Eaux troubles, Eaux calmes à la Fondation François Schneider 1ere partie

Jusqu’au 11 septembre 2016 à la Fondation François Schneider à Wattwiller
1ere partie

Des artistes d’exception :
Exposition de photographies et vidéo de Philippe Chancel, Lucien Clergue, Jean Gaumy, Brian Griffin, Harry Gruyaert, Naoya Hatakeyama, Mazaccio & Drowilal, Arno Rafael Minkkinen, Gonzalo Lebrija, Martin Parr, Hiroshi Sugimoto, Alain Willaume.
Mazaccio & Drowilal
« L’eau est l’élément constitutif de la vie. Impure elle en devient effrayante, absente elle peut être l’objet de conflits, généreuse elle est réjouissance et abondance. Cette contradiction accompagne sa nature essentielle.
Pour l’artiste qui cherche une dimension poétique dans la photographie ou la vidéo, l’eau est un matériau difficile, un véritable défi. Là encore on a à faire à une dualité : l’eau, la neige, la brume, la cascade, la vague, sont graphiquement trop plates, trop fluides, trop lisses, pour devenir matière visuelle, autre que de belles images de nature qui n’affirment pas la singularité d’un regard et que l’on caricature sous l’appellation “cartes postales”.
Cette exposition confronte le regard de 12 grands artistes, photographes et vidéastes, qui dépassent ces difficultés dans des essais visuels où l’eau, liquide, solide ou gazeuse, joue un rôle de premier plan.
Documentaires, introspectifs, graphiques, contemplatifs, ces différents projets montrent une diversité étonnante d’utilisation de cet élément si familier qui devient ici un acteur exceptionnel de l’image.
En photographie tous les sujets sont bons. Les plus difficiles sont ceux qui s’éloignent de l’événement ou de la représentation en trois dimensions, les plus virtuoses sont ceux qui traitent de l’immatériel. Ces deux aspects sont réunis ici autour d’artistes d’exceptions qui nous font osciller d’eaux calmes en eaux troubles et inversement.»

François Hébel, Commissaire de l’exposition
(textes de )

Sur les côtes japonaises la mer a fait des ravages, ce dont témoigne Philippe Chancel mêlant photos spectaculaires et leur géolocalisation.

Philippe Chancel Fukushima, Fukushima, 2011
Philippe Chancel Fukushima, Fukushima, 2011


Philippe Chancel : Après avoir longtemps documenté le monde de l’art,
ce photographe
français cherche de nouvelles formes de
traduction visuelle de régions du monde elles-mêmes
particulières. Tous ses projets remportent un grand succès sous forme de
livres et d’expositions, Corée du Nord, pétromonarchies et ici le tsunami qui a frappé
le Japon. Les photos sont accompagnées de leur géolocalisation, confrontant ainsi la
brutalité des faits à l’enjeu planétaire.

Les nus de Lucien Clergue surgissant de l’eau ou séchant au soleil de la Camargue
ont ému plusieurs générations.
Lucien Clergue
Lucien Clergue (expo au Grand palais en février 2016) :
Ses nus en Camargue ont connu un très grand succès
dans les années 1960. Ils étaient l’illustration d’une joie de vivre et
d’une libération des meurs. Picasso dessina les couvertures de ses
premiers livres où ces photos illustraient des poèmes de Paul Eluard.
Fondateur des Rencontres de la photographie d’Arles, il est le premier
photographe français à être devenu membre de l’Institut de France.
Martin Parr a connu son premier succès avec ses photos noires et blanches d’Anglais sous la pluie, confirmé avec ses photos en couleurs des plages populaires qui l’ont rendu célèbre.

Martin Paar, François Hébel, commissaire de l'exposition
Martin Paar, François Hébel, commissaire de l’exposition


Martin Parr  (expo à la Filature de Mulhouse):
L’humour sur ses contemporains a rendu
célèbre et très influent ce photographe anglais, membre de
Magnum Photos, qui se qualifie lui-même de “middle class
photographer” car il ne se distingue pas de ses sujets :
britanniques dans les intempéries ou sur les plages
populaires proches de Liverpool.

Le minimalisme des horizons marins d’Hiroshi Sugimoto est désormais un temps fort de l’histoire de la photographie.

Hiroshi Sugimoto, Mer celtique, Boscastle,1994
Hiroshi Sugimoto, Mer celtique, Boscastle,1994

Hiroshi Sugimoto : Japonais, un des photographes
contemporains les plus admirés notamment pour ses
horizons marins, et ses salles de cinéma à l’écran immaculé.
Le dépouillement et la pause longue des prises de vue
confèrent à ses photographies une grande plénitude.
Hiroshi Sugimoto
évoque son apaisement dans la
contemplation de la rencontre entre l’air et l’eau.

Alain Willaume démontre la cohérence du territoire européen qui confine à l’océan ou à de grands lacs dans ses nombreuses extrémités.
Alain Willaume
Alain Willaume :
Pendant trois ans à bord d’un camion, ce grand voyageur
membre du collectif
Tendance Floue, est allé à la rencontre des extrémités
de l’Europe, constituées en grande partie par les mers.
Son univers semble transformer la banalité en des
décors cinématographiques où l’on attendrait en vain
que la scène se joue.
Les découpages dans les magazines people et les montages de Mazzacio et Drowilal constatent avec un oeil amusé combien la presse aime faire rimer célébrités et loisirs au bord de l’eau.
Mazaccio & Drowilal,

Mazzacio et Drowilal : Ce couple de jeunes artistes
français, dont le pseudonyme semble être un nom de
scène, s’amuse de la redondance des situations dans
lesquelles la presse people montre les célébrités en
vacances, en jouant sur le comique de répétition dans
cette série de photomontages : surf, belles villas sur
des îles minuscules, golf… L’accumulation banalise
l’exceptionnel.
C’est du travail que Jean Gaumy témoigne à travers la dureté de la vie de pêcheur, affirmant que l’on ne peut bien photographier la mer que lorsqu’elle est démontée.

Jean Gaumy, A bord du chalutier français «Koros»
Jean Gaumy, A bord du chalutier français «Koros»

Jean Gaumy : Convaincu que seule une mer
démontée permet de montrer la difficulté du
métier de pêcheur en haute mer, ce membre de
Magnum Photos, qui a aussi photographié et filmé
dans des sous-marins, a reçu plusieurs prix pour la
publication de ce travail. Il a été nommé, pour son
travail de photographe, membre de l’Académie des
Beaux-Arts en 2016.
à suivre …
je ne sais pas pourquoi certains textes refusent d’adopter la couleur
noire que je leur ai attribuée.

Le Meilleur des mondes

Julie Beaufils, Elvire Bonduelle, Chai Siris
Du 9 juin au 21 août 2016
La Kunsthalle de Mulhouse pour son exposition d’été est heureuse d’accueillir les projets inédits de Julie Beaufils, Elvire Bonduelle et Chai Siris.
Réunies sur le plateau de La Kunsthalle, les oeuvres de Julie Beaufils, Elvire Bonduelle et Chai Siris se déploient à travers trois propositions autonomes présentant peintures, vidéos et installations. Symptomatiques des univers singuliers de ces trois artistes, les travaux en présence semblent être reliés par une préoccupation commune : dans Kunsthalle Mulhouse
un monde hyper-connecté, caractérisé par un désir de veille permanent, quelles formes donner à l’abandon, la paresse, le relâchement ? Comment le songe et le sommeil peuvent-ils paradoxalement véhiculer un état de résistance à l’intérieur du paysage social, culturel ou même intime de chacun ? Conviant à une approche décalée du
confort et de la contemplation chez Elvire Bonduelle, du rêve et de la mémoire chez Chai Siris ou à une certaine forme de déconnection et d’absence chez Julie Beaufils, c’est sous un intitulé commun – Le Meilleur des mondes – que
cette exposition en trois temps invite le visiteur à faire « l’expérience d’un ailleurs »
Quand on me parle sommeil cela m’intéresse au premier degré et suit curieuse de voir
comment les 3 artistes se sont penchés sur le sujet.

Julie Beaufils I'll turn my phone off during French lessons, 2016 Huile sur toile 139.7 x 114.3 cm Collection privée © Julie Beaufils et la galerie Overduin & Co, Los Angeles
Julie Beaufils
I’ll turn my phone off during French lessons, 2016
Huile sur toile
139.7 x 114.3 cm
Collection privée
© Julie Beaufils et la galerie Overduin & Co, Los Angeles

Inspirée à la fois de la culture télévisuelle : série, sitcom, clip vidéo mais aussi des formes issues des réseaux sociaux et autres messageries instantanées telles que « Skype », la peinture de Julie Beaufils ne se singularise pas tant par un
parti pris épuré et une palette dépouillée que par une position volontairement contemplative dans le traitement de situations les plus actuelles. Souvent, dans ses oeuvres, il est question de mémoire et de la représentation de ces images résiduelles qui habitent l’inconscient et ressurgissent soudainement à la surface de nos pensées. Entre dessin et peinture, ses figures féminines et masculines, isolées ou en groupes adoptent fréquemment des positions de repos.
Elvire Bonduelle Rotating Painting – Bush#40, 2016 Acrylique sur toile brute 146 x 114 cm Relax Max, Cool Raoul, Take it easy Billy, Sit on it Edith, 2016 Métal peint Dimensions variables
Elvire Bonduelle
Rotating Painting – Bush#40, 2016
Acrylique sur toile brute
146 x 114 cm
Relax Max, Cool Raoul, Take it easy Billy, Sit on it Edith, 2016
Métal peint
Dimensions variables

Peintures et dessins, installations et mobiliers, mais aussi projets d’édition ou d’expositions collectives constituent le corpus de l’oeuvre d’Elvire Bonduelle. Elle s’applique depuis plusieurs années à redéfinir l’espace de l’exposition
comme un lieu a priori confortable et cosy pour mieux souligner la présence du visiteur. Formes molles et minimales composent son vocabulaire qui puise simultanément son inspiration dans l’histoire de l’art et dans l’observation minutieuse de son
environnement au quotidien.
Chai Siris Four Seasons, 2010 Vidéo, 11 minutes
Chai Siris
Four Seasons, 2010
Vidéo, 11 minutes

Figure émergente du cinéma expérimental en Thaïlande, collaborateur régulier de Apichatpong Weerasethakul, Chai Siris développe un travail, rassemblant films, vidéos et photographies, dédié à la reconstruction d’histoires
personnelles et sociales autour de différentes communautés locales (ouvriers, migrants, villageois, familles) dont il recueille témoignages et aspirations. A partir de cette matière mi-documentaire, mi-fictionnelle, il déploie une oeuvre contemplative, à la croisée du proche et du lointain, de l’intime et de l’histoire en cours de construction.
Les artistes
JULIE BEAUFILS
Née en 1987 à Paris, vit et travaille à Los Angeles et Paris.
Julie Beaufils a étudié aux Beaux-Arts de Paris. En 2016, elle présente des expositions personnelles à la galerie OverDuin and Co, Los Angeles et chez Balice Hertling, Paris. En 2015, elle a participé à des expositions collectives The Great Depression, Balice Hertling, Paris, C’est la vie ?, Occidental Temporary
(Studio de Neïl Beloufa), Villejuif, ou encore Being With People, Shanaynay, Paris.
Julie Beaufils In love,
Julie Beaufils In love,

ELVIRE BONDUELLE
Née en 1981, vit et travaille à Paris.
Elvire Bonduelle est diplômée depuis 2005 de l’École des Beaux-arts de Paris où elle a travaillé principalement dans le studio de Richard Deacon. Basée à Paris, elle expose en France et à l’étranger, ainsi récemment à la galerie Osmos à New York (2016), à la galerie Laurent Mueller à Paris (2015).
Parallèlement, elle développe le projet Salle d’attente à la Sperling gallery, Munich, Allemagne (2015) à la galerie Laurent Mueller, Paris (2013) ou encore chez New Immanence, Paris, (2012).
Elvire Bonduelle
CHAI SIRIS

Né en 1983 à Bangkok, vit et travaille à Chiang Mai en Thaïlande.
Chai Siris a été en résidence au Pavillon, Palais de Tokyo, Paris (2014). Il a notamment exposé à la galerie Romain Torri, Paris, à l’espace Culturel Louis Vuitton, Tokyo, Japon, ou encore à West den Haag, Pays-Bas.
Il a participé à des évènements tels que le Festival du film international de Venise, la Biennale de Sharjah ou encore Documenta 13 à Kassel (2012).

Chai Siris Day For Night, 2016 Vidéo Courtesy de l'artiste
Chai Siris
Day For Night, 2016
Vidéo
Courtesy de l’artiste

Heures d’ouverture
Du mercredi au vendredi de 12h à 18h
Les samedis et dimanches de 14h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 20h, sauf en juillet et août
Le jeudi 14 juillet, ouvert de 14h à 18h
Fermé les lundis et mardis
Entrée libre
Coordonnées
La Kunsthalle Mulhouse – Centre d’art contemporain
La Fonderie – 16 rue de la Fonderie
68093 Mulhouse Cedex
tél : + 33 (0)3 69 77 66 47
kunsthalle@mulhouse.fr
www.kunsthallemulhouse.com

Art Basel 2016

Le New York Times la qualifie d’«Olympiade de l’art mondial». Le plus grand musée du monde a ouvert ses portes depuis lundi 13 juin 2016, pour les chanceux détenteurs de cartes VIP. Bâle reste sans aucun doute l’épicentre mondial du marché de l’art et de l’art contemporain, malgré l’étendue de la foire après Miami, à Hong Kong.
Dans la section « Art Unlimited » on voit des installations gigantesques, essentiellement pour le cru 2016.  88 oeuvres d’art de grand format dont le commissariat est assuré par  Giani Jetzer  et la direction par Marc Spiegel.
Art Basel 2016
Ce n’est pas moins de 286 galeries d’art,  du monde entier, désignées suite à une sélection rigoureuse, qui exposent des oeuvres modernes et contemporaines de haute qualité: peintures, sculptures, installations, photographies, imprimés, vidéos et multimédia, tout comme des prestations de plus de 4000 artistes. Les maîtres d’art moderne et contemporain les plus renommés de Picasso, Miro, Klee, Warhol et Jeff Koons à la nouvelle génération y sont représentés.
Art Basel 2016
Des valeurs sûres et de nouvelles découvertes dans les divers halls d’AB. Ce rendez-vous incontournable des collectionneurs et acheteurs du monde entier fait la part belle à des artistes de renom – comme le peintre américain Paul McCarthy ou encore Julian Schnabel – et met en lumière de jeunes talents, même si, cette année, la tendance est plutôt aux valeurs sûres. C’est une véritable Tour de Babel où résonnent toutes les langues.
La haute qualité, la grande variété et la participation internationale ont procuré à Art Basel une réputation inégalée. Quelques 90 000 artistes, propriétaires de galeries, directeurs de musées, collectionneurs privés et amateurs d’art, participent à ce que les habitués appellent «la réunion de famille annuelle du monde de l’art». Cette interface entre art et artistes suscite des moments saisissants et inspirants.
Eva und Adèle
Elles sont venues, ils sont tous là, les indispensables et habitués du show, le champagne coule à flot.
La tomate vaut son pesant de patates, 4,75 millions de dollars (4,2 millions d’euros) pour la tête du bonhomme imaginé par l’artiste américain Paul McCarth- Tomato Head (Green 1994

McCarthy
Dès l’entrée c’est une performance de «Sculpture mimée» de Davide Balula (2016), avec pantomimes retraçant l’invisible présence de sculptures d’art, inlassablement.
Davide Baluba

« Accumulation: Searching for Destination », de Chiharu Shiota (2014-2016).
est le sujet de tous les photographes

Chiaru Shiota
Une belle installation très poétique «Deux bonnes raisons» d‘Ariel Schlesinger (2015), présenté par Galleria Massimo Minini (Brescia), est un mouvement chorégraphié répété entre deux grandes feuilles de polypropylène.
SchlesingerSans oublier la Collector House de Hans Op de Beeck
Hans Op de Beeck
Il était difficile de manquer l’œuvre de Ai Weiwei intitulée  » White House  »
qui en arrière plan avait une oeuvre de Frank Stella, Damacus Gate.
Cette porte de Damas se reflétait dans les boules de verre pied de la construction.
Ai Weiweitout un chacun tenait à avoir la meilleures vue à défaut de selfie
Ai WeiweiTomy Oursler était omniprésent tant à Unlimited qu’au niveau des galeries
Tony OurslerUn gag imaginé par Laure Lima ascenceur
C’était une fête de l’art, parfois étonnant, incongru, les valeurs sures se situant au niveau
des galeries du rez-de-chaussée.
Un coup de coeur spécial pour la vidéo de William Kendridge
William Kendridge
Foires « off » :
Liste, Burgweg 15, Bâle.
Photo Basel, Volkshaus Basel, Rebgasse 12-14, Bâle.
Rhy Art Fair, Saalbau Rhypark, Muelhauserstrasse 17, Bâle.
Scope Basel, Clarahuus, Webergasse 34, Bâle.
The Solo Project, Dreispitzhalle, Helsinki Strasse 5, Bâle.
Volta 12, Markthalle, Viaduktstrasse 10, Bâle
Ainsi que Desing Miami
Art Basel
 

Art Parcours dans le quartier de la cathédrale
Une application smartphone à télécharger permet de suivre
l’intégralité de la « Messe » tant au niveau des plans, des galeries, des artistes
des horaires, et du coût d’entrée.

Alexander Calder & Fischli/Weiss

Jusqu’au 4 septembre 2016
Entre équilibre instable, pesanteur et apesanteur, élégance et grâce,
humour et poésie

La Fondation Beyeler une vaste exposition consacrée à l’artiste américain
Alexander Calder et aux artistes suisses Peter Fischli et David Weiss, qui ont travaillé en association sous le nom de Fischli/Weiss.
Après la grande réussite de la présentation de la « Calder Gallery I-III » (2012-2015) et de notre collaboration avec la Calder Foundation, l’exposition
« Alexander Calder & Fischli/Weiss » offre un accès nouveau et singulier à la création de Calder.


Cette exposition est conçue autour de l’instant d’équilibre instable, un état précaire en même temps que prometteur, toujours fugace. Alexander Calder (depuis le début du XXe siècle) et Peter Fischli et David Weiss (depuis la fin du même siècle) avaient trouvé des formulations exemplaires de cet instant.
Radicalement différentes à première vue, elles apparaissent ensuite comme les deux faces d’une même médaille, le fruit de perspectives différentes sur le même thème, nées à des périodes différentes.


Cette exposition noue un dialogue ouvert et amplement déployé dans l’espace entre une sélection d’ensembles d’oeuvres de Calder et plusieurs travaux de Peter Fischli et David Weiss. Les points forts qui en dessinent le fil conducteur retracent des moments historiques déterminants de la création de Calder. Partant du travail sur le Cirque Calder des années 1920, ils font place au passage à l’abstraction et à l’invention du mobile au début des années 1930 pour aboutir au jeu souverain et grandiose avec les possibilités formelles ainsi découvertes. En contrepoint, les oeuvres de Peter Fischli et David Weiss prêtent un ton tout à fait original à cette exposition.


Dans cette association inattendue, les éléments de bricolage, d’observation et d’expérimentation prennent un poids tout à fait particulier, l’interaction entre pesanteur et apesanteur devenant ainsi perceptible sous un angle nouveau comme un processus incroyablement vivant. Légèreté et poids, exploration des limites du jeu, de l’échec et du hasard comme pratique artistique, oscillation sur la ligne ténue entre humour et poésie, le funambule devenant le prototype d’une réalité existentielle – de
nombreux points de contact permettent aux oeuvres d’Alexander Calder et à celles de Fischli/Weiss d’affirmer leur efficacité à la fois ensemble, et indépendamment.
L’ensemble de cette présentation ne ménage qu’une rencontre directe entre les travaux de Fischli/Weiss et ceux de Calder ; celle-ci ouvre l’exposition et son récit.
Calder (1898-1976) est le maître de l’équilibre instable dans l’art moderne. Avec l’invention révolutionnaire du « mobile »,


il a rendu visible l’équilibre constamment changeant entre pesanteur et apesanteur. Toute son oeuvre est consacrée à cette recherche. Elle fascine par la concomitance entre un équilibre factice qui fait systématiquement l’objet d’une nouvelle quête et est généralement atteint, et
sa visualisation sous des formes diverses.


À partir de 1979, Peter Fischli (né en 1952) et David Weiss (1946-2012) ont, dans leur création commune, donné au thème de l’équilibre précaire une forme iconique très différente. Avec la même ardeur inlassable et voluptueuse, ils ont élaboré – dans des films et des sculptures, par le langage, la photographie et la peinture – un irrésistible jeu sur l’équilibre, la clarté et la vue d’ensemble, dans lequel les impondérables et les pierres d’achoppement l’emportent toutefois souvent sur l’élégance et
l’assurance des grands gestes de l’art moderne – incarnés par le mobile.


Cette exposition, dont le commissaire est Theodora Vischer, Senior Curator à la Fondation Beyeler, est conçue en étroite collaboration avec la Calder Foundation de New York et l’artiste Peter Fischli.
Citations d’Alexander Calder
Que Ça bouge–à propos des sculptures mobiles
Les différents objets de l’univers peuvent être constants, quelquefois, mais leurs relations réciproques varient toujours.
Il y a des milieux qui paraissent rester fixes tandis que de petits évènements se produisent à grande vitesse à travers eux. Ils le paraissent seulement parce qu’on ne s’aperçoit que de la mobilité des petits évènements.


Nous remarquons le déplacement des automobiles et des êtres dans la rue, mais nous ne remarquons pas que la terre tourne. Nous croyons que les automobiles vont à une grande vitesse sur un sol fixe ;
pourtant la vitesse de rotation de la surface du globe, à l’équateur, est 40000 km par 24 heures.
Comme l’art vraiment sérieux doit être d’accord avec les grandes lois et non pas seulement avec les apparences, dans mes sculptures mobiles j’essaie de mettre en mouvement tous les éléments.


Il s’agit d’harmoniser ces déplacements, atteignant ainsi une possibilité neuve de beauté.
Alexander Calder, “Que ça bouge–à propos des sculptures mobiles,” 1932. Manuscrit, archives de la Calder Foundation


Fischli/Weiss: Jardin, 1997/2016
Un jardin temporaire comme projet artistique, à « 70% jardin paysan, 30% jardin ouvrier ». Pour leur deuxième contribution à Skulptur Projekte Münster, une grande exposition organisée tous les dix ans dans un espace public de Münster, Peter Fischli et David Weiss ont conçu en 1997 un travail artistique que de nombreux spectateurs n’ont pas su reconnaître comme tel, en raison même de la description
citée ci-dessus.
Ce jardin est formé de plusieurs plates-bandes et d’un compost. Il contient également un abri avec des sièges et une cabane à outils. Comme dans un jardin paysan ordinaire, on y a planté des fruits et des légumes, des herbes aromatiques et des fleurs de la région. La disposition et les plantations se sont faites dans le respect des principes écologiques, sans négliger pour autant des considérations esthétiques. On observe ainsi dans ce jardin un fragile équilibre entre la séduction et la production, entre l’utile et l’agréable, la croissance dirigée et le laisser-faire, l’ordre et le désordre,
l’artificiel et le naturel.

Le jardin paysan est généralement un lieu privé, dans lequel on peut ici pénétrer et dont on peut profiter. Ce microcosme temporaire ne révèle cependant pas immédiatement son rapport à l’art.
À l’occasion de l’exposition Alexander Calder & Fischli/Weiss, ce jardin a été reconstitué en 2016 moyennant certaines adaptations sur un terrain voisin, pour la durée d’un été. Les travaux ont commencé en février 2016 et ont duré jusqu’à la fin mai 2016, début de l’exposition.


Fondation Beyeler,
Beyeler Museum AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h.


Pendant la durée de l’Art Basel 2016, la Fondation Beyeler a inscrit à son programme plusieurs expositions d’art moderne et contemporain, ainsi que deux Artist Talks.
On peut ainsi voir l’exposition temporaire actuelle
«
 Alexander Calder & Fischli/Weiss »,
la première présentation du prêt de longue durée de l’Anthax Collection Marx,
le travail photographique en plusieurs parties de l’artiste américaine Roni Horn intitulé The Selected Gifts
ainsi que des œuvres de Christopher Wool provenant de la Daros Collection.
L’inauguration des « 24 Stops » de l’artiste Tobias Rehberger aura lieu le dimanche 12 juin 2016.
L’Artist Talk entre Douglas Gordon et Hans Ulrich Obrist ainsi qu’un Panel sur l’art et l’architecture avec l’artiste américain Mark Bradford en collaboration avec l’Albright-Knox Art Gallery de Buffalo complètent ce programme.
Fondation BeyelerUne autre bonne nouvelle : La Fondation Beyeler est passée de la 10e à la 7e place du classement du Social Media-Ranking des musées de langue allemande – grâce au développement constant au cours de ces dernières années de ses activités de réseaux sociaux par les canaux les plus divers et à la participation active de la communauté des amateurs d’art

 

Helena Almeida, Corpus au Jeu de Paume

Jusqu’au 22 mai au Jeu de Paume.
Née en 1934 à Lisbonne, où elle vit et travaille, Helena Almeida a achevé un cursus en peinture au département des Beaux-Arts de l’Université de Lisbonne en 1955, exposant régulièrement depuis la fin des années 1960. Dès ses débuts, elle explore et remet en question les formes d’expression traditionnelles, la peinture en particulier, suivant un désir constant d’enfreindre l’espace délimité par le plan pictural.

 Pintura habitada [Peinture habitée] 1976 Helena Almeida Photographie noir et blanc, acrylique, 40 x 30 cm.  Coll. Fernando d’Almeida

Pintura habitada [Peinture habitée]
1976
Helena Almeida
Photographie noir et blanc, acrylique, 40 x 30 cm.
Coll. Fernando d’Almeida
Peu connue en France, Helena Almeida est considérée comme l’une des plus grandes artistes contemporaines portugaises. Sa longue carrière lui a permis de s’imposer comme l’une des figures majeures de la performance et de l’art conceptuel dès les années 1970, notamment par des participations aux grandes manifestations internationales telles que les Biennales de Venise de 1982 et de 2005.
Helena AlmeidaL’exposition « Corpus » présente un ensemble d’œuvres – peinture, photographie, vidéo et dessin – réalisées par l’artiste des années 1960 à nos jours dans lesquelles le corps enregistre, occupe et définit l’espace. Elle a une dimension rétrospective, rassemblant les différentes phases du travail de l’artiste, depuis ses premières œuvres datant du milieu des années 1960 jusqu’à ses productions les plus récentes.
Helena Almeida
Après ses premières oeuvres tridimensionnelles, Helena Almeida trouve dans la photographie un moyen de combattre l’extériorité de la peinture et de faire coïncider sur un même support l’être et le faire : « comme si je ne cessais d’affirmer constamment : ma peinture est mon corps, mon œuvre est mon corps ». Au-delà des lectures poétiques et métaphoriques que ces œuvres peuvent inspirer, elles sont des tentatives d’atténuation des limites des médiums, telles celles de la photographie, de la performance et de la sculpture.
Helena AlmeidaCes corps deviennent simultanément forme sculpturale et espace, objet et sujet, signifiant et signifié. Le travail d’Helena Almeida est un condensé, un acte soigneusement scénographié et hautement poétique. Les représentations de ces événements montrent également le contexte dans lequel l’artiste s’inscrit. Lors d’interviews, elle réfute que ses images soient des autoportraits. C’est toujours son corps qu’elle représente, mais c’est un corps universel.
Helena AlmeidaVêtue de noir, Helena Almeida intègre dans ses photos des éléments de son atelier. Elle prend des positions qu’elle a minutieusement chorégraphiées afin de créer des compositions complexes, souvent organisées en série. En 1969, pour la première fois, Helena Almeida se fait photographier par son mari, l‘architecte Artur Rosa, dorénavant lié à son œuvre en tant qu’auteur du registre photographique sous-jacent à cette forme médiatisée d’auto-représentation, qui devient dès lors une caractéristique de son travail.
Helena AlmeidaContrairement à d’autres artistes contemporains qui ont recours à l’autoportrait et à l’auto-représentation pour mettre en scène des personnages grâce à des décors et des poses élaborées – comme, par exemple, Cindy Sherman –, ici, le point de départ est toujours le corps de l’artiste. À travers la photographie, Helena Almeida crée une forte relation entre la représentation (l’acte de peindre ou de dessiner) et la présentation (de son propre corps en tant que « support » de cet acte). « Le corps concret et physique de l’artiste sera constamment égaré, défiguré, occulté par la tâche qui tantôt le prolonge, tantôt le recouvre, qui entre ou sort (vers ou depuis) l’intérieur de ce corps. »
Helena Almeida Ecoute-moi 1979
Helena Almeida
Ecoute-moi 1979


Les œuvres présentées par Helena Almeida à la Biennale de Venise (en 2005 pour le Portugal) dans l’exposition « Intus », sont des exemples de ses travaux récents, caractérisés par la relation du corps de l’artiste à l’espace (et non plus désormais au dessin ou à la peinture) et par le recours à la photographie (récurrente dans les œuvres composées de séries) pour retracer une performance de l’artiste au sein de l’espace privé de son atelier.
 Sem titulo (Sans titre) 2010 Helena Almeida Photographie noir et blanc, 125 x 135 cm. © Fundação de Serralves – Museu de Arte Contemporânea, Porto. Courtesy Galerie Filomena Soares, Lisbonne

Sem titulo (Sans titre)
2010
Helena Almeida
Photographie noir et blanc, 125 x 135 cm.
© Fundação de Serralves – Museu de Arte Contemporânea, Porto. Courtesy Galerie Filomena Soares, Lisbonne

Pourtant, la même question ne cesse d’habiter l’ensemble du travail d’Helena Almeida : comment un corps et le mouvement d’un corps (toujours celui de l’artiste) parviennent-ils à faire œuvre d’art ? L’intransigeance avec laquelle Helena Almeida traite ce sujet fait de son œuvre, comme le dit Isabel Carlos, « l’une des plus radicalement cohérentes de l’art portugais de la seconde moitié du XXe siècle ».
Commissaires : João Ribas et Marta Moreira de Almeida, Fundação de Serralves – Museu de Arte Contemporânea, Porto.
Exposition organisée par Museu de Arte Contemporânea de Serralves, Porto, en collaboration avec le Jeu de Paume et WIELS, Centre d’art contemporain, Bruxelles.
Podcast la dispute sur France Culture

Le Chemin du Retour

Estelle Hanania – Fred Jourda – Gisèle Vienne
jusqu’au samedi 30 avril
en entrée libre à la Galerie de la Filature, Scène nationale – Mulhouse

Estelle Hanania, Fred Jourda, photo Emmanuelle Walter
Estelle Hanania, Fred Jourda, photo Emmanuelle Walter

Les univers d’Estelle Hanania et de Fred Jourda s’unissent dans une exposition sur le thème de la forêt.
Photographies saisies dans le décor sylvestre d’un spectacle de Gisèle Vienne d’un côté, images de sous-bois du Morvan fixées par la lumière de l’autre. Le seuil des forêts – à la fois réaliste et symbolique chez Estelle Hanania, naturaliste chez Fred Jourda qui représente une frontière que l’on ne franchit pas impunément, qui nous interroge sur ce qui nous anime, sur notre instinct primitif, sur l’ivresse que peuvent générer nos
énergies et notre rapport sensoriel au monde.
Estelle Hanania.JPGAu regard de ces deux séries, on retrouve le court métrage Brando, écrit et réalisé par Gisèle Vienne pour la chanson éponyme de Scott Walker + Sunn O))). On y croise les interprètes de The Pyre dans un chalet au coeur d’une forêt inquiétante qui nous plonge dans un délicieux cauchemar.
Estelle Hanania présente principalement une série d’images prises lors de différentes
répétitions et représentations du spectacle This is how you will disappear de Gisèle Vienne (présenté en 2014 à La Filature). Cette exposition est alimentée de photographies issues d’autres séries que l’artiste aime à réactiver et confronter au fil du temps.
Estelle Hanania
ESTELLE HANANIA

Diplômée de l’École des Beaux-arts de Paris en 2006, lauréate du prix photographie du Festival d’Hyères la même année, Estelle Hanania a d’abord fréquenté la chambre noire de l’École des Beaux-arts, où elle y réalisait ses tirages couleurs grands formats. S’en suivra une expérience de directrice artistique chez Ogilvy avant qu’elle ne se lance complètement dans la photographie. Elle associe rapidement à son travail personnel des commandes pour la presse, y imprimant un style aussi poétique qu’épuré. Ses images, tantôt baignées
d’une lumière chaude, tantôt enveloppées d’un voile bleu et hivernal, oscillent entre douceur et âpreté.
Estelle Hanania
Masques et déguisements sont des motifs récurrents de son iconographie, marionnettes ou hommes des champs, hésitant eux aussi entre figures affables et créatures inquiétantes. Estelle Hanania a publié cinq livres dont trois en collaboration étroite avec la maison d’édition Shelter Press. Le dernier en date, Happy Purim sorti en octobre 2015, sera suivi d’un prochain en 2017 qui retracera la collaboration au long cours
entre la photographe et la metteuse en scène Gisèle Vienne.
Estelle Hanania
FRED JOURDA
« Je suis né à Paris en 1963.
Aujourd’hui je suis tireur couleur.
Je passe le plus clair de mon temps dans l’obscurité de ma cabine.
Je voyage à travers le monde pour trouver d’autres lumières et d’autres horizons.
Je travaille sur le paysage depuis 1996.
J’y trouve une source d’émotion, de contentement, et d’infinie tranquillité intérieure que j’essaye d’exprimer au travers de la lumière, de la couleur et du cadrage.
J’utilise un appareil de type Instamatic, qui du fait du non-contrôle de l’exposition (ouverture et temps de pose), de la mise au point fixe et de la facilité d’emploi, me permet de photographier à tout moment et rapidement, sans autre geste que celui d’appuyer sur le déclencheur.
Fred Jourda
Les pictorialistes de la fin du 19e siècle et du début du 20e comme Edward Steichen, Alfred Stieglitz, Alvin Langdon Coburn, sans oublier les pictorialistes français dont Robert Demachy, m’ont particulièrement influencé dans ma démarche. Mais c’est sans conteste le photographe Bernard Plossu qui est à l’origine de mes débuts.
Ma première exposition intitulée Minimalist s’est tenue au Cap en Afrique du Sud en février 1998, et la deuxième Dépaysage à Paris à la Galerie 213 lors du 1er trimestre 2000. J’ai aussi exposé à la Galerie Chab
Fred Jourda
Touré à Bamako au Mali pendant les 4es rencontres de la Photographie Africaine en octobre 2001. Du 15 au 30 septembre 2002, j’ai participé au 6e Festival International de Photographie d’Alep en Syrie. J’ai également exposé du 20 septembre au 19 octobre 2003 à la Galerie Segeren à Breda aux Pays-Bas dans le cadre du Festival Breda Photo 2003. Puis du 5 février au 27 mars 2004, Land & Urban Scapes, à la Galerie Acte 2, à Paris.
Parallèlement aux photographies de paysages et leurs instantanéités, j’ai travaillé sur la durée en réalisant des portraits de personnes endormies, sans lumière, que j’ai exposées à la Galerie Madé du 2 décembre 2004 au 7 janvier 2005, sous le titre Sombre.
Ces photos de visages et de « paysages intérieurs » ont été réalisées de nuit, sans lumière principale, avec uniquement la réverbération de la lumière de la rue dans la pièce où repose la personne. Personnes endormies, assoupies, en tout cas détendues. Ce qui m’intéresse, outre le fait de faire des photos de nuit, c’est de voir apparaître petit à petit leurs visages au repos, relâchés, voire tranquilles. L’abandon presque
total de la personne dans le sommeil.
Jourda Fred
Puis après plusieurs expositions collectives, j’ai participé aux 150 ans de l’Hôtel Scribe de Paris en montrant une série de paysages sous le titre Dense, du 10 décembre 2010 au 16 janvier 2011. Et dernièrement, en avril 2011, j’ai été invité au Festival Itinéraires des Photographes Voyageurs à Bordeaux, à montrer des paysages
tirés de mon premier livre, Dépaysage, publié fin 2010 aux Éditions Filigranes. »
Gisèle Vienne
GISÈLE VIENNE
Née en 1976, Gisèle Vienne est une artiste, chorégraphe et metteuse en scène franco-autrichienne.
Après des études de philosophie et de musique, elle se forme à l’École Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette où elle rencontre Étienne Bideau-Rey avec qui elle crée ses premières pièces. Elle travaille depuis régulièrement avec, entre autres collaborateurs, les écrivains Dennis Cooper et Catherine Robbe-Grillet, les
musiciens Peter Rehberg et Stephen O’Malley, l’éclairagiste Patrick Riou et le comédien Jonathan Capdevielle.
Créée en 1999, sa compagnie compte aujourd’hui 14 pièces à son répertoire, dont 10 qui tournent régulièrement en Europe et dans le monde.
Depuis 2005, Gisèle Vienne expose régulièrement ses photographies et installations. Elle a publié le livre/CD Jerk / Through Their Tears en collaboration avec Dennis Cooper, Peter Rehberg et Jonathan Capdevielle aux Éditions DISVOIR en 2011. Le livre 40 Portraits 2003-2008, en collaboration avec Dennis Cooper et Pierre
Dourthe, sort aux Éditions P.O.L en 2012.
oeuvre présentée à La Filature
Brando (création 2014 – durée 9’28)
un court métrage écrit et réalisé par Gisèle Vienne pour la
chanson éponyme de Scott Walker + Sunn O)))
à visionner sur  ici
On y croise la mère et le fils de The Pyre dans un chalet au
coeur des montagnes. Grâce à la voix du crooner Scott Walker
et aux sonorités « drone » inquiétantes du groupe de Stephen
O’Malley, on est plongés dans un délicieux cauchemar. Un
océan de mystères entoure ces êtres, bientôt rejoints par
l’écrivaine dominatrice Catherine Robbe-Grillet.
Un clip complètement hypnotique
« Club Sandwich » :
jeudi 24 mars de 12h30 à 13h40
visite guidée le temps de la pause déjeuner avec pique-nique tiré du sac
gratuit sur inscription :
T 03 89 36 28 34 ou heloise.erhard@lafilature.org
LA GALERIE DE LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE
20 allée Nathan Katz – 68090 Mulhouse cedex
T +33 (0)3 89 36 28 28 – www.lafilature.org
en entrée libre du mardi au samedi de 11h à 18h30,
les dimanches de 14h à 18h et les soirs de spectacles
La Filature est membre de Versant Est, Réseau art contemporain Alsace.
 

Sommaire de janvier 2016

Robert Cahen, Retable du XXIe s, Tombe 2016
Robert Cahen, Retable du XXIe s, Tombe 2016

02 janvier 2016 : Le Musée Unterlinden
08 janvier 2016 : Cours Publics 2016
09 janvier 2016 : Prédelles pour Aujourd’hui
11 janvier 2016  : Tristan Tzara, l’homme approximatif
14 janvier 2016 : Yusuf Sevinçli « Dérive »
17 janvier 2016 : Nuit des Musées bâlois 2016
18 janvier 2016 : Les Muses de Didier Paquignon à la Fondation Fernet Branca
20 janvier 2016 : Fragonard amoureux. Galant et libertin
24 janvier 2016 : Marc Chagall : Le Triomphe de la musique
29 janvier 2016 : « Warhol Unlimited »

Yusuf Sevinçli "Dérive"

Yusuf Sevinçli expose du jeudi 14 janvier au dimanche 28 février 2016
en entrée libre à La Filature, Scène nationale – Mulhouse

Le festival les Vagamondes a démarré avec le vernissage de l’exposition
« Dérive » de Yusuf Sevinçli, dans la galerie.
Feuilletez ici le programme du Festival les Vagamondes du 13 janvier au 23 janvier 2016

Sans titre, série POST II (015), 2013
Sans titre, série POST II (015), 2013

Le noir et blanc contrasté du jeune photographe turc Yusuf Sevinçli
oscille entre geste artistique et approche documentaire.
Gert Petrus Fieret et Miroslac Tichy, sont des références pour lui parmi
« Ils sont trop nombreux, tout au long de l’histoire de la photographie, pour les énumérer tous. August Sander, pour l’approche particulière de ses sujets, Eugène Atget pour son incroyable atmosphère. Robert Frank est très important pour moi, et continue de m’inspirer. Il y a aussi nombre de photographes japonais des années 70,
comme Moriyama et Kitajima. William Klein et Nan Goldin figurent parmi mes photographes favoris, et Anders Petersen aussi, qui a une grande influence sur mes
débuts. D’un point de vue plus contemporain, je trouve les travaux

de Rinko Kawauchi et Antoine D’Agata extrêmement intéressants.
Yusuf Sevinçli
Né en 1980 à Zonguldak en Turquie, Yusuf Sevinçli vit et travaille à Istanbul.
Il est représenté par la Galerie Les filles du calvaire à Paris et Elipsis Gallery à Istanbul.
Yusuf Sevincli, Good Dog
Diplômé de la section Communication de l’Université Marmara d’Istanbul en 2003, Yusuf Sevinçli intègre l’année suivante une Masterclass consacrée à la photographie documentaire en Suède, avant de suivre la Reflexions Masterclass de Venise. Il construit alors son travail personnel à travers plusieurs séries, dont Good Dog, qui ont fait l’objet de nombreuses expositions individuelles et collectives en Turquie et à travers le monde (Mois de la Photo de Moscou, PhotoBiennale de Thessalonique, Festival de photographie Fotografia Europa Reggio Emilia en Italie, Fotografie Noorderlicht aux Pays-Bas, FotoFreo en Australie…). Yusuf Sevinçli présente également ses oeuvres en France, notamment au festival Circulation(s) à Paris en 2012, au Festival Voies Off à Arles en 2013 et au festival Portrait(s) de Vichy en 2015.
 
Yusuf Sevincli, selfportrait
Yusuf Sevincli, selfportrait

 
Depuis 2008, son travail fait souvent l’objet de publications dans des ouvrages collectifs consacrés à la photographie (Image Makers, Image Takers: The Essential Guide to Photography chez Thames&Hudson) ainsi que dans différents magazines internationaux.
« J’ai démarré vers l’âge de 20 ans, pendant mes années universitaires. J’étais étudiant en journalisme et mon premier contact avec la photographie s’est fait lors des cours d’histoire du photojournalisme. Plus que par sa pratique, j’ai donc tout d’abord été attiré par l’histoire de la photographie et par ses figures iconiques, par le sens de ses messages et par l’effort de compréhension de la puissance de l’image. Je reste aujourd’hui persuadé qu’au-delà du style de chacun, un photographe ou un artiste usant de la photographie se doit de connaître l’histoire de cette dernière, afin de pouvoir appréhender à leur juste valeur les capacités du médium. »
Yusuf Sevinçli

Il nous livre les vestiges d’une culture encore vivace dans un pays en pleine mutation, comme par exemple l’image d’une des dernières maisons stambouliotes, bâtie en bois, livrée au feu, ou celle d’oiseaux s’envolant du fond d’une ruelle pentue et ruisselante. Ou bien encore, il capte cette vision hallucinatoire d’un réparateur qui ne descendra probablement plus de son lampadaire tant il semble y être accroché pour toujours. La nostalgie est au coin de l’énième impasse du quartier Beyoglù où Sevinçli se promène à longueur de jour et de nuit, mais la vivacité photographique de ses captations rappelle leur contemporanéité.
Yusuf Sevincli1
À l’occasion, il nous parle d’amour, s’arrête sur le charme d’un corps en livrant au regard un morceau de peau d’où affleure une sensuelle fragrance. Quelques visages enfantins frappent par leur innocence illuminée, rappelant l’imagerie des frères Lumière ou de Chaplin. Des bambins masqués jouent dans les ruelles et les terrains vagues, tandis que des petites filles surgissent dans des images, telles des merveilles, anges éternels, emblèmes du désir d’enfance. Leurs minois, au regard malin, fixent avec candeur le spectateur, comme ceux de ces jeunes filles que l’on dirait siamoises tant leurs
frimousses se serrent l’une contre l’autre.
Yusuf Sevincli
Yusuf Sevinçli sait aussi saisir les errants et autres noctambules qui colorent Istanbul de mixité et de fantaisie, à la croisée des cultures. Il tire de leurs corps des volumes et des aplats contrastés, tel ce dos d’homme où s’étale un liquide blanchâtre qui rappelle un
« dripping » abstrait. Il capte souvent un détail, un fragment, comme les jolies jambes au collant percé d’une punkette, des chardons plantés dans un vase, l’ampoule pendant d’un plafond écaillé (…) pour lui accorder un autre destin visuel. Les formes surgissent de l’ombre, traversant des rais de lumière et les rayures subies par le négatif, pour créer des prismes et des illuminations. Les images sont généralement structurées par l’éclairage mais peuvent contenir une géométrie de par leur sujet : pans d’immeubles abstraits, ossature de barnum laissé à l’abandon sur une plage lunaire, architectures au futurisme vieillot issues des vestiges d’un palais de la découverte décati.

Yusuf Sevinçli, 5
Il n’y a pas nécessairement de message dans l’oeuvre de Yusuf Sevinçli, ou alors, il est allusif, comme s’il désirait s’abstraire des remous politiques, pour se soucier de ce qu’il reste de l’humanité, à la manière d’un Sergio Larrain dont les images éclairent le futur douloureux du Chili de leur pureté éblouissante4. Ce photographe est en effet un fabricant de rêves en image. Dans les derniers travaux, son errance visuelle s’est élargie à l’Europe où il voyage. De Naples à Paris en passant par Marseille5, il poursuit sa quête d’un monde silencieux où seul le bruissement fugace de la vie le maintient en éveil.

SÉRIES EXPOSÉES À LA FILATURE
« MARSEILLE » : 15 tirages en noir et blanc et en argentique
aux formats 50 x 75 cm et 30 x 45 cm
Suite à une résidence en 2013 au Percolateur, plateforme pour la création photographique en Méditerranée, Yusuf Sevinçli a livré sa vision de Marseille dessinant le portrait d’une ville multiculturelle.
Les photos réalisées ont été publiées sous forme de livre en 2014 aux Éditions Le Bec en L’Air.

Yusuf Sevincli, série Marseille 2013
« GOOD DOG » : 17 tirages en noir et blanc et en argentique
aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm
Yusuf Sevinçli développe un concept picaresque, une approche photographique faite d’instabilité et d’errance. Il se contente de photographier son environnement, ses angoisses et ses questionnements au quotidien, et voit en la photographie le moyen de rester connecté aux choses et aux êtres, une réponse – sa réponse – à l’environnement qui l’entoure et aux mouvements qui l’habitent, une réflexion à la fois profonde et naïve. Sa série Good Dog a donné lieu à un ouvrage publié en 2012 aux Éditions Filigranes.
Yusuf Sevinçli2
« L’aspect émotionnel des photographies de Good Dog est physiquement instable.
Yusuf Sevinçli ne s’attarde pas. Il marche, il explore, il observe et il repart. Il prélève presque compulsivement des morceaux de réalité qui sont toujours différents, mais qui peuvent finalement trouver des similitudes et devenir une série d’images. C’est un concept picaresque de la photographie, presque sans-abri, errant, qui rejette la stabilité et la sérénité d’un foyer, même visuel, et qui rendent vivant. Les sujets deviennent des pièces qui s’assemblent et révèlent la matière qu’est la représentation de la réalité à travers l’oeil de l’artiste. L’émotion s’éloigne des sentiers battus et réinvestit la rue, nous montrant sa vraie nature. »

Christine Ollier, 2012
Yusuf Sevinçli
« VICHY, 2015 » : 11 tirages en noir et blanc et en argentique
aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm
En résidence à Vichy pendant un mois, Yusuf Sevinçli a arpenté la ville et posé un regard plein d’humanité sur ses habitants, leur rapport à la ville, à l’autre, au monde. Son travail a fait l’objet d’un focus lors du festival Portrait(s) 2015, ainsi que de la publication de Walking aux Éditions Filigranes.
« À quoi tient l’âme d’une ville ? À la rectitude des trottoirs étroits, lissés par le temps ? Aux taches de rousseur d’enfants saisis par les frimas ? Aux noctambules qui errent sous la fusion des lampadaires ? Une ville livre ses secrets à ceux qui l’arpentent sans fin, poussent la porte des bars, déjeunent sur le coin d’un comptoir et dînent au coin d’un autre, croisent les gavroches le matin sur le chemin de l’école et les retraités l’après-midi, qui siestent sur les bancs. En acceptant de conduire au printemps dernier une résidence à Vichy, Yusuf Sevinçli a endossé la figure du photographe marcheur, du flâneur indocile qui guette les offrandes du jour et les blêmissements du couchant : ici un croupier à la pâleur lunaire, là un chien mouillé convoquant les derniers fantômes de la nuit. Bien malin qui serait capable de reconnaître dans les images funambulesques de ce jeune
Yusuf Sevinçli, 6photographe turc les coquetteries de Vichy la française, Vichy la bourgeoise, arc-boutée sur ses façades art nouveau, ses villas néoclassiques et les splendeurs de l’Allier. La ville thermale, qui vit naître l’écrivain voyageur Albert Londres, devient une terre de rencontres et d’aventures, une projection mentale, un poème visuel né des chimères d’un artiste stambouliote qui pratique les déplacements dans tous les sens du terme, physiques et psychiques. Vichy, grâce à lui, s’éveille d’un drôle de rêve où passent des guirlandes de lumières et des gamins aux poings serrés. […]Sous la griffe du regard nomade de Yusuf Sevinçli, Vichy est dessaisie de son histoire et de sa géographie, elle flotte dans un espace-temps qui est celui du rêve éveillé, elle chaloupe et chavire, traversée de fulgurances, filochée de brouillard, sertie de noirs charbon et de blancs incandescents qui la rendent à la fois plus ardente, plus nerveuse et plus insaisissable. »
Natacha Wolinski, Walking, Éditions Filigranes / festival Portrait(s) 2015
« POST I » : 17 tirages en noir et blanc et en argentique
aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm
« POST II » : 8 tirages en noir et blanc et en argentique
aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm
« PARIS » : 4 tirages en noir et blanc et en argentique

 2 Michel Poivert, La Photographie contemporaine, Paris, Flammarion, 2002.
3 Christian Caujolle accorda une place importante à leurs images dans les colonnes de Libération dont il fut le directeur photo pendant des années, il collabora par la suite avec nombre d’entre eux dans la cadre de l’agence et de la galerie VU’.
4 Cf. expositions Sergio Larrain, commissariat Agnès Sire, église Sainte-Anne, RIP d’Arles et Fondation Henri Cartier-Bresson Paris, 2013.
5 Yusuf Sevinçli a été invité en résidence par l’association Le percolateur, exposition à l’Atelier de Visu, Marseille, octobre 2013.

Sommaire décembre 2015

31 décembre 2015 :

08 décembre 2015 : Andreas Gursky au Museum Frieder Burda
10 décembre 2015 : Régionale 16 en 2015
11 décembre 2015 : LES VAGAMONDES
14 décembre 2015 : Valérie Favre, « La première nuit du monde »
21 décembre 2015 : À la recherche de 0,10 – La dernière exposition futuriste de tableaux
23 décembre 2015 : Elisabeth Louise Vigée Le Brun
25 décembre 2015 : Joyeux Noël 2015

LES VAGAMONDES

A vos agendas
LES VAGAMONDES
: festival d’arts & de sciences humaines
4e édition dédiée aux cultures du Sud
Fellag / Blitz Theatre Group / Rocío Molina / Dhafer Youssef / Emma Dante
Héla Fattoumi & Éric Lamoureux / Lina Majdalanie & Rabih Mroué
Amir Reza Koohestani / Zad Moultaka / Cie Massala / Yusuf Sevinçli
_festivallesvagamondes
Un focus sur la création méditerranéenne du 13 au 23 janvier où se succéderont des propositions de théâtre, danse, musique, humour, mais aussi des événements en entrée libre : rencontres avec les artistes, conférences, expositions… Pour cette 4e édition, La Filature s’associe à de nombreux partenaires et propose des rendez-vous
« sciences humaines » dans tout Mulhouse !
Une mer qui relie autant qu’elle sépare. Car la coexistence ne va
jamais de soi. Il faut la vouloir, il faut la construire, l’interroger, en
permanence. C’est bien là que réside la raison d’être de ce festival
qui, à travers les arts et les sciences humaines, nous ouvre vers la
connaissance et la reconnaissance de l’Autre dans sa diversité. Par
les arts, mais aussi la géographie, l’histoire, la géopolitique ou
encore la gastronomie et le vin, nous aborderons beaucoup des
questions de société qui animent notre actualité. Nous entendrons
parler de logique des frontières, de migration des peuples et de
mondialisation. Nous verrons également que nombreux sont les
spectacles qui questionnent – parfois avec beaucoup d’audace – la
place de la femme dans le périmètre méditerranéen.
Les vagamondes
Pour cette 4e édition, l’équipe de La Filature s’est entourée d’une multitude d’acteurs locaux à l’initiative de l’association « Les Cafés Géographiques ».
Nous oeuvrerons ainsi à ce que ce festival soit une véritable
rencontre de l’Autre. Une fête mêlant allègrement arts visuels, théâtre, cinéma, conférences, débats, danse et performances avec comme ligne de mire cette mer qui nous est donnée en partage.
mercredi 13 janv. 19h en entrée libre
INAUGURATION DU FESTIVAL + VERNISSAGE DE L’EXPOSITION DE YUSUF SEVINÇLI
mais aussi de l’installation végétale de Sophie Larger & Stéphanie Buttier dans le hall de La Filature
RESTAURATION
Du mercredi 13 au mercredi 20 janvier, l’association Épices proposera une restauration les soirs de spectacles.
Vendredi 22 et samedi 23 janvier, l’association Franco-Amazigh concoctera des spécialités berbères :
restauration, salon de thé et pâtisseries à savourer en musique ; et samedi 23, le couscous traditionnel du Nouvel An berbère.
Programme complet à consulter