Goethe, Genetic Moment de Barnet Newman.
Que fait-on avec le temps , Roman Opalka en a dénombré l’écoulement, jusqu’au dernier nombre 5607249, jour de son dernier soupir.
Anselm Kiefer, Alkahest 2013, huile, émulsion, acrylique, gomme-laque, charbon, sel et métal sur toile, galerie Thaddeus Ropac

 
Cinquième séquence : Tombeau de la philosophie.
La place laissée vacante par la philosophie, c’est l’art qui l’occupe. La peinture par les artistes met en scène le cadavre de la philosophie.
Magritte “les vacances de Hegel” Une suite  de toiles et sculptures avec des cadavres : Efficiency Men de Thomas Schütte, Walking for the Liberation de Paul Delvaux,  l’enfer des frères Chapman, puis dans la cour Giacometti, incongrue :  Merci Dream, la Pièta de Jan Fabre, impressionnante à Venise, dans la Nuova Scuola Grande di Santa Maria de la Misericordia. Les chaussures d’Abdel Andessemend : les Chemins qui ne mènent nulle part. La Datcha, propriété d’Edouardo Arroyo, où Louis Althusser est présenté sur le seuil, Levy Strauss assis, Lacan debout en noeud papillon, Foucault, caressant son crâne chauve, Roland Barthes (attention Nagui et Sarko) présentant les petits fours à ses invités, que l’on devine en grande discussion et réflexion. BHL nous apprend que le tableau est une charge contre les cinq, de leur pensée coupée du monde, frileuse. Colère contre les penseurs, fureur contre l’intelligence et son emphatique inutilité.
La Datcha collection particulière

Sixième séquence : La revanche de Platon.
La situation s’inverse, la contre-offensive, sinon, de la philosophie, du moins du discours et du concept répondant à l’agression, tentant de reprendre le terrain perdu, en repartant à l’assaut de l’art.
En premier lieu, la contre-attaque de Duchamp avec tous ses suiveurs,  puis le monochrome, certaines oeuvres se réduisent  à un simple énoncé.
Les directives de Guy Debord.

Septième séquence : Plastèmes et philosophèmes.
Termes inconnus que j’ai tenté de trouver dans un dictionnaire (google)
Aussi je résume ce que j’ai lu et tenté de comprendre.
Les artistes n’ont attendu personne pour se libérer et surtout pas un philosophe, ni inversement, pour les philosophes.
Car il reste, une dernière configuration, ancienne et moderne, archaïque et contemporaine, qui voit art et philosophie, dans leurs positions respectives, se complétant parfois et travailler ensemble.
Les sacs en plastique de Kader Attia, vides, qui furent pleins, fantomatiques et portant l’empreinte de ce dont les a vidé, témoin de la misère du monde.
Kader Attia

 
En résumé c’est un va et vient entre art ancien, moderne et contemporain ; entre une crucifixion de Bronzino et de Basquiat ; une Sainte Véronique du XV° siècle et sa réinterprétation par Picabia ou Jim Dine ; entre un tableau de Paul Chenavard prétendant illustrer Hegel et une autre de Joseph Kosuth prétendant, lui, dépasser et prolonger l’hégélianisme, tel est le principe d’une exposition qui pourra se lire comme un grand récit de l’âme et dont le narrateur ne fera mystère ni de la subjectivité de ses choix, ni de ses éblouissements., une exposition qui demande à ce que l’on s’y attarde.

Dans une série de courtes vidéos, filmées par Bernard-Henri Lévy, on devrait voir des artistes contemporains (entre autres : Marina Abramovic, Miquel Barceló, Olafur Eliasson, Alexandre Singh, Huang Yong Ping, Jacques Monory, Anselm Kiefer, Gérard Garouste, Kehinde Wiley, Maurizio Cattelan, Zeng Fanzhi ou Enrico Castellani) lire une page de philosophie (Platon, Hegel, Schelling, un fragment du Talmud, etc.). Noir et blanc. Artiste face caméra. Lieu de son choix. Ces films, à la fois pierres de soutènement et mouvement de l’esprit, portent par leur parole une autre forme de souffle aux côtés de celui des oeuvres.
Elles ne fonctionnaient pas lors de mon passage, dommage.
 
Jusqu’au 11 novembre 2013
photos de l’auteur courtoisie de la Fondation Maeght

Le mystère du roi bleu de Max Ernst

 

“The King Playing with the Queen” (plâtre, 1944), “L’habillement de l’épousée” (1940) et “The King Playing with the Queen” (bronze, 1944/2001)
Fondation Beyeler, Riehen/Basel, Collection Beyeler; Peggy Guggenheim Collection, Venise (Solomon R. Guggenheim Foundation, New York), collection privée
© 2013, ProLitteris, Zurich
Photo: Serge Hasenböhler

Dans le cadre de l’exposition « Max Ernst. Rétrospective » que la
Fondation Beyeler présente jusqu’au 8 septembre 2013 en collaboration avec l’Albertina de Vienne, on peut découvrir pour la première fois la sculpture en plâtre de Max Ernst The King Playing with the Queen, 1944 , en compagnie d’une de ses versions en bronze. Cette juxtaposition exceptionnelle vient couronner les recherches de grande ampleur que l’équipe de restauration de la Fondation Beyeler dirigée par Markus Gross et Julia Winkler a menée sur cette sculpture dans le cadre du projet réalisé avec la BNP Paribas Suisse au printemps 2013.
La sculpture The King Playing with the Queen est l’une des inventions plastiques les plus marquantes de Max Ernst et constitue un sommet de la collection de sculptures de la Fondation Beyeler. Max Ernst a réalisé cette précieuse version en plâtre de The King Playing with the Queen pendant son exil aux États-Unis, en 1944, année très féconde, et en a fait couler plus tard plusieurs exemplaires en bronze. Cette oeuvre représente une figure cornue, assise devant un échiquier, en train de jouer.
Max Ernst
L’habillement de l’épousée / de la mariée, 1940
Huile sur toile, 129,6 × 96,3 cm
Peggy Guggenheim Collection, Venise (Solomon R. Guggenheim Foundation, New York)
© 2013, ProLitteris, Zurich
Photo: Peggy Guggenheim Collection, Venise (Solomon R. Guggenheim Foundation, New York)

Le personnage principal — le roi du jeu — évoque le minotaure de la mythologie grecque, un monstre mi-homme mi-taureau. Max Ernst a ainsi sorti la « figure » de l’échiquier pour la transformer elle-même en joueur. Quant à la reine, elle est protégée par la main droite du roi, à moins qu’il ne l’empêche d’avancer pendant qu’il dissimule une autre figure dans sa main gauche. Le roi démoniaque joue manifestement avec ses sujets en appliquant ses propres règles — le jeu se joue lui-même. Max Ernst avait réalisé dès 1934 une série de sculptures figuratives, qui se présentent comme des oeuvres surréalistes « dotées d’une fonction symbolique ».
Les peintres, les sculpteurs et les créateurs d’objets du mouvement surréaliste avaient pour but de créer librement des images et des objets à partir d’un fonds de mythes et de visions.
 L’état de l’oeuvre
Depuis l’ouverture de la Fondation Beyeler en 1997, cette sculpture n’a été déplacée et présentée dans le bâtiment du musée qu’avec la plus extrême prudence. On a par ailleurs totalement renoncé à la prêter à l’extérieur. Le motif essentiel de cette prudence était la fragilité du matériau utilisé, le plâtre, qui présente déjà une trace de brisure ancienne et des fêlures. Par ailleurs, cette oeuvre de Max Ernst présente une particularité structurelle. D’anciens clichés d’atelier révèlent qu’Ernst composait ses sculptures à partir d’éléments distincts. Aussi peut-on se demander si la même méthode a été appliquée à la présente sculpture. La surface de l’oeuvre présente un aspect coloré dont le manque d’homogénéité est flagrant. Cette version reflète différentes couches colorées historiques, qui portent atteinte à la blancheur du plâtre.
Les objectifs du projet de restauration
Un premier objectif était de pouvoir reconstituer la structure complexe du travail plastique de Max Ernst en plâtre. Une étude différenciée de la structure par couches de la version en couleur devait également permettre de mieux appréhender l’apparence esthétique de l’oeuvre et sa genèse. Il s’agissait par ailleurs de mieux évaluer la fragilité de l’oeuvre afin d’établir ses possibilités de déplacement dans la collection et à l’extérieur, et d’assurer une présentation stable et appropriée. La consultation d’archives et l’observation d’oeuvres comparables doivent livrer de précieuses informations sur la technique et le processus de réalisation de la sculpture de plâtre et plus particulièrement de sa version colorée. Ces recherches fondamentales permettront d’établir s’il est nécessaire d’entreprendre des mesures de conservation ou de restauration plus importantes.
L’analyse de l’oeuvre
Des radiographies à haute résolution ont livré des informations instructives sur la composition structurelle du plâtre. L’intérieur de la sculpture est constitué d’une armature formée de plusieurs fils métalliques solides. Ernst a également utilisé un fin grillage métallique pour renforcer les zones planes. Cette sculpture de plâtre est composée d’un assemblage d’éléments distincts ; pour ce faire, Ernst a réalisé différentes formes, qu’il a coulées en plâtre et armées, avant de les assembler. L’étude radiographique a également fourni des renseignements concrets sur la réalisation de multiples fontes en bronze de la sculpture en plâtre. On observe ainsi à l’intérieur de la sculpture des tiges filetées, des clous et des vis qui n’ont pas été utilisés par l’artiste lui-même. Les agrandissements de détails de la radiographie révèlent que l’armature d’origine a été partiellement découpée. Associées à la découverte de documents d’archives, ces constatations ont permis de reconstituer l’importante intervention du fondeur sur cette sculpture. Pour réaliser le processus complexe de moulage, le fondeur a été obligé de redécouper la sculpture en différents fragments qu’il a réassemblés plus tard pour lui rendre sa forme d’origine. Il s’agit d’une méthode couramment utilisée par les fondeurs. Une illustration historique en témoigne. En effet, les zones claires de la sculpture dépourvues de peinture et où le plâtre
apparaît (par exemple le cou, les épaules, les poignets, etc.) ont été complétées par le fondeur après le processus de coulage. Les surfaces originelles perdues au moment du démontage ont également été reconstituées en plâtre par le fondeur.
 L’aspect esthétique et sa réalisation
L’analyse de la couche de couleur a permis d’établir que la sculpture a été recouverte de deux couches de peinture bleue. La couche bleue est d’origine et a été appliquée par l’artiste lui-même peu après la réalisation de la sculpture. Les pigments et les liants retrouvés coïncident avec les matériaux typiques de Max Ernst qui les utilisait également pour ses oeuvres sur toile. Ces constatations ont été confirmées grâce à une ancienne photographie de mode datant de 1945. On y voit la sculpture de plâtre avec une couverture de peinture colorée homogène, peu après sa création. La couleur bleue d’origine est aujourd’hui difficile à distinguer à l’oeil nu. Différentes couches provenant du processus de fonte ainsi que d’interventions ultérieures sur la sculpture ont été appliquées sur cette couche bleue encore visible. Cette multitude de fragments de couches présente un grand intérêt, car elle révèle au spectateur toute l’histoire de cette sculpture. Elles font partie d’une surface devenue historique. La restitution d’un état authentique n’est plus guère envisageable d’un point de vue technique aussi bien qu’éthique. Les recherches ont confirmé la fragilité de cette sculpture de plâtre. Les zones sensibles (points de découpage du fondeur, reprises) représentent par ailleurs un risque en cas de manipulation et de prêt.
Les projets de restauration soutenus par la Fondation BNP Paribas Suisse Décidée à participer activement à la préservation des fonds des musées afin de permettre leur transmission aux générations futures, la Fondation BNP Paribas s’est engagée depuis plus de 20 ans en faveur de la restauration d’oeuvres d’art en Europe, en Asie et aux États-Unis. En Suisse, la Fondation BNP Paribas Suisse a déjà financé plus d’une douzaine de projets portant sur la conservation d’oeuvres majeures de Max Ernst, Mattia Preti, Auguste Rodin, Bram van Velde et Paolo Véronèse.
La Fondation Beyeler est heureuse d’être en mesure de restaurer trois chefs-d’oeuvre de sa Collection avec le soutien de la Fondation BNP Paribas Suisse. Sur une période de trois ans, l’équipe de restaurateurs et de conservateurs se consacrera aux oeuvres suivantes : Fernand Léger Le passage à niveau (1912), Max Ernst The King playing with the Queen (1944) et Henri Rousseau Le lion, ayant faim, se jette sur l’antilope (1898/1905).
 

Sommaire d'août 2013


04 août 2013 : Ron Mueck
13 août 2013 :  Penone à Versailles
19 août 2013 :  Abstraction Américaine à la Fondation Fernet-Branca

Abstraction Américaine à la Fondation Fernet-Branca

“L’exposition Abstraction Américaine présentée à la Fondation Fernet-Branca rassemble les œuvres de sept artistes majeurs de la scène artistique américaine du vingtième siècle, sept maîtres de l’abstraction dont certains restent pourtant méconnus du grand public européen : Hans Hofmann (1880-1966), Jack Tworkov (1900-1982), Charles Pollock (1902-1988), Adolph Gottlieb (1903-1974), David Smith (1906-1965) Richard Pousette-Dart (1916-1992), et Sam Francis (1923-1994). 

Sam Francis

Ces sept artistes, présentés pour la première fois ensemble, ont non seulement l’abstraction pour point commun, mais le chemin de leur vie et de leur œuvre témoignent de croisements permanents. Qu’ils aient – ou non – été membres reconnus du groupe des Expressionistes Abstraits ou du mouvement du « Color-field » n’est pas déterminant car leurs œuvres respectives témoignent avec verve de ces courants majeurs et du foissonnement artistique ambiant auquel ils ont participé. Afin d’élargir la perception de leurs identités artistiques, l’exposition n’entend pas se fixer de cadre historiographique trop étroit ; elle cherche à montrer la pertinence de leurs démarches singulières, l’éloquence d’une autre abstraction américaine. Réunissant un ensemble d’œuvres exceptionnelles, issu des fondations éponymes et collectionneurs, cette exposition est l’occasion d’exposer des artistes importants, dont certains sont ici présentés pour la première fois en France – bien qu’ils se trouvent déjà, depuis de nombreuses années, dans des collections et des musées prestigieux.
L’exposition a pris le parti d’une présentation chronologique en sept monographies consécutives dont chacune rassemblera des œuvres contextualisées par des photographies, des écrits et une documentation souvent inédite. Au fil d’une centaine d’œuvres, Abstraction Américaine propose de véritables découvertes, des rencontres intimistes et personnelles avec ces artistes et une façon de renouer avec l’abstraction américaine par un autre biais de son histoire.
Enfin, pour indiquer le chemin qui s’ouvre désormais, ainsi que pour rendre hommage à l’un des artistes qui prépara le terrain au Pop Art américain, l’exposition s’achève sur une œuvre emblématique de Robert Rauschenberg (1925-2008) : son « Art Car » qu’il conçut en 1986 pour BMW. Rauschenberg fut l’un des premier à utiliser les travaux d’autres artistes, ce qu’il fit par l’intermédiaire de techniques photographiques en permettant la projection sur la voiture. De ce véhicule, Rauschenberg a dit : « Les musées mobiles me semblent constituer une bonne idée. Cette voiture est l’accomplissement de mon rêve. »
Robert Rauschenberg « Art Car » 1986

Cette exposition n’aurait pas été possible sans la collaboration des fondations et familles des artistes représentés : The Renate, Hans & Maria Hofmann Trust ; The Estate of Jack Tworkov ; The Charles Pollock Archives ; The Adolph & Esther Gottlieb Foundation ; The Estate of David Smith ; The Estate of Richard Pousette-Dart ; The Sam Francis Foundation, Margaret & Augustus Francis. Que soient également remercié BMW ainsi que les collectionneurs qui ont eu la gentillesse de prêter leurs œuvres et l’american contemporary art GALLERY de Munich (Allemagne).
Commissaire invité : Otto Hübner. Coordination : Francesca Pollock.
Un catalogue illustré est édité à l’occasion de cette exposition avec un texte de Kirstin Hübner. »
La Fondation Fernet-Branca organise différentes visites guidées tout public deux dimanches par mois dans le cadre de l’exposition « Abstraction Américaine »
visiteguideeffb@hotmail.fr ou 03 89 69 10 77
Margaret Francis épouse de Sam Francis, ansi que Augustus Francis exposent leurs oeuvres parallèlement au 2e étage de la Fondation.
Pour la première c’est une profustion de couleurs, de fleurs, elle a intitulée son exposition :
“L’exposition Abstraction Américaine présentée à la Fondation Fernet-Branca rassemble les œuvres de sept artistes majeurs de la scène artistique américaine du vingtième siècle, sept maîtres de l’abstraction dont certains restent pourtant méconnus du grand public européen : Hans Hofmann (1880-1966), Jack Tworkov (1900-1982), Charles Pollock (1902-1988), Adolph Gottlieb (1903-1974), David Smith (1906-1965) Richard Pousette-Dart (1916-1992), et Sam Francis (1923-1994).
Ces sept artistes, présentés pour la première fois ensemble, ont non seulement l’abstraction pour point commun, mais le chemin de leur vie et de leur œuvre témoignent de croisements permanents. Qu’ils aient – ou non – été membres reconnus du groupe des Expressionistes Abstraits ou du mouvement du « Color-field » n’est pas déterminant car leurs œuvres respectives témoignent avec verve de ces courants majeurs et du foissonnement artistique ambiant auquel ils ont participé. Afin d’élargir la perception de leurs identités artistiques, l’exposition n’entend pas se fixer de cadre historiographique trop étroit ; elle cherche à montrer la pertinence de leurs démarches singulières, l’éloquence d’une autre abstraction américaine. Réunissant un ensemble d’œuvres exceptionnelles, issu des fondations éponymes et collectionneurs, cette exposition est l’occasion d’exposer des artistes importants, dont certains sont ici présentés pour la première fois en France – bien qu’ils se trouvent déjà, depuis de nombreuses années, dans des collections et des musées prestigieux.
L’exposition a pris le parti d’une présentation chronologique en sept monographies consécutives dont chacune rassemblera des œuvres contextualisées par des photographies, des écrits et une documentation souvent inédite. Au fil d’une centaine d’œuvres, Abstraction Américaine propose de véritables découvertes, des rencontres intimistes et personnelles avec ces artistes et une façon de renouer avec l’abstraction américaine par un autre biais de son histoire.
Enfin, pour indiquer le chemin qui s’ouvre désormais, ainsi que pour rendre hommage à l’un des artistes qui prépara le terrain au Pop Art américain, l’exposition s’achève sur une œuvre emblématique de Robert Rauschenberg (1925-2008) : son « Art Car » qu’il conçut en 1986 pour BMW. Rauschenberg fut l’un des premier à utiliser les travaux d’autres artistes, ce qu’il fit par l’intermédiaire de techniques photographiques en permettant la projection sur la voiture. De ce véhicule, Rauschenberg a dit : « Les musées mobiles me semblent constituer une bonne idée. Cette voiture est l’accomplissement de mon rêve. »
Cette exposition n’aurait pas été possible sans la collaboration des fondations et familles des artistes représentés : The Renate, Hans & Maria Hofmann Trust ; The Estate of Jack Tworkov ; The Charles Pollock Archives ; The Adolph & Esther Gottlieb Foundation ; The Estate of David Smith ; The Estate of Richard Pousette-Dart ; The Sam Francis Foundation, Margaret & Augustus Francis. Que soient également remercié BMW ainsi que les collectionneurs qui ont eu la gentillesse de prêter leurs œuvres et l’american contemporary art GALLERY de Munich (Allemagne).
Commissaire invité : Otto Hübner. Coordination : Francesca Pollock.
Un catalogue illustré est édité à l’occasion de cette exposition avec un texte de Kirstin Hübner. »
La Fondation Fernet-Branca organise différentes visites guidées tout public deux dimanches par mois dans le cadre de l’exposition « Abstraction Américaine ».
visiteguideeeffb@hotmail.fr ou 03 89 69 10 77
Margaret Francis, épouse de Sam Francis, ainsi qu’Augustus Francis exposent parallèlement.
Magaret Francis devant la photo de Sam Francis

Extrait d’une interview réalisée par Francesca Pollock pour le catalogue de l’exposition :
 
« Quels artistes vous ont-ils influencée dans ces jeunes années ?
À vrai dire, essentiellement Turner. Jamais je ne renoncerai à mon amour de Turner. J’adore tout simplement Turner. Parmi les peintres modernes, il y avait Sam [Francis] et Helen Frankenthaler. De nos jours, je suis passionnée par Emile Nolde […] En musique, je dirais Ralph Vaughan Williams, Lark Ascending. Ce morceau est exactement ce que j’entends créer dans mes toiles. Je veux qu’un tableau procure aux gens de la joie et un sentiment de paix ; tel est mon rôle. Créer de la sérénité et de la beauté – et dans ce but, l’atmosphère est une nécessité.
 
Margaret Francis, vous avez intitulé cette exposition à Saint-Louis Lumière naturelle ; pouvez-vous me dire comment cette exposition s’insère dans votre vie d’aujourd’hui ?
La chance d’exposer à Saint-Louis est pour moi tout à fait captivante. Je déborde absolument d’une énergie de nature à m’amener à réaliser les plus beaux tableaux dont je suis capable. Quand je suis entrée dans cet espace, j’ai en fait été plus séduite encore, car je peux y visualiser mes tableaux et me former une idée de l’intérêt du public de Saint-Louis : la connexion s’est faite. J’ai maintenant mon public présent à l’esprit, j’ai le lieu, et j’ai l’objectif d’apporter de la beauté et de la sérénité à Saint-Louis. Voilà au fond ce dont il s’agit véritablement. Lumière naturelle, en fait – j’étais en train de regarder mes toiles : il s’y agit avant tout de lumière. Quand on regarde un Turner, on voit de la lumière dans le ciel. Quand on regarde un Monet, la lumière se réfléchit dans l’eau. Ces peintres ont créé de la beauté ; ils sont tous préoccupés de lumière. La lumière est à mes yeux un vaisseau renfermant ce qui est serein, les émotions spirituelles ; que le sujet soit une rose, ou un paysage, ou une marine, il s’agit d’abord d’en faire le portrait. Tout le monde en a besoin. »
Magaret Francis

Ce sont exactement les références auxquelles on pense lorsque l’on voit les toiles de Margaret Francis, une profusion de couleurs et de fleurs.
 
Extrait d’une interview réalisée par Francesca Pollock pour le catalogue de l’exposition.

« Augustus Francis est peintre – peintre élevé dans l’héritage de l’abstraction : sa  vie entière s’est déroulée à cette lumière. Fils de l’Expressionniste Abstrait  Sam Francis, il a été entouré par l’art abstrait dès ses plus jeunes années.  L’abstraction a défini sa manière de voir ; il lui est difficile, si on le  lui demande, de déceler le sujet d’un tableau cubiste ou futuriste, du fait que  son œil détecte les couleurs et les formes des compositions avant toute figuration.  La peinture abstraite lui vient naturellement et il a toujours peint de manière  abstraite. Ses tentatives dans d’autres directions l’ont toujours ramené à  l’abstraction. Il s’est un jour essayé à la photographie, pour se retrouver à  choisir des éclats de peinture sur un mur afin de réaliser une composition  abstraite. Par bien des côtés, l’abstraction définit sa manière de voir le  monde, qui est pour lui avant tout constitué de paysages de couleurs et de  formes. Son exposition de toute une vie à l’abstraction a conditionné son œil à  voir la peinture abstraite comme peu d’autres en sont capables – avec pour  résultat qu’il l’estime trop aisément comprise. »Augustus Francis

 

Augustus Francis – Lacrimosa opus 10 2012

Extrait du texte du catalogue accompagnant l’exposition :
« Augustus Francis : un héritage abstrait » de Christopher T.
Green.

C’est absolument flamboyant
Jusqu’au 22 septembre 2013
 
 

Penone à Versailles

Pour ma visite de l’exposition Penone dans les jardins de Versailles, j’ai eu droit aux grandes eaux, sans avoir réservé et choisi le spectacle. En effet le ciel était ombrageux, la pluie battante, le sable mouvant, les flaques d’eau se confondaient avec la surface des bassins par endroit. Cela teintait le tout d’un romantisme à la Gaspard Friedrich.
Figure historique de l’Arte Povera (biennale de Venise 2007 – pavillon d’Italie)
Giuseppe Penone, commence un parcours à la fin des années 60.

Giuseppe Penone – Espace de Lumière

L’Arte Povera, est le désir de redéfinir les conventions de l’art après les guerres, une nécessité de changer, il n’a pas de structure muséale, mais une très forte idée mentale. Ce courant réunissait des artistes italiens, qui à partir de la fin des années 60 voulaient renouveler le rapport aux matériaux et inventer de nouveaux langages visuels. Ils cherchaient aussi à proposer une autre lecture du paysage qui se traduira par des oeuvres étroitement imbriquées dans les éléments naturels.
Issu d’une famille de Sculpteurs, encouragé par celle-ci, il trouve plaisir à travailler le bois, les arbres, matière parfumée, travail agréable.
« L’arbre est une forme extraordinaire de sculpture, c’est une forme qui fossilise dans sa structure son vécu, c’est une nécessité vitale. Les arbres sont une matière, un être qui fige sa propre existence dans sa structure. » (Penone).
C’est par la technique de la fusion que Penone a connu le bronze. Elle est très liée au monde végétal y compris par sa couleur. L’arbre et le corps sont au centre de son œuvre, auquel il a joint le marbre pour l’occasion, entre minéral et végétal.
Arbre en bronze, matériau idéal pour fossiliser le végétal et synthétiser le paysage.
Invité par Catherine Pégard, présidente du Château de Versailles, il prend la succession de Jeff Koons, Bernar Venet, Takashi Murakami, Xavier Veilhan, Joana Vasconcelos.
Il avait acheté des arbres après la tempête de 99 à Versailles, dont un cèdre. Il tente de retrouver l’arbre à l’intérieur de l’arbre, Il taille le tronc pour faire apparaître le jeune arbre sculpture exposée dans le château –« Albergo Porta – Cedro » –
 » Entre écorce et écorce est issu de l’un des deux troncs de cèdres de Versailles que j’ai récupérés après la tempête de 1999. le bois était malheureusement pourri. L’écorce par contre était magnifique. J’en ai relevé l’empreinte et j’ai réalisé cette oeuvre composée de deux écorces en bronze suffisamment écartées l’une de l’autre pour permettre à un arbre, vivant celui-ci, de pousser entre elles. Dans cet espace d’environ 3 m sur 1,50 m, on est à l’intérieur du temps de croissance de l’arbre. On peut imaginer qu’il va l’occuper entièrement. C’est un espace futur, qui sera aussi un espace de mémoire »,
c’est une des premières pièces que l’on voit lors du parcours dans le parc. Des troncs entrecoupés, dorés à l’intérieur complètent l’ensemble  » Espace de Lumière »
Cela a débuté par un choix théorique et pragmatique des œuvres, en commun avec
Alfred Paquement commissaire de l’exposition.
Giuseppe Penone ‘le Sceau’

Un ensemble d’œuvres étaient prêtes pour l’exposition, disponibles. Une 20e en tout, dont 3 dans le musée, réparties entre le château et les jardins selon l’axe de la Grande perspective et une forêt dans le bosquet de l’Etoile (7). Elles rythment le Jardin en utilisant l’espace dans le respect du travail de Le Nôtre.
Il affirme ne pas produire une œuvre en fonction du lieu, cela l’a obligé à réfléchir à la manière de les installer et de les intégrer dans le parc.
« Une oeuvre n’a pas une fonction de décor, mais doit avoir une autonomie, avec une vie et une nécessité autre. Il peut arriver qu’un lieu peut suggérer une œuvre, mais les motivations sont déjà là avant cette possibilité. Versailles est plus forêt que jardin à la française. ( !) Le Nôtre entre dans la forêt, cette nature a une dominance, souligne la fragilité de l’homme par rapport à la nature. » GP.
Giuseppe Penone – Anatomies

Leur sont associées, des « Anatomies » de marbre blanc de Carrare, sorte de stèles hautes que Penone a découpées et en a dégagé les nervures, comme pour une eau forte. en cherchant les veines de l’arbre dans le marbre, bloc de 20 tonnes, travaillant  et mis en évidence les veines. Elles jouxtent un tapis de marbre, comme un contrepoint sculptural au travail de Lenôtre, composé de 64 plaques gravées. Au dessus une colonne de marbre sur laquelle par une procédé informatique, ont été reproduites les nervures des dalles. Ceci pour donner l’illusion de ce qui donne le nom à l’œuvre « le Sceau » encadré par les 2 rangées d’ « Anatomies » c’est absolument sublime de luminosité.
En ce jour de pluie, les rares visiteurs du parc, passent d’un pas précipité, sans y jeter le moindre coup d’œil, plus intéressés par les les sculptures d’époque du parc.
Dans le grand axe les sculptures sont distantes les unes des autres.  En descendant on trouve 3 bronzes, l’arbre foudroyé dont la blessure  a été dorée, puis un arbre sur lequel il a posé des pierres, puis enfin celui qui est à l’envers, dont les racines présentent les feuilles, comme un petit oiseau mouillé et perdu dans ce ciel nuagueux.
Giuseppe Penone – l’Arbre Foudroyé

Le Bosquet de l’Etoile,  lieu singulier, n’a pas de perspective pas de vue sur le château, c’est un lieu de l’intimité. C’est un ensemble de 7 arbres, dont un en lévitation.
Son travail est une réflexion sur la sculpture, et non pas de relation à la nature. Le Corps est élément central de travail, le souffle, pour voir une sculpture il faut se déplacer, il faut du temps, le désir de partager avec les gens. La nature mise en rang et domestiquée, les jardins palpitent et respirent. C’est un condensé du rapport entre la nature et l’art, Le dialogue avec Versailles, semble naturel. parfaitement intégré avec l’architecture du château. Quelle que soit sa dimension, un arbre a une présence, une force qui lui est propre, qui souligne le force d’attraction de la lumière et de la gravité, l’arbre est entre ces 2 éléments, dans un arbre il n’y a pas de branche inutile. Ce qui est sec ou mort est mémorisé dans le bois.
Giuseppe Penone ‘ les feuilles des racines’

De la vitalité de la matière, les grands alliés sont les jardiniers, dans le respect de la structure de Le Nôtre, elle est en cohérence avec le lieu.
Les œuvres de l’exposition sont pérennes, entre minéral et végétal. À l’heure des révolutions technologiques Giuseppe Penone est un sculpteur qui reste attaché aux matériaux naturels : bois, pierre, marbre… . Il fait vivre ces matières, en extrait l’essence, instaure ainsi le dialogue qui lui est cher entre nature et culture. Ses oeuvres de grandes dimensions s’inscrivent dans les jardins dessiné par Le Nôtre comme des ponctuations nouvelles qui y trouvent une juste place, en subtile harmonie avec ce site prestigieux, en cohérence avec le lieu.
Jusqu’au 2 octobre 2013

Ron Mueck

Jusqu’ au 27 octobre 2013, la Fondation Cartier pour l’art contemporain vous invite à découvrir le sculpteur australien Ron Mueck qui présente ses œuvres émouvantes et troublantes, marquant son grand retour institutionnel en Europe.

Ron Mueck masque

 
Après le succès de 2005 à la Fondation Cartier, cette nouvelle exposition personnelle est la plus complète et la plus actuelle de la production de l’artiste. Elle dévoile notamment, outre six œuvres récentes, trois sculptures réalisées spécialement pour l’exposition. Ces œuvres, révélées dans l’intimité de leur création à travers un film inédit, réaffirment toute la modernité d’un art à fleur de peau, aussi puissant qu’évocateur. La découverte exceptionnelle d’une œuvre rare et secrète.
Vivant à Londres, Ron Mueck a exposé dans les musées du monde entier, au Japon, en Australie, en Nouvelle Zélande et au Mexique. Son exposition à la Fondation Cartier est un événement d’autant plus exceptionnel que les opportunités de voir ses œuvres sont extrêmement rares. Travaillant lentement dans son atelier londonien, il fait du temps un élément privilégié de sa création. Ses figures humaines, réalistes à l’excès, mais qui jouent sur des changements d’échelle surprenants, demeurent aussi éloignées du naturalisme académique que du pop art ou de l’hyperréalisme.

Trois nouvelles sculptures dévoilées au public pour la première fois. Donnant à voir deux adolescents dans la rue, une mère avec son bébé et un couple sur la plage, elles sont autant d’arrêts sur image sur une relation entre deux êtres, saisis dans un moment à la fois ordinaire et intrigant. La précision des gestes, l’exactitude de la chair, la souplesse soupçonnée de l’épiderme leur donnent toute l’apparence de la réalité. Cette obsession du vrai témoigne, chez cet artiste en quête de perfection, d’une approche sensible jusqu’à l’extrême des formes et des matériaux. En repoussant les limites de la ressemblance, il propose au visiteur des œuvres secrètes et silencieuses, méditatives et mystérieuses. Des œuvres qui touchent à l’universel.
Il émane de ces sculptures une spiritualité et un profond humanisme suggéré par les sujets en apparence si ordinaires, suscitant une compassion inévitable du spectateur. Au-delà de toute intention portraitiste, Ron Mueck nous confronte à l’inquiétante étrangeté du rapport au corps et à l’existence.
Ron Mueck renouvelle ainsi profondément la sculpture figurative contemporaine. Les œuvres de Ron Mueck sont nourries de sources riches et diverses – images de presse, bandes dessinées, histoire de l’art, souvenirs proustiens ou fables et légendes anciennes. Ainsi, tandis que Still Life (2009) se situe dans la plus pure tradition de la nature morte, d’ancestraux souvenirs d’histoires de sorcières nous envahissent devant la silhouette ployée de Woman with Sticks (2009). Drift (2009) et Youth (id.) semblent quant à elles sortir de la une d’un quotidien, tout en évoquant en même temps des œuvres du passé.
À la manière de ce grand visage endormi (Mask II, 2002), véritable masque du songe, les sculptures de Ron Mueck font surgir le rêve dans le réel.
Une vidéo montre l’artiste à son travail dans son atelier avec ses assitants.
À l’occasion de l’exposition Ron Mueck, la Fondation Cartier publie trois ouvrages : un catalogue d’exposition qui retrace les vingt ans de carrière de l’artiste, un album retraçant les grandes collaborations de Ron Mueck avec la Fondation Cartier, et un cahier de coloriage dans lequel Ron Mueck a souhaité présenter ses sculptures aux enfants sous forme de dessins à colorier.

Sommaire de juillet 2013

Augustus Francis

01 juillet 2013 : Andy Warhol « L’ombre de la lumière »
04 juillet 2013 : Un écrin méditerranéen pour l’oeuvre de Chagall
06 juillet 2013 : Vladimir Velickovic à l’espace Malraux de Colmar
14 juillet 2013 :  14 juillet 2013
23 juillet 2013 :  Art Faces au musée Würth d’Erstein

Art Faces au musée Würth d'Erstein

Jusqu’ au 5 janvier 2014, le Musée Würth France Erstein présente l’exposition « Art Faces. Des photographes rencontrent des artistes ».

L’art du portrait, classé comme un des genres nobles de la peinture dans la hiérarchie des genres au cours du XVIIe siècle, connait une concurrence sérieuse avec le développement de la photographie au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. En effet, cette période correspond à la fois au triomphe du portrait peint, porté par l’essor de la bourgeoisie, et au développement du portrait photographique, moins onéreux et moins encombrant.
Le XXe siècle fait ensuite la part belle au portrait photographique, gagnant les couches populaires et relayant le portrait peint au second plan. De nombreux photographes se spécialisent dans l’art du portrait comme Nadar, August Sander ou encore Helmut Newton. Qu’il s’agisse d’un instant « posé » ou bien « volé », le portrait est toujours le fruit d’une rencontre, d’un jeu ou d’une négociation entre deux sujets, l’un derrière l’objectif, l’autre devant.
 

collection Würth

 
Lorsque l’on regarde attentivement ces portraits, on ne peut s’empêcher de penser à l’art qu’il pratique. C’est comme si leurs œuvres étaient leurs autoportraits. Leurs visages du moins pour les plus connus, ressemblent à leur travail. Une mise en abime.
Y a t’il eu entente entre le photographe et le sujet ? Même si le portrait est composé, entouré de certains éléments signifiants de leur profession, à l’instar des portraitistes anciens, qui accompagnaient leurs modèles de leurs attributs principaux ( palette, équerre, instruments de musique etc …) Que cela soit Bacon qui évoque ses corps tourmentés, Marie Laurencin avec ses demoiselles distinguées, ou d’autres comme Christo, Kelly, Max Ernst où on devine l’intellectuel.
Une belle surprise, celle qui se cache derrière des déguisements à longueurs d’expositions,
est devenu commissaire, Cindy Scherman est révélée dans la collection par le photographe Benjamin Katz. Il y a les classiques comme Picasso, Dali, Wahrol, Basquiat, d’autres plus inattendus, comme Gabriele Munter ou Sonia Delaunay, Marino Marini sur une de ses scuptures, Man Ray et Duchamp jouant aux échecs
L’exposition Art Faces se concentre sur des rencontres, souvent illustres, entre quelques photographes de renoms tels que Michel Sima, Gisèle Freund ou Herbert List avec des artistes comme Pablo Picasso, Piet Mondrian ou encore Gerhard Richter (un regard incroyable). Cet ensemble de photographies, qui appartient aujourd’hui à la Collection Würth, a été assemblé par le photographe suisse d’origine alsacienne François Meyer. Le point de départ de sa collection est constitué d’une série de portraits photographiques qu’il réalise à la fin des années 1970, lors d’un séjour aux États-Unis où il a la chance de fréquenter les ateliers de Sam Francis, Roy Lichtenstein ou encore Andy Warhol. À partir de ce fonds, qui dort pendant vingt ans dans ses tiroirs, il rassemble avec sa femme Jacqueline, à la fin des années 1990 une collection de plus de 250 portraits d’artistes en noir et blanc. Au décès de sa femme et selon ses dernières volontés, ces oeuvres seront vendues au profit d’une fondation contre le cancer.
François Meyer (*1953)
François Meyer, né à Genève, est issu d’une famille d’industriels de Sélestat en Alsace. Dès son enfance, il se familiarise avec le monde de l’art, visite de nombreux musées et côtoie au quotidien les oeuvres que son père collectionne avec passion : oeuvres surréalistes, du groupe CoBrA et peinture américaine des années 1960. Peu intéressé par les études, François Meyer fait très tôt le choix de se tourner vers la photographie. Il entreprend un apprentissage à l’atelier Borel-Boissonnas à Genève auprès de Paul Boissonnas. Il réalise alors de nombreuses photos pour des catalogues de musées et d’expositions. Cette activité lui permet notamment de rencontrer de nombreux collectionneurs et conservateurs de musées. Le contact avec les oeuvres d’art éveille en François Meyer le désir de connaître leurs auteurs, les artistes derrière les oeuvres. Il réalise alors ses premiers portraits d’artistes lors de fréquents voyages à Paris au milieu des années 1970, parmi lesquels César ou encore Sonia Delaunay. En 1977, il séjourne à New York où il visite de nombreux ateliers d’artistes de la scène Pop et des représentants de l’art minimal et conceptuel, grâce à l’entremise du galeriste Leo Castelli. Ses photos présentent un kaléidoscope de l’esprit de la scène artistique new-yorkaise des années 1970. Chaque photographie est un dialogue entre l’artiste et le photographe : dans ses portraits, François Meyer cherche à établir un lien entre l’univers de la photographie et l’univers de l’art et à montrer au travers de l’objectif, combien le caractère de l’artiste se reflète dans son oeuvre. Mais cette activité reste pour François Meyer une passion qu’il ne montre pas : pendant plus de vingt ans, ses prortraits d’artistes restent en effet dans un tiroir. Pendant cette période, il collabore régulièrement aux magazines L’OEil, Connaissance des Arts, Architectural Digest et Elle Décoration, pour lesquels il réalise des reportages.
Les photographes de l’exposition
Kurt Blum 1922 – 2005 / Philippe Bonan *1968  / Jean-Christian Bourcart *1960 /  Denise Colomb 1902 – 2004  /  Pierre Descargues 1925 – 2012 /
Jean Dieuzaide 1921 – 2003 / Luc Fournol 1931 – 2007 /
Gisèle Freund 1908 – 2000 / Michael Halsband *1956 / Monique Jacot *1934 /  Benjamin Katz *1939 / Barbara Klemm *1939 /  Herbert List 1903 – 1975 / Oliver Mark *1963  / François Meyer *1953 -/ Inge Morath 1923 – 2002 / Arnold Newman 1918 – 2006 / Sebastiano Piras *1961  /Michel Sima 1912 –1987 / James Van der Zee 1886 – 1983  /Sabine Weiss *1924

 

Catalogue de l’exposition Art Faces.
accompagné d’un livret de textes traduits en français
édité par Swiridoff Verlag (2003)
Livret de traductions édité par Musée Würth France Erstein (2012)
Prix : 34 €

L’exposition l’Appel de la Forêt continue.

Toutes les activités culturelles se trouvent sur le site du musée
WWW.MUSEE-WURTH.FR
Du mardi au dimanche, de 11h à 18h
Fermé tous les lundis

Passmusée

14 juillet 2013

Fernand Léger 14 juillet huile sur toile 1914

 
Si vous avez la possibilité de visiter le musée Fernand Léger à Biot, vous serez agréablement surpris par la beauté et la qualité de ce musée, dans un cadre idyllique.