Je dédie ce mois de novembre àRamon Ciuret, qui nous a tiré sa révérence, avec élégance, le 15 novembre 2020. Une nouvelle étoile luit au firmament des photographes. Ce petit homme malicieux et joyeux, toujours armé de son appareil photo ou de son smartphone, pour capturer les beautés de ce monde. Avec son regard et son oeil, si juste et bienveillant, il transmettait avec bonheur ses prises de vue, pour le plaisir de tous dans des expositions et sur les réseaux sociaux. Merci à lui pour le partage.
Tu m’avais enseigné le fish eye, je n’oublie pas notre blague sur le ragondin du bord de l’Ill, et que tu intervenais, avec justesse, dans les commentaires sur mon blog. Tes nombreux amis, du monde entier sont en deuil et attendent avec impatience, une exposition de tes nombreuses et magnifiques photos. Vous pouvez le retrouver dans un enregistrement fait avec Francine Hebding, sur radio MNE sous ce lien Cher Ramon tu nous manques à tous.
La Fondation Beyeler célèbre l’arrivée du Snowman de Fischli/Weiss dans le Parc Berower: ce week-end, l’accès au musée est gratuit pour tous
Snowman, une sculpture des artistes suisses Fischli/Weiss, prend aujourd’hui sa place dans le Parc Berower de la Fondation Beyeler, où il passera toute une année. La sculpture Snowman représente un sympathique bonhomme de neige dans un réfrigérateur à porte vitrée. La Fondation Beyeler célèbre son arrivée avec un accès gratuit au musée pour tous·tes les samedi 28 et dimanche 29 novembre 2020. La sculpture Snowman, nouvellement installée dans le Parc Berower, représente un bonhomme de neige, figure familière et sympathique composée de trois boules de neige superposées. Au sommet, sur la plus petite d’entre elles, deux trous marquent les yeux et un trait la bouche. Le bonhomme de neige se trouve dans un réfrigérateur à la façade transparente, qui lui permet de survivre toute l’année. Snowman illustre la contradiction entre nature et artificialité, avec le penchant pour l’absurde si typique du travail de Fischli/Weiss. Alors même que, comme le dit Peter Fischli, un bonhomme de neige est «une sculpture que presque tout le monde est capable de réaliser» en roulant et en empilant simplement trois boules de neige, pour perdurer toute une année la sculpture de Fischli/Weiss est tributaire d’un dispositif technique complexe. Le contexte du bonhomme de neige dans son réfrigérateur est aujourd’hui tout autre qu’au moment de sa conception. L’image de dépendance totale à l’énergie que présente Snowman de manière si attachante acquiert une dimension nouvelle, poignante et terrifiante à la fois, au vu de la crise climatique. Peter Fischli (*1952) et David Weiss (1946-2012) avaient initialement conçu cette oeuvre en 1989/90 dans le cadre d’une exposition dans l’espace public à Sarrebruck. En réponse à l’emplacement qui leur avait été attribué à côté d’une nouvelle centrale thermique, ils avaient décidé d’imaginer une oeuvre qui dépende de l’énergie de la centrale. Le bonhomme de neige devait donc utiliser l’énergie résiduelle de la centrale, convertie en froid dans un renversement typique de l’univers de Fischli/Weiss. Au final, l’exécution n’avait pas entièrement répondu aux attentes des artistes mais l’envie était restée de transformer un jour cette idée en oeuvre. Une ébauche de projet a émergé fin des années 1990 à l’invitation du Walker Art Center de Minneapolis, sans être mise à exécution. La réalisation de la sculpture Snowman s’est finalement faite en 2016. Sa trajectoire l’a menée dans le Sculpture Garden du Museum of Modern Art à New York, puis sur la terrasse du Art Institute à Chicago, et plus loin encore. Le Snowman désormais installé à la Fondation Beyeler, l’un de quatre exemplaires, est le seul en Europe et en Suisse, et le premier dont l’opération est assurée par de l’énergie solaire. Snowman est la dernière acquisition en date de la collection de la Fondation Beyeler.
La collaboration des deux artistes suisses Peter Fischli (*1952) et David Weiss (1946–2012) a duré plus de trois décennies. Leurs oeuvres, réalisées dans une grande variété de médias, se distinguent par un sens de l’humour prononcé, un amour de la poésie et une fascination pour le quotidien. En 2016, Fischli/Weiss étaient représentés à la Fondation Beyeler dans l’exposition «Alexander Calder & Fischli/Weiss».
Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler: tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00
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« elle parle encore avec l’acharnement de la palette » Léonardo Crémonini
Une belle découverte, des couleurs exacerbées, une ambiance féerique, la Corée du sud, c’est Ana González Sola Vidéo
Le choc
A las cinco de la tarde, -le choix du titre, tiré d’un poème de Federico García Lorca,Le Coup de Corne et la Mort, – nous fait pressentir, toute la sueur, la chaleur, la lumière et l’odeur du moment de la mort de la corrida. Dès que vous pénétrez dans la salle qui lui est dédiée, vous êtes pris par la force de ses toiles accrochées aux cimaises de la Fondation. Elles sont inondées de couleurs, nimbées de reflets chatoyants, tout à fait particuliers, sur leur support en bois.
On entre de plein pied dans les marchés coréens, grouillant de personnages à l’activité débordante. A peine s’étonne-t’on de ne pas sentir l’odeur du poisson. Il se dégage une telle sensualité des tons, une luminosité poétique. Il faut s’en approcher, on éprouve l’impression d’être dans la peinture même, dans ces marchés asiatiques.
La transparence étonnante des couleurs, malgré l’effet de nuit voulu, dans des lieux fermés, sans ciel, donne à voir une peinture saisissante, avec parfois une dimension géométrique.
Trois grandes séries sont présentées ensemble : série la Corée et le Japon, les Marchés, les robes et Vitrines.
tryptique du port de Beyrouth
Ces séries sont accompagnées de trois tableaux de paysages du port de Beyrouth, avant l’explosion. Ces oeuvres sont des constructions architecturales de l’espace dans lequel la vie prend forme par la couleur et la lumière.
L’histoire de l’art revisitée
Elle convoque l’histoire de la peinture avec ses séries aux abattoirs, les écorchés de boeufs à la Rembrandt.
Ainsi les enfilades de la boucherie reviennent dans celles de la penderie pour nous parler du corps vivant qui était là, comme si sa palpitation pouvait diminuer la nostalgie de sa présence / absence. De cette vitalité qui traverse encore l’utopie espagnole et humaniste, de son flamenco et de ses corridas… De même que les boutiques avec les étals de peignes, de sacs, de coiffes, de perruques ou de broches, tout est couleurs, lumière et désirs. Tout évoque son origine espagnole.
La série Foot
La série Foot de 30 monotypes, des figures de personnages gravés à la Goya, sont d’une extrême violence.
Née en 1977, à Madrid, Ana González Sola vit et travaille à Paris Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2001 Résidence Casa de Velázquez à Madrid de 2003 à 2005.
Informations pratiques
Fondation Fernet-Branca 2, rue du Ballon 68300 Saint-Louis fondationfernet-branca.org Instagram @fernetbranca Facebook @fernetbranca68 Horaires d’ouverture : du mercredi au dimanche de 13h à 18h Accès : Aéroport Bâle/Mulhouse (à 5 minutes) SNCF -Autoroute A35 La Ville de Bâle est à 5 minutes de Saint-Louis. Arrêt de bus « Carrefour Central / Croisée des Lys » (à 3 minutes du musée) – direction Bâle station « Schifflände »
Exposition de courte durée à la Galerie de la Filature qui se termine le 29 novembre 2020 Elina était plusieurs fois annoncée, hélas les circonstances actuelles ont empêché sa venue.
« Quand je me photographie, c’est moi mais en même temps ce n’est pas moi… C’est la condition humaine que j’essaie de décrire » Elina Brotherus
this is the first day of the rest of your life
(c’est le premier jour du reste de ta vie)
Elina Brotherus, et Cindy Sherman, ont en commun le sujet de leurs photographies, une seule et même personne : elle. Pour Elina Brotherus, ce n’est pas une métamorphose, il faut regarder les détails pour passer au second degré. Elle se montre de face ou de dos, telle qu’elle est, nue, debout ou assise, sans pose recherchée, ni artifice qui l’embellisse. Son pied est presque toujours posé sur le déclencheur de l’appareil photo. Elle opère toujours seule, d’une part pour n’avoir personne sur le dos ! d’autre part parce qu’elle utilise une matériel léger, qu’elle peut transporter à elle toute seule. Avec la photographie, et plus récemment la vidéo, Elina Brotherus explore le paysage émotionnel, les sentiments de l’individu et tente de déterminer comment celui-ci devient une partie de l’ensemble formé par les autres. Avec un langage délibérément structuré, elle travaille sur sa propre personne à partir des événements de sa vie.
Comme l’art est aujourd’hui le seul domaine dans lequel on accepte que des adultes s’amusent, elle ne s’en prive pas. C’est en tout cas ainsi que l’artiste finnoise qui pratique depuis un quart de siècle l’autoportrait mis en scène, généralement seule, mais parfois accompagnée de son chien ou, plus récemment de complices, présente sa démarche. Elle construit tout avec une belle prise de distance qui n’empêche nullement une vision poétique, entre autres dans les paysages de sa Scandinavie natale ou de sa Bourgogne d’adoption. Le paysage, aux différentes saisons, devient un décor à la respiration ample, un paysage en écho à la peinture romantique – et à la peinture en général dont Elina a une belle connaissance – pour un corps libre, tour à tour dénudé ou vêtu de couleurs qui dialoguent avec celles de la nature. Une peinture qu’elle réinterprète en jouant, en référence aux grands moments d’histoire et en écho du contemporain, en allant de l’atelier et de ses modèles réinventés à la mise en situation de son corps, à la limite de l’équilibre, dans des lieux inattendus comme le chantier des grands magasins de La Samaritaine, exposés ici pour la première fois.
La couleur
Savante coloriste, elle a cette capacité rare, en milieu de carrière et avec toujours ce mélange de sérieux et de fantaisie, de distance et de sourire, de se pencher sur ce qu’elle a fait et de recomposer un passé récent qu’elle transforme pour la série 12 ans après. L’image animée, série de fables qui ne sont jamais édifiantes, est une occasion de plus de jouer. De se jouer de l’espace, de le construire et de le faire exister en devenant illusionniste et magicienne.
Travaux pratiques, bricolages, rêves et divertissements articulent une oeuvre dont la cohérence profonde n’enlève jamais l’indispensable légèreté. C’est rare, voire unique aujourd’hui. extrait du Texte Christian Caujolle (commissaire de l’exposition), août 2020
Photos choisies
« Cette image d’autoportrait est aussi un clin d’œil à la difficulté que j’ai eu à mon arrivée en France, je n’avais pas les mots pour communiquer en français… »
C’est grâce à des amies photographes, après un parcours en sciences, – une maitrise en chimie -, études suivies en parallèle, qu’elle apprend l’autoportrait. Pour elle cela a été une libération. C’était la mode dans les années 90 dans les écoles d’art. Quand elle regarde les photos de cette période, elle dit avoir crée une autofiction. Dans Le reflet dans la suite des séries françaises, elle est dans le coin de la photo, le visage découpé, on en voit que le menton. Une salle de bain devant un lavabo où sont collésune multitude de post-it, un post-it sur le reflet de son visage cache son reflet. Post-it où il est marqué : reflet. Tout les objets sont nommés sur les post-it. C’est la première fois qu’elle sortait de son pays pour aller en résidence au musée Nicéphore Niépce. Comme elle ne parlait pas le français c’était le meilleur moyen d’apprendre la langue en nommant les objets.
Biographie
Elina Brotherus est née en 1972 à Helsinki et partage sa vie et son travail entre la Finlande et la France. Avec la photographie et plus récemment la vidéo, Elina Brotherus explore le paysage émotionnel, les sentiments de l’individu et tente de déterminer comment celui-ci devient une partie de l’ensemble formé par les autres. Avec un langage délibérément structuré, elle travaille sur sa propre personne à partir des événements de sa vie. Bien que ses autoportraits dominent son oeuvre, elle n’interprète jamais de rôles et ne crée pas de mises en scène ; ses paysages révèlent tout autant la nature de ses sentiments.
Dans sa série The New Painting, Elina Brotherus questionne aussi bien les codes esthétiques de la peinture que la notion de Beauté et va au-devant de questions sur la réalité et sa représentation. parcours détaillé sur www.gbagency.fr
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Rembrandt Harmensz. van Rijn – Brustbild eines Mannes in orientalischer Kleidung
Jusqu’au 14.02.2021, au Kunstmuseum Basel | Hauptbau Commissaire : Bodo Brinkmann, Gabriel Dette Commissaire invité : Gary Schwartz
La curiosité de Rembrandt Harmensz. van Rijn pour tout ce qui est étranger et son insatiable appétit de collectionneur sont déjà légendaires de son vivant. Artiste, collectionneur et citoyen, il entre en contact avec des oeuvres d’art, des objets d’usage courant et des individus de toutes les parties du monde connu à l’époque et s’en inspire pour son oeuvre.
L’exposition L’Orient de Rembrandt présentée à l’automne au Kunstmuseum Basel | Neubau explore ce monde des idées au travers d’une sélection d’oeuvres du peintre hollandais et de ses collègues artistes. Rembrandt (1606-1669) et ses contemporains n’ont eu de cesse de peindre des objets de pays lointains : turbans et tapis, sabres et soieries. Leurs oeuvres d’art témoignent de la première mondialisation et illustrent l’influence de cultures étrangères dans les Pays-Bas du XVIIe siècle. La soif de connaissance, le désir de collectionner et la fierté de posséder marquent cette époque significative pour l’histoire de l’art et constituent une source d’inspiration pour les peintres dans la réalisation de scènes d’histoire, de portraits et de natures mortes d’un genre nouveau. Toutefois, comme nous le constatons aujourd’hui, le revers de cette appropriation du monde demeurait absent des représentations ; le déséquilibre des forces entre les cultures se traduisant également par l’esclavage, la violence, l’exploitation et les guerres commerciales.
L’exposition présente un peu plus de 120 oeuvres au total, parmi lesquelles figurent aux côtés de peintures nombre de gravures, dessins, miniatures, cartes et ouvrages. Parmi ces oeuvres, une centaine sont des prêts consentis par d’importantes collections muséales et particulières du monde entier
Les Sources
Une autre source importante se trouve au sein même de la collection du Kunstmuseum Basel qui possède un témoignage de jeunesse majeur de la confrontation de Rembrandt avec le thème de l’exposition : David présentant la tête de Goliath au roi Saül, peinture réalisée en 1627.
En outre, le Kupferstichkabinett (cabinet des arts graphiques) dispose d’un fonds de l’oeuvre gravé de Rembrandt remarquable tant sur le plan qualitatif que quantitatif. La généreuse donation d’un ensemble de 150 feuilles consentie par le collectionneur bernois Eberhard W. Kornfeld a contribué à l’élargir considérablement ces dernières années. Plus d’une douzaine de ces feuilles sont visibles au sein de L’Orient de Rembrandt. Une présentation d’Ariane Mensgerse tenant simultanément à l’entresol du Hauptbau montre au public d’autres pans de cet exceptionnel ensemble de la collection.
Le parcours de l’exposition
Avec turban et robe en soie : l’Orient à domicile
L’expansion du commerce vers d’autres continents n’a pas seulement engendré une très grande prospérité pour une partie de la bourgeoisie de la République néerlandaise ; l’augmentation des connaissances et la disponibilité des marchandises ont également assuré la présence, intellectuellement par l’érudition ou physiquement par les objets, de pays éloignés de l’Europe. La présence de l’exotique a également influencé les habitudes et la mode aux Pays-Bas – ainsi que la peinture. Les motifs des cultures étrangères ont trouvé leur place dans les scènes de genre, les portraits ou les portraits historiés. Ils ont servi de symboles de statut social, évoquant la position et la prospérité financière de leur propriétaire.
Les voies de la prospérité. Commerce et guerre
L’intérêt pour les pays lointains et la disponibilité d’objets exotiques s’explique par la circulation mondiale des marchandises que les Pays-Bas ont développée au XVIIe siècle. Les représentations picturales consacrées au thème du commerce n’étaient pour la plupart ni réalistes ni documentaires ; elles ne prétendaient pas rendre avec précision une scène quotidienne, ni présenter un événement historique de manière factuelle. Elles répondaient davantage à des préoccupations représentatives ou décoratives. Ceci s’appliquait même à la figuration des conflits armés en cours – la face cachée du commerce mondial.
La connaissance du monde. Collectionner et rechercher
L’expansion du commerce sur tous les continents a entraîné un élargissement des connaissances et du savoir dans le monde. Une multitude de livres et de cartes décrivent et révèlent des terres lointaines. Amsterdam devient le centre de l’édition. Les portraits d’érudits figurés entourés de livres soulignent un idéal d’éducation, qui forme un contrepoint à la passion pour le négoce. Des objets tels que des coquillages exotiques deviennent des pièces de collection convoitées par la bourgeoisie pour ses cabinets de curiosités. Les natures mortes et les peintures d’intérieurs mettent en évidence l’exotisme et le luxe.
Le rotin. Une étude de cas
Les épices orientales et la porcelaine chinoise importées ne sont pas les seules à jouir d’une grande popularité aux Pays-Bas : l’inventaire d’un magasin d’Amsterdam datant de 1664 recense un approvisionnement de pas moins de 1 700 baguettes en rotin ! Le bois léger et robuste de ce palmier très répandu en Indonésie (qui constituait en ce temps-là les Indes orientales néerlandaises) était idéal pour fabriquer des cannes. Mais l’armée l’a aussi utilisé : le commandant habillé à la dernière mode sur le tableau de Simon Kick exposé ici présente fièrement son bâton d’officier en rotin brûlé. Des objets similaires sont encore fabriqués aujourd’hui pour être utilisés dans diverses disciplines d’arts martiaux.
Le paysage de la Bible Le jeune Rembrandt et ses modèles
Rembrandt et ses collègues peintres plaçaient leurs représentations des épisodes de l’Ancien ou du Nouveau Testament dans un paysage qui, avec ses rochers et ses collines gris-brun, semblait en tout cas différent des plaines verdoyantes du nord des Pays-Bas. Ce décor était peuplé d’hommes portant des turbans et de femmes souvent magnifiquement habillées de costumes colorés. Ici aussi, l’imagination était au pouvoir, bien que les couleurs et les motifs, notamment des soieries, aient pu correspondre aux modèles réels des tissus orientaux du XVIIe siècle.
La lumière dans le temple. Rembrandt à Amsterdam et ses suiveurs
Dans les années 1630, Rembrandt et d’autres peintres ont souvent choisi des thèmes bibliques placés dans un intérieur peu éclairé, qu’il s’agisse de l’étable de Bethléem ou d’un temple. Là aussi, ils ont utilisé des motifs exotiques tels que des turbans, des vêtements ou des épées pour rendre la scène plus authentique.
Dans ces oeuvres, l’Orient est rarement le théâtre d’une splendeur imaginaire, mais un lieu mystique : la sagesse de Dieu s’y révèle au peuple d’Israël, ou bien le mystère chrétien du Salut s’accomplit en son sein. Sous les sombres voûtes, Rembrandt déploie un magistral jeu de lumières avec des rayons réfléchis par des surfaces métalliques. Cet effet sert non seulement à définir l’espace à l’intérieur de la scène, mais aussi à souligner certains éléments de sa signification.
Le goût des autres L’assimilation de l’Orient par Rembrandt
La fascination pour l’Orient dans les Pays-Bas du XVIIe siècle n’était pas seulement basée sur le plaisir esthétique procuré par de beaux et luxueux objets. Il était également associé au monde de la Bible, à la fois onirique et positivement connoté, tel qu’il se manifeste dans les peintures de Rembrandt. La splendeur des vêtements et la préciosité des images orientalisantes contrastent avec l’austérité puritaine du calvinisme. Dans cet intérêt pour les mises en scène orientalisantes, l’attrait pour le merveilleux, l’extraordinaire, est alors manifeste.
L’ ‹ Orient › est l’Autre, une idée abstraite de ce qu’il est possible de vivre, une surface de projection pour les besoins humains auxquels la vision rationaliste de l’Occident, particulièrement prégnante dans le protestantisme, n’offrait aucune place.
De ses propres yeux ? Authenticité et cliché
Dans le cas des histoires bibliques, les costumes ou les décors orientalisants servaient à créer une certaine ambiance. La question de savoir dans quelle mesure ces motifs correspondaient à la réalité n’avait que peu d’importance. Les paysages et les portraits prétendaient parfois figurer une région ou une personne réelles.
Cependant, dans les Pays- Bas du XVIIe siècle, seuls quelques tableaux fournirent une représentation fiable des régions lointaines et de leurs habitants. On ne recherchait visiblement pas l’authenticité dans la description d’un pays et de ses habitants.
Inde environs 1800
De nombreuses peintures ont plutôt confirmé les clichés existants. Les oeuvres d’art originales de l’Orient, comme les miniatures de l’Inde ou de la Perse, ont reçu peu d’attention. Elles étaient rarement collectionnées et seuls quelques peintres néerlandais, dont Rembrandt, s’y sont intéressés.
En 2016, Roni Horn une exposition de son travail à la Fondation Beyeler, réunissait des séries et des ensembles de pièces exceptionnelles, riches d’une grande diversité visuelle et matérielle, couvrant les 20 dernières années. Installations photographiques, travaux sur papier et sculptures en verre se partagent l’espace de six salles d’exposition dont l’ensemble peut être appréhendé comme une unique installation.
En 1975, tout juste âgée de vingt ans, la jeune newyorkaise Roni Horn se rend pour la première fois en Islande. Depuis, elle y retourne à plusieurs reprises à cette terre de glace qui aura une influence considérable sur son travail. La singularité de cette île volcanique, ses paysages abrupts, les caprices de son climat changeant, l’éloignement du lieu sont pour l’artiste une source d’inspiration majeure, comme en témoignent plusieurs de ses oeuvres centrales ainsi qu’une série de livres. Pour Roni Horn, l’Islande est : « Assez grande pour s’y perdre. Assez petite pour m’y retrouver. »
Les photographies
Les 100 photographies qui constituent You are the Weather ont été prises en juillet et août 1994.
« Pendant six semaines, j’ai voyagé avec Margrét à travers toute l’Islande. En suivant les sources d’eau chaude courantes sur l’île, nous nous sommes rendues d’une piscine naturelle à une autre. Nous avons travaillé quotidiennement, la plupart du temps en extérieur, et indépendamment du climat changeant et souvent imprévisible qui règne sur l’île. »
Les photos montrent le visage d’une femme en plein soleil ou par temps nuageux ; son expression, parfois agacée, parfois impatiente, est causée par le soleil aveuglant, le vent cinglant, etc. Bien qu’il s’agisse de portraits d’une seule et même jeune femme, on n’apprend rien sur elle.
Dans You are the Weather (vue sur la salle), l’identité est, par définition, fluctuante et changeante : elle se manifeste par une série de moments pluriels et variables.
Biographie
Née en 1955 à New York, Roni Horn a grandi dans le comté de Rockland, dans l’État de New York. Elle est diplômée de la Rhode Island School of Design et de l’université Yale. Depuis de nombreuses années, les travaux de Roni Horn font l’objet d’expositions individuelles aussi bien aux États-Unis qu’en Europe.
L’exposition focus a été conçue par Theodora Vischer, Senior Curator de la Fondation Beyeler, avec Marlene Bürgi, conservatrice assistante
Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler: tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00.
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Après une première donation substantielle d’eaux-fortes de Rembrandt en 2007, le collectionneur bernois Eberhard W. Kornfeld offre 31 oeuvres supplémentaires au Kunstmuseum Basel. Environ 70 feuilles provenant de ces deux donations sont présentées dans le cadre de l’exposition Eaux-fortes de Rembrandt à l’entresol du Hauptbau parallèlement à la grande exposition temporaire L’Orient de Rembrandt.
De son vivant déjà, Rembrandt Harmensz van Rijn (1606-1669) jouit d’une grande estime non seulement grâce à ses peintures, mais aussi à ses gravures à l’eau-forte. Pour nombre d’amateurs d’art, ces eaux-fortes relèvent même d’un véritable exploit : le maniement unique de cette technique graphique par Rembrandt – l’intervention de différents procédés, le traitement répété des matrices et les variations presque infinies en résultant – fait de chaque gravure une pièce de collection convoitée. Les premières collections virent d’ailleurs le jour dès le XVIIe siècle et, aujourd’hui encore, des épreuves rares et de qualité atteignent des sommes considérables sur le marché de l’art.
Le donateur
Eberhard W. Kornfeld(vidéo), commissaire priseur et collectionneur bernois, est un connaisseur averti de Rembrandt. Depuis ses débuts à la maison de ventes aux enchères Gutekunst und Klipstein à la fin des années 1940, il se consacre à cet artiste et constitue sa propre collection d’eaux fortes de Rembrandt.
En 2007, il lègue la plus grande partie de ce fonds au Kupferstichkabinett (cabinet des arts graphiques) du Kunstmuseum Basel dans le cadre d’une donation substantielle. Une seconde donation a lieu en 2019. Kornfeld, qui dispose toujours d’un droit de jouissance à vie sur ces oeuvres, confie qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’il ne sorte les eaux-fortes pour les étudier. L’exposition, qui présente les 31 oeuvres de la seconde donation pour la première fois au public, rend hommage à cet engagement renouvelé et désintéressé en faveur de la Öffentliche Kunstsammlung (collection publique bâloise). Ces oeuvres s’accompagnent d’eaux-fortes provenant à la fois de la première donation et des fonds du musée. Il s’agit là de souligner à quel point les différents pans de la collection se complètent bien.
L’exposition
Le total d’environ 70 feuilles sélectionnées pour l’exposition offre un panorama qui rend manifeste sous toutes ses facettes la remarquable habileté de Rembrandt comme graveur. Des exemples choisis révèlent les filigranes des récentes acquisitions qui jouent un rôle important pour l’évaluation et la datation des gravures aujourd’hui. D’autres exemples montrent la provenance de ces oeuvres issues en partie de collections célèbres
L’autoportrait aux yeux hagards
Cet autoportrait Signé et daté, – RHL 1630, Eau-forte et burin – 50 x 43 mm,- d’une taille à peine plus grande qu’un timbre poste, a un côté très spontané et fascinant. Quand on regarde une reproduction, on constate que la gravure supporte très bien l’agrandissement, bien que l’oeuvre soit minuscule, cela est du au génie de l’artiste, cette force qu’il a de rendre en peu de traits et d’économie de moyens, beaucoup d’intensité dans ce regard hagard, L’estampe s’intitule aussi Autoportrait aux yeux écarquillés et Rembrandt au bonnet la bouche ouverte, les yeux et la bouche attirant particulièrement l’attention. Rembrandt réalise un gros plan sur son visage qui occupe presque tout l’espace, déborde même du cadre, surgissant devant le spectateur. L’expression de stupeur, d’étonnement feint peut-être, ou de moquerie, est saisissante. Elle est accentuée par la torsion et le rejet de la tête en arrière. De plus, la position en diagonale et l’éclairage dirigé de haut en bas en diagonale également contribuent encore à dynamiser l’ensemble. Cette étude d’expression devant le miroir est, comme Rembrandt à la bouche ouverte, davantage expérimentale que les autoportraits des débuts. L’artiste s’en inspira pour exécuter la tête du personnage effrayé dans La Résurrection de Lazare, vers 1632.
Rembrandt Harmensz. van Rijn; Die Taufe des Kämmerers; 1641 Blatt: 18 x 21.3 cm Platte: 17.8 x 21.1 cm; Radierung; Inv. 2019.165
La parution d’un catalogue comprenant une interview du donateur ainsi que l’ensemble des 31 oeuvres de la seconde donation accompagne l’exposition.
Kunstmuseum Basel | Hauptbau St. Alban-Graben 8, Postfach CH–4010 Basel
Horaires
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Le parc de la Fondation est resplendissant aux couleurs de l’automne. Le parcours des salles permet d’admirer l’accrochage des tableaux tout en harmonie avec le paysage, que l’on aperçoit à travers les baies vitrées. Un plaisir pour les yeux
Henri Rousseau, Le lion, ayant faim, se jette sur l’antilope, 1898–1905
Tel le lion dans le tableau de Henri Rousseau (vidéo) se jetant avidement sur l’antilope, nous ressentons, nous aussi, à la Fondation Beyeler une faim puissante – une faim d’art : en ces temps difficiles, il est d’autant plus important de se rappeler combien l’art est passionnant, fascinant. Jusqu’au 28.3.2021, la nouvelle présentation de la collection réunit, dans huit salles différentes, une sélection de peintures et de sculptures légendaires, toutes des chefs-d’oeuvre du modernisme classique ou de l’art contemporain.
Les autres artistes
Elle permettra d’admirer à nouveau les silhouettes en papiers découpés de Henri Matisse, aussi emblématiques que fragiles, notamment Nu bleu I dont l’élégance, la spatialité et la présence palpable suscitent encore et toujours l’émerveillement. Figurent également à l’honneur le groupe de sculptures réalisé à l’origine pour la placette devant la banque Chase à Manhattan dans la capitale newyorkaise par Alberto Giacometti à la fin des années 50. L’Homme qui marche, qui a longtemps figuré sur nos billets de banque de 100 francs, fait partie de l’ensemble.
En outre, une salle entière est consacrée à Louise Bourgeois, artiste qui connaissait bien Giacometti et qui a élargi le concept de sculpture en rendant l’inconscient, sinon visible, du moins vivable. Autre point fort de cette présentation automnale, la relation entre Vassily Kandinskyet Paul Klee dont l’amitié extraordinaire fait l’ objet, pour la première fois à la Fondation Beyeler, d’une appréciation critique. On peut voir sous ce lien, un compte rendu de l’exposition consacrée à Paul Klee en 2017, en présence de son petit fils. Trois tableaux particulièrement touchants, peints par Vincent van Gogh, dont le jardin de Daubigny, -dont l’authenticité contestée -, peu de temps avant sa mort, sont exposés ensemble et engagent un dialogue avec les oeuvres de Paul Cézanne et Edward Hopper.
L’expressionnisme
L’expressionnismeabstrait est au centre d’une autre salle
dans laquelle sont présentées des oeuvres de Willem de Kooning, Clyfford Still et Sam Francis ainsi qu’un tableau grand format de Joan Mitchell. Pour la première fois, le musée présente l’une des plus récentes acquisitions de la Collection de la Fondation Beyeler : l’émouvante installation sonore Seven Tears de Susan Philipsz
fait référence à la composition éponyme du contemporain de Shakespeare, John Dowland, et exprime les états émotionnels qui – accompagnés de larmes – passent de la joie jubilatoire à la profonde tristesse. Trop mélancolique ? Absolument pas ! La mélancolie sert bien souvent de germe à la créativité – comme en témoignent les oeuvres grandioses aujourd’hui à nouveau exposées à la Fondation Beyeler.
C’est le moment de profiter du confinement forcé pour vous plonger dans les MOOC culturels et autres histoires de l’art et d’histoire, proposés par divers sites.
Ces parcours courts – environ 45 minutes – proposent d’aborder des thématiques transverses aux MOOC de la Collection de la Fondation Orange. Composées principalement d’une vidéo, de ressources complémentaires et d’un quiz, ces Graines sont accessibles à tous.
Autre nouveauté… Pour compléter chaque thématique, vous êtes invités à suivre une conférence d’une heure, en ligne et en direct avec Haywon Forgione, conférencière et historienne de l’art. le lien ici
Trois Graines de culture
Trois Graines de culture sont proposées sur trois thématiques différentes, à raison d’une par mois.
N ° 1 « Scandale ! », c’est le titre du premier Graine consacrée aux œuvres qui ont indigné la critique. Vous y découvrirez entre autre comment la notion de scandale dans l’art a évolué entre le XIXe siècle et aujourd’hui.
Alors notez bien ces rendez-vous : toujours accessibles
Graine de culture « Scandale ! » sur la plateforme MOOC Culturels et le mardi , conférence en ligne et en direct. Lien ici
Voici donc de quoi enrichir votre jardin culturel, jusqu’à l’ouverture du prochain MOOC, qui sera consacré à la Bande dessinée. Oui, à la Bande dessinée ! Vous en saurez plus très bientôt.
N° 2 Analyser une peinture
Il y a mille et une façons de regarder une peinture, car chaque regard est unique, et chacun réagit différemment : “J’adore !”, “Je n’aime pas”, “Je ne comprends pas”,… Au premier regard, l’observateur va laisser parler ses émotions face au tableau, va chercher à l’interpréter, va associer ce qu’il voit à ce qu’il connait.
Rentrer dans l’analyse d’une peinture va cependant permettre d’aller plus loin, de mieux comprendre un tableau, et ainsi aider à mieux saisir ce que l’artiste a voulu exprimer. Que faut-il regarder en premier lieu ? Que dire des couleurs, de la composition ? Et qu’a voulu nous dire l’artiste en mettant en scène tels personnages, en agençant telles formes ?
Cette graine de culture vous offre les bases de l’analyse d’œuvres. Au bout du parcours, rien d’autre que le plaisir de mieux apprécier les œuvres… Tentant, n’est-ce pas ? Alors, en route la conférence en direct ici
N° 3 Art et pouvoir
Ouverture : 12 novembre Conférence : 24 novembre à 18h30
L’Histoire par l’image décrypte l’Histoire
Actuellement en ligne 2780 œuvres, 1535 études et 118 animations L’Histoire par l’image explore les événements de l’Histoire de France et les évolutions majeures de la période 1643-1945. A travers des peintures, dessins, gravures, sculptures, photographies, affiches, documents d’archives, nos études proposent un éclairage sur les réalités sociales, économiques, politiques et culturelles d’une époque. Comprendre les images et les événements d’hier c’est aussi savoir décrypter ceux d’aujourd’hui. Un site qui s’adresse à tous, famille, enseignants, élèves … mais aussi à tous les curieux, amateurs d’art et d’histoire. le lien ici