Anselm Kiefer
Pour Paul Celan

Jusqu’au 11 janvier 2022 au Grand Palais Éphémère
Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais en partenariat avec la Galerie Thaddaeus Ropac
commissariat : Chris Dercon, Président de la Rmn – Grand Palais

Celan pour Kiefer
L’artiste allemand déclare que « Paul Celan »(…) ne le quitte jamais (…)
il vit en sa compagnie et tente, de façon presque rituelle, d’écrire « sa langue » sur ses toiles.
Cette dernière indication est à prendre au pied de la lettre, puisque Kiefer inscrit des poèmes ou des extraits sur nombre d’oeuvres, mais également parce que le plasticien cristallise les images du poètes, ce qu’il résume :
« Je pense en images. Les poèmes m’y aident« 

Anselm Kiefer, Car tu as trouvé le Tesson de la Détresse, 2018/2021

C’est un artiste qui m’interpelle, m’attire, m’émeut.
Je me souviens de l’opéra « Am Anfang » à l’opéra Bastille,  où l’Installation-spectacle, la Conception, la mise en scène, les décors et les costumes
étaient sous son autorité.
De l’émotion éprouvée lors de Monumenta au Grand Palais, il y a 15 ans,
de ma première rencontre avec l’oeuvre de l’artiste au
musée Würth d’Erstein, son goût de la provocation (faisant le salut nazi),
une visite mémorable de blogueurs au Louvre qui a acquis 3 de ses oeuvres.
C’est avec un plaisir immense que j’ai pénétré dans la blanche galerie
Thaddaeus Ropac, où les oeuvres trouvent leur juste place, se détachant
avec bonheur de la surface blanche.


N’a t’il pas évoqué pendant l’entretien avec Chris Dercon de ce 15 décembre sa préférence pour le white cube. Le champ labouré derrière le Grand Palais éphémère, avec la Tour Eiffel surplombant l’ensemble fait penser étrangement
à une toile de Kiefer, au grand jour, à nous d’y apporter notre poésie.

                                              Anselm Kiefer, La Seule Lumière

Quinze ans après avoir inauguré la série des Monumenta au Grand Palais en 2007, Anselm Kiefer est le premier plasticien à investir l’intégralité de l’espace du Grand Palais Éphémère, à l’invitation de la Rmn – Grand Palais pour un projet inédit. Projet quelques peu surprenant par sa présentation sur roulettes
et son ambiance de cimetière. C’est un peu la répétition systématique d’une formule.
Avec Pour Paul Celan, Anselm Kiefer poursuit son travail sur la mémoire européenne dont la France et l’Allemagne sont les grands acteurs. Dans cette exposition des sculptures, installations, et 19 toiles de grand format interagissent avec la poésie inapaisée du grand poète de langue allemande,
Paul Celan.

                                        Anselm Kiefer, Cendre des Puits d’Accra
L’oeuvre de Paul Celan a sans cesse été présent dans les peintures d’Anselm Kiefer, depuis l’adolescence et la découverte du poème « Todesfuge »
(« Fugue de mort »), et se poursuit jusqu’à aujourd’hui avec ce nouvel ensemble de peintures. Ce dialogue se densifie au cours des dernières années et notamment en 2020 à la faveur de la période d’isolement du confinement

              Anselm kiefer, Comme une arche, elle a quitté la route

Dans les extraits de son journal rédigés pendant la préparation de l’exposition au Grand Palais Éphémère, Anselm Kiefer écrit :
Celan ne se contente pas de contempler le néant, il l’a expérimenté, vécu, traversé.
(…)
la langue de Paul Celan vient de si loin, d’un autre monde auquel nous n’avons pas encore été confrontés, elle nous parvient comme celle d’un extraterrestre. nous avons du mal à la comprendre.
Nous en saisissons ça et là un fragment. Nous nous y accrochons sans jamais pouvoir cerner l’ensemble. J’ai humblement essayé, pendant soixante ans. désormais, j’écris cette langue sur des toiles, une entreprise à laquelle on s’adonne comme à un rite.

A.K.
l’exposition au grand palais : comment mettre Celan dans une salle construite pour des olympiades ? n’est-ce pas une entreprise impossible, blasphématoire ? tes grands tableaux dans lesquels tu cites Celan : n’est-ce pas comme si tu placardais Celan sur des colonnes Morris ? ne devrais-tu pas mettre le feu aux tableaux, les brûler en public ? 

Celan, qu’ils commentent, et en retour les vers du poète donnent vie aux peintures. Ici les disciplines artistiques s’emparent des conflits de l’histoire, même si, toujours selon Alexander Kluge,
« un Bauhaus pour la prévention de la guerre, » ça n’existe pas.

                               Madame de Staël : de l’Allemagne, 2015-2021

Cette exposition se déroule au moment où la France prend la présidence de l’Union européenne.
Elle en est une forme de prologue, comme si, selon les mots d’Anselm Kiefer,
« Madame de Staël s’adressait à l’Allemagne ».
Les peintures de Pour Paul Celan sont posées dans l’espace dénué
de scénographie classique et de cimaises, sans chronologie, comme les mémoires non traitées de notre existence humaine.

Ouh-la l’-Art Adèle Van Reehtsur France culture
Le Grand Palais Éphémère, espace monumental de 10 000m2 conçu par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, est l’environnement vivant de cette installation.
L’Ecole Militaire ainsi que les bâtiments modernes de l’UNESCO au Sud,
feront écho aux leitmotivs qui hantent l’oeuvre de l’artiste :
l’histoire politique de l’Europe traversée par ses conflits.
Un ouvrage accompagne le projet, rassemblant des textes du philosophe Emanuele Coccia, de l’artiste Edmund de Waal, du cinéaste Alexander Kluge et du conservateur Ulrich Wilmes ainsi que des extraits du journal
d’Anselm Kiefer.

Discours inaugurale d’entrée au collège de France

Informations pratiques

horaires : tous les jours de 10h à 19h
nocturne jusqu’à 21h les vendredi et samedi
(sauf les 24 et 25 décembre : fermeture à 19h)
tarifs: 13 € / 10 € (TR)
gratuit pour les moins de 16 ans
tarif réduit : carte famille nombreuse,
demandeur d’emploi
accès : Grand Palais Éphémère, Place Joffre, 75007 Paris
métro : arrêt «La Motte Piquet Grenelle» par les lignes 6, 8 et 10
arrêt «Ecole Militaire» par la ligne 8
bus : arrêt «Ecole Militaire» par les Bus 28, 80, 86, 92
arrêt « Général de Bollardière» par les Bus 80 et 82

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.