Une collection abondante à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny

La Fondation Pierre Gianadda à Martigny associée au musée des Beaux-Arts de Berne, présente cet hiver, les oeuvres d’artistes emblématiques de la Suisse avec la complicité et la générosité de la Fondation pour l’art, la culture et l’histoire.
Bruno Stefanini
Bruno Stefanini, qui fête cette année son quatre-vingtième-dixième anniversaire, se révèle un collectionneur atypique qui a, depuis plus de cinquante ans, rassemblé plus de huit mille pièces, dont des peintures et travaux sur papier, des centaines de statues et d’ouvrages de sculpture, de grands ensembles de livres rares, des objets précieux et des armes d’apparat, du mobilier et des productions des arts décoratifs.
Cette incroyable collection se trouve réunie dans la Fondation pour l’art, la culture et l’histoire fondée en 1980 par Bruno Stefanini, mécène de Winterthur. Elle ne réunit pas seulement l’art suisse depuis le XVIIIe siècle jusqu’à l’époque moderne mais comprend également des monuments historiques d’importance nationale tels les châteaux de Grandson (canton de Vaud), de Salenstein et de Luxburg, (canton de Thurgovie) et Brestenberg (canton d’Argovie), l’immeuble Sulzer à Winterthour, première tour construite en Suisse en 1962.
Il s’agit certainement «… de la plus vaste collection d’oeuvres d’art et d’objets historiques jamais réunie en Suisse par une seule et même personne ». (Mathias Frehner, directeur du musée des Beaux Arts de Berne)

Plat d'apparat du grand milieu nde table ayant appartenu à la reine Olga de Wurtemberg
Plat d’apparat du grand milieu de table ayant appartenu à la reine Olga de Wurtemberg

Grâce à Bruno Stefanini et sa Fondation, des oeuvres d’art suisse, proposées sur le marché de l’art et que les musées, faute de moyens financiers n’ont pas pu acquérir, ne sont pas parties à l’étranger et ont rejoint ladite Fondation.
Cela ressemble à du protectionnisme à titre privé. N’est-ce pas un obstacle pour les artistes suisses, d’être cantonnés à la Suisse et à ses cantons, et de ne pas connaître une renommée internationale, à l’instar des artistes régionaux qui peinent à être montrer à
l’international ?
Cela confère aussi une certaine monotonie à la collection qui est bien lisse et sage, bien que comportant de magnifique paysages ainsi que de superbes portraits.
Le mécène, collectionne non seulement des toiles, mais aussi les esquisses, les dessins, tout ce qui concerne une oeuvre, jusqu’à son aboutissement et en plusieurs exemplaires
s’il en existe des séries. Cela est une source intéressante pour des étudiants et des historiens d’art.
vue exposition collection bruno Steffanini
Bruno Stefanini est né à Winterthour en 1924, fils d’un émigré de Bergame en Lombardie, ouvrier spécialisé dans la tuyauterie,  qui dirigea le légendaire restaurant Salmen aux spécialités italiennes réputées.
Les premières incitations à s’intéresser à l’art viennent de sa mère qui collectionnait les antiquités et emmenait son fils Bruno quand elle allait chiner chez les brocanteurs. Au Lycée il s’adonne avec passion à la lecture et engrange une solide culture sur la littérature. Il affectionne aussi le dessin. Bruno Stefanini entame des études de sciences naturelles à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, puis est appelé sous les drapeaux au moment de la Deuxième Guerre mondiale.
A l’époque du boom économique des années 1950/60, il développe son activité dans la branche immobilière. Avec une stratégie qui consiste à investir ses revenus locatifs dans de nouvelles promotions, il devient l’un des plus importants propriétaires privés de biens fonciers en Suisse, dont les revenus lui  permettent de constituer une collection d’une telle ampleur.
Ne s’accordant que peu de loisirs,  Stefanini se consacre exclusivement à sa passion pour l’art.  Ardent lecteur, il possède des connaissances étendues sur l’histoire de l’art.
Anker
Mathias Frehner a demandé il y a cinq ans à Bruno Stefanini d’organiser une exposition consacrée aux trésors de sa collection. Ce dernier déclina l’invitation, jugeant
« que c’était encore trop tôt » !
Pour 2014, le mécène est d’accord pour une présentation de sa collection sous la forme d’une sélection concise. Probablement que le passage de ladite collection à la Fondation Pierre Gianadda, après le Musée des Beaux-Arts de Berne, n’est pas étranger à l’acceptation de Bruno Stefanini de dévoiler un pan des oeuvres prestigieuses de son immense collection.
Groupe de cristaux découvert par Michel Flepp et Alfons Derungs
Groupe de cristaux découvert par Michel Flepp et Alfons Derungs

Le nonagénaire achète des immeubles, mais il ne les revend pas. Sa stratégie est la même dans le domaine de l’art. Conservateur, compulsif même, ses achats sont diversifiés.
C’est ainsi que l’on peut admirer  la pointe immergée d’un iceberg, un bloc de glace assez gros pour faire couler deux ou trois Titanic, âgé de 15 millions d’années, découvert en 2003, dans les Grisons.
Il y a non seulement les œuvres, centrées sur la Suisse, mais les souvenirs historiques. Goethe, un exemplaire unique de poèmes de Hermann Hesse, Napoléon, Guillaume II, l’empereur François-Joseph, le tsar Nicolas Ier, Albert Einstein le passionnent au même titre que Kennedy et, bien sûr, le général Guisan ou l’impératrice Elisabeth d’Autriche dite Sissi, dont on peut voir le costume d’amazone.
Costume d'amazone Imperatrice Elisabeth de'Autriche Sissi
L’exposition se présente sous forme de thèmes : peintures d’histoire, de genre, de paysage, représentation d’animaux, natures mortes, le symbolisme dans l’art suisse, le nu, l’enfant en peinture, portraits et autoportraits. Des oeuvres d’artistes allant de 1762 (Marie Thérèse, Jean Etienne Liotard, pastel) au milieu du XXe s.(Max Gubler, autoportrait à l’huile de 1945) documentent de façon exhaustive les thèmes cités et entraînent le visiteur dans une balade éclectique illustrée en grande partie par des peintres suisses de grand renom et ceci sur les cimaises du musée, en passant par les murs de l’escalier conduisant à la cafétéria et se prolongeant, dans le couloir de part et d’autres et dans la salle qui mène à la donation Franck.
Albert Anker
ALBERT ANKER, (1831-1910) est présent dans plusieurs thèmes comme par exemple Les Polonais en exil (1868) qui dans le thème de la peinture d’histoire, montre un grand-père mélancolique avec son petit-fils, écoutant jouer sa petite fille au piano, probablement du Chopin, et rappelle les milliers de réfugiés qui émigrent en Allemagne, en Belgique et en France, après l’entrée des troupes russes pour écraser l’insurrection populaire à Varsovie en 1831. Anker préfère dépeindre le calme après la tempête que la fureur des champs de bataille, on retrouve la même démarche dans son tableau Les Bourbakis (1871). Mais c’est dans le thème de la peinture de genre, avec des représentations de la vie quotidienne d’autrefois, qu’Anker excelle. Avec son réalisme tranquille, prompt à saisir avec une sensibilité psychologique développée, il raconte l’enfance Les soeurs Gugger tricotant, 1885, le monde paysan : Le vin nouveau, 1874 ou Vieille lisant le Zollikofer, 1885.
Ferdinand Hodler
FERDINAND HODLER, (1853-1918)  (exposé à la Fondation Beyeler en 2013 et au musée d’Orsay)
dans le thème du symbolisme dans l’art suisse avec deux oeuvres célèbres : Las de vivre, après 1892, et Heure sacrée, 1911, qui constitue l’affiche de l’exposition, les paysages du Léman etc ..
Félix Vallotton
FÉLIX VALLOTTON, (1865-1925) dont le Grand palais a montré une belle rétrospective en 2014.   Après avoir été l’une des figures majeures des Nabis dans les années 1890 à Paris, où ses fameuses gravures sur bois le rendent célèbre, à partir de 1900 il revient à la peinture avec des nus, des paysages et des natures mortes. Les nus féminins représentent plus d’un tiers de la production picturale de Vallotton. Il s’écarte des canons de la beauté habituelle et ses nus étonnent par leur chair marmoréenne et n’incarnent pas un type de perfection idéale.
Segantini portrait Leopolda Grubicy
Segantini portrait Leopolda Grubicy

GIOVANNI SEGANTINI, (1858-1899), présenté à la Fondation Beyeler en 2011.   Il aura été toute sa vie un « sans-papiers ». Dans les Grisons, Segantini, découvre une lumière pure, la beauté enivrante de la nature qui lui inspire les motifs de son oeuvre de maturité. Disparu prématurément, ce « nomade apatride », connaît à partir de 1911 une gloire posthume, lorsque le musée Segantini à St- Moritz, inauguré en 1908, reçoit en dépôt de la Fondation Gottfried Keller, le célèbre Triptyque des Alpes.
Sésame, ouvre-toi ! Une formule magique qui s’ouvre sur une balade thématique de quelque 150 peintures ! Outre les quatre artistes cités, un panel de peintres suisses, tels Cuno Amiet, Alice Bailly, François Bocion, Alexandre Calame, Augusto et Giovanni Giacometti, Jean-Etienne Liotard, Edouard Vallet,etc., qui fera de cette exposition, un événement exceptionnel : une rencontre avec une collection prestigieuse née d’un mécène hors du commun.
COMMISSARIAT DE L’EXPOSITION :
Matthias Frehner, directeur du Kunstmuseum Bern.
CATALOGUE DE L’EXPOSITION :
reproduit en couleurs toutes les oeuvres exposées. ISBN 978-2-88443-151-4
Exposition ouverte du 5 décembre 2014 au 14 juin 2015
Tous les jours de 10 h à 18 h
photos de l’auteur courtoisie de la Fondation Gianadda

Degas à la Staatliche Kunsthalle Karlsruhe – Classicisme et expérimentation

« Nous sommes la tradition, on ne saurait trop le dire. Et peut-être Titien me dirait-il quelques mots avant de monter dans sa gondole »,
proclamait-il, avec emphase, en 1890.

voir ici la vidéo du vernissage

Edgar Degas Un bureau de coton à la Nouvelle-Orléans, 1873 © Musée des Beaux-Arts de Pau, photo: Jean Christophe Poumeyrol
Edgar Degas
Un bureau de coton à la Nouvelle-Orléans, 1873
© Musée des Beaux-Arts de Pau,
photo: Jean Christophe Poumeyrol

Contrairement à l’exposition de la Fondation Beyeler, qui était consacrée aux 10 dernières années de sa vie, la Staatliche Kunsthalle de Karlsruhe s’attache à montrer ses créations depuis les débuts, les maîtres, les inspirations d’Edgar Degas
Il fait partie du groupe des impressionnistes, en participant avec eux à leurs expositions, mais en ne partageant pas du tout leur manière de travailler sur le motif.

« Cela ne signifie rien, l’impressionnisme. Tout artiste consciencieux a toujours traduit ses impressions « 
Vous savez ce que je pense des peintres qui travaillent sur les grands
chemins ? C’est à dire que si j’étais le gouvernement,  j’aurais une brigade de gendarmerie pour surveiller les gens qui font du paysage sur nature ….
Oh ! je ne veux la mort de personne;  j’accepterais bien qu’on mît du petit plomb pour commencer » [à Vollard]
« Ne me parlez pas des impressionnistes, il faudrait les fusiller  »
Voyons est-ce qu’Ingres transportait son chevalet sur les grands chemins ? »
On plante un jeune homme en plein champ et on lui dit « Peignez ! » Et il peint une ferme sincère; c’est imbécile  »
« les Impressionnistes ont besoin d’une vie naturelle, moi d’une vie artificielle. »
extrait de « je veux regarder par le trou de la Serrure » propos choisis, édition établie par Jean Paul Morel, les Mille-et-une-nuits

 

Edgar Degas Paysage, vers 1892 © Marie-Anne Krugier-Poniatowski Collection
Edgar Degas
Paysage, vers 1892
© Marie-Anne Krugier-Poniatowski Collection

 

Après avoir participé à la 8e et dernière exposition en 1886, de la Société des peintres indépendants, il s’écarte du groupe pour reprendre sa liberté et son indépendance, loin de la mode, des conventions sociales, politiques et artistiques.
Portrait de Degas par Sachy Guitry
Disposant d’une certaine fortune, il n’est pas tenu de vendre et passe ses journées au Louvre, à copier les oeuvres des anciens maîtres, ou à faire de longs voyages en Italie.
Refus des honneurs, anarchiste et conservateur, fervent patriote et militariste, il se porte volontaire pour la défense de Paris en 1870.

Dans sa 1ere exposition en 1892 chez Durand-Ruel  il ne présente que des peintures de paysages que pourtant, il ne tenait pas en estime, des monotypes de petits formats tirés sur des feuilles de papier, rehaussés de pastel pour la plupart.
Elles ont vu le jour à l’atelier, évoquant des paysages de rêve, de la génération des symbolistes qui feraient le bonheur des surréalistes. Il affirme ainsi son indépendance et sa position artistique.
Il retravaillait certaines oeuvres pendant des décennies et vendait avec parcimonie, créant ainsi une demande. Il tenait à distance la presse et la critique d’art. Ses bénéfices lui permirent de se constituer une collection d’oeuvres d’art.
Les « Saints Patrons » Jean Dominique Ingres et Eugène Delacroix formaient le noyau de sa collection. Manet y tenait une place à part, ne voit-on pas une parenté avec Un bureau de coton à la Nouvelle-Orléans, 1873.
A propos de Manet :  » pauvre Manet avoir peint le Maximilien, le Christ aux anges, et tout ce qu’il a fait jusqu’en 1875, et puis lâcher son magnifique « jus de pruneaux » pour faire le Linge !…

Edgar Degas Le Calvaire (copie d’après Andrea Mantegna), vers 1861 © Musée des Beaux-Arts de Tours
Edgar Degas
Le Calvaire (copie d’après Andrea Mantegna), vers 1861
© Musée des Beaux-Arts de Tours


Les anciens faisant partie de son panthéon personnel sont : Giotto, Titien, Mantegna  dont il a fait une copie du Calvaire, Botticelli, Raphaël, Veronese, puis les flamands
Jan Van Dyck et Rembrandt, dont on voit des copies d’après …. El Greco.
Il soutient ses collègues moins fortunés en leur achetant des oeuvres : Cézanne, Berthe Morisot, Marie Cassatt, Suzanne Valaton, Paul Gauguin, Vincent van Gogh, mais aussi des estampes japonaises.
Il partageait sa passion avec Henri Rouart, peintre et personnalité éminente du tout Paris,
(une exposition est consacrée à cette famille à Nancy), dans le livre de Dominique Bona
académicienne , » les Deux Soeurs » (Rouart) on apprend que Degas, célibataire endurci, aimait à jouer les entremetteurs, il eut l’idée de les marier à 2 fils du peintre Lerolle.
Edgar Degas Après le bain (femme s’ essuyant) , vers 1895 © Jean-Luc Baroni Ltd
Edgar Degas
Après le bain (femme s’ essuyant) , vers 1895
© Jean-Luc Baroni Ltd

La rétrospective présentée à la Kunsthalle de Karlsruhe jusqu’au  15 février 2015 rassemble environ 130 oeuvres couvrant un demi-siècle de la carrière de cet artiste d’exception. Sept d’entre elles sont issues des collections du musée, les autres étant prêtées par des organismes publics et des collectionneurs privés d’Europe, des États-Unis et du Canada. Cet ensemble remarquable offre ainsi un panorama complet de la production de l’artiste. Particulièrement diversifiée, l’oeuvre de Degas n’est nullement limitée à la représentation des danseuses et des baigneurs auxquels l’artiste doit sa notoriété.
Edgar Degas Portrait de l’artiste (Degas saluant), vers 1863 © Calouste Gulbenkian Foundation, Lisbon M.C.G., photo: Catarina Gomes Ferreira
Edgar Degas
Portrait de l’artiste (Degas saluant), vers 1863
© Calouste Gulbenkian Foundation, Lisbon M.C.G.,
photo: Catarina Gomes Ferreira

L’exposition Classicisme et expérimentation présente Degas tel qu’il était : un artiste charnière entre tradition et modernité, héritier des maîtres anciens mais parfaitement capable d’innover et de se livrer à des expériences. Elle offre pour la première fois en Allemagne la possibilité de mettre en parallèle d’une part les tableaux historiques et les portraits de style classique donnés par l’artiste au début de sa carrière, d’autre part les célèbres représentations de danseuses et de courses de chevaux qu’il réalisa ultérieurement. L’exposition ambitionne ainsi d’ouvrir de nouvelles perspectives sur la production d’un artiste qu’on croyait connaître parfaitement.
Edgar Degas Danseuse, 1882–1885 Köln, Wallraf-Richartz-Museum, photo: Rheinisches Bildarchiv Köln, rba_c018950
Edgar Degas
Danseuse, 1882–1885
Köln, Wallraf-Richartz-Museum,
photo: Rheinisches Bildarchiv Köln, rba_c018950

Est-il plus sculpteur que peintre ? « que non, jamais de la vie, c’est pour ma seule satisfaction que j’ai modelé gens et bêtes, mais pour donner à mes dessins à mes peintures plus d’expression, plus d’ardeur, plus de vie. Ce sont des exercices pour me mettre en train.
…….Ce qu’il me faut à moi c’est exprimer du caractère, le mouvement dans son exacte vérité, accentuer les os, le muscle et la fermeté compacte des chairs. »
Il ne fréquente que l’opéra, jamais les champs de course.

Informations
commissaire : Alexander Eiling
catalogue en langue allemande : Pia Müller-Tamm
Visites guidées publiques
En langue française :
le samedi et dimanche à 15h30 Tarif : 2 €
Audioguides Disponibles en langue française 4 € / 2 € (réduit)
Guide expo : Un livret avec des notices explicatives en français de toutes les oeuvres et un plan de l’exposition est mis à disposition des visiteurs.
Tarif : 1 €
PASS TGV EXPO KUNSTHALLE
« PASS TGV EXPO DEGAS »:
Offre exclusive pour les visiteurs français de l’exposition Degas à Karlsruhe : réduction de 50% sur le billet TGV (allerretour) avec relation directe, à partir de nombreuses gares françaises
(Paris, Strasbourg, Mulhouse, Lyon, Avignon, Marseille…).
Entrée à l’exposition à tarif réduit et d’autres avantages.
Information et réservation dans les gares et boutiques SNCF.
Pour plus d’informations consultez les sites suivants :
www.karlsruhe-tourismus.de/fr
et pour les horaires des TGV France > Karlsruhe :
www.voyages-sncf.com
Accès au musée
Le musée se trouve au centre ville, près du Château et de la Cour constitutionnelle. Possibilité de prendre le tram devant la gare de Karlsruhe pour se rendre au musée. Arrêt « Herrenstrasse » ou « Europaplatz ». Pour plus d’informations voir le site des transports en commun www.kvv.de Stationnement voitures A proximité du musée parkings « Zirkel/Herrenstraße », « Passagehof » et « Schlossplatz/Unterführung » Stationnement cars Parking devant la Kunsthalle


 

Haïti au Grand Palais

Deux siècles de création artistique jusqu’au 15 février 2015
Voir ici la vidéo du vernissage en présence de Christiane Taubira
Une exposition différente des blockbuster actuels, à la dimension limitée, pour éviter un trop plein, qui peut même éveiller une certaine frustration.
Haïti
Cette exposition est dédiée à la création artistique haïtienne, du XIXe siècle à aujourd’hui. Autour d’un noyau d’oeuvres contemporaines, certaines réalisées spécifiquement pour l’occasion, elle présente selon un parcours non chronologique, des temps forts de l’histoire de l’art haïtien, et propose de porter un nouveau regard à cet art insuffisamment connu en France.
Expo haïti
L’exposition a pour objectif de dépasser les stéréotypes de la peinture naïve et de transcender la vision magico-religieuse et exotique trop souvent associée de manière restrictive à l’art haïtien. Sans écarter les influences syncrétiques des symboles chrétiens, maçonniques et vaudou sur l’imaginaire collectif, l’exposition rend compte de l’extraordinaire vitalité de la création artistique, où tout se métamorphose en toutes circonstances, où se côtoient de manière singulière le « pays réel » et le « pays rêvé ».
Depuis la fin du XXe siècle, la concentration urbaine à Port-au-Prince et l’effervescence qui parcourt la société haïtienne a favorisé l’émergence d’une esthétique contemporaine à travers la peinture, le dessin, l’installation, la vidéo, la sculpture d’objets recyclés…
JM Basquiat
Autour de sept sections, dont un Duo avec Jean-Michel Basquiat et Hervé Télémaque, la scénographie laisse une large place aux artistes contemporains de toutes générations vivant en Haïti (Mario Benjamin, Sébastien Jean, André Eugène, Frantz Jacques dit Guyodo, Céleur Jean-Hérard, Dubréus Lhérisson, Patrick Vilaire, Barbara Prézeau, Pascale Monnin…), en France (Hervé Télémaque, Elodie Barthélemy), en Allemagne (Jean-Ulrick Désert), en Finlande (Sasha Huber), aux États-Unis (Edouard Duval Carrié, Vladimir Cybil Charlier), au Canada (Marie-Hélène Cauvin, Manuel Mathieu).
Hervé Télémaque

À l’extérieur du Grand Palais, les visiteurs sont accueillis par une sculpture monumentale d’Edouard Duval Carrié.
Aux lendemains de l’Indépendance d’Haïti, au début du XIXe siècle, des académies de peinture sont créées par les dirigeants de la première République noire du monde. Animées pour la plupart par des peintres européens, elles donnent naissance à l’art du portrait (Colbert Lochard, Séjour Legros, Edouard Goldman), consacré essentiellement aux hommes et femmes de pouvoir confrontés à la nécessité de se construire une identité historique.
Cette tradition du portrait officiel sera ensuite interprétée, sous forme de satire, pour témoigner du climat politique tourmenté d’Haïti. Fondé en 1944, le Centre d’Art de Port-au-Prince, devient le lieu emblématique de la vie artistique haïtienne. Avec une rare puissance évocatrice, les artistes populaires font irruption dans la ville et forcent à la reconnaissance de leurs sensibilités (Hector Hyppolite, Philomé Obin, Préfète Duffaut, Wilson Bigaud, Robert Saint-Brice…).
Expo HaïtiEn forme de dissidence, les années 50 voient naître un nouvel élan créatif avec l’ouverture du Foyer des arts plastiques, puis de la galerie Brochette. Des artistes, parmi lesquels Lucien Price, Max Pinchinat, Roland Dorcély… en quête de nouveaux paradigmes, explorent alors les voies de l’abstraction et du surréalisme dans un contexte d’échanges permanents avec les artistes ou les intellectuels américains et européens.
Avec près de 60 artistes et plus de 160 oeuvres provenant de collections publiques ou privées haïtiennes (Musée du Panthéon national haïtien, Musée d’art haïtien du Collège Saint-Pierre, Bibliothèque des Pères du Saint-Esprit, Loge L’Haïtienne du Cap-Haïtien, Fondation FPVPOCH / Marianne Lehmann, Fondation Culture Création), françaises (Château de Versailles, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, Musée d’art contemporain de Marseille), américaine (Milwaukee Art Museum), l’exposition présente une création artistique dégagée de tout cadre rigide, mêlant sans difficulté poésie, magie, religion et engagement politique. Ces oeuvres d’une extraordinaire richesse qui n’ont cessé de jaillir au coeur du destin agité d’Haïti – certaines restaurées après le séisme de janvier 2010 – sont en grande partie présentées pour la première fois en France.
commissaires : Régine Cuzin, commissaire indépendante, fondatrice de l’association OCEA, Paris et Mireille Pérodin-Jérôme, directrice des Ateliers Jérôme, Port-au-Prince scénographie : Sylvain Roca et Nicolas Groult

Peter Doig à la Fondation Beyeler

A la Fondation Beyeler jusqu’au 22 mars 2015
 

Peter Doig
Peter Doig

Peter Doig est chez lui dans de nombreux univers.
Né à Edimbourg en 1959, il n’avait que deux ans quand sa famille est partie pour Trinidad avant de déménager une nouvelle fois cinq ans plus tard, au Canada, cette fois. Aujourd’hui, Doig partage sa vie entre Trinidad, Londres et New York, tout en enseignant à la Kunstakademie de Düsseldorf. C’est un artiste extrêmement polyvalent, qui maîtrise différentes techniques et multiplie les expériences, notamment dans son oeuvre gravée. Ses toiles, généralement de grand format, séduisent par la densité de leur atmosphère en même temps que par l’intensité de leurs couleurs et de leur luminosité.
Peter Doig Gasthof zur Muldentalsperre, 2000-2002 Huile sur toile, 196 x 296 cm Collection privée, donation partielle et promise à l‘Art Institute de Chicago en l‘honneur de James Rondeau © Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich
Peter Doig
Gasthof zur Muldentalsperre, 2000-2002
Huile sur toile, 196 x 296 cm
Collection privée, donation partielle et promise à l‘Art Institute de Chicago
en l‘honneur de James Rondeau
© Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich

Peu d’artistes contemporains savent aussi bien que Peter Doig jeter un pont entre l’art moderne et l’art contemporain tout en anticipant l’avenir. Doig est particulièrement à l’écoute des sensibilités de notre monde, qu’il exprime à travers son art. Dans ses tableaux, le temps paraît s’écouler à un autre rythme que dans la vie réelle, il semble se dérouler plus lentement, s’arrêter même, se rapprochant ainsi du rêve, de l’hallucination, de la méditation ou des effets spéciaux du cinéma. Cette impression est encore renforcée par les différents états de fluidité qu’adopte sa peinture.
Peter Doig Figures in Red Boat, 2005-2007 Huile sur toile, 250 x 200 cm Collection privée, New York © Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich
Peter Doig
Figures in Red Boat, 2005-2007
Huile sur toile, 250 x 200 cm
Collection privée, New York
© Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich

De même, ce qui se passe dans les tableaux de Doig n’est pas facile à définir temporellement. Le rapport au présent s’estompe dans la déperdition de soi des personnages, dans le jeu des reflets dans l’eau et dans l’intemporalité de la nature. Le plus souvent, les idées picturales de Peter Doig se rattachent à des fragments de notre présent – photographies de famille, coupures de presse, images de films. Ceux-ci donnent l’impulsion à des toiles qui réalisent un collage si habile d’éléments qu’il en résulte une composition cohérente et pleine de tension, se dérobant à toute tentative d’élucidation.
Ses toiles, aux dimensions souvent imposantes, créent une impression à la fois familière et mystérieuse, tout en restant indécises, évoquant des séquences oniriques ou cinématographiques concentrées.
Peter Doig 100 Years Ago (Carrera), 2005-2007 Huile sur toile, 229 x 359 cm Centre Pompidou, Musée national d’art moderne / Centre de création industrielle, Paris © Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich
Peter Doig
100 Years Ago (Carrera), 2005-2007
Huile sur toile, 229 x 359 cm
Centre Pompidou, Musée national d’art moderne / Centre de création industrielle, Paris
© Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich

Les oeuvres de Peter Doig sont autant d’expéditions fantastiques dans un monde merveilleux. La nature qui s’y épanouit en couleurs somptueuses est peuplée de créatures étranges – humains, figures de carnaval ou êtres fabuleux. Malgré cette beauté ensorcelante et cette mélancolie onirique, il ne s’agit pas ici de l’ébauche d’un Paradis. Partout se dissimulent des ombres et des abîmes, en même temps que la solitude, le lugubre, le danger, la peur et l’égarement qui menacent les individus dans leur prétendue idylle. Cet art associe étroitement réalité et absurde, et l’on y perçoit parfois le frémissement sous-jacent d’un souffle d’ironie typiquement britannique.
La peinture aussi mystérieuse que magistrale de Peter Doig en fait l’un des artistes les plus intéressants de notre temps.
Doig est parfaitement conscient de la grande tradition dans laquelle il s’inscrit : il se réfère à des peintres tels que Gustave Courbet, Edvard Munch, Pierre Bonnard, Francis Bacon et plus particulièrement encore Paul Gauguin, la représentation de paysages tropicaux n’étant pas le seul point commun qui le lie à ce dernier.
La profonde connaissance qu’il a de cet héritage pictural se révèle notamment dans la composition de ses tableaux, le choix des couleurs ou ses techniques picturales. Ce qui n’empêche pas Doig d’être fermement ancré dans le présent.
L’exposition de la Fondation Beyeler présente un choix d’oeuvres réalisées par l’artiste entre 1989 et 2014. Cet aperçu de la création de Peter Doig n’est pas ordonné chronologiquement mais en fonction de centres d’intérêt, le traitement de la couleur, tout à la fois moyen esthétique et matériau, occupant en l’occurrence le premier plan. Le parcours s’ouvre sur ses tableaux emblématiques et nostalgiques de mondes exotiques, dont les représentations de canoë constituent des illustrations exemplaires.
Ses tableaux reproduisant une peinture murale et construits de manière géométrique et tectonique nous rappellent que peindre, c’est travailler avec la surface du fond pictural.
Peter Doig Blotter, 1993 Huile sur toile, 249 x 199 cm National Museums Liverpool, Walker Art Gallery, donation John Moores Family Trust, 1993 © Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich
Peter Doig
Blotter, 1993
Huile sur toile, 249 x 199 cm
National Museums Liverpool, Walker Art Gallery, donation John Moores Family Trust, 1993
© Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich

Les oeuvres dominées par le traitement de la couleur blanche dépassent la représentation de scènes hivernales. Ce sont également des tentatives pour débattre avec sa propre existence, « pour comprendre ce que vivre dans son propre univers de représentation veut dire », comme l’a formulé Doig à propos de l’oeuvre centrale qu’est Blotter (1993).
Le blanc, qui se pose tel un rideau sur un fond qui n’est que partiellement visible, fait l’effet d’une trame empêchant le spectateur de se repérer dans l’image. En même temps il se dégage une impression de solitude, Narcisse, dans le miroir de l’eau que Doig récuse.
Les très célèbres tableaux de la série Concrete Cabin de la première moitié des années 1990 constituent peut-être un des meilleurs regards rétrospectifs peints sur l’art moderne : le spectateur a l’impression d’observer à travers l’écran d’une forêt, autrement dit d’une structure naturelle, la structure technique de la modernité architecturale, l’« Unité d’Habitation » de Le Corbusier à Briey, en Lorraine.
Peter Doig Concrete Cabin II, 1992 Huile sur toile, 200 x 275 cm Courtesy Victoria and Warren Miro © Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich
Peter Doig
Concrete Cabin II, 1992
Huile sur toile, 200 x 275 cm
Courtesy Victoria and Warren Miro
© Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich

Des représentations d’apparitions quasi spectrales, constituées de différentes couches de couleur diluée et dont l’effet est absolument monumental (Man Dressed as Bat, 2007), sont placées en vis-àvis de travaux plus récents, dont l’intensité chromatique est encore accrue. (Spearfishing, 2013).
En outre, l’oeuvre gravée expérimentale de Doig est ici présentée pour la première fois dans le cadre d’une exposition. Ces créations revêtent une fonction majeure dans son processus de travail, dans la mesure où elles naissent souvent avant les peintures proprement dites. Doig teste dans ces estampes les différentes ambiances qu’il cherche à transmettre dans ses grands formats. Le tableau achevé constitue ainsi en quelque sorte le dernier état d’une estampe.
Peter Doig
Doig est un homme d’une infinie curiosité, qui associe ses souvenirs d’observations personnelles à des archives photographiques considérables comprenant aussi bien des scènes de tous les jours que des innovations esthétiques. Observations quotidiennes, archives iconographiques et expérience pratique à l’atelier : ces trois voies d’exploration se fondent dans l’art de Doig.
Sa curiosité lui inspire d’étranges expériences visuelles : il recouvre ainsi des couleurs éclatantes de lasures sombres, noirâtres (Concrete Cabin, 1991/92) ou applique de fines couches blanches, qui assourdissent paradoxalement l’atmosphère générale de la toile (Ski Jacket, 1994).
Doig est un observateur incroyablement concentré, et souvent ironique : en tant qu’auteur de ses inventions visuelles, il y occupe évidemment une position centrale. Ce qui ne l’empêche pas de se poser en même temps en spectateur étranger, en marge, ouvert aux effets de surprise que recèle la couleur diluée par des solvants ou épaissie en une pâte couvrante. Il suit le déplacement du centre optique, tout en le gouvernant : il accorde une attention égale au « caractère » d’une figure, aux dessins muraux décoratifs ou aux voiles lumineux végétaux et atmosphériques, qui prêtent à ses environnements picturaux des qualités tout à fait singulières. Doig remarque que la réaction sensorielle, instinctive même, à telle ou telle toile peut varier selon les personnes, car la contemplation d’une peinture est un processus complexe qui ne se limite pas à une action unique : Le peintre souligne que ce qui compte pour lui, ce n’est pas
« peindre quelque chose de figé mais représenter le mouvement de l’oeil. L’oeil ne voit jamais une “image immobile”. »
En raison de son aspect primaire – de sa « matérialité » fondamentale –, la sphère de sensation de la peinture s’étend au-delà de chaque image, et même au-delà des images technologiquement au point et  diffusées à l’infini de notre temps. Après des milliers d’années d’histoire, la peinture conserve un lien originel avec toute la gamme des sentiments humains, de l’intelligence et de l’évolution de l’homme. Quant à nous, spectateurs, nous perdons le fil narratif en regardant ses oeuvres. Nous perdons notre place dans la culture, notre monde de significations secondaires, détournées, même si nous conservons les bases de l’association conceptuelle. Cette perte est un gain : nous gagnons l’accès à l’expérience originelle, quand bien même celle-ci continue à se dérober à notre connaissance.
Peter Doig
Peter Doig réalise spécifiquement pour cette exposition et pour la Salle Renzo Piano de la Fondation Beyeler une peinture murale monumentale avec la collaboration de ses élèves. Elle repose sur House of Pictures (Carrera) de 2004, une oeuvre qui traite du thème de la vision ou ouvre des aperçus imaginés sur un monde imaginé avec, à l’arrière-plan, la silhouette de l’île prison de Carrera, située au large de Trinidad.
Dans le bas circulent des herbes qui font penser à Dürer.
Urs Küster commissaire
Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00

Sommaire de novembre 2014

Exposition Haïti
Exposition Haïti

04 novembre 2014 : DENIS DARZACQ
Vacances
20 novembre 2014 : Le jardin Majorelle à Marrakech
23 novembre 2014 : ST’ART 19e 2014
Paris
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Fondation Vuitton

ST’ART 19e 2014

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ST-ART est devenue, au fil de ses 18 éditions, une vitrine de l’art contemporain sous toutes ses formes et un rendez-vous culturel majeur, incontournable pour les collectionneurs et les amateurs d’art à la recherche d’oeuvres marquantes , à Strasbourg.
C’est la 2e foire française en ancienneté, après Paris, ouverte sur l’Europe et sur le monde, elle est un moment privilégié de rencontres et d’acquisition d’oeuvres.
Foire d’Art Contemporain à taille humaine, adaptée aux 30 000 visiteurs qui s’y rendent, ST-ART continue à construire son caractère unique et son rôle au milieu de la scène internationale.
 St'Art
Un peu moins conceptuelle, avec quelques traits belligérants, 90 galeries participantes,ST-ART est le rendez-vous avec des galeristes provenant de : Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Luxembourg s’ajoutent ponctuellement celles originaires des Pays Bas, de Suède, de Hongrie, de Suisse, du Danemark, de Turquie, de Roumanie, de République Tchèque ou encore de Corée du Sud et du Japon Cette année, la Foire d’Art Contemporain innove et crée un espace dédié où chaque galerie pourra exposer une oeuvre à moins de 1 000 € permettant ainsi à un public plus large d’accéder à l’art sous toutes ses formes. De plus, pour la première fois cette année, une quinzaine de galeries ont été invitées à présenter, au delà de leur stand, un focus sur un artiste (one man show), un concept ou encore un espace consacré au dessin Galeries participantes : Galleria Punto Sull’Arte, Galerie Phylactère, Galerie Lazarew, Galerie Mario Bermel, Ergastule, Galerie Virginie Barrou Planquart, Radial art contemporain, Galleria Forni, Xavier Ronse Gallery
 

Silvi Simon, série de Lunes, Galerie Yves
Silvi Simon, série de Lunes, Galerie Yves Iffrig

 
La foire présente tous les ans les ouvres d’un collectionneur, cette année, c’est tout à fait original et non classique :
Madeleine Millot-Durrenberger (vidéo)
Elle met en regard des photos d’artistes, d’oeuvres connues, originales, datées et signées, avec un cartel explicatif, se donnant le rôle de passeur, en proposant un JEU, comme un exercice d’admiration et d’observation, qui aurait le courage de toucher au sacré de certaines icônes de notre mémoire collective.
Mes choix, coups de cœur et focus, arbitraires et subjectifs :
Galerie Chantal Bamberger – Strasbourg,
 Gérard Titus-Carmel
Gérard Titus-Carmel

Peintre, dessinateur et graveur, Gérard Titus-Carmel s’est formé à la gravure et à l’orfèvrerie à l’École Boulle à Paris de 1958 à 1962 et réalise depuis une oeuvre très liée à l’écriture, la poésie et la littérature. Travaillant par série autour d’un objet ou d’un thème, ce qui l’amène à concevoir des installations où c’est un objet qui se dégrade.
Gérard Titus-Carmel vient d’être couronné, le 19 novembre 2014, du Grand Prix artistique (Peinture) de la Fondation Simone et Cino del Duca en 2014, par l’Académie des Beaux Arts de Paris.

« Ces derniers temps, une flore inconnue s’est sournoisement développée dans l’espace de l’atelier. Des conditions particulièrement favorables ont sans doute aidé sa forte croissance, presque monstrueuse : palmes souples et alanguies, feuilles acérées achevant un fouillis de tiges tordues qu’on devine élastiques et difficilement cassantes, bouquets épineux et buissons fous sont montés à l’assaut des murs, les couvrant déjà à demi. Il s’agit maintenant d’élaguer, d’étêter, de couper et d’égaliser : je ferai, me dis-je, une haie droite et bien taillée de cette forêt sans âge et si peu respirable que l’envie de border de bandes de couleur, en haut et en bas, ces grands fusains noirs, afin d’en contenir l’expansion, m’est naturellement venue à l’esprit. Comme s’il s’agissait d’intimer à cette touffeur l’ordre de s’en tenir là, à une hauteur qui n’est pas à dépasser et, du même coup, d’en estimer la formidable vitalité à la seule échelle de mon corps. Autrement dit, j’ai pris mesure de mon corps à toiser cet exubérant jardin. « 

Feuillées Le Temps qu’il fait 2004
On se souvient de son travail sur le retable d’Issenheim

Gérard Titus-Carmel
Françoise Pétrovitch
L’ESGAA propose sur son stand une exposition consacrée à l’artiste Françoise Pétrovitch. L’installation de 5 à 7 cages en verre, où des coeurs, des petites créatures, des parties du corps, sont emprisonnés ou prêts à s’évader.  Les oeuvres sont  réalisées avec la collaboration du Centre International d’Art Verrier de Meisenthal.

Françoise Pétrovitch
Françoise Pétrovitch

et la jeune chinoise Huiyu YAN créant des roses, des sculptures en verre, travaillant sur la transparence, les reflets, des splendeurs
Huiyu YAN
Huiyu YAN

Galerie Bertrand Gillig – Strasbourg,
Laure ANDRE
Elle se définit elle-même comme plasticienne, car elle exerce son art sur tous types de médias, dont les plus incongrus, comme des pétales de monnaies du pape, des hosties, des boites d’entomologie, des napperons, des robes, etc … elle a même réalisé des oeuvres en moulage de chocolat. Son propos s’architecture autour de la mémoire : souvenirs des défunts, des objets qui leur ont appartenu, de la trace qu’ils ont laissée de leur passage sur terre, et notamment l’entretien de celle-ci à travers les actes de dévotion. De ceci découle aussi un travail sur la mort et sur la peur de la blessure et de l’accident. Sans oublier son évocation, sur Oradour sur Glanes à partir d’archives, trouvées dans un grenier de la famille.
Merveilleux travail tout de finesse et de délicatesse.
Laure André
Laure André

Galerie Arnoux – Paris,
A l’écart des modes passagères la Galerie Arnoux s’est donné pour vocation, depuis bientôt 30 ans, de faire découvrir ou redécouvrir les avant-gardes abstraites des années 50. Parallèlement au « deuxième marché », elle se consacre essentiellement à des expositions ou rétrospectives de peintres ou sculpteurs, le plus souvent en exclusivité, dont elle soutient le travail à long terme.! L’abstraction des années 50 est sans aucun doute l’un des principaux mouvements d’avant-garde du siècle dernier. Il commence enfin à prendre la place qu’il mérite auprès des collectionneurs avertis heureux de trouver, notamment à la galerie, des oeuvres historiques à des conditions financières encore abordables.
Arnoux Galerie
Galerie Pascal Gabert (vidéo)
Galerie Christophe Fleuroy
avec ses fidèles Waydelich, Montanaro etc ..

Christophe Fleuroy
Une galerie coréenne
« Les œuvres ne sont pas à vendre ».
La peintre coréenne Hwang Eun Sung en habit d’apparat explique :
« Les œuvres appartiennent à une fondation, qui nous a fait venir ici. Je souhaite juste me faire connaître et partager mes émotions. Je suis chrétienne, très pratiquante, et peindre est comme prier pour moi. Vous voyez cette ligne verticale dans la peinture ? Cela traduit le moment où la foi me touche. »
Oeuvres assez hermétiques, mais je vais me plonger dans le catalogue remis par son fils, et commenté par le critique d’art Patrick Gilles Persin présent dans la galerie
Hwang Eun Sung
Hwang Eun Sung


L’Estampe – Strasbourg,
présente ses dernières éditions de Erro, Adami, Klasen, Villeglé, et Hervé Di Rosa, mais continue de présenter et de soutenir activement des artistes d’autres mouvements comme Tony Soulié ainsi que des artistes régionaux tels que Christophe Hohler, Roger Dale et Raymond Waydelich.
ERRÓ
Influencé par la culture populaire autant que par la BD, nous retrouvons dans les oeuvres qu’il nous propose une palette d’images inscrites dans l’histoire de l’art sous forme de référence à Fernand Léger, Lichtenstein, Picasso… La technique de l’aquagravure contribue à donner une nouvelle forme à ses compositions hautes en couleurs et en références.
Erro et Di Rosa
 
Un émule de Tinguely, Jacques Leblanc
récupérant la ferraille pour créer des oeuvres hétéroclites, essentiellement des navires et des grues.
Jacques Leblancphotos de l’auteur
vidéos Ouvre tes yeux
Ouvretesyeux

Le jardin Majorelle à Marrakech

En 1919 le peintre français Jacques Majorelle (1886-1962) (fils du célèbre ébéniste artiste décorateur art nouveau Louis Majorelle de Nancy) s’installe dans la médina de Marrakech (durant le protectorat français au Maroc) dont il tombe amoureux.
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En 1922 il achète une palmeraie en bordure de celle de Marrakech, au nord-ouest de la médina, et en 1931, il fait construire par l’architecte Paul Sinoir sa villa style architecture mauresque / art déco d’une étonnante modernité, inspirée de l’architecte Le Corbusier. Il y aménage son habitation principale au premier étage et un vaste atelier d’artiste au rez-de-chaussée pour peindre ses immenses décors.
Jardin Majorelle
Amoureux de botanique, il crée son jardin botanique inspiré de jardin islamique avec la luxuriance d’un jardin tropical autour de sa villa, « un jardin impressionniste », « une cathédrale de formes et de couleurs », structuré autour d’un long bassin central, avec plusieurs ambiances variées, où se nichent des centaines d’oiseaux.
 
Majorelle jardin Ce jardin est une œuvre d’art vivante en mouvement, composé de plantes exotiques et d’espèces rares qu’il rapporte de ses voyages dans le monde entier : cactus, yuccas, nénuphars, lotus, nymphéas, jasmins, bougainvillées, palmiers, cocotiers, bananiers, bambous, caroubiers, agaves, cyprès … et orné de fontaines, bassins, jets d’eau, jarres en céramique, allées, pergolas …
Jardin Majorelle
En 1937 l’artiste crée le bleu Majorelle, un bleu outremer / cobalt à la fois intense et clair dont il peint les murs de sa villa, puis tout le jardin pour en faire un tableau vivant qu’il ouvre au public en 1947.
Suite à un accident de voiture, Majorelle est rapatrié à Paris où il disparaît en 1962. Le jardin est alors laissé à l’abandon durant plusieurs années.
Jardin Majorelle
Yves Saint Laurent et Pierre Bergé découvrent le Jardin Majorelle en 1966, au cours de leur premier séjour à Marrakech :
« nous fûmes séduits par cette oasis où les couleurs de Matisse se mêlent à celles de la nature ».
Ils achètent le jardin Majorelle en 1980 pour le sauver d’un projet de complexe hôtelier qui prévoyait sa disparition ; ce sera la troisième acquisition du couple dans la ville de Marrakech. Les nouveaux propriétaires décident d’habiter la villa de l’artiste, rebaptisée Villa Oasis, et entreprennent d’importants travaux de restauration du jardin pour
« faire du jardin Majorelle le plus beau jardin, celui que Jacques Majorelle avait pensé, envisagé ».
Jardin Majorelle, entrée musée Berbère
L’atelier du peintre est transformé en un musée berbère ouvert au public et dans lequel la collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé est exposée.
Disparu le 1er juin 2008 à Paris, les cendres d’Yves Saint Laurent sont dispersées dans la roseraie de la villa Oasis et un mémorial, composé d’une colonne romaine ramenée de Tanger posée sur un socle où une plaque porte son nom.
Jardin majorelle, mémorial St Laurent
Le 27 novembre 2010, la princesse Lalla Salma, épouse du roi du Maroc Mohammed VI, inaugure l’exposition Yves Saint Laurent et le Maroc en même temps que la création de la rue Yves Saint Laurent.
Jardin Majorelle
Le 3 décembre 2011, le musée berbère est inauguré au rez-de-chaussée de la villa en présence du ministre de la culture française Frédéric Mitterrand, et la maison où vivait Yves Saint Laurent est labellisée Maisons des Illustres. À ce jour, le jardin, entretenu par une vingtaine de jardiniers, est un des sites touristiques les plus visités de Marrakech et du Maroc avec plus de 600 000 visiteurs annuels.
La villa n’est pas visible, ni  visitable

DENIS DARZACQ

Comme un seul homme
Denis Darzacq
Les images de Denis Darzacq me sont familières, vues des Vosges maintes fois arpentées, paysages de sous bois romantiques, de forêts paisibles renvoyant à des artistes classiques tels que Corot, Watteau, de neige entachée (Courbet), de brouillards mystérieux (Robert Cahen), plutôt  classiques et neutres. Elles sont judicieusement accrochées aux cimaises de la Galerie de la Filature, Scène Nationale de Mulhouse.
Denis Darzacq
En fait, le projet de l’artiste est de mettre en images de façon symbolique, le fossé qui existe entre la jeunesse d’aujourd’hui et celle sacrifiée de la guerre 1914/1918, d’allier l’histoire de l’art et l’histoire commune. Il offre à cette jeunesse, de s’approprier cette mémoire, en les conduisant sur les lieux même de ces batailles, mais aussi de participer de façon active à la vidéo. Toutes les photos présentées sont des évocations des lieux de batailles, comme le fort de Douaumont, la région de Béthune, Arras.
Un bosquet un trou d’obus, la glace qui font, symbole de réconciliation entre Allemands et Français, le vieil arbre, le vieux grognard par opposition aux jeunes arbres, le renouveau, images symboliques qui font sens.
Denis Darzacq
En retrait, la vidéo. (11 mn)
Sur une idée de Denis Darzacq et Fabrice Rozié (co-auteur de l’exposition et attaché culturel au consulat de France à Chicago) produit par Denis Darzacq et Martin Bertier  « Comme un seul homme «  donne à entendre un texte écrit à partir de lettres inédites de soldats français, anglais et allemands, dans la bouche de jeunes d’aujourd’hui en visite sur les lieux de mémoire de la Grande guerre. Lettres d’origine,  elles sont toutes traduites en Français.
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À travers leur manière de le dire, faite d’enthousiasme, d’hésitation, d’indifférence, de soumission à l’exercice ou d’implication profonde, se dessine le portrait d’une génération en écho de celle qui monta à l’assaut des tranchées au même âge. La vidéo présentée est le fruit de son travail mené avec des lycéens du Nord-Pas de Calais, d’Île-de-France et d’Alsace sur trois sites de grandes batailles (dans l’Artois, à Verdun et au Hartmannswillerkopf, mémorial du Linge).
A Mulhouse où Denis Darzacq a été en résidence à la Filature, c’est le Lycée d’Enseignement Général et Technologique Michel de Montaigne, les élèves de la classe Patrimoine, qui a été associé aux visites et à l’évènement, depuis 2013.
Rejoignez l’événement
CLUB SANDWICH
visite de l’exposition le temps d’un pique-nique tiré du sac
jeudi 6 novembre de 12h30 à 13h40

Club sandwich
VISITE GRATUITE
sur inscription : Héloïse Erhard 03 89 36 28 34 ou heloise.erhard@lafilature.org
EXPOSITION À LA MEP À PARIS EN 2015
le projet Comme un seul homme de Denis Darzacq, coproduit par La Filature, sera présenté à la Maison Européenne de la Photographie du 14 avril au 14 juin 2015.
SITE :  www.denis-darzacq.com
Seul inconvénient, les reflets dus aux vitres apposées pour protéger  les photos.
photos 1 et 3 de l’auteur
autres photos courtoisie de la Filature
 

Sommaire d'octobre 2014

B0nwcD9IEAArYBr.png large
03 octobre 2014 : Hokusai le « fou de dessin » au Grand Palais
06 octobre 2014 : L’art en ville: parcours de découverte
09 octobre 2014 : Nuit Américaine à la Filature de Mulhouse
10 octobre 2014 : Il s’en est fallu de peu, Kunsthalle de Mulhouse
12 octobre 2014 : Les Borgias et leur temps au musée Maillol
15 octobre 2014 : Prendre le temps à la Fondation Fernet Branca
19 octobre 2014 : Caspar Wolf et la conquête esthétique de la nature
21 octobre 2014 : Talents contemporains 2012
24 octobre 2014 : La poésie de la métropole. Les Affichistes
29 octobre 2014 : Paul Durand-Ruel, Le pari de l’impressionnisme

Paul Durand-Ruel, Le pari de l’impressionnisme

Pierre-Auguste RENOIR (Limoges, 1841 – Cagnes-sur-Mer, 1919) Paul Durand-Ruel 1910 Huile sur toile. H. 65 ; l. 54 cm Collection particulière
Pierre-Auguste RENOIR (Limoges, 1841 – Cagnes-sur-Mer, 1919)
Paul Durand-Ruel
1910
Huile sur toile. H. 65 ; l. 54 cm
Collection particulière

« Sans Durand, nous serions morts de faim, nous tous les impressionnistes. Nous lui devons tout » : au soir de sa vie, le peintre Claude Monet rendait ainsi hommage à celui qui fut son principal marchand au XIXe siècle.

une belle plongée dans l’impressionnisme

Paul Durand-Ruel (1831-1922) a le premier fait le pari de l’impressionnisme au début des années 1870, à l’heure où la « Nouvelle Peinture » de la vie moderne, vibrante et colorée, de Manet, Monet, Renoir, Degas, Sisley, Pissarro, Cassatt et Morisot, rencontrait l’incompréhension.

Paul Durand-Ruel naît à Paris, le 31 octobre 1831. Ses parents dirigent alors un magasin qui est à la fois une papeterie et un commerce de fournitures pour artiste. Progressivement ils se consacrent à une autre activité : le commerce de tableaux. Ils exposent alors les oeuvres d’artistes comme par exemple Eugène Delacroix. Leur boutique devient rapidement un point de rencontre pour les artistes et les collectionneurs. Leur succès est tel qu’en 1856, ils s’installent dans un des plus luxueux quartiers du nouveau Paris au 1, rue de la Paix. Bourgeois typiques du Second Empire, les Durand-Ruel offrent à leur fils de solides études. Paul souhaite s’orienter vers une carrière militaire ou religieuse. Mais pour des raisons de santé, il ne peut poursuivre ses études à l’école de Saint-Cyr dont il avait pourtant réussi le concours d’entrée. Il travaille alors auprès de ses parents. Là, il fait la connaissance de nombreux artistes et collectionneurs qui viennent du monde entier et passent par la galerie au moment des Salons, ces expositions officielles.

C’est  la vue de la toile de Delacroix, « l’Assassinat de l’Evèque de Liège » exposée lors de l’exposition universelle de 1855, qui lui ouvrit définitivement les yeux et où  il découvre sa vocation pour l’art vivant. Sa passion pour cet artiste l’amène à s’intéresser aux « peintres de la Belle Ecole de 1830 » (Delacroix, Rousseau , Corot,
Courbet, Daumier, Millet).

Paul Durand comprend le potentiel de ces peintres en rupture avec les tenants de l’académisme et prend des initiatives en signant avec certains d’entre eux des contrats d’exclusivité, se réservant la vente de l’intégralité de leur production.
Pour soutenir les artistes dont il vend les oeuvres, il crée la
« Revue internationale de l’art et de la Curiosité ». Les affaires marchent bien.
En juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse et Durand-Ruel décide alors, de mettre son stock de tableaux à l’abri à Bruxelles et à Londres. Il y poursuit son commerce, les collectionneurs anglais trouvent rapidement le chemin de sa galerie.
Là, le marchand organise des expositions dédiées à l’art français dans lesquelles il mélange habilement tradition et nouveauté et le succès est au rendez-vous. La période de guerre tant redoutée aura finalement eu des effets positifs importants sur le développement international des galeries Durand-Ruel et sur les peintres qui y seront exposés.
Il y rencontre en effet deux figures majeures de la peinture impressionniste :
Camille Pissarro (vidéo) et Claude Monet (vidéo). Grâce à eux, de retour en France, il fera la connaissance de deux autres futurs grands noms du mouvement :
Alfred Sisley (vidéo) et Pierre-Auguste Renoir (vidéo). Ce dernier deviendra d’ailleurs l’un de ses amis les plus proches. Actuellement à voir l‘exposition qui lui est consacrée à la Fondation Gianadda
« Durand-Ruel était un missionnaire. C’est une chance pour nous que sa religion ait été la peinture. »
Pierre-Auguste Renoir

Renoir, Danse à Bougival, 1883
Renoir, Danse à Bougival, 1883

Convaincu par le talent de ces artistes, Paul Durand-Ruel achète rapidement une partie de leur ancienne production. C’est un peu plus tard qu’il fera la rencontre de Manet (vidéo) et Degas (vidéo).
Ainsi en quelques années, Durand-Ruel est-il devenu le principal défenseur de l’Impressionnisme naissant. Il fallait bien du courage à ce marchand alors que, pratiquement toute la société ne voyait que du barbouillage dans ce nouveau mouvement artistique !
« Hormis ceux de ses artistes, il n’est pas un nom qui soit davantage lié à l’histoire de l’impressionnisme que celui de Paul Durand-Ruel », déclarait en 1943 l’éminent historien de l’art John Rewald. À ses yeux, Durand-Ruel était bien plus qu’un marchand d’art, un ami loyal, un défenseur enthousiaste et le « patron » courageux des impressionnistes, qui acheta quelque mille cinq cents Renoir, plus de mille Monet, huit cents Pissarro, plus de quatre cents Degas, près de quatre cents Sisley, autant de Cassatt, ainsi que deux cents Manet. Une exposition consacrée à Durand-Ruel et à ses relations avec Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, Manet, Degas, Morisot, Cassatt et Cézanne invite donc à une véritable plongée dans l’impressionnisme et offre la chance d’étudier de façon concrète la contribution d’un marchand d’exception à ce mouvement.
Berthe Morisot Femme à sa toilette 1875-80 et Mary Cassatt Le bain de l’enfant 1893
Berthe Morisot Femme à sa toilette 1875-80 et Mary Cassatt Le bain de l’enfant 1893

Cette exposition est la première consacrée au grand marchand des impressionnistes, Paul Durand-Ruel (1831-1922), également considéré comme le « père du marché de l’art moderne ».
La plupart des grandes collections impressionnistes publiques et privées se sont en effet constituées auprès de la galerie Durand-Ruel au tournant du XXe siècle. Encore aujourd’hui, nulle vente impressionniste qui n’ait lieu sans que des tableaux autrefois passés par la galerie n’y figurent. De sa découverte de l’impressionnisme au début des années 1870 jusqu’au succès du début du XXe siècle, Paul Durand-Ruel a acheté, vendu, exposé des milliers d’oeuvres de Manet, Monet, Renoir, Degas, Pissarro, Sisley, Morisot et Cassatt.
Durand-Ruel, le pari de l'impressionnisme
Cette histoire ne s’est pas déroulée sans heurts et, s’il est maintenant salué comme un marchand visionnaire, Durand-Ruel a bel et bien fait le pari de l’impressionnisme. Au fil du temps, les artistes sont en effet de plus en plus agacés par le principe novateur mis en place par le marchand : le monopole, c’est-à-dire la position d’exclusivité sur l’oeuvre d’un artiste. L’artiste bénéficie d’une sécurité financière, mais cela a une contrepartie : le marchand est libre de fixer les prix. Or ils aimeraient bien faire jouer la concurrence pour les négocier, ces fameux prix. C’est ce chapitre de l’histoire de la galerie et du parcours d’un homme que l’exposition, comme son catalogue entendent montrer et étudier grâce à de nouvelles recherches. Reflétant le rayonnement international de la galerie au XIXe siècle, cette exposition évoque avec Paul Durand-Ruel une figure centrale de l’impressionnisme.
vue de l'appartement de Paul Rurand-Ruel
Afin d’offrir une vision alternative de l’art de son époque, le marchand ouvrait son appartement à la visite. L’évocation de cet «appartement-musée» constitue le point de départ de l’exposition qui aborde au fil de cinq autres sections, le goût du marchand pour la « Belle Ecole de 1830 » (Delacroix, Rousseau, Corot, etc…), ses premiers achats aux impressionnistes et à Manet, à Londres et à Paris, les années de crise à travers l’exemple de l’exposition impressionniste de 1876, la promotion des artistes avec l’essor des expositions particulières autour du cas de Monet en 1883 et en 1892, pour se clore sur la diffusion de l’impressionnisme aux Etats-Unis et en Europe, avec un accent sur l’exposition historique des Grafton Galleries à Londres en 1905, encore à ce jour le plus important rassemblement de tableaux impressionnistes. Les collections des musées d’Orsay, de Londres et de Philadelphie comptent près de 200 oeuvres passées par sa galerie. L’exposition réunit plus de 80 tableaux et des documents, provenant de musées et de collections particulières du monde entier. Elle retrace entre fin des années 1860 et 1905, les moments-clés d’une autre histoire de l’impressionnisme, où la réception des oeuvres, leur diffusion, leur circulation sont considérées comme un élément de leur meilleure compréhension.
Monet, Sysley, Pissaro, tryptique
Cette exposition prend place dans les salles du Musée du Luxembourg qui abritait au temps de Paul Durand-Ruel le musée des artistes vivants, où les impressionnistes ont été difficilement et lentement acceptés.
A 89 ans, quelques années avant sa mort, Paul Durand-Ruel réalise qu’
« Enfin les maîtres impressionnistes triomphaient comme avaient triomphé ceux de 1830. Ma folie avait été sagesse. Dire que si j’étais mort à soixante ans, je mourais criblé de dettes et insolvable, parmi des trésors méconnus… ».
Il a risqué 2 fois la faillite à 15 ans de distance, d’une part à cause du crack boursier, d’autres part à cause de l’éveil de la concurrence. Son succès avait fait des émules.

Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais en collaboration avec le musée d’Orsay, la National Gallery, Londres et le Philadelphia Museum of Art.
Elle sera présentée à la National Gallery de Londres du 4 mars au 31 mai 2015, puis au Philadelphia Museum of Art du 24 juin au 13 septembre 2015.
Paul Durand-Ruel
Le pari de l’impressionnisme
ouvrage collectif sous la direction scientifique de Sylvie Patry
L’exposition est accompagnée d’un catalogue réunissant des essais et des notices des oeuvres exposées faisant le point sur les relations entre Durand-Ruel et les impressionnistes à la lumière de recherches inédites, favorisées par la collaboration des Archives Durand-Ruel.
En dehors d’une biographie de Pierre Assouline chez Gallimard, il n’existait à ce jour aucune publication sur Durand-Ruel. (Que grâce lui soit rendu)
Paul Durand-Rue, Le pari de l’impressionnisme 9 octobre 2014 – 8 février 2015
Musée du Luxembourg 19 rue de Vaugirard, 75006 Paris