Murakami à Versailles

img_1733.1290984803.JPG « Pour un japonais, y compris moi, le Château de Versailles est l’un des plus grands symboles de l’histoire occidentale. C’est l’emblème d’une ambition d’élégance, de sophistication et d’art dont la plupart d’entre nous ne pouvons que rêver. Bien sûr nous comprenons que l’étincelle qui a mis le feu aux poudres de la révolution est directement partie du centre du bâtiment. Mais, sous de nombreux aspects, tout est transmis à travers un récit fantastique venant d’un royaume très lointain. Tout comme les français peuvent avoir du mal à recréer dans leur esprit une image exacte de l’époque des Samouraïs, l’histoire de ce palais s’est étiolée pour nous dans la réalité. Donc, il est probable que le Versailles de mon imagination corresponde à une exagération et à une transformation de mon esprit jusqu’au point d’être devenu une sorte de monde irréel à part entière. C’est ce que j’ai essayé de saisir dans cette exposition.
Je suis le chat du Cheshire qui accueille Alice au pays des merveilles avec son sourire diabolique, et bavarde pendant qu’elle se balade autour du Château. D’un sourire enjoué, je vous invite tous à découvrir le pays des merveilles de Versailles. »  Takashi Murakami

Autant vous dire que j’ai adoré, Murakami est gai, souriant, sympathique, profond, coloré, raffiné, c’est une culture différente à découvrir. Les visiteurs d’Art Basel ont pu le découvrir l’année dernière avec son buddha géant , ou encore ceux du Palazzio Grassi le Wall paper of flowers
Vous pouvez découvrir l‘album photo de ma visite.
img_1609.1290984857.JPG« Tongari-kun », alias « Mister POINTY »
en anglais, est la première oeuvre dans le parcours de l’exposition. Cette œuvre est sans doute l’un des personnages les plus fascinants de l’univers de Murakami. Il est fondé sur une iconographie religieuse alliant la culture Maya et le Bouddhisme Tibétain. Le personnage mesure environ 8 mètres de haut et repose sur une base constituée de fleurs de Lotus et d’une grenouille. On reconnaît dans le caractère poussé du détail la marque de fabrique de l’atelier de Takashi Murakami. Des milliers de couleurs sont utilisées, et pour cette œuvre, quatre ans de travail furent nécessaires.
Kaikai et Kiki
Salon de Vénus
« Sous les hospices de cet extraordinaire personnage de l’amour qu’est Venus se trouve Kaikai Kiki. Ces deux personnages sont deux gardiens spirituels : l’un, Kaikai,img_1628.1290984956.JPG blanc aux grandes oreilles, l’autre, Kiki, rose et aux trois yeux,img_1629.1290984994.JPG plus redoutable que KaiKai. Sur les oreilles des deux personnages, sont inscrits les symboles de ces deux noms en caractères japonais, noms qui sont au centre de l’univers esthétique de Murakami. En effet, le terme Kaikai Kiki est un mot japonais qui décrit les œuvres de Kano Eitoku, peintre du XVIème siècle. Ce peintre, peu célèbre, a créé une esthétique essentielle que l’on peut résumer dans l’idée qu’il y a à la fois du bizarre et du raffiné, ou encore à la fois du grotesque et du sensible. C’est là l’occasion d’introduire un autre concept essentiel de l’univers de Murakami : l’idée du Kawaï à savoir l’idée du gentil. Il ne s’agit pas de l’idée d’un monde pacifique mais d’un monde raffiné dans lequel les personnages de Murakami évoluent. Dans le salon de Vénus, les gardiens spirituels que sont Kaikai et Kiki qui tendent leurs lances sont finalement à leur place de part et d’autre de la statue du roi Louis XIV. »
Kinoko Isu :  medium and large
Salon de Mercure
« Dans le salon de Mercure, les deux éléments de l’œuvre « Kinoko Isu » constituent une forme de mobilier un peu rare et inédite. img_1655.1290985198.JPGC’est l’occasion de rappeler qu’à Versailles tout le mobilier a pratiquement disparu. D’ailleurs, contrairement à ce que l’on pense, cela n’est pas uniquement dû à la Révolution Française mais aussi aux changements de goûts des monarques successifs. Murakami apporte ainsi, à sa manière, une touche contemporaine avec ces tabourets champignons, les « Kinoko », vedettes de l’univers végétal de l’artiste. Murakami est en effet devenu une sorte de spécialiste de ces éléments champignons, végétaux un peu étranges et psychédéliques, entre terre et ciel. On retrouve également dans cette œuvre une allusion à un épisode beaucoup plus tragique de l’histoire japonaise : le bombardement atomique durant la seconde guerre mondiale. Dans les tabourets « Kinoko », il y a enfin un autre élément : ce sont ces yeux extraordinaires, évoqués plus haut, inspirés de « Yakume » le personnage aux cent yeux. »
img_1685.1290985295.JPG Flower Matango
Œuvre présentée pour la première fois au public ; Galerie des Glaces
« Au fond de la perspective de la galerie des Glaces, il fallait une oeuvre exceptionnelle que constitue « Flower Matango » que l’on pourrait traduire comme « le monstre floral ». On devine ici un hommage à l’art des jardins de Louis XIV et à la folie de cette galerie des glaces. En effet, il y a peut-être autant de couleurs dans « Flower Matango » que dans l’ensemble des magnifiques peintures récemment restaurées de la galerie des Glaces. « Flower Matango » est une créature dérivée d’un film japonais qui a été réalisé par les créateurs de Godzilla. Les monstres sont les résultantes de l’ingestion de champignons à tel point qu’éclatent de leurs corps des dizaines d’extraordinaires éléments, que l’on retrouve dans la scuplture « Flower Matango » sous forme de tiges qui partent dans des circonvolutions extraordinaires. Dans cette œuvre, on retrouve tout le génie de Murakami, grand expert de la peinture florale. Il a, en effet, pendant plus de deux ans, peint des fleurs quotidiennement, puis pendant neuf ans, enseigné l’art de la fleur. »
les toons
Au château de Versailles jusqu’au au 12 décembre 2010.
photos de l’auteur
texte site de Versailles

Clark et Pougnaud à la Filature de Mulhouse

img_1491.1290953953.jpg Quand Clark rencontre Pougnaud, ou encore lorsqu’un photographe rencontre une peintre férue de décors de théâtre, l’un comme l’autre ayant baignés dans l’enfance, pour  Christophe Clark dans la photographie, père, grand’père, oncle, cousin, pour  Virginie Pougnaud, nourrit par le théâtre,  par sa mère comédienne, petite fille elle rêvait devant les décors, dès que les feux étaient allumée et que les comédiens paraissaient, elle était fascinée par la magie, (grand-mères peintre, ) cela aboutit à « Immoblilis ». Virginie Pougnaud, préférait dessiner sur les cartons, les murs, nourris par les voyages aussi.

C.Clark se dit né dans le dektol , Il a réfléchi pendant 1 an à l‘utilisation du numérique. Il Aime beaucoup le dynamique dans le déséquilibre. Puis très vite il a été persuadé de ramener la peinture de la photographie ce qui le rapprocha rapidement de Virginie. C’est ainsi qu’ils mêlèrent leur spécificité. A Virginie les maquettes et la peinture, à Clark la mise en scène et la finalisation de la photo.

Il définissent leur approche par le terme de « slow art » dont  ils revendiquent  l’ appartenance :

«  la beauté pour nous réside dans le respect du pas lent de l’homme tranquille ».

Leur travail fait référence au lointain passé de leur enfance.

Les deux artistes réalisent en duo des tableaux intrigants qui mettent en scène des personnages dans des décors théâtralisés très soignés. Ce sont en réalité des maquettes peintes par Virginie Pougnaud, dans lesquelles sont insérées des photographies prises par Christophe Clark. Leur univers n’est pas sans rappeler celui du cinéma, du spectacle, des contes de fées…img_1447.1290954285.jpg

La question du décors est primordiale dans leur travail. L’univers d’Edward Hopper les a attiré justement par ses cadrages insolites, son ambiance d’intimité avec ses personnages. A l’inverse de Hopper leur photographies ne sont pas mélancoliques, elles montrent les mêmes personnages, avec les mêmes couleurs, sur fonds de décors peints, avec des ombres portées, des fausses perspectives, des personnages énigmatiques, des portraits intimes. Très vite leur travail a été présenté et primé dans le Marais.

Leur travail confronté à Hopper, img_1494.1290954381.jpgsert aussi de fil conducteur dans l’exposition, ils copient les tableaux, pour s’en éloigner et  y apporter leur touche. Puis ils en sont sortis, en faisant des portraits intimes de femmes, comédiennes également, se sont prêtées au portrait, en les habitant selon l’ambiance créée par les deux artistes.
Le décor est fabriqué, peint, placé, la lumière très étudiée, faite sur mesure, puis le personnage y pénètre comme sur la scène d’un théâtre, en fonction de l’idée des portraitistes un peu chimistes. Ici le décor fait partie intégrante du portrait.  img_1478.1290954080.jpg
La série « intimité » a été faite avec des comédiens qui sont habitués à jouer et se prêtent facilement à ce genre de situation, pour habiter les portraits.
Exemple cette belle bourgeoise « Monique » qui est joliment rentrée dans leur histoire.
Regis Jauffret a mi cette image en couverture, le contenu de son livre est fidèle à Monique.
Les photos sont présentées dans un décor, avec un éclairage particulier avec des cailloux blancs et des plantes et un décor qui nous rapproche de la nature, voire de Noël. Ils souhaitent que l’on soit à « l’écoute des photos »
Clark se sert d’éclairage anciens en créant des lumières violentes, soleil + spots, sur des films afin d’avoir un granulé particulier.
img_1471.1290956008.jpgOn voit que le décor est faux que c’est peint, du théâtre mais il y a une profondeur, un densité. La balade Dorothy , 4 images d’une jeune fille échappée d’un conte de fée, avec un regard ambigu des adultes, qui ferait penser à Balthus, sans les couleurs de celui-ci. La pyramide des âges demandée par le musée d’Epinal, est tout a fait originale, d’un côté un femme avec un bébé, à droite une vieille dame.
Le lever du jour et le coucher du soleil, la chèvre au centre, inspiré de travaux sur le cirque.img_1460.1290955728.jpg
Dorothy est dans un mouvement ascensionnel , elle s’échappe, puis il y a une chute, à l’image des livres d’enfance. Tout est théâtralisé, le couple travaille par série, Hopper, les contes d’enfants, Dorothie, l’intimité douce et mélancolique, le nu ou le personnage est relâché, sans le rapport de séduction, pas de corps trop formaté, dans un moment de détente.
Les photos portent le nom du modèle, ou dans la série Intimité c’est le nom du lieu
Gabrielle Lazure a posé pour eux, ainsi qu’Agnès Jaoui.
Depuis 10 ans le succès immédiat perdure.
entrée libre
jusqu’au dimanche 13 févrierà la Filature de Mulhouse

photos de photos… de l’auteur

Cyprien Gaillard

cyprien-gaillard.1289612234.jpgSamedi matin, lors de la FIAC, le dixième Prix Marcel Duchamp a été attribué à l’artiste français Cyprien Gaillard.
Quatre artistes travaillant dans le domaine des arts plastiques et visuels, Cyprien Gaillard, Céleste Boursier-Mougenot,
Camille Henrot et Anne-Marie Schneider, avaient été sélectionné pour cette édition 2010. Le choix du jury s’est porté sur Cyprien Gaillard car il a particulièrement apprécié « la manière dont l’artiste puise dans le passé moderniste ou s’imprègne des travaux des grandes figures du Land Art pour imaginer des séquences envoûtantes et mystérieuses » a souligné Alfred Pacquement, directeur du musée national d’Art moderne et Président du jury. Le lauréat est invité à exposer dans l’Espace 315 du Centre Pompidouà partir du 20 septembre 2011. L’ADIAF, l’Association pour la Diffusion internationale de l’Art français qui décerne chaque année le prix Duchamp, lui remettra une dotation financière de 35 000 €.
Il ne reste plus que quelques jours pour voir les œuvres de Cyprien Gaillard dans l’exposition
« la  Fin du Monde tel que nous le voyons » à la Kunsthalle de Mulhouse.
Cyprien Gaillard (F)
1 / Belief in the Age of Disbelief (Banja Luca), 2005
2 / Disbelief (Paysage aux trois tours), 2005
3 / Belief in the Age of Disbelief
(L’arbre incliné / étape VI), 2005
Belief in the Age of Disbelief, 2005
6 Gravures 36 x 47 cm
Courtesy Private Collection

cyprien-gaillard-2.1289599634.JPG cyprien-gaillard-1.1289610336.JPG   cyprien-gaillard-3.1289600109.JPG

Cyprien Gaillard travaille sur la relation entre l’architecture et
la nature. Une esthétique minimale et une veine romantique
s’associent au vandalisme et à un nouvel esprit anarchiste.
La série d’estampes Belief in the age of Disbelief déplace des
gratte-ciels modernistes dans le paysage idyllique hollandais
du 17e siècle. Ces bâtiments, jadis symboles modernistes de
promesses utopiques, symbolisent aujourd’hui les conflits
raciaux, la déchéance urbaine, la criminalité ou la violence.
Qu’est-il advenu de ces utopies ? Cyprien Gaillard accepte
la beaute vetuste des cites dechues en ruine et des zones
sensibles qui, comme dans le cas de Pruitt-Igoe, Scampia ou
des banlieues parisiennes sont mises a sac et brulées dans un
feu d’artifice baroque. Il formule ici des phases finales dans
lesquelles on teste la survie sur les restes d’une civilisation
perdue. Ce sont eux, ces restes qui sont les dernières
ressources. En outre, ils reprennent une idée quasi utopique
de la « durabilité », l’idée d’une société meilleure née de l’esprit
de la dystopie.

Pompidou Metz – Chefs d'oeuvre – suite et fin

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Certes au 2e étage ils sont nombreux, côte  à côte, comme l’écrit Remy Zaug :
« Et si je, lorsque je prends la parole, le monde cessait d’exister » blanc sur jaune ou encore
« regarde, je te regarde, et tu deviens regardé »
gris sur blanc
Un Dubuffet très rouge, en face un hideux nain de jardin de Philippe Starck , roi du design, dont on nous accable avec une série de chaises , au rayon des chefs d’œuvre je m’interroge.img_0992.1289137204.JPG Enfin un magnifique Hans Arp d’une blancheur émouvante, voisine avec Annette de Giacometti, puis une toute petite femme dans une vitrine, une antropométrie d’Yves Klein, le Capricorne de Max Ernst, descendu de la terrasse du Centre parisien pour l’occasion voisine avec un Pollock noir sur fond blanc, sur sa droite et un magnifique Picasso sur sa gauche, « l’Aubade » un musicien qui donne la sérénade à sa belle dénudée, alanguie, Puis Vassily Kandinski, la poupée désarticulée, à l’œil percé,img_0929.1289137114.JPG avec une double paire de jambes, mais un seul  bras, née de l’imagination quelque peu perverse de Hans Bellmer. Encore une superbe sculpture de Brancusi, une sculpture de Sophie Trauber Arp, le « Noir et Blanc »  le visage de Meret Oppenheim, émouvant et sensuel, par Man Ray, des femmes de Fernand Léger, la Sainte Vierge de Picabia…une petite sculpture de  Nicky de St Phalle, La croix noire de Malewitch, une toile cubiste de Braque, un toile avec des rectangles mauves sur fond bleu de Frantisek Kupka, le mariage de Chagall, puis terminer sur un magnifique corps d’homme sans tête de Rodin. Dans la baie vitrée, derrière l’installation de Louise Bourgeois, Jordan et le casier à Bouteilles de Xavier Veilhan
Puis une série de maquettes présentant des musées à l’architecture actuelles et futuriste achevés ou non.img_0975.1289137348.JPG
En face derrière les lucarnes se trouvent les cartels explicatifs des œuvres. Idée astucieuse, qui empêche les visiteurs de stagner indéfiniment en lecture, et de ce fait prennent du recul devant les œuvres.img_0912.1289137460.JPG Pour ceux qui ont l’habitude de visiter la maison mère, l’ensemble n’est pas une surprise, mais de voir rassembler en enfilade ces pièces importantes, de l’art moderne et contemporain, est un réel plaisir pour les yeux.
L’émerveillement c’est l’étage avec la vue sur la cathédrale de Metz, plus on est loin de la baie vitrée, plus la cathédrale envahit l’espace, plus on se rapproche, par un effet d’optique voulu, elle se rapetisse. Dès l’entrée l’autoportrait de Pierre Bonnard dans la glace du cabinet de toilette, sur le mur une série de collages de Pierre Matisse.
Un masque en plumes de Patrick Neu, sur papier gouache bleu, le chèque : Cetificat n° 1, cession d’un volume de sensibilisation picturale immatérielle transférable d’Yves Klein.
Mann Ray, Emmanuel Radnitzky dit Les Larmes avec une série d’objets dérivés, la pile de livres « chefs d’œuvres » d’Yvan Serandour
Une épreuve chromongène d’Andreas Gursky, les images modèles et les saynètes comiques de Boltanski,  le repos des pensionnaires d’Annette Messager, l’adoration du Veau de Francis Picabia, la grande odalisque d’Ingres « Made in Japan »  revisitée par Martial Raisse, en hommage à Giacometti, un marché aux puces de Daniel Spoerri, suivi du facétieux « la Joconde est dans l’escalier, elle sera de retour dans 10 mn  » de Robert Filliou.
Il y a régulièrement des performances , parfois il y poussent de l’herbe et des fleurs à même le plancher .

La fin du monde tel que nous le connaissons

img_1154-medium.1288539073.jpg A l’heure où l’art contemporain est encore controversé, Bettina Steinbrügge nous invite à partager la vision de monde, d’un collectif d’artiste qu’elle a sélectionné, pour l’exposition de la rentrée de la Kunsthalle de Mulhouse.
Marc Bijl ¦ Claire Fontaine ¦ Cyprien Gaillard ¦ Piero Golia, Hadley+Maxwell ¦ Jorge Macchi ¦ Bernhard Martin ; Katrin Mayer ¦ Mladen Miljanovic ¦ Frédéric Moser & Philippe Schwinger
L’inspiration de ce thème provient de l’écoute d’une chanson du groupe REM « The end of the world, us we now » de 1987, puis 12 ans plus tard, la lecture d’un essai du sociologue américain Immanuel Walterstein « The end of the word us we know it »

Les artistes et groupes d’artistes invités prennent position face a la crise financière, à l’effondrement de l’État-providence ou des industries du divertissement, ils avancent de nouveaux espoirs, des utopies et conceptions alternatives. Comme un sismographe, l’exposition trace les signes et images de notre vie quotidienne, sonde les méthodes des pouvoirs en place, tout en proposant de nouveaux contextes esthétiques. Elle montre les travaux d’artistes qui réagissent de manière critique, satirique et subjective aux réalises actuelles et, ce faisant, développent leurs propres propositions, expressions de la réalité contemporaine faisant apparaître leurs façons de composer avec elle. Le concept fait suite au désir de comprendre de manière critique les processus sociaux, politiques et économiques actuels dans un monde global, sans lequel l’art contemporain ne pourrait entre ni considère, ni compris.

Bettina Steinbrügge

Le titre est étonnant, est-ce que tout le monde voit le « Monde et sa fin » de la même manière ? Rien que le début du monde a diverses versions selon les frères Bogdanov. Je vous livre ma sélection des réflexions des artistes telles quelles.
Marc Bijl (NL)
La problématique de Marc Bijl est liée a des avènements politiques, à la perception et à l’association des structures sociales et des systèmes de contrôles qui se manifestent dans img_1095.1288539418.jpg
l’espace public. Leur apparence symbolique est thématisée dans les oeuvres. L’installation Fundamentally VII, composée de matériaux de construction et de graffitis fait référence
dans sa matérialise simple au constructivisme minimaliste d’un Sol LeWitt et rend hommage au vandalisme quotidien.
En manipulant ces codes culturels, Marc Bijl invente un langage qui met en lumière une histoire des idées et des constructions sociales. Dans Fundamentally VII, differents
symboles de la culture et de la sous-culture s’affrontent pour infiltrer le système de codes allant jusqu’a les bousculer. Le spectateur doit se réorienter, trouver sa voie dans un nouveau système, voire réviser ses jugements. La question de pouvoir et d’influence est pose afin d’attirer l’attention sur le désir actuel de structure et d’ordre. Toutefois, a l’oppose du dictat conservateur, Marc Bijl célèbre le charme de la déchéance et de la destruction comme une libération.
Claire Fontaine (F)
Il ya trop d’innumaniter est j’ai pas trouver mon droit, 2007
img_1093.1288541651.jpg Dans l’article de presse paru a l’occasion de leur exposition à la Galerie Neue à Berlin on pouvait lire :
A chaque fois qu’un changement s’opère dans le lieu et dans le temps, il est le résultat d’un conflit et d’un refus et jamais l’effet d’un soi-disant progrès Combien cette constatation est d’actualité en France. Dans les oeuvres présentées, les couvertures de livres traitant du discours théorique général deviennent de simples couvertures de briques et les déclarations politiques se dissimulent derrière des enseignes lumineuses.
Jorge MaccH i (ARG )
Jorge Macchi travaille avec les objets de la vie quotidienne. Il en fait des supports de développements poétiques mais aussi des éléments de découverte des contextes sociaux et des besoins qui émergent au fil du quotidien. Ses trouvailles, comme par exemple des extraits de journaux, déclenchent de nouvelles narrations et des révélations de la vie quotidienne dues au pur hasard ou a des combinaisons aléatoires. La projection video 12 Short Songs combine deux motifs épétitifs : des titres de journaux et les mécanismes d’une ancienne boite à musique. Ces titres de journaux sont perforés et passés dans la boite qui déclenché une musique cristalline et apaisante formant un contraste absolu avec les titres tous issus despremiers jours de la crise financière. Ici, la brutalité se joint à la rêverie ce qui provoque finalement un effet inquiétant.
Piero Golia (I)
Oh my god, that’s so awesome, 2009

il présente une projection 35 mm filmée avec une caméra jetée d’un avion. Cette caméra ne semble jamais toucher le sol, le spectacle évoque plutôt une chute verticale irrésistible et interminable dans un paysage d’une beauté irréelle. Il créé une situation paradoxale basée sur un équilibre déréglé entre les moyens et les buts, démontrant ainsi que rien ne se termine comme nous le voudrions.
Katrin Mayer (D)
Balloons / Your very own words.
Indeed! And who are you?(Brion Gysin), 2010
Dans son travail artistique, Katrin Mayer traite de l’importance des images artistiques populaires et quotidiennes et analyse les mécanismes d’inscription des sémantiques culturelles dans des contextes spatiaux et temporels spécifiques. Katrin Mayer cherche des motifs qu’elle met en scène dans de nouveaux dispositifs, qu’elle soumet, dans ses expositions, à des interventions spatiales. Dans Balloons, desimg_1116.1288544343.jpg
ballons remplis d’hélium flottent au-dessus du sol. Sur le mur voisin, se trouve une affiche qui renvoie, sous la forme d’une histoire dessinée, à des connotations propres à la conscience, la rêverie, l’introspection, la réflexion et l’illusion. Elle joue les références Silver Clouds (1966) d’Andy Warhol, références aux masques, aux illustrations fugaces, à la fascination pour les rêves et leur caractère éphémère.
Bernhard Martin (D)
Le reposoir d’amour refusé, 2010
Les tableaux de Bernhard Martin couvrent de multiples sujets, ils sont dynamiques, inquiétants et revendiquent leur esthétique. Ils assument leur qualité picturale et excluent une surenchère intellectuelle. Bernhard Martin se sert d’un répertoire de style consciencieusement maîtrisé, qui ne lui dicte aucune limite et lui permet de jouer dans ses peintures de la réalité et de la fiction sur un même plan. Sans cesse, il utilise la référence à l’image comme image  et joue avec ses possibilités d’expression. Il en résulte des images fragmentées, humoristiques et énigmatiques, parfois figuratives mais qui ne pressentent aucune structure narrative clairement lisible.img_1143.1288544705.jpg Dans Le reposoir d’amour refusé, états du psychisme humain, les sensations, les espoirs, les fêlures sont tout aussi présents que les drogues, la sexualité ou la violence. D’évidents rapports temporels et spatiaux sont dissous, l’espace pictural a des interprétations varies qui aboutissent ici a une installation.
Tout comme les figures transparentes, le spectateur est lui-même entraîné dans un tourbillon d’images dans lequel différentes forces interagissent voire, s’équilibrent.
Mladen Miljanovic (BiH)
Social Orthopedics, 2010
8 ceintures de sécurité, impression numérique
Mladen Miljanović se consacre aux possibilités de nouvelles stratégies artistiques dans lesquelles des interactions sociales sont développées à l’encontre de ses propres expériences personnelles en Bosnie-Herzegovine, son pays d’origine. Dans son installation Social orthopedics, Miljanović étudie des pièces
détachées de l’ancienne voiture yougoslave Zastava 101 à la manière d’un art social appliqué. Dans ce but, il analyse des ceintures de sécurité comme instrument possible de discipline
et de limitation spatiale. Il en déduit une forme artistiqueimg_1105.1288545346.jpg
minimaliste et sérielle qui déplace sa réflexion a la lumière des avènements actuels.
Cecil Babiole propose de pervertir sensiblement le principe de l’audioguide tel que nous le connaissons. Il s’agit non pas de faire un véritable audio interactif et localise (avec détection infra-rouge ou autre) mais de créer un audioguide global avec une seule plage sonore non localisé qui soit en résonance avec l’ensemble de l’exposition.
Il se présente sous forme d’un enregistrement sonore d’une dizaine de minutes mixant musiques, éléments vocaux, interview du commissaire.
Les visiteurs ont pu l’écouter soit en appelant un numéro avec leur téléphone portable, soit au moyen d’un lecteur mis à leur disposition.
clic sur la flèche verte
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De la musique industrielle des années 80 (Noix) aux culturesimg_1146-medium.1288545651.jpg
électroniques et numériques d’aujourd’hui, le travail
artistique de Cecil Babiole évolue de manière transversale, croisant les circuits de la musique et  des arts visuels. Loin d’une pluridisciplinarité de mise, c’est le passage d’un langage à un autre, la contamination d’un code par un autre, et une incessante relecture du rapport entre l’image et le son, qui sous-tend sa pratique.
Qu’elles apparaissent dans l’espace public (rue, autobus) ou privé (galeries, salle de concert), ses  dernières installations et performances (PM, Shijing F ield, Dom, I’ll be your Mirror, Circulez y’a rien a voir, Reality Dub, Crumple Zone…) interrogent avec ironie nos systèmes de représentation et nos technologies.
l’exposition se termine le 14 novembre 2010
texte Kunsthalle photos et  vidéos de l’auteur

Antonio Segui

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Aux frontières de l’illustration et de la peinture, Antonio Segui a construit un univers burlesque, absurde, peuplé d’une multitude de personnages projetés dans une course folle. L’Espace Malraux de Colmar lui ouvre ses portes jusqu’au 24 octobre 2010.
On est d’abord surpris par un flot d’images, comme dans ces puzzles qui vous donnent la migraine, images qui sont presque à chaque fois les mêmes, tout en changeant de couleurs ou en étant bi, voir tricolore, mais rien à voir avec notre chauvinisme. Ce sont des images populaires proches du graffiti, une sorte de bande dessinée, où les personnages affluent, grouillent, un surpeuplement qui donne le tournis. Un personnage récurrent, l’homme au chapeau,img_0742.1283727794.jpg Humphrey Bogart ou Antonio dans son élégante jeunesse, il est né en 1934 en Argentine.
Ses personnages courent les uns après les autres, les uns vers les autres, s’évitent, sont en lévitation. Il y a aussi des femmes à l’aspect rude.
Sa thématique est celle de l’espace urbain, une allégorie de la société moderne.
Son univers surréaliste, un peu à la Keith Haring, dans le graphisme, nous parle de la condition humaine avec frénésie, passion, mais surtout avec humour et dérision, une naïveté picturale, un trait cernant les aplats de couleurs, sans perspective.img_0768.1283726372.jpg
De manière frontale , il raconte dans sa candeur latine le dérisoire de la vie, son absurdité, ses ambiguïtés. C’est un vrai plaisir que de se perdre dans ses fresques gigantesques, mais il ne faut pas oublier les gravures exposées dans la mezzanine, sarcastiques, tragiques, humoristiques. Il y a une série d’huiles, sur toile marouflée de papier journal, dont le cadre fait partie intégrante des natures mortes. Comme dans toute son œuvre, exposée dans le monde entier, il va à l’essentiel.
photos de l’auteur

Paysages Urbains – Robert Cahen

 
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La ville de Lille propose, à la Maison de l’architecture et de la ville, en collaboration avec la MAV et Heure Exquise, dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine :
« Paysages Urbains – Robert Cahen« 
Une exposition de vidéos de Robert Cahen, présentée à l’occasion de la restauration de l’œuvre
« L’allée de Liège », installation vidéo publique réalisée lors de la création d’Euralille.
Vingt neuf moniteurs et une caméra
Réalisée à la construction d’Euralille en 1994 dont l’urbaniste en chef était Rem Koolhaas, cette installation vidéo de Robert Cahen, restaurée aujourd’hui, fait partie des commandes d’Euralille destinées à prendre place dans l’espace public avec celles de Felice Varini et Kazuo Katase.
L’intervention de Robert Cahen sur le mur de soutènement du viaduc Le Corbusier agit comme un discret miroir sur l’espace quotidien de ce lieu de passage entre deux gares que l’on longe parfois distraitement. De tailles irrégulières, les vingt neuf écrans proposent un glissement progressif du documentaire vers la poésie avec la diffusion de cartes postales filmées et photographiées dans le monde entier associées aux images des passants captées en temps réel.
– Cartes postales vidéo – 1984-1986
Vidéo, couleur, sonore
Coréalisées avec Stéphane Huter et Alain Longuet
« Trente secondes pour rêver, la carte postale traditionnelle prend vie grâce à la vidéo. Une collection d’images immortelles du monde entier, une invitation au voyage… » (Thierry Garrel)
Une rencontre-débat
« Art urbain, art public » aura lieu le samedi 18 septembre 2010 à 17h30 à la Maison de l’architecture et de la ville,
en présence de :
Catherine CULLEN, Adjointe au Maire déléguée à la Culture,
Catherine GROUT, philosophe de l’art et professeur à l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille,
Pascal MASSON, architecte – scénographe et
Sophie TRELCAT, journaliste,
autour de l’inscription des œuvres d’art dans la ville et la notion de paysage urbain.
La conférence sera suivie d’un vernissage en présence de l’artiste
Exposition visible de l’extérieur dans le prolongement de l’Allée de Liège, dans les vitrines de la MAV du 15 au 26 septembre 2010.
une sélection de films et vidéos :
– Sanaa, passages en noir – 2007 – 7’
Rencontre inespérée entre deux cultures, ces « passages en noir » filmés à Sanaa, au Yémen, nous rappellent notre humaine condition.
Hong Kong Song – 1989, couleur – 21’
Réalisé en collaboration avec Ermeline Le Mezo.
Entre Chine ancienne et Chine nouvelle, découverte de la ville de Hong Kong à la recherche de son identité sonore.
– La Notte delle Bugie – 1993, couleur – 10’30’’
Les milliers de bougies allumées sur les quais de l’Arno à Pise,pour fêter la Saint Ranieri, deviennent l’occasion d’un portrait nocturne, insolite suspendu et magique.
– Le Deuxième Jour – 1988 – couleur – 8’
Le rythme discontinu de la musique de John Zorn conduit le montage du film en une succession de plans rapides. Une étonnante traversée de New York
tout en contraste.
– Sur le quai – 1978, 16 mm – noir et blanc – 10’
Court-métrage formé d’un plan-séquence, tourné avec une caméra à très grande vitesse montrant des voyageurs en attente sur le quai d’une gare et l’arrivée du train.
Les mouvements sont comme suspendus entre le mouvement et l’immobilité.

Gabriel Orozco

gabriel-orozco-my-hands-are-my-heart.1281297091.jpgC’était le dernier jour de cette exposition au Kunstmuseum de Bâle, mais vous pourrez la voir à partir du 15 septembre au
Musée national d’art moderne de Paris.
Cette grande exposition propose une vue d’ensemble de l’oeuvre de l’artiste mexicain né en 1962 : des installations, sculptures, photographies, peintures et dessins qui ont tous vu le jour entre le début des années 1990 et aujourd’hui. Gabriel Orozco, qui est considéré comme l’un des artistes majeurs de notre temps, partage sa vie entre New York, Paris et Mexico-City. Caractéristique de sa génération, cette manière d’être sans cesse en déplacement, ce principe de mouvement perpétuel, se répercute de la façon la plus diverse dans son oeuvre, en parcourant un spectre qui va d’une trace de respiration que la photographie a su saisir, sur le vernis d’un piano, jusqu’à la Citroën DS reprofilée, découpée dans le sens de la longueur et réassemblée en véhicule monoplace. C’est la « DS » la voiture mythique du générale de Gaule qui acquiert ici le statut de sculpture autonome la « Déesse ».gabriel-orozco_la_ds_frontal.1281297050.jpg
Pour Four Bicycles « There is Always One Direction » l’artiste s’est procuré quatre vélos hollandais dont il a assemblé les cadres.
Les traces physiques à la surface du « Yiedling Stone » proposent des accès fondamentalement différents. La boule compacte en plastiline dont le poids correspond approximativement à celui de l’artiste, a été roulée dans la rue à l’occasion d’une performance publique. Sa surface s’est ainsi chargée des impuretés, des détritus et de la poussière. Ainsi se révèle la prédilection de GO pour la révélation du potentiel d’expressivité artistique de matériaux en apparence insignifiants et dénués de valeur.
De même que son installation  « Lintels » en salle 8, où l’on retrouve les résidus organiques, des dépôt du sèche linges, suspendus sur des fils à linges, telle une gigantesque lessive de déchets, (pourquoi ai-je mis depuis des années les miens, bêtement à la poubelle, alors que moi aussi je suis frappée par l’inanité, le côté éphémère des choses et l’illusoire vanité de la possession d’œuvres d’art)

Son regard se porte sur des situations fortuites qu’il répercute dans un contexte d’interrelations plus vastes. La subtilité de la trace de sa propre respiration sur la laque noire d’un piano à queue, photographiée, ou la drôlerie des boites de pâté pour chats, trônant sur des pastèques ventrues et rebondies dans un super marché.
gabriel-orozco-composition.1281297199.jpgLa photographie de la sculpture en terre cuite  dévoile le processus de la genèse de l’objet par l’empreinte de ses mains pressées, sur la masse molle, pour lui imprimer l’aspect souhaité, qui lui donne son titre « My hand is my heart » est mon coup de coeur !

Dans la salle 3 « Elevator » une cabine d’ascenseur démontée, inerte, dont l’intérieur immaculé, réduit à taille d’homme, donne envie d’y pénétrer et de s’y isoler.
 » Dial Tone« ,  GO a détaché les pages d’un annuaire de la ville de Monterrey et en a éliminé les noms par découpage, seules demeurent ainsi les séquences de numéros. Tels les rouleaux de la Thora, ils sont collés sur un rouleau de papier Japon de 25 mètres de long et présentés sous verre, les habitants demeurant anonymes.
Comme dans Elevator et la DS, l’intervention n’occulte pas la fonction originelle de l’objet, mais elle crée de nouveaux rapports de nature artistique.

Orozco montre une prédilection pour la force d’expression de l’éphémère, il pointe son regard sur des situations et des matériaux insignifiants, dont il s’empare avec subtilité, légèreté et souplesse, en les combinant et en les manipulant pour les inscrire dans un contexte plus large. Toute sa démarche porte l’empreinte d’un nomadisme, d’une ouverture et d’une disponibilité constantes à l’instant, qui se cristallise en une image.

gabriel-orozcoworking-tables.1281297151.jpgAinsi ses «  Working Tables  » 1991–2006, de la collection du Kunstmuseum Basel, réunissent-elles une multitude d’objets trouvés et petites sculptures exécutées à Mexico-City. Entre – vue de l’atelier et image du monde, elles déclinent toute une variété de métamorphoses organiques et témoignent de l’indéfectible dynamisme de l’artiste. Cela renvoie aux Fischli et David Weiss vus au Schaulager .
Ici ce ne sont pas des pots de peintures ou des outils, mais des objets trouvés, l’intérieur d’un ballon de football, des balles en peau d’oranges, des boites de carton, les os d’une baleine, un carré de tôle rouillé sur lequel il a collé un autoportrait jeune de Rembrandt. Vision du monde et déclinaison de travaux d’atelier et de recherche. Cette salle 4 occupe le centre de l’exposition.

Les « Spumes » suspendus au plafond, tel des objets volants, témoignent des recherches incessantes de l’artiste. La mousse de polyuréthane expansée, injectée sous forme de liquide leur donne un aspect insolite d’os ou d’un objet totalement délavé par les intempéries.gabriel-orzco-lintels.1281297670.jpg

Des formes circulaires «  Samurai’s tree »  en salle 7 font penser à des tableaux de Kandinsky, par le côté géométrique, mais aussi par la couleur intense, tantôt fond vert, noir, or, avec des cercles couleurs or, jaunes rouges et bleus.

Puis l’ »Under Elephant foot », énorme sculpture intrigante.

Artiste à la création multiple, touche à tout avec bonheur.

san de catalogues et photo Iphone la dernière

Jean Michel Basquiat à la Fondation Beyeler

Ce qui frappe d’emblée dans l’exposition consacrée à Jean Michel Basquiat à la Fondation Beyeler, (jusqu’au 5 septembre 2010), ce sont tous ces visages aux yeux exorbités, sorte de memento mori, préfiguration de la mort prématurée de ce génie, qui accéda à la célébrité à l’orée de ses 20 ans.
Jean Michel Basquiat (1960-1988) a été une des personnalités les plus scintillantes de la sphère artistique. Ce qui est impressionnant ce sont la force des slogans poétiques et la somptuosité des couleurs.
JMB connaissait les musées de New York, mais on sait qu’il avait une nette prédilection pour celui qu’il appelait simplement « le Brooklyn ». A l’âge de 6 ans il était membre junior du musée, grâce à ses parents qui ont très tôt encouragé son goût pour l’art. Né et ayant grandi à Brooklyn, c’est devant la vaste collection du musée de son quartier qu’il a sans doute éprouvé ses premières émotions artistiques et qui que cela aida à sa formation. Il a fait ses débuts dans l’underground new-yorkais comme graffeur, musicien et acteur, avant de se lancer dans la peinture. Ses créations originales, expressives ont rapidement suscité l’admiration. Encouragé par Andy Warhol, il s’est hissé au rang de vedette sur la scène internationale. Il a été le plus jeune participant de Documenta et exposé à Art  Basel, à la Biennale de Venise et dans des galeries prestigieuses. Premier artiste caraïbien il a réussi à s’imposer , travaillant aux côtés de Keith Haring et bien d’autres stars, en l’espace de huit ans. Son œuvre composée de peintures  aux couleurs éclatantes et somptueuses, de dessins, s’arrêta brutalement avec sa disparition tragique à l’âge de 27 ans.
Ses toiles sortes de bandes dessinées, faites de collages, de textes poétiques, de silhouettes squelettiques, d’objets quotidiens, mêlent culture pop et histoire de l’art, mais aussi dénonciation de la société de consommation et de l’injustice sociale.
Il agissait comme un oracle, qui distillait sa perception du monde extérieur jusqu’à en tirer la quintessence avant de la projeter à nouveau par le biais de ses créations. La prise de conscience se manifesta tout d’abord dans la rue quand sous le nom de SAMO, il transformait ses propres observations en messages cryptés qu’il inscrivait sur les édifices de son environnement urbain. Un seul mot, une courte phrase ou une simple image faisaient référence à une personne, à un événement ou à une observation,  où il exprimait avec raffinement sa perception externe.
En décembre 1982, Basquiat alla passer deux mois à Los Angeles avec les graffeurs Rammellzee et Toxic. Il y réalisa notamment Hollywood Africans, un portrait de lui-même et de ses deux compagnons de lutte. Dans l’inscription « SELFPORTRAIT AS A HEEL » ajoutée à côté de son visage, il utilise le terme « heel » (littéralement, « salaud »), tout aussi insultant à première vue que « nigger ». Mais dans les paroles de hip-hop et en « Black English », « heel », au même titre que « nigger » ou « sambo » — est utilisé dans un sens positif pour désigner les Afro-Américains.
Ici, l’approche conceptuelle, thématique, de Basquiat est très éloignée de celle du néo-expressionnisme, dont elle contredit même la programmatique. La description de son ami Fab 5 Freddy, pionnier du graffiti de rue et acteur principal de la scène hip-hop new-yorkaise, est tout à fait intéressante dans ce contexte : « Quand on lit tout haut les toiles, la répétition, le rythme, on peut entendre Jean-Michel penser. » En effet, Basquiat suivait toujours le principe d’un sampling délibéré d’objets, de motifs et de mots issus de son environnement immédiat, chargeant ainsi ses tableaux, au-delà de la peinture pure, de contenus et de références précises.
Dans les toiles sur les boxeurs, il exprime son admiration pour Cassius Clay, mais aussi pour
• Cassius Clay, 1982
Untitled (Sugar Ray Robinson), 1982
Jack Johnson, 1982
Pour Cassius Clay, comme pour d’autres représentations de célèbres boxeurs afro-américains — Untitled (Sugar Ray Robinson) ou Jack Johnson par exemple —, Basquiat a fixé la toile sur une palette industrielle. Après avoir commencé par peindre la toile, il l’a tendue sur la face supérieure de la palette, en la laissant très largement déborder de façon à ce qu’elle retombe sur les côtés de la structure en bois et la recouvre en formant des plis irréguliers. Par analogie symbolique avec les célèbres boxeurs, la toile semblait littéralement indomptée et laissait partiellement apparaître la palette faite de lattes de bois mal dégrossi, qui avait servi à l’origine à empiler des marchandises ou des paquets à des fins de stockage ou de transport.
Basquiat transformait ainsi ses toiles en objets tridimensionnels par l’utilisation d’une palette industrielle, Basquiat ne s’élevait pas seulement contre le principe de présentation statique cher aux musées, mais aussi contre la fonctionnalité initialement industrielle du support de l’image, transformant une unité de charge aux normes en un objet mural artistique.
Les « Grillo »
Grillo occupe une position clé dans la création de Basquiat.
Cette oeuvre se caractérise par le contraste et la superposition de signes et pictogrammes issus de la tradition africaine, entièrement conçus dans le sens d’une continuité culturelle de
l’Afrique en Amérique et donc d’une identité afro-américaine propre, avec ceux de la civilisation occidentale, que Basquiat cite en se référant notamment au livre de Henry Dreyfuss, Symbol Sourcebook
Riding with Death, 1988
Bien qu’il ne s’agisse pas de sa dernière oeuvre, la toile Riding with Death ne pouvait que devenir emblématique de la mort de Basquiat et nourrir son mythe. Le fond doré renvoie à
l’utilisation des couleurs or, argent et cuivre que Basquiat employait depuis Cadillac Moon (1981). Ayant, pour ainsi dire, sa mort prochaine sous les yeux, il a emprunté son motif à un
ouvrage de reproductions de Leonard de Vinci, et l’a remanié pour donner naissance à cette représentation qui a pris valeur d’icône.
Portrait of the Artist as a Young Derelict, 1982
C’est dans l’assemblage intitulé Portrait of the Artist as a Young Derelict que Basquiat se réfère le plus clairement à l’oeuvre de Robert Rauschenberg, et plus particulièrement à
ses Combines d’aspect sculptural et aux Combine-Paintings, en même temps qu’à son intérêt pour les surfaces tactiles et sensorielles. Dans ses conglomérats, Rauschenberg s’était
consacré aux objets usuels et aux déchets à travers la présence d’objets quotidiens. Basquiat, quant à lui, assemblait des portes et des planches, articulées à l’aide de charnières.
En laissant en place les restes de cadenas et de targettes, il conservait une trace de la fonction initiale des objets. Il ne touchait pas non plus aux graffitis de toilettes présents
avant son intervention, témoins de l’utilisation quotidienne des objets. Comme chez Rauschenberg, ces derniers ne sont plus transférés dans un champ pictural bidimensionnel qui les soumettrait à un ordre différent ; ils sont directement repris dans l’image et conservent ainsi leur forme, leur identité et leur nature tridimensionnelle.
photos internet et scan

Richard Deacon – the Missing Part


La rétrospective de l’artiste britannique, Richard Deacon, né en 1949, au Pays de Galles,  au musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg – le MAMCS– jusqu’au 19 septembre 2010, montre quelques 120 œuvres en 2 dimensions. Issu de 3 écoles d’art prestigieuses, le  Royal College of Art, Summerset College  of Art et Saint Martin Scool, qui dispensent un enseignement non traditionnel, mais très conceptuel, qui permet d’aller dans de nombreuses directions, aussi RD montre aussi bien des dessins, des photos, des collages, des sculptures provenant de ses années d’étudiant ainsi que des œuvres plus récentes . Il a exposé en  1992 à Villeneuve d’Asq c’est là-bas que c’est fait la rencontre avec la directrice actuelle du MAMCS, qui officiait dans cette ville et qui lui a donné l’idée de la rétrospective presque 20 ans après.
Il ne désire pas faire une exposition épitaphe, même s’il a déjà (à peine) 61 ans, mais une mise en regard de ses œuvres. C’est ainsi qu’il a demandé que soit ouverte la grande salle d’exposition de 800 m2, qui en général est découpée en espaces d’exposition, nous apprend la conférencière, ce qui me semble logique, car je verrais mal ces œuvres assez gigantesques écrasées dans des pièces exiguës.cimg0069.1280178559.JPG
Il a travaillé pendant 3 ans à l’élaboration de cette exposition et  imaginé le parcours. Il est venu plusieurs fois, pour en assurer la bonne installation, avec son fidèle assistant. Ses sculptures, sont arrivées en pièces détachées, et montées selon une scénographie très précise.
« Je ne sculpte pas, je ne modèle pas, je fabrique » est une  des citation de cet artiste qui se considère comme étant dans l’action, dans le « faire » dans le rapport à la matière, à l’objet, qui accepte le néologisme  de  « fabricateur », il se veut dans le plaisir pour trouver la bonne forme pour la matière.cimg0075.1280178358.JPG
Au musée on est accueilli par 2 oeuvres de RD, à l’entrée il y a une grande bâche qui est une œuvre qui s’appelle – is is not a story- ce n’est pas une histoire, et pourtant c’est tout de même une sorte d’histoire qu’il propose sous la forme d’un voyage à travers ses œuvres. La 2e œuvre s’appelle « Quick », que la ville de Strasbourg a acquise. Une sculpture monumentale spécialement créée pour la grande nef du Musée d’Art moderne et contemporain.  C’est un titre qu’il a donné parce que pour lui son oeuvre implique une idée de  vitesse,  de dynamique, de mouvement, quand on la regarde, nos yeux ont vite envie de course, par ces lignes, en fait il s’agit d’une  seule ligne, dédoublée, quadruplée, cette dynamique est structurée par des raccords qui vont rythmer l’ensemble.
Techniquement il s’agit de chêne étuvé, un bois complètement saturé d’eau par la vapeur, sorti de l’étuve, tordu,  fixé dans sa torsion, maintenu dans sa torsion pendant le séchage, qui épouse ses formes torsadées, ses courbes, ses contre-courbes, ses entrelacs. Les marques qui sont sur le bois sont les traces de tanin, de sève qui sortent pendant l’étuvage.
Ses formes qui sont utilisées pour différents matériaux relèvent souvent du vocabulaire biomorfique, cimg0064.1280178271.JPG« Kiss and tell »,  en 2 parties, une bouche – une oreille, une partie ouverte, une partie fermée, l’une en bois, l’autre en contreplaqué. Ce qui caractérise le travail de Deacon c’est le plaisir de découvrir des matériaux différents, pour créer des formes, une nouvelle énigme à résoudre.
« Le sens de l’objet que je construis est de laisser de l’espace vide » RD
Il aime ces jeux signifiants, les lignes fluides, les formes luxuriantes, efflorescentes, tout en laissant apparaître les opérations techniques, dont elles sont le résultat.
Il fait aussi des oeuvres que l’on pourrait qualifier de bas relief, mais il joue aussi du trompe l’œil, il crée des céramiques, de la terre cuite, ses sculptures gardent la couleur des matériaux.
Elles sont de dimensions moindre que les sculptures. L’idée du dessin dans l’espace, ce dessin va s’échapper de la feuille de papier vers l’espace. Les titres il les trouve parfois avant, de créer l’œuvre, ils naissent de la lecture d’un poème.
La figure de Lacoon, dans le cheval de Troyes ; l’image du vide et du plein.
Il donne à voir la matière aussi bien que l’absence de matière.
The Missing Part, c’est aussi l’absence d’une pièce, une allusion à ce qu’on peut découvrir, aux interprétations possibles, et par ricochet ce qui n’y est pas, parce qu’il est ailleurs en gestation. Le sens de l’objet construit est de laisser l’espace vide porter l’ensemble, comme les trous portent  le gruyère. …(RD)
photos de l’auteur