Olafur Eliasson, Life, 2021, Photo: Mark Niedermann, Courtesy of the ar9st;
neugerriemschneider, Berlin; Tanya Bonakdar Gallery, New York / Los
Angeles © 2021 Olafur Eliasson
Je n’ai qu’une hâte, c’est que la frontière s’ouvre afin de courir à la Fondation Beyeler pour y découvrir la dernière exposition consacrée à Olafur Eliasson.
Cela semble être une fantastique fête de l’eau, de l’humain, de la nature, un hymne à la vie sous toutes ses formes, animale et végétale, un spectacle de lumière, de couleurs, une ouverture grandiose pour tous, une ode à la vie, au climat, pour le plaisir de tous les sens.
LIFE OLAFUR ELIASSON
AVRIL à JUILLET 2021
L’artiste dano-islandais Olafur Eliasson (né en 1967) s’exprime par la sculpture, la peinture, la photographie, le film, l’installation et les médias numériques. Son oeuvre traite des questions de perception, de mouvement, d’expérience corporelle et de la relation entre la perception de soi et le sens de la communauté. Il ne se limite pas aux musées et aux
galeries, mais implique le public à travers des projets architecturaux, des interventions dans des espaces publics, l’éducation artistique, l’élaboration de politiques et l’action climatique.
Olafur Eliasson est internationalement connu pour ses installations qui remettent en question la façon dont nous percevons notre environnement et contribuons à le façonner.
Sam Keller, directeur de la Fondation
Cette oeuvre d’art est une expérience collective.
Elle remet en question nos conventions en
matière d’art, de nature, d’institution et de vie, en tentant d’abolir leurs frontières. Les plantes, les animaux, les êtres humains et les microorganismes cohabitent dans cette oeuvre.
L’heure de la journée et la météo influencent
l’évolution et la perception de cette exposition.
Life est accessible à toute heure (billets 9-21h)
Olafur Eliasson
Je m’intéresse de plus en plus à la vie non pas du point de vue de l’être humain, mais avec une perspective plus large, du point de vue biocentrique. Je me suis amusé à créer des néologismes, à transformer des noms en verbes – en parcourant mon exposition, je m’efforce d’arbrer, par exemple – afin d’aborder des perspectives dépassant celles que nous concevons habituellement en tant qu’êtres humains.
La vie, chez les humains, chez les mammifères, est subordonnée à l’inspiration et à l’expiration, à l’oxygène. Pour reprendre la terminologie des anthropologues Natasha Myers et Timothy Choy, je dirais également que la vie con-spire – en jouant sur l’étymologie du mot (« respirer avec ») et la définition que l’on en trouve habituellement dans le dictionnaire. Nous conspirons avec les arbres, les uns avec les autres, et avec la
planète.
Olafur Eliasson Life, 2021 (Détail)
Pour reprendre les mots de l’anthropologue Anna L. Tsing :
« La précarité semblait autrefois être le sort des moins fortunés. Aujourd’hui, nos vies nous paraissent précaires –alors même que, actuellement, nos poches sont pleines. »
Life, mon oeuvre, et la Fondation Beyeler se confondent avec le parc environnant, le paysage urbain, la planète tout entière, et prennent vie à travers tout ce qui s’y trouve et tous ceux qui s’y rencontrent.
Depuis mes premiers travaux d’artiste au début des années 1990, je m’intéresse à la perception et aux conditions cognitives et culturelles qui la façonnent.
Life prend vie à travers la rencontre active que l’on en fait, à travers la perception de chacun. J’ai volontairement opté pour une absence de textes didactiques ou explicatifs en regard des oeuvres d’art afin d’éviter d’influencer la perception des visiteurs et leur appréhension de l’exposition. Il est important pour moi de ne pas partager une perspective limitée et prédéfinie de Life. Certaines de mes réflexions sur la réalisation de l’oeuvre d’art et sa pérennité, ainsi que mes sources d’inspiration pour ce travail, se trouvent ici. Dans le même temps, j’accueille les contributions des visiteurs – leurs attentes, leurs souvenirs, leurs pensées, leurs émotions.
Life présente un modèle de paysage futur. Un environnement accueillant. Lorsque Sam Keller, directeur de la Fondation Beyeler, et moi avons discuté de l’exposition pour la première fois il y a deux ans, je me suis dit :
« Pourquoi ne pas inviter tout le monde à l’exposition ? Invitons la planète – les plantes ainsi que plusieurs espèces différentes. »
Je voulais ouvrir plus qu’une brèche : je tenais à supprimer toutes les limites structurelles qui créent une barrière entre le musée et l’extérieur – et je suis reconnaissant à la Fondation Beyeler et l’architecte Renzo Piano, qui a conçu le musée, pour la confiance qu’ils m’ont accordée en me laissant précautionneusement et soigneusement retirer la façade en verre
de la bâtisse.
Olafur Eliasson Life, 2021 Photo: Mark Niedermann
Courtesy of the artist; neugerriemschneider, Berlin; Tanya Bonakdar
Gallery, New York / Los Angeles
© 2021 Olafur Eliasson
Lorsque nous reconnaissons que nos vies sont inextricablement liées à notre
environnement, ainsi qu’à des structures et des systèmes qui vont bien au-delà de notre contexte local, nous apprenons, je crois, que nous sommes tous vulnérables et que nous ne contrôlons pas tout. Nous agissons et interagissons dans des situations définies par l’incertitude et des résultats peu clairs.
De concert avec le musée, je cède le contrôle à l’oeuvre d’art et, pour ainsi dire, je donne tout pouvoir aux visiteurs humains, mais aussi aux visiteurs non-humains, aux plantes, aux micro-organismes, aux caprices du temps, au climat – un grand nombre d’éléments que les établissements artistiques s’efforcent habituellement de tenir à l’écart. Au lieu de cela, nous invitons chaque être et chaque chose à l’intérieur.

Philosophe, poétesse scientifique, architecte paysagiste
Je m’intéresse à la façon dont nous u8lisons nos sens, à la façon dont nous utilisons notre perception. Que se passe-t-il lorsque nous devenons insensibles à notre environnement ?
Le studio – www.olafureliasson.net_ Olafur Eliasson, basé à Berlin, réunit une vaste équipe d’artisans, d’architectes, d’archivistes, de chercheurs, de cuisiniers, d’historiens de l’art et de techniciens spécialisés.
Mon amie Pireeni Sundaralingam, poétesse et spécialiste en sciences cognitives, a mené des recherches sur la manière dont les environnements numériques sont souvent conçus comme des systèmes de captation de l’attention générant un stress neurologique et des schémas comportementaux qui se fondent sur la menace. Elle soutient que les environnements sensoriels riches et les espaces numériques ou physiques incertains – par opposition à
« menaçants » – ont un impact positif en termes de développement cérébral sur la croissance, la créativité, l’innovation et la résilience. J’ai l’espoir que Life encourage les visiteurs à faire l’expérience d’eux-mêmes dans un paysage élargi – ouvert, incertain – et qu’ils se voient en tant qu’êtres composites au sein d’écologies plus vastes et insoumises
.
Life offre aux visiteurs la possibilité de mettre tous leurs sens en éveil. Les odeurs de plantes et d’eau, les sons environnants et l’humidité de l’air incitent les visiteurs à dépasser la vision seule pour explorer les oeuvres d’art.
Life invite à une « conscience panoramique » au coeur du paysage.
Elle suggère que, ce qui est derrière vous, de chaque côté de vous, ou
au-dessus de vous est tout aussi important que ce qui est devant vous et au-delà.
J’ai récemment fait la connaissance de Natasha Myers, anthropologue et danseuse. Elle nous invite – comme elle le formule elle-même – à
« végétaliser » nos sens afin de saisir le potentiel des relations entre les plantes et les êtres humains. Dans son essai, Natasha Myers s’interroge : « Que désirent les plantes ? Que savent les plantes ? Que peut faire une plante ? Nous ne le savons pas encore. Mais nous pourrions allez à leur rencontre avec l’honnêteté et la candeur de ne pas savoir, et en laissant de côté ce que nous prenons pour de la connaissance. »
Invitation
Je vous (OE)vous invite à découvrir l’exposition par vous-même. Si vous ne pouvez pas vous rendre en personne à la Fondation Beyeler, vous aurez la possibilité de la visiter sur le site – www.olafureliasson.net/life,- à toute heure du jour et de la nuit, pour voir s’alterner en direct les points de vue humains et non-humains.
Le microsite qui accompagne l’exposition, www.life.fondationbeyeler.ch, rassemble les matériaux qui ont inspiré l’exposition et continuent de s’étoffer, notamment une série de conversations que j’ai eues avec la Prof. Anna Wirz Justice, le professeur Günther Vogt, Sam Keller et Pireeni Sundaralingam.
Photo: Patricia Grabowicz «Life» En collaboration avec VOGT ,Case Studio.
Je leur suis redevable d’avoir partagé leurs connaissances avec moi au cours de ces conversations déterminantes dans l’élaboration de cette oeuvre. Comme je considère leurs perspectives fascinantes et importantes, je leur ai demandé de se rendre disponibles pour des entretiens sur leur propre travail, ce qu’ils ont aimablement accepté de faire.

Certaines Photos courtoisie Fondation Beyeler
MÉDIAS SOCIAUX
Pour les dernières mises à jour sur l’exposition, visitez life.fondationbeyeler.ch, retrouvez-nous sur Facebook
à facebook.com/fondationbeyeler, ou suivez @studioolafureliasson et @fondationbeyeler sur Instagram.
Informations pratiques
HORAIRES D’OUVERTURE:
Lundi à Dimanche 10–18
Mercredi 10–20
365 jours par an (y compris les jours fériés)
► Life accessible à toute heure (billets 9-21h)
FONDATION BEYELER
Baselstrasse 101
CH-4125 Riehen/Basel
Tél. +41 61 645 97 00
Fax +41 61 645 97 19
info@fondationbeyeler.ch
Partager la publication "Life – OLAFUR ELIASSON à la Fondation Beyeler"

«Un musicien n’a pas souvent l’occasion de pouvoir profiter du lieu d’une exposition pour y proposer un concert. J’aurai ce privilège de pouvoir jouer en live les morceaux que m’auront inspiré à la fois le sujet de cette exposition, le lien entre ce sujet et la figure de Lenz que le film avec Jean-Luc Nancy viendra incarner et rendre vivant, et enfin le lieu-même où tout cela s’est noué et joué : Strasbourg, le palais Rohan, la cathédrale toute proche…»

Réunissant un ensemble d’oeuvres (peintures, sculptures, oeuvres graphiques, photographies, installations, vidéos…) allant de 1870 à nos jours, la collection du MAMCS séduit par sa diversité. En 2018, pour célébrer ses vingt ans, le MAMCS a renouvelé intégralement l’accrochage de ses collections permanentes. De nouveaux principes définissent cette présentation intitulée
Patrick Bailly Maître Grand
à partir du 8 avril
Parcours du demi-siècle qui s’étend entre les années pré-révolutionnaires jusqu’à la Restauration, l’exposition Peintres femmes 1780-1830. Naissance d’un combat comprend environ 70 oeuvres exposées provenant de collections publiques et privées françaises et internationales. L’exposition s’attache à porter à la connaissance du public une question peu ou mal connue : comment le phénomène alors inédit de la féminisation de l’espace des beaux-arts s’articule à cette époque avec la transformation de l’organisation de l’espace de production artistique (administration, formation, exposition, critique) et une mutation du goût comme des pratiques sociales relatives à l’art.






1 – 54 London, Art Paris Art Fair ou encore Drawing Now.




Avec ce format intime, il encourage la pensée critique afin de donner un langage à des vérités non dites.
Alors que la Fondation Beyeler expose de manière grandiose
Lors de sa mort accidentelle tragique en 1943, l’oeuvre de Taeuber-Arp comprend une extraordinaire variété de techniques et de matériaux : des textiles, des travaux de perles, un théâtre de marionnettes, de la danse, des costumes, des peintures murales, du mobilier, de l’architecture, du design graphique, de la peinture, des sculptures, des reliefs et des dessins. Sa conception de l’art, sans égale dans le modernisme classique, abolissant la frontière entre les genres, dénuée de hiérarchie et en étroite relation avec la vie contribue également à la fascination perceptible jusqu’à aujourd’hui pour ses oeuvres et à leur immuable pertinence.
Dans la première salle de l’exposition, bourses en perles, coussins et poudriers en bois donnent un aperçu des objets d’arts appliqués fabriqués et vendus par Taeuber-Arp. Parmi les oeuvres réalisées, nombre d’entre elles n’ont malheureusement pas été conservées. Cependant, des gouaches lumineuses et des dessins au crayon de couleur plongent l’observateur dans son univers de motifs abstraits à partir de 1915. Il est probable qu’un triptyque apparaissant aujourd’hui comme un tableau autonome ait été un paravent dans une vie antérieure. Il s’agit là d’un exemple frappant de la manière dont les frontières entre artisanat et arts libres s’estompent dans l’oeuvre de Taeuber-Arp.
Présenté dans la seconde salle, l’ensemble original de marionnettes créé par Taeuber-Arp pour l’adaptation de la pièce commedia dell arte Le Roi Cerf constitue l’un des temps forts de l’exposition. Seules trois représentations eurent lieu lors de l’effroyable épidémie de grippe en 1918, et pourtant ces marionnettes stimulent l’imagination des créateurs jusqu’à aujourd’hui (Karl Lagerfeld a ainsi photographié une collection à leurs aux côtés en 2015). Une certaine continuité s’exprime dans le langage formel également : tout comme les motifs de ses travaux artisanaux, les figures sont assemblées à partir de formes extrêmement géométrisées. Dans le cadre d’une coproduction avec Narrative Boutique et avec le soutien du Théâtre de marionnettes de Bâle et du Museum für Gestaltung de Zurich, des séquences de film produites spécialement pour l’exposition redonnent vie à ces marionnettes.
La troisième salle est consacrée à l’activité d’enseignante de Taeuber-Arp à l’École des Arts appliqués de Zurich et à ses merveilleuses oeuvres textiles élaborées selon différentes techniques. Qu’ils soient noués, tissés ou brodés, les tapis, nappes et coussins présentent des motifs de formes géométrisées colorées ainsi que des animaux et des figures abstraites. Les petits fragments de papier peints conservés à leurs côtés donnent un aperçu fascinant du processus de création artistique de Taeuber-Arp : en les déplaçant et en les assemblant par module, elle utilisait un procédé expérimental pour produire de nouvelles combinaisons.
D
ans la seconde moitié des années vingt, Sophie Taeuber-Arp et son mari acquièrent la nationalité française. Elle séjourne à Strasbourg où elle reçoit un nombre important de commandes pour l’aménagement d’intérieurs. Dans la quatrième salle de l’exposition, des gouaches présentant des lignes légèrement ondoyantes et des dégradés chromatiques témoignent du changement de vocabulaire de l’artiste dans ce contexte, mais aussi de sa grande sensibilité pour les couleurs et les formes. Le motif de la figure aux bras angulaires se fait récurrent. On le retrouve dans l’aménagement de l’hôtel Hannong, les peintures murales de la maison du couple Heimendinger et les vitraux de l’appartement de l’architecte André Horn. Des photographies de petit format prises par Taeuber-Arp lors de voyages permettent d’entrevoir à quel point ses sources d’inspiration étaient étroitement liées à la vie quotidienne : elle fixe autant les éléments d’architecture arqués dans les villes italiennes que la mer de corbeilles de plage sur l’île de Rügen.
Elle y fréquente les groupes d’artistes de l’avant-garde non figurative, Cercle et Carré et Abstraction-Création, auxquels appartiennent également Wassily Kandinsky, Piet Mondrian et Kurt Schwitters, et participe à des expositions internationales en tant qu’artiste plasticienne. On attribue son style au constructivisme. Un mouvement visuel dans un jeu de pondération et d’équilibre caractérise constamment ses oeuvres, quoique désormais tout à fait abstraites géométriques
Elle permet de saisir la manière dont motifs et idées – à l’instar de constellations de cercles, de chevauchements diagonaux et de formes circulaires rencontrant des droites – se développent dans ses groupements d’oeuvres tout en créant des tensions dans leurs multiples rapports. Dans un environnement désormais de plus en plus hostile à l’art moderne, Sophie Taeuber-Arp oeuvre en outre comme designer graphique depuis 1937. Elle conçoit par exemple la mise en page de la revue Plastique/Plastic qu’elle édite et à travers laquelle elle souhaitait encourager les échanges transatlantiques de l’avant-garde.
L’exposition collective Constructivistes à la Kunsthalle Basel en 1937 dont il est question dans la salle huit fut la plus importante consacrée au travail de Sophie Taeuber-Arp de son vivant. Parmi les objets exposés à l’époque figuraient des reliefs en bois peint à nul autre pareils reprenant le matériau des marionnettes dans une composition néanmoins totalement abstraite : des tableaux tridimensionnels, des oeuvres au croisement de la peinture et de la sculpture.
Les dessins présentés dans la neuvième et dernière salle de l’exposition témoignent du changement radical du cadre de vie accompagnant la fuite du couple Taeuber-Arp de Paris vers le Sud de la France. La distinction entre esquisse et oeuvre autonome ne revêt ici aucune importance : les lignes colorées et monochromes formant des méandres suggèrent assurément une échappée et une agitation, cependant ils égalent en précision et en clarté les oeuvres de l’époque parisienne. Un collage vidéo de photographies anciennes de l’artiste et de son entourage, réalisé en collaboration avec maze pictures, donne un dernier aperçu commenté au moyen d’extraits de lettres de la vie de Sophie Taeuber-Arp, de ses multiples relations au sein des cercles artistiques de son époque et de l’abstraction vivante de son oeuvre.


Pionnier dans son art, Tinguely parvient toujours à redéfinir la posture de ses machines cinétiques. Il crée des spectacles sonores bruyants à l’aide d’objets du quotidien qu’il place lui-même sous les feux des projecteurs en participant à différentes mises en scène théâtrales avec une distribution internationale – tantôt comme scénographe, tantôt comme acteur – et aborde à travers ses œuvres des questions épineuses de l’époque, notamment avec la machine briseuse de bouteilles 


La présentation fournit en outre des informations passionnantes sur la matérialité et le fonctionnement des œuvres de Tinguely. Elle offre un aperçu de sa méthode de construction et des détails techniques dissimulés au profane mais d’autant plus surprenants pour leur conservation : quelles mesures prendre pour conserver les œuvres de Tinguely aussi longtemps que possible? L’exposition présente des découvertes récentes sur les sculptures-radios des années 1960 ou les techniques de restauration de travaux particulièrement fragiles comme