Déjà-vu ?

La copie d’oeuvres d’art de Dürer à YouTube
du 21 avril – 5 août 2012 à la Staatliche Kunsthalle de Karlsruhe

Goya le sommeil 1797/1798 gravure

La copie d’oeuvres d’art est certes aussi ancienne que l’art lui-même, mais le problème de la valeur des reproductions se pose avec une acuité particulière à l’heure du
« copier/coller ».

réinterpretation
Yinka Shonibare The Sleep of Reason Produces Monster (Asia) 2008

 La nouvelle exposition de la Kunsthalle de Karlsruhe – réalisée en coopération avec la Staatliche Hochschule für Gestaltung (École Nationale Supérieure d’Art et du Design) – met en lumière les différents procédés de reproduction disponibles, ainsi que les fonctions remplies par la copie d’oeuvres d’art et les raisons qui la motivent.
À toutes les époques, des artistes ont copié les compositions de grands maîtres tels que Dürer ou Titien. L’exposition Déjà-vu ? est une première en ce qu’elle rend toute la diversité du phénomène à l’aide d’un panorama qui va de la fin du Moyen Âge à l’art moderne et contemporain, y compris les productions diffusées sur Internet.

Claudia Angelmaier Das grosse Rasenstück 2004/8

réflexion d’après l’original de l’aquarelle d’Albrecht Dürer
Dürer Die grosser Rasenstück aquarelle 1503 Vienne Albertina Museum

 

Elle rassemble quelque 120 oeuvres, dues notamment à Albrecht Dürer, David II Teniers, Eugène Delacroix, Edgar Degas, Vincent van Gogh, Giorgio de Chirico, Cindy Sherman, Hiroshi Sugimoto et Yinka Shonibare.
Couvrant sept siècles d’histoire de l’art, ce panorama établit des liens entre les oeuvres exposées afin de mettre en évidence la fonction de l’original et celle des copies, ainsi que l’évolution de la valeur accordée à chaque type d’oeuvres. Parallèlement, la perspective historique souligne certaines constantes et invite le visiteur à porter un regard nouveau sur les copies réalisées à l’heure actuelle. L’objectif est de faire comprendre que loin d’être un simple décalque, une copie est bel et bien une oeuvre authentique, dotée de sa propre valeur artistique et historique.
L’exposition ambitionne par ailleurs de faire le point sur le rôle du musée en tant qu’institution : hier encore lieu traditionnel de conservation des originaux, le musée doit aujourd’hui réfléchir à ce qu’est l’authenticité et redéfinir les termes
« original », « copie » et « reproduction ». Les tableaux, dessins, gravures, sculptures, photographies, installations et créations sur Internet exposés invitent à un voyage dans sept siècles de production artistique :
Albrecht Dürer, Lucas Cranach l’Ancien et Pieter Bruegel le Jeune illustrent la pratique des copistes du début des Temps Modernes, leurs oeuvres étant mises en relation avec des copies dues à Giorgio de Chirico et Jonathan Monk ;

Eugène Delacroix Pietà - 1850 National Museum of Art Oslo

des tableaux d’Eugène Delacroix et Vincent van Gogh rendent compte de la
« copie créative »

Célestin-François Nanteuil descente de Croix d'après Delacroix - lithographie BNP France 1853

C’est ainsi qu’une toile de Delacroix, reproduite par Célestin François Nanteuil par une lithographie, sera  « copiée » par Vincent van Gogh

Vincent van Gogh Pietà d'après Delacroix 1886-1890 Amsterdam van Gogh Museum


du XIXe siècle, tandis que des oeuvres de Franz von Lenbach représentent la
« copie sur commande » fréquente à la même époque ;
Marcel Duchamp illustre le thème de l’authenticité et de l’originalité repris dans les années 1960 par divers artistes, notamment Elaine Sturtevant, Richard Pettibone et Mike Bidlo ; les productions de Yinka Shonibare et Hiroshi Sugimoto témoignent pour leur part de la grande liberté qu’on peut prendre avec la tradition ;

Mao Jonathan Monk 2008 - Ciprian Muresan The end of Five -laYear Plan 2004

Mao dont une copie professionnelle a été exécutée d’après l’original d’Andy Wahrol
et la réinterpretation de la Nona Ora de Maurizio Cattelan écrasé par un météorite , par Ciprian Muresan, en Pope orthodoxe agrippé à sa croix en or, attibut de ses fonctions religieuses,  symbolisant luxe, décadence, gisant sans le tapis rouge.
Enfin, diverses oeuvres célèbres, revisitées par des artistes contemporains et diffusées sur Internet, renvoient à des débats d’actualité, tout en établissant des parallèles avec la pratique des copistes d’autrefois. Projet pilote pour la ville de Karlsruhe, l’exposition a été réalisée en commun avec la Hochschule für Gestaltung Karlsruhe (HfG), organisme universitaire jouant un rôle de pointe dans l’analyse des nouveaux phénomènes culturels et médiatiques. Les professeurs Wolfgang Ullrich (unité « Théorie des arts et médias ») et Wilfried Kühn (unité « Conception et organisation pratique des expositions ») se sont particulièrement investis dans le projet. Du côté de la Kunsthalle, l’équipe de réalisation se composait de Pia Müller-Tamm (directrice du musée), du Dr Alexander Eiling (département « Art moderne et contemporain »), du Dr Ariane Mensger (cabinet des estampes) et de Juliane Betz (assistante). Un catalogue d’environ quatre cents pages contenant des essais et des notices sur les oeuvres exposées est publié aux éditions Kerber (Kerber Verlag Bielefeld) sous la direction d’Ariane Mensger. Éditeur : Staatliche Kunsthalle Karlsruhe, Hochschule für Gestaltung Karlsruhe. L’exposition Déjà-vu ? a bénéficié du soutien des organismes suivants : Art Mentor Foundation Lucerne, Ernst von Siemens Stiftung, Kulturstiftung des Bundes, Kulturstiftung der Sparkasse Karlsruhe, Hubert Burda Stiftung.
Artistes exposés Christian Adler, Claudia Angelmaier, Hubert Becker, Joseph Beuys, Mike Bidlo, François Boucher, Adolphe Braun, Pieter Bruegel le Jeune, Johann Friedrich Bury, Giorgio de Chirico, Hannah Cooke, Lovis Corinth, Gustave Courbet, Lucas Cranach le Jeune, John Scarlett Davis, Edgar Degas, Eugène Delacroix, Gilles Demarteau, Abraham van Diepenbeeck, Marcel Duchamp, Albrecht Dürer, Richard Earlom, Marie Ellenrieder, Henri Fantin-Latour, Anselm Feuerbach, Florian Freier, G.R.A.M., Katharina Gaenssler, Johann Geminger, Théodore Géricault, Vincent van Gogh, Francisco de Goya, Pierre Granoux, Aneta Grzeszykowska, Caroline-Louise de Hesse-Darmstadt, Princesse Auguste, Anton Hille, Hans Holbein le Jeune, Ernst Ludwig Kirchner, Carl Le Feubure, Wilhelm Leibl, Franz von Lenbach, Kasimir Malevich, Édouard Manet, Henri Matisse, Israhel van Meckem, Maître de Basse-Autriche, Maître de Bohème, Maître de la Passion de Karlsruhe, Maître de Strasbourg, Claude Mellan, Jonathan Monk, Monogrammiste BM, Monogrammiste HS, Klaus Mosettig, Ciprian Muresan, Célestin-François Nanteuil, Caspar Netscher, Wenzel von Olmütz, Richard Pettibone, Marcantonio Raimondi, Peter Paul Rubens, Franz Joseph Sauerleute, Cindy Sherman, Yinka Shonibare, Hendrik Snyers, Sibylle Springer, Thomas Struth, Elaine Sturtevant, Hiroshi Sugimoto, David II Teniers, Carl Ludwig Thuot, Gavin Turk, Carl Velten, Lucas Vorstermann,
Johann Georg Wille.

Heures d’ouverture Du mardi au vendredi 10h00 à 17h00 Les samedis, dimanches et jours fériés 10h00 à 108h0
Visites guidées publiques En langue française : les samedis 21.4, 5.5, 19.5, 2.6, 16.6, 30.6, Entrée gratuite pour les détenteurs du Pass Musées du Rhin Supérieur14.7 et 28.7 à 14h30 Tarif : 2,00 €
 
photos courtoisie de la Staatliche Kunsthalle visuels presse
 
 
 
 

La Fondation Paul Sacher de Bâle

La visite de la Fondation Paul Sacher,  initiée  par  Stéphane Valdenaire, historien de l’art a  permis de découvrir un lieu qui fait vivre sa mémoire et conserve des témoignages émouvants.

¨Paul Sacher

Aboutissement de l’engagement de Paul Sacher envers les compositeurs du 20e siècle, la Fondation est un lieu d’ordinaire réservé aux musicologues du monde entier.
Elle abrite des collections artistiques précieuses et les archives de noms qui ont marqué la musique du 20e siècle : manuscrits de Stravinski, Webern, Varèse, Bartók, Boulez …
Feldman, Grisey, Maderna, Kagel...
Robert Piencikowski

C’est Robert Piencikowski, musicologue, ancien chercheur de l’Ircam, qui développa avec verve, humour et générosité, l’œuvre de Paul Sacher. Il nous présenta quelques trésors, extraits pour l’occasion des coffres-forts de la Fondation, située place de la cathédrale, dont les baies vitrées permettent une vue unique sur le Rhin. Cette place pourrait être appelée place ou carrefour des grands hommes, avec la tombe d’Erasme dans la cathédrale, l’immeuble où enseigna Nietzsche et la présence émouvante de Holbein.
Sa présentation était ponctuée d’anecdotes croustillantes, qui ont affluées dans la vie de Paul Sacher.
Si son nom ne disait rien au grand public, les compositeurs et
interprètes de ce siècle le considéraient depuis longtemps comme un véritable prophète.
A 20 ans, il crée son premier orchestre de chambre  d’amateurs  à Bâle et, à 35 ans, le Collegium Musicum à Zurich. Depuis, il a dirigé plus de 200 oeuvres modernes, généralement des premières de compositeurs dont il a souvent été le mécène inespéré.  Dans sa résidence de Schönenberg, sur les hauteurs de Bâle, Paul Sacher recevait des amis répondant aux patronymes de Dürrenmatt, Tinguely, Niki de Saint-Phalle, mais également de Bartok, Boulez et Penderecki. Sur les grands murs blancs, des toiles de Braque, Miro, Picasso, Klee et Chagall, avec lesquels Maja Hoffmann-Strehlin, qu’il avait épousée en 1934, s’était liée d’amitié lorsqu’elle travaillait dans l’atelier parisien de Bourdelle.

A l’intérieur des coffres-forts, s’accumulait la plupart des partitions autographes (une centaine) qu’il avait commandées à Bartok, Stravinski, Honegger, Britten, Henze, Dutilleux ou Boulez.
Igor Stravinsky

Son ambition: défendre les contemporains menacés par l’incompréhension du public  Stravinski hué lors de la création du Sacre du printemps, Berg vomi par Vienne  et donner le répertoire baroque et classique jusqu’au XVIIIe siècle, alors totalement méconnu. Pour parachever sa mission, il créait de nouveaux outils: la Schola Cantorum Basiliensis et la Basel Academy of Music, réunissant compositeurs, musicologues et étudiants. En 1941, à la tête du Collegium Musicum de Zurich, dernier orchestre de chambre de sa création, il défendait dans le monde entier des oeuvres qu’il avait commandées et créées. Sa collection constituée au départ par son intuition, fut consolidée par son mariage avec la veuve et héritière d’Emmanuel Hoffman,  fils du fondateur des Laboratoires pharmaceutiques Hoffmann-Laroche, le plus gros chiffre d’affaires helvétique , la fortune de Paul Sacher allait être investie dans la constitution d’un répertoire extraordinaire.
C’est pour son Orchestre de chambre de Bâle que Bartok écrivit en 1936 la fameuse Musique pour cordes, percussions et célesta, puis le Divertimento pour orchestre à cordes. Des années plus tard, Boulez composera Dérive 2 & 1 à partir des lettres du nom du compositeur, et Dutilleux, Trois strophes sur le nom de Paul Sacher, pour violoncelle.


Son intuition peut être qualifiée de géniale: de Hindemith à Takemitsu, il pressent quels noms vont rester. Quant à son austère noblesse, elle est légendaire: il préférait le néoclacissisme de Stravinski (à qui il avait commandé Capriccio) au post-romantisme de Strauss. Mais, apprenant que ce dernier était à la fin de sa vie dans le besoin, il lui avait commandé Métamorphoses, sans même évoquer le refuge trouvé chez lui par un Rostropovitch déchu de sa nationalité soviétique. Son soutien à Boulez et à Berio lui valait les commentaires acerbes de son compatriote, le chef Ernest Ansermet. Il lui répondait qu’il était triste de le voir perdre sa curiosité et son enthousiasme avec l’âge.
Collectionneur, Paul Sacher avait arraché le lot Stravinski (partitions, lettres, passeports, piano) à la Morgan Library et à la New York Public Library, en 1983, pour 12 millions de dollars. Sa fondation, sise dans une cathédrale, avec étages et quelques sou-sols, voisine de celle de Bâle, gère aujourd’hui une soixantaine de fonds  de Webern à Maderna  accessibles aux chercheurs. Venu en 1986 léguer l’intégralité de ses manuscrits, Boulez avait écrit sur le livre d’or: «Visite à mon futur tombeau.»
Fac similé

 
Pour ses 90 ans, le fondateur de l’Ensemble intercontemporain avait dirigé un concert hommage à la Cité de la musique. Né le 28 février 1906 à Bâle, il s’y est éteint.
extraits de divers articles de presse
Eclat de Pierre Boulez Festival de Lucerne
la Maitre du temps Robert Cahen Pierre Boulez dirige Mémoriales

Le 500 e anniversaire du retable d’Issenheim

Les 500 ans d’un chef-d’œuvre (vidéo)
 

Panneau de la cruxifiction Retable d'Issenheim musée Unterlinden Colmar

 

article paru dans l’Alsace du 6 avril, signé Annick Woehl

Le 500 e anniversaire du retable d’Issenheim, cette année, est inscrit parmi les commémorations nationales. Toute une série d’animations et de rencontres a été imaginée par le musée Unterlinden. Les festivités débuteront le 14 avril à 20 h, par un concert de la Maîtrise des garçons de Colmar devant le retable.
Figurent aussi au programme la publication, mi-juin, d’un timbre représentant les panneaux de Grünewald (lancement à Paris et au musée colmarien) et la présentation, pour la première fois en France, de Décor, une oeuvre de 2011 d’Adel Abdessemed représentant quatre Christ en barbelés, sous forme d’un dialogue avec le retable. L’exposition sera inaugurée le 26 avril en présence de Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture, et de François Pinault, propriétaire de l’œuvre.
Si les commémorations nationales ont retenu cet anniversaire dans leur sélection annuelle, c’est que le retable a le statut de chef-d’œuvre.
Mais en quoi ?
Réponse de Pantxika De Paepe, conservatrice du musée Unterlinden et spécialiste du retable :
« Dès la fin du XVI e siècle, il est cité partout. ‘’Il y a un chef-d’œuvre à Issenheim’’, lit-on. C’est aussi une œuvre atypique, donc qui interpelle. Mais surtout, c’est une œuvre qui touche tout le monde, quelle que soit la culture de chacun. Je le constate régulièrement lors de mes visites avec des Japonais, des enfants de maternelle, des étudiants en mathématiques… Avec tous, il se passe quelque chose. Le retable marque ; quand on l’a vu, on ne l’oublie pas .»
la visite du panneau de la crucifixion commentée par Pantxika De Paepe, la conservatrice du musée Unterlinden de Colmar

 

Matthias-Grunewald-peint-dans-ce-visage-(un-detail-du-panneau-de-la-crucifixion)

LE CORPS DU CHRIST. – Matthias Grünewald a été le premier à peindre la souffrance de manière radicale. Le corps du Christ est saturé de pustules, stigmates de la flagellation ; du sang visqueux coule de ses pieds cloués. On voit aussi les conséquences physiques de la crucifixion, une mort souvent très lente puisque le « condamné », qui ne peut plus respirer, meurt étouffé. Là, on voit l’effort pour soulever la cage thoracique, pour tenter de trouver un peu d’air. Les malheureux prenaient appui sur leurs pieds pour tenter de respirer. Raison pour laquelle, quand on voulait écourter le supplice, on coupait les muscles des mollets…
AU-DELÀ. – Toutes les représentations de la crucifixion antérieures à Grünewald étaient soit narratives (avec beaucoup de personnages, notamment les soldats jouant aux dés), soit dans le pathos. « Là, cela va au-delà. Parce que le corps du Christ… ; parce que le fond sombre… (dans les noirs verts du fait du vieillissement des vernis ; en réalité dans les bleus gris).

Vierge et St Jean détail du retable d'Issenheim musée Unterlinden Colmar

LA VIERGE EN PAMOISON. – Saint Jean, qui, pour cela, se voit doter d’un bras droit un peu long, soutient la Vierge en train de s’évanouir. Celle-ci a le visage livide et porte un manteau blanc au-dessus de sa tenue bleue conventionnelle. « C’est l’idée géniale du peintre », commente Pantxika De Paepe. La conservatrice du musée Unterlinden de Colmar voit dans ce drap le linceul dans lequel on enveloppera son fils défunt à la mise au tombeau.

Marie Madeleine détail Retable d'Issenheim Colmar

LE PETIT POT DE MARIE-MADELEINE. – Marie-Madeleine est à genoux dans un geste de supplication. « Elle y croit encore », alors que pour la Vierge, avec ses mains fermées, « la chose est accomplie », commente la conservatrice. Marie-Madeleine est représentée avec ses attributs : les longs cheveux, les beaux vêtements et surtout le pot d’onguent.
Agneau détail du retable d'Issenheim musée Unterlinden Colmar

L’AGNEAU. – L’agneau, dont le sang coule vers le calice, est l’image même du sacrifice. Avec la petite croix, cela renvoie à la crucifixion, puisque le Christ meurt pour laver le péché originel du monde.
Pantxika De Paepe précise que les fidèles du XVI e siècle, y compris le fermier alsacien, connaissaient tous ces symbolismes chrétiens, ces codes de représentation. Les attributs étaient là pour guider le fidèle dans sa reconnaissance des personnages représentés.

St Jean Baptiste détail du Retable d'Issenheim musée Unterlinden Colmar

JEAN-BAPTISTE, L’ABSENT. – Grünewald a choisi de représenter Jean-Baptiste dans la scène de crucifixion alors qu’il n’y était pas. À cette époque, en effet, il était déjà mort, décapité à la demande de Salomé. On le reconnaît car il porte une peau de chameau, son attribut.

Resurrection - panneau du retable d'Issenheim musée Unterlinden Colmar

Ce visage (détail de la résurrection) n’est presque plus matériel. Il semble fait de lumière. Cet effet illustre la prouesse technique de Matthias Grünewald, le premier artiste à se passer de l’étendard de la victoire sur la mort, attribut habituel de la résurrection
JUGEMENT DERNIER. – Grünewald « a voulu montrer d’autres choses ». Il a innové en intégrant dans son panneau la représentation symbolique du Jugement dernier. C’est-à-dire qu’il réunit la Vierge, le Christ et Jean-Baptiste. Signifiant ainsi le Jugement dernier, il ouvre la perspective de la résurrection. « On ne trouve cela que chez Grünewald », assure la conservatrice. Et le message était d’importance puisque « tous les Chrétiens attendent ce moment du Jugement dernier et donc de la résurrection ». D’autant plus d’importance, sans doute, pour le public du couvent des Antonins pour lequel le retable avait été commandé, à savoir des malades encore plus anxieux de la mort prochaine.

* * *

Curriculum
Il n’y a quasiment aucun document sur le retable ou sur Matthias Grünewald. Les scientifiques ont néanmoins avancé sur divers points, par déduction. Tentative de curriculum vitae du retable avec la conservatrice Unterlinden.
Date de naissance : entre 1512 et 1516.
Lieu de naissance : probablement Strasbourg, dans l’atelier de Nicolas de Haguenau.
Commanditaire : le couvent des Antonins à Issenheim.
Arrivée à Issenheim : date inconnue.
1793 : dans le contexte de la Révolution, le gouvernement national protège les œuvres contre le risque de vandalisme en les faisant transférer vers les chefs-lieux de département. Le retable se retrouve au couvent Saint-Pierre à Colmar (l’ancien collège royal des Jésuites), qui s’appelait le musée national de Colmar.
1852 : arrive au musée Unterlinden à Colmar qui ouvrira un an après.
Sous protection : à plusieurs reprises, durant les deux guerres mondiales, le retable est déménagé pour être mis en sécurité. Il fait ainsi plusieurs allers et venues. Par exemple en 1914, il est placé dans le coffre-fort de la Caisse d’épargne, rue Bruat à Colmar ; en 1942, il se retrouve, en caisses, dans les caves du Haut-Koenigsbourg.
Accident de la vie : un seul, en juillet 1903. Lors d’une prise de photos, le petit panneau de saint Antoine était tombé. Il lui reste une cicatrice, une fente dans le bois.
extrait de l’article paru dans l’Alsace du 06/04/2012 par Annick Woehl
certaines photos empruntées  ici ou au  musée Unterlinden

La Chine est éveillée

« Dieu a créé le monde, les chinois font le reste »
nous dit en riant Yubao, traduisez : Trésor de Jade, François guide pour les français
(pourtant il ne doit pas regarder Canal + en Chine … la chaîne, ainsi que facebook ne sont pas trouvables là-bas)

Yubao = Trésor de Jade alias François

En effet les enfants, puisque enfant unique, le couple n’a droit qu’à un seul enfant, d’autant plus précieux si c’est un garçon, sont les assurances vie de leurs parents, si ces derniers  ne touchent pas de retraite, en tant que paysans.
enfant chinois à Xi’an

Nos trois guides parlaient bien le français, alors que 2 d’entre eux n’avaient jamais quitté la Chine. La scolarité est dense pour les jeunes. Notre dernier guide affirmait qu’il n’avait vu que les rayons de la lune pendant toute sa scolarité, en effet la journée, commence très tôt, avec les exercices physiques, les cours, un déjeuner, une petite sieste, le dîner, puis encore des cours jusqu’à 21 h au moins.
Les paysans ont droit à 2e enfant, parce qu’il faut de la main d’œuvre solide pour  le travail de la ferme et de la terre.
Les anciennes demeures ont été démolies et remplacés par des immeubles impersonnels avec le confort, bâtis à l’extérieur des villes, ce qui les isolent totalement de la vie citadine et de leurs anciens voisins. Certains quartiers anciens sont classés monuments historiques par l’Unesco, – les Hutongs
Hutongs Pékin

Les chinois sont souriants, fiers de leurs enfants, ils les présentent pour des photos aux touristes. Ils aiment bien aussi se faire photographier à côté d’européens. Avec ma veste en lapin et mes cheveux à mèches, je me suis attirée des sourires, de francs éclats de rire, mais surtout des demandes de photos avec ma modeste personne.
Notre voyage depuis Roissy, en airbus A 340 (merci Patrick) arriva à Shanghai au bout de 11 h.
Le guide nous emmena immédiatement, puisque nous étions le matin – il y a 6 h de décalage en été, 7 en hiver – visiter le Central Lake, environné du quartier financier, où des immeubles se dressent comme à Manhattan. Quelques chinois s’adonnaient au plaisir du Chi Kong ou du taï chi chuan.
le Bund Shanghai

 
Suivi d’une visite sur   le bund, qui longe le Huangpu, une des  promenades principales de la ville, longue d’un 1.5 km bordée de bâtiments historiques, qui la nuit s’illuminent de mille couleurs.
Central Lake Shanghai

Puis ce fut la visite  du Jardin Yu. Curiosité de style classique chinois, la plus importante de Shanghai. Créé par un haut fonctionnaire à partir de 1559, le « jardin de satisfaction » pour le repos. Les bâtiments actuels ne virent le jour qu’au 18e et 19e siècle lorsque le jardin tombé en friche fut acheté par des guildes de marchands, qui y fondèrent leurs lieux de réunions et de résidence. Férus de tradition, toutes les représentations asiatiques (le mur aux dragons) témoignent du goût contemporain des marchands et inadéquat pour des amoureux de la littérature. Mais son caractère fondamental n’est pas concerné pour autant.
Jardin Yu Shanghai

Des rochers et de l’eau où pullulent par endroit des carpes roses, le jeu de la régularité et de la symétrie, la richesse de la forme des fenêtres et la division en petites parcelles générée par les promenoirs, les murs, les salles et les pavillons qui créent sur un espace étroit toute une série de décors variés. L’aventure commence déjà devant la porte : avec le chemin par le pont en zig-zag le long du salon de thé Huxinting.
Jardin Yu Shanghai

Derrière les salles des célèbres décors de jardin, puis au-delà un étang peuplé de carpes roses et de nénuphars, un rocher artificiel en pierres jaunes s’y élève, seul élément original datant du 16e s. En passant par des petits ponts devant un pavillon situé sur un socle élevé, la cour est décorée de trois pierres, dont celle du milieu appelée : « joyau de jade » est l’une des pierres les plus célèbres de Chine.
Shanghaï la Bund
photos de l’auteur
cliquez pour les agrandir

à suivre

Anne-Sophie Tschiegg au musée des Beaux Arts de Mulhouse

Anne-Sophie Tschiegg, – son site – la peintre lyrique, exposera ses dernière toiles au Musée des  Beaux Arts de Mulhouse du 14 avril au 10 juin 2012.

Le vernissage aura lieu le 13 avril 2012
 à 18 h.

Après l’espace Beaurepaire à Paris, ses expositions à Offenburg, à Stuttgart, à Art Karlsruhe, sa performance à la Nuit Blanche de Paris, elle présente ses dernières toiles. Des grands formats, aux « babies » en passant par les collages, les dessins de paysages et les nus, à la fois figurative et abstraite, c’est une symphonie de couleurs, qu’elle affiche sur les cimaises du musée des Beaux Arts de Mulhouse.
l’interview :

photo de l’invitation courtoisie Anne-Sophie Tschiegg
vidéo de l’auteur

Autres dates à retenir
Samedi 19 mai – Nuit des Musées / Nuit des Mystères n° 7 de 14 h à minuit
 
Samedi 12 et Dimanche  13 mai de 14h à 18h
Work in progress & rencontre avec Anne-Sophie TSCHIEGG
En écho à la nature évolutive de son travail pictural, Anne-Sophie TSCHIEGG se livre à une performance sous les yeux du public. A l’issue de ces deux après-midi de production picturale, la toile réalisée intègrera l’exposition à la manière d’une œuvre tout à la fois supplémentaire et complémentaire, métaphore du processus de peindre, du temps de « faire », de la superposition des gestes, de la reprise, du temps mort et de l’achèvement. Une rencontre à 16h entre l’artiste et les visiteurs permettra d’engager un échange sur la pratique picturale d’Anne-Sophie TSCHIEGG

Sommaire de mars 2012

01 mars 2012 : André Avril au Lézard de Colmar
02 mars 2012 : « C’est vous dont la mère est folle » Marguerite Mutterer
03 mars 2012 :  Damien Hirst envahit les onze galeries de Gagosian
04 mars 2012 : Pierre Bonnard « l’insaisissable »
06 mars 2012 : Kienholz: Les signes du temps
08 mars 2012 : Les femmes qui aiment sont dangereuses
11 mars 2012 :   Anne-Sophie Tschiegg en avant première
12 mars 2012 :  Art Karlsruhe 2012 – sous l’oeil du collectionneur.
13 mars 2012 :  Art Karlsruhe 2012 suite
19 mars 2012 :  Week End de l’Art Contemporain en Alsace mars 2012
20 mars 2012 :  Week End de l’Art contemporain en Alsace 2012 – suite
21 mars 2012 :  Voyage

Week End de l'Art contemporain en Alsace 2012 – suite

 

Suite de la visite à Stimultania à Strasbourg,

Norbert Ghisoland

NORBERT GHISOLAND Né en 1878 à La Bouverie, petite commune belge du Borinage, le photographe Norbert Ghisoland photographie ses habitants pendant près de quarante ans. Il réalise plus de 90 000 photographies sur plaques de verre dans son studio à Frameries où, en ce début de siècle, la ville vit au rythme de la mine. Seuls ou en groupes, des dizaines de milliers de gens passent devant son objectif : des bourgeois, des mineurs, des militaires, des religieux, des sportifs, des gens de tous âges, des chiens parfois. Norbert dirige les poses. Ils sont assis ou debout, les mains entrecroisées ou sur l’épaule, les visages graves. Ils ne sourient pas. Ils viennent du Pays Noir.
 » Ghisoland n’est pas le reproducteur du visage de la bourgeoisie. Ses clients sont des mineurs, de ces hommes au visage buté, impénétrables, à la fois fiers et modestes. Non pas photos d’identité sociale, mais photos-rêves et souvenirs pour lesquels on pose dans son costume favori, dans un costume d’emprunt qu’on ne remettra plus jamais, après avoir ciré ses chaussures, épinglé sa décoration au revers de sa boutonnière, et emmené son instrument de musique […]. » Hervé Guibert pour Le Monde
commissariat : Mary van Eupen et Marc Ghuisoland
Simultan au CEAAC de Strasbourg
 
«Les limites de ma langue sont les limites de mon monde»: c’est cette citation de Wittgenstein que Mladen Stilinovi  a choisie pour titre d’un entretien-conférence donné en 2011 dans le cadre de l’Académie d’été à la forteresse Hohensalzburg. En 1992, déjà, il avait peint sur une banderole l’inscription «An Artist Who Cannot Speak English Is No Artist» (Un artiste qui ne parle pas anglais n’est pas un artiste) – une affirmation qui, vu les bouleversements politiques en ex-Yougoslavie, pouvait sembler quelque peu dérisoire, mais n’en était pas moins vraie lorsqu’on la considérait dans le contexte du marché de l’art international.
Maden Stilinovitch

L’artiste a entre-temps réalisé plusieurs versions de ce travail, entre autres sous forme de tee-shirts distribués aux visiteurs de ses expositions. Le fait que cette oeuvre, née d’une situation historique donnée, n’ait rien perdu de son actualité s’explique par une plus grande sensibilisation à l’hégémonie croissante de l’anglais dans le contexte de la mondialisation.
C’est sous cette même hégémonie que doivent vivre les protagonistes de Shoum, une vidéo de Katarina Zdjelar, où l’on voit deux hommes d’âge moyen qui, sans la moindre connaissance de l’anglais, tentent de transcrire, puis de chanter les paroles de la chanson Shout de Tears for Fears. Musiciens occasionnels dans un bar de Belgrade, ils sont contraints d’inclure dans leur répertoire des chansons pop anglaises pour gagner leur vie. Sous le comique apparent de la situation perce la réalité sociale et économique des deux quadragénaires qui, à l’image de beaucoup d’hommes de leur génération, ont été contraints d’abandonner l’école prématurément en raison de la guerre dans l’ancienne Yougoslavie.
 
Dance Nº3 de Céline Trouillet montre une jeune femme sourde et muette en train d’inter-préter la chanson C’est la ouate en langage des signes. Avec son maquillage voyant et ses mouvements lascifs, elle reprend, en les persiflant, les clichés des clips de musique pop. Associé à l’expression chorégraphique, le langage des signes, grâce à sa polysémie, propose une forme ouverte de traduction simultanée des mots et des sons.

 
La grande salle d’exposition du CEAAC accueille un ensemble énigmatique de travaux de l’artiste galloise Bethan Huws. The Plant, un plant de menthe sur un socle, est un ready-made dont la véritable signification ne se dévoile qu’à celui qui comprend le gallois: le titre de l’œuvre signifie en effet «plante» en anglais et «enfants» en gallois. L’association de ce mot à la menthe, dont l’image évoque fraîcheur et jeunesse, articule un champ sémantique réservé à une minorité de spectateurs maîtrisant à la fois l’anglais et le gallois. Il en va de même pour une vitrine contenant le mot «LLWYNCELYN», formé au moyen d’un lettrage industriel blanc sur fond noir. Signifiant « bois de houx » en gallois, il demeure opaque à défaut d’être traduit en anglais, où il donne «Hollywood», terme riche en associations s’il en est. C’est à se demander ce qui, dans les oeuvres de l’artiste, est CERTAIN, pour reprendre le mot apparaissant en grandes lettres noires sur un rideau (curtain, en anglais), mais caché en partie par les plis du tissu. Pointant l’ambiguïté fondamentale du langage, les travaux de Bethan Huws traquent les significations et associations cachées derrière les mots et les choses.
Bethan Uws

La colonne filigrane réalisée par Albrecht Schäfer au moyen de dés dont les faces portent des lettres semble s’associer aux nombreux piliers de l’espace d’exposition. Les dés en bois de pin ont été choisis de manière à former les premières phrases d’un texte de Francis Ponge, Le Carnet du Bois de Pins1, puis mélangés et superposés dans le désordre. Ce faisant, l’artiste a transposé en sculpture la méthode formulée par l’écrivain, qui consiste à s’approcher de son sujet au moyen de variations sans cesse nouvelles : «Leur assemblée / De leur vivant / RECTIFIA ces arbres / à fournir du bois mort. Leur assemblée / à fournir du bois mort / De leur vivant / RECTIFIA ces arbres…»2
Gary Hill s’est intéressé à la transposition visuelle de textes dès les années soixante-dix. Dans sa vidéo Around & About, chaque syllabe d’un texte est associée à une image. Ecrit au lendemain d’une séparation, le récit lu en voix off s’adresse à un interlocuteur imaginaire, pendant que s’enchaînent les plans fixes de l’intérieur d’une pièce, soit en se succédant rapidement, soit en défilant dans le sens de la lecture d’un texte, remplissant l’écran ligne par ligne. L’association entre texte et images forme une sorte de monologue intérieur destiné à une autre personne, restant cependant sans réponse.
Le triptyque LastResort de Lidia Sigle est un relief en panneaux d’acrylique arborant une inscription gravée au laser en utilisant la police système du même nom. Ces fallback fonts, ou «polices de repli», désignent des ensembles de caractères permettant d’afficher «en dernier recours» (as a LastResort) des symboles qui ne sont disponibles dans aucune autre police. Généralement invisibles pour l’utilisateur, elles donnent ici lieu à un objet sculptural rappelant vaguement le relief d’une planche d’impression, dont le motif apparemment abstrait (car indéchiffrable pour nous) possède par ailleurs une qualité ornementale.
Lidia Sigle

Depuis qu’il habite en Allemagne, l’artiste suédois Erik Bünger ne cesse de s’étonner de la synchronisation des films étrangers au cinéma et à la télévision. Dans The Allens, il s’approprie cette pratique, peu répandue en Scandinavie, et la tourne en dérision en affublant Woody Allen de ses voix de synchronisation internationales, qui se succèdent dans un charabia digne de Babel. Soulignant ses interventions par des gesticulations, le célèbre acteur américain semble parler mille langues en même temps, évoquant le moine Salvatore dans Le Nom de la rose d’Umberto Eco. Toutes les langues du monde se confondent ainsi dans les multiples voix d’une personne.
Le petit globe terrestre d’Albrecht Schäfer a été créé en comprimant en une boule une édition complète du quotidien français Le Monde, tandis que Die Zeit, 29.05.2007, une séquence de tableaux monochromes en différentes nuances de gris, emprunte son titre à l’hebdomadaire allemand du même nom. L’artiste a transformé les pages d’une édition entière en pâtes à papier de couleur, qu’il a ensuite appliquées sur des toiles de la taille d’une page du journal. L’accrochage reprend les rubriques du journal – politique, économie, culture…
Albrecht Shäfer

L’installation vidéo sans titre (Simultan) de Christoph Keller s’intéresse à un personnage qui, d’habitude, travaille en coulisses : l’interprète ou traducteur simultané. L’artiste a réalisé un montage à partir d’un entretien mené avec Sebastien Weitemeier, interprète né à Berlin mais vivant en France. Dans cet entretien sont développées des réflexions sur le bilinguisme, sur le travail de traducteur simultané et sur les nuances sémantiques des deux langues maîtrisées à la perfection par l’interprète. La traduction simultanée française de ses propos est ensuite faite par Weitemeier lui-même. Les visiteurs de l’exposition peuvent choisir entre deux canaux audio correspondant respectivement aux versions allemande et française de l’entretien. Cette oeuvre, qui a été réalisée spécialement pour l’exposition, est une extension de l’installation Interpreters (2008). à l’instar de l’héroïne de Simultan,
le recueil de nouvelles d’Ingeborg Bachmann auquel l’exposition emprunte son titre, l’interprète exécute quotidiennement un périlleux exercice d’équilibriste entre différentes langues et cultures : «Quel drôle de mécanisme bizarre elle faisait, pas une seule pensée dans la tête, elle vivait, immergée dans les phrases d’autrui, et pareille à un somnambule, elle devait enchaîner aussitôt avec des phrases semblables mais qui rendaient un son différent, à partir de „machen“ elle pouvait faire to make, faire, fare, hacer et delat’, elle pouvait faire passer chaque mot six fois sur le même rouleau, elle devait seulement ne pas penser que machen signifiait vraiment machen, faire faire, fare fare, delat’ delat’, cela aurait pu mettre sa tête hors service, et il fallait bien qu’elle veille à ne pas se trouver un jour ensevelie sous ces masses de mots3.»
Bettina Klein
 
Répondant à la carte blanche proposée par La Chambre, Marie Prunier a décidé de développer son travail autour de la temporalité dans un esprit
« work in Progress » tout au long de la semaine de montage.
« Cette exposition se conçoit comme un temps de travail en lui-même. Ici l’accrochage appartient au temps de la création et devient, en partie, la matière de ce qui est à voir.
Mon projet est de jouer avec la chronologie des événements, faire cohabiter dans un même temps les différentes étapes de conception d’une exposition.
Ainsi les quatre jours qui précèdent le vernissage seront consacrés à la création, la production et l’installation des œuvres dans l’espace de la galerie.
« Nous ne pouvons sentir que par comparaison » a dit André Malraux.
Dans mon travail, je m’intéresse au hors-champ, à ce que l’on a pas coutume de montrer ou qui disparaît d’avoir été trop vu.
Marie Prunier

Si la photographie est toujours la copie d’une chose ; il y a toujours un avant, c’est cet espace particulier entre l’événement et sa reproduction qui m’intéresse.
Il s’agira ici de jouer avec les effets du dédoublement, les changements de rythme, d’échelle et de répétition pour faire dialoguer les images dans l’espace. »
Marie Prunier
photos des photos et copie de la vidéo par l’auteur

Week End de l’Art Contemporain en Alsace mars 2012

C’était une journée pleine de découvertes y compris sur le comportement des adultes en groupe.
En résumé l’art de la guerre en photos, avec tout de même une sculpture zen d’André Avril  mise en résonance des photos, un plongeon dans les années 1920/1940 avec NORBERT GHISOLAND, qui se situe dans la lignée des Cartier Bresson.
                                                                Jan Kopp Le tourniquet
Accompagné par Patricia Lemerson, performeuse
Fil Rouge « Une Journée et tellement plus avec Patricia Lemerson »
Patricia Lemerson est une femme pour qui tout va bien, elle cherche à rencontrer le plus de gens possible afin de se faire de nouveaux amis et de commencer avec eux une amitié durable. Elle est de bonne humeur, serviable, bien habillée. Elle ne veut plus être spectatrice du monde qui l’entoure et veut faire partie de chaque événement qu’elle croise.
Elle surprend par sa présence insolite, ses interrogations, mais aussi par ses faux élans vers l’autre, elle veut avoir la maîtrise de son jeu.

Départ de la Filature à Mulhouse où Emmanuel Walter, nous a présenté avec verve l’exposition « Obsessions », dans le cadre du Festival TRANS’ – visible jusqu’au 29 avril.

La Filature de Mulhouse Festival TRANS'


Federico Berardi, Laurence Bonvin, Thibault Brunet, Raphaël Dallaporta, Denis Darzacq, Leo Fabrizio, David Favrod, Andreas Gefeller, Oliver Godow, Éric Nehr, Marie Quéau, Philipp Schaerer, Shigeru Takato
une proposition de Nathalie Herschdorfer
« Il n’y a pas de faits, seulement des interprétations. »
Friedrich Nietzsche
La photographie est une question de point de vue. Nombre d’artistes aujourd’hui revendiquent une démarche proche du documentaire et pourtant leurs œuvres tendent vers la fiction. Dans un monde où les références sont mouvantes, les photographes optent pour la mobilité : ils voyagent, se déplacent, traversent les lieux, les thèmes et les genres, passant imperceptiblement de l’analogique au numérique. Ils explorent les territoires et par là même la notion d’identité, qui paraît bien précaire et fragmentée en ce début du 21e siècle. Leurs travaux les conduisent à des représentations souvent étranges et ambigües. L’exposition réunit le travail de treize photographes travaillant en Allemagne, en Suisse et en France.
Depuis Mulhouse, en passant par le Lézard de Colmar, en visitant l’exposition d’André Avril,  (billet) puis au vernissage du FRAC Alsace à Sélestat, pour
« Affinités déchirures & attractions », en présence des artistes : Clément Cogitore, Marcel Dinahet, Bertrand Gondouin, Jan Kopp, Émeric Lhuisset et Roy Samaha. Le vernissage était suivi d’une visite commentée de l’exposition par Olivier Grasser, commissaire de l’exposition. Conçue notamment à partir d’œuvres de la collection du Frac Alsace, cette exposition se propose d’interroger les modes de représentation du réel, et en particulier le rapport à l’actualité, du documentaire à la fiction, en dialogue critique avec la représentation produite par les médias.
Émeric Lhuisset - Théatre de la guerre 2011/2012 groupe de kurdes et d'iraniens

 
Strasbourg à suivre
photos et vidéo de l’auteur
 
 

Art Karlsruhe 2012 suite

Mes coups de coeurs :
Puis le spectaculaire  avec Jean François Rauzier ( école Lumière) dans ses
« Voyages extraordinaires à Barcelone » en hyper photos à la Villa del Arte Gallery de Barcelone. Le palais de la musique Catalane démultiplié et peuplé de spectateurs musiciens, compositeurs, un bel hommage musical dans un univers onirique et fantastique.

Jean François Rauzier Palais de la Musica Barcelone

 
Evi Gougenheim dans sa galerie parisienne Artplace expose un portrait à la Rembrandt par Léa Golda Holterman, ainsi qu’une installation « Memory room « , sculptures et des photographies après la catastrophe,  de Chung Kwang Wha.

 
Une autre galerie parisienne, la galerie Charlot,  Valérie Hasson-Benillouche
propose un espace à de jeunes créateurs, fraîchement sortis des écoles d’art européennes, ainsi qu’à des artistes confirmés peu exposés en France
En regard d’un travail ancré dans la tradition et la continuité , peinture, dessin, une place importante est dédiée à la vidéo et à l’art numérique. Elle veut ouvrir un dialogue entre les talents découverts et soutenus par elle, et les collectionneurs de demain.

extrait du dictionnaire des Arts Numériques
bloc-note :

les artistes français seuls présents dans le digital
De notre envoyé spécial à Karlsruhe
Si les artistes français n’étaient pas là, Art Karlsruhe et ses quatre grands halls d’exposition ne laisseraient aucune place à l’art numérique.C’est surtout la galerie Charlot qui donne l’exemple, avec des oeuvres nouvelles d‘Antoine Schmitt et de François Zajega.

François Zajega Généalogie 2011

Et même Pontus Carle, peintre pourtant au sens traditionnel, se sent pousser des envies d’aller un peu plus loin dans le jeu qu’il affectionne : des combinaisons de formes aléatoires, en informatisant le jeu et les règles de ces combinaisons (ce n’est encore qu’une inspiration parmi d’autres »
Les nouvelles oeuvres d’Antoine Schmitt jouent sur les entiers et leurs multiplications. Fidèle à ses jeux de pixels, en général souplement mobiles dans des environnements imposés, il les fait cette fois se multiplier dans un espace rectangulaire. Et, mystères de la théorie des nombres, tantôt cette multiplication prend une allure cahotique, tantôt, pour un instant plus ou moins bref, ils s’organisent en figure régulière. Jusqu’au terme, en PPCM (plus petit commun multiple) en quelque sorte, où l’on revient au germe initial.

Antoine Schmitt Ballet Quantique 2011

François Zajega est plus inspiré par le biologique, l’envahissement progressif d’un espace par une sorte de croissance semi aléatoire d’une forme de rhizome. C’est le genre d’oeuvre lente qui plaira plutôt aux méditatifs, ou à l’animation d’une salle où d’autres occupations densifient l’intensité des évènements. Heureusement, en tous cas dans la version présentée à Karlsruhe (une vidéo pour s’éviter les complications d’un calculateur pour faire jouer les algorithmes), il arrive qu’un bug ait été accepté par l’artiste : la lente croissance végétative est tout d’un troublée par de grandes diagonales et d’actifs groupements qui se superposent un instant à l’ensemble. Comme souvent dans les arts numériques (voir par exemple le point de vue de Jacques Perconte pour le traitement de la vidéo), les bugs sont quelquefois le meilleur de l’art, et c’est à l’artiste de s’en saisir et de les mettre au service de son projet. On verra dans l’avenir comment Zajega fera évaluer ses pratiques.
Jacques Perconte

Concluons donc par un coup de chapeau à Valérie Benillouche et à sa galerie Charlot, un des seuls endroits du monde où l’on peut voir, en permanence, l’art contemporain  « traditionnel » et l’art numérique présentés simultanément. Pierre Berger
J’étais revenue sur mes pas, pour voir cette galerie parisienne, une belle rencontre.
Des aquarelles d’Akiko Ozasa,
Akiko Osasa Lunge 2010

des séries de Gustavo Diaz Sosa,
Gustavo Diaz Sosa

Yuko Labuda à la Multibox de Hamburg
Muko Labuda

 

 

Lutz Wagner

Art Karlsruhe 2012 – sous l'oeil du collectionneur.

Guido Messer Einichkeit Persil bleibt Persil 1992/93 bronze émail

Il n’y a rien d’étonnant à ce que le salon-art KARLSRUHE, dont la neuvième édition a lieu du 8 au 11 mars 2012 soit une date majeure sur le calendrier des salons internationaux. Avec plus de 45 000 visiteurs, il compte parmi les grands marchés d’art, d’autant plus qu’il couvre un large champ, depuis l’art classique moderne jusqu’à l’art contemporain, et ce dans la quasi-totalité des disciplines plastiques : peinture, sculpture dessin, photographie, etc. Comme l’ explique Ewald Karl Schrade, commissaire et directeur du salon, les 222 galeristes participants en provenance de douze pays couvrent toute la gamme des genres artistiques et toutes les catégories de prix, depuis le multiple à quelques centaines d’euros jusqu’au tableau de plusieurs millions. Répartis dans quatre halls, séparés par de grands couloirs, l’organisation est parfaite. Dès la descente du train, un shuttle vous conduit au lieu et vous ramène à la gare.
Les œuvres exposées en provenance des collections Marli Hoppe-Ritter (Hommage au carré) et Gunter Sachs (Lichtenstein, Warhol et Wesselmann) ne sont pas à vendre.  Les deux expositions spéciales du neuvième salon-art KARLSRUHE ont en effet pour vocation d’inciter les 45 000 visiteurs attendus à constituer eux-mêmes leur propre collection. Pendant que la fondatrice du musée Ritter (à Waldenbuch près de Stuttgart) réunit dans le hall 4 des œuvres de Josef Albers, Max Bill, Rupprecht Geiger, Richard Paul Lohse, François Morellet, Günther Uecker, Timm Ulrichsou, Kurt Schwitters,Victor Vasarely sur le thème du carré dans les arts plastiques.

Museum Hoppe-Ritter Hommage au carré

 L’exposition du hall 1 surprend les visiteurs sur plus de 400 mètres carrés avec deux douzaines de tableaux du mouvement pop art collectionnés par Gunter Sachs, décédé en mai dernier. Les portraits multiples de Gunter Sachs et de Brigitte Bardot par Wahrol, d’Andy Wahrol, les fleurs,  Allen Jones (table esclave) et les secrétaires, les allumettes de Raymond Hains, l’expansion jaune de César Baldaccini, Mona Lisa par Tom Wesselmann, les plexi de Jean-Claude Farni, Leda et le Cygne par Roy Lichtenstein, et Wicky  et une expansion du même astiste, l’affiche de l’exposition Wahrol à Hambourg, dans la galerie de Gunter Sachs en 1972,

Dès l’entrée l’omniprésent Guido Messer ( Einigkeit Persil bleibt Persil), interpelle. L’argentin natif de Buenosaires a investi la foire avec ses sculptures en bronze : Sumotori, loups, hommes, femmes, gardes en parade.
ses installations rouges
Guido Messer gardes parade

La sculpture est partout, l’espace  aéré de la foire le permet, entrecoupé de lieus de pause brunch. Il faudrait citer Arne Quinz avec des fouillis rouges, René Dantez ses sculptures en acier.
Svenja Ritter sa mariée au loup et à l’agneau.
Svenja Ritter

Antonio Moran avec long Shot en résine et Ophélia.
Antonio Moran Ophélia

Martin Kraemmer avec ses footballers argentins. Christofers Kochs « Umwandler »
Une curiosité déstabilisante à la galerie Kunststiffung de Stuttgart Torstrasse de Christl Mudrak.
Christ Mudrak Torsstrasse

Michel Cornu à la galerie Rémy Bucciali, qui expose des aquatintes  de Titus-Carmel et
Tony Soulié.
Titus-Carmel, peinture œuvre sur papier,  que l’on peut voir aussi à la galerie
Chantal Bamberger
 de Strasbourg, qui expose Ann Loubert, et une photographie 1/6 de la série napolitaine d’Ernest Pignon Ernest  , avec le poète Mahmoud Darwich, ainsi que des estampes de Richard Serra, les cameras de Beate Knapp,
Jolanta Szalanska est présente dans la galerie Sybille Mang le l’île Lindau au milieu de ses nus et des séries de cathédrales gothiques

Jolanta Szalanska

Bérénice Abbot
 
Berenice Abbott





à suivre
photos de l’auteur