Degas à la Staatliche Kunsthalle Karlsruhe – Classicisme et expérimentation

« Nous sommes la tradition, on ne saurait trop le dire. Et peut-être Titien me dirait-il quelques mots avant de monter dans sa gondole »,
proclamait-il, avec emphase, en 1890.

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Edgar Degas Un bureau de coton à la Nouvelle-Orléans, 1873 © Musée des Beaux-Arts de Pau, photo: Jean Christophe Poumeyrol
Edgar Degas
Un bureau de coton à la Nouvelle-Orléans, 1873
© Musée des Beaux-Arts de Pau,
photo: Jean Christophe Poumeyrol

Contrairement à l’exposition de la Fondation Beyeler, qui était consacrée aux 10 dernières années de sa vie, la Staatliche Kunsthalle de Karlsruhe s’attache à montrer ses créations depuis les débuts, les maîtres, les inspirations d’Edgar Degas
Il fait partie du groupe des impressionnistes, en participant avec eux à leurs expositions, mais en ne partageant pas du tout leur manière de travailler sur le motif.

« Cela ne signifie rien, l’impressionnisme. Tout artiste consciencieux a toujours traduit ses impressions « 
Vous savez ce que je pense des peintres qui travaillent sur les grands
chemins ? C’est à dire que si j’étais le gouvernement,  j’aurais une brigade de gendarmerie pour surveiller les gens qui font du paysage sur nature ….
Oh ! je ne veux la mort de personne;  j’accepterais bien qu’on mît du petit plomb pour commencer » [à Vollard]
« Ne me parlez pas des impressionnistes, il faudrait les fusiller  »
Voyons est-ce qu’Ingres transportait son chevalet sur les grands chemins ? »
On plante un jeune homme en plein champ et on lui dit « Peignez ! » Et il peint une ferme sincère; c’est imbécile  »
« les Impressionnistes ont besoin d’une vie naturelle, moi d’une vie artificielle. »
extrait de « je veux regarder par le trou de la Serrure » propos choisis, édition établie par Jean Paul Morel, les Mille-et-une-nuits

 

Edgar Degas Paysage, vers 1892 © Marie-Anne Krugier-Poniatowski Collection
Edgar Degas
Paysage, vers 1892
© Marie-Anne Krugier-Poniatowski Collection

 

Après avoir participé à la 8e et dernière exposition en 1886, de la Société des peintres indépendants, il s’écarte du groupe pour reprendre sa liberté et son indépendance, loin de la mode, des conventions sociales, politiques et artistiques.
Portrait de Degas par Sachy Guitry
Disposant d’une certaine fortune, il n’est pas tenu de vendre et passe ses journées au Louvre, à copier les oeuvres des anciens maîtres, ou à faire de longs voyages en Italie.
Refus des honneurs, anarchiste et conservateur, fervent patriote et militariste, il se porte volontaire pour la défense de Paris en 1870.

Dans sa 1ere exposition en 1892 chez Durand-Ruel  il ne présente que des peintures de paysages que pourtant, il ne tenait pas en estime, des monotypes de petits formats tirés sur des feuilles de papier, rehaussés de pastel pour la plupart.
Elles ont vu le jour à l’atelier, évoquant des paysages de rêve, de la génération des symbolistes qui feraient le bonheur des surréalistes. Il affirme ainsi son indépendance et sa position artistique.
Il retravaillait certaines oeuvres pendant des décennies et vendait avec parcimonie, créant ainsi une demande. Il tenait à distance la presse et la critique d’art. Ses bénéfices lui permirent de se constituer une collection d’oeuvres d’art.
Les « Saints Patrons » Jean Dominique Ingres et Eugène Delacroix formaient le noyau de sa collection. Manet y tenait une place à part, ne voit-on pas une parenté avec Un bureau de coton à la Nouvelle-Orléans, 1873.
A propos de Manet :  » pauvre Manet avoir peint le Maximilien, le Christ aux anges, et tout ce qu’il a fait jusqu’en 1875, et puis lâcher son magnifique « jus de pruneaux » pour faire le Linge !…

Edgar Degas Le Calvaire (copie d’après Andrea Mantegna), vers 1861 © Musée des Beaux-Arts de Tours
Edgar Degas
Le Calvaire (copie d’après Andrea Mantegna), vers 1861
© Musée des Beaux-Arts de Tours


Les anciens faisant partie de son panthéon personnel sont : Giotto, Titien, Mantegna  dont il a fait une copie du Calvaire, Botticelli, Raphaël, Veronese, puis les flamands
Jan Van Dyck et Rembrandt, dont on voit des copies d’après …. El Greco.
Il soutient ses collègues moins fortunés en leur achetant des oeuvres : Cézanne, Berthe Morisot, Marie Cassatt, Suzanne Valaton, Paul Gauguin, Vincent van Gogh, mais aussi des estampes japonaises.
Il partageait sa passion avec Henri Rouart, peintre et personnalité éminente du tout Paris,
(une exposition est consacrée à cette famille à Nancy), dans le livre de Dominique Bona
académicienne , » les Deux Soeurs » (Rouart) on apprend que Degas, célibataire endurci, aimait à jouer les entremetteurs, il eut l’idée de les marier à 2 fils du peintre Lerolle.
Edgar Degas Après le bain (femme s’ essuyant) , vers 1895 © Jean-Luc Baroni Ltd
Edgar Degas
Après le bain (femme s’ essuyant) , vers 1895
© Jean-Luc Baroni Ltd

La rétrospective présentée à la Kunsthalle de Karlsruhe jusqu’au  15 février 2015 rassemble environ 130 oeuvres couvrant un demi-siècle de la carrière de cet artiste d’exception. Sept d’entre elles sont issues des collections du musée, les autres étant prêtées par des organismes publics et des collectionneurs privés d’Europe, des États-Unis et du Canada. Cet ensemble remarquable offre ainsi un panorama complet de la production de l’artiste. Particulièrement diversifiée, l’oeuvre de Degas n’est nullement limitée à la représentation des danseuses et des baigneurs auxquels l’artiste doit sa notoriété.
Edgar Degas Portrait de l’artiste (Degas saluant), vers 1863 © Calouste Gulbenkian Foundation, Lisbon M.C.G., photo: Catarina Gomes Ferreira
Edgar Degas
Portrait de l’artiste (Degas saluant), vers 1863
© Calouste Gulbenkian Foundation, Lisbon M.C.G.,
photo: Catarina Gomes Ferreira

L’exposition Classicisme et expérimentation présente Degas tel qu’il était : un artiste charnière entre tradition et modernité, héritier des maîtres anciens mais parfaitement capable d’innover et de se livrer à des expériences. Elle offre pour la première fois en Allemagne la possibilité de mettre en parallèle d’une part les tableaux historiques et les portraits de style classique donnés par l’artiste au début de sa carrière, d’autre part les célèbres représentations de danseuses et de courses de chevaux qu’il réalisa ultérieurement. L’exposition ambitionne ainsi d’ouvrir de nouvelles perspectives sur la production d’un artiste qu’on croyait connaître parfaitement.
Edgar Degas Danseuse, 1882–1885 Köln, Wallraf-Richartz-Museum, photo: Rheinisches Bildarchiv Köln, rba_c018950
Edgar Degas
Danseuse, 1882–1885
Köln, Wallraf-Richartz-Museum,
photo: Rheinisches Bildarchiv Köln, rba_c018950

Est-il plus sculpteur que peintre ? « que non, jamais de la vie, c’est pour ma seule satisfaction que j’ai modelé gens et bêtes, mais pour donner à mes dessins à mes peintures plus d’expression, plus d’ardeur, plus de vie. Ce sont des exercices pour me mettre en train.
…….Ce qu’il me faut à moi c’est exprimer du caractère, le mouvement dans son exacte vérité, accentuer les os, le muscle et la fermeté compacte des chairs. »
Il ne fréquente que l’opéra, jamais les champs de course.

Informations
commissaire : Alexander Eiling
catalogue en langue allemande : Pia Müller-Tamm
Visites guidées publiques
En langue française :
le samedi et dimanche à 15h30 Tarif : 2 €
Audioguides Disponibles en langue française 4 € / 2 € (réduit)
Guide expo : Un livret avec des notices explicatives en français de toutes les oeuvres et un plan de l’exposition est mis à disposition des visiteurs.
Tarif : 1 €
PASS TGV EXPO KUNSTHALLE
« PASS TGV EXPO DEGAS »:
Offre exclusive pour les visiteurs français de l’exposition Degas à Karlsruhe : réduction de 50% sur le billet TGV (allerretour) avec relation directe, à partir de nombreuses gares françaises
(Paris, Strasbourg, Mulhouse, Lyon, Avignon, Marseille…).
Entrée à l’exposition à tarif réduit et d’autres avantages.
Information et réservation dans les gares et boutiques SNCF.
Pour plus d’informations consultez les sites suivants :
www.karlsruhe-tourismus.de/fr
et pour les horaires des TGV France > Karlsruhe :
www.voyages-sncf.com
Accès au musée
Le musée se trouve au centre ville, près du Château et de la Cour constitutionnelle. Possibilité de prendre le tram devant la gare de Karlsruhe pour se rendre au musée. Arrêt « Herrenstrasse » ou « Europaplatz ». Pour plus d’informations voir le site des transports en commun www.kvv.de Stationnement voitures A proximité du musée parkings « Zirkel/Herrenstraße », « Passagehof » et « Schlossplatz/Unterführung » Stationnement cars Parking devant la Kunsthalle


 

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.