Jean-Paul Philippe – Archéologies intérieures

« J’ai mieux compris pourquoi je me suis un jour éloigné de la peinture, j’étais devant un mur, il me fallait passer derrière pour mieux le contourner et c’était le début d’une promenade. »
Jean-Paul Philippe

 
 
 
 

 

 
                                           Jean-Paul Philippe 
 
C’est bien ainsi que l’on s’imagine un artiste sculpteur de surcroît, le visage buriné, la tignasse grise, bouclée en bataille, les lunettes portées sur le bout du nez, font penser à un nain « très »travailleur de Blanche-Neige, peu bavard en public, il signe avec modestie son catalogue, son autoportrait est tout à fait fidèle.

Jean-Paul Philippe autoportrait dessin sur marbre 1986

C’est à l’espace d’Art Contemporain Fernet Branca que vous pouvez voir l’oeuvre de ce véritable poète, dans la cour : une énorme échelle, plantée sur une surface en miroir tente d’attraper les nuages, nuages qu’elle finit par attraper à la fin du vernissage du 4 juin.
Le Président de la commission artistique et Commissaire de l’exposition Gérard Cahn, présenta l’artiste, en préambule. Vernissage qui débuta tout en émotion et grâce à l’introduction musicale composée par Jean Claude Andre directeur du conservatoire de musique de St Louis, pour l’occasion adaptée, à l’oeuvre  « Les dessous du ciel ou l’attrape nuage » – « Passé et présent, face au miroir du temps »
Jean-Paul Phlippe - l'Attrape- Nuages

Jean-Paul Philippe  né en France en 1944, très tôt se consacre à la peinture. Dès l’age de 16 ans il fréquente les Beaux-Arts de Paris, sans jamais vouloir se lier à un atelier d’un  maître. En 1960 un premier voyage en Italie le marque profondément et le décide à séjourner à Florence, l’année suivante  il travaille au Cabinet des Dessins du Musée des Offices. Dès lors il voyage. Par nécessité et curiosité il pratique diverses disciplines.
C’est vers 1973 que la sculpture devient le médium privilégié d’une œuvre libre, qui ne se réclame d’aucun groupe, école ou système: une archéologie intérieure où seuls les rencontres et les voyages laissent apparaître leurs empreintes. Une œuvre qui s’adapte aussi aux contraintes de la réalisation monumentale liées à l’espace public et qui trouve là une de ses raisons d’être.
Cette œuvre s’accomplit de l’intimité de l’atelier à l’espace public, de dessins en sculptures, de réalisations en milieu urbain ou bien liées à l’environnement naturel. Plusieurs manifestations, notamment à la galerie Jeanne-Bucher à Paris, des expositions dans divers musées en France et à l’étranger, quelques interventions monumentales et publiques ont pu rendre compte de ce geste, qui ne cherche rien d’autre que la complicité d’un regard et d’un corps, entre oubli et mémoire, pierres et papiers, absence et présence.
Jean-Paul Phlippe - Métro 1972

« Je ne pensais plus montrer un jour ces peintures du métro. Gérard Cahn, lors de sa visite à Sienne, m’a convaincu d’en faire le préambule de l’exposition. Elles sont pour moi d’un autre temps. D’un temps d’avant les cailloux… En ce temps là, j’étais peintre et les wagons du métro étaient verts et rouges. Première et seconde classe ! »
« Dans l’enfance, ce sont les mots qui m’incitèrent à dessiner, peindre ou sculpter. Les mots, je n’osais pas les employer. Ils appartenaient aux autres, je les écoutais, muet. Et je voulais le rester. Plus tard, délaissant la peinture, je pensais m’affranchir des affres du choix entre telle et telle couleur et naïvement je pensais que mener à bien une forme, elle finirait par s’habiller elle-même de la lumière et des couleurs de la vie. J’ai vite déchanté. La variété des pierres est infinie, infinies leurs couleurs. La vanité du sculpteur tout autant. Et le choix toujours plus tyrannique. Comment raconter le passage de la peinture à la sculpture, d’une discipline à une autre ? De la couleur à la forme, d’être dans l’espace et non plus devant. »

                           Jean-Paul Philippe – de l’Absence 1988 et l’Inclinée 1987« 
J’essaie de rester attentif aux pierres et à l’écoute de leurs propositions de pierres, heureux, captif de la bouleversante beauté des carrières, abandonnées ou actives. C’est parfois parmi les blocs silencieux, entre leur masse, que l’air décide et dessine une forme désirée. Il reste à traduire cette apparition, faire de la poussière et sans trahir ce silence minéral. Du bric à brac de la mémoire s’échappent formes et signes, un alphabet intime. Un petit répertoire de formes qu’il faut articuler. J’invente un espace ou cherche à s’installer l’histoire que je me raconte. Depuis le Site transitoire, ce qui me tient à cœur, c’est de proposer une promenade, un lieu à traverser, où la forme primordiale où tout se joue ne serait faite que d’air : les pierres, les bornes de cet espace. L’entrée y est libre.
Jean Paul Philippe - le Site Transitoire

   Cette exposition à Saint-Louis est une invitation au voyage, à ma petite déambulation au hasard des rencontres avec quelques pierres, quelques êtres. Voilà cinquante ans et un peu plus de fréquents allers et retours entre la France et l’Italie, depuis le premier voyage en 1960 en compagnie de mon frère qui vient de s’absenter pour toujours, et à qui je dédie cette exposition. Si de chaque côté des Alpes, de funestes bouffons parfois embrument le paysage, qui en a vu bien d’autres, je cultive encore le bonheur de cette balade buissonnière entre les deux pays, souhaitant que perdure cet échange d’émotions que prodigue cette promenade. »
Les toiles peintes des années 1972, les dessins sur marbre, répondent avec bonheur aux  nombreuses sculptures, la scénographie composée par Guschti Vonville fonctionne à merveille et invite parfaitement l’amateur à s’élancer dans un parcours jalonné autant de grandes pièces que de sculptures plus petites ou encore de petites « boîtes » très poétiques, de marelles  qu’elles soient de trottoirs,  en marbre, en bâche, en papier, en pierre,  verticales, horizontales, de couleurs, les titres des oeuvres eux mêmes invitent à la rêverie « Petit autel à la  lune – Chariot Sedia – La Tour du dessous – De l’Absence – l’Inclinée – Sédia – Pieta « .
On ne peut que répondre présent à son invitation à la promenade.

Jean-Paul Philippe une marelle -marbre

 * nouveau :  Laurent Thion photographe,  ami de Jean-Paul Philippe, nous propose une visite virtuelle de son exposition de Saint-Louis  

 
Je vous renvoie à l’article de Pierre-Louis Cereja, qui parle avec intelligence et admiration de l’oeuvre de Jean-Paul Philippe.
jusqu’au 11 décembre 2011

Espace  d’Art Contemporain Fernet Branca
2, rue du Ballon                                         
68300 Saint-Louis                                       
tel :                       03 89 69 10 77
fax:                       03 89 67 63 77
email :                   musee-fernet-branca@wanadoo.fr

Consultez le site pour les visites guidées.

Ouverture
tous les jours, de 14h00 à 19h00
sauf lundi et mardi

 

photos elisabeth itti

 
 
 
 

 

                                              

 
 

La Fondation Beyeler pendant la Foire de Bâle – Art 42 Basel

La Fondation Beyeler présente aux visiteurs de l’Art 42 Basel un programme attrayant comprenant des expositions, des projets et des manifestations au Musée et à la Foire de Bâle, avec la présence de Renzo Piano, Beatriz Milhazes, Christian Marclay, Not Vital et d’autres artistes.

Fondation Beyeler press image

Expositions et présentation de la Collection
L’exposition « Constantin Brancusi et Richard Serra »: Cette exposition, dont Oliver Wick est le commissaire, présente 40 sculptures de Constantin Brancusi et dix sculptures d’acier et de plomb ainsi que des dessins de Richard Serra.
Constantin Brancusi Tête d'enfant endormi 19606/07gyps collection privée Japon

 
Richard Serra - Olson 1996 collection de l'artiste

La Collection Beyeler & la Daros Collection : Nouvelle présentation avec des groupes d’œuvres de Mark Rothko, Barnett Newmann, Jackson Pollock, Alberto Giacometti, Piet Mondrian, Wassily Kandinsky, Pablo Picasso, Georges Braque, Claude Monet, Vincent van Gogh et Paul Cézanne.
Art dans l’espace public

Louise Bourgeois Photomontage: Vue d' extérieure de la Fondation Beyeler, Riehen/Basel avec Maman, 1999Collection privée, avec l’autorisation de Cheim & Read Photo: © 2011, Louise Bourgeois Trust / © 2011, ProLitteris, Zürich

10 juin – 2 août 2011 : Louise Bourgeois, Maman,1999 (bronze avec patine au nitrate d’argent, acier fin et marbre, 927,1 x 891,5 x 1023,6 cm) sur la Bürkliplatz de Zürich. On aura pu voir auparavant cette sculpture d’araignée sur la Bundesplatz de Berne, et elle se déplacera à Genève à partir de la mi-août. Du 3 septembre 2011 au 8 janvier 2012, elle fera partie de l’hommage rendu par la Fondation Beyeler à Louise Bourgeois à l’occasion du centenaire de sa naissance.
Réceptions et manifestations
Lundi 13 juin Réception privée en l’honneur de
Beatriz Milhazes
Mardi 14 juin Dîner Beyeler donné par Sam Keller en l’honneur de
Renzo Piano
Mercredi 15 juin Réception privée en l’honneur de
Christian Marclay
Vendredi 17 juin Nocturne de la réception traditionnelle de la Fondation Beyeler à la Foire de Bâle, en l’honneur de Not Vital
Stand et entretiens Art Salon à l’Art 42 Basel
La Fondation Beyeler est représentée à la Foire de Bâle par son propre stand où elle accueille les visiteurs et informe sur son programme d’expositions. Le Musée montre des œuvres de Joan Miró et présente le Fondation Beyeler-Nationale Suisse Conservation Project Henri Matisse « Acanthes ».

Henri Matisse - Les Acanthes

 
Jeudi 16 juin
17h00-17h30                            Art Salon I Art Lives I «Louise Bourgeois» Ulf Küster, conservateur de la Fondation Beyeler et Elisabeth Bronfen, professeur de littérature anglaise à l’Université de Zurich
Dimanche 19 juin
15h00-15h30                            Art Salon I Talk I Matisse Acanthes Conservation Project, Ulf Küster, conservateur de la Fondation Beyeler
Horaires d’ouverture prolongés pendant l’Art 42 Basel
Pendant la Foire de Bâle du 14 au 19 juin, la Fondation Beyeler et son Restaurant sont ouverts tous les jours de 9h00 à 20h00.
photos 2/3/5 elisabeth itti

Van Dongen fauve, anarchiste et mondain


Kees Van Dongen Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam © ADAGP, Paris 2011

Jusqu’au 17 juillet 2011
« oui j’ aime passionnément la vie de mon époque, si animée, si fiévreuse… Ah la vie, c’est peut-être encore plus beau que la peinture » Kees van Dongen

Le Musée d’Art moderne propose de redécouvrir Kees Van Dongen (1877- 1968), artiste fulgurant et déroutant qui trouva à Paris la reconnaissance artistique dans les années 20.
L’exposition restitue les multiples facettes du personnage : peintre hollandais prompt à la caricature et à la dénonciation sociale, artiste d’avant-garde et figure du fauvisme, devenu une des grandes figures de la scène parisienne des années folles. L’exposition reprend et complète l’exposition du Musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam (« All eyes on Kees Van Dongen », 18 septembre 2010- 23 janvier 2011).

20 ans après la rétrospective réalisée en collaboration avec le Musée Boijmans (« Van Dongen, le peintre », en 1990), cette exposition centrée sur sa période parisienne témoigne du succès de l’artiste. Les recherches et les expositions récentes sur le personnage, fulgurant dans ses trouvailles et déroutant par la diversité de ses sujets, ont permis de mieux comprendre l’ampleur des découvertes de l’artiste et sa stratégie artistique.
Le titre de l’exposition évoque moins une succession de périodes qu’une superposition de

Kees Van Dongen Marchande d'herbes et d'amour (1913) Collection privée, Istanbul

postures artistiques : hollandais rebelle proche des milieux anarchistes autour de 1895, prompt à la caricature et la dénonciation sociale, artiste d’avant-garde notamment du fauvisme, dans lequel il occupe une place originale et un rôle décisif quant à sa diffusion à l’étranger (Hollande, Allemagne, Russie). Fauve « urbain », Kees Van Dongen se focalise sur le corps féminin, en particulier le visage fardé jusqu’à la déformation par la lumière électrique empruntée à Degas et Toulouse-Lautrec, devenant en quelque sorte sa griffe. Il a puisé dans ses premières années parisiennes, sur la butte Montmartre dans la fréquentation de la faune de vagabonds, chiffonniers,  mais aussi dans l’inspiration des prostituées et matelots du quartier rouge,  qu’il arpenta à l’âge de 16 ans, durant 4 ans, pendant  ses études à l’Académie Royale des Beaux Arts de Rotterdam.
Elie Faure le qualifiera de « poète bestial des bijoux et des fards et de la chair profonde où la mort et la cruauté veillent sous l’ombre chaude des aisselles et les blessures du carmin »
 Il s’inspire des fêtes foraines et des coulisses des music-halls de la Butte, où il harangue les passants pour qu’ils lui achètent ses toiles.
En 1905, il est accepté pour la 2e fois par le Salon de l’Automne, en compagnie de Matisse, Vlaminck, Derain, Marquet, Valtat qui montrent également des œuvres multicolores. C’est la « cage aux fauves » se désole Louis Vauxcelles dans le Figaro. Les toiles sont bientôt
Kees Van Dongen l'Ecuyère 1920

 
montrées et appréciées par Vollard, Druet, puis Bernheim et Kanweiler. K VD s’installera au Bateau- Lavoir.
Il est exposé en Allemagne, en Grande Bretagne, puis en Russie. Il voyage en Espagne, au Maroc, en Egypte.
Partout il peint les femmes, son sujet favori, sensuelles, effrontées, désirables, pétillantes de mille feux.
De retour à Paris, il illustre l’un des contes des Mille et Une nuit et peint des nus tout rouges.
Par la couleur, Van Dongen reste l’artificier du fauvisme. Il la régénère lors de ses voyages au début des années 1910 où il réinvente l’Orient. Mais Paris reste le sujet principal de sa peinture : Montmartre – il y rencontre Picasso et Derain – au début du siècle, qui le séduit par la verve populaire et la vie de bohème ; Montparnasse, avant et après la guerre de 1914 dont il est l’un des principaux animateurs, mettant en scène une nouvelle femme à connotation plus érotique.
Et enfin, le Paris des « années folles » que Van Dongen qualifie de « période cocktail », où il se consacre exclusivement à la nouvelle élite parisienne : hommes et femmes de lettres, stars du cinéma et de la scène, aujourd’hui oubliés, annonçant avec quarante ans d’avance l’univers des « beautiful people » d’Andy Warhol.
Kees Van Dongen la femme au canapé

De la marquise de Casati à la Baronne d’Oettingen en passant par les comtesses de Noailles et de Castellane, toutes les coquettes veulent être croquées par l’artiste à la mode. La pose est outrée, le costume et l’accessoire théâtralisés révélant le factice de ses personnalités qui n’existent qu’à travers leur rôle. Il les séduit, en les représentant minces, cynique  «  après cela, il ne reste plus qu’à grossir les bijoux » dit-il. Jasmy, directrice d’une maison de couture,  parmi ses modèles devient sa seconde épouse.
Il obtient la nationalité française en 1929, lorsque la seconde guerre mondiale éclate, il vit une retraite dorée avec sa 3e épouse à Monaco, non sans avoir participé à 64 ans, au voyage organisé par Goebbels, organisé pour un groupe d’artistes bienveillants vis à vis de l’envahisseur.
Maurice de Vlaminck «  K V D ne fera plus que peindre toute la putasserie féminine de l’après guerre …. »
kees Van Dongen amusement 1914

Le succès de Van Dongen qu’on peut comparer à celui d’un Foujita et sa participation aux avant-gardes en font un artiste singulier, qui fascine encore par sa verve et sa liberté.
Malheureusement, flatté par les sollicitations, inconscience due à l’âge ? sa complaisance envers le Reich, ternit son image.
L’exposition présente environ 90 peintures, dessins et un ensemble de céramiques, de 1895 au début des années trente. Conçue par le Musée Boijmans Van Beuningen et organisée en collaboration avec le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, elle a bénéficié de prêts de grandes institutions nationales et internationales et de grandes collections privées.
commissaires de cette rétrospective (Anita Hopmans et Sophie Krebs, avec la participation de Marianne Sarkari)
la vidéo
25 mars – 17 juillet 2011
Musée d’Art moderne
de la Ville de Paris
11, avenue du Président Wilson
75116 Paris
Tel. 01 53 67 40 00
Images provenant du catalogue

Sommaire de mai 2011

10 mai 2011 : Les sujets de l’abstraction au Musée Rath de Genève
12 mai 2011 : El Modernissimo à la Fondation de l’Hermitage de Lausanne
15 mai 2011 : De Renoir à Szafran à la Fondation Gianadda
22 mai 2011 : Nouvelles des blogs du Monde
22 mai 2011 : La maison Carrey
25 mai 2011 : Constantin Brancusi et Richard Serra à la Fondation Beyeler
26 mai 2011 : Anish Kapoor – Monumenta 2011

Anish Kapoor Monumenta 2011

Anish Kapoor Leviathan Monumenta 2011

« je souhaite que l’œuvre soit percutante aux dimensions considérables, qu’elle joue avec l’espace »
« ….. Je souhaite que le spectateur dise Whoaw ! une fois à l’intérieur » Anish Kapoor

Réputé pour ses travaux aux dimensions considérables, Anish Kapoor est parti à la rencontre de l’espace monumental du Grand Palais, Monumenta oblige ! Le résultat, une expérience à la fois intérieure et extérieure, est à la mesure de l’enjeu.
Je vous épargne les descriptions techniques et les prouesses de mise en place de l’œuvre, elles sont largement décrites dans les médias.
A l’extérieur, on est impressionné, mais pas surpris : adaptée aux rondeurs du Grand Palais, à sa verrière et à son immensité. Par rapport à Bulgari où le public se pressait en rang serré, on respire, on déguste. Si l’on se souvient de Boltanski, au lieu d’être accablé on est exalté. Anselm Kiefer m’a procuré un beau sentiment,  il emmène dans la réflexion. Ici on plane, on baigne dans le bien-être.
L’œuvre est là, étrangement inaccessible et accueillante, merveilleusement bien là où elle est. Presque une évidence. Cela change le regard d’être confronté à une oeuvre que, de toute façon, on ne peut qu’embrasser partiellement. Ce sont les spectateurs qui, du coup, rétrécissent au devant de cette oeuvre, au point d’apparaître comme des fourmis.
L’oeuvre s’intègre dans le Grand Palais, à l’extérieur la rondeur vient épouser l’immensité du volume du lieu, de manière inédite elle remplit  le Grand Palais. C’est un hommage au lieu, l’artiste est un sculpteur de la lumière et de l’espace, en finesse à l’intérieur où le dessin de la verrière du bâtiment pénètre le ventre rouge en se projetant en ombre chinoise sur ses parois.
Quant à l’exploration intérieure on se promène dans un utérus géant – elle est tout simplement magique, des formes qui échappent à toute appréhension définitive,  mais il y a  cet étrange son – bruits extérieurs qui traversent la membrane, – comme un écho qui n’en est plus vraiment un… C’est passionnant aussi, de voir les autres regarder, toucher, comme on touche un ventre maternel.  On croit toucher les parois, elles vous fuient, car elles sont en creux. L’air est un peu opaque, vaporeux, comme dans un nuage de douceur.
C’est juste de l’expérience sensorielle à l’état brut  et puis, cette lumière « intérieure » dans une lumière rosée amniotique, avec ces trois tunnels inaccessibles et, au sommet, cette ogive d’église, qui dialogue ou porte l’écho de la lumière  vraie  – et donc

Anish Kapoor Leviathan

perpétuellement changeante du jour… ou de nuit, 3 spots éclairent les trois ogives.
Leviathan, oeuvre spectaculaire, onirique, spatio-temporel, dédiée à l’instabilité des choses, à la perte de repère, insertion dans le paysage pour dialoguer avec lui.
Anish Kapoor s’intéresse à ce qu’il appelle « le nouveau sublime »
Jusqu’au 23 juin 2011 au Grand Palais.
Photos de l’auteur

Constantin Brancusi et Richard Serra à la Fondation Beyeler

Photo: © bpk, Berlin/Hamburger Kunsthalle
Plâtre, 28 x 26 x 21,5 cm Hamburger Kunsthalle © 2011, ProLitteris, Zürich

« La simplicité n’est pas un but dans l’art, mais on arrive à la simplicité malgré soi en s’approchant du sens réel des choses » Constantin Brancusi

Bronze poli, 61,7 x 40,5 x 22,2 cm © 2011, ProLitteris, Zürich Photo: © Collection Centre Pompidou, Paris, dist. RMN, Paris © 2011, Adam Rzepka

du 22 mai – 21 août 2011
La Fondation Beyeler consacre sa grande exposition d’été (voir la vidéo ici) à la création de  Constantin Brancusi (1876–1957) et de Richard Serra (*1939), deux sculpteurs majeurs du XXe siècle.
Né en Roumanie avant son installation définitive à Paris en 1904, Brancusi peut être
considéré comme fondateur de la sculpture abstraite par son invention formelle réduite à
l’essentiel. Quant à l’Américain Serra, il a redéfini la sphère d’influence de la sculpture par
ses oeuvres minimalistes en acier qui intègrent directement le spectateur. L’apparition et la présence d’une forme plastique dans l’espace constituent ainsi un thème essentiel de
l’exposition. La création de ces deux pionniers de la sculpture européenne et américaine
couvre dans sa totalité une durée de plus d’un siècle, celui qui a vu le développement de la
sculpture moderne.
Eve (en haut) chêne, 116,5 x 30,8 x 30,2 cm  Adam (en bas): châtaignier, 108,9 x 47,5 x 43,5 cm
Socle: calcaire, 13,3 x 46,4 x 46,4 cm Solomon R. Guggenheim Museum, New York © 2011, ProLitteris, Zürich Photo: © the Solomon R. Guggenheim Foundation, New York / David Heald

Les principaux aspects du travail plastique de Brancusi sont illustrés par environ 40
sculptures exemplaires, réparties en plusieurs groupes thématiques. Parmi les oeuvres
présentées sous forme d’ensembles figurent plusieurs variantes de la sculpture monolithique :
Le Baiser, des Têtes d’enfants poétiques, des Muses endormies, des torses de jeunes filles, ainsi que des célèbres Oiseaux dans l’espace. On pourra également voir Princesse X au parfum de scandale, Adam et Eve ainsi que l’emblématique Colonne sans fin. En outre, un cabinet photographique présente un choix de vingt photographies originales, qui éclairent la vision que Brancusi lui-même avait de ses oeuvres. Un vrai bonheur.

« Dans le fond, je voudrais faire des sculptures qui incarnent un nouveau mode d’expérience, qui ouvrent des possibilités de sculpture encore inédites »
Richard Serra
courtoisie de l'artiste
Richard Serra
photo elisabeth itti
L’appréhension déterminante d’une présence idéale dans l’espace, la question de l’essence de la sculpture, sera abordée sous un angle différent mais tout aussi pénétrant à travers dix oeuvres plastiques de Richard Serra
représentatives de différentes phases de sa création. On pourra également voir une nouvelle série de travaux sur papier. Cette sélection d’oeuvres, à vocation rétrospective elle aussi, regroupe des travaux précoces de Serra en caoutchouc et en plomb comme les Belts (1966/1967) et Lead Props, ainsi que ses premières installations d’acier caractéristiques :
Strike : To Roberta and Rudy (1969–1971) et Delineator (1974/1975). La « curved piece »
Olson (1986) inaugure une autre facette de l’oeuvre de Serra. Dans sa simplicité radicale,
est exemplaire de l’évolution actuelle de l’artiste tout en se rattachant à des oeuvres plus anciennes comme Strike.
C’est la première fois que l’oeuvre plastique de Constantin
Brancusi est présentée
en Suisse sous forme de rétrospective ;
Acier résistant aux intempéries, 300 x 900,4 x 20,3 cm

Collection de l’artiste, courtesy Gagosian Gallery © 2011, ProLitteris, Zürich Photo: Lorenz Kienzle

de même, la création de Richard Serra n’y a jamais été
montrée sous une forme aussi complète.
Les oeuvres prêtées pour cette exposition proviennent de collections privées de renom et de prestigieux musées dont le Solomon R. Guggenheim Museum, New York, le Museum of
Modern Art, New York, le Museum of Fine Arts, Houston, le Philadelphia Museum of Art,
Caoutchouc vulcanisé et tube néon, 182,9 x 762 x 50,8 cm
Caoutchouc vulcanisé et tube néon, 182,9 x 762 x 50,8 cm
Solomon R. Guggenheim Museum, New York, Panza Collection, 1991
© 2011, ProLitteris, Zürich
Photo: Serra Studio, New York / Peter Moore

l’Art Gallery of Ontario, Toronto, la Tate, Londres, le Musée National d’Art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris, la Peggy Guggenheim Collection, Venise, le Stedelijk Museum, Amsterdam, le Muzeul de Artǎ, Craiova, la Hamburger Kunsthalle, la Staatsgalerie Stuttgart, le Lehmbruck Museum, Duisburg, le Kunstmuseum Basel et le Kunsthaus Zürich.
Cette exposition de la Fondation Beyeler, dont Oliver Wick est le commissaire, est montée en partenariat avec le Guggenheim Museum de Bilbao, où elle sera présentée lors d’une deuxième étape (8.10.2011–15.4.2012)
L’exposition s’accompagne d’un catalogue de grande tenue scientifique et abondamment
illustré, publié en trois éditions distinctes (allemand, anglais et espagnol) chez Hatje Cantz
Verlag, Ostfildern. Il contient des articles d’Oliver Wick, Friedrich Teja Bach, Alfred
Pacquement et Jacqueline Matisse Monnier ainsi que des commentaires de Raphaël
Bouvier, Denise Ellenberger, Alexandra Parigoris, Ileana Parvu, Marielle Tabart, Michelle
White et Jon Wood ainsi qu’une biographie des deux artistes. 244 pages, 176 illustrations,
CHF 68.–, ISBN 978-3-905632-89-7.
Richard Serra est représenté à Bâle et dans ses environs par trois sculptures d’extérieur
installées dans des lieux publics : l’installation Open Field Vertical/Horizontal Elevations du Wenkenpark de Riehen/Bâle, mise en place en 1980 dans le cadre de l’exposition « Skulptur im 20. Jahrhundert » organisée, entre autres, par
Ernst Beyeler, la sculpture d’acier
Intersection installée en 1992 sur la place du Théâtre au centre-ville de Bâle ainsi que
la sculpture d’acier Dirk’s Pod inaugurée en 2004 sur le Novartis Campus, Bâle.

ouverture tous les jours de 10 h. à 18 h,  le mercredi de 10 h. à 20 h.
Le musée est ouvert le dimanche et les jours fériés.
Pendant la Foire de Bâle  (mardi 14.6. – dimanche 19.6.) les heures d’ouverture sont les suivantes: 9 h – 20 h.
la vidéo du vernissage
les images du montage de l’exposition de Richard Serra
Pointez les images pour voir  les titres, cliquez pour les agrandir
1 e essai  de la nouvelle mouture des blogs du Monde

La maison Carrey

img_5575.1306068840.jpgNon je ne suis pas allée à Nîmes, c’est bien dans la campagne mulhousienne, plus précisément le Sundgau,  que se situe cette maison originale, délicieusement baroque, en fait c’est la « Maison Ronde ». Rotonde à coursives, aux parois circulaires, entourant un patio habillé de mosaïques, blottie dans les arbres, cachée par eux en ce mois de mai plus estival que printanier, invisible depuis la route. C’est un foisonnement de trouvailles, de vitraux à base de culots de bouteilles, de porte ouvragée récupérée, de miroirs aux cadres insolites, de lampes faites de petites cuillers, de tables en céramiques, de poêle indescriptible, tout est à base de matériaux de récupération.
Le verre est partout, de toutes les couleurs, assemblé avec bonheur, en fresques murales, laissant entrevoir une féerie nocturne lumineuse. Il faut s’attarder, revenir sur ses pas, se rendre compte que l’on a pas vu le 1/3 de l’inventivité de ce couple d’artistes plasticiens.
Yves Carrey, sculpteur de métal recyclé, en Marcel, le bras virilement tatoué, se prête à nos questions. – Le site –
Le Schweidissi, qui trône à la Porte Jeune, img_0622.1306068987.jpgmascotte mulhousienne, le loup, une série d’agneaux, décorant divers lieux de la ville faisant la joie des petits et des grands, cet hiver 2010, celui qui s’est égaré près de la fontaine de la place de la Réunion, la chenille du zoo de Mulhouse, actuellement patientant dans l’herbe du côté droit de la maison, l’arbre dans l’allée des sculptures de l’allée Nathan Katz, sont sortis de son imagination, mais aussi du savoir faire, de ses mains de soudeur.
img_5631.1306092489.jpgIl récupère auprès des ferrailleurs tout ce qui peut être utilisé dans ses créations. Un capot de DS peut devenir un tableau abstrait. La tête de l’agneau, l’oreille, l’œil, le poil, tout est à base de ferraille et d’assemblage.
 On y retrouve son Christ présenté, lors de la rétrospective consacrée à Jacky Chevaux. C’est une photo de JC en Christ crucifié, sur un mur blanc, sans croix lors d’une performance qui l’a inspirée pour sa création de ce parallélépipède, dont les contours sont constitués de tubes carrés formant une sorte d’aquarium sans vitrage, dans lequel est plongé un Christ sans croix, et de citer Coluche  “Si Jésus était mort noyé, les chrétiens auraient l’air malin avec un aquarium autour du cou ou au-dessus de leur lit“.img_5667.1306093331.jpg
Un oiseau hybride se trouve devant la maison, il sort de l’esprit imaginatif de Véronique Werner dite Vero, – le site–  il trônait pendant un été la place de la République. Tout comme ses baignoires à thème, servaient de réceptacle/reposoir aux touristes qui y posaient volontiers, pour des photos insolites.
Les cheminées couronnées de becs menaçants ou de véritables couronnes se dressent fièrement sur le toit.
Le sculpteur Arman lui-même ne pourrait pas renier l’assemblage de montres, ou encore celui réuni en une sculpture féminine. On croise une autre femme rouge érotique, sculptée.
Yves Carrey œuvre essentiellement sur commande.
La mosaïque, la déco c’est l’œuvre de sa compagne, Vero Werner, mosaïste d’art.
img_5600.1306092858.jpgVero quant à elle, travaille avec les écoles, les particuliers, selon leur demande, elle essaie de concilier leur désir et leur goût, en des compositions de mosaïques, de fresques murales de revêtements de sol, dessus de table.
Véronique Werner réalise des fresques, des sculptures et des objets décoratifs, en assemblant des matériaux récupérés et en incrustant des fragments divers tels que verreries ou céramiques dans du ciment.
Quand elle n’est pas entrain de produire en atelier, elle travaille à l’extérieur sur commande, principalement pour des clients particuliers.
Elle intervient régulièrement auprès du public, jeune et moins jeune, en difficulté parfois, et utilise la mosaïque comme moyen d’expression de communication et d’échange.
Les ateliers ouverts ont permis cette visite de la maison d’Yves Carrey et de Véronique Werner, située au 34, rue de Galfingue à Spechbach-le-Haut, aux amis du Crac Alsace 
photos de l’auteur courtoisie d’Yves Carrey

Nouvelles du blog du Monde

Enfin une nouvelle qui rassure et fait plaisir
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De Renoir à Szafran à la Fondation Gianadda

berthe-morizot-jeune-fille-au-chat.1305422382.jpg La Fondation Gianadda a choisi d’ offrir un plaisir rare : celui de découvrir une large sélection d’œuvres appartenant à un collectionneur privé. Par souci de discrétion, celui-ci tient à garder l’anonymat. Mais, soucieux de pédagogie et conscient de la mission éducative des musées et des expositions, il a toujours généreusement accepté de soutenir les manifestations organisées par Léonard Gianadda et il a souvent participé aux expositions organisées à Martigny. Exceptionnellement, et pour la première fois, il a accepté de partager plus largement encore ses trésors et de présenter sa collection au public, le temps d’une présentation qui durera six mois. Une sélection de cent vingt œuvres environ, peintures et dessins, a été faite, de façon à raconter l’évolution de la peinture depuis Jean-Baptiste Corot et Eugène Boudin, jusqu’à nos jours. Au cours de cette période, les avancées esthétiques se sont bousculées à un rythme tel qu’on ne peut la comparer qu’à la renaissance des arts dans la Florence du XVe siècle. Cette effervescence créative correspond parfaitement au goût de notre collectionneur. pissarro-les-moutons.1305422437.jpgIl est très sensible aux charmes de la couleur en général, qu’elle soit le fruit d’une observation attentive de la nature ou d’une spéculation artistique purement abstraite. Le visiteur verra ainsi la peinture se libérer progressivement de la représentation du réel et privilégier l’expression d’une vision individuelle, de plus en plus éloignée du motif qui l’a inspirée. L’impressionnisme et le post-impressionnisme ont joué un rôle fondamental dans cette évolution. Ils sont donc particulièrement présents dans ce panorama qui retrace une brève histoire de la peinture du pré-impressionnnisme à nos jours. Les chefs d’œuvre ne manquent pas dans cette collection : Julie au violon peint en 1893 par Berthe Morisot, ainsi que Julie au chat vert, ou encore un fusain d’Edgar Degas, Les Blanchisseuses (vers 1902). Pratiquement jamais vus, il y a, parmi tant d’autres, un remarquable Maurice Denis, Avril, les anémones (1891), à la provenance particulièrement prestigieuse ou l’éblouissant pastel de Sam Szafran, Imprimerie Bellini (1972). L’intérêt d’une collection particulière se définit par sa cohérence et son exhaustivité, mais aussi par les choix qu’elle reflète et qui relèvent des préférences d’un individu. Les axes qui ont été privilégiés ici sont clairs.img_5275.1305423783.jpg Si l’impressionnisme est évoqué par une sélection d’œuvres magistrales signées Monet, Renoir, Sisley ou Morisot, le néo-impressionnisme est quant à lui plus largement représenté encore. Parmi les tableaux, un ensemble remarquable d’œuvres peintes par Signac illustre la passion de notre collectionneur pour cet artiste épris de lumière et de couleur. Depuis les tout premiers tableaux « divisés » comme Les balises, Saint-Briac (1890) ou Saint-Tropez. Après l’orage (1895), jusqu’aux œuvres pré-fauves comme L’Arc-en-ciel. Venise (1905), c’est l’ensemble de l’œuvre de Signac qui est évoqué ici. Dans celle de Camille Pissarro, ce sont deux rares exemples de la période néo-impressionniste qui ont été choisis. Mon coup de cœur va immédiatement au « Troupeau de moutons » de Pissarro, avec un bel effet de poussière dans le soleil et « devant la Briqueterie à Eragny », où l’effet de soleil est filtré par les nuages. Quant à Maximilien Luce, il est lui aussi très présent avec une sélection particulièrement pertinente de toiles, comme Le Café (1892) ou l‘éblouissant Port de Saint-Tropez (1893) qui contraste avec la poésie abstraite de Londres, Canon Street (1893), un des nocturnes chers à l’artiste. Parmi les Nabis, remarquons les audaces chromatiques de la somptueuse Marine à Cannes peinte par Bonnard en 1931. Mais c’est Maurice Denis qui est privilégié. Il est en effet très présent, avec une série de tableaux de premier plan.signac-larc-en-ciel-a-venise.1305423173.jpg Citons les trois dernières versions du Mystère catholique (1889 et 1890) qui se trouvent encore en mains privées ou Ils virent des fées débarquer sur la plage (vers 1893). Il y a encore un très beau choix de paysages peints par Emile Othon Friesz au cours des années fauves comme Port d’Anvers (1906) ou Bord de mer, Cassis (1907). Car cette période artistique où la couleur est, plus que jamais, privilégiée se devait d’être bien représentée elle aussi. Citons notamment un séduisant Van Dongen, Thé au casino (Deauville) de 1920 , et une vigoureuse marine de Valtat, Les Rochers rouges (1906). La couleur a souvent déterminé le choix du collectionneur : c’est vrai aussi parmi les dessins où elle est loin d’être absente. Le noir et blanc est évidemment à l’honneur avec, notamment, une remarquable feuille au crayon Conté par Charles Angrand, Maternité. Un éblouissant ensemble d’aquarelles peintes par Signac, ou la série des gouaches de Raoul Dufy. Kees Van Dongen n’est pas oublié, avec une rare aquarelle fauve et un ensemble inédit de gouaches peintes en 1947 pour illustrer une édition d’A la recherche du temps perdu. Emil Nolde est là aussi, avec ses paysages quasi abstraits peints à l’aquarelle… Mais, toujours dans le domaine du dessin, la séduction des pastels retient tout particulièrement. Souvent de grands formats, ils sont signés Morisot, Odilon Redon, Denis ou Szafran qui est représenté ici par une impressionnante sélection.sam-szafran-limprimerie.1305422594.jpg Ces feuilles, souvent de très grand format, montrent que la magie colorée du pastel continue d’opérer de nos jours et de retenir les talents les plus affirmés et, plus particulièrment, celui de cet artiste original, cher à la Fondation Pierre Gianadda. Ils montrent aussi que l’art actuel n’est pas oublié dans cette collection. Car les grands noms de la peinture du XXe siècle sont nombreux dans cette présentation qui compte Amedeo Modigliani, Jules Pascin, Marc Chagall, André Masson, Man Ray ou encore Pablo Picasso. Sans oublier Josef Albers dont l’Hommage au carré apparaît ici comme un clin d’œil au point néo-impresionniste. Enfin, si la peinture française ou celle appartenant plus largement à l’Ecole de Paris sont à l’honneur dans cette présentation, l’Europe du Nord, évoquée jusqu’ici par Nolde uniquement, est loin d’être absente.odilon-redon.1305422678.jpg Car la collection compte encore un important ensemble d’œuvres – peintes, dessinées ou gravées – de Lyonel Feininger, représenté ici par un choix d’œuvres peintes et d’aquarelles.
Le commissariat de l’exposition est assuré par Mme Marina Ferretti-Bocquillon.
L’exposition est visible jusqu’au 13 juin.
Les photos – courtoisie de la Fondation Gianadda

El Modernismo à la Fondation de l'Hermitage de Lausanne

 Derniers jours pour voir à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne une importante exposition consacrée à l’art espagnol à l’aube du XXe siècle. Centrée autour des peintres de la «génération de 1898» issue des turbulences extrêmes traversées par l’Espagne tout
au long du XIXe siècle, l’exposition montre l’évolution que connaissent ces artistes.
Oscillant entre respect des traditions hispaniques et modernité, leurs oeuvres s’inscrivent dans l’élan d’ouverture que connaît alors l’avant-garde espagnole.
Extraordinairement riche et diverse, la production artistique en Espagne à l’aube du XXe siècle reste encore mal connue en dehors de son pays d’origine. Entre la mort de Goya et la période cubiste de Picasso s’étendent pourtant quelques décennies fascinantes, qui voient se former les
prémices de l’art moderne espagnol. Grâce à cette exposition, la Fondation de l’Hermitage propose à ses visiteurs la découverte d’une partie des trésors cachés de l’Espagne, dont beaucoup sont présentés pour la première fois en Suisse.
L’exposition, qui compte une centaine de tableaux, réunit les artistes les plus significatifs de
cette époque (Anglada, Beruete, Casas, Mir, Picasso, Pinazo, Regoyos, Rusiñol, Sorolla, Zuloaga).
Quelques toiles, liste non exhaustives de loin :
Ramon Casas i Carbo est l’un des membres fondateurs du café Els Qautre Gats.
Il s’installe avec Utrillo et Rusinol sur la butte Montmartre, en 1890. Il peint des scènes de la vie nocturne parisienne dont on peut voir son autoportrait dans un miroir.  Il a créé également des affiches, participent à de nombreuses expositions, apporte un soutien matériel aux jeunes artistes comme Mir et Nonell, ainsi qu’au jeune Picasso. Il acquiert une grand réputation aux US grâce à l’attention d’un mécène Charles Deering, provoquant une affluence de commande de portraits mondains. Ce qui l’éloigne complètement du modernisme espagnol dès les années 1920.
Joaquin Sorolla y Bastida
Considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands peintres espagnols, il peint plus de 4000 œuvres. Sa correspondance  quotidienne avec son épouse, lors des éloignements, témoigne d’un réel épanouissement personnel, pour lequel la peinture était toute sa vie.picasso.1305056442.jpg
Faut-il attribuer au fait qu’il perd ses parents à l’âge de 2 ans, l’importance que prit pour lui sa femme et ses enfants, dans sa peinture et dans sa vie artistique. Les oeuvres où apparaissent ses plus proches sont foule et l’on peut les voir dans cette exposition, émouvantes, touchantes, splendides, dans diverses occupations et attitudes. Les tenues qu’il faisait parvenir à son épouse sont dépeintes dans les diverses toiles, avec une affection tout à fait particulière pour Maria, pour la maternité.
Eliseo Meifren y Roy, après des débuts en médecine, rejoint Rusinol et Casas, Il peint des chanteuses de cabaret et des danseuses des ballets meifren.1305213078.jpgespagnols, tout en se rapprochant des peintres de Barbizon. Il peint des paysages évoluant vers un semi-impressionnisme où la lumière et la couleur priment sur le dessin et les contours.
Picasso peint le Paris du Moulin Rouge et du French Cancan.
Ignacio Zuloaga y Zabaleta, ami de Rodin et de Rilke, il s’inspire du Greco pour ses protraits.
Le relais des Rois d’Arragon à Tarassone est un prêt du Centre Georges Pompidou.zuolaga.1305213392.jpg
La grande majorité des oeuvres provient de musées publics espagnols (le Prado, le
Musée Sorolla, le Musée Thyssen-Bornemisza, ou encore le Musée des beaux-arts de Valence
et le Musée National d’Art de Catalogne de Barcelone), de même que de collections privées
espagnoles. Quelques tableaux-phares du Musée d’Orsay et du Musée Rodin viennent
compléter cette sélection rigoureuse et de haut niveau.
L’exposition est placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi d’Espagne Juan Carlos 1er
et de Madame Micheline Calmy-Rey, Présidente de la Confédération suisse.
Commissariat général : Juliane Cosandier, directrice de la Fondation de l’Hermitage
Très belle exposition qui se termine le 28 mai 2011
images courtoisie Fondation de l’Hermitage Lausanne