Sommaire d'octobre 2010

02 octobre 2010 : Shampoings à la Bétadine
05 octobre 2010 : Shampoings à la Bétadine suite
11 octobre 2010 : Sagrado Aventura en Barcelona
13 octobre 2010 : Chefs d’oeuvre à Pompidou Metz
17 octobre 2010 : Chefs d’oeuvre à Pompidou Metz suite
31 octobre 2010 : La Fin du monde tel que nous le connaissons

La fin du monde tel que nous le connaissons

img_1154-medium.1288539073.jpg A l’heure où l’art contemporain est encore controversé, Bettina Steinbrügge nous invite à partager la vision de monde, d’un collectif d’artiste qu’elle a sélectionné, pour l’exposition de la rentrée de la Kunsthalle de Mulhouse.
Marc Bijl ¦ Claire Fontaine ¦ Cyprien Gaillard ¦ Piero Golia, Hadley+Maxwell ¦ Jorge Macchi ¦ Bernhard Martin ; Katrin Mayer ¦ Mladen Miljanovic ¦ Frédéric Moser & Philippe Schwinger
L’inspiration de ce thème provient de l’écoute d’une chanson du groupe REM « The end of the world, us we now » de 1987, puis 12 ans plus tard, la lecture d’un essai du sociologue américain Immanuel Walterstein « The end of the word us we know it »

Les artistes et groupes d’artistes invités prennent position face a la crise financière, à l’effondrement de l’État-providence ou des industries du divertissement, ils avancent de nouveaux espoirs, des utopies et conceptions alternatives. Comme un sismographe, l’exposition trace les signes et images de notre vie quotidienne, sonde les méthodes des pouvoirs en place, tout en proposant de nouveaux contextes esthétiques. Elle montre les travaux d’artistes qui réagissent de manière critique, satirique et subjective aux réalises actuelles et, ce faisant, développent leurs propres propositions, expressions de la réalité contemporaine faisant apparaître leurs façons de composer avec elle. Le concept fait suite au désir de comprendre de manière critique les processus sociaux, politiques et économiques actuels dans un monde global, sans lequel l’art contemporain ne pourrait entre ni considère, ni compris.

Bettina Steinbrügge

Le titre est étonnant, est-ce que tout le monde voit le « Monde et sa fin » de la même manière ? Rien que le début du monde a diverses versions selon les frères Bogdanov. Je vous livre ma sélection des réflexions des artistes telles quelles.
Marc Bijl (NL)
La problématique de Marc Bijl est liée a des avènements politiques, à la perception et à l’association des structures sociales et des systèmes de contrôles qui se manifestent dans img_1095.1288539418.jpg
l’espace public. Leur apparence symbolique est thématisée dans les oeuvres. L’installation Fundamentally VII, composée de matériaux de construction et de graffitis fait référence
dans sa matérialise simple au constructivisme minimaliste d’un Sol LeWitt et rend hommage au vandalisme quotidien.
En manipulant ces codes culturels, Marc Bijl invente un langage qui met en lumière une histoire des idées et des constructions sociales. Dans Fundamentally VII, differents
symboles de la culture et de la sous-culture s’affrontent pour infiltrer le système de codes allant jusqu’a les bousculer. Le spectateur doit se réorienter, trouver sa voie dans un nouveau système, voire réviser ses jugements. La question de pouvoir et d’influence est pose afin d’attirer l’attention sur le désir actuel de structure et d’ordre. Toutefois, a l’oppose du dictat conservateur, Marc Bijl célèbre le charme de la déchéance et de la destruction comme une libération.
Claire Fontaine (F)
Il ya trop d’innumaniter est j’ai pas trouver mon droit, 2007
img_1093.1288541651.jpg Dans l’article de presse paru a l’occasion de leur exposition à la Galerie Neue à Berlin on pouvait lire :
A chaque fois qu’un changement s’opère dans le lieu et dans le temps, il est le résultat d’un conflit et d’un refus et jamais l’effet d’un soi-disant progrès Combien cette constatation est d’actualité en France. Dans les oeuvres présentées, les couvertures de livres traitant du discours théorique général deviennent de simples couvertures de briques et les déclarations politiques se dissimulent derrière des enseignes lumineuses.
Jorge MaccH i (ARG )
Jorge Macchi travaille avec les objets de la vie quotidienne. Il en fait des supports de développements poétiques mais aussi des éléments de découverte des contextes sociaux et des besoins qui émergent au fil du quotidien. Ses trouvailles, comme par exemple des extraits de journaux, déclenchent de nouvelles narrations et des révélations de la vie quotidienne dues au pur hasard ou a des combinaisons aléatoires. La projection video 12 Short Songs combine deux motifs épétitifs : des titres de journaux et les mécanismes d’une ancienne boite à musique. Ces titres de journaux sont perforés et passés dans la boite qui déclenché une musique cristalline et apaisante formant un contraste absolu avec les titres tous issus despremiers jours de la crise financière. Ici, la brutalité se joint à la rêverie ce qui provoque finalement un effet inquiétant.
Piero Golia (I)
Oh my god, that’s so awesome, 2009

il présente une projection 35 mm filmée avec une caméra jetée d’un avion. Cette caméra ne semble jamais toucher le sol, le spectacle évoque plutôt une chute verticale irrésistible et interminable dans un paysage d’une beauté irréelle. Il créé une situation paradoxale basée sur un équilibre déréglé entre les moyens et les buts, démontrant ainsi que rien ne se termine comme nous le voudrions.
Katrin Mayer (D)
Balloons / Your very own words.
Indeed! And who are you?(Brion Gysin), 2010
Dans son travail artistique, Katrin Mayer traite de l’importance des images artistiques populaires et quotidiennes et analyse les mécanismes d’inscription des sémantiques culturelles dans des contextes spatiaux et temporels spécifiques. Katrin Mayer cherche des motifs qu’elle met en scène dans de nouveaux dispositifs, qu’elle soumet, dans ses expositions, à des interventions spatiales. Dans Balloons, desimg_1116.1288544343.jpg
ballons remplis d’hélium flottent au-dessus du sol. Sur le mur voisin, se trouve une affiche qui renvoie, sous la forme d’une histoire dessinée, à des connotations propres à la conscience, la rêverie, l’introspection, la réflexion et l’illusion. Elle joue les références Silver Clouds (1966) d’Andy Warhol, références aux masques, aux illustrations fugaces, à la fascination pour les rêves et leur caractère éphémère.
Bernhard Martin (D)
Le reposoir d’amour refusé, 2010
Les tableaux de Bernhard Martin couvrent de multiples sujets, ils sont dynamiques, inquiétants et revendiquent leur esthétique. Ils assument leur qualité picturale et excluent une surenchère intellectuelle. Bernhard Martin se sert d’un répertoire de style consciencieusement maîtrisé, qui ne lui dicte aucune limite et lui permet de jouer dans ses peintures de la réalité et de la fiction sur un même plan. Sans cesse, il utilise la référence à l’image comme image  et joue avec ses possibilités d’expression. Il en résulte des images fragmentées, humoristiques et énigmatiques, parfois figuratives mais qui ne pressentent aucune structure narrative clairement lisible.img_1143.1288544705.jpg Dans Le reposoir d’amour refusé, états du psychisme humain, les sensations, les espoirs, les fêlures sont tout aussi présents que les drogues, la sexualité ou la violence. D’évidents rapports temporels et spatiaux sont dissous, l’espace pictural a des interprétations varies qui aboutissent ici a une installation.
Tout comme les figures transparentes, le spectateur est lui-même entraîné dans un tourbillon d’images dans lequel différentes forces interagissent voire, s’équilibrent.
Mladen Miljanovic (BiH)
Social Orthopedics, 2010
8 ceintures de sécurité, impression numérique
Mladen Miljanović se consacre aux possibilités de nouvelles stratégies artistiques dans lesquelles des interactions sociales sont développées à l’encontre de ses propres expériences personnelles en Bosnie-Herzegovine, son pays d’origine. Dans son installation Social orthopedics, Miljanović étudie des pièces
détachées de l’ancienne voiture yougoslave Zastava 101 à la manière d’un art social appliqué. Dans ce but, il analyse des ceintures de sécurité comme instrument possible de discipline
et de limitation spatiale. Il en déduit une forme artistiqueimg_1105.1288545346.jpg
minimaliste et sérielle qui déplace sa réflexion a la lumière des avènements actuels.
Cecil Babiole propose de pervertir sensiblement le principe de l’audioguide tel que nous le connaissons. Il s’agit non pas de faire un véritable audio interactif et localise (avec détection infra-rouge ou autre) mais de créer un audioguide global avec une seule plage sonore non localisé qui soit en résonance avec l’ensemble de l’exposition.
Il se présente sous forme d’un enregistrement sonore d’une dizaine de minutes mixant musiques, éléments vocaux, interview du commissaire.
Les visiteurs ont pu l’écouter soit en appelant un numéro avec leur téléphone portable, soit au moyen d’un lecteur mis à leur disposition.
clic sur la flèche verte
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De la musique industrielle des années 80 (Noix) aux culturesimg_1146-medium.1288545651.jpg
électroniques et numériques d’aujourd’hui, le travail
artistique de Cecil Babiole évolue de manière transversale, croisant les circuits de la musique et  des arts visuels. Loin d’une pluridisciplinarité de mise, c’est le passage d’un langage à un autre, la contamination d’un code par un autre, et une incessante relecture du rapport entre l’image et le son, qui sous-tend sa pratique.
Qu’elles apparaissent dans l’espace public (rue, autobus) ou privé (galeries, salle de concert), ses  dernières installations et performances (PM, Shijing F ield, Dom, I’ll be your Mirror, Circulez y’a rien a voir, Reality Dub, Crumple Zone…) interrogent avec ironie nos systèmes de représentation et nos technologies.
l’exposition se termine le 14 novembre 2010
texte Kunsthalle photos et  vidéos de l’auteur

Chefs d'oeuvre à Pompidou Metz suite

 C’est à JJ Aillagon, messin d’origine, que la ville doit cette belle initiative. L’ancienne ville garnison bénéficie d’un renouveau exemplaire.
pompidou-metz-125.1287273937.JPGC’est le Nu Rose de Matisse, avec le détail de sa composition qui vous accueille au 1e étage, après avoir franchi l’entrée odorante installée par Guiseppe Penone. Il y montre dans  les 13 états toute la complexité de son travail, ses hésitations, ses avancées, ses repentirs, sur des documents photographiques datant de 1935 puis suit le magnifique Grand Intérieur Rouge déjà vu chez Beyeler, table, guéridon, tableau et fenêtre, composition chère à Matisse.
Le double secret de Magritte, image double et motif du grelot. Le modèle rouge de Magritte où il joue de la confusion entre le réel et l’imaginaire, un tableau phare du surréalisme.pompidou-metz-133.1287274000.JPG
La Femme de Miro, surprend par sa facture inhabituelle, encre de Chine et fusain, sur un simple morceau de papier Kraft.. La danse du pan-pan, réplique de la première version disparue, de Gino Severini, fourmille de personnages, une polyphonie inspirée de la vie nocturne parisienne. Puis l’Estaque de Georges Braque, aux couleurs mauves, jaune, avec des petits personnages, sous un ciel très bleu. On y voit nettement l’influence de Cézanne. Puis les Ordonnances verticales de Kupka, où il s’essaie à de nouvelles compositions.
Chimère ailée, être hybride, de Max Ernst, ocre terreux sur fond noir, entourée d’une fine ligne qui se termine en flèche, qui prend naissance dans l’ombre projetée (portée) bleue d’une tête de volatile, le « Loplop » ces deux êtres personnifient l’antinomie entre la rationalité et l’imagination. pompidou-metz-143.1287274122.JPGNous restons dans le surréalisme avec la vache spectrale de Dali, composition de phallus dans un paysage minéral et menaçant, d’objets en putréfaction. pompidou-metz-147.1287274285.JPGUne autre toile de Dali, qui exprime les fantasmes de l’artiste, qui avait été lacérée à son origine.
Un plâtre de Giacometti, la femme égorgée, vue chez Beyeler, la pièce la plus osée de Giacometti, où on ressent la perversité, le viol, l’agression, mais aussi la compassion, cette oeuvre avait été acquise par Peggy Guggenheim, une des épouse de Max Ernst.pompidou-metz-150.1287274185.JPG
Enfin dansant sur le mur, Joséphine Baker d’Alexandre Calder, au corps sensuel et mythique.
Suivi du déliceux portrait de  la danseuse de Joan Miro, oeuvre dépouillée, faite de plume de paen, d’une épingle à chapeau, d’un bouchon de liège, fixés sur un carton peint sous verre.
Un superbe Nicolas de Staël, dans les gris bleus, avec une touche de vert et un léger fond noir, abstraction radicale, mais aussi figurative, où l’on distingue le chef et son orchestre sur scène.pompidou-metz-158.1287274335.JPG
Puis encore des carrés Jaunes Violets de François Morellet, dans le fond une maquette de Taltline.
Le Bizart baz’art, capharnaüm gigantesque de Ben où sont rassemblés 351 objets, nous emmène vers une réflexion sur la société de consommation et l’ouverture sur l’art contemporain, c’est hideux, voire choquant à mon goût.
photos JR Itti
à suivre

Chefs d’œuvre à Pompidou Metz

pompidou-metz-243.1286929667.JPG En m’occupant de mon cas personnel, une fois de plus, …. désolée pour les lecteurs qui n’aiment pas les « gonzo  » (ne me demandez pas ce que cela signifie, c’est un néologisme d’un commentateur) j’ai visité par 2 fois le nouveau centre Pompidou de Metz. Je voulais intitulée mon billet :
 « Mon Metz à moi », mais le titre était pris.
 
Ce n’est pas une mésaventure.
Des oeuvres il y en a, des chefs d’œuvre pourquoi pas.
Encore moins une sinécure
Qu’il faut visiter du haut d’en  bas
Rassurez-vous le syndrome de Stendhal ne m’a pas submergé.
L’architecture du bâtiment ne surprend plus, maison de schtroumpfs ou champignon géant, vue dans tous les magazines et à la télé. Lorsqu’on l’aborde par l’arrière, l’immeuble est plutôt mastoc et grossier, il devient enchanteur à la sortie à la tombée de la nuit. Divin par beau temps au restaurant la « Voile Blanche » par un soir d’été.
Le rez de chaussée surprend, alambiqué, un labyrinthe, d’abord la  Tristesse du Roi de Matisse, puis 3 magnifiques Miro bleus pompidou-metz-11.1286929049.JPGavec des points foncés et un trait rouge, très connus, un Mondrian, puis au-dessus de nos têtes, placé très haut, un plafond en miroirs séparés, dont je n’ai pas saisi l’opportunité, racheté heureusement par endroits,  par le réfléchissement des superbes Delaunay. On les découvre après avoir traversé diverses pièces,pompidou-metz-58.1286929192.JPG où se trouvent un Séraphine de Senlis, Derain, Dufy, Picasso, Picabia, Marquet, De Chirico, un Braque, Soutine, Klee, rien de surprenant, à part la Noce de Fernand Léger, Bacon, puis quelques pièces de l’artisanat régional, des toiles vues au musée des BA de Nancy, la robe de chambre de Balzac par Rodin, en face un tirage au charbon d’Edward Steichen du même Balzac. Plus loin Marat assassiné (Langlois) que l’on pourrait confondre avec celui de JL David., le Pied Bot de Ribera, puis enfin un chef d’œuvre le St Thomas à la pique de Georges de La Tour.pompidou-metz-111.1286929383.JPG
Puis on aborde le 1er étage, en passant par l’installation de Guiseppe Penone, « Respirare l’ombra » un grillage métallique qui enserre des feuilles de lauriers, une sculpture en bronze, faite de feuilles dorées  représentant des poumons est au cœur de l’ensemble, la fusion de l’humain et du végétal.pompidou-metz-122.1286929492.JPG On respire délicieusement le laurier, on a envie de s’y attarder, l’artiste nous y invite à une introspection, il nous envoie vers des références littéraires, Ovide pour Daphné transformée en laurier, poursuivie par Apollon ou encore Pétrarque où le poète couronné de lauriers chante son amour pour Laure. Les jours d’affluence l’entrée est contingentée …
à suivre
à signaler : les photos sont autorisées.
photos JR Itti

Sagrado aventura en Barcelona

 

pict0021_dxo5-small.1286804004.jpgTrès tôt nous étions au guichet de l’enregistrement pour nous envoler vers Barcelone, étant donné qu’il y a très souvent des bouchons sur l’autoroute, nous avions pris nos précautions. Le guichetier prend nos cartes d’identité et nos fiches d’embarquement, il me rend la mienne, regarde à nouveau celle de mon mari, me redemande la mienne, puis la sentence tombe : “ Vous ne partez pas monsieur, votre carte d’identité est échue”

Il trouvait certainement curieux que nos cartes n’aient pas la même date d’échéance.

Je dois remercier, ici le voleur de mon portefeuille, qui m’avait obligée à refaire tous les papiers, portefeuille dérobé en plein centre ville, à la sortie d’une grande surface, retrouvé, 10 semaines plus tard, au complet, sauf l’argent à 50 mètre en face sur une poubelle du MACDO. Il faut savoir que l’on a 8 semaines (2 mois pour les refaire)

Affolement, comment faire ? le guichetier : » avez-vous un passeport ? « nous : « of course à la maison ». Aussitôt dit aussitôt fait, nous rappelons l’ami qui avait eu la gentillesse de nous déposer, afin qu’il revienne et reparte avec mon mari pour chercher le passeport. Nous convenons que s’il ne revient pas à temps je partirais toute seule, tout est payé d’avance ce serait dommage de perdre le voyage.

 Petits tracas, car mes produits de maquillage, de démaquillage et mes chaussures sont dans la valise de mon mari. Dans la mienne il n’y a que mes vêtements.
Comme dirait BL :

 “C’est normal qu’elles soient plus embêtées que les hommes pour boucler les valises, même sans revoir l’historique, juste la sociologie ou l’observation suffisent. Au coin de Rivoli, par exemple, si on fait le décompte pompes de mec / pompes de gonzesses en regardant les devantures on s’aperçoit  que le rapport est grosso modo de un a dix et même plus cher. Puisqu’on a à peu près tous le même nombre de pieds, on en déduit que c’est plus dur pour une femme de trouver chaussure pour son pied, et qu’il faut en acheter un nombre conséquent et surtout en emporter, on ne sait jamais, il peut arriver un coup dur …. »

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L’ami, qui était sur le trajet du retour arrive, mon époux repart avec lui, il y a 30 km à parcourir en tout, c’est jouable dans le temps qui reste.

Moi je suis partagée, entre la déception de partir seule, et l’éventuel plaisir d’acheter de nouvelles chaussures…

Arrive l’heure d’embarquement, ma moitié est là souriante, à l’heure pile, avec son passeport en cours de validité.

Le vol s’effectue sans problème et nous gagnons notre hôtel.

Le lendemain matin, nous partons à la découverte du parc Güell qui est l’une des réalisations de l’architecte catalan Antonio Gaudí. Nous sommes presque seuls, une aubaine. Moi avec ma camera, mon mari avec son APN, comme des touristes lambda. Nous débouchons sur une vue magnifique, où le fameux banc en pierre colorée se prélasse devant nous. Aussitôt nous nous mettons en position de photographier, filmer. Tout d’un coup, venu de je ne sais où, un liquide verdâtre, nous asperge tous les deux, Moi je pars d’un éclat de rire. Car nous ressemblons aux petits hommes verts, et quand on fait référence à notre patronyme, cela prend toute sa saveur !

Arrivent 2 jeunes gens compatissants, munis de kleenex, de gourdes d’eau.

Ils tentent de nous nettoyer du mieux possible, chacun s’occupant de l’un de nous deux. Ma doudoune passera à la lessive, mais la veste et le pantalon de mon mari sont bons pour le pressing.

Nous continuons notre promenade, un peu gênés par notre aspect skinhead … Puis nous allons déjeuner, avant d’attaquer la Sagrada Familia.

Nous nous reposons sur un banc, pour digérer, là s’approchent des jeunes gens, pour nous présenter des livres. Un passant s’en mêle et nous dit de nous méfier, car nos appareils photos et caméra sont visibles et cela attire les voleurs.pict0084_dxo5.1286804557.jpg

Nous allons à la Sagrada Familia, mon mari prend un audio guide, il est seul au guichet, il doit faire l’appoint pour de la monnaie. Moi j’avais chargé le guide sur mon téléphone. Au bout d’un long moment, je me rends compte que mes commentaires sont très insuffisants et qu’il vaut mieux que je prenne aussi un audio-guide.

Je retourne vers les guichets, la dame me reconnaît et me dit « vous n’avez pas besoin de laisser une caution, votre mari a laissé la sienne, c’est suffisant » je trouve cela très aimable et ne suis pas plus étonnée que ça.

L’après midi se passe fort bien.  La visite terminée, nous décidons de nous désaltérer dans un café. Au moment de régler l’addition, mon mari passe par toutes les couleurs «  je suis fou ? je n’ai plus un kopeck dans mon porte billet »  J’avais régler le déjeuner, le seul moment où il a touché à son porte monnaie c’était au guichet des audio-guide.

Il faut ajouter que le matin même, prudent il m’avait dit « donne-moi une partie de l’argent, au cas où tu te ferais voler …. »pict0193_dxo5.1286804659.jpg

Prudente, j’en avais laissé la plus grande partie dans le coffre de l’hôtel, et n’avais sur moi que ce qu’il fallait pour l’après midi. Comme on dîne tard en Espagne, je pensais me réapprovisionner pour le soir.

Les jeunes gens si serviables ou les guichetiers si aimables ? toujours est-il qu’il nous manquait 200 € et qu’il n’était plus question d’augmenter le stock de mes chaussures.

 

photos de l’auteur

Shampoings à la Bétadine suite

   Puis là c’est parti, jusque vers 17 h 30, heure que j’entrevois à l’horloge de la salle de réveil. Le chirurgien parle à ma voisine, j’entends à peine « marchez 2 mn par heure et je vous revoie dans 6 semaines », puis il passe devant moi et me dit « pour vous c’est idem »
On me remonte dans ma chambre. Je dîne plus tard que les autres patients à cause de l’opération, d’après la personne de service. Elle oublie de me munir de la serviette qui est à l’autre bout de la pièce. Je sonne pour qu’on me l’apporte. Je distingue les miettes de la veille qui sont restées sous la serviette sur la table dans le coin. L’infirmière de nuit est aux petits soins, c’est elle qui débarrasse le plateau du dîner, elle me recommande de l’appeler avant que la douleur ne s’installe, plus tard je fais appel à elle.
J’ai un tunnel au dessus de mes pied qui empêche la couverture de peser. Un déambulateur m’attend dans la chambre, déambulateur qui est resté vierge. Je passe une bonne nuit. L’infirmière de jour, de la veille, après la prise de température et de la tension s’enquiert de ma douleur, afin de programmer ma sortie. Elle me refait le pansement. Puis elle me dit, il faut attendre le kinésithérapeute qui fera votre première levée du lit, ce n’est pas moi qui y procède.
Je n’ai pas trop d’avis, car la douleur est là, plus tard je sonne, fort de ce qu’on m’a conseillé au sujet de la douleur, elle me dit que c’est trop tôt, si je trop mal on, me garde un jour de plus.
Arrive un jeune homme qui vient me prendre pour une radio, même question : avez-vous vu le kiné ? moi « non » il m’emmitoufle dans ma robe de chambre pour m’éviter les courants d’air et nous allons à la radio en fauteuil roulant. Je croise une personne qui attendait à côté de moi pour l’opération, elle a une superbe coiffure, si elle a passé à la betadine, moi je suis bonne sœur… Je regagne ma chambre.
.
La personne qui porte le repas, s’enquiert depuis la porte de sa forte voix « vous sortez aujourd’hui ? »  je réponds « je n’en sais rien c’est l’infirmière qui décidera ».
Plus tard n’ayant pas trop mal, je demande à rentrer. L’infirmière de jour appelle mon ambulance qui doit arriver dans 2 h ½, non sans maugréer à cause du disque d’attente qui lui a débité toute la vie de l’entreprise d’après elle.
D’après l’appel téléphonique de mon mari, c’est pareil pour joindre un malade, il faut répondre à des questions et l’appel est payant.
Aussi mon Iphone a fait beaucoup d’usage durant mon séjour.

Puis elle me redit que je dois attendre le kiné.
Je demande si je peux marcher, elle me répond qu’elle m’a tout expliqué hier. Je tente de lui faire comprendre qu’avec les cachets et l’anesthésie tout s’embrouille. Elle ajoute vous pouvez marcher. J’explique que j’habite un 3e sans ascenseur.
Sur ce arrive le kiné, « vous m’avez demandé ? » moi « on m’a dit que vous veniez hier soir ou aujourd’hui » le kiné se saisit de mon dossier, l’air furieux « je n’ai rien à faire de l’arthrodèse, je vais briffer le personnel » moi je réponds « pourtant on ne me parle que de vous, que dois-je faire dans ce cas ? » lui « avez-vous une chaussure spéciale ? »  Il m’explique la manière de la mettre, me chausse et me fait marcher, ¼ d’h la première semaine puis une ½ h, ¾ la 3 » semaine », c’est loin des 2 mn /heure du chirurgien, j’ai sûrement halluciné. Je lui dis que j’ai une envie pressante depuis le temps, il se sauve soulagé, en disant « vous me chassez ».
Dans une enveloppe je regarde les ordonnances et l’horaire du prochain rdv, c’est à 17 h 30.
J’appelle le cabinet pour demander qu’on me déplace l’horaire car cela nous oblige à passer la nuit à X. étant donné que c’est à 250 km de chez nous, en plein mois de novembre.
La secrétaire veut me donner 16 h 30, ce qui n’est pas mieux, puis elle trouve une autre date en fin de matinée, chose qui me convient tout à fait. Puis je lui touche un mot sur cet imbroglio entre kiné et infirmière, elle dit de me rassurer que ce n’est pas un problème, pour elle visiblement pas, mais pour moi, je ne sais que penser. Pendant la conversation téléphonique la voix tonitruante de la personne préposée aux repas vient m’apprendre qu’on m’offre le déjeuner, puisque je suis encore là et que je devais partir ce matin. Lorsqu’elle me l’apporte je lui dis que c’est sympa, mais que ce n’est pas la peine, car ma complémentaire prend tout en charge.
Mes ambulanciers arrivent vers 14 h et me reconduisent chez moi. Je grimpe les 3 étages avec leur aide et celle de mon mari.
Le lendemain appel de la secrétaire du chirurgien pour s’enquérir de mon état, puisque j’avais « l’air énervé » la veille. Je lui dis en gros l’histoire de la chaussure, elle me répond, mais n’avez-vous pas eu la curiosité de la regarder, et de la mettre vous même, enfin ce n’est pas sorcier avec les scratch.
Je lui réponds que sur la notice il est spécifié, qu’elle doit être mise la première fois par un spécialiste et que je ne comprends pas pourquoi c’est ma faute si j’ai attendu le kiné. Bref je suis nulle, une enquiquineuse, je cherche les complications. Je réponds que j’ai pris des notes, car c’est vraiment trop cocasse, pour une chronique.
Puis c’est un appel du chirurgien qui suit, me conseillant de faire une lettre à la clinique avec une copie pour lui, suivi de paroles apaisantes.
D’où le sujet de ma chronique de ce jour !

Shampoings à la Bétadine

Etait-ce bon signe ? L’ambulancier d’entrée n’avait pas la bonne adresse, comme il ne me croyait pas sur parole, il s’est assuré auprès de sa centrale de mon affirmation. Celle-ci lors de mon deuxième appel, pour lui indiquer l’horaire de départ comme convenu, prétendait m’avoir déjà transportée et n’avoir plus rien à faire avec moi, aussi j’étais soulagée qu’elle retrouve immédiatement mon dossier. Mon chauffeur n’était pas, visiblement premier de la classe, mais nous avons trouvé des sujets de discussion, pour meubler les 2 h 1/2 de trajet, surtout lui…. Arrivée à l’accueil de la clinique, avec une légère migraine, j’apprends que le document indispensable de la complémentaire n’était pas parvenu et que faute de ce document j’aurai à acquitter tous les frais de ma poche. Dès que j’entre dans la chambre qui devait me servir de domicile pour mes vacances forcées, je me précipite sur mon sac pour trouver le numéro de la complémentaire et lui demander de faire le nécessaire. Elle m’assure que tout a été envoyé début juillet, mais qu’immédiatement elle allait envoyer un fax pour pallier à cela.
Puis une charmante personne vient m’expliquer le fonctionnement du matériel, sonnette, automatismes du lit, etc.. Elle est suivie d’une belle infirmière qui m’explique les règlements d’hygiène à suivre, dont un shampoing à la Bétadine ce soir, suivi d’un autre demain matin avant l’opération !!! Là mon courage premier faiblit, mais je comprends que pour éviter les maladies nosocomiales, il fallait en passer par là. J’avais déjà sacrifié la french de mon pied gauche et de mon index gauche, rassurée sur le fait que l’on ne pourrait pas se tromper de pied.
L’anesthésiste qui me rend visite accompagné d’infirmières n’est pas celui de ma visite première. Il insiste sur mon hallus valgus, je rétorque hallus rigidus, mais cela ne doit pas avoir une grande importance pour lui. Il me félicite pour le choix de ma lecture du Caravage.
Une amie m’avait conseillé « j’ai une connaissance qui a un anus valgus, si tu veux je te communique l’adresse »…
Le dîner est servi à 18 h 30.
Puis obligation d’être à jeun à partir minuit. J’ai un peu froid,
Mais ma petite taille ne me permet pas d’atteindre l’élément qui bloque la fenêtre, aussi je regarde d’un peu plus près les télécommandes de mon lit. Là entre l’infirmière de nuit, « oui c’est pour quoi ? » moi un peu surprise, car en réalité je n’avais pas conscience que mes appuis sur les divers boutons l’avaient fait apparaître, puis comme toutes les personnes précédentes me l’avaient conseillée, « si vous avez un problème, appelez, nous sommes là pour ça ». Je lui dis que je n’arrive pas à fermer la fenêtre, elle me rétorque : de toute façon, j’allais faire ma tournée… je lui demande si elle a un sèche cheveux, car ayant eu un problème dentaire juste avant mon arrivée, suivi d’antibiotiques, je ne voulais pas risquer une infection à laquelle je suis rapidement sujette.. Non qu’elle me dit, on n’a pas ça ici.
Je lui fais remarquer aussi qu’il n’y a que la lumière de la liseuse qui fonctionne et que je ne peux éclairer toute la chambre, elle me répond que là elle ne peut rien faire.
Quelque temps après elle revient avec un sèche-cheveux, qu’une patiente lui a confié et un cachet qui m’aiderait à dormir.
Aussi je m’acquitte de cette affreuse tâche, me voilà « au naturel » sans maquillage et sans brushing. Je savais que ce n’était pas un concours de beauté, ni d’élégance…
Je passe une excellente nuit. Le lendemain matin, dès 7 h, une nouvelle infirmière de jour prend ma température et ma tension, elle m’informe que je serais opérée dans l’après-midi, aussi j’ai droit à un petit déjeuner servi au lit, car on m’a administré un cachet qui me rend flottante. Tout d’un coup à 9 h 30, la personne préposée aux repas m’interpelle depuis la porte « vous êtes opérée tout à l’heure ».
Moi affolée, mon petit déjeuner en voie de digestion je lui fais de grands signes de négation.
Vers 10 h deux infirmières m’apportent, une belle robe bleue pour la circonstance, qui se boutonne par derrière, à mettre sans rien dessous, avec un bracelet comportant mes coordonnées, plus un cachet pour dormir et une recommandation de ne plus boire, ni manger jusqu’à l’opération.
Le temps passe, je suis en mode semi-somnolence, puis vers 13 h 30, une brancardière vient pour me charger sur son engin. Trop petite je n’arrive pas à monter dessus, elle me conseille d’essayer avec une fesse, mon pied handicapé ne me permet plus de sauter, aussi elle cherche une chaise et je grimpe sur le brancard. Nous traversons les couloirs, prenons l’ascenseur pour nous retrouver devant la salle d’opération. Elle me met une charlotte et 2 chaussons au pied droit, après s’être enquis que c’est bien le pied gauche qui sera opéré.
Une autre infirmière, souriante vient me poser un cathéter, elle me demande si c’est le pied droit qui sera opéré, je m’étonne, vu que c’est le gauche qui est découvert, « à votre avis ? »
Elle se vexe, « je ne suis que du petit personnel » se plaint auprès de l’anesthésiste qui arrive.
M’apprend qu’une patiente avait mis les 2 chaussons au pied à opérer.
À la grande déconvenue de l’anesthésiste, je ne le reconnais pas sous son bonnet vert. J’en suis vraiment désolée, l’infirmière lui dit que je suis énervée. Puis j’attends devant la salle d’opération, c’est là que le mot patient prend toute sa signification. D’autres compagnes se retrouvent à mon côté, avec des chevelures flamboyantes, je m’informe « et la Bétadine ? »
Elles « qui le verra sous la charlotte ? »  Arrivée en salle d’opération au bout d’une longue attente j’ai les nerfs qui lâchent et je pleure.
Il y a un monsieur, assistant (?) en vert très sympa, qui me dit « pensez à vos petits-enfants », moi : « je n’en ai pas », lui « à vos enfants alors », moi « pas plus », il tente de trouver autre chose « vous venez d’où ? », moi « de X », lui « à oui je connais, belle ville », moi « faut le dire vite » lui c’est vrai que je dois reconnaître, etc. », moi « je retiens vos shampoings à la Bétadine », lui « il ne fallait pas le faire », l’autre infirmière « mais si c’est obligatoire ».
Puis arrive l’anesthésiste qui m’explique que l’on me prépare et que l’on m’endort au dernier moment. De la musique d’ambiance, puis l’adagio du concerto pour clarinette de Mozart, « belle musique » me dit l’anesthésiste » moi toujours en mode larmes, je ne pouvais pas leur casser leur coup et leur dire que c’était justement une des musiques que j’avais choisie pour mon enterrement… Là je me suis dit « enfin tu ne vas pas mourir maintenant ! »
Puis arrive enfin dieu, le chirurgien qui montre son visage vers la tente où je suis camouflée et me dit
« on y va »

Sommaire de septembre 2010

03 septembre 2010 : Paysages Urbains – Robert Cahen
06 septembre 2010 : Antonio Segui
17 septembre 2010 : Le chemin de croix de JF Mattauer

Le chemin de croix de Jean François Mattauer

jfm.1284672056.jpg Bien connu des lecteurs du journal l’Alsace où il livre chaque jour son regard sur l’actualité, Jean-François Mattauer, aux talents multiples est aussi un peintre d’une grande personnalité. Originaire de Sentheim, il a réalisé un chemin de croix sortant de l’ordinaire où l’on reconnaît son trait empreint de finesse et d’humanité.
C’est une lettre de son ami JG Samacoïtz qui s’alarmait du fait que le chemin de croix de la paroisse de Sentheim avait disparu, n’était plus que des images effacées par le temps. Il lui suggérait d’en peindre un nouveau de manière contemporaine, mais en y joignant une liste descriptive des 14 stations, une commande amicale en quelque sorte.
Pour JFM peindre un chemin de croix, résonnait pour lui, comme pour composer un Requiem, c’est à dire une œuvre de fin de vie.
Cela prit 4 ans de gestation à l’artiste. Pourtant l’idée mûrissait quelque part dans sa tête.
C’est à la vue d’un autre chemin de croix, réalisé par un artiste bourguignon, lors d’un séjour à la Chaise Dieu dans le Cantal, qu’il décida de se mettre à la tâche.
Puis en 6 mois, elle prit forme, sous l’œil et la complicité indulgente de son épouse Colette.
Ce sera l’histoire d’un homme de chair, qui souffre sous le poids de sa lourde croix, jusqu’à en mourir. Les toiles seront bicolores. La tête du Christ a pour origine une statuette en terre glaise de Gressler, un clochard de Vieux Thann sera son modèle. Les personnages annexes seront ses copains de classe, un bel hommage à ceux qui l’ont accompagné durant son enfance et son adolescence. Ils sont tous membres fidèles de la chorale de Sentheim avec JFM.
Son choix découle du fait qu’il ne souhaitait pas tomber dans les traits d’humour, de ne pas subir la déformation de sa profession de caricaturiste, qu’il a eu recours à des portraits existants. Un autoportrait de l’artiste s’est glissé parmi les toiles, à vous de le trouver.
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Jean-François Mattauer n’a utilisé que deux teintes, le blanc de titane et l’ombre de terre brûlée, afin de révéler la souffrance du Christ. Loin de l’humour et de la caricature, Jean-François Mattauer livre une vision personnelle et contemporaine du Chemin de croix.
Il offre le chemin de croix à la paroisse de Sentheim, libre aux habitants d’acheter les toiles. Le bénéfice de la vente servira à doter l’église paroissiale de lustres qui réchaufferont l’ambiance de la nef.
L’exposition est visible actuellement au temple St Etienne, que beaucoup de touristes appellent la « cathédrale » lieu magique, aux vitraux  datant du XIVe siècle, aux stalles du XVIIe, à l’orgue du 19e. où toutes les cultures sont tolérées.
A découvrir jusqu’au 30 septembre, avant son installation à l’église de Sentheim.
photo 1 Dom Poirier

photos et diaporama de l’auteur

Antonio Segui

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Aux frontières de l’illustration et de la peinture, Antonio Segui a construit un univers burlesque, absurde, peuplé d’une multitude de personnages projetés dans une course folle. L’Espace Malraux de Colmar lui ouvre ses portes jusqu’au 24 octobre 2010.
On est d’abord surpris par un flot d’images, comme dans ces puzzles qui vous donnent la migraine, images qui sont presque à chaque fois les mêmes, tout en changeant de couleurs ou en étant bi, voir tricolore, mais rien à voir avec notre chauvinisme. Ce sont des images populaires proches du graffiti, une sorte de bande dessinée, où les personnages affluent, grouillent, un surpeuplement qui donne le tournis. Un personnage récurrent, l’homme au chapeau,img_0742.1283727794.jpg Humphrey Bogart ou Antonio dans son élégante jeunesse, il est né en 1934 en Argentine.
Ses personnages courent les uns après les autres, les uns vers les autres, s’évitent, sont en lévitation. Il y a aussi des femmes à l’aspect rude.
Sa thématique est celle de l’espace urbain, une allégorie de la société moderne.
Son univers surréaliste, un peu à la Keith Haring, dans le graphisme, nous parle de la condition humaine avec frénésie, passion, mais surtout avec humour et dérision, une naïveté picturale, un trait cernant les aplats de couleurs, sans perspective.img_0768.1283726372.jpg
De manière frontale , il raconte dans sa candeur latine le dérisoire de la vie, son absurdité, ses ambiguïtés. C’est un vrai plaisir que de se perdre dans ses fresques gigantesques, mais il ne faut pas oublier les gravures exposées dans la mezzanine, sarcastiques, tragiques, humoristiques. Il y a une série d’huiles, sur toile marouflée de papier journal, dont le cadre fait partie intégrante des natures mortes. Comme dans toute son œuvre, exposée dans le monde entier, il va à l’essentiel.
photos de l’auteur