du 28 janvier – 21 avril 2024à la Fondation Beyeler Commissaire :l’exposition est placée sous le commissariat de Martin Schwander, Curator at Large, Fondation Beyeler, en collaboration avec Charlotte Sarrazin, Associate Curator.
Martin Schwander, Jeff Wall et Sam Keller directeur de la Fondation Beyeler
Introduction
En ce début d’année, la Fondation Beyeler consacre une importante exposition personnelle à l’artiste canadien Jeff Wall (*1946). Il s’agit de la première exposition de cette envergure en Suisse depuis près de deux décennies. Wall, qui a largement contribué à établir la photographie en tant que forme autonome d’expression artistique, compte aujourd’hui parmi ses représentant·e·s majeur·e·s. Réunissant plus d’une cinquantaine d’oeuvres réalisées au fil de cinq décennies, l’exposition présente une vue d’ensemble très complète du travail précurseur de l’artiste, allant de ses emblématiques grandes diapositives montées dans des caissons lumineux à ses photographies grand format noir et blanc et ses tirages en couleur au jet d’encre. L’exposition met un accent particulier sur les oeuvres des deux dernières décennies, parmi elles des photographies données à voir en public pour la première fois. L’exposition a été conçue en étroite collaboration avec l’artiste.
Son travail
Dans son travail, Jeff Wall sonde les limites entre fait et invention, hasard et construction. Depuis le milieu des années 1970, il a exploré différentes façons d’étendre les possibilités artistiques de la photographie. Wall qualifie son travail de « cinématographie », voyant dans le cinéma un modèle de liberté de création et d’invention, liberté qui avait été freinée dans le domaine de la photographie par sa définition dominante comme « documentaire ». Beaucoup de ses photographies sont des images construites impliquant une planification et une préparation longues et minutieuses, une collaboration avec des acteurs·rices et un important travail de « postproduction ». Jeff Wall crée ainsi des images qui divergent de la notion de la photographie comme principalement une documentation fidèle de la réalité.
Wall est né en 1946 à Vancouver au Canada, où il vit et travaille. Il commence à s’intéresser à la photographie dans les années 1960, âge d’or de l’art conceptuel. À partir du milieu des années 1970, il produit de grandes diapositives montées dans des caissons lumineux. Avec ce format, jusqu’alors associé plutôt à la photographie publicitaire qu’à la photographie d’art, il innove et lance une forme nouvelle de présentation d’oeuvres d’art. Depuis le milieu des années 1990, Wall a encore élargi son répertoire – d’abord avec des photographies noir et blanc grand format puis avec des tirages en couleur. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles dans le monde entier, entre autres à la Tate Modern, Londres (2005), au Museum of Modern Art, New York (2007), au Stedelijk Museum, Amsterdam (2014) et au Glenstone Museum, Potomac (2021).
Evolution
Les images de Jeff Wall évoluent entre instantané documentaire, composition cinématographique et invention poétique libre, confrontant les spectateurs·rices à une vaste palette de sujets et de thèmes, à la beauté et à la laideur, à l’ambiguïté et à l’inconfort. Pour Wall, l’art de la photographie se doit d’être aussi libre que toutes les autres formes artistiques dans son éventail de sujets et de traitements – aussi poétique que la poésie, aussi littéraire que le roman, aussi pictural que la peinture, aussi théâtral que le théâtre, et tout cela avec pour objectif d’atteindre à l’essence même de la photographie.
L’exposition
L’exposition à la Fondation Beyeler s’ouvre dans le foyer du musée avec la juxtaposition de deux oeuvres emblématiques de 1999. Morning Cleaning, Mies van der Rohe Foundation, Barcelonamontre les préparatifs matinaux effectués dans le célèbre pavillon avant l’arrivée des premiers visiteurs. L’agent d’entretien est en train de nettoyer les grandes baies vitrées donnant sur un miroir d’eau, nous faisant ainsi assister à un moment habituellement invisible dans la vie de ce célèbre édifice.
A Donkey in Blackpoolreprésente une étable modeste et pourtant très riche sur le plan visuel, occupée par la figure familière d’un âne, qui nous apparaît ici dans un moment de repos. L’association des deux images réunit des univers socialement et culturellement très différents tout en dirigeant notre attention sur leurs points communs – les êtres humains et les animaux entretiennent tous deux une relation profonde aux intérieurs qui les abritent. L’exposition a été conçue de manière à créer une séquence de comparaisons et de juxtapositions de ce type, tissant des échos et des résonances entre les sujets, les techniques et les genres. Pour le catalogue, l’artiste a rédigé un guide qui présente les différentes dimensions de la production des images et de leur agencement dans l’exposition.
Ainsi, la première salle de l’exposition présente une série de diapositives montées dans des caissons lumineux qui mettent en avant des paysages. Produits entre 1987 et 2005, ces paysages urbains offrent une vaste vision des zones urbaines et périurbaines de Vancouver. Jeff Wall considère les paysages urbains comme un aspect important de son travail, qui lui permet d’explorer l’essence même de la ville, les rapports qu’elle entretient avec les zones non urbaines ou périurbaines qui l’entourent, et sa spécificité en tant que théâtre du maillage infini d’événements qui constituent la vie en société.
Les salles suivantes réunissent des scènes réalisées dans des intérieurs et des extérieurs variés, publics et privés, représentant des hommes et des femmes, des personnes pauvres et aisées, jeunes et âgées – certaines images témoignant d’un travail et d’un artifice recherchés, d’autres ne semblant avoir nécessité aucun effort, en couleur et en noir et blanc, transparentes et opaques, de grand et de petit format, représentant le réel et l’irréel, et un large éventail d’atmosphères, d’états d’esprit et de relations.
Les oeuvres les plus célèbres de l’artiste
L’exposition inclut beaucoup des oeuvres les plus célèbres de l’artiste, parmi elles After ‘Invisible Man’ by Ralph Ellison, the Prologue (1999–2000),
construction d’une scène du roman de 1952 d’Ellison qui montre le jeune protagoniste noir en train de rédiger l’histoire du livre dans son repaire secret en sous-sol, éclairé d’exactement 1369 ampoules électriques. A Sudden Gust of Wind (after Hokusai) (1993), l’une des oeuvres aux dimensions les plus impressionnantes de Wall, est une adaptation contemporaine d’une des planches de la série de gravures sur bois de Katsushika Hokusai Trente-six vues du mont Fuji (1830- 1832). Ces deux images puisent leurs origines dans les oeuvres d’autres artistes ;
Wall s’accorde la liberté de trouver ses sujets là où le mène son imagination. A Sudden Gust of Wind est l’une des premières oeuvres pour lesquelles l’artiste a recouru à la technologie numérique, qui lui permet de combiner plusieurs négatifs individuels en une seule image finale.
Les oeuvres récentes en contrepoint des oeuvres anciennes
La plupart des oeuvres récentes de Wall sont inclues dans l’exposition, généralement présentées en contrepoint à des images plus anciennes. Fallen rider (2022), image d’une femme qui vient de chuter de sa monture,
est accroché face à War game (2007), où trois jeunes garçons, apparemment photographiés pendant un jeu de guerre, sont allongés sous surveillance dans une prison improvisée.
Dans Parent child (2019), c’est une petite fille qui est allongée, cette fois sur un trottoir dans l’ombre paisible d’un arbre, sous le regard d’un homme qui est probablement son père.
Comme des images de film, les photographies de Wall semblent saisir un instant en train de se dérouler – l’avant et l’après demeurent hors champ. Sur un mur voisin est accroché Maquette for a monument to the contemplation of the possibility of mending a hole in a sock (2023), dans lequel une autre figure contemplative, une femme d’un certain âge tenant à la main une aiguille, considère un trou dans le talon usé d’une chaussette mauve. La repriseuse semble irréelle, telle une apparition nous rappelant à l’incertitude qui pèse sur la volonté et la capacité de l’humanité à réparer ce qui a été usé, sursollicité et abîmé.
Le catalogue
Le catalogue de l’exposition, mis en page par Uwe Koch en consultation étroite avec l’artiste, est publié en version anglaise et allemande par Hatje Cantz Verlag, Berlin. Sur 240 pages, il contient des illustrations des oeuvres de l’exposition, une conversation entre Jeff Wall et Martin Schwander, une explication détaillée de l’artiste lui-même de la sélection des oeuvres et de leur accrochage dans les onze salles de l’exposition, ainsi que des essais rédigés par Martin Schwander et Ralph Ubl.
Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler : tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00
Programmation associée « Jeff Wall »
Dimanche, 28 janvier 14h –15h Conférence de Jeff Wall L’artiste canadien Jeff Wall s’exprimera personellement sur place au sujet de son travail actuel et de sa toute nouvelle exposition, qui sera présentée à la Fondation Beyeler du 28 janvier au 21 avril 2024. L’exposition peut être visitée avant et après la manifestation. La conférence sera donnée en anglais. Prix : billett d’entrée Un lundi sur deux à partir du 29 janvier 14h–15h Perspectives – en allemand Un lundi sur deux, nous vous invitons au parcours thématique autour de thèmes choisis, en rapport avec l’exposition « Jeff Wall », en compagnie d’un.e membre de notre équipe de médiation. Ce format vous permet de découvrir les oeuvres sous des angles inattendus, d’élargir vos connaissances et d’approfondir votre compréhension de certaines oeuvres choisies. 29.01. Échos – l’histoire de l’art pour toile de fond 12.02. Une absence – langage et image 26.02. Freeze – l’instant décisif 11.03. Par procuration – poupées, zombies, actrices et acteurs 25.03. Visions du monde – paysage et société 08.04. Poses, postures et gestes – le corps signifiant Prix : billet d’entrée + CHF 7.- Samedi, 3 février Dimanche, 4 février Samedi, 2 mars Dimanche, 3 mars Samedi, 20 avril Dimanche, 21 avril 10h–18h Open Studio – en allemand Au travers de différents ateliers, l’Open Studio offre à ses participants l’opportunité d’aborder et d’approfondir divers thèmes et techniques de travail, ainsi que de s’essayer eux-mêmes à quelques explorations créatives. Sans inscription. Participation gratuite et ouverte à tous les âges (en compagnie d’un adulte pour les enfants jusqu’à 12 ans). Dimanche, 4 février Dimanche, 3 mars Dimanche, 21 avril 11h–12h Visite accompagnée en famille – en allemand Une expérience artistique et ludique pour les enfants de 6 à 10 ans accompagnés de leurs parents. La visite accompagnée et interactive en famille fait de l’art une expérience ludique pour petits et grands. Le nombre de participants est limité. Prix : jusqu’à 10 ans : CHF 7.- /Adultes : billet d’entrée Un mercredi sur deux à partir du 7 février 12h30–13h Conversation autour d’une oeuvre – en allemand Lors de cette confrontation courte mais intense avec une oeuvre d’art choisie, vous aurez accès à des informations sur les singularités de l’oeuvre en question, sur son auteur et sur l’époque de sa genèse. Le nombre de participants est limité. 07.02. Jeff Wall, Dead Troops Talk, 1992 21.02. Jeff Wall, The Storyteller, 1986 06.03. Jeff Wall, After ‘Invisible Man’ by Ralph Ellison, 1999/2000 20.03. Jeff Wall, War game, 2007 03.04. Jeff Wall, In the Legion, 2022 17.04. Jeff Wall, Restoration, 1993 Prix : billet d’entrée + CHF 7.- Mercredi, 7 février Mercredi, 6 mars 18h30–19h30 Visite avec les commissaires de l’exposition Vous souhaitez voir les expositions de la Fondation Beyeler à travers les yeux de celles et de ceux qui les conçoivent ? Cette visite vous en donne l’occasion. Les commissaires ne se contentent pas de vous renseigner sur la conception, l’organisation et la programmation de l’exposition, mais vous apportent également des éclairages sur les artistes, leur époque, la genèse des oeuvres et leur signification dans le contexte artistique. Le nombre de participants est limité. Prix : CHF 35.- / Bénéficiaires d’une rente AI 30.- / Moins de 25 ans 10.- / Art Club, Young Art Club, Amis, Museums-PASS-Musées 10.- Dimanche, 11 février Dimanche, 10 mars Dimanche, 7. avril Visite accompagnée – en français Aperçu de l’exposition « Jeff Wall ». Le nombre de participants est limité. Prix : billet d’entrée + CHF 7.- Jeudi, 22 février Jeudi, 14 mars Jeudi, 11 avril 10h30–11h30 Sketch it! – en allemand « Sketch it » donne l’occasion de se confronter de manière créative à des oeuvres choisies exposées à la Fondation Beyeler. En particulier, les oeuvres photographiques de Jeff Wall nous inspirent à explorer différentes techniques. Nous posons ainsi un regard neuf sur les oeuvres originales. Tous les matériaux nécessaires sont mis à disposition. Prix : billet d’entrée + CHF 10.- Dimanche, 25 février Dimanche, 7 avril 9h–12h L’art au petit déjeuner – en allemand Délicieux petit–déjeuner au « Beyeler Restaurant im Park » suivi d’une visite accompagnée (11–12h) de l’exposition. Le nombre de participants est limité. Attention : la vente des billets se termine le vendredi après-midi. Prix : CHF 80.- / Bénéficiaires d’une rente AI 75.- / Moins de 25 ans 55.- / Art Club, Young Art Club, Amis, Museums-PASS-Musées 48.- Mercredi, 28 février 18h–20h30 Atelier pour adultes – en allemand L’atelier pour adultes offre la possibilité d’approfondir de manière active par la pratique ce que l’on a vu et vécu durant la visite guidée. L’objectif est de comprendre les techniques artistiques en atelier et de les mettre en pratique. Point n’est besoin de notions ni de compétences artistiques; toutes les personnes s’intéressant à l’art – que ce soit sous l’angle esthétique, philosophique ou artisanal – sont les bienvenues. Le nombre de participants est limité. Inscription obligatoire : tours@fondationbeyeler.ch ou 061 645 97 20. Prix : billet d’entrée + CHF 20.- (matériel inclus) Jeudi, 29 février 16h30–17h30 Visite accompagnée pour personnes avec un handicap visuel – en allemand Les visites guidées destinées aux malvoyants et aveugles contiennent des descriptions détaillées qui permettent de faire ressentir l’oeuvre au plus profond. Votre chien guide peut vous accompagner dans le musée. Nous souhaitons vous informer du fait que les oeuvres ne peuvent pas être touchées. Entrée gratuite pour une personne accompagnante. Le nombre de participants est limité. Inscription obligatoire : tours@fondationbeyeler.ch ou 061 645 97 20. Prix : billet d’entrée Jeudi, 7 mars 16h30–17h30 Visite accompagnée pour personnes avec un handicap auditif – en allemand Un(e) interprète traduit les explications des oeuvres d’art de l’exposition en cours simultanément en langage des signes. Le nombre de participants est limité. Inscription obligatoire : tours@fondationbeyeler.ch ou 061 645 97 20. Prix : billet d’entrée Mercredi, 13 mars 14h–16h30 Ateliers pour enfants – en allemand Découverte de l’exposition au cours d’une visite guidée suivie d’expérimentations ludiques dans l’atelier. Inscription obligatoire : tours@fondationbeyeler.ch ou 061 645 97 20. Prix : CHF 10.- matériel inclus Dimanche, 14 avril 10h–18h Journée des familles – en français, allemand & anglais Organisée autour de l’exposition « Jeff Wall », la Journée des familles sera consacrée aux histoires, aux secrets et aux ambiances qui imprègnent les univers visuels de l’artiste canadien. Des visites guidées en famille offriront un accès amusant aux oeuvres et aux thèmes de l’exposition. Les plus jeunes pourront voyager sur le tapis des contes ou explorer le musée en compagnie de Fred l’écureuil. Des ateliers pour tous les âges proposeront des activités de création, de découverte et de jeu. Toutes les animations de la Journée des familles sont comprises dans le billet d’accès au musée. L’accès au musée est gratuit jusqu’à 25 ans
Depuis six ans, La Quinzaine de la Danse est devenue un rendez-vous incontournable sur le territoire de l’Agglomération mulhousienne. Il permet de partager et de faire rayonner le travail que nous portons ensemble à trois structures. Aujourd’hui, plus que jamais, nous pensons qu’il nous faut retrouver du sens et continuer à favoriser l’accès du plus grand nombre aux œuvres. Nous nous plaçons ensemble, artistes, spectateur·rices, en plein milieu d’un monde qu’il nous faut sans cesse interroger, comprendre, poétiser. Engagée sur les enjeux esthétiques et les questions de société, la programmation ouvre les regards vers tant d’horizons. C’est dans cette perspective que nous nous sommes engagés à représenter et soutenir la danse dans sa pluralité. La multiplicité des styles et la richesse des cultures chorégraphiques représentées dans nos structures nous permettent de programmer sur ce temps de festival une grande diversité d’artistes. Nous renforçons nos liens avec le Canada en accueillant deux propositions qui traversent l’Atlantique pour venir à votre rencontre.
Venez célébrer la danse à nos côtés, voyagez d’une structure à l’autre, profitez du pass Quinzaine, vibrez avec les propositions qui gravitent autour de La Quinzaine. Bon festival !
Initiée par Thomas Ress, directeur de l’ESPACE 110 – Centre Culturel d’Illzach et également portée par Benoît André, directeur de La Filature, Scène nationale de Mulhouse et Bruno Bouché, directeur du CCN•Balletdel’OpéranationalduRhin, la 6e édition de La Quinzaine de la Danse offre au public de l’agglomération mulhousienne un programme inédit dansplusieurslieuxpartenaires.
Le premier spectacle à plein tarif donne accès aux autres spectacles au tarif partenaires sur présentation du premier billet, dans toutes les structures
Les adresses de La Quinzaine :
ESPACE 110 – CENTRE CULTUREL D’ILLZACH 1 avenue des rives de l’Ill 68110 ILLZACH +33 (0)3 89 52 18 81 www.espace110.org
LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE DE MULHOUSE 20 allée Nathan Katz 68100 MULHOUSE +33 (0)3 89 36 28 28 www.lafilature.org
CCN•BALLET DE L’OPÉRA NATIONAL DU RHIN 38 passage du Théâtre 68100 MULHOUSE +33 (0)3 89 45 94 10 www.operanationaldurhin.eu
PATINOIRE OLYMPIQUE DE MULHOUSE 47 boulevard Charles Stoessel 68200 MULHOUSE
LA PASSERELLE, CENTRE SOCIAL ET RELAIS CULTUREL au Trèfle, allée du Chemin Vert 68170 RIXHEIM +33 (0)3 89 54 21 55 www.la-passerelle.fr
GYMNASE MAURICE SCHOENACKER rue Jules Verne 68200 MULHOUSE
Création mondiale. Production du CCN • Ballet de l’Opéra national du Rhin et de La Compagnie des Petits Champs.
D’après They Shoot Horses, Don’t They? (1935) de Horace McCoy.
Règlement du marathon de danse à l’usage des compétiteurs: 1. La compétition est ouverte à tous les couples amateurs ou professionnels. — 2. Le marathon n’a pas de terme fixé : il est susceptible de durer plusieurs semaines. — 3. Le couple vainqueur est le dernier debout après abandon ou disqualification des autres compétiteurs. — 4. Les compétiteurs doivent rester en mouvement 45 minutes par heure. — 5. Un genou au sol vaut disqualification. — 6. Des lits sont mis à disposition 11 minutes durant chaque pause horaire. — 7. Baquets à glaçons, sels et gifles sont autorisés pour le réveil. — 8. Les compétiteurs se conforment aux directives de l’animateur. — 9. Sponsors et pourboires lancés sur la piste par le public sont autorisés. — 10. Des collations sont distribuées gracieusement durant la compétition. — 11. L’organisateur décline toute responsabilité en cas de dommage physique ou mental.
En 1935, l’écrivain américain Horace McCoy décrivait dans On achève bien les chevaux le spectacle mortifère d’individus tombés dans la misère, réduits pour quelques dollars à danser jusqu’à épuisement pour divertir un public en mal de sensations fortes. Après une première adaptation au cinéma par Sydney Pollack en 1969, Bruno Bouché, Clément Hervieu-Léger et Daniel San Pedro s’emparent à leur tour de ce roman noir pour créer ensemble une nouvelle forme de danse-théâtre, réunissant sur scène quarante-quatre danseurs, comédiens et musiciens.
Coproduction avec la Maison de la danse, Lyon-Pôle européen de création, la Scène nationale du Sud Aquitain et la Maison de la culture d’Amiens, Pôle européen de création et de production
Assistant mise en scène et dramaturgie : Aurélien Hamard-Padis Scénographie : Bogna Grażyna Jaroslawski, Aurélie Maestre Costumes : Caroline de Vivaise Lumières : Alban Sauvé Son : Nicolas Lespagnol
Les artistes
Comédiens : Louis Berthélémy, Luca Besse, Clémence Boué, Stéphane Facco, Joshua Hoffalt, Juliette Léger, Muriel Zusperreguy, Daniel San Pedro
Musiciens : M’hamed El Menjra, David Paycha, Noé Codjia, Maxime Georges
CCN • Ballet de l’Opéra national du Rhin
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Sans titre – Ukraine dénonce par l’art les horreurs de la guerre
Lors de la Biennale de Venise en avril 2022, le Président ukrainien Volodymyr Zelensky, a exhorté les artistes du monde entier à soutenir l’Ukraine. LesÉditions Jannink ont répondu à cet appel en demandant à l’artiste-plasticien Jean Pierre Raynaud de faire don à l’Ukraine d’une oeuvre inédite. À l’instar de Guernica (1937) de Picasso, Raynaud a repris les dimensions exactes (3,49 m x 7,76 m) de cette oeuvre emblématique. Comme la toile du peintre espagnol, les deux toiles monumentales étaient exposées à la foire d’art contemporain ST-ART à Strasbourg 2023, pour entamer une tournée d’expositions mondiale.
Après la Sorbonne à Paris et ST-ART à Strasbourg, je suis très heureux que la Ville de Schiltigheim, avec sa Maire Danielle Dambachet son adjointe à la Culture, aux Participations Citoyennes et à la Politique de la Ville, Nathalie Jampoc-Bertrand, marquent leur soutien dans ce réseau international 1937 Guernica / Ukraine 2022 que nous mettons en place avec Baudouin Jannink, initiateur de ce projet. Robert Becker
Nathalie Jampoc-Bertrand nous dit :
« Parce qu’il n’est jamais vain de s’engager contre la violence, pour la paix et qu’il est essentiel de rappeler que l’art est un révélateur de l’Histoire, la Ville de Schiltigheim renouvelle ainsi son soutien à l’Ukraine et son engagement aux côtés des victimes de la guerre.«
Cette œuvre monumentale réalisée par l’artiste Jean Pierre Raynaud en réponse à l’appel du Président Zelensky pour soutenir son pays suite à l’invasion de son pays, en écho au Guernicade Picasso, symbole pour la paix, sera exposée avec la reproduction en taille réelle de Guernica dans la salle de l’Aquarium de la Mairie de Schiltigheim.
Information importante
Mardi 23 janvier 2024 à 18h30: Inauguration officielle avec Danielle Dambach, Nathalie Jampoc-Bertrand, Adjointe et Baudouin Jannink, éditeur d’art qui a proposé à Jean Pierre Raynaud de relever ce défi.
Suivi d’une Performance de Geneviève Charras avec Baudouin Jannink Aphorismes dansés #2 face aux œuvres dans l’Aquarium.
Et d’un récital piano-voix de Hanna Koval et Olga Fekete
Entrée libre sur invitation.
Si vous souhaitez une invitation* pour le vernissage, merci de le demander par mail. à Robert Becker
à Auvers-sur-Oise, Vincent van Gogh, Champ de blé sous des nuages d’orage, 1890, huile sur toile, Amsterdam
Au musée d’Orsay jusqu'au 4 février 2024 Commissariat : Emmanuel Coquery, conservateur général, directeur du développement culturel et du musée de la Bibliothèque nationale de France, Paris ; Nienke Bakker, conservatrice des peintures au Van Gogh Museum, Amsterdam. En collaboration avec Louis van Tilborgh et Teio Meedendorp, chercheurs au Van Gogh Museum, Amsterdam. Exposition organisée par l’Établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie – Valérie- Giscard-d’Estaing, Paris, et le Van Gogh Museum, Amsterdam.
Les derniers mois
Cette exposition événement – d’abord présentée au Van Gogh Museum à Amsterdam jusqu’au 3 septembre 2023 – est consacrée aux œuvres produites par Vincent van Gogh durant les deux derniers mois de sa vie à Auvers-sur-Oise, près de Paris : un véritable chant du cygne où l’artiste, plus prolifique que jamais, livre toutes ses dernières forces dans son art. L’exposition constitue l’aboutissement d’années de recherches sur cette phase cruciale de la vie de l’artiste.
Arrivé à Auvers-sur-Oise le 20 mai 1890, Vincent van Gogh y décède le 29 juillet à la suite d’une tentative de suicide. Durement éprouvé par les différentes crises subies à Arles puis dans l’asile de Saint-Rémy, Vincent van Gogh se rapproche de Paris et de son frère Théo, désormais marié et père d’un petit Vincent, pour retrouver un nouvel élan créatif. Le choix d’Auvers tient à la présence dans le village du Dr Gachet, médecin spécialisé dans le traitement de la mélancolie, et par ailleurs ami des impressionnistes.
Van Gogh s’installe au centre du village, dans l’auberge Ravoux, et explore tous les aspects du nouveau monde qui s’offre à lui, tout en luttant contre des inquiétudes multiples, alors même qu’il connaît une notoriété naissante dans la critique. Aucune exposition n’a encore été consacrée exclusivement à cette ultime période de sa carrière, alors qu’à Auvers, l’artiste a produit 73 tableaux et 33 dessins, parmi lesquels des chefs-d’œuvre iconiques comme Le Docteur Paul Gachet,
L’église d’Auvers-sur-Oise, ou encoreChamp de blé aux corbeaux. L’exposition met en lumière cette période prolixe, à travers une cinquantaine de tableaux et une vingtaine de dessins. Elle présente notamment une série unique dans l’œuvre de van Gogh : onze tableaux d’un format allongé en double carré, et se conclut par une plongée dans la dimension cinématographique du mythe van Gogh.
Biographie
La vie de van gogh 30 mars 1853 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Vincent van Gogh naît à Zundert (Pays-Bas), dans une famille bourgeoise. Son père, Theodorus van Gogh, est pasteur. 1869 – 1876 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Van Gogh est employé chez Goupil & Cie, maison de commerce d’art, à La Haye, Londres puis Paris. 1878 – 1880 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Après des études abandonnées de théologie, il devient prédicateur laïc dans le Borinage, près de Mons, en Belgique, auprès d’une population de mineurs de charbon. 1880 – 1886 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Il décide de devenir artiste, prend des cours de peinture mais se forme surtout en autodidacte, à La Haye, dans la Drenthe, et à Nuenen. Son frère Theo subvient à ses besoins. février 1886 – février 1888 . . . . . . . . Il vit chez Theo à Paris, côtoie Émile Bernard, Paul Gauguin, Henri de Toulouse-Lautrec ou Paul Signac, et expose ses oeuvres. février 1888 – mai 1889 . . . . . . . . . . . . Il s’installe à Arles. Le 23 octobre, Gauguin le rejoint et travaille avec lui. Le 23 décembre, après une dispute, Van Gogh se tranche l’oreille gauche. Ses premières crises de démence apparaissent. mai 1889 – mai 1890 . . . . . . . . . . . . . . . . . Il est interné à l’asile Saint-Paul-de-Mausole, près de Saint-Rémy-de-Provence. 20 mai – 29 juillet 1890 . . . . . . . . . . . . Van Gogh s’installe à Auvers-sur-Oise, à l’auberge Ravoux. Il meurt des suites d’un coup de revolver dans la poitrine, tiré le 27 juillet.
Sa dernière toile
Les Racines 1890
Autour de l’exposition
En visite Réalité virtuelle « La palette de Van Gogh » Activité proposée pendant toute la durée de l’exposition Réservation obligatoire sur billetterie.musee-orsay.fr Durée : 10 min / tarif : 6 € (n’inclut pas le droit d’entrée au musée)
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À l’occasion de la célébration des cinquante ans de la mort de Pablo Picasso, l’exposition « Picasso. Dessiner à l’infini », organisée par le Centre Pompidou en collaboration avec le Musée national Picasso - Paris, met en lumière la part la plus foisonnante de sa création à travers la présentation de près de mille œuvres (carnets, dessins et gravures).
(18 octobre 2023 – 15 janvier 2024) Galerie 1, niveau 6
qui explore toutes les possibilités du dessin.
Commissariat
Anne Lemonnier, attachée de conservation, Musée national d’art moderne
Johan Popelard, conservateur du patrimoine, en charge des arts graphiques, Musée national Picasso-Paris
Réalisation : Clara Gouraud
Montage et mixage : Antoine Dahan
Habillage musical : Sixième son
L’exposition met en lumière la part la plus foisonnante de sa création en réunissant près de mille oeuvres : carnets, dessins et gravures dont la plupart sont issues de la collection du Musée Picasso-Paris. Depuis les études de jeunesse jusqu’aux oeuvres ultimes, le dessin est le lieu, pour Picasso, d’une invention toujours renouvelée autour des puissances du trait, allant de la ligne serpentine au dessin hachuré et aux compositions proliférantes, des nuances délicates du pastel aux noirs profonds de l’encre. Cette traversée de l’oeuvre graphique, sorte de journal intime tenu compulsivement, dont les carnets sont les exemples les plus précieux, offre une immersion au coeur du travail du dessinateur. L’exposition met en avant l’extraordinaire collection du Musée national Picasso-Paris, issue des ateliers de l’artiste et conservée par lui jusqu’à sa mort. Le parcours proposé, non linéaire, bousculant la stricte chronologie, permet de créer des échos entre différentes périodes et met en regard des chefs-d’oeuvre reconnus et des dessins présentés pour la première fois. Plus grande rétrospective de l’oeuvre dessiné et gravé jamais organisée, « Picasso. Dessiner à l’infini » plonge le visiteur dans le tourbillon de la création picassienne.
Parcours de l’exposition
Visages
Au cours de son oeuvre, Pablo Picasso n’a cessé d’inventer et d’expérimenter, prenant souvent le contrepied de ce qu’il avait fait dans la période précédente. Dans ses ateliers étaient rassemblées des oeuvres de toutes les périodes et de tous les styles, accrochées ou simplement posées contre le mur, créant des dialogues inattendus, des jeux d’échos ou de dissonances. S’il est impossible d’avoir une vue globale de l’oeuvre prolifique de l’artiste, les douze dessins rassemblés ici autour du motif du visage permettent d’en saisir l’extraordinaire variété technique et stylistique, témoignant d’un questionnement toujours renouvelé sur les moyens de la représentation :
« Qu’est-ce qu’un visage, au fond ? » se demandait Picasso en 1946, « sa photo ? son maquillage ? […] Ce qui est devant ? Dedans ? Derrière ? Et le reste ? Chacun, ne le voit-il pas à sa façon ? »
Ligne pure et prolifération
En bleu
À partir de 1902, la couleur bleue devient dominante dans les oeuvres de Picasso, définissant une période de quelques années dans la production de l’artiste. Guillaume Apollinaire sera le premier à évoquer rétrospectivement ces « peintures bleues » dans un article de 1905. Les figures de marginaux et les scènes nocturnes dans les cafés, presque monochromes, acquièrent une dimension tragique. Le critique Christian Zervos note le « charme étrange » de ces figures qui reviennent « souvent hanter » le spectateur. Dans les écrits de Picasso, le bleu revient aussi avec insistance, notamment dans Les Quatre Petites Filles, une pièce de théâtre qu’il compose en 1947-1948, où il rend un hommage vibrant à cette couleur : « le bleu, le bleu, l’azur, le bleu, le bleu du blanc,le bleu du rose, le bleu lilas, le bleu du jaune, le bleu du rouge, le bleu citron, le bleu orange… ».
Saltimbanques
En 1905, les peintures, dessins et gravures de Picasso se peuplent de saltimbanques. Le cirque Medrano dresse alors son chapiteau à quelques pas de son atelier du Bateau‑Lavoir, au pied de la butte Montmartre. Mais plutôt que les feux de la piste, c’est l’envers du décor – la pauvreté, la marginalité, l’errance – que Picasso dépeint ; en cela, il s’inscrit dans une lignée poétique, celle de Charles Baudelaire et de Paul Verlaine. Les échanges avec Guillaume Apollinaire, rencontré cette même année 1905, sont fondateurs. Dans « Crépuscule », le poète évoque une arlequine « frôlée par les ombres des morts », un charlatan « crépusculaire », un arlequin « blême » et un aveugle qui « berce un bel enfant » – à l’intersection entre deux mondes, les saltimbanques sont des passeurs vers l’au-delà.
Nus rouges
Entre la fin de l’année 1906 et l’été 1907, Picasso multiplie les esquisses, notamment dans seize carnets de formats divers, à travers lesquels se cristallise progressivement la composition des Demoiselles d’Avignon. Le poète André Salmon décrit « l’inquiétude » de l’artiste dans les mois qui précèdent l’élaboration du tableau : « Il retourna ses toiles et jeta ses pinceaux. Durant de longs jours, et tant de nuits, il dessina, concrétisant l’abstrait et réduisant à l’essentiel le concret ». De grands nus féminins, dessinés à la gouache ou à l’aquarelle rouges, sont parmi les premières oeuvres qui annoncent cette intense phase de travail. Comme absorbées dans un rêve intérieur, les yeux souvent clos, ces apparitions féminines deviennent des images entêtantes, répétées d’un dessin à l’autre.
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Albrecht Dürer, Adam et Eve, 1504. Gravure sur bois. Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris. Crédit : Paris Musées / Petit Palais
Au Petit Palais jusqu'au 14 janvier 2024 Commissariat : Annick Lemoine, directrice du petit Palais et commissaire générale Anne-Charlotte Cathelineau, conservatrice en chef du patrimoine, chargée des collections d’arts graphiques avant 1800 et des sculptures. Clara Roca, conservatrice du patrimoine, chargée des collections d’arts graphiques après 1800 et de photographies. Joëlle Raineau-Lehuédé, collaboratrice scientifique au département des arts graphiques.
Prologue
Le Petit Palais met à l’honneur son riche cabinet d’arts graphiques à travers une sélection de près de 200 feuilles des grands maîtres de l’estampe comme Dürer, Rembrandt, Callot, Goya, Toulouse- Lautrec, entre autres… L’estampe tient une place prépondérante dans la collection du Petit Palais. Elle est le reflet du goût de ses illustres donateurs, les frères Auguste et Eugène Dutuit et du conservateur Henry Lapauze, à l’origine d’un musée de l’Estampe moderne créé en 1908 au sein même du Petit Palais. En suivant le fil de l’histoire des collections, l’exposition permet à travers ses plus beaux trésors de découvrir un panorama inédit de l’estampe du XVe au XXe siècle.
L’exposition
La première partie de l’exposition présente une sélection des plus belles feuilles de la collection Dutuit qui en comprend 12 000, toutes signées des plus grands peintres graveurs de leur temps. Ces oeuvres rassemblées sous l’impulsion d’Eugène Dutuit se caractérisent par leur qualité, leur rareté et leur pedigree, en témoigne La Pièce aux cent Florins de Rembrandt, exceptionnelle de par sa taille (près de 50 centimètres de large) et de par son histoire puisqu’elle appartint à Dominique-Vivant Denon, premier directeur du Louvre.
Parmi les 45 artistes présentés, quatre d’entre eux, aux univers extrêmement puissants, ont donc été choisis pour illustrer ce « goût Dutuit » : Dürer, Rembrandt, Callot et Goya. Le Petit Palais possède 264 estampes originales d’Albrecht Dürer (1471-1528). La sélection présentée permet de retracer l’ensemble de sa carrière, à la fois sa production religieuse comme Adam et Ève et L’Apocalypse mais également des sujets profanes comme Melencolia et La Grande Fortune ou plus singuliers comme Le Rhinocéros.
En parallèle, deux gravures exceptionnelles sont présentées, l’une d’Antonio Pollaiolo,
la plus grande gravure du Quattrocento, qui nourrit plusieurs oeuvres de Dürer et l’autre de Marcantonio Raimondi dont la figure principale reprend directement le motif de La Sorcière de l’artiste allemand.
Le parcours s’arrête ensuite sur Jacques Callot (1592-1635), célèbre maître nancéen de l’eau-forte dont le musée détient plus de 700 estampes. Les oeuvres exposées montrent à quel point cet artiste brilla par son imagination débridée et son caractère fantasque mais également par sa capacité à créer dans ses minuscules estampes un véritable microcosme fourmillant d’une multitude de détails et de personnages.
L’exposition se poursuit avec Rembrandt (1606-1669), sans doute l’artiste qui fascina le plus Eugène Dutuit. Ce dernier collecta un fonds exceptionnel de 375 estampes du maître pendant plus de cinquante ans. La collection comprend des pièces majeures et rares qui permettent d’embrasser toute la carrière du peintre-graveur hollandais et de retracer son évolution stylistique, iconographique et technique.
Enfin, le parcours présente un ensemble exceptionnel d’estampes de Goya (1746-1828)
dont des épreuves d’état de la Tauromachie et un remarquable album des Caprices.
La création contemporaine
Grâce aux frères Dutuit, la place de l’estampe au sein des collections du Petit Palais est assurée, mais elle doit encore s’ouvrir à la création contemporaine. Henry Lapauze en sera la cheville ouvrière. En 1908, son travail est consacré par l’inauguration du musée de l’Estampe moderne au sein du Petit Palais. Pour le constituer, Lapauze sollicite de nombreux dons de marchands et collectionneurs comme Henri Béraldi qui offre au musée 100 portraits d’hommes d’État, de savants ou d’artistes dont plusieurs sont présentés dans l’exposition. Il obtient également des dons d’artistes et de familles d’artistes. Les noms égrainés indiquent bien le succès de cette collecte : Buhot, Bracquemond, Chéret, Steinlen, Toulouse-Lautrec… Tous ont marqué l’histoire de l’estampe et dessinent le visage de la gravure contemporaine, essentiellement parisienne, des premières années du XXe siècle. Les oeuvres rassemblées offrent un panorama d’un Paris 1900 aussi spectaculaire, effervescent que socialement inégalitaire.
Henri Lapauze accueille également les estampes commandées et éditées par la Ville de Paris dont l’exposition présente un très bel exemple, Le Triomphe de l’Art d’après Bonnat, accompagné de son dessin préparatoire et de sa matrice gravée. En contrepoint de ce parcours en noir et blanc, l’estampe en couleurs vient clore l’exposition, bien représentée notamment par un bel ensemble de portraits et de paysages acquis grâce au soutien du marchand d’art et éditeur Georges Petit. Enfin, une sélection des dernières acquisitions, dont des estampes d’Auguste Renoir, Anders Zorn et Odilon Redon, montre le dynamisme de la politique d’acquisition du musée.
Plusieurs dispositifs de médiation permettent de se familiariser avec les différentes techniques de l’estampe : la gravure sur bois, l’eau-forte et l’eau-forte en couleurs, le burin et la lithographie. En fin d’exposition, après avoir visionné une démonstration filmée de réalisation d’une eau-forte, le visiteur expérimente lui-même ce processus créatif grâce à une table numérique ludique afin de créer une oeuvre qu’il peut recevoir par e-mail et partager sur les réseaux sociaux.
Informations pratiques
Horaires d’ouverture Du mardi au dimanche de 10h à 18h Nocturnes : vendredis et samedis jusqu’à 20h Fermé les 1er et 11 novembre, 25 décembre, 1er janvier. Accès En métro Lignes 1 et 13 : Champs-Élysées Clemenceau Ligne 9 : Franklin D. Roosevelt En RER Ligne C : Invalides En bus Lignes 28, 42, 72, 73, 80, 83, 93
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Jusqu'au 7 JANVIER 2024au musée Picasso commissaire : Cécile Godefroy est historienne de l’art, docteure de l’université Paris IV - Sorbonne, membre de l’Association Internationale des Critiques d’art, elle est Responsable du Centre d’Etudes Picasso qui ouvrira en décembre 2023 au Musée national Picasso-Paris.
Si vous pensez voir des Picasso, passez votre chemin. Si vous êtes des inconditionnels de Sophie Calle, cette exposition est pour vous. Invitée pour une Carte blanche au musée Picasso-Paris dans le cadre des évènements autour des 50 ans de la mort du géant de l’art moderne, Sophie Calle investit les quatre niveaux du bâtiment déployant son travail autour de deux grands thèmes : la question du regard et celle de la disparition et de la mort.
Prologue
Sophie Calle célèbre à sa manière les 50 ans de la mort de Pablo Picasso, en investissant la totalité des quatre étages de l’hôtel Salé avec une proposition d’exposition inédite. Organisée en quatre temps correspondant aux quatre étages du musée, l’exposition À toi de faire, ma mignonne prend le contre-pied des multiples évènements de la « Célébration Picasso 1973-2023 » qui mettent à l’honneur l’artiste espagnol. L’exposition de Sophie Calle porte un regard curieux et décalé sur un choix d’oeuvres emblématiques de Picasso dont l’artiste convoque les images ou la mémoire au travers d’un récit personnel qui se déroule au rez-de-chaussée du musée. Avec cette exposition, qui au fil des étages se déploie indépendamment de Picasso et prend un caractère volontiers rétrospectif, Sophie Calle explore certaines des thématiques qui lui sont centrales telles que la privation du regard ou la disparition en ayant recours à l’archive et à l’écriture comme sources et matières premières de sa création. Relevant le défi de l’invitation, l’artiste interroge avec esprit et profondeur la réception critique de son oeuvre et son souci de transmission aux générations futures.
PARCOURS D’EXPOSITION
PICALSO
Niveau 0
Le rez-de-chaussée de l’hôtel Salé marque l’entrée en scène de Sophie Calle au musée Picasso. À l’exception de trois autoportraits de Picasso qui entourent l’artiste faisant sa mignonne, ici incarnée par la présentation du polar qui donna titre à l’exposition, l’étage joue sur une présence en creux du peintre espagnol. À l’appui d’un récit personnel, Sophie Calle initie le dialogue en usant d’anecdotes et souvenirs – certains remontant à l’enfance -, de contrepoints visuels et de détournements. Avec les «Picasso confinés », ce sont les tableaux accrochés, protégés de la lumière et photographiés pendant le confinement qui sont donnés à voir.
L’absence rode également sur les « Picasso fantômes », soit cinq tableaux majeurs de Picasso que de grands voilages, brodés au format des oeuvres, couvrent de descriptions récoltées auprès du personnel du musée à un moment où les oeuvres étaient prêtées à l’extérieur.
Une composition monumentaleenfin, au format de la célèbre peinture Guernica, fait oeuvre collective en réunissant près de deux cents photographies, objets et miniatures de la collection personnelle de Sophie Calle, provenant pour la plupart d’échanges avec les artistes, de Christian Boltanski à Tatiana Trouvé en passant par Miquel Barceló, Damien Hirst et Cindy Sherman.
Salle 0.1
2019. Premier rendez-vous et proposition d’investir le musée Picasso en 2023, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de l’artiste. Sans LUI, si je préfère. Les mots de ma mère se frayent un chemin, le syndrome d’imposture dans leur sillage. Lors d’un vernissage au musée d’Art moderne, à New York, découvrant mes oeuvres entre celles de Hopper et de Magritte, elle s’était exclamée : « Tu les as bien eus ! » Cette fois, je l’imagine chuchoter : « Pourquoi toi ? »
Récapitulons. Il y a ma toute première oeuvre, du moins celle à laquelle mon père conféra ce statut en l’encadrant, et dont il recopia la légende crayonnée au dos, qui s’effaçait. J’avais peut-être six ans, et ce dessin fit dire à ma grand-mère qu’il y avait un Picasso dans la famille.
Il y a Tête, un Picasso volé à Chicago, dont j’avais fait le portrait-robot à partir des souvenirs de ceux qui l’avaient côtoyé. Il y a Prolongation, titre d’une de ses expositions en Avignon, que je me suis promis d’emprunter un jour. C’est maigre.
Salle 0.2
Les Picasso Confinés.
Deuxième rendez-vous au musée Picasso, durant le confinement. Pas de visiteurs. Les Picasso sont protégés, emballés, dissimulés. Dessous. Une présence fantomatique, moins intimidante, que j’ai immédiatement photographiée. Avant même de le savoir, je venais d’accepter.
Salle 0.5
Les Picasso fantômes
Lors de mes premières visites, La Mort de Casagemas, Grande baigneuse au livre, Paul dessinant, Homme à la pipe et La Nageuse manquaient pour cause de prêt. J’ai demandé aux conservateurs, aux gardiens et à d’autres permanents du musée de me les décrire. À leur retour, je les ai voilés avec les souvenirs qu’ils laissent lorsqu’ils s’absentent.
Sophie Calle, Paul jouant
LES YEUX CLOS
Niveau 1
Le premier étage s’amorce sur une anecdote relatée par Cocteau de Picasso observant en Avignon un peintre à moitié aveugle peignant le château des Papes à partir des seuls mots de sa femme. En réponse à la crainte bien connue de Picasso de perdre un jour la vue, Sophie Calle réunit un ensemble d’objets, de photographies et de vidéos consacrés au thème du regard – regard clos, inédit (« Voir la mer »), privé (« La dernière image », « Les Aveugles »), etc.
Picasso dit souvent que la peinture est un métier d’aveugle. Il peint, non ce qu’il voit, mais ce qu’il en éprouve, ce qu’il se raconte de ce qu’il a vu. Jean Cocteau
LES AVEUGLES
Salle 1.3 J’ai rencontré des gens qui sont nés aveugles. Qui n’ont jamais vu. Je leur ai demandé quelle est pour eux l’image de la beauté.
VOIR LA MER
Salle 1.4 À Istanbul, une ville entourée par la mer, j’ai rencontré des gens qui ne l’avaient jamais vue.
Dans son journal intime, ma mère avait écrit : « Sophie est tellement morbide qu’elle viendra me voir plus souvent sous ma tombe que rue Boulard. » Moi, pour éloigner la mort, j’ai photographié des cimetières, filmé ma mère mourante, tenté d’organiser la répétition générale de mes funérailles, possédé un caveau à Montparnasse avant d’en déménager pour raisons familiales, disséminé chez moi des enveloppes qui contiennent autant de testaments rédigés dans l’urgence avant chaque voyage. Pour ensuite passer à autre chose.
le Cénotaphe de Sophie Calle
MA MÈRE, MON PÈRE, ET MOI
Niveau 2
Au deuxième étage du musée, Sophie Calle procède à l’inventaire de ses biens dans une mise en scène spectaculaire. Introduit par un ensemble d’oeuvres dédiées au thème de la disparition, celle des parents de l’artiste, jusqu’à sa propre mort simulée, le visiteur traverse plusieurs salles où plus de 500 objets de Sophie Calle – dessins, tableaux, photographies, objets d’art et de curiosité, ouvrages rares, vaisselle et mobilier – sont exposés à la manière de l’Hôtel Drouot. Dans les archives personnelles de Picasso conservées au musée, Sophie Calle a trouvé la lettre d’une association d’aide aux artistes aveugles, sollicitant de Picasso un dessin original, dans le but d’édifier, avec les bénéfices de la vente, la Maison des yeux clos. N’ayant pas trouvé la réponse, Sophie Calle a fait appel à la générosité de la Fondation Almine et Bernard Ruiz-Picasso afin d’organiser durant l’exposition une vente en ligne organisée par Drouot Estimations d’une céramique de Picasso et de reverser les bénéfices de la vente à une association de mal-voyants.
Salle 2.4 Pourquoi faudrait-il jeter en l’air ce qui me fit la grâce d’arriver jusqu’à moi ? Pablo Picasso Ma mère est morte, mon père est mort, je n’ai pas d’enfants. Quand je ne serai plus là, que vont devenir les choses de ma vie ? Sans héritiers définis, une vente judiciaire peut m’arriver ; vendue à l’encan. Si je veux exorciser cette crainte qu’à ma mort leur histoire commune, ainsi que celle qui me relie à eux, ne s’efface, c’est par la générale de ma succession que je dois commencer.
J’ai donc proposé aux commissaires-priseurs de l’Hôtel Drouot de mettre en scène mon cauchemar, d’expertiser les biens de ma maison de Malakoff et de dresser l’inventaire descriptif mais non estimatif de mon patrimoine mobilier.
Niveau 3
Le troisième et dernier étage propose un bilan des projets de Sophie Calle. Un inventaire des 61 projets achevés se présente sous la forme de polars dont les titres font écho aux séries de l’artiste. Un ensemble de projets restés en suspens fait suite, donnant vie aux incidents de parcours, aux esquisses et tentatives, aux oeuvres en sursis et en péril. En fin de parcours, Sophie Calle investit physiquement une salle de l’étage en installant son bureau qu’elle tiendra ouvert à ses heures pendant toute la durée de l’exposition. Salle 3.1
INVENTAIRE DES PROJETS ACHEVÉS
J’ai voulu faire le bilan, partir de RIEN ou presque, dresser la liste de tous les projets réalisés depuis mes débuts. J’en ai comptabilisé soixante et un. Comme j’avais été tentée un jour d’emprunter un titre à la série noire, j’ai parcouru leur inventaire et j’ai eu l’impression que leurs titres m’attendaient
INFOS PRATIQUES
Musée Picasso ACCÈS 5 rue de Thorigny, 75003 Paris Métro Ligne 1 Saint-Paul Ligne 8 Saint-Sébastien-Froissart Ligne 8 Chemin Vert Bus 20 – 29 – 65 – 75 – 69 – 96
HORAIRES D’OUVERTURE 10 h 30-18 h 9 h 30-18 h en période de vacances scolaires et le week-end Tous les jours sauf le lundi, le 1er janvier, le 1er mai et le 25 décembre. RENSEIGNEMENTS +33 (0)1 85 56 00 36 contact@museepicassoparis.fr
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En collaboration avec le Musée d'Art moderne de Paris, Paris Musées, la Fondation Pierre Gianadda a le privilège d’exposer plus d’une centaine d’œuvres provenant aussi de musées français tels le Musée national d’art moderne Centre Pompidou, le Musée Paul Dini, ou celui des Beaux-Arts de Bordeaux et de collections privées. Des peintures, sculptures et céramiques toutes emblématiques des années fauves vont parer les cimaises de la Fondation de couleurs flamboyantes. Du 7 juillet 2023 au 21 janvier 2024 – Tous les jours de 10h00 à 18h00 Fermeture à 16h30 le 8 décembre 2023 Commissariat général de l’exposition, Musée d’Art moderne de Paris : Fabrice Hergott Commissariat de l’exposition, Musée d’Art moderne de Paris : Jacqueline Munck, Conservatrice en chef avec Marianne Sarkari Antoinette de Wolff, fondation Gianadda
La couleur portée à son paroxysme
A l’égard de certains paysages portés au maximum de leur intensité avec leurs tons rehaussés, l’on se rappelle la déclaration mythique de Matisse : « …il faudrait en venir à mettre le soleil derrière la toile ». Il affirme également « …Le Fauvisme fut aussi la première recherche d’une synthèse expressive ».
Ce mouvement est animé par Henri Matisse entouré d’un groupe de peintres, parmi lesquels Henri Manguin, André Derain, Maurice de Vlaminck, Charles Camoin, Georges Rouault et Albert Marquet, expose leurs oeuvres dans la salle VII du Salon d’Automne en 1905. En réaction contre les variations éphémères de l’atmosphère et les vibrations instables de la lumière des peintures impressionnistes, « secouant la tyrannie du Divisionnisme », sentence de Matisse, ces jeunes artistes portent au paroxysme la leçon de Van Gogh en exaltant la couleur pure. Un excès qui déclenche l’ire du public et de la critique de l’art, qui s’en prend violemment à ces nouveaux peintres, dont Louis Vauxcelles qui, découvrant dans ladite salle un buste d’enfant italianisant du sculpteur Albert Marque s’exclame : « Donatello parmi les fauves » !
Le Fauvisme : premier mouvement du XXe siècle
La phrase fait mouche et fauve devient éponyme du Fauvisme, reconnu comme la première avant-garde du XXe siècle, école sans règles et interdits. Ce qui réunit ces peintres se révèle Paris, qui à l’époque attire comme un aimant des artistes de toute l’Europe. C’est dans ce climat de métropole de l’art, que cette jeune génération de peintres formés à l’Ecole des Beaux-Arts ou dans des ateliers libres mènent ce combat novateur d’une esthétique révolutionnaire. Aux côtés de ce premier noyau de Fauves, qui entre 1905 et 1908, peint à Collioure, sur la côte normande, à Saint-Tropez et à l’Estaque, se joignent de jeunes peintres venus du Havre : Emile Othon Friesz, Raoul Dufy, Georges Braque, puis Kees van Dongen des Pays-Bas et Pierre Girieud qui tous participent de cette grande libération des tonalités. D’autres peintres peuvent être reliés à ces artistes comme Louis André Valtat, Jean Metzinger, Robert Delaunay, Etienne Terrus, Maurice Marinot et le jeune Auguste Herbin en raison de leur proximité aux moments clés de l’évolution du fauvisme ou des rendez-vous du Salon des Indépendants ou celui d’Automne. Picasso, dont deux oeuvres sont présentes aux cimaises de la Fondation Pierre Gianadda, noue des contacts étroits avec les Fauves. L’Espagnol observe Matisse et Derain et mesure leurs avancées par rapport à sa période rose. Il se rapproche de Kees van Dongen au Bateau Lavoir partageant avec lui une thématique pleine de similitude.
Plus d’ombre : le tableau devient une surface totalement éclairée
Avec cette nouvelle technique picturale, on relève la construction de l’espace par la couleur pure, les formes traitées en aplats et cernées, plus de nuances « descriptives » mais « expressives », des contrastes colorés se substituent à la perspective.
Dans les visages, on supprime le modelé le remplaçant par des nuances débridées bien loin de la réalité. En résumé : « on transpose » et la sensation le dispute à l’émotion. Dans les toiles de certains artistes, on emploie encore la touche en mosaïque, issue du néo-impressionnisme, comme Matisse la pratiquait. La stridence des rouges, des verts et des oranges présents dans les huiles des Fauves, exprime « les feux de l’été » et la hardiesse des compositions.
De quelques thèmes traités par le Fauvisme
La Seine et les villages de Chatou, du Pecq, d’Argenteuil et aussi de la Normandie font partie des paysages allumés par les Fauves, de même que le spectacle de la ville et de la rue pavoisée avec l’étalage des drapeaux et des oriflammes. Et puis n’oublions pas l’attraction de la nuit, des cabarets et des cirques parisiens d’où jaillissent les « filles » ou « ivrognesses » de Georges Rouault,
les prostituées et les saltimbanques de Picasso ou Van Dongen. Tout ce petit monde noctambule qui reflète l’ambiance à l’époque de la Butte Montmartre. Et aussi, le nu, le portrait et le modèle dans l’atelier traités avec la même fougue enivrante d’un chromatisme porté à son comble.
La part d’exotisme
Derain s’émerveille devant les sculptures océaniennes du British Museum « affolantes d’expression ». Le réalisme vigoureux de cette statuaire venue d’Afrique et d’autres pays lointains, avec sa simplification esthétique, sa fracture anatomique, ses canons de la beauté antagonistes de l’art classique se propage dans les ateliers des Fauves apportant un « langage universel ».
L’exotisme rejoint ainsi l’universalité de la création. Plusieurs sculptures provenant de différentes régions de l’Afrique et de la Nouvelle-Guinée sont exposées et vont illustrer à merveille cette influence sur l’art européen. Foin de l’ethnocentrisme occidental avec Derain, Vlaminck et Matisse qui acquièrent des sculptures, statuettes et masques du Gabon, du Congo, du Bénin, d’Océanie etc. dont ils s’inspirent.
La pratique pluridisciplinaire des Fauves : la céramique en est un exemple
Tous s’ouvrent aux innovations techniques et pluriculturelles notamment la céramique qui rencontre un renouveau au tournant du XIXe siècle. Au contact des découvertes archéologiques et autres inspirations, certains Fauves s’adonnent à la peinture sur céramique. C’est avec le céramiste André Metthey qu’ils se forment à cette nouvelle expression artistique et cette collaboration donne naissance à l’École d’Asnières.
Les artistes fauves prouvent leur fascination pour ce procédé dans des réalisations exemplaires comme des plats, des assiettes ou des vases signés Vlaminck ou Derain. Cécile Debray déclare que : « Le Salon d’Automne offre un cadre favorable à la réhabilitation de cet art et à son introduction dans les milieux artistiques ». Ces créations témoignent d’un autre aspect du Fauvisme et complètent d’une façon très enrichissante cette exposition.
De quelques oeuvres exposées
Matisse (1869-1954), figure majeure du XXe siècle suit les cours de Gustave Moreau à Paris et devient le protagoniste du fauvisme. Son Paysage de Saint-Tropez au crépuscule (huile sur carton de 1904) Matisse le traite en bandes colorées où le bleu se décline de l’outremer à l’azur pour terminer avec un ciel aigue-marine traversé par des nuages violets.
Avec de larges coups de pinceaux il réduit les arbres d’une façon radicale leur donnant un aspect de fantômes ! Derain (1880-1954) rencontre Matisse et Vlaminck à l’académie Carrière et à Collioure : il innove avec les couleurs pures. Fasciné par l’art africain, il va à l’essentiel et simplifie les formes comme dans Trois personnages assis dans l’herbe (huile sur toile, 1906). Un traitement en aplat pour l’herbe verte opposée au bleu du ciel et les protagonistes évoqués avec quelques traits aux couleurs dissonantes dans la confrontation des complémentaires. La découverte de la peinture de Van Gogh amène Maurice de Vlaminck (1876-1958) cycliste, musicien, journaliste anarchiste, à la peinture. Qualifié de fauve le plus « radical » en témoigne Berges de la Seine à Chatou (huile sur toile, 1906), un sujet qu’il aime reproduire avec ses couleurs pures. Des coups de pinceaux énergiques traduisent une nature en mouvement en lui donnant un côté sismique. Le Fauvisme prend ses quartiers à Chatou, Collioure ou l’Estaque, mais un pôle se développe aussi au Havre avec trois Normands qui se rapprochent des Fauves : Othon Friesz, Raoul Dufy et Georges Braque. Le Havre avec son activité portuaire intense et ses ciels changeants, offre une source d’inspiration à ces jeunes artistes.
Notamment avec Les Régates (huile sur toile, 1907-1908), Dufy (1877-1953) donne un exemple de cette fébrilité de bord de mer traitée avec un chromatisme vibrant et des estivants très sommairement esquissés tournés vers le large en train d’observer les navires. La couleur posée en aplats et cernée de noir témoigne de l’adhésion de Dufy au Fauvisme. Braque (1882-1963) attiré par le Sud, peint à l’Estaque sur les traces de Cézanne puis, séduit par la lumière éblouissante de la Méditerranée, brosse Le Golfe des Lecques (huile sur toile, 1907). Avec une vue plongeante, les plans se déroulent d’une façon frontale avec le jaune intense de la pinède, le bleu de cobalt de la mer et fermant l’horizon, les contours montagneux colorés et cernés de noir. Un ciel aux tons empiriques clôt cette composition ardente. Tout autre chose avec Henri Manguin (1874-1949) qualifié de « peintre du bonheur », ami de Matisse et de Camoin. Il pratique un fauvisme moins absolu que ses contemporains et peut s’épanouir dans son art sans souci financier contrairement aux autres artistes adeptes du Fauvisme. A partir de 1905, il passe ses étés à la villa Demière, près de Saint-Tropez à Malteribes. Dans ce lieu paradisiaque Manguin signe : La Femme à la grappe (huile sur toile, 1905, Fondation Pierre Gianadda). Jeanne, son épouse dans une position frontale, gracieuse et naturaliste, tient une grappe de raisin sombre, qui contraste avec les blancs subtils rehaussés de tons bleus. L’écharpe qui rime avec la grappe s’affiche dans un bleu nuit audacieux. Le décor qui entoure le modèle, s’exprime par des touches souples, où s’opposent les couleurs chaudes et froides. Manguin, livre une oeuvre raffinée et, oh combien séduisante. Auguste Herbin (1882-1960), formé à l’Ecole des beaux-arts de Lille, s’installe à Paris en 1901. Un séjour en Corse lui révèle la lumière et il évolue vers le Fauvisme. Avec Bruges (aquarelle sur papier, 1907), il adopte le chromatisme expressif des fauves, la simplification des formes et la distance prise avec la réalité.
Louis André Valtat (1869-1952), est admis à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris à 17 ans puis complète sa formation à l’Académie Julian. Installé dans un atelier à Anthéor, il rend visite à Renoir et Cagnes lui inspire ce Paysage de Cagnes (huile sur carton, 1898). Il brosse déjà avant la naissance du Fauvisme un tableau avec des touches comme des bâtonnets qui sillonnent le ciel d’une façon dynamique. Les troncs violets des arbres témoignent de cette volonté de s’éloigner de la couleur originale et il traite le sol en arabesque qui sera privilégiée dans le fauvisme à la ligne exacte !
Cartouches de dynamite
Les cimaises vont s’enflammer avec les « cartouches de dynamite » de Vlaminck et affirmer combien les inventeurs du Fauvisme créent avec une « énergie vitaliste » et en éliminant les ombres : un feu d’artifices dans le concert de l’art du début du XXe siècle. Antoinette de Wolff
Informations pratiques
Fondation Pierre Gianadda Rue du Forum 59 1920 Martigny (Suisse) Téléphone : +41 (0) 27 722 39 78 site internet : http://www.gianadda.ch/