Niki de St Phalle au Grand Palais

« Je suis Niki de Saint Phalle et je fais des sculptures monumentales »

C’est ce que scande Niki à travers l’exposition.

La rétrospective Niki de Saint Phalle au Grand Palais, à Paris, est l’occasion de mettre en lumière la personnalité et la vie de cette artiste féministe connue surtout pour ses célèbres Nanas. Plus de deux cents œuvres et archives – mêlant peintures, assemblages, sculptures, gravures et cinéma expérimental – sont exposées au fil d’un parcours à la fois chronologique et thématique, ponctué de documents vidéo.
Niki de Saint Phalle.- 1930 – 2002

C’est l’exposition de l’année 2014, au Grand Palais qui se termine le 2 février 2015
Le Grand Palais propose sur 2 000 m2 une rétrospective complète de l’une des plus populaires représentantes du Nouveau Réalisme,

Niki de St Phalle Autoportrait 1958 - 1959
Niki de St Phalle Autoportrait 1958 – 1959

C’est en lisant l’excellent livre dElisabeth Reynaud  :
Niki de St Phalle  » il faut faire saigner la peinture « 

aussi en lisant Niki de St Phalle, artist & mystic, dans les traces du Facteur Cheval & d’Antonio Gaudi de Pierre Chazaud  (que je remercie pour ses livres-cadeaux) que je commençais à comprendre comment une petite fille, issue de l’aristocratie, belle, riche, domptant sa difficulté de vivre par son génie créatif, a réussi à s’imposer parmi les grands artistes du siècle passé. Plasticienne, peintre, sculptrice, provocatrice, autodidacte, réalisatrice de films, mannequin, féministe, militante antiraciste et anti-sida, elle laisse une oeuvre protéiforme, radicale, d’une grande vitalité, dont la force est toujours d’actualité.

« Je n’accepterais pas les limites que ma mère tentait d’imposer à ma vie
parce que j’étais une femme.
NON. Je franchirais les limites pour atteindre le monde des hommes
qui me semblait aventureux, mystérieux, excitant.
Ma nature optimiste m’y aida »
Niki de St Phalle

Préférant une vie d’artiste, à celle de bourgeoise modèle imposée par ses parents,  aux côtés de son premier mari, l’écrivain américain Harry Mathews, elle commence à peindre ses premières huiles et ses premières gouaches.
À la suite d’une grave crise nerveuse, l’artiste est hospitalisée à Nice. Les médecins diagnostiquent une schizophrénie et lui font subir une série d’électrochocs et un traitement à l’insuline. C’est à ce moment qu’elle se met à peindre et découvre que cette occupation lui procure la sérénité dont elle a besoin.
Ne se sentant, ni américaine, ni française, sans aucun sentiment national défini, elle éprouve le besoin de se recréer, de recoller l’image d’un corps mis en morceaux et d’une âme tourmentée.
En 1955, Niki découvre l’oeuvre de l’architecte Antoni Gaudí et le parc Güell à Barcelone. Lors d’une première exposition personnelle à la galerie Gotthard à Saint-Gall, en Suisse, Niki fait la connaissance de Jean Tinguely et de sa femme, Eva Aeppli, qui habitent l’impasse Ronsin, à Montparnasse.
En 1960, elle se sépare de Harry Mathews, lui laissant la garde de leurs 2 enfants.
Niki s’installe impasse Ronsin avec Jean Tinguely. C’est le moteur de sa vie, son grand amour, malgré les infidélités de part et d’autre.
1961 Première séance de tir.

Niki de St Phalle, séance galerie J 1961
Niki de St Phalle, séance galerie J 1961

Il s’agit de tirer à la carabine sur des reliefs couverts de plâtre et de faire éclater, cachés sous le plâtre, des sachets de couleur qui éclaboussent le tableau. Pierre Restany invite l’artiste à se joindre au groupe des Nouveaux Réalistes.
C’est avec Jean Tinguely et grâce à ses encouragements et sa folie qu’elle réalisera ses oeuvres.

Peindre la violence
« Peindre calmait le chaos qui agitait mon âme. C’était une façon de domestiquer ces dragons qui ont toujours surgi
dans mon travail. »
 L’art à la carabine
« J’ai eu la chance de rencontrer l’art parce que j’avais, sur un plan psychique, tout ce qu’il faut pour devenir une terroriste. Au lieu de cela j’ai utilisé le fusil pour une bonne cause, celle de l’art. »

« Je passerais ma vie à questionner. Je tomberais amoureuse du point d’interrogation. » « Pour VOUS j’ai conquis le monde. »
Confrontée très tôt à l’inégalité des chances à laquelle sont confrontées les femmes et à l’absence de modèles féminins auxquels s’identifier, Saint Phalle décide dès l’enfance de
« devenir une héroïne ».
La lecture du Deuxième Sexe (1949) de Simone de Beauvoir la marque profondément. Précédant de quelques années les mouvements féministes, elle est l’une des premières artistes de son temps à faire de la femme un sujet, qu’elle traite dans sa complexité : à la fois victime de l’enfermement dans sa condition féminine et
« héroïne »
potentielle d’un monde à inventer.
Ces assemblages aux titres évocateurs – Mariées, Accouchements, Prostituées, Sorcières, Déesses – frappent encore aujourd’hui par leur radicalité et leur ambivalence. Il faut les regarder de près : les objets qui les constituent ou les recouvrent sont soigneusement choisis, puis mis en valeur ou au contraire accumulés.
 

Niki de St Phalle, the White Goddess 1963
Niki de St Phalle, the White Goddess 1963

Une nouvelle société matriarcale
« Le communisme et le capitalisme ont échoué. Je pense que le temps est venu d’une nouvelle société matriarcale. Vous croyez que les gens continueraient à mourir de faim si les femmes s’en mêlaient ? Ces femmes qui mettent au monde, ont cette fonction de donner vie – je ne peux pas m’empêcher de penser qu’elles pourraient faire un monde dans lequel je serais heureuse de vivre. »
Faites d’abord de papier mâché et de laine, puis de résine, les Nanas sont un prolongement naturel des Déesses fécondes et des Accouchements. Ces femmes au ventre souvent rebondi trouvent aussi leur origine, selon l’artiste, dans un dessin qu’elle exécute avec Larry Rivers de son épouse Clarice Rivers enceinte. À la fois joyeuses et puissantes, les Nanas sont les manifestes d’un monde nouveau, dans lequel la femme détiendrait le pouvoir. Leur corps coloré et généreux va bientôt s’agrandir et s’ouvrir dans des Nanas-maisons qui seront aussi autant de propositions pour vivre autrement.
La première et la plus grande de ces Nana-maisons est Hon, sculpture géante éphémère réalisée en 1966 au Moderna Museet à Stockholm avec Jean Tinguely et Per Olof Ultvedt, à l’invitation de son directeur, Pontus Hultén. Le Nana Power
« Pour moi, mes sculptures représentent le monde de la femme amplifié, la folie des grandeurs des femmes, la femme dans le monde d’aujourd’hui, la femme au pouvoir. »
Niki de St Phalle les Nanas
Dansantes ou sportives, grandes voire géantes, tantôt impressionnantes tantôt sexy, les Nanas portent l’espoir d’un monde nouveau où la femme aurait « droit de cité » : leur présence dans l’espace public est symbolique. Libérés des stéréotypes imposés par la mode, leurs corps expriment une féminité sans retenue et un féminisme souriant, à l’image de l’artiste dont elles sont le porte-voix :
« Je veux être supérieure : avoir les privilèges des hommes et en plus garder ceux de la féminité, tout en continuant à porter de beaux chapeaux. »
Les Nanas, qui se multiplient sous forme de ballons gonflables, de sérigraphies, de bijoux et d’éditions diverses, dans l’art comme sur la scène, et des années 1960 jusqu’à la fin de la vie de l’artiste, sont les guerrières d’un combat féministe que Saint Phalle a été l’une des premières à mener dans le monde de l’art. Beaucoup d’entre elles sont aussi les étendards des droits civiques, pour lesquels Saint Phalle s’engage aussi très tôt :
« Moi ? Une sauvage ? Elle a trouvé enfin une réponse, qu’une femme dans la civilisation des hommes, comme un nègre dans la civilisation des blancs, a droit au refus, à la révolte.
Niki de St Phalle, la Nana Power
Mère dévorante, père prédateur
« Nous connaissons tous dans notre vie la bonne et la mauvaise mère. Autrement dit, j’ai déjà représenté la bonne mère avec les Nanas, je me consacre désormais à son anti thèse, à cette mère qu’on aimerait ne pas être. »
Alors qu’au début des années 1970 elle commence à travailler à son premier long-métrage, Daddy, un film expérimental coproduit avec Peter Whitehead, où sont affichés sans détours l’inceste imposé par son père ainsi que les rapports de domination entre les sexes, Saint Phalle travaille à une nouvelle série de sculptures, qu’elle intitule Mères dévorantes. Mises en scènes ou en situation avec leurs accessoires, en compagnie de personnages secondaires, ces femmes mûres devenues mères semblent tirées d’un scénario où le grotesque le dispute à la terreur.
Quelques années après les Nanas, Saint Phalle poursuit avec ces Mères dévorantes l’exploration sans complaisance des « rôles féminins » qu’elle avait entreprise dix ans auparavant.
Niki de St Phalle, l'enterrement du père
Chacune de ses oeuvres offre plusieurs niveaux d’interprétation dont on a souvent omis le caractère engagé au profit d’une lecture décorative et superficielle. Aller au-delà, c’est reconnaître une oeuvre qui se nourrit presque toujours de questionnements sur des sujets de société. Niki de Saint Phalle a été l’une des premières artistes à aborder la question raciale et à militer en faveur des droits civiques, puis du multiculturalisme américain ; l’une des premières aussi, dans les années 1980, à utiliser l’art pour sensibiliser le grand public aux ravages du sida.
« En 1955 je suis allée à Barcelone avec mon mari Harry Mathews. C’est là que j’ai vu le magnifique parc Güell de Gaudi. J’ai rencontré à la fois mon maître et ma destinée. J’ai tremblé. Je savais qu’un jour, moi aussi, je construirais un jardin de joie. Un petit coin de paradis. »
Quarante-trois ans plus tard, en Italie, Niki de Saint Phalle met la dernière main au projet le plus important de toute sa carrière : le jardin des Tarots, parc de sculptures monumentales inspirées des vingt-deux arcanes majeurs du jeu de tarot.
visite guidée de l’exposition par Télérama
Un magnifique catalogue accompagne l’exposition dont la commissaire est
Camille Morineau
 
En raison du contexte actuel, la Rmn-Grand Palais a pris la décision d’annuler La Nuit Niki prévue dans l’exposition Niki de Saint Phalle durant la nuit du 31 janvier au 1er février.
En vous remerciant de votre compréhension.

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.

2 réflexions sur « Niki de St Phalle au Grand Palais »

  1. Merci Misa
    reçois tous mes voeux
    moi aussi je suis très fan de Niki de St Phalle, au point que je suis allée voir 2 fois l’exposition et que je recommande certains livres sur sa vie

  2. magnifique Niki je suis une fan de Mikki ici sur mon ile
    bise et bonne continuation de ton bon travail..et que la nouvelle annee puisse t apporter que de l amour la paix et l harmonie
    Misa

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