Bernard Frize et Günter Umberg

A voir jusqu’au 4 octobre 2015 
Il s’agit de deux artistes, l’un allemand, l’autre français, issus respectivement de la culture française et allemande, que la Fondation Fernet Branca , réunit pour la première fois en France. C’est une exposition sur la peinture, la couleur, dont l’essentiel est de s’interroger sur ce que les deux artistes ont en commun, une esthétique du procédé, de la méthode.

GÜNTER UMBERG ET BERNARD FRIZE photo Fondation Fernet Branca
GÜNTER UMBERG ET BERNARD FRIZE
photo Fondation Fernet Branca

En développant une idée très particulière de la peinture, qui demande un petit effort de la part du « regardeur », alors qu’au premier abord cela semble facile. Réunir ces deux artistes revient à poser la question de la matérialité de la peinture.
Pour cette exposition, la Fondation a repeint les plafonds en blanc, changé tout l’éclairage afin de donner une excellente lumière proche de la lumière réelle. Les salles sont très lumineuses, les couleurs en sont exaltées. L’espace, qui constitue la présentation des œuvres, participe ainsi activement à la perception du spectateur.
Bernard Frize et Günter Umberg font tous deux reposer leur travail sur une approche théorique s’imprégnant d’une vision de l’histoire de la peinture.
Bernard Frize

Bernard Frize

Les deux artistes présentent en outre de nombreux points communs dans leur pratique : ils utilisent le même matériau et s’imposent des contraintes.
Cependant, leurs réalisations diffèrent à bien des égards. Chacun d’eux nous invite donc à participer à une expérience artistique qui, malgré son apparente simplicité, relève d’une extrême sophistication et renvoie à toute l’histoire de la peinture.
Bernard Frize, et Gunter Umberg, l’abstraction

Bernard Frize rejette la narration. Il s’interdit même le superflu : beaux effets de style et d’esthétique au profit d’une stricte neutralité. Il élimine ainsi tout affect et sensibilité et va jusqu’à se placer en retrait. Il laisse ‘le pinceau peindre’.

« Laisser le pinceau peindre, tel est le credo de ce puriste qui cherche à pousser la pratique picturale dans ses derniers retranchements et ne donner à voir que l’acte de peindre lui-même. Pour « fabriquer les conditions du hasard » – cette spontanéité organisée étant selon lui indissociable du processus de création –, » Bernard Frize

Gunter Umberg
Gunter Umberg

Bernard Frize s’impose de sérieuses contraintes avant d’exécuter une toile. Par exemple, le choix des couleurs ne répond pas au désir d’évoquer une ambiance ou un sentiment personnel, elles sont là parce qu’elles se distinguent les unes des autres. Idem pour la méthode d’exécution, systématique pour chaque œuvre (à une, deux ou plusieurs mains, à la brosse, au couteau ou au pinceau, etc).
Quant à la nature des matériaux, elle intervient dans le rendu, selon un processus organique : l’eau, le pigment, la pesanteur, les effets du séchage, tout cela influe et joue un rôle dans ce qu’il advient de la peinture. Le résultat ? Des toiles à la fois maîtrisées et libres, contraintes et aléatoires. Des paysages abstraits variés et, somme toute, sensibles. L’artiste, un simple artisan ? Plutôt un penseur fataliste :
« L’œuvre d’art, explique Bernard Frize, donne forme au chaos, non parce qu’elle révélerait une signification cachée du monde. La forêt est plus ou moins dense pour chacun d’entre nous, mais nous cherchons tous un chemin pour la traverser. Et si vous vous demandez pourquoi ceux qui ne sont pas artistes peuvent s’intéresser à la peinture, je suppose que la réponse est qu’ils partagent probablement ces interrogations dans leur vie et peuvent projeter sur les peintures certaines réponses à leur quête. »
origine :  Elisabeth Couturier

Il partage avec Gunter Umberg, le plaisir de construire ensemble  cette exposition.
Il trouve que « Fernet Branca est l’écrin parfait pour montrer côte à côte, leur travail respectif.
En traversant l’exposition le visiteur doit travailler lui-même
:
On peut avoir du plaisir en regardant la peinture, qui s’adresse autant à la tête qu’aux sensations et qu’il ne faut déprécier ni l’un ni l’autre« 

Le visiteur peut ainsi s’attarder devant les noirs profonds de Gunter Umberg, se laisser pénétrer par la couleur, jusqu’à voir la couleur advenir, comme dans un Soulages ou un Rothko.
Commissaire de l’exposition
Pierre-Jean Sugier, directeur de la Fondation
Fondation Fernet‐Branca – Saint‐Louis – Alsace
Ouverture :
Du mercredi au dimanche 13h-18h
 

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.