David Zuccolo

Crédit Photo: Sébastien Bozon

Nom : Zuccolo
Prénom : David
Profession : Violoniste
spécialité :  coordinateur artistique à l’Orchestre symphonique de Mulhouse
signe particulier : Baccalauréat C (scientifique) 1992
Diplôme universitaire de pédagogie musicale – diplôme d’état de professeur de violon. 1995

Mon entretien avec David Zuccolo

David Zuccolo a certes de nombreux homonymes, (google) mais rien ne vaut l’original.
Né en Moselle, violoniste depuis l’âge de 6 ans, David Zuccolo est pour ainsi dire tombé très tôt dans la musique classique et continue d’y baigner.

Quelle est votre profession ?
Violoniste et coordinateur artistique à l’Orchestre symphonique de Mulhouse.

Vos études ?
Baccalauréat C (scientifique) 1992
Diplôme universitaire de pédagogie musicale – diplôme d’état de professeur de violon. 1995

Avez-vous eu des prix de conservatoire ou autres ?
Conservatoire à rayonnement régional de Metz
Médaille d’or de violon et de musique de chambre 1990 et 1992
Premier prix supérieur interrégional 1992
Conservatoire supérieur régional de Paris
Premier prix de violon 1996
Conservatoire national supérieur de musique de Lyon
Premier prix de violon et de musique de chambre 1999

Vos parents ?
Mère, secrétaire comptable dans un magasin de confection puis femme au foyer. Décédée en 1993.
Père, ouvrier puis contremaître dans la sidérurgie
Mon arrière grand père, Oswaldo Zuccolo a quitté la région d’Udine en Italie à la fin du 19ème siècle. Il a épousé une viennoise. Germanophone, son parcours l’a mené jusqu’en Lorraine -alors annexée -au début du 20ème siècle, après un passage par Vienne et Zurich.

Votre âge et lieu de naissance ?
48 ans. Woippy, à côté de Metz

Comment êtes-vous venus à la Musique ?
Par mon père qui souhaitait que ses enfants pratiquent un instrument. Il avait un collègue ouvrier qui avait monté une école de musique à Amnéville. Mon frère ainé a commencé le violon, par hasard car il y avait de la place dans la classe, j’ai suivi trois ans après.

Votre violon ?
Un violon moderne, réalisé par Jean-Christophe Graff à Strasbourg en 1996. Une très belle copie d’un Guarnerius dont j’ai fait l’acquisition en 1998, à la fin de mes études à Lyon, bien avant de venir en Alsace. Un signe du destin

Avez-vous essayé d’autres instruments avant de choisir le violon ?
Non. Le violon m’est apparu comme une évidence, dans les pas de mon frère.

Plus tard, au cours de mes études, j’ai eu l’opportunité d’apprendre le piano. Je n’ai jamais réussi à m’y mettre.

Avez-vous un violon d’études ?
Oui, et nous avons conservé tous les petits violons d’apprentissage.

Votre position dans l’orchestre ? Vous êtes en fonction depuis ?
Violon du rang depuis 2006.

Coordinateur artistique depuis 2016

Quand avez-vous pris vos marques ?
Dès la première année. L’ambiance familiale de l’OSM y contribue.

J’avais également une longue expérience de musicien d’orchestre dans d’autres formations. Le métier ne m’était donc pas inconnu lors de ma prise de poste.

J’ai constaté que vous êtes passé des premiers violons aux deuxièmes violons ?
est-ce une punition ? (rires)
La punition, ce serait les atlos (rires !!) Trêve de plaisanterie, à l’OSM les violons du rang peuvent jouer indifféremment dans les deux pupitres. Nous alternons donc par saison. J’adore autant être dans les seconds que dans les premiers. Les voix intermédiaires des seconds violons et des altos sont passionnantes, au cœur de l’harmonie et du contrepoint. Un opéra de Mozart dans les seconds violons est exaltant.

Pour quelles raisons vous a-t-on confié un mandat au sein de l’orchestre ?

J’ai bénéficié de la confiance de mes collègues à travers dix mandats successifs au sein de la commission d’orchestre, un organe représentatif des musiciens auprès de la direction.

J’ai toujours eu une vision collaborative de ce mandat considérant que la direction, l’administration et les musiciens travaillent tous dans l’intérêt de la structure.

Mes relations avec Patrick Davin, alors directeur musical, étaient constructives. En accord avec la direction de la culture, il m’a confié des missions en 2016 pour renforcer et soutenir l’équipe administrative très réduite de l’OSM.

Ces missions ont été prolongées et étendues par Jacques Lacombe, et maintenues par Guillaume Hébert, directeur général nommé en 2020.

Votre mandat depuis ?

2016 donc.

En quoi consiste ce mandat, pouvez-vous développer ?
La première mission est la construction et gestion du planning de l’orchestre, en lien avec nos principaux partenaires, l’Opéra nationale du Rhin, La Filature-Scène Nationale et l’ensemble de nos lieux de diffusion. 

La seconde est le conseil artistique. Elle consiste à centraliser et transmettre les nombreuses propositions d’artistes qui nous parviennent, de conseiller la direction sur des choix de programmes et d’artistes, et ensuite de faire le lien avec l’ensemble des artistes invités que nous accueillons.

Je bénéfice également de la confiance de ma direction dans le montage de programmes, tels que le projet Wyler en septembre 2022 ou le concert du nouvel an 2023.

Rencontrez-vous d’autres musiciens ailleurs ?
Locaux ou dans un circuit plus large, national, international
Oui, nous avons la chance de collaborer avec des artistes du cru et du monde entier. C’est une richesse.

Vous arrive-t’il de faire des « bœufs » ?
Non, si ce n’est quand je cuisine un bon rôti.

Le chef ?
Grande question. Pour le meilleur et pour le pire. La notion de bon ou mauvais chef est très subjective. D’un musicien à l’autre, d’un orchestre à l’autre, un chef peut être apprécié, détesté ou laissé indifférent. Mais l’essentiel est la musique, et les grands compositeurs que nous servons.

Vu de l’extérieur, le public a l’impression que l’on peut se passer du chef ?
C’est vrai. (rires).

Son rôle est essentiel. Quand nous abordons une oeuvre, chaque musicien arrive avec sa propre vision, son interprétation et en premier lieu son tempo. Le chef est donc indispensable pour synchroniser et harmoniser toutes ces sensibilités afin que tous les instrumentistes convergent vers sa vision de la pièce.

Rassembler, conduire tout en préservant la personnalité de chacun, voilà tout le défi.

L’ambiance au sein de l’orchestre ?
A l’OSM, particulièrement sympa. On ne se prend pas au sérieux, ce qui ne nous empêche pas de faire notre métier le plus sérieusement du monde.

Vos voisins, si vous en avez, votre famille, se plaignent-ils si vous pratiquez la musique chez vous ?

Ma famille, non, au contraire.

Mes voisins, oui, et je peux le comprendre. La notion de « répétition » peut facilement taper sur les nerfs. En outre, étant très matinal, je commence fréquemment à jouer vers 7h30.

Je passe donc l’essentiel de mon temps à répéter à la Filature, qui ouvre ses portes à 7h00.

Devez-vous préparer les concerts chez vous ?
Le travail personnel de préparation des partitions en amont des répétitions d’orchestre est indispensable. Les musiciens doivent tous maitriser leur partition afin que le chef d’orchestre puisse se concentrer sur l’essentiel, la mise en place et l’interprétation.

Mais à ce travail spécifique propre à chaque concert, il faut ajouter le travail régulier pour maintenir notre niveau, comme un sportif. Il faut près de vingt ans d’études pour devenir professionnel (nous commençons vers 6 ans et l’âge moyen d’intégration d’un orchestre permanent est 27 ans). Cela nécessite beaucoup de temps et de rigueur pour y arriver, et tout autant pour se maintenir et continuer à progresser.

Les répétitions ?
Leur nombre est adapté au programme et à la difficulté des œuvres. En général, six pour un concert symphonique, douze pour un opéra.

Un musicien a-t-il des affinités avec d’autres instrumentistes ?
Oui. Nous parlons le même langage. La musique est universelle.

La ville soutient les institutions locales, les musiciens ?
L’OSM bénéficient d’un fort soutien de la ville, tout comme la Filature -Scène nationale, l’opéra national du Rhin (notamment à travers le Ballet basé à Mulhouse, le Conservatoire ; avec la volonté de diffuser la culture au plus grand nombre.

La ville de Mulhouse est notre financeur principal. Nos autres contributeurs sont le ministère de la culture via la DRAC Grand Est, la Collectivité européenne d’Alsace et la Ville de Colmar.

La ville ou d’autres entités soutient-elle spécifiquement pour certaines occasions exceptionnelles ?
Ça peut arriver, oui. L’OSM a entamé une mutation de son statut juridique en régie personnalisée (critère indispensable pour l’obtention du label Orchestre national en région).
Ce changement nous confèrera une certaine autonomie facilitant les partenariats financiers avec les structures publiques ou privées qui souhaiteraient nous soutenir sur des actions en particulier, notamment dans le cadre de notre rayonnement ou dans le champ social.

Vos distractions (la Montagne) la marche, autres ?
Par mes différentes fonctions, j’ai une vie social riche, mais j’ai besoin de me retrouver seul, dans le silence et au contact de la nature. J’adore marcher, notamment en montagne. Personne n’ignore ma passion pour le Grand Ballon en particulier.

Que pensez-vous des réseaux sociaux ?
Des médias incontournables aujourd’hui. Comme toute chose, il y a du bon et du moins bon. Tout dépend de leur utilisation et de notre capacité à faire la part des choses. J’ai découvert Facebook à 40 ans. J’y vois un formidable moyen de renouer des liens avec des personnes perdues de vue, ou de conserver du lien quand nos routes se séparent.

Vous y êtes actif, vous postez souvent au nom de l’orchestre ?
Sur Facebook (le réseaux social des boomers – rires) , oui. Je poste quelques publications personnelles et je partage volontiers les publications officielles de l’OSM et de nos partenaires.

Parlez-vous l’alsacien ?
Non, hélas… mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Hopla !


Participez-vous à d’autres formations musicales ?
Rarement. Mes doubles fonctions ne me laissent pas beaucoup de temps.

Quel est votre instrument de musique préféré ?
En dehors du violon ?  Tous ! Ça dépend du répertoire et du contexte.

Mais si je dois en choisir quelque uns, le clavecin, la harpe, le hautbois, le cor…

Que pensez-vous de la cancel culture ?
Je préfère la notion de « devoir de mémoire ». S’inspirer du passé et de nos erreurs pour bâtir un monde meilleur.

Avez-vous des références littéraires ?
Plus le temps passe, plus je savoure la poésie.

Musicales ?
Très éclectiques, en dehors du classique, avec un faible pour les artistes français, de Ferré à Grand corps malade en passant par Claude François et Dalida.

Votre musicien ou compositeur préféré ?
Itzhak Perlman est mon idole depuis tout petit.

Avez-vous un morceau favori en individuel, ou avec l’orchestre ?
Impossible de faire un choix.

Souhaiteriez être soliste ?
C’était mon ambition, mais j’ai dû passer trop de temps à jouer au Légo ou à regarder le Club Dorothée (rires).

Je suis très heureux de ma situation et je n’ai aucune frustration. Trois générations d’ouvriers se sont succédées avant moi, et comme je le dis souvent, mon bleu de travail aujourd’hui est un frac avec des souliers vernis, et mon cadre quotidien de magnifiques salles de concert. Le chemin accompli est émouvant.

Comme le dis mon papa qui fêtera bientôt ses 87 ans, jouer et vivre de la musique est un privilège.

Qu’est-ce que vous avez envie de partager ?
Mon optimisme et ma foi en un monde meilleur.

Quelle est votre plus belle rencontre dans la vie ? (dans la musique ou en général)

La musique tout simplement (merci à mes parents).

Mes deux filles. Il ne se passe pas un jour sans que je ne pense à elles.

Naïma, une femme merveilleuse. Une divine rencontre.

 David Zuccolo reçu par Radio MNE podcast

Le programme de l’OSM 2023/2024 le site

Charmion von Wiegand

Au Kunstmuseum Basel, neubau jusqu'au 13.8.2023, exposition Charmion von Wiegand (1896-1983)
Commissaire : Maja Wismer avec Martin Brauen
L’artiste
Portrait of American abstract painter Charmion von Wiegand (1896 – 1983) as she poses in her studio with several of her paintings, August 16, 1961. (Photo by Arnold Newman Properties/Getty Images)

Au printemps 2023, le Kunstmuseum Basel présente une exposition monographique de Charmion von Wiegand (1896-1983), journaliste, critique d’art et peintre américaine. Il s’agit de la première rétrospective depuis près de quarante ans et de la toute première exposition institutionnelle en Europe. Celle-ci s’étend de ses débuts comme correspondante dans le Moscou post-révolutionnaire des années 1930 jusqu’à son oeuvre picturale tardive. À travers 49 peintures et esquisses ainsi que des documents variés, l’exposition retrace le parcours d’une artiste tombée dans l’oubli ayant manifesté une ouverture à d’autres cultures et un intérêt pour la diversité.

Reconnaissance

Au milieu du XXe siècle, Charmion von Wiegand bénéficie d’une reconnaissance en tant qu’artiste associant les principes de l’abstraction géométrique aux formes et aux couleurs du symbolisme d’Extrême-Orient.
Née à Chicago, elle grandit tour à tour en Floride, en Arizona, puis à San Francisco et à Berlin avant de s’installer à New York en 1915. Membre active des cercles littéraires des années 1920, elle est familière de la scène new-yorkaise. Reporter dans le Moscou soviétique des années 1930, elle se fait un nom comme critique d’art pour différentes publications. Sa percée artistique survient en 1945 lorsqu’elle présente une oeuvre dans l’exposition visionnaire The Women organisée à la galerie Art of This Century de Peggy Guggenheim. S’ensuit sa première exposition individuelle dans une petite galerie new-yorkaise renommée en 1947.

L’influence de Piet Mondrian

En 1941, après sa critique du pamphlet Five on Revolutionary Art dans lequel Piet Mondrian est qualifié de « véritable artiste révolutionnaire », Charmion von Wiegand contacte l’artiste qui vient d’émigrer aux États-Unis. Cette rencontre aura de profondes répercussions sur le parcours de Charmion von Wiegand. D’une part, elle introduit Mondrian dans la société new-yorkaise et écrit des articles sur son travail, d’autre part elle corrige ses textes et réalise des esquisses pour le premier état de Victory Boogie-Woogie (1942–44), une peinture inachevée de Mondrian. Le peintre néerlandais influence également son oeuvre pictural. Son vif intérêt pour l’approche artistique de Mondrian renforce sa conviction que l’abstraction géométrique ne doit demeurer purement formelle, mais peut également restituer une idée.

Mondrian Circle

                           Charmion von Wiegand, Night Rhythm, 1948
                           Huile sur toile, 76 x 50 cm
                     Fondazione Marguerite Arp, Locarno Photo: Roberto Pellegrini

Cette révélation se reflète notamment dans ses « tableaux urbains » qu’elle exécute après le décès de Mondrian en 1944. À cette époque, elle fréquente un groupe d’artistes américains connu sous le nom de « Mondrian Circle » auquel appartient également Fritz Glarner, un peintre suisse en exil. Vassily Kandinsky et Hans Arp constituent d’autres références artistiques majeures dans son travail. Charmion von Wiegand se libère bientôt de la réduction chromatique rouge, jaune, bleu. Dans le même temps, elle recourt à une palette élargie afin d’exprimer sur la toile son intérêt pour les écrits d’Helena Petrovna Blavatsky, fondatrice de la théosophie. Charmion von Wiegand éprouve une fascination pour ses réalisations consacrées aux codes couleur bouddhistes et aux formes géométriques, en particulier les mandalas.

Spiritualité et bouddhisme

                                        Charmion von Wiegand
                                       The Ascent to Mt. Meru, 1962
                                       Gouache sur papier, 59.4 x 46.7 cm
                                       Solomon R. Guggenheim Museum, New York

À partir des années 1950, Charmion von Wiegand s’adonne à la pratique spirituelle du bouddhisme tibétain. Elle nourrit son intérêt pour la théosophie en approfondissant ses connaissances de l’art tibétain à travers l’étude d’ouvrages ethnologiques. Par la suite, elle joue un rôle décisif dans la création d’un Tibet Center à New York. Bouddhiste pratiquante, elle s’intéresse désormais à l’élaboration d’un vocabulaire artistique lui permettant également d’employer forme et couleur comme supports d’expression de la spiritualité. Charmion von Wiegand développe ainsi un langage pictural en faveur d’un
« bouddhisme transculturel moderne », comme l’écrit Haema Sivanesan dans le catalogue de l’exposition.


L’exposition Charmion von Wiegand présente 49 peintures et travaux sur papier issus de prêts suisses et internationaux. La majorité de ces oeuvres provient de la succession de l’artiste. D’autres prêts d’oeuvres ont été consentis notamment par le Museum of Modern Art (MoMA) de New York, le Seattle Art Museum et le Walker Art Center de Minneapolis.

Charmion von Wiegand
Programmes & événements

Charmion von Wiegand, le bouddhisme tibétain et le mandala de Kalachakra
24.7. – 13.8.2023, Neubau, Eventfoyer
Pendant les heures d’ouverture régulières
En collaboration avec le monastère de Namgyal, Dharamsala (Inde), un mandala de sable Kalachakra (en sanskrit : « roue du temps »), l’un des plus complexes de son genre, sera réalisé au Kunstmuseum Basel. À partir du 24 juillet, les visiteurs pourront suivre le processus de création complexe. Lors du finissage de l’exposition le 13 août, le mandala sera dissous et « remis » au Rhin en présence du public et dans un acte rituel.
La réalisation du mandala sera accompagnée par le commissaire invité Martin Brauen, auteur entre autres du livre Mandala : Sacred Circle in Tibetan Buddhism (2009).

Informations pratiques

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
CH-4010 Bâle
Téléphone +41 61 206 62 62
Fax +41 61 206 62 52
info@kunstmuseumbasel.ch

DI ; JEU–DIM 10h–18h
MER 10h–20h
LUN fermé

mar–dim 11h–18h
lun fermé

BISTRO ART MUSEUM
St. Alban-Graben 16
Postfach
CH-4010 Basel
Téléphone +41 61 271 55 22
Mail

Sommaire de juin 2023

La Dentelière de Vermeer en prêt au Louvre Lens
Pendant près d’un an, le musée du Louvre prête sa précieuse Dentellière de Vermeer au Louvre-Lens. Le chef-d’œuvre est visible gratuitement dans la Galerie du temps.

29 juin 2023 : Manet / Degas
24 juin 2023 : Fondation Vasarely
22 juin 2023 : BASQUIAT X WARHOL, À QUATRE MAINS
17 juin 2023  : Shirley Jaffe Forme et expérience
14 juin 2023 : Doris Salcedo, suite
12 juin 2023 : Destins Communs, Omar Ba
11 juin 2023 : Basquiat, The Modena Paintings
07 juin 2023 :Janet Cardiff & George Bures Miller Dream Machines
05 juin 2023 :Mémoires et gestes, une soirée de performances 
03 juin 2023 :LE TEMPS S’ENFUIT SANS DISPARAÎTRE
01 juin 2023 :Découvrez le musée Moco à Amsterdam

Manet / Degas

Edgar Degas (18341917) Jeune femme à l’Ibis, 185758
The Metropolitan Museum of Art, New York, EtatsUnis
© The Metropolitan Museum of Art

Au musée d'Orsay jusqu'au 23 juillet 2023
Cette exposition est organisée par les musées d’Orsay et de l’Orangerie et le Metropolitan Museum of Art, New York où elle sera présentée de septembre 2023 à janvier 2024.

Commissaire générale
Laurence des Cars, présidente - directrice du musée du Louvre

Commissaires à Paris
Isolde Pludermacher
, conservatrice générale peinture au musée d’Orsay
Stéphane Guégan, conseiller scientifique auprès du président des musées d’Orsay et de l’Orangerie

Vidéo Scribe accroupi
Programme de salle

Pourquoi avoir voulu rapprocher Manet
et Degas dans une même exposition ?

                                                      Berthe Morisot par Manet

                                             Edgar Degas la jeune femme à l’ibis

Édouard Manet (1832-1883) et Edgar Degas (1834-1917) sont tous deux des acteurs essentiels de la nouvelle peinture des années 1860-80. Cette exposition qui réunit les deux peintres dans la lumière de leurs contrastes oblige à porter un nouveau regard sur leur réelle complicité. Elle montre ce que la modernité picturale eut d’hétérogène, de conflictuel, et révèle la valeur de la collection de Degas où Manet prit une place plus grande après son décès.

Rapprochement

                                                  Edgar Degas, le faux départ

                                                    Edouard Manet

Divergeances

                                                                   Manet

                                                           Degas

Avant et après la naissance de l’impressionnisme, sur laquelle l’exposition pose un regard nouveau, ce qui les différencia ou les opposa est plus criant encore. De formations et de tempéraments dissemblables, ils ne partagent pas les mêmes goûts en littérature et en musique. Leurs choix divergents en matière d’exposition et de carrière refroidissent, dès 1873-1874, l’amitié naissante qui les lie, amitié qu’a renforcée leur expérience commune de la guerre de 1870 et des lendemains de la Commune. On ne saurait comparer la quête de reconnaissance du premier et le refus obstiné du second à emprunter les canaux officiels de légitimation. Et si l’on considère la sphère privée, une fois les années de jeunesse révolues, tout les sépare. À la sociabilité de Manet, très ouverte, et vite assez brillante, à ses choix domestiques, répondent l’existence secrète de Degas et son entourage restreint.

Coexistences merveilleuses

Dans Degas Danse Dessin, où il est beaucoup question de Manet, Paul Valéry parle de ces « coexistences merveilleuses » qui confinent aux accords dissonants. Parce qu’elle réunit Manet et Degas dans la lumière de leurs contrastes, et montre combien ils se définissent en se distinguant, cette exposition, riche de chefs-d’œuvre jamais réunis et d’un partenariat sans précédent, oblige à porter un nouveau regard sur l’éphémère complicité et la durable rivalité de deux géants. Le parcours rend aussi plus saillant ce que la modernité picturale, en son point d’émergence, puis d’essor et de succès, eut de conflictuel, d’hétérogène, d’imprévu. Il donne enfin toute sa valeur à la collection de Degas où, après le décès de Manet, ce dernier prit une place de plus en plus impérieuse. La mort les avait réconciliés.

Degas l’Absinthe                Manet la Prune

Informations Pratiques

Musée d’Orsay

Esplanade Valéry Giscard d’Estaing 
75007 Paris

Horaires

Dimanche
9h30 – 18h00
Lundi
Fermé
Mardi
9h30 – 18h00
Mercredi
9h30 – 18h00
Jeudi
9h30 – 21h45
Vendredi
9h30 – 18h00
Samedi
9h30 – 18h00

Accès

  • Métro : ligne 12, station Solférino
  • RER : ligne C, station Musée d’Orsay
  • Bus : 63, 68, 69, 73, 83, 84, 87, 94

Fondation Vasarely

La fondation Vasarely à Aix en Provence

VASARELY AVANT L’OP, UNE ABSTRACTION EUROPÉENNE, 1945-1955
Du 17 juin au 15 octobre 2023

Commissariat :
Michel Gauthier,
conservateur au Musée national d’art moderne,
Centre Pompidou

Le Fondateur

Győző Vásárhelyi, dit Victor Vasarely était un artiste hongrois-français né en 1906 à Pécs, en Hongrie et décédé en 1997 à Paris, en France. Il est considéré comme l’un des pionniers de l’art optique, également connu sous le nom
d’Op Art.Vasarely s’est d’abord intéressé à l’art traditionnel, mais il a rapidement commencé à explorer de nouvelles idées et à expérimenter avec différents médiums. Il a créé des œuvres d’art qui semblaient se déplacer ou changer en fonction de l’angle de vue de l’observateur. Ses compositions géométriques, souvent en noir et blanc, ont été très influentes et ont inspiré de nombreux artistes et designers au cours du XXème siècle.

Vasarely est également connu pour avoir fondé le mouvement artistique de l’Op Art, qui a eu une grande influence sur la culture populaire et les arts visuels pendant les années 1960 et 1970. Ses œuvres ont été exposées dans des galeries et des musées du monde entier, et il a reçu de nombreux prix et distinctions pour son travail.

En somme, Victor Vasarely a marqué l’histoire de l’art avec son style unique et innovant, qui a inspiré de nombreux artistes de sa génération et des suivantes.

La Fondation

La Fondation Vasarely est une institution de droit privé, reconnue d’utilité publique en 1971, mêlant art et architecture au service d’un sens qui lui est propre situé à Aix-en-Provence, érigé entre 1973 et 1976 par le plasticien
Victor Vasarely.


Le Centre architectonique, abrite dans une architecture alvéolée 44 oeuvres monumentales de Vasarely intégrées aux murs internes du bâtiment. Situé en bordure sud-ouest d’Aix-en Provence, dans le quartier du Jas-de-Bouffan, il accueille également des expositions temporaires et autres événements culturels (conférences, concerts, médiations). Le bâtiment est classé Monument historiques en 2013, et a une fréquentation annuelle de l’ordre de 100 000 visiteurs (en 2019). Il bénéficie de l’appellation « Musée de France »
depuis 2020.

Pierre Vasarely

« Je me réjouis de ce partenariat avec le Musée national d’art moderne – Centre Pompidou, initié en 2019 après la grande rétrospective de Victor Vasarely dans ce musée parisien et qui a été renouvelé en 2022 pour 3 ans. Ce partenariat est le gage de la confiance que le Centre Pompidou témoigne à la Fondation. Ainsi pour la 4ème année consécutive, nous sommes très fiers de pouvoir présenter à Aix-en-Provence des oeuvres majeures du Musée national d’art moderne qui illustrent les prémices de l’Op Art dont Victor Vasarely a été le pionnier ».Petit-fils de Victor Vasarely

Aix-en Provence, le 17 mai 2023

La Fondation Vasarely poursuit son partenariat avec le Centre Pompidou, Musée national d’art moderne-Centre de création
industrielle pour la 4ème année consécutive, avec l’exposition d’été
« Vasarely avant l’Op, une abstraction européenne, 1945-1955».
Du 17 juin au 15 octobre 2023, une sélection de 35 oeuvres majeures prêtées par le musée parisien, le Musée départemental Matisse, le Musée d’art moderne de la ville de Paris, la Fondation Hartung-Bergman, la Fondation Marta Pan, la galerie Denise René et des collections privées seront présentées à Aix-en-Provence, à la Fondation Vasarely pendant quatre mois.


Quand on pense à Victor Vasarely, ce sont immédiatement des vibrations et des clignotements de formes et de couleurs qui viennent à l’esprit. Sa plastique optico-cinétique fait de lui, à partir du milieu des années 1950, le père de l’op art et marque visuellement toute une époque. Le Vasarely op a toutefois été précédé, durant la décennie qui suit la seconde guerre mondiale,
par un Vasarely dont l’oeuvre est moins connue du grand public. Ayant décidé de se consacrer pleinement à l’art, après une carrière de graphiste publicitaire poursuivie avec succès depuis son arrivée à Paris en 1930, Vasarely, avec l’aide de la galerie Denise René, prend place dans la mouvance postcubiste qui domine alors la scène française.

La mouvance postcubiste

C’est à cette période de son oeuvre que l’exposition sera consacrée par le biais d’un dialogue avec d’autres artistes de la même époque. Vasarely expose alors, on l’oublie parfois, avec Jean Dewasne, Alberto Magnelli, Hans Hartung, Serge Poliakoff ou Gérard Schneider. C’est un Vasarely moins connu mais tout aussi important qu’il s’agit ainsi d’éclairer en le replaçant dans le contexte de l’époque, en montrant les ressemblances et les différences qui existent entre son oeuvre et celles des artistes dont il fut proche. La révolution op à venir est née dans un étroit commerce avec l’héritage post-cubiste.
Avec des oeuvres de Agam, Jean-Michel Atlan, Etienne Béothy, André Bloc, Simone Boisecq, Robert Breer, Pol Bury, Geneviève Claisse, Jean Dewasne, Jean Deyrolle, Cesar Domela, Etienne Gilioli, Hans Hartung, Auguste Herbin, Robert Jacobsen, Berto Lardera, Jean Leppien, Alberto Magnelli, Richard Mortensen, Marta Pan, Serge Poliakoff, Gérard Schneider, Victor Vasarely et Nicolaas Warb.

Le père de l’Op’Art

Victor Vasarely est indissociablement lié à l’art optico-cinétique.
Cette notion, qu’il utilise pour la première fois en 1964, mais qui apparaît déjà dès les années 30 avec la série des « Zèbres », consiste à utiliser des éléments simples de la géométrie et de la physique des apparences pour provoquer des phénomènes optiques dynamiques jouant sur la perception visuelle (sensation de mouvement, ambigüité spatiale, instabilité des couleurs) qui sollicitent la participation du spectateur. Le plasticien a porté toute son attention vers la production de prototypes qu’il utilise, agrandis et/ou multipliés, comme points de départ de nouvelles créations.

Il ne prétend pas être le premier ou le seul à travailler à ces nouvelles créations, ses « nouvelles fonctions », dans la diversité des matériaux et des formats, mais il y est allé très loin, de la sérigraphie aux intégrations architecturales, et de l’infiniment petit au cosmique.
C’est sur la base de ses publications et de ses magnifiques albums d’art, des matériaux et matériels qui nous restent, de ses esquisses et programmations disponibles, que l’on peut identifier son processus créatif, fixé à partir de la fin des années 1950.
Si sa « révélation de l’abstrait » se fait en 1947 : forme pure et couleur pure peuvent signifier le monde, la théorisation des Unités formes-couleurs, dont l’espace plastique est le lieu, aboutit en 1959, c’est l’ « Unité Plastique », brevetée à cette date.
Son alphabet plastique, formes-fonds et couleurs, que parfois il dénomme,
« solfège plastique », lui permet de multiplier exponentiellement ses compositions et les multiples. Il le portera au « folklore planétaire », application universaliste à l’architecture et l’urbanisme. En prenant à rebours ses créations, la multiplicité des oeuvres produites, des supports et des matériaux surprend toujours même si les artistes, depuis le début du XXe siècle, multipliaient peu à peu les expériences des supports et des matériaux, à partir de formes et esthétiques nouvelles. Vasarely touche à tout : dessin ; gouache ;
« tableau » ; sérigraphie ; sculpture ; tapisserie ; vitrail ; tissu ; photographie ; film ; oeuvres murales : céramique, aluminium, « fresque » ; album et livre ; objets de la vie courante, ludiques ou domestiques.

Éclairage de Pierre Vasarely

« Victor Vasarely fait-il partie des artistes qui font « la mode », des « bourreaux de la rétine » ou de ces « maîtres du trompe l’oeil abstrait » ?
Ces questions qui se posaient il y a plus de 60 ans sont toujours d’actualité.
Indissociablement lié à l’art optico-cinétique, mouvement auquel le MoMA de New-York consacra en 1965 une grande exposition, lui assurant une reconnaissance et une diffusion internationales, Victor Vasarely est considéré comme « le père de l’op art ».


Vasarely est, depuis les années 50, particulièrement conscient d’un phénomène qu’il appelle « la crise du tableau de chevalet ». Sa réflexion, si proche des thèses du Bauhaus, est fondée sur l’idée que le tableau de chevalet, si hardi soit-il dans sa conception, ne peut que rester confiné dans le milieu étroit des galeries et des collectionneurs, nuisant ainsi à sa large diffusion et privant la plupart de nos contemporains de la possibilité de vivre dans un cadre à la fois nouveau et beau.
C’est dans cette perspective que le plasticien – il répugne au terme d’artiste – a porté toute son attention vers la production de prototypes qu’il utilise, agrandis et/ou multipliés comme points de départ de nouvelles créations :
« L’original qui est à l’oeuvre ce que le grain est au pain, n’est en réalité qu’une chose en puissance. Terme d’antan, il est le début à présent d’une re-création en vue d’une nouvelle fonction ».
Il a tout osé, tout essayé pour affermir son art unique : tapisserie, savonnerie, aluminium, peinture sur bois, toile, plexiglas, carton, acier, verre, mosaïque, faïence, lave émaillée, véritables entrelacs de formes pures et de couleurs qui vibrent. Vasarely rêve d’intégrer la beauté plastique à l’architecture.
« Donner à voir » et « faire descendre l’art dans la rue » sont les postulats fondateurs de l’oeuvre de Vasarely qui se veut moderniste, utopique et visionnaire en ce qu’elle préfigure les fondements de la recherche plastique contemporaine ».
Pierre Vasarely
Président de la fondation Vasarely
Petit-fils de Victor Vasarely   

     La Chapelle de l’Observance à Draguignan accueille l’exposition Vasarely, le solfège plastique, le processus créatif du père de l’Op’art du samedi 29 avril au dimanche 17 septembre.

Informations pratiques

www.fondationvasarely.org
Fondation Vasarely – Tous les jours de 10h à 18h
Jas de Bouffan 13090 Aix-en-Provence
04 42 20 01 09

BASQUIAT X WARHOL, À QUATRE MAINS

Michael Halsband, Andy Warhol and Jean-Michel Basquiat #143, 1985. © Michael Halsband.
Après l'exposition "Jean-Michel Basquiat" en 2018, la Fondation poursuit son exploration de l'œuvre de l'artiste, révélant cette fois sa collaboration avec Andy Warhol. A la Fondation Vuitton jusqu'au 28.08.2023
La Fondation Louis Vuitton présente « Basquiat x Warhol, à quatre mains », l’exposition la plus importante jamais consacrée à cette oeuvre singulière. 
Sous le commissariat de Dieter Buchhart et Anna Karina Hofbauer, en association avec Olivier Michelon, conservateur à la Fondation Louis Vuitton, l’exposition regroupe plus de trois cent oeuvres et documents dont quatre-vingts toiles signées conjointement.
Le duo

 

Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat auraient pu ne jamais se rencontrer. Séparés par 32 années, les deux artistes proviennent de milieux totalement différents : originaire de Pittsburgh et diplômé des Beaux-Arts, le premier fait, dans les années 1950, ses armes à New York dans la communication publicitaire et le design de chaussures. Élevé à Brooklyn dans les années 1960 par une famille d’origine haïtienne, le second commence par investir la rue avec le graffiti et son fameux logo signature, SAMO.

Première rencontre

Alors que 1982 est souvent citée comme l’année de leur première rencontre, autour d’un déjeuner organisé par le galeriste Bruno Bischofberger, celle-ci a, en réalité, eu lieu trois ans plus tôt. Âgé de seulement 17 ans, Jean-Michel Basquiat passe ses journées à interpeller les passants de la ville pour leur vendre ses collages sur cartes postales. Un jour, dans un restaurant de Soho, il aperçoit Andy Warhol en compagnie de Henry Geldzahler, le directeur du Metropolitan Museum of Art (MET). Le jeune homme prend son courage à deux mains et les aborde pour leur proposer deux de ses œuvres, qu’ils paieront 1 dollar chacune. Bien que mémorable pour Basquiat, ce moment ne le sera pas tant pour Warhol, qui restera, les années suivantes, assez dubitatif sur le potentiel du jeune homme.
De 1984 à 1985, Jean-Michel Basquiat (1960-1988) et Andy Warhol (1928-1987) réalisent environ 160 toiles ensemble, « à quatre mains », dont certaines parmi les plus grandes de leurs carrières respectives. Témoin de leur amitié et de cette production commune, Keith Haring (1958-1990) parlera d’une

« conversation advenant par la peinture, à la place des mots »,
et de deux esprits fusionnant pour en créer un
« troisième, séparé et unique ».

L’exposition

L’exposition s’ouvre sur une série de portraits croisés, Basquiat par Warhol, Warhol par Basquiat. Elle se poursuit avec les premières collaborations. Initiées par le galeriste des deux artistes, Bruno Bischofberger, ces oeuvres profitent de la participation du peintre italien Francesco Clemente (né en 1952). Après cette quinzaine d’oeuvres à trois, Basquiat et Warhol poursuivent leur collaboration avec enthousiasme et complicité, à un rythme presque quotidien. L’énergie et la force de leurs échanges incessants conduisent les visiteurs tout au long du parcours dans la totalité des galeries de la Fondation rythmé par des oeuvres capitales telles que Ten Punching Bags (Last Supper) ou la toile de 10 mètres African Mask.
Basquiat admire Warhol comme un aîné, un personnage clé du monde de l’art, initiateur d’un langage inédit et d’un rapport original à la culture populaire. En retour, Warhol trouve avec Basquiat un intérêt renouvelé pour la peinture. Avec lui, il se remet à peindre manuellement, à très grande échelle. Les sujets de Warhol (titres de presse, logos de General Electric, de la Paramount, des Jeux Olympiques) servent de structure à de véritables séries qui scandent le parcours.
Basquiat en David par Warhol
Warhol par Basquiat en Warhol with Barbells

« Andy commençait la plupart des peintures. Il mettait quelque chose de très reconnaissable, le logo d’une marque, et d’une certaine façon je le défigurais. Ensuite, j’essayais de le faire revenir, je voulais qu’il peigne encore »,
expliquait Basquiat. 

« Je dessine d’abord, et ensuite je peins comme Jean-Michel. Je pense que les peintures que nous faisons ensemble sont meilleures quand on ne sait pas qui a fait quoi », estimait Warhol.

Le tournant

Cette œuvre à six mains prend un autre tournant lorsque Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat décident de prolonger leur collaboration. Au sein de la Factory, leur geste se libère, tandis que les formats de leurs toiles augmentent pour atteindre jusqu’à 8 mètres de large (Chair, 1985) et près de 3 mètres de haut (6,99, 1984 et Mind Energy, 1985), brouillant encore davantage les frontières entre beaux-arts et communication visuelle de masse. Les toiles de Basquiat et Warhol dégagent de grandes zones vides aux couleurs vives et unies pour favoriser l’expressivité de leur style. La complémentarité des deux peintres triomphe, mariant l’esthétique « à vif et directe » du premier et celle
« de la distance, voire de l’indifférence, non dénuée d’ironie » du second,
telles que les définit Suzanne Pagé, directrice artistique de la Fondation
Louis Vuitton.

D’un tableau à l’autre, plusieurs éléments reviennent. De Warhol, on retrouve par exemple le logo GE de General Electric – immense firme américaine d’énergie – et la carte de Chine – pays qui fascine l’artiste depuis une décennie par sa culture, son président, Mao Zedong, et les codes visuels de la propagande communiste. De Basquiat, on voit régulièrement apparaître la banane – hommage à la couverture iconique de l’album The Velvet Underground & Nico signée Warhol (1967) – ou encore les masques africains, auxquels les deux peintres consacrent une œuvre entière en 1984.


L’exposition montre ces allers-retours, un dialogue de styles et de formes qui traite aussi de sujets cruciaux comme l’insertion de la communauté africaine-américaine dans le récit états-unien, un pays dont Warhol a été un des grands fabricants d’icônes.

Information pratique

FONDATION LOUIS VUITTON
8, Avenue du Mahatma Gandhi Bois de Boulogne, 75116 Paris

La conférence en direct

HORAIRES
 jeudi 11h – 20h

 

Derniers accès 30 minutes avant la fermeture.

Vendredi11h – 21h
Samedi10h – 20h

 

contact@fondationlouisvuitton.fr

 APPLICATION DE VISITE

https://www.fondationlouisvuitton.fr/fr/visiter

Navette ou métro

Shirley Jaffe Forme et expérience

Atelier de Shirley Jaffe, Paris, 13 octobre 2008
Tableau à l’arrière-plan : Shirley Jaffe, Bande Dessinée en Noir et Blanc, 2009
© Bibliothèque Kandinsky, Centre Pompidou, MNAM-CCI / Jean-Christophe Mazur © 2023, ProLitteris, Zurich

Jusqu'au 30.7.2023, le Kunstmuseum Basel | Neubau présente Shirley Jaffe
Commissaires :
Olga Osadtschy (Kunstmuseum Basel),
Frédéric Paul (Musée national d’art moderne Centre Pompidou)
Introduction

Le Kunstmuseum Basel présente Shirley Jaffe. Forme et expérience. Il s’agit de la première rétrospective consacrée à cette peintre américaine obstinée et audacieuse qui devint un modèle pour nombre de jeunes artistes. C’est à Paris, où elle s’installe dans les années 1950, qu’elle élabore son propre langage formel au fil des années. L’exposition conçue en coopération avec le Centre Pompidou de Paris et le Musée Matisse de Nice donne à voir 113 oeuvres allant de ses débuts marqués par l’expressionnisme abstrait jusqu’aux grandes peintures géométriques caractéristiques de son oeuvre.

Biographie

Shirley Jaffe (1923–2016), née Shirley Sternstein dans le New Jersey, étudie à la Cooper Union à New York. En 1949, elle s’installe à Paris en compagnie de son mari, le journaliste Irving Jaffe, grâce au G.I. Bill destiné aux soldats vétérans américains. Son mariage ne tient pas longtemps, mais elle reste en France. Bientôt, elle fréquente de nombreux artistes américains parmi lesquels Al Held, Norman Bluhm, Kimber Smith, Sam Francis, Joan Mitchell et le Canadien Jean-Paul Riopelle installés dans la capitale française après-guerre. Ses tableaux expressionnistes abstraits de l’époque, à l’instar d’Arcueil Yellow (1956), évoquent des formations géologiques. En même temps que l’épanouissement de la gestualité, sa touche et sa palette gagnent en complexité (p. ex. East Meets West, 1962).

Shirley Jaffe Arcueil Yellow, 1956 Huile sur toile, 199 x 197 cmCentre Pompidou, Musée nationale d’art moderne, Paris © 2023, ProLitteris, Zurich
Photo: Centre Pompidou, RMN-Grand Palais / Audrey Laurans

La période baloise

En 1958, Darthea Speyer organise une exposition des oeuvres de Shirley Jaffe avec celles de Sam Francis et de Kimber Smith au Centre culturel américain de Paris. Par l’entremise de Sam Francis, Shirley Jaffe fait la connaissance du commissaire Arnold Rüdlinger. Directeur de la Kunsthalle Bern (1946–1955) et de la Kunsthalle Basel (1955–1967), celui-ci transforme et modernise durablement le paysage artistique suisse. Arnold Rüdlinger présente les tableaux de Shirley Jaffe dans plusieurs expositions collectives et fait l’acquisition de deux de ses oeuvres pour la légendaire collection privée
« La Peau de l’Ours » créée à Bâle en 1955 par sept amateurs d’art et pour laquelle il assure la fonction de conservateur. En 1964, l’ensemble des oeuvres de cette collection sont exposées à la Kunsthalle Basel.

Dans le même temps, Shirley Jaffe présente son travail dans différentes galeries suisses : chez Handschin à Bâle et chez Klipstein & Kornfeld à Berne. En 1969, une de ses peintures entre pour la première fois dans une collection française publique. À partir de 1985, le Musée national d’art moderne acquiert des oeuvres de l’artiste. Suite à une importante dation posthume d’oeuvres de Shirley Jaffe en 2019, le Centre Pompidou possède le plus riche ensemble institutionnel de son oeuvre. La majeure partie des archives de l’artiste sont, quant à elles, conservées à la bibliothèque Kandinsky.

Rupture avec l’expressionnisme abstrait …

Dans les années 1960, Shirley Jaffe se détourne de l’expressionnisme abstrait de ses débuts. Ce tournant dans son oeuvre commence en 1963 lors d’un séjour à Berlin-Ouest où elle passe un an et demi, grâce à une bourse de la Fondation Ford, avant de revenir à Paris. Dans ses peintures, elle introduit des formes simples, bien distinctes, dont la géométrie contraste avec une gestualité puissante. Le recours à une palette très vive comme dans The Big Square (1965) met en évidence la structure de ses tableaux.

Kunstmuseum Basel, © 2023, ProLitteris, Zurich Photo: Jonas Hänggi
Shirley Jaffe Big Square, um 1965 Huile sur toile, 204 x 190 cm

Changement radical

Un changement encore plus radical survient à partir de 1968 : Shirley Jaffe renonce dorénavant à toute gestualité pour faire place à une géométrie ordonnée et à des couleurs mates. Des compositions frontales formées d’aplats voient le jour. Boulevard Montparnasse (1968) illustre bien cette évolution.

En 1969, Shirley Jaffe s’installe dans un petit atelier de la rue Saint-Victor dans le 5e arrondissement (le Quartier Latin) où elle vivra et peindra jusqu’à son dernier souffle en 2016. De nombreux artistes lui rendent visite au fil des ans, dont Polly Apfelbaum, Beatriz Milhazes et Sarah Morris. En osant se détourner radicalement de l’expressionnisme abstrait et s’engager dans une nouvelle voie, elle devient un modèle et une référence pour les générations suivantes qui découvrent son oeuvre à la galerie parisienne Nathalie Obadia notamment.

Shirley Jaff Untitled, 1968 Huile sur toile, 162 x 114 cm
Galerie Nathalie Obadia, Pairs / Brussels © 2023, ProLitteris, Zurich Photo: © Bernard Huet / tutti image

Vers un style personnel

À partir des années 1970, Shirley Jaffe commence à développer une écriture personnelle aux contours ciselés. Cette phase de création se caractérise par des formes libres dérivant de la géométrie classique et formant chacune leur propre plan coloré. Si des lignes se trouvent sur une surface colorée, elles ne débordent ni sur la couleur, ni ne se recoupent. Vers la fin de cette période, Shirley Jaffe tente en outre de se libérer du cadre rectangulaire.

Introduction du blanc

À partir de 1983, son oeuvre est entièrement placée sous le signe du blanc qui isole d’abord les formes les unes des autres pour leur conférer davantage d’indépendance (p. ex. Sailing, 1985). Durant cette phase de création, l’artiste explore également la manière dont le blanc contribue à la répartition dynamique des aplats sur la toile. Des formes auparavant disjointes se rencontrent désormais dans des constellations géométriques osées.
Le blanc ne se veut pas une couleur de fond, ses nuances variant au fil des tableaux : jamais cette couleur n’est composée à l’identique.
Shirley Jaffe complète ses oeuvres de longues lignes courbées ou anguleuses parcourant plusieurs plans colorés qui renforcent ainsi une impression de superposition (p. ex. All Together, 1995).
Enfin, à partir de 1995 puis 2001 en particulier, des variations de densité chromatique apparaissent à l’intérieur des formes. Des traces de pinceaux ou des éléments colorés diffus fracturent désormais le chaos ordonné des tableaux de même que les aplats parfaitement homogènes.

Shirley Jaffe All together, 1995 Huile sur toile, 240 x 254 cm
Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris
© 2023, ProLitteris, Zurich
Photo: © Centre Pompidou, RMN Grand-Palais, Philipp Migeat

Notes d’atelier

L’exposition s’accompagne de notes d’atelier de l’artiste, qui a scrupuleusement consigné la lente exécution de ses oeuvres, ainsi que des documents d’archives provenant de sa succession privée.

Ces deux dernières années, le Kunstmuseum Basel a fait l’acquisition de deux peintures de Shirley Jaffe : Medrano (1958) et Big Square (1965). Le musée dispose ainsi d’une oeuvre de jeunesse et d’un travail exécuté au début du tournant vers l’élaboration de son écriture personnelle. Le Kunstmuseum possède en outre quatre travaux sur papier de la fin des années 1950.

Shirley Jaffe Medrano, 1958 Huile sur toile, 207.5 x 194 cm
Kunstmuseum Basel, © 2023, ProLitteris, Zurich Photo: Jonas Hänggi

Shirley Jaffe Oral (Art) History

Le projet Shirley Jaffe Oral (Art) History a invité des témoins de l’époque, amis et collègues de Jaffe, à jeter un regard sur la vie et l’oeuvre de l’artiste sous différentes perspectives. Une sélection du matériel ainsi obtenu est intégrée à l’exposition du Kunstmuseum Basel sous forme d’installation audio. L’ensemble du matériel de ce projet d’histoire orale est accessible sur le site web du musée.

Information pratiques

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
Postfach, CH-4010 Basel
T +41 61 206 62 62
kunstmuseumbasel.ch


Doris Salcedo, suite

Plegaria Muda, 2008–2010. ( prière silencieuse)

Jusqu'au 17 septembre 2023,  la Fondation Beyeler consacre en tant que premier musée en Suisse une importante exposition individuelle à l’artiste colombienne Doris Salcedo (*1958)
L’exposition est placée sous le commissariat de Sam Keller, directeur de la Fondation Beyeler, et de Fiona Hesse, responsable de projet et Associate Curator à la Fondation Beyeler.
Introduction

Simultanément à son installation Palimpsest, 2013–2017, présentée à la Fondation Beyeler depuis octobre 2022, la Fondation présente huit séries d’oeuvres majeures datant de différentes périodes de son travail. Sur 1300 mètres carrés, l’exposition donnera à voir une centaine d’oeuvres, parmi elles des oeuvres clés en provenance de collections internationales de
premier plan ainsi que des oeuvres rarement exposées détenues dans des collections particulières. Les objets, sculptures et interventions in situ de Doris Salcedo ont pour thème les expériences et les répercussions de conflits violents dans le monde. Ses travaux ont souvent pour toile de fond des événements spécifiques mais leur portée et leur résonance sont universelles et imparables. Ils tournent souvent autour de réflexions sur la perte, la souffrance individuelle et la manière dont les sociétés gèrent le deuil collectif.

Le thème

Doris Salcedo a grandi à Bogota, la capitale colombienne qu’elle décrit comme un épicentre de catastrophes. Confrontée incessamment à l’effroi des structures de pouvoir politiques et de la détresse humaine de son pays natal, elle a développé une conscience sociale et politique marquée. Il en résulte des
oeuvres qui donnent forme aux émotions déclenchées par ces expériences. Au lieu de représentations simplistes, Salcedo quête les sentiments et les sensations que partagent les spectateurs·rices. Comme elle le dit elle-même :

« Ce que je cherche à tirer de ces travaux, c’est cet élément qui nous est commun. »
Doris Salcedo

Les oeuvres

Les oeuvres de Doris Salcedo nécessitent souvent des années de préparatifs, de recherches et de travail de terrain, débouchant sur des processus de conceptualisation complexes et minutieux. Les horreurs que thématise l’artiste ne sont jamais montrées directement. Au lieu de cela, elle choisit des matériaux et des moyens d’expression qui rendent visibles la terreur et l’effroi de manière oblique tout en étant porteurs de beauté et de poésie. Avec son travail, Doris Salcedo cherche à établir des ponts entre la souffrance et la détresse de l’existence humaine d’une part et les espoirs et les aspirations d’une autre.

Doris Salcedo
Solo Exhibition
Museum of Contemporary Art Chicago
21 February – 24 May 2015

OEuvre majeure de l’exposition, A Flor de Piel, 2011–2014, consiste en des centaines de pétales de rose cousus ensemble en un linceul filigrane dont les plis se drapent sur une vaste surface au sol. L’oeuvre a pour point de départ un crime commis contre une infirmière colombienne, qui avait été torturée à mort et dont le corps n’a jamais été retrouvé. Le titre A Flor de Piel est une expression espagnole proche de l’expression française « à fleur de peau » : avec sa double référence aux fleurs et à la peau, elle décrit des émotions d’une telle intensité qu’elles en deviennent clairement apparentes aux autres, par exemple par un
rougissement de la peau. Pour Salcedo, le geste consistant à suturer les pétales les uns aux autres est une part importante de l’oeuvre, qui rassemble ainsi les corps martyrisés et illustre la précarité et la fragilité de la vie.

Salle 3

Dans la salle suivante s’alignent les tables de Plegaria Muda, 2008–2010. En 2008, Salcedo se penche sur la criminalité des gangs à Los Angeles et constate que les victimes et les agresseurs partagent souvent des
contextes socio-économiques semblables et des circonstances pareillement défavorisées. Partant de cette observation, elle a empilé dos à dos et séparées par une couche de terre des paires de tables de la taille de cercueils. Chacune de ces paires symbolise l’une de centaines de dyades bourreau/victime dont les destins restent tragiquement liés. Évoquant un cimetière récemment aménagé, l’oeuvre reflète également la douleur des mères endeuillées de Colombie à la recherche de leurs fils disparus dans des fosses communes. Plegaria Muda, qui signifie « prière silencieuse », témoigne de l’importance universelle d’une
inhumation et d’un adieu personnels et dignes. L’herbe qui pousse à travers les plateaux des tables faits à la main, comme autant de lueurs d’espoir, exprime la conviction de Salcedo que la vie s’impose même face aux abus les plus terribles.

Salle 6

Disremembered, 2014/15 et 2020/21, illustre plusieurs aspects importants de l’oeuvre de Salcedo : il s’agit d’une sculpture presque immatérielle, à peine tangible, qui ne se révèle à nous que de près. Une étoffe de soie semblable à une chemise, conçue par Salcedo suivant le modèle de sa propre blouse, est traversée de très nombreuses petites aiguilles qui opposent quelque chose de menaçant à la délicatesse évanescente de la sculpture. En amont de ce travail, Salcedo a parlé avec des mères ayant perdu des enfants lors de violences armées dans des quartiers difficiles de Chicago. La douleur constante et inconsolable de ces femmes est symbolisée par les plus de 12’000 fines aiguilles piquées directement dans l’étoffe et clairement visibles en raison de la transparence de la sculpture.

Salle 4

Cette polarité entre délicatesse et violence est commune à beaucoup d’autres oeuvres de Salcedo.
Atrabiliarios, 1992–2004, montre ainsi des chaussures usées, insérées dans des niches aménagées dans la paroi d’exposition et recouvertes d’une peau animale tendue qui en opacifie la vue. Salcedo cherche ainsi à préserver la mémoire de leurs anciennes propriétaires : des femmes victimes de disparition forcée
en Colombie.

salle 5

La série Untitled, 1989, comporte plusieurs meubles de bois saisis dans du béton. Pour cette oeuvre, Salcedo a passé du temps avec les familles de victimes de la violence endémique et de la guerre civile en Colombie. Elle s’est saisie d’objets du quotidien des victimes, rendus inutiles par leur mort, pour symboliser leur absence.

Salle 8

Unland, 1995–1998, s’appuie sur des interviews menées dans le nord de la Colombie avec de jeunes orphelins qui avaient été témoins du meurtre de leurs parents. Les moitiés de tables reliées par un mélange de soie et de cheveux humains représentent l’équilibre fragile de familles déchirées par la violence.

Doris Salcedo
Solo Exhibition
Museum of Contemporary Art Chicago
21 February – 24 May 2015
Salle 1

Untitled, 1989–93, a été conçu en réaction à deux massacres commis en 1988 dans le nord de la Colombie dans les plantations bananières de La Negra et La Honduras. Les sculptures se composent de chemises de coton blanches coulées dans du plâtre et transpercées de barres d’acier. Faisant allusion à
l’absence du corps humain, les chemises évoquent la tenue de travail standard des ouvriers de ces plantations ainsi que la tenue mortuaire des défunts.

Palimpsest

Dans la vaste installation, 2013–2017, Salcedo se penche sur le sort des réfugié·e·s et des migrant·e·s mort·e·s noyé·e·s ces 20 dernières années lors de la dangereuse traversée de la Méditerranée ou de l’Atlantique en quête d’une vie meilleure en Europe. Cinq années durant, elle a recherché les noms
des victimes qui apparaissent et s’estompent sur les dalles couleur sable des quelque 400 mètres carrés au sol que recouvre l’installation.

À propos de Doris Salcedo

Doris   Salcedo est née en 1958 à Bogota en
Colombie, où elle vit et travaille encore aujourd’hui. Elle a étudié la peinture et l’histoire de l’art à l’Université de Bogota, puis au début des années 1980 la sculpture à l’Université de New York. En 1985, elle retourne en Colombie. Elle sillonne alors le pays à la rencontre de rescapé·e·s et de proches de victimes d’actes de violence et de brutalité. La sensibilisation provoquée en elle par ces échanges par rapport aux thèmes de la guerre, de l’aliénation, du manque de repères et du déracinement forme depuis la base de son travail . Salcedo a attiré l’attention avec des installations à grande échelle telles Untitled, 2003, Shibboleth, 2007, ou Plegaria Muda, 2008–2010. Untitled, 2003, réalisé pour la 8ème Biennale internationale d’Istanbul, se composait d’environ 1550 chaises en bois empilées entre deux bâtiments pour rendre compte de la
migration et de l’expulsion de familles arméniennes et juives d’Istanbul. Pour Shibboleth, 2007, à la Tate Modern à Londres, elle a conçu une longue faille crevassée parcourant le sol de la Turbine Hall, inscrivant ainsi dans l’espace de manière sensorielle les expériences de délimitation et d’exclusion sociales ainsi que de séparation. En 2015, le Museum of Contemporary Art Chicago a présenté une première rétrospective de son travail. Le musée de Glenstone dans le Maryland lui a consacré l’année dernière une exposition
individuelle.
À la Fondation Beyeler, Doris Salcedo a été représentée en 2014 dans une présentation de la collection incluant des oeuvres de la Daros Latinamerica Collection. Palimpsest a été présenté en 2017 au Palacio de Cristal du Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía à Madrid puis à White Cube à Londres.
Cette installation saisissante est donnée à voir à la Fondation Beyeler depuis l’automne dernier pour la première fois dans l’espace germanophone. La dernière oeuvre en date de Salcedo, Uprooted, 2020–2022, est actuellement présentée à la 15ème édition de la Biennale de Sharjah.

Informations complémentaires

Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125
Riehen/Bâle, Suisse
https://www.fondationbeyeler.ch/fr/accueil

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00 – 18h00,
le mercredi jusqu’à 20h00,
le vendredi jusqu’à 21h00

Programmation associée «Doris Salcedo»

Notice de salle

Destins Communs, Omar Ba

Dispersion devant l’impasse, 2021 ; 200 × 280 cm, acrylique, crayon, huile, encre de Chine et stylo Bic sur toile
Courtesy collection privée et Templon, Paris – Brussels – New York © photo : Isabelle Arthuis

L’exposition Destins Communs de l’artiste Omar Ba est présentée à La Kunsthalle Mulhouse du 9 juin au 29 octobre 2023.
"Destins Communs, Omar Ba"
Commissariat : Sandrine Wymann
Introduction par Sandrine Wymann

Fo.rmé d’abord au Sénégal puis en Suisse Romande, Omar Ba est avant tout un peintre, même si dans son œuvre la sculpture, le dessin ou la photographie trouvent aussi leur place. De ses peintures, on retient d’abord le , celui d’où jaillissent les couleurs qu’il donne à ses scènes mi- oniriques, mi- réalistes. On retient également la légèreté de ses coups de pinceau qui semblent emprunter chaque matière représentée à un fragment végétal, vrai ou imaginaire. Des pétales, des plumes, des feuilles, des tiges ou d’autres éléments tirés de la nature, si vivement posés sur la toile qu’ils composent une variété immense de textures. L’artiste réinvente continuellement les motifs de sa palette. Qu’elle soit toile ou carton, la surface lui offre un espace profond qu’il investit millimètre par millimètre pour raconter les histoires qui font sa vision du monde. Formé aux contes, enfant d’Afrique, il adopte une construction de l’image fidèle à la tradition des récits aux forces émotionnelles et aux messages philosophiques. Ce qu’il peint a la puissance de l’irréel et la gravité du constat. Derrière l’éclat et l’effusion des couleurs, les figures et les scènes qu’il rapporte sont tout droit sorties d’une histoire aux multiples ressorts politiques et sociaux. Chacun de ses tableaux camoufle une Afrique contemporaine, complexe, blessée et émouvante qu’il partage sans limite, tant ses peintures ont la puissance de séduire ceux qui les regardent.

De cette accessibilité, il en a fait une force, celle de porter la réalité africaine aux yeux de tous et d’interroger nos Destins Communs par le biais de l’allégorie et de la métaphore. Chez Omar Ba, le monde est ontologique, nous sommes tous liés les uns aux autres, au passé et au futur, et sa peinture a une valeur universelle

Biographie

Né au Sénégal en 1977, Omar Ba vit et travaille entre Dakar et Genève. Ses peintures – réalisées à l’aide de techniques et de matériaux variés – représentent des motifs politiques et sociaux aux multiples interprétations.

Son vocabulaire plastique réactive des interrogations historiques et atemporelles tout en élaborant un propos artistique d’une absolue contemporanéité. L’iconographie d’Omar Ba mobilise des métaphores personnelles, des références ancestrales et des figures hybrides. Son travail refuse une narration didactique et cherche, par son caractère énigmatique et son intensité poétique, à exprimer son inconscient et son appréhension symbolique du réel.

Omar Ba a été formé aux Beaux-Arts de Dakar puis de Genève. Ces dernières années, il a participé à de nombreuses expositions collectives internationales, dont les plus récentes sont la Summer Exhibition 2014 à la Royal Academy of Arts (Londres) et la Biennale de Dakar en 2014. Ses œuvres sont entrées dans plusieurs collections publiques dont celles du Centre National des Arts Plastiques (CNAP) en France, de la Collection Nationale Suisse (Bâle) et du Louvre d’Abu Dhabi.

Omar Ba est représenté par les galeries Templon, Bruxelles et Wilde, Genève.

Informations pratiques

Télécharger ici le livret de salle

Lien vers le site d’Omar Ba

La Kunsthalle Mulhouse – Centre d’art contemporain La Fonderie
16 rue de la Fonderie – 68093 Mulhouse Cedex Tél : + 33 (0)3 69 77 66 47

Heures d’ouverture
Du mercredi au vendredi de 12h à 18h
Samedi et dimanche de 14h à 18h
Fermé les lundis et mardis + 14 juillet

Pendant Art Basel, du 13 au 16 juin,
ouverture exceptionnelle de 10h à 18h

Entrée libre et gratuite

Kunstdéjeuner

Jeudi 22 juin à 12h15

Pendant la pause méridienne, visite commentée de l’exposition Destins Communs, suivie d’un déjeuner pour poursuivre les échanges en toute convivialité.

Participation au repas de 10€/personne,
sur inscription au 03 69 77 66 47 / kunsthalle@mulhouse.fr

Déjeuner concocté par l’association EPICES.

Kunstapéro : des œuvres et des vins à découvrir

Jeudi 29 juin à 18h30

Visite commentée de Destins Communs suivie d’une dégustation de vins en écho à l’exposition.

Participation à la dégustation de 5€/personne, inscription obligatoire
(places limitées) au 03 69 77 66 47 / kunsthalle@mulhouse.fr

En partenariat avec Mulhouse Art Contemporain et la Fédération Culturelle des Vins de France.

Visite commentée

Samedi 24 juin à 16h

Découvrez l’exposition Destins Communs – Omar Ba à l’occasion d’un échange avec une médiatrice du centre d’art.

Entrée libre et gratuite.

Les visites guidées sont organisées tous les derniers samedis du mois, aux dates suivantes : 29 juillet, 26 août, 30 septembre et 28 octobre.

Kunstbabies : pour les tous petits et leurs parents

Samedi 8 juillet de 11h à 12h

A destination des jeunes enfants et de leurs parents, ce temps privilégié permettra de découvrir l’exposition Destins Communs à travers le jeu et l’éveil.RDV pour les tous petits, jusqu’à 6 ans, accompagnés d’au moins un parent.
Gratuit, sur inscription obligatoire au 03 69 77 66 47kunsthalle@mulhouse.fr

Basquiat, The Modena Paintings

Jean-Michel Basquiat, Untitled (Woman with Roman Torso [Venus]), 1982
Acrylique et pastel gras sur toile, 241 x 419,7 cm Collection privée
© Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York
Photo: Robert Bayer

Basquiat à Modène du 11 juin – 27 août 2023 à la Fondation Beyeler présente les
« Modena Paintings », huit toiles de grand format que Basquiat a peintes en 1982 dans la ville italienne de Modène pour un projet d’exposition qui n’a finalement jamais vu le jour
L’exposition est placée sous le commissariat conjoint de Sam Keller, directeur de la Fondation Beyeler, et d’Iris Hasler, Associate Curator à la Fondation Beyeler.
Introduction

13 ans après la grande rétrospective qu’elle avait consacrée à Jean-Michel Basquiat, la Fondation Beyeler accueille une nouvelle fois l’oeuvre de l’artiste new-yorkais. Elle présentera les « Modena Paintings », huit toiles de grand format que Basquiat a peintes en 1982 dans la ville italienne de Modène pour un projet d’exposition qui n’a finalement jamais vu le jour. Plus de 40 ans plus tard, la Fondation Beyeler réunit pour la première fois ces chefs-d’oeuvre, aujourd’hui détenus dans des collections privées aux États-Unis, en
Asie et en Suisse, parmi eux plusieurs des oeuvres les plus célèbres et les plus chères de Basquiat. C’est dans l’air du temps, après Basquiat et Warhol à la Fondation Vuitton et Basquiat et la musique à la Philharmonie de Paris, pour la Fondation Beyeler c’était une évidence.

le plus jeune artiste invité à la dOCUMENTA 7

Jean-Michel Basquiat (1960–1988) compte parmi les artistes majeurs du XXe siècle finissant. Au début des années 1980, il accède en peu de temps à une notoriété internationale, alors que la peinture figurative connaît une renaissance. Basquiat, une des personnalités les plus magnétiques du monde de l’art, débute dans l’underground new-yorkais en tant que poète graffeur et musicien avant de se consacrer pleinement à l’art. Sa peinture hautement expressive et débordante d’énergie lui vaut rapidement l’admiration du milieu.
Âgé de seulement 21 ans, il est le plus jeune artiste invité à participer à la Documenta 7 qui se tient à Kassel en été 1982. Encouragé par Andy Warhol, il devient une véritable célébrité artistique, fêtée dans le monde entier. Fils d’un père haïtien et d’une mère dont les parents venaient de Porto Rico, il est le premier artiste noir à percer dans un milieu artistique dominé par des protagonistes blancs·ches. Outre Andy Warhol, Basquiat collabore avec Keith Haring, Francesco Clemente, Debbie Harry et d’autres artistes et
musicien·ne·s. Jusqu’à son décès soudain en août 1988, il produit en moins d’une décennie un vaste oeuvre comptant plus de 1’000 tableaux et objets ainsi que 3’000 oeuvres sur papier.

Un nouveau langage visuel

Après l’âge d’or de l’art conceptuel et de l’art minimal dans les années 1960 et 1970, Basquiat parvient à imposer un nouveau langage visuel figuratif et expressif. Ses oeuvres, peuplées de personnages évoquant ceux des bandes dessinées, de silhouettes de squelettes, d’objets étranges du quotidien et de slogans poétiques sont puissantes et somptueusement colorées. Elles font converger des motifs issus de la culture pop et de l’histoire culturelle, entre autres des domaines de la musique et du sport, ainsi que des thèmes
politiques et économiques, pour aboutir à des commentaires critiques de la société de consommation et de l’injustice sociale, en particulier du racisme.

Première exposition personnelle

                   Jean Michel Basquiat et Emilio Mazzoli

La première exposition personnelle de Basquiat se tient en 1981 à la Galleria d’Arte Emilio Mazzoli à Modène, à l’époque encore sous le pseudonyme SAMO© qu’il inscrivait à la bombe aérosol sur les wagons et les parois du métro new-yorkais et qui datait de sa collaboration avec le graffeur Al Diaz. Le jeune artiste avait capté l’attention du galeriste italien Emilio Mazzoli quelques mois auparavant dans l’exposition collective « New York / New Wave » organisée par Diego Cortez au P.S. 1 Contemporary Art Center (aujourd’hui MoMA PS1) à
Long Island City. Emilio Mazzoli avait alors mis à la disposition de Basquiat
un espace de travail et du matériel pour lui permettre de créer de nouvelles oeuvres. Au début de l’été 1982, à l’invitation de Mazzoli, Basquiat retourne à Modène pour sa première exposition européenne sous son vrai nom.

Atelier de Modena

Jean-Michel Basquiat
Boy and Dog in a Johnnypump, 1982
Acrylique, pastel gras et peinture à l’aérosol sur toile, 240 x 420,4 cm
Collection privée
© Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York
Photo: Daniel Portnoy

À Modène, Mazzoli dispose d’un entrepôt qui sert aux artistes de passage pour travailler. Ainsi, plusieurs années durant Mario Schifano séjourne régulièrement à Modène pour y peindre. Lorsque Basquiat arrive, il tombe sur plusieurs reliquats du travail de Schifano : outre des tableaux achevés, il trouve aussi des toiles apprêtées et des toiles vierges. Attiré par leurs dimensions exceptionnelles, il les utilise pour ses propres tableaux. Il produit ainsi un groupe d’oeuvres de chacune plus de deux mètres sur quatre, plus grandes
que et différentes de tout ce qu’il avait peint jusque là. En apposant l’indication « Modena » et sa signature au dos des toiles, il les désigne comme un groupe d’oeuvres cohérent.
Mais des désaccords opposent les galeristes Annina Nosei, qui représente Basquiat à New York depuis fin 1981, et Emilio Mazzoli, entraînant l’abandon du projet d’exposition à Modène. Dans une interview accordée au New York Times en 1985, Basquiat revient sur son deuxième séjour à Modène et exprime sa
frustration :
« Ils ont organisé les choses de telle manière que je doive produire huit tableaux en une semaine », et il compare son travail dans l’entrepôt à
« une usine, une usine malsaine. J’ai détesté. »

Au final, Mazzoli règle Basquiat pour les oeuvres produites et l’artiste retourne à New York.

Projet abandonné

Les huit tableaux peints à Modène trouvent finalement de nouveaux propriétaires par l’entremise d’Annina Nosei : Bruno Bischofberger en acquiert quatre (Profit I, Boy and Dog in a Johnnypump, Untitled [Woman with Roman Torso (Venus)], The Guilt of Gold Teeth) et les autres passent dans diverses collections à l’international. Aujourd’hui, les huit toiles se trouvent dans différentes collections particulières aux États-Unis, en Asie et en Suisse. Certaines d’entre elles se sont recroisées dans le cadre de rétrospectives,
d’autres n’ont que rarement été montrées en public. Le projet de la Galleria d’Arte Emilio Mazzoli n’a pas encore fait l’objet de recherches et de mises en lumière approfondies. Et pourtant, non seulement les tableaux produits à Modène figurent parmi les plus importants de l’oeuvre de Basquiat et les oeuvres les plus chères de tout l’art contemporain, mais le projet d’exposition finalement abandonné constitue lui aussi un événement particulier dans la carrière de l’artiste. Pour la première fois, les tableaux de Modène sont
 réunis au sein d’une présentation unique à la Fondation Beyeler – 40 ans plus tard, le projet d’exposition est ainsi enfin réalisé.

Sam Keller explique

Sam Keller, directeur de la Fondation Beyeler, explique :
« Tous les ‹ Modena Paintings › se trouvent aujourd’hui dans des collections privées. Certains d’entre eux ont été donnés à voir dans le cadre d’expositions consacrées à Basquiat, mais jamais encore ils n’avaient figuré ensemble et côte à côte dans une même présentation ainsi que l’avait prévu Basquiat à l’origine. Grâce à notre bonne collaboration de longue date avec la famille Basquiat et les collectionneurs de Basquiat, nous sommes parvenus à réunir
toutes les oeuvres et à rattraper ainsi un moment
d’histoire de l’art. »

Le cycle de Modène

Jean-Michel Basquiat Untitled (Angel), 1982
Acrylique et peinture à l’aérosol sur toile, 244 x 429 cm
Collection privée
© Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York
Photo: Robert Bayer

Untitled (Devil), 1982
Acrylique et peinture à l’aérosol sur toile, 238,7 x 500,4 cm
Collection privée
© Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York
Photo: © 2023 Phillips Auctioneers LLC. All Rights Reserved.

Les « Modena Paintings » partagent plusieurs caractéristiques en termes de motif et de style : les huit tableaux sont tous dominés par une figure monumentale, souvent noire, sur fond de larges traits de pinceau à la gestuelle expressive. Untitled (Angel) et Untitled (Devil), opérant comme un quasi diptyque, donnent à voir les figures titulaires d’un ange et d’un démon sous forme de portraits en buste, les deux bras levés – posture pouvant être comprise aussi bien comme implorante que triomphante, et qui non
seulement se répète dans d’autres images du cycle mais apparaît de manière récurrente dans l’oeuvre de Basquiat. Le squelette suggéré à coups de traits horizontaux sommaires dans Untitled (Devil) de même que le crâne aux orbites et aux cavités nasales profondes caractérisent également les figures dans Boy and Dog in a Johnnypump et The Field Next to the Other Road. Parmi les autres signes distinctifs des personnages de Basquiat figure un ornement placé au-dessus de leur tête, parfois auréole et parfois couronne d’épines, qui apparaît également dans Untitled (Woman with Roman Torso [Venus]) et Profit I.
Comparées aux autres oeuvres du groupe, ces deux dernières présentent tout comme The Guilt of Gold Teeth une plus grande densité des « griffonnages » si typiques de Basquiat. The Guilt of Gold Teeth, avec ses mots cryptiques, ses combinaisons de chiffres et ses symboles de dollar, préfigure déjà certaines
évolutions plus tardives de l’oeuvre de l’artiste. Avec Untitled (Cowparts), qui donne à voir une vache plus grande que nature aux énormes yeux ronds, le cycle se boucle dans la mesure où les épais traits de pinceau blancs utilisés pour accentuer le corps noir dans Untitled (Angel) soulignent ici les contours de
l’animal.

Le geste pictural

Jean-Michel Basquiat Profit 1, 1982
Acrylique, pastel gras, feutre et peinture à l’aérosol sur toile, 220 x 400 cm
Collection privée, Suisse
© Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York
Photo: Robert Bayer

À l’exception des deux tableaux Profit I et The Guilt of Gold Teeth, dans lesquels la combinaison d’acrylique, de peinture aérosol et de crayon à l’huile établit un dialogue avec le dessin, le groupe d’oeuvres met l’accent sur le geste pictural. Le collage visuel d’images et de mots habituellement si typique du travail de Basquiat n’apparaît que peu dans les oeuvres réalisées à Modène.

Jean-Michel Basquiat
The Guilt of Gold Teeth, 1982
Acrylique, pastel gras et peinture à l’aérosol sur toile, 240 x 421,3 cm
Nahmad Collection
© Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York
Photo: Annik Wetter

Dans l’ensemble, le répertoire de Modène est moins morcelé et se concentre sur des compositions plus vastes et expansives. Le corps humain et animal y occupe le premier plan. Contrairement aux oeuvres antérieures, celles de Modène ne
donnent pas à voir d’impressions des rues de la grande ville. On retrouve dans plusieurs des huit toiles les mêmes tonalités, ainsi dans les vastes fonds plats, de même que l’utilisation semblable et répétée de traits de pinceau rouge écarlate pour appuyer les figures représentées. Basquiat avait pour habitude de travailler sur plusieurs toiles en parallèle car les différentes couches de couleur avaient besoin de temps pour sécher.

Catalogue


Un catalogue est publié au Hatje Cantz Verlag, Berlin, en allemand et en anglais, retraçant le développement du concept d’exposition initial jusqu’à son abandon en 1982 et consacrant un court texte à chacun des tableaux créés à Modène.
Il comprend des textes de Dieter Buchhart, Iris Hasler, Fiona Hesse, Michiko Kono, Regula Moser, Demetrio Paparoni et Jordana Moore Saggese.

Informations pratiques
Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125
Riehen/Bâle, Suisse

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00 – 18h00,
le mercredi jusqu’à 20h00,
le vendredi jusqu’à 21h00

Accès
Depuis la gare SBB ou DB
t
ram n°2 descendre à Messeplatz
puis prendre le tram n°6 direction Grenze
descendre à l'arrêt Fondation Beyeler