Foules – Fools – Stephan Wilks à la Kunsthalle de Mulhouse

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Lorsque vous pénétrez dans la Kunsthalle, l’espace s’est éclairé, agrandi, les toiles  sur lesquelles dansent  des squelettes, arbres de vie et danses macabres vous accueillent, tout d’abord un rat géant, que ne renierait pas Katharina Fritch avec son Rattenkoenig , celui-ci est tout blanc, et fait partie du bestiaire de Stephen Wilks, puis à la manière d’un retable sur fond d’un paysage urbain, à l’ horizon bleu, le voyageur artiste transporte son âne sur ses épaules.
Puis tout au fond si vous avez suivi le parcours conçu par l’artiste et la commissaire vous atteignez le lieu de réflexions philosophiques avec CATERPILLAR, sculpture gigantesque, lourde et imposante d’une chenille recouverte de textes choisis, par SW féru de littérature et de philosophie..
C’est ainsi que se présente la nouvelle exposition, (jusqu’au 20 juin 2010), dont la commissaire est la talentueuse directrice du lieu Sandrine Wymann. (voir la vidéo de FR3)

Avec beaucoup d’humour mais aussi sur un mode interrogatif et parfois dérangeant, il crée des personnages qui mêlent à la fois la figure du bouffon et de la mort, et viennent amplifier un discours proche de la critique sociale. Porté sur le présent, le travail de Stephen Wilks puise ses sources dans une imagerie issue de la danse macabre, à la manière du peintre expressionniste James Ensor ou du
caricaturiste José Guadalupe Posada, Foules – Fools révélateurs d’une nature humaine éphémère et conquérante.
Comment ne pas penser à Ubu Roi,  manipulateur fou, et ayant droit de vie et de mort sur ses sujets, mais aussi le bouffon de Rigoletto, à l’existence si tragique.stephen-wilks.1272926803.jpg

Masqué derrière ses figures animales, telles le cheval de Troie repris dans sa série des Trojandonkeys, Stephen Wilks a su trouver une place de choix au milieu de ses semblables. Il ne se place ni en moralisateur, ni en calculateur mais en observateur privilégié.
Chez Stephen Wilks, la notion de déplacement, omniprésente dans ses oeuvres et dans ses expositions, n’apparaît pas comme une nécessité, comme un état physique qui seul permettrait la création. Ce sont davantage les oeuvres qui sont en mouvement que l’artiste lui-même. Il n’est pas de ceux qui ont développé une réflexion dans la situation du marcheur ou du voyageur. Chez Wilks, le mouvement est constitutif des rapports sociaux et du jeu social qui nous entourent. Aussi, l’intégrer à sa démarche, voire l’amplifier, lui permet de créer des pièces qui s’immiscent ludiquement et subtilement à l’intimité d’un public avec lequel il souhaite installer un jeu de complicité. Sur le mode de la rencontre repose toute sa pratique, elle pose la confiance et la connivence entre l’artiste et le spectateur comme le seul terrain d’étude.
Cette exposition, comme souvent chez Stephen Wilks, se déploie à la manière d’un cortège.
Tandis que ses parades (Animal farm à Louvain en 2008) ou ses ânes (Trojandonkeys) sont des pièces qui ont le déplacement pour fondement, Foules, Fools suggère une avancée, un sens qui mène le spectateur du manège au rez-de-chaussée à la chenille du fond de l’espace. Une progression s’installe lentement, un voyage s’effectue un peu comme une procession sur un chemin de vie.
Chaque pièce de l’exposition se présente à la manière d’un tableau qui interroge notre place à « l’échelle humaine », et peut-être notre passage sur terre. La déambulation ainsi comprise n’est pas sans rappeler le principe des chemins de croix dans la tradition chrétienne : échelonnés de stations, ils évoquent les différentes étapes de la vie du Christ. Les tableaux de Stephen Wilks sont allégoriques, ils renvoient à un jeu de relations complexes que l’artiste ramène à une vanité certaine, accentuée par la présence nouvelle des squelettes dans son bestiaire.
stephen-wilks-danse-macabre.1272926854.jpgDeux fléaux contribuèrent probablement à la popularité des danses macabres : la peste noire (milieu du xive s.) et la guerre de Cent Ans (1337-1453). Il ne faut pas oublier l’élément de satire sociale que comporte un thème qui souligne vigoureusement l’égalité de tous devant la mort et qui contribua vraisemblablement à son succès.
Le premier exemple de danse macabre figurée est le cycle de peintures (1424) qui se trouvait dans les galeries du cimetière des Innocents à Paris ; toutes les danses macabres en dérivent. La hiérarchie de l’Église et de l’État y formait une danse majestueuse, où les vivants alternaient avec des squelettes ou des cadavres. Cet ensemble fut détruit en 1609, mais une reproduction ou une interprétation libre en est donnée dans les gravures sur bois du graveur parisien Guyot ou Guy Marchant (1485) et les légendes en vers ont été conservées.
De nombreuses danses macabres décoraient les cloîtres et les nefs des églises en France (Sainte-Chapelle de Dijon, 1436 ; La Chaise-Dieu, avant 1460) ; en Allemagne (Marienkirche de Lübeck, peinte en 1463 et restaurée ultérieurement ; Marienkirche de Berlin ; d’Allemagne, le thème se propage en Estonie et en Finlande), en Suisse alémanique (couvent des dominicains de Bâle, env. 1440    ; Berne, 1517, œuvre détruite connue par des copies du xviie s.) et en Angleterre (dans l’ancienne cathédrale de Saint-Paul). En Italie, le thème est rarement représenté et les exemples sont tardifs (San Lazzaro Fuori, Côme, xve s.). Vers 1485 apparaissent des cycles de gravures sur bois représentant des danses macabres qui inspireront certaines fresques du xvie siècle.
La Danse macabre de Bâle, aquarelle de Johann Rudolf Feyerabend (1779-1814), réalisée en 1806 d’après une fresque (de 1440 environ) du couvent des dominicains de Bâle. Historisches Museum, Bâle.
En 1523-1526, l’artiste allemand Hans Holbein le Jeune exécuta une série de dessins qui fut gravée par Hans Lützelburger et publiée à Lyon en 1538. Dans Les Simulacres de la mort, il ne s’agit pas à proprement parler de danse macabre, mais d’imagines mortis où la mort, qui n’entraîne plus l’homme dans sa danse macabre, surprend ses victimes au cours de leurs occupations.
Tous les pays d’Europe fournissent des versions littéraires de la danse macabre, qui comptent un chef-d’œuvre, La Danza general de la muerte, poème espagnol inspiré par les légendes du cimetière des Innocents.
À la Renaissance, le thème est peu à peu abandonné, les peintres (Dürer, Urs Graf, Niklaus Manuel Deutsch) préfèrent les sujets plus limités tels que la Jeunesse et la Mort, la Femme et la Mort, l’Amour et la Mort.
Thème de prédilection des peintres et des graveurs, la danse macabre a peu inspiré les sculpteurs : on citera pour la France la danse macabre en bois de l’aître Saint-Maclou à Rouen et celle du cimetière Saint-Saturnin à Blois ; pour l’Allemagne la danse macabre du Georgenthor, sculptée au xvie siècle.

stephen-wilks-pere-et-fils.1272926990.jpgCe n’est pas auprès des ces ânes  que l’on attrape des coups de pied.
DONKEY ROUNDABOUT  construite à l’identique d’un véritable manège, Cette pièce est une sorte de bilan d’étape dans l’oeuvre de Stephen Wilks.
Elle clôt un ensemble de projets et annonce de nouvelles formes. Six personnages esquissés portent six ânes qui font référence à ceux que l’artiste a envoyés de par le monde depuis quelques années. Tous se retrouvent sur une plateforme au lent mouvement rotatif. Les figures tournent, passent et repassent, et cette révolution renvoie à un principe de quotidien et d’éternel recommencement. Le mécanismeapparent de la pièce, ses roues crénelées, son apparence de grosse horloge, le sourd bruit qui s’en échappe sont autant d’éléments qui renforcent et concrétisent cette idée du temps qui passe. Les personnages fabriqués de bois sont en quelques sortes la modélisation des squelettes qui font leur apparition peu de temps après dans l’oeuvre de l’artiste. Debout sur le carrousel, ils font référence à l’iconographie de la danse macabre : les personnages y sont souvent représentés en cercle dans une attitude dansante. Une fois de plus chez Wilks, c’est l’homme qui porte l’animal. Il renverse les points de vue, surprend et remet en cause les fonctionnements et usages de ses semblables.

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BARCELONA  – Photographie imprimée sur papier. Extrait du voyage de l’âne bleu. Cette image vient contrebalancer le côté fantastique et fictionnel de la première partie de l’exposition. Elle apparaît dans l’exposition à la manière d’un horizon (bleu) et amène une part de réel et d’optimisme. Installée comme une toile de fond, elle donne à l’exposition une ambiance théâtrale renforcée par la foule de fous située en avant de scène.

 

stephen-wilks-caterpillar.1272927121.jpgCATERPILLAR  Animal en tissu, recouvert d’extraits de textes. Symbole de la métamorphose et du devenir, la chenille intervient dans le travail de Stephen Wilks comme le support à une réflexion sur la capacité d’évolution d’un être humain. Si la vieillesse est un thème qui revient de plus en plus fréquemment dans son oeuvre, ce n’est pas seulement à
travers son caractère inévitable et fascinant mais aussi dans ce qu’elle implique en termes de changement. Grandir, c’est vieillir. Vieillir est une mutation lente et permanente de notre nature physique, morale ou intellectuelle. Vieillir est notre quotidien, perceptiblement ou non. La sculpture est gigantesque, lourde et imposante, la chenille dégage une image positive, poétique, évanescente, elle tente d’échapper à la fatalité de l’être. La chenille est le support matériel à des textes que Stephen Wilks est allé puiser du côté des auteurs qui se sont intéressés à la question de la métamorphose. Lewis Caroll côtoie Goethe, Lou Reed et Franz Kafka. De cette allégorie, Stephen  Wilks a également tiré une nouvelle série de dessins qui interviennent comme le miroir de ces écrits. La chenille reprend dans ce cas le rôle qu’il donne d’évidence à ses animaux, elle s’infiltre dans les détails de la vie et en révèle la fragilité.

 

photos de l’auteur – courtoisie Kunsthalle et Stephen Wilks

Voyages extraordinaires au CRAC Alsace

simon-faithfull2.1271106220.JPGL’exposition du CRAC est une extraordinaire invitation au voyage jusqu’en 16 mai 2010. Titre qui ne peut que me plaire.
Qui n’a jamais rêvé de partir à l’aventure, tels que ces étonnants voyageurs, en suivant sa fantaisie, ou comme dans le rêve de Philippe Schweyer, dans le numéro 7 de NOVO, en suivant le méridien de Greenwich, dans une certaine direction, à l’aide d’un GPS, en formulant le voeu de croiser son idole du moment, ou de toute une vie. Or c’est ce que réalise Simon Faithfull, suivi par une caméra pour faciliter les approches.
Ou encore faire la pluie et le beau temps, comme Christophe Keller maître de la pluie.
L’exposition Voyages extraordinaires rassemble une sélection d’oeuvres de Simon Faithfull (britannique, qui vit à Berlin) et Christoph Keller (allemand, qui vit à Berlin), la plupart récentes et inédites en France.
Les univers de ces deux artistes, bien que différents, ont en commun un intérêt pour des corpus de données relevant (plus ou moins directement) de la science ainsi que pour la façon dont ces données pouvent être rejouées dans le champ de l’art.simon-faithfull1.1271106330.JPG
Réactivateurs d’expériences ou d’aventures scientifiques (Escapes Vehicles de Simon Faithfull, Cloudbuster Project de Christoph Keller), Simon Faithfull et Christoph Keller placent la question de la découverte et de l’expédition – qu’elles soient physiques ou mentales – au coeur de leur travail.
La science à laquelle ils font référence et/ou qu’ils utilisent comme matériau est pour l’essentiel une science désuète qui fait la part belle aux mythes et aux utopies (le savant démiurge, l’inventaire du monde, la découverte de nouveaux territoires, etc.).
Ainsi, à partir d’expériences ‘proto-scientifiques’, dont la portée et l’intérêt se situent loin des contraintes de l’innovation et du résultat, ils libèrent le potentiel poétique, mythique ou philosophique de la science. Dans la lignée des récits de Jules Verne, leurs oeuvres mêlent présent (ou passé) technologique et mondes imaginaires, cependant que leurs science-simon-faithfull.1271105108.jpgfictions décalées sont à considérer comme des oeuvres d’anticipation inversées.
L’exposition s’accompagne d’événements qui lui font écho : performances du collectif Ödl autour des oeuvres exposées, conférence sur les liens entre art et science, etc.
Commissaire de l’exposition : Sophie Kaplan
Project Room n°6
En 2010, le CRAC Alsace confie pour une année son Project Room à Dixit (E. Lisa Annicchiarico, Jessica Monnin, Clarisse François), collectif de jeunes historiennes de l’art basées dans le Grand Est, et leur donne ainsi une première occasion de développer un projet curatorial dans la durée.
Le CRAC affirme ici d’une autre manière sa volonté de soutenir la jeune création et la pensée émergente.
Pour leur premier Project Room, les jeunes critiques présentent Mais Godard c’est Delacroix /
Plan 1 avec les artistes The Plug et François Génot.
Une nouveauté au CRAC le petit café dont l’ensemble des responsables se félicitent :

Le Petit Café occupe l’ancien centre de documentation. Respectant l’architecture du lieu et profitant de ses larges fenêtres qui donnent l’impression d’être à la fois à l’intérieur et à l’extérieur, le designer Fred Rieffel a imaginé un ensemble fluide et modulable dans des teintes et matériaux à la fois naturels et contemporains, s’inspirant de l’âme du lieu (un ancien lycée) autant que d’influences variées (bar lounge, bistro). img_3087.1266020292.jpg

Le Petit Café du CRAC se veut un endroit convivial, un lieu d’échanges et de culture, offrant également un nouvel espace de rencontres à Altkirch. Il est constitué de deux parties, un centre de documentation et un café permettant à tous de prolonger la visite des expositions autour d’une boisson, dans un cadre accueillant et chaleureux.

photos de l’auteur

Anne Immele à l'espace Malraux de Colmar

« Mille reflets du ciel
Promenaient, éveillés, les charmes de mes songes,
Et venaient éclipser l’étendard du réel. »
Max Jacob

Comment parler d’une artiste photographe, qui sait mieux que personne présenter son travail ?
En effet sur ses site et blog personnels, Anne Immele, parle avec sensibilité et poésie, de ses motivations, du choix de ses photos, de cette passion qui l’anime, au point de l’enseigner au Quai à Mulhouse, mais aussi à  l’université de Strasbourg. Issue de l’école d’Arles, où elle a acquis un solide bagage, l’artiste nous montre ses travaux récents qui dialoguent entre eux en silence au rythme incessant du projecteur de diapositives où l’image d’une montre sans aiguille revient sans cesse.anne-immele-montre.1270997961.jpg
« le projecteur de diapositives.  Le carrousel effectue un mouvement circulaire, il tourne et projette de manière régulière 80 diapositives, qui sont toujours identiques. Ces diapositives sont des reproductions de la même image d’une montre, qui a la particularité d’avoir perdu ses aiguilles. La montre n’indique plus le temps qui passe, le carrousel tourne, mais –  tout en avançant de manière cyclique – il revient sans cesse à la même image. Il n’y a aucune progression. L’instant n’en finit pas… de se répéter. Le son est particulièrement important : la scansion du carrousel qui avance d’une diapositive à la suivante a remplacé le tic-tac de la montre ». – Anne Immele
anne-immele-paysages-urbains.1270999089.JPGSes formats carrés mettent en avant la problématique architecturale et sa confrontation avec l’humain.
Le regard porté par Anne Immele  nous pousse au questionnement existentiel  à Colmar, à l’espace Malraux, jusqu’au 30 mai 2010.
Tout d’abord les antichambres, qui montre un état des choses, un état des lieux, ces images  qui pourraient paraître calmes, sereines, harmonieuses, or elle espère qu’il n’en est rien, car malgré leur apparence, immobile et hiératique, se sont des forces (intranquilles) agitées, qu’elle souhaite provoquer et convoquer. Les paysages urbains montrent des habitations récentes, des parkings, des chantiers, des lieux incertains, qui caractérisent ce qu’elle ne pourrait  nommer le nivellement. Souvent il s’agit d’un nivellement géographique du terme, par exemple du nivellement du sol, qui a été aplani pour construire des immeubles, mais c’est aussi le nivellement social, avec ces immeubles, qui ne sont pas là pour convoquer la diversité, la singularité, mais au contraire montrent obstinément la similitude, une sorte d’unité, qu’on pourrait qualifier de formatage méticuleusement organisé. Ces paysages urbains sont associés à des portraits.
anne-immele-portraits.1270999194.jpgDans les portraits elle joue entre la faille qui existe entre l’extériorité c’est à dire, la faille  du  visage qui est photographié et l’intériorité  de la personne qui reste toujours inaccessible, et c’est dans cette faille que se joue toute la dimension du portrait, qui est pour elle du registre qu’elle qualifie d’effondrement.
A l’étage on peut voir les paysages immobiles, images saisies, captées dans son quotidien, dans les rues et les lieux qui lui sont familiers, au jour le jour, et là encore il s’agit pour elle de scruter, ce qu’elle nomme avec  Max Jacob – « l’étendard du réel«    qui peut être mieux fixé au sein des associations photographiques.
Les memento mori où elle associe les photographies récentes  avec des petits tirages argentiques polaroïdes qui ont été réalisés pour certains depuis ses débuts dans les classes de la ville de Colmar, qui pour elle sont importants, pour ce qu’elle a pu apprendre de  la photo pas tant  du domaine technique, que du phénomène lié au temps, différentes temporalités.anne-immele-memento-mori.1270999220.jpg
Le temps du tirage photo, qui est un temps long qui est propice à la méditation, dans lequel on laisse l’image advenir, apparaître, et c’est un des sujets de memento mori, c’est principalement ce rapport au photographique et à l’apparition photographique elle-même.
La photographie a un rapport à l’instant éphémère et pourtant cet éphémère reste fixé dans un instant qui n’en finit pas, dans cette dimension temporelle là, qu’elle a voulu travailler. Il y a un autre rapport au temps, c’est celui du regard porté en arrière de manière rétroactive sur des images qui peuvent aussi être habitées par une dimension mémorielle affective, c’est aussi cette dimension là qu’elle a voulu évoquer. Ce n’est pas un hasard si ce travail de memento mori est exposé à Colmar qui est sa ville natale, c’est la conjonction de ses recherches universitaires depuis quelques mois, qu’elle ne voulait pas montrer ailleurs que dans cet espace en priorité.
photos des photos d’Anne Immelé
c’est le comble de photographier des photos, mais comment procéder autrement?
Texte largement inspiré du discours d’Anne Immelé, quasi reproduit à l’indentique.

Cris et Hurlements à Tranches de Quai

img_5101.1270169900.jpg Ambiance déjantée, soirée à décibels, tranches réussies.
Si vous avez envie d’un peu de folie, de crier votre enthousiasme, votre dégoût, votre dépit, vos bonheurs, vos malheurs, de vous déhancher, vous remuer, vous secouer, vous rouler par terre, comme votre voisin ou voisine, venez à Tranches de Quai, c’est le lieu « branché » la soirée récré de l’école des beaux arts de Mulhouse.img_5123.1270206862.jpg
Entre les dessins, les vidéos, les installations, les performances, il faut signaler celle de Anne Zimmermann, en compagnie du batteur et complice Alex Kittel. Alex qui a débuté la soirée en nous gratifiant d’une étonnante musique,  avec son groupe « …… » Avec talent et brio (oui il était de la partie – — pfttt —-) Anne lit des notices dont elle a jonché le sol en début de spectacle, tout en gambadant à travers le hall, ( Nijinski en pantalon ? ) force bisous, œufs et autres ingrédients jetés sur son complice complaisant, Alex. Elle hurle (j’ai dit hurler moi ?, en fait elle ne sussure pas …) son ennui du monde, du tout bio, des vieux magazines des salles d’attente, du commerce équitable, du politiquement correct, en quelque sorte. Elle nous fait part des découvertes d’un chercheur américain sur les valeurs et qualités du sperme, et sur son mode d’emploi qui peut influer l’humeur des dames. Ceci avec démonstration à l’appui à l’aide de subterfuges naturalistes dont elle a le secret.
(point n’étant besoin d’avoir recours aux américains pour connaître une vérité vieille comme le monde …)
Hélas la vidéo étant trop lourde je ne peux vous faire profiter que de la dernière partie et fin.

Sachez que Anne Zimmermann sera à Hégenheim le 25 avril pour une autre performance, en compagnie de Frédéric Weigel, alsacien, vivant à Takasaki-shi, Gunma-Ken, au Japon, qui expose à la FABRIKculture de Hégenheim pendant son séjour en France, jusqu’au 25 avril, horaires vendredi, samedi et dimanche 11 h à 17 h, entrée libre.
Hurlements à l’extérieur, où une jeune femme armée d’un porte voix vantait les mérites de je ne sais trop quoi.
Cris et hurlements, dans les couloirs du Quai à partir de toutes les vidéos, ou encore des films documentaires projetés.

Puis un instant magique, sans cris, sans hurlements, sans un son, sans musique, une danseuse asiatique, par de simples gestes et mouvements de danse, entraîna d’autres danseurs qui se mouvaient sans un son, tout cela allant crescendo, tantôt en solo, en couple, entraînant le public conquis, pour finir en transes et applaudissements. Hélas j’ai scratché la vidéo.
Belle soirée à refaire.

Poisson d'avril ? – La petite sirène a quitté son rocher

la-petite-sirene.1269805321.jpg Non que je la considère comme un poisson, mais je voulais vous entretenir de son voyage
La Petite Sirène de Copenhague part en Chine pour son premier voyage. Le voyage de la Petite Sirène a suscité de vifs débats ces deux dernières années au Danemark, jusque dans les milieux politiques, et notamment à Copenhague, où la majorité des habitants étaient hostiles à son absence pour huit longs mois.
 
Pour « des raisons pratiques et de sécurité », la Petite Sirène, considérée comme un joyau du patrimoine, prendra l’avion jusqu’à Shanghai, les autorités danoises ayant abandonné l’idée de la transporter par bateau, comme prévu initialement.
AFP – La célèbre Petite Sirène a quitté jeudi son rocher du port de Copenhague pour l’exposition universelle de Shanghai, saluée par des danses et des chorales d’enfants danois et chinois pour son premier voyage depuis près d’un siècle hors du Danemark.
Des centaines de personnes s’étaient pressées à l’entrée du port, agitant des drapeaux, pour accompagner ce départ pour la Chine de cette statue quasi-centenaire, héroïne du conteur Hans Christian Andersen.
Sous un soleil printanier, au terme d’une cérémonie de discours, de danses, de chants et au milieu d’acclamations, « la grande dame de Copenhague », a été soulevée dans les airs par une grue géante, marquant le début d’un périple controversé jusqu’à Shanghai où elle sera le clou du pavillon danois.
Le visage ému, Christa Rindom, une institutrice accompagnée de son fils de 8 mois, reconnaît qu’elle a « un pincement au coeur » de voir partir ce symbole de Copenhague. « Elle va me manquer, même si je suis fière qu’elle voyage pour voir le monde et représenter le Danemark », confesse-t-elle à l’AFP.
Le voyage de la Petite Sirène a suscité de vifs débats ces deux dernières années au Danemark, jusque dans les milieux politiques, et notamment à Copenhague, où la majorité des habitants étaient hostiles à son absence pour huit longs mois.
Mais la mairie de Copenhague, propriétaire de la statue, a néanmoins décidé de lui offrir son premier voyage, après des mois de vive polémique.
Ce départ jusqu’en novembre montre « que les Danois veulent bien partager leurs joyaux avec les autres cultures », s’est félicité le ministre danois de l’Economie et du Commerce Brian Mikkelsen, lors de cette cérémonie.
A l’adresse de certains esprits chagrinés, le ministre a rappelé, que « contrairement au conte d’Andersen » dont elle est l’héroïne, « la Petite Sirène rentrera au port de Copenhague » à la fin de l’année.
Pour « des raisons pratiques et de sécurité », la Petite Sirène, considérée comme un joyau du patrimoine, prendra l’avion jusqu’à Shanghai, les autorités danoises ayant abandonné l’idée de la transporter par bateau, comme prévu initialement.
Le départ réel aura lieu dans les jours qui viennent, à une date gardée secrète, la statue devant être préparée et descellée des rochers où elle repose habituellement.
La sirène ne sera pas totalement dépaysée en Chine, puisqu’elle emportera avec elle des tonnes d’eau du port de Copenhague, une eau très propre où les visiteurs du pavillon danois à Shanghai pourront se baigner au cours de l’exposition universelle, du 1er mai au 31 octobre.
La sculpture de bronze d’Edvard Eriksen, de 175 kilos et de 1,65 mètre de haut, est depuis sa création en 1913 une des grandes attractions touristiques du pays scandinave.
Renversée, décapitée, amputée d’un bras, objet de multiples agressions depuis les années 1960, elle a eu une vie mouvementée, au gré de l’actualité. Elle a été aussi déguisée en musulmane voilée d’une burka, aspergée de peinture rouge, rose, verte, ou armée de jouets sexuels.
Inspirée par le conte d’Andersen, elle avait été commandée en 1909 par le fils du brasseur de la bière danoise Carlsberg, Carl Jacobsen.
La réalité a rejoint la fiction ou la rencontre des esprits farceurs ….  petite-sirene-1e-avril.1270211885.jpg
Un squelette est apparu, hier à Copenhague, à l’emplacement habituel de la célèbre statue de la Petite Sirène qui, elle, est en route pour la Chine pour y être exposée. Hanne Strager, responsable des expositions au Muséum d’histoire naturelle de Copenhague, auteur de cette blague de 1er avril, a expliqué que la figure était constituée d’une moitié de squelette humain et d’un espadon.
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En vadrouille dans la capitale

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Si vous me cherchez, je suis, là et ici ou encore 

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Week-end de l’art contemporain en Alsace suite.

Après une pause déjeuner, précédée d’une visite guide de l’exposition « l’ombre des mots » les peintures à l’encre de Chine de Gao Xingjian et les aquarelles de Günter Grass au Musée Wurth, nous avons poursuivi notre périple en visitant la Chaufferie, un moment de vraie jubilation devant les toiles de Christian Zimmert
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« Par l’opération du St-Esprit » se moque t’il de la culture en général ou des grands maîtres en particulier ? L’artiste n’est pas présent pour répondre à nos questions. J’ai adoré « Manipulation génétique, 1989 », (clic) parce que 2 dames n’y ont vu que leurs sempiternelles conserves, asperges et pois …. Ah souvenirs envolés …. Mais aussi  un clin d’œil spécial à mon amie Malou « Tintin au lit à Sète à 77 ans. chritian-zimmert-tintin-au-lit-a-sete-a-77-ans.1269708511.jpg
 Il faudrait les citer toutes,
c’est irrévérencieux, drôle,
autour de Latour, Poussin,
Braque, Matisse, Courbet et les autres ….
en fait je vous incite fortement à aller vous régaler.

Puis ce fut le CEAAC, ou Gérald Wagner nous invita à partager les visions ambivalentes, à la fois contemplatives et mélancoliques que portent les artistes contemporains sur notre monde post-moderne. Quelques vidéos et photos de l’exposition « En présence »  avec les oeuvres de Becky Beasley, Katinka Bock et sa ligne d’éléments naturels qui courent sur le mur, Tacita Dean ou l’histoire de la poire en bouteille,

Wolf von Kries et la vitrine de Léon Vraken, un vrai cabinet de curiosités, nous ont captivés et enchantés tout en nous questionnant  sur les inventions du futur.
Avec le Syndicat Potentiel, – accueilli, par Jean François Mugnier – le choix est autre, Cigdem Mentesoglu,  citoyenne turque, avec « made in Connotation » nous interpelle avec son installation où des images sont projetées sur un lit, entouré de barbelés, sommeil certes, mais songes ou cauchemars, souvenirs d’un ailleurs discriminant ? Métaphore de la distance dans les relations interpersonnelles écrit-elle.cigdem-mentesoglu-lit.1269708790.jpg
Des dessins suspendus le long des murs démentent la distance et nous rapprochent agréablement du propos de l’artiste. Bernard Goy, conseiller pour les arts plastiques, de la Direction Régionale des affaires culturelles, nous fit un rapide survol sur les relations DRAC/FRAC/CRAC et l’art contemporain.
Puis ce fut l’apothéose de la journée, la visite au MAMCS – Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg – de l’exposition « La photographie n’est pas l’art », collection Sylvio Perlstein 
Ce fut une déambulation dans l’histoire de la photographie, avec des œuvres de premier ordre d’une collection exceptionnelle.
Fasciné de longue date par le surréalisme, le collectionneur belgo-brésilien Sylvio Perlstein a réuni une collection exceptionnelle fortement axée autour de ce mouvement. La photographie y tient une place de première importance et Man Ray, que Sylvio Perlstein a connu et dont il possède des tirages d’époque parmi les plus célèbres (entre autres chefs d’œuvre, le Violon d’Ingres, l’Érotique Voilée ou encore La Prière), apparaît comme le cœur de cette collection très personnelle.affi_perlstein.1269708872.jpg
Man Ray est, en effet, l’artiste autour duquel la collection se constitue, donnant à Sylvio Perlstein le goût de réunir les artistes phares des premières heures du surréalisme. Ainsi, les années 1920 et 1930 sont-elles remarquablement représentées par les artistes et les œuvres les plus emblématiques du mouvement fondé par André Breton. Depuis la tonsure en forme d’étoile de Marcel Duchamp sous l’objectif de Man Ray, le même Duchamp étant présent avec une photographie « rectifiée » (le fameux L.H.O.O.Q), jusqu’à Jean Cocteau posant au milieu des masques pour Berenice Abbott, en passant par plusieurs tirages de la Poupée de Hans Bellmer ou encore un des autoportraits travestis de Claude Cahun, l’exposition concentre les plus belles images du surréalisme tout en s’intéressant aux développements contemporains que le mouvement a pu prendre.
Au fil des quelque 200 photographies réunies à cette occasion, le visiteur peut voir comment le regard du collectionneur s’est intéressé de façon très cohérente et toujours plus exigeante à un aspect précis de la création depuis les icônes de la photographie d’hier jusqu’aux créateurs d’aujourd’hui, pistoletto.1269708906.jpgle surréalisme demeurant le fil rouge de cet ensemble d’une rare qualité. L’exposition montre également quelques œuvres non-photographiques minutieusement choisies dans la collection Perlstein, notamment les œuvres de Warhol, Bruce Nauman ou encore Pistoletto.
Le groupe s’est séparé avec regret, en suggérant de renouveler l’aventure au moins deux fois l’an !
Photos  et vidéos de l’auteur sauf l’avant dernière

Marianne Maric

Vous avez pu voir ses photos dans le mensuel NOVO, la page centrale que j’avais intitulée « playmate ».
Sa Lampgirl éclairait l’intimité du Kunsthaus L 6 de Freiburg, pendant la Regionale 2010.marianne-maric-lampgirl-2009.1269695021.jpg
Déconstruire / reconstruire, une image de la femme
À dix ans, Marianne Maric s’enfuit en pleine nuit par la fenêtre de sa chambre après avoir vu L’Enfant sauvage de Truffaut à la télévision. Au bout de quelques heures passées toute seule dans la forêt de la Hardt à observer le manège des sangliers en rut et les combats de cerfs, elle s’endort au bord d’un ruisseau. Au petitmatin, elle est découverte inanimée par un garde forestier qui la ramène à la vie avant de la raccompagner chez ses parents, lesquels ne s’étaient même pas aperçus de sa disparition.
Après cet épisode marquant, Marianne se jure de tout faire pour devenir artiste, afin de réaliser ses fantasmes les plus fous, sans que plus jamais personne ne puisse la ramener à la raison. Quinze ans plus tard, une heure après avoir obtenu le diplôme de l’école supérieure des beaux-arts de Nancy qui lui ouvre grandes les portes de l’inconnu, elle croit reconnaître le garde forestier qui lui a sauvé la vie en couverture d’un magazine pornographique.
Choquée, Marianne décide de retourner au coeur de la forêt munie de son appareil photographique pour tenter de comprendre le monde cruel des hommes. C’est là le point de départ d’un travail influencé à la fois par la photo de mode adulte, les contes de fées de l’enfance et les blessures secrètes de l’adolescence.
PHILIPPE SCHWEYER

marianne-maric-loren-antoine-2009.1269695085.jpg«Depuis que j’ai commencé à faire de la photographie il y a sept ans, je prends mes amies proches pour unique modèle. Mon travail, qui consistait au départ à les photographier dans des mises en scène sophistiquées, généralement situées en extérieur, a glissé vers une approche plus tridimensionnelle du corps de la femme, que j’ai envisagé comme une sculpture. La photographie est aussi pour moi un moyen de suspendre le temps. Mes amies perdent leur identité, on ne voit jamais leur visage. Elles ressemblaient à des jouets cassés ;
poupées aux membres disloqués, petits robots brisés. Mon esprit est ensuite devenu une sorte de sanctuaire dans lequel ces corps objectivés étaient autorisés à reprendre vie. Je les imagine se mouvoir à nouveau lentement, timidement. Ces créatures, que j’ai tout d’abord décidé de figer, je leur redonne vie, au risque qu’elles semblent tout à coup pouvoir échapper à mon contrôle. J’envisage le corps à la manière de William Klein : “une extraordinaire et
fascinante architecture qui vaut vraiment la peine d’être photographiée”. Je tue d’un clic. Initialement je voulais figer ces filles vivantes, maintenant je veux donner vie à ces objets. Cela n’a qu’un seul motif : me permettre de donner une forme au sujet/objet que je veux créer.marianne-maric-lampgirl2.1269695147.jpg
Les filles lampes ont tout d’abord été une manière d’incarner une image de la femme transmise dans notre “société du spectacle”. Puis ce travail s’est inscrit dans un projet plus large, une fois le costume terminé, un modèle “vivant” s’en vêtissait puis prenait place sur une base pivotante blanche dans une salle obscure. Le publicavait le choix d’allumer ou non la lampe, la fille, la pièce… J’ai voulu immortaliser cet instant, ce moment où la femme devient une simple pièce de mobilier. C’est ainsi que sont nées ces photographies.»
MARIANNE MARIC

photo 1 de l’auteur
photos 2 et 3 courtoisie de l’artiste
extrait de la revue « Le Regardeur »

Le Regardeur, art contemporain dans le Lot
est édité par le Conseil Général du Lot et diffusé gratuitement.

Conférence : “La sculpture contemporaine” par Valérie Da Costa

fonderie-kunsthalle-mulhouse.1269696677.jpgLa Kunsthalle propose ce jeudi 25 mars à 18 h 30, une conférence sur le thème de

“La sculpture contemporaine” en marge de l’exposition “Les sculptures meurent aussi”. Elle sera animée par Valérie Da Costa en présence aussi de Lorenzo Benedetti, commissaire invité de la Kunsthalle.

Valérie Da Costa est historienne de l’art et critique d’art. Elle est Maître de conférences en histoire de l’art contemporain à l’Université de Strasbourg et responsable de la rubrique Arts Visuels pour la revue Mouvement.
Parmi ses publications, elle a, entre autres, publié un livre sur Germaine Richier (Ed. Norma, Paris, 2006) et a notamment écrit sur plusieurs sculpteurs contemporains comme Michel Blazy, Anita Molinero, Elsa Sahal, Daniel Dewar&Grégory Gicquel, Javier Pérez, Ann Veronica Janssens, Anish Kapoor, Peter Buggenhout, Berlinde de Bruyckere, Stéphane Thidet….Elle organise en juin 2010 une journée d’études sur la sculpture contemporaine (Situations de la sculpture contemporaine) au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg
La conférence sera suivie d’un débat.
Entrée libre

Week-end de l'art contemporain en Alsace

Ce dimanche a démarré en douceur à la Kunsthalle de Mulhouse, pour la visite de la dernière exposition de Lorenzo Benedetti, « Les sculptures meurent aussi » La Kunsthalle mulhousienne a fait le choix d’une politique d’exposition que l’on peut aisément qualifier d’austère… Ce qui ne dispense pas l’amateur d’art contemporain d’aller à la découverte.les-scultupres-meurent-aussi.1269471604.jpg
Le lieu a reçu récemment l’onction ministérielle de
Frédéric Mitterrand. Comme pour les deux précédentes, le commissaire italien demeure dans une cohérence du choix, privilégiant le questionnement sur la matière et l’objet à travers une famille d’artistes conceptuels ou minimalistes.
Avec « les sculptures meurent aussi », référence au film (1953) de Resnais et Marker, Lorenzo Benedetti invite à s’interroger sur la dimension du temps dans les œuvres mais aussi sur le temps comme matériau :
« Ces œuvres s’intéressent davantage à la métaphore du cours du temps qu’à la problématique de la matérialité. »
Les Sculptures… réunit sept artistes internationaux dont la démarche repose sur la mémoire et le souvenir (les petits totems très «arte povera» de Francesco Arena portant les portraits de Darwin, Kafka, Hannah Arendt etc.), la fragilité alex-cecchetti.1269471570.jpg(Alex Cecchetti et sa « pyramide » de plaques de verre mais aussi des interventions sur des statues du parc de St Cloud), le débris ou les objets rejetés par la société (Oscar Tuazon et la grande sculpture en poutres de bois), les répliques d’un monde absent ou disparu (Guillaume Leblon), la distance infranchissable entre l’objet et sa trace (Michael Dean) ou les objets glanés (Ida Ekblad)…
Enfin, il y a
Fountain, une installation de cinq containers industriels contenant, chacun, 1000 litres d’eau de la fameuse Fontaine de Trevi à Rome. Mandla Reuter travaille sur les relations entre l’intérieur et l’extérieur et sur l’identité et la dissociation de l’espace. Prélevée dans la fontaine, cette vraie eau constitue une sculpture en « mouvement » et accessoirement l’occasion d’un hommage fellinien à la… sculpturale Anita Ekberg.
 texte Pierre-Louis Cereja , l’Alsace le Pays.
Pour nous conduire, une cinquantaine de personnes vers le
FRAC Alsace de Sélestat, où
« L’Art est un jeu. Tant pis pour celui qui s’en fait un devoir »
(Max Jacob, Conseils à un jeune poète, 1945)

2 charmantes personnes, pleines d’attention, Clarisse chargée de la communication à la Kunshalle et Sophie chargée de comm au Lézard de Colmar. Durant tout le parcours elles nous dévoilent la suite du programme, avec compétence et gentillesse, force documentation, vidéos etc….
C’est Anne-Virginie Diez dont la compétence n’est plus à démontrer qui nous accueille.
Cette exposition est construite à partir d’œuvres de la collection du Frac Alsace. Celles-ci renvoient à des choix artistiques affirmés et à la conduite de projets de direction qui encadrent le développement des Frac. Elles sont également destinées à une diffusion vers des publics larges. À ce titre, elles ont été inscrites par le Frac Alsace dans son nouveau dispositif de diffusion par ensembles thématiques Expomobiles. Les œuvres choisies ici sont principalement empruntées aux ensembles J’ai toujours rêvé d’être un artiste et C’est arrivé près de chez vous. Le premier témoigne de la fondamentale liberté d’invention formelle des artistes. Le second rassemble des œuvres dont le ressort est d’engager un face-à-face critique et tendu avec la réalité et l’actualité. Sont également présentés dans cette exposition l’atelier de mise en peinture monté par le peintre Franck Bragigand en partenariat avec l’association Envie à Strasbourg et l’intervention artistique de la photographe Fernande Petitdemange au Lycée d’Enseignement Général et Technologique Agricole d’Obernai.frank-bragigand.1269471590.jpg
Cette exposition a donc valeur de témoignage de l’autonomie des œuvres d’art et de leur irréductibilité aux discours, autant que de dispositif critique des missions d’un Frac. Comme toute démarche de sensibilisation, elle interroge la responsabilité de l’institution à énoncer des discours sur l’art et leur valeur face à l’œuvre. Les discours véhiculent des clés de lecture, quand parfois l’intuition et le regard suffiraient. Comment donner accès aux potentiels de savoir et d’expérience d’une œuvre, qui par essence procède d’une pensée transversale et paradoxale ?
Olivier Grasser – Directeur du Frac Alsace

C’est ainsi que l’on voit  une vidéo de Pascal Bernier, où après les avoir scotchées il massacre allègrement des fleurs. Nous assistons au désastre impuissants, mais qui n’a pas eu envie de faire plus que d’effeuiller une marguerite ?
 

Le travail de Franck Bragigand repose sur une démarche artistique où les objets du quotidien sont élevés au rang d’oeuvres d’art. Depuis plusieurs années, l’artiste collabore avec Envie, association de réinsertion sociale spécialisée dans le traitement et la valorisation de matériel électroménager destiné à la vente. Sollicité en 1999 par l’association strasbourgeoise ACECA pour participer à une exposition à l’occasion des dix ans d’Envie à Strasbourg,
Franck Bragigand a proposé une idée somme toute originale: mettre en peinture chez Envie et par ses personnels des réfrigérateurs d’occasion, pour les inscrire ensuite dans son réseau de diffusion commerciale. Suivant des procédures et une technique déterminées par l’artiste, une peinture monochrome et épaisse est appliquée sur les réfrigérateurs. Ceux-ci sont ensuite proposés à la vente.
Franck Bragigand transforme ainsi un objet fabriqué à des milliers d’exemplaires en oeuvre d’art unique. À partir de cette expérience, l’artiste réalisa des productions ponctuelles de ces réfrigérateurs. Il faut souligner que le travail est exéuté en milieu clos, sans souci de la toxicité de la peinture.
Sophie Staklinmalacchi-farve.1269471977.jpg

À la façon dont on composait jadis un herbier, Fernande Petitdemange entretient avec les plantes qu’elle sélectionne un rapport d’intimité privilégié. Le soin qu’elle a de les cueillir, de les suspendre dans le vide pour les faire sécher, puis de les disposer bien à plat sur un fond résolument blanc pour en tirer une image photographique participe d’une procédure quasi clinique qui vise à faire surgir de ses modèles quelque chose d’une troublante beauté.fernande-petit-demange.1269471581.jpg
Dans le droit fil d’une photographie dite « objective », mais paradoxalement teintée d’énigme, la série des douze Étrangers anonymes de Fernande Petitdemange s’offre à voir comme autant de figures méticuleusement décrites. Il semble y aller d’un soin tout à la fois d’anatomie et de dissection et le résultat plastique le
dispute au dessin d’analyse.
Philippe Piguet
Frank Scurti, un bâton fabriqué à l’aide de cannettes de soda recouvertes d’une peau de serpent, tel un ready-made du bâton de Cadéré.frank-skurti-caducee.1269471628.jpg
Paul Pouvreau, Natures mortes et tableaux vivants, les photographies de Paul Pouvreau cultivent le singulier et l’incongru. Familières d’un travail de composition qui les fait appartenir à la photographie plasticienne, elles sont toujours au bord de quelque chose, entre visible et insensible, entre invisible et sensible. Son art qui consiste à mettre en jeu tant les stéréotypes culturels que les codes visuels, sociaux et économiques de notre
environnement vise à faire de notre monde le théâtre d’un quotidien déroutant et dérisoire, l’artiste n’ayant pas son pareil pour créer des images où la fiction le dispute à la réalité sans que l’on ne sache plus vraiment laquelle est l’une, laquelle est l’autre.

à suivre