FÜSSLI,
ENTRE RÊVE ET FANTASTIQUE

Le cauchemar, 1810 collection particulière

Jusqu’au 23 janvier 2023 au Musée Jacquemart Andre

 

Commissaires :
Christopher Baker, Directeur des départements d’art européen et écossais et des portraits aux National Galleries d’Écosse
Andreas Beyer, titulaire de la chaire d’Histoire de l’art des débuts de la
période moderne à l’Université de Bâle.
Pierre Curie, Conservateur général du patrimoine.
Scénographie
Hubert le Gall, designer français, créateur et sculpteur d’art contemporain.

Jubilation. C’est indéniablement la sensation qui envahit le visiteur au sortir de l’exposition « Füssli, entre rêve et fantastique »
Le Musée Jacquemart-André présente, à l’automne 2022, l’oeuvre du peintre britannique d’origine suisse, Johann Heinrich Füssli (1741-1825). À travers une soixantaine d’oeuvres issues de collections publiques et privées.
Le parcours illustre les thèmes les plus emblématiques de l’oeuvre de Füssli, artiste de l’imaginaire et du sublime. Des sujets shakespeariens aux représentations du rêve, du cauchemar et des apparitions, en passant par les illustrations mythologiques et bibliques, Füssli développe une nouvelle esthétique qui oscille entre rêve et fantastique.

PARCOURS DE L’EXPOSITION

INTRODUCTION

Peintre de l’étrange, Johann Heinrich Füssli, d’origine suisse mais londonien d’adoption, laisse derrière lui une oeuvre saisissante conjuguant le sublime, le mystère et le fantastique.
Initialement destiné à être pasteur, Füssli rêve pourtant d’une carrière littéraire ou artistique. Encouragé par Joshua Reynolds, président de la Royal Academy, il décide rapidement de s’orienter vers le dessin et la peinture. Füssli puise son inspiration dans des sources littéraires variées, qu’il interprète avec sa propre imagination. Personnalité complexe et fascinante, il se forme en autodidacte et développe une esthétique très atypique pour l’époque.
Bien qu’il ait été élu académicien, puis professeur de peinture de la Royal Academy, Füssli s’éloigne des règles académiques et introduit dans son oeuvre un imaginaire onirique très personnel.

Peuplée de créatures hybrides, de personnages terrifiants et mystérieux, sa peinture, qui marque une rupture entre le classicisme et le romantisme, est aussi spectaculaire qu’inquiétante.
Füssli crée des tableaux en clair-obscur avec un goût prononcé pour le drame. Amateur de théâtre, il s’inspire des jeux d’acteur et des mises en scène de l’époque, et réussit à donner à son oeuvre une dimension dramatique et une intensité émotionnelle inégalées.

Portrait de Füssli par James Northcote

Les portraits de lui peints par ses contemporains font apparaître une personnalité contrastée et énergique. Son Autoportrait, au regard profond et pénétrant, révèle aussi bien le génie créateur que l’inventivité du personnage. Artiste érudit et éclectique, il cherche aussi à intégrer à sa peinture l’idée du sublime, tel que développé par le philosophe Edmund Burke
(1729-1797), pour qui terreur et horreur peuvent être aussi sources de délices. Tantôt décriée, tantôt admirée, l’oeuvre de Füssli dit aussi bien sa folie que son génie et exercera une influence décisive sur toute une génération d’artistes.

FASCINATION ET APPROPRIATION DES TRAGÉDIES SHAKESPEARIENNES

Füssli s’intéresse dès son plus jeune âge à la dramaturgie anglaise, et en particulier à certains auteurs comme Shakespeare et Marlowe. Dès son arrivée à Londres en 1764, il fréquente assidûment les théâtres, non seulement pour perfectionner sa diction anglaise, mais aussi par intérêt pour l’expression des passions. Les nouveaux effets de la scène théâtrale britannique de l’époque l’inspirent, tant par les jeux de lumière, les costumes que par les mises en scène elles-mêmes. À cette époque, Shakespeare, dont les oeuvres ne sont pas censurées par le Licensing Act de 1737, est très régulièrement joué sur la scène londonienne. Füssli, qui sera considéré comme l’interprète de Shakespeare en peinture, emprunte au dramaturge la puissance expressive de ses textes pour construire des images à la forte Romeo et Juliette 1809 CP
singularité et en faire un genre théâtral en soi.

MACBETH

Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Macbeth devient l’une des pièces de Shakespeare les plus populaires et les plus représentées en Angleterre. Füssli, qui s’était familiarisé très tôt avec les textes du dramaturge, avait même entrepris une traduction de Macbeth en allemand
lorsqu’il vivait encore en Suisse, mais celle-ci ne fut cependant jamais publiée. Cette pièce illustre la fulgurante ascension d’un régicide : après que trois sorcières prédisent à Macbeth qu’il deviendra roi d’Écosse, celui-ci, encouragé par son épouse Lady Macbeth, élabore un plan diabolique pour s’emparer du trône. Leur sentiment de culpabilité et
Füssli
les 3 sorcières
la paranoïa plongeront alors les deux protagonistes dans la folie.
Füssli s’intéresse à différentes scènes de la pièce. Travaillant de manière sérielle, il exécute plusieurs représentations de ses thèmes, comme pour Lady Macbeth saisissant les poignards, dont il réalise différentes compositions à quelques décennies d’intervalle.

RÊVES, VISIONS ET APPARITIONS

Les domaines de la superstition, du rêve et du surnaturel exercent un profond attrait sur Füssli. À une époque où les Hommes cherchent à expliquer toute expérience et tout phénomène, le monde du sommeil et des rêves fascine par son insondable complexité. L’exploration de l’inconscient par Füssli a suscité l’engouement des surréalistes au début du XXe siècle pour son oeuvre.
Le rêve chez Füssli provoque l’apparition d’êtres surnaturels et féériques, comme dans Le rêve de la reine Catherine, où il est synonyme de bonheur et de béatitude. Les fairies, bientôt à la mode, plaisent au public de Füssli qui a été l’un des premiers à les évoquer. On retrouve ici l’inspiration des récits shakespeariens avec notamment la présence des fées
dans Le songe d’une nuit d’été. Dans Le songe du berger, l’oeuvre la plus importante de la Milton Gallery, Füssli dépeint une
ronde de personnages surnaturels.

INFORMATIONS PRATIQUES

Podcast de France Culture


ADRESSE
Musée Jacquemart-André, Propriété de l’Institut de France
158, boulevard Haussmann – 75008 Paris
Téléphone : + 33 (0) 1 45 62 11 59
www.musee-jacquemart-andre.com
ACCÈS
Le musée se situe à 400m de la place Charles de Gaulle-Étoile.
Métro : lignes 9 et 13 (Saint-Augustin, Miromesnil ou Saint-Philippe du Roule).
RER : RER A (Charles de Gaulle-Étoile).
Bus : 22, 43, 52, 54, 28, 80, 83, 84, 93.
Parc de stationnement : Haussmann-Berri, au pied du musée, ouvert 24h/24.
HORAIRES
Ouvert tous les jours de 10h à 18h.
Nocturnes les lundis jusqu’à 20h30 en période d’exposition.

Sommaire de septembre 2022

Paris vue depuis le centre Pompidou

29 septembre 2022 : Miroir Du Monde, Chefs-D’oeuvre Du Cabinet D’art De Dresde
27 septembre 2022 : Venise Révélée
13 septembre 2022 : Territories Of Waste – Le Retour Du Rejeté
11 septembre 2022 :  ANAÏS BOUDOT – Reliques Des Jours
08 septembre 2022 : Boldini Les Plaisirs Et Les Jours

Miroir du Monde, chefs-d’oeuvre du Cabinet d’art de Dresde

Bustes d’une Asiatique et d’un Asiatique
manufacture de porcelaine de Meissen, modèle de Johann Joachim Kaendler, 1732, façonnage vers 1921-1922
porcelaine, non peinte Porzellansammlung, SKD

Au Musée du Luxembourg du
14 septembre 2022 – 15 janvier 2023
exposition organisée par la Réunion des musées
nationaux – Grand Palais en collaboration avec les
Staatliche Kunstsammlungen Dresden

commissariat : Claudia Brink, conseiller scientifique aux Staatliche Kunstsammlungen Dresden
scénographie : Atelier Maciej Fiszer

 

                          Voûte verte, intérieur de la salle des préciosités
                                  © Grünes Gewölbe / David Brandt

Un plaisir infini pour les yeux

Les 15 musées des Collections nationales d’art de Dresde retracent plus de 450 ans d’histoire. Le Cabinet d’art et de curiosités des princes électeurs de Saxe, aujourd’hui mondialement connu, constitue le point de départ
des collections. Depuis sa création au milieu du XVIe siècle, les souverains cherchaient à rassembler des oeuvres d’art (artificialia) mais aussi des livres et des appareils scientifiques (scientifica), des produits rares de la nature
(naturalia) et des objets qui ne provenaient pas d’Europe. Les Cabinets d’art et de curiosités poursuivaient l’idée de rassembler le monde en miniature et c’est pourquoi les ethnografica, en particulier, jouissaient d’une grande popularité.

Le Cabinet d’art de Dresde fut l’un des premiers d’Europe à ouvrir ses portes au grand public. Étudiants, artistes et chercheurs mais aussi simples artisans, commerçants et familles visitèrent la « Kunstkammer » pour y étudier les objets exposés, les admirer et s’en inspirer. Considéré comme un lieu de savoir, cette fonction lui valut le nom de « cabinet des curiosités ». 
    

                             Enfant Jésus sur socle Sri Lanka, début du XVIIe siècle
                              grenat, cristal de roche, or, serti de pierre h. 10,3 cm
© Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden / Carlo Böttger

Cette exposition présente des oeuvres exceptionnelles du XVIe au XVIIIesiècles provenant de la Voute Verte (Grünen Gewolbe), du Musée de la Porcelaine (Porzellansammlung) du Musée d’Armes (Rüstkammer), du Salon de Mathématiques (Mathematisch-Physikalischer Salon) de la Galerie des Maîtres-Anciens (Gemäldegalerie Alte Meister) et du Musée
d’ethnologie GRASSI de Leipzig (Museum für Völkerkunde Leipzig) : des oeuvres qui reflètent parfaitement les multiples facettes mondiales et les procédures d’échange culturel.
L’exposition du Musée du Luxembourg invite les visiteurs à réfléchir à la fascination pour le rare et l’inconnu qu’exerçaient
les collections de Dresde, mais aussi aux conditions géopolitiques et économiques sur lesquelles les acquisitions se
basaient, aux visions du monde qu’elles véhiculaient et aux buts politiques qu’elles servaient.

                                 Karoline Schneider (*1986)
                                 15 boomerangs 2-16 (postcolonial) mimétisme
                                 2018 céramique cuite émaillée

L’exposition présente également des travaux d’artistes contemporains pour établir un lien avec notre époque. Elle s’empare de l’idée originelle du cabinet d’art : la quête de réponses aux questions contemporaines relatives à la compréhension du monde.
Les sept sections s’appuient sur l’histoire des collections de Dresde. L’attention du visiteur se porte sur la qualité artistique et la provenance des oeuvres ainsi que sur les visions du monde que ces oeuvres incarnent. Certains groupes
d’objets comme la porcelaine confèrent des aperçus du commerce transnational et des différentes formes d’échange interculturel. Les pièces exposées sont complétées par des dispositifs multimédias qui servent la réflexion critique et la
contextualisation.

Peggy Buth (*1967)
[Sans titre] (Riding Zebras, Upper-Luapula, early 20th century [« À cheval sur des zèbres, Haute-Luapula »,
début du XXe siècle])
2006
goudron, gomme-laque, bois

1-étudier le monde, images du ciel et de la terre

L’échange transculturel a été favorisé par les recherches et les conquêtes pendant l’époque moderne. Des mesures précises et des recensements cartographiques ont permis d’explorer le monde par voie fluviale et voie terrestre. Des cartes et des globes documentent la connaissance croissante des différentes régions du monde. Les instruments scientifiques astucieusement conçus font partie de l’inventaire du cabinet d’art, que le prince électeur utilisait lui-même pour ses activités de recherches.

2 -la vogue des cabinets de curiosités, une quête de la rareté

La « Kunstkammer » fut construite de différentes manières. De nombreux matériaux naturels furent acquis lors des expéditions avant d’être revendus dans des foires commerciales européennes. D’autres vinrent parer les collections des cours alliées en qualité de cadeaux diplomatiques ou furent ramenés par des voyageurs. La valeur particulière de ces objets tient avant tout à leur provenance lointaine. Plus ils étaient rares en Europe, plus ils avaient une valeur marchande importante. C’est le cas de certaines oeuvres en ivoire d’Afrique, les noix des Seychelles des Maldives, les nautiles du Pacifique, la porcelaine de Chine, la nacre d’Inde, ainsi que les ethnografica d’Amérique du Sud et d’Afrique. On attribuait souvent des pouvoirs magiques aux ressources naturelles non européennes.

3-l’ivoire, un matériau d’intérêt mondial

Une sélection d’oeuvres tournées et sculptées en ivoire d’Afrique occidentale, d’Inde et de l’Empire ottoman montre que le traitement artistique de l’ivoire était une pratique courante dans de nombreuses contrées du monde. Compte
tenu des scènes représentées, certains objets montrent qu’ils ont été spécialement conçus pour le commerce avec l’Europe. D’autres ont été faits par des artistes de la cour de Saxe et le prince électeur lui-même s’est révélé être un
artiste.

4-Naturalia, l’art et la nature

Une collection de précieux travaux d’orfèvrerie travaillés avec virtuosité montre comment les artistes ont pu être inspirés par les ressources naturelles comme le corail, la nacre ou les coquilles de nautile. De cette manière naquirent
de petits trésors d’art des plus originaux qui furent vraiment considérés comme objets de collection dans les cours d’Europe.

5-visions du monde, formation de stéréotypes

Les artistes prirent fréquemment part aux voyages de découverte et de conquête, par exemple en Amérique du Sud, en Afrique ou aux Indes. Leurs esquisses, dessins et comptes-rendus constituèrent les prémisses de la reproduction imagée des lointaines régions du monde. D’une part, les représentations artistiques étaient motivées par un intérêt scientifique, renforcé par l’étude de la nature. D’autre part, elles ouvraient la voie à la culture des stéréotypes que les hommes d’autres cultures traitaient souvent avec dédain.

6-la porcelaine, symbole des échanges entre l’Orient et l’Occident

Il n’existe pratiquement aucune technique mieux adaptée que la porcelaine pour analyser la complexité des relations commerciales mondiales, à savoir un des premiers produits à avoir été commercialisé à l’échelle mondiale. Le prince
électeur de Saxe et le roi de Pologne, Auguste le Fort, était un grand amateur d’
« or blanc » et rassembla à Dresde la plus grande collection européenne de porcelaine asiatique. En créant la manufacture de Meissen en 1710, il se
montra en même temps le précurseur de la concurrence artistique du modèle asiatique.

7-l’art de l’Empire ottoman, mode et fêtes de cour

L’art ottoman constitua un autre centre d’intérêt en matière de collections à la cour de Dresde. Grâce aux dons ciblés et aux achats, Auguste le Fort réussit à recueillir des tentes, des armes, des brides et autres équipements, qui
encouragèrent également la production d’art locale. Lors des fêtes et défilés, Auguste le Fort, qui aimait se prendre pour un sultan, utilisait sa collection pour impressionner à des fins de représentation politique.

programmation culturelle

conférence de présentation
le jeudi 22 septembre à 18h30
avec Stéphanie Bernardin, historienne de l’art

collectionner l’ailleurs. Penser/classer les objets des outre-mer en Europe (XVIe-XXe siècle)
jeudi 13 octobre à 18h30
avec Christian Grataloup, professeur émérite à l’Université Paris Diderot

Trésors des quatre parties du monde : le collectionnisme et la colonisation des Indes
jeudi 17 novembre à 18h30
avec Samir Boumediene, chargé de recherches au CNRS

Dresde, histoire et architecture de la « Florence de l’Elbe »
jeudi 15 décembre à 18h30
avec Philippe Poindront, historien de l’art

événements et soirées
cabinet de curiosités musicales
les lundis 17 octobre, 14 novembre, 12 décembre et 9 janvier de 19h à 21h30

40 Miroir du Monde, chefs-d’oeuvre du Cabinet d’art de Dresde
soirée carnet de dessin
le mardi 15 novembre de 19h à 21h

Balthasar Permoser (sculpture), Johann Melchior Dinglinger (monture), Wilhelm Krüger (placage
en écaille), Martin Schnell (vernis)
Statuette au plateau d’émeraudes

Nuit Blanche
le samedi 1er octobre, 19h30 à minuit, dernière entrée 23h30
Au cours de la visite, nous embarquons le temps d’un court et intense voyage théâtral, poétique et musical à
travers les siècles, à la découverte de quelques-uns des objets les plus étonnants du Cabinet de curiosités
de Dresde.
par le duo CIE 44 composé de Lény Guissart et Nicolas Mathieu
entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles

informations pratiques
adresse
Musée du Luxembourg
19 rue Vaugirard
75006 Paris
téléphone
01 40 13 62 00
ouverture
tous les jours de 10h30 à 19h
nocturne tous les lundis jusqu’à 22h
fermeture anticipée à 18h les 24 et 31 décembre

Venise révélée

Tryptique de projections monumentales :
Les arcades de la Place Saint-Marc © Iconem – GPI

 

Grand Palais Immersif s’installe à l’Opéra Bastille

Jusqu’au 19 février 2023
Grand Palais Immersif
110 rue de Lyon
75012 Paris

Le Grand Palais Immersif prend place pour quelques années dans la géographie insoupçonnée des espaces bruts délaissés depuis plus de trente ans de ce qui devait être la Salle Modulable de l’Opéra Bastille de Paris.
Géographie spectaculaire de béton, aux dimensions grandioses et brutalistes, absente du regard des publics depuis 1989.
Plus de 1500 m² sur plusieurs niveaux, enchainant depuis le hall sur 3 niveaux rue de Lyon un immense volume vide de plus de 26m de hauteur, une prolifération de galeries et de circuits distribuant différentes autre
salles et en particulier un espace de forme triangulaire libérant 12 m de hauteur sous la lumière naturelle de sa verrière zénithale.
Cette architecture étrange et polymorphe, est en soit un spectacle, une apparition.

Cette exposition est coproduite par Grand Palais Immersif (filiale
de la Rmn – Grand Palais), et Iconem

en collaboration avec la Fondazione Musei Civici di
Venezia.

Sous le patronage de l’Ambassade d’Italie

Grand Palais Immersif est un nouveau lieu dédié à la programmation d’expositions immersives qui s’ouvre en septembre à Paris.
La construction même de la ville sur les millions de pieux enfoncés dans la lagune a fait de Venise une scène de théâtre sur laquelle des générations de vénitiens ont édifié le plus somptueux des décors. Derrière ces décors, la ville abrite les vies trépidantes et les drames vécus par ses habitants. Une ville apparemment inchangée depuis le temps de sa splendeur, et qui pourtant, grâce à d’imperceptibles changements, a su s’adapter aux évolutions des modes de vie et lutter contre les menaces permanentes de la mer. Loin d’être seulement une ville-musée, Venise est surtout une ville du futur à la pointe des enjeux contemporains.
L’immersion incomparable engendrée par les images totalement inédites de l’exposition numérique « Venise révélée » nous permettra de faire sentir et comprendre comme jamais la richesse et la complexité de cette
ville hors norme.
Gabriella Belli, directrice honoraire, Fondazione Musei Civici di Venezia,
commissaire générale de l’exposition

Dévoiler Venise pour mieux la conserver

L’invention de Venise tient du miracle : c’est ce que l’exposition Venise révélée veut faire découvrir et ressentir. Miracle d’ingénierie, d’architecture et miracle artistique, cette ville incomparable construite sur la boue instable d’une lagune, lutte depuis plusieurs siècles contre la mer, menace impitoyable qui fut aussi la
source de son immense richesse. Le marcheur émerveillé devine les innombrables secrets et les trésors qui échappent à son regard lorsqu’il déambule dans la ville. Traverser les murs, découvrir ce qui est caché : c’est
le rêve de tous les passionnés de Venise, et c’est ce que l’exposition Venise révélée rend possible.
L’exposition Venise révélée offre aux visiteurs une exploration inédite de l’envers du décor, au coeur d’une ville qui porte en elle tous les rêves de beauté et de splendeur. Elle dévoile au public les fondations de cette
cité-État posée sur les eaux de la lagune, les ressorts d’une immense puissance commerciale organisée autour du Grand Canal et de ses somptueux palais, ainsi que l’organisation sociale et politique originale d’une République qui s’est maintenue pendant mille ans. 
Grace à des images proposant des points de vue totalement inédits, l’exposition permet également de découvrir comme jamais les lieux emblématiques que sont la place Saint-Marc, sa Basilique, et le Palais des Doges. Elle offre une plongée en giga pixel dans les détails de chefs-d’oeuvre des plus grands peintres vénitiens.

Vue aérienne en transparence du nuage de points de la place Saint-Marc
© Iconem – GPI

L’exposition

L’éclairage scientifique des conservateurs de la Fondazione Musei Civici di Venezia (MUVE), partenaires exceptionnels de l’exposition, permet au public de percer les mystères entourant la cité des Doges – une nouvelle perception d’une ville mythique, souvent connue uniquement pour sa dimension touristique, et qui, bien que confrontée à des menaces mortelles, continue de rayonner sur le monde.
L’exposition s’articule autour de quatre chapitres, conjuguant chronologie historique et déambulation au travers des sites majeurs de la ville :

LA LAGUNE

Naissance de Venise dans les méandres d’une lagune
On assiste dans la première section à la naissance d’une ville unique, posée comme une scène de théâtre sur une forêt de pilotis enfoncés dans une lagune parsemée de 124 îles. Grâce à son biotope si particulier et à une ingénierie sans pareille dévoilés par les images inédites de l’exposition, la ville se développe face à la Terra Ferma, jusqu’à rayonner dans tout le bassin méditerranéen.

LE GRAND CANAL

L’âge d’or, Venise puissance commerciale et navale
Radiographie d’un développement unique au monde : une architecture singulière et une

Vue aérienne du nuage de points du Grand Canal
© Iconem – GPI
organisation originale au service d’une puissance commerciale, qui se dévoile au public invité à une déambulation tout au long du Grand Canal et à l’exploration des richesses de ses plus beaux palais en 3D.

LA PLACE SAINT MARC ET LE PALAIS DES DOGES, LIEUX D’INCARNATION DU POUVOIR

Venise, une domination politique, économique et religieuse
Sur la Place Saint-Marc, l’exposition explore les symboles de tous les                                                          Élévation et coupe du palais des Doges
                                                               © Iconem – GPI
pouvoirs de la République, en particulier le Palais des Doges, ses origines, son histoire, ses secrets et ses trésors comme la fameuse salle du Grand Conseil, la plus grande salle du monde, ornée des chefs-d’oeuvre du Tintoret et de Véronèse.

VENISE, UNE VILLE QUI SE TRANSFORME, UNE VILLE TOUJOURS EN DEVENIR

Demain, une nouvelle renaissance ?
Après l’âge d’or Venise se réinvente sans cesse. Elle s’inscrit dans la modernité, se réinvente comme un centre d’activité artistique mondial unique, avec la Biennale et les multiples institutions consacrées à l’art contemporain, et prend à bras le corps les questions environnementales grâce au projet MOSE, ce
monumental système de vannes soulevées pour la première fois en 2020, mais aussi aux nombreuses solutions inventées par les ingénieurs pour préserver la ville pour les siècles à venir. La visite se termine par une rêverie à travers une Venise imaginaire, comme une Atlantide immergée sous les eaux qui renaît de cet Venise Atlantide, toujours plus belle, pour plusieurs siècles de rayonnement.

les développements interactifs

Tout au long de l’exposition, plusieurs expériences invitent le visiteur à s’emparer par lui-même des richesses et des secrets de la ville, sur des écrans interactifs.
Cherchez le lion Saint-Marc (mezzanine) :
Huit statues du Lion de Saint-Marc sont disséminées dans la ville sous forme de points d’intérêt. Le visiteur peut choisir de les afficher pour en découvrir toute la force et la beauté. Parmi eux, il doit retrouver le Lion de Saint-Marc prêté par le musée Correr, installé dans l’exposition ; une invitation ludique pour une interaction phygitale.

Lion de St Marc
bois sculpté et peint de la chaire de la Basilique Saint-Marcattribué à Bianco AlviseXVIe siècleMusée Correr

Le Lion de Saint-Marc est le symbole de l’histoire millénaire de la République de Venise. Avec ses pattes fermement plantées entre la mer et la terre, il incarne le pouvoir politique et économique exercé par Venise sur l’État de la mer et l’État de la terre. Omniprésent et très apprécié, il est le symbole de Saint Marc l’Évangéliste, le saint patron de la ville.

Bucintoro
Maquette moderne en bois précieux, incrustation de nacre, décors à la feuille d’or, velours ancien.
Studio d’Arte Ivan Ceschin, Venise

Le Bucintoro était le navire vénitien le plus somptueux et le plus admiré, pas un navire de guerre mais un navire de parade, utilisé lors de la fête de l’Ascension. Ce jour-là, le doge, accompagné de ses conseillers et sénateurs, quittait le quai du palais des Doges pour rejoindre la crique du Lido, où le lancement dans la mer un anneau, consacrant ainsi le mariage de Venise avec la mer.

Le tintoret


Veronese

Tiepolo

Informations

la réalisation des images de l’exposition
par Iconem
https://youtu.be/CQr7HI2aAMs

la musique : David Chalmin
https://davidchalmin.com/

la scénographie : agence Clémence Farrell

Programmation culturelle
jeudi 20 octobre
Venise et l’opéra : une grande histoire musicale
mercredi 23 novembre
Venise, la musique, l’espace et le son
mercredi 25 janvier
Quel avenir pour Venise ?

NUIT BLANCHE
samedi 1er octobre: ouverture gratuite de l’exposition de 20h à minuit

horaires d’ouverture :
lundi de 12h à 20h; mercredi au dimanche de 10h à 20h; nocturne le vendredi jusqu’à 22h
fermeture hebdomadaire le mardi
accès :
métro Bastille

Informations et réservations :
https://grandpalais-immersif.seetickets.com/content/billetterie/

                                                                       Goldoni

Boldini
Les plaisirs et les jours

Au Petit Palais de Paris jusqu’au 24 juillet 2022
Commissariat :
Servane Dargnies-de Vitry,
conservatrice des peintures du XIXe siècle au Petit Palais
Barbara Guidi,
directrice des musées de la ville de Bassano del Grappa

Parcours de l’exposition

Prologue

Reconnu comme l’un des grands portraitistes de son temps, Giovanni Boldini
capture la vitalité et l’effervescence de toute une époque, avec une extraordinaire virtuosité technique. Qu’il représente la Toscane des années 1860, le Paris de la Troisième République ou le milieu mondain et frivole de la Belle Époque, il est le peintre d’une période foisonnante. À l’instar de Marcel Proust en littérature, il se mêle à la société qu’il peint et livre ainsi un ample témoignage sur ses personnages, ses goûts, ses moeurs et ses plaisirs.Mais Boldini fut victime de son succès. Trop exubérant pour les uns, trop
mondain pour l’avant-garde, trop facile ou trop chic pour les autres : on lui a
reproché de répéter la même formule et d’en tirer des avantages personnels et
économiques, loin de l’image d’Épinal de l’artiste bohème. En réalité, Boldini ne se conforme à aucune règle.
Innovateur infatigable, il a su se montrer sensible aux maîtres du passé tout en restituant la frénésie de la modernité, grâce à son coup de pinceau virevoltant. Par ce choix d’un art individuel et indépendant, il a conservé tout au long de sa carrière une originalité absolue.

Grâce à l’engagement exceptionnel du Museo Boldini de Ferrare, le Petit Palais
présente l’artiste italien sous toutes ses facettes, de ses débuts à Florence à sa
longue carrière parisienne, de ses tableaux de genre à ses portraits mondains,
en passant par toute une production plus intime, jalousement gardée dans son
atelier de son vivant. L’exposition rend hommage au peintre des élégances,
mais invite aussi à découvrir un artiste plus secret.

Section 1 – Boldini avant Boldini (1864-1871)

En 1864, Boldini s’installe à Florence, qui est alors le centre de la vie culturelle et artistique en Italie. Deux peintres, Michele Gordigiani et Cristiano Banti, le prennent rapidement sous leur aile, l’introduisant dans les cercles artistiques et auprès d’une société mondaine qui lui procure des commandes. Pendant un temps, Boldini fréquente aussi les Macchiaioli, groupe d’initiateurs de la peinture moderne italienne. Il réalise plusieurs portraits des membres de ce groupe. Sa manière innovante de traiter les arrière-plans, en représentant les
murs de son atelier plutôt que de faire ressortir ses figures sur des fonds neutres, frappe ses contemporains. Boldini commence à être remarqué par la critique. Une richissime anglaise, Isabella Robinson Falconer, convaincue de son talent exceptionnel, le présente aux grandes familles italiennes et étrangères qui vivent à Florence ou qui résident l’hiver sur la Côte d’Azur. Cette familiarité avec la bourgeoisie et l’aristocratie lui vaut un succès toujours grandissant et davantage de commandes.

Section 2 – Les débuts parisiens de Boldini (1871-1880)

Le 23 octobre 1871, Boldini arrive à Paris pour un bref séjour. La capitale
française vient tout juste de retrouver l’apaisement après la guerre francoprussienne et la Commune. Alors qu’il a prévu de retourner à Londres où
il s’est installé depuis le mois de mai, le peintre se laisse happer par la
promesse d’une vie parisienne palpitante et d’une grande carrière artistique.
Ainsi commence l’aventure française de Boldini, qui durera près de soixante
ans.
Par stratégie commerciale, il se rapproche notamment du marchand Adolphe
Goupil et met de côté sa vocation de portraitiste pour se consacrer « à l’art
à la mode », à la manière d’Ernest Meissonier et de Mariano Fortuny. Ce
style se caractérise par des peintures de genre de petites dimensions, avec
des personnages en costume du XVIIIe siècle, aptes à séduire la nouvelle
bourgeoisie entrepreneuriale. La jeune compagne et muse de Boldini,
Berthe, avec son visage doux et son innocence mêlée de sensualité, devient
la protagoniste de dizaines de scènes. Dans ses paysages, Boldini se
montre particulièrement attiré par les lieux que fréquente la haute société,
tels qu’Étretat, qui allait bientôt devenir une ville balnéaire à la mode. Si
l’exécution en plein air lui permet de capturer des impressions visuelles
fugitives, il retravaille néanmoins longuement ses peintures en atelier pour
parvenir à la composition idéale.
Le succès ne se fait pas attendre : Boldini est très vite reconnu en tant que paysagiste et peintre de genre, en France comme à l’étranger. Ses tableaux nourrissent, dans l’imaginaire collectif, l’image d’une société française
pacifiée, heureuse et harmonieuse, loin des souvenirs de la Commune.

Sommaire du mois de mai 2022

La Couleur en fugue

Sam Gilliam – Katharina Grosse – Steven Parrino – Megan Rooney – Niele Toroni

Fondation Louis Vuitton jusqu’au 29 AOÛT 2022

Commissaire générale
Suzanne Pagé, Directrice artistique de la Fondation Louis Vuitton, Paris
Commissaires
Ludovic Delalande, Nathalie Ogé et Claire Staebler avec Claudia Buizza

Architecte scénographe
Jean-François Bodin et associés

« L’exposition « La couleur en fugue » s’est donnée pour objet de rendre sensible aux visiteurs l’« expansion de la couleur dans l’espace ». Je ne peux donc former qu’un vœu : qu’une telle initiative, bénéficiant du dialogue fécond entre une artiste et un architecte visionnaire, réalise ce que Frank Gehry a maintes fois affirmé : ce bâtiment, qu’il a inventé pour accueillir des œuvres de plusieurs époques de l’art moderne comme de l’art contemporain est aussi une création vivante à la rencontre du public le plus large et le plus divers. »

Extrait La Fondation au prisme de la couleur
(texte tiré du Journal #13)
 
Bernard Arnault
Président de LVMH / Moët Hennessy – Louis Vuitton Président de la Fondation Louis Vuitton

Si la couleur échappe,

« Si la couleur échappe,
on n’échappe pas à la couleur« 

Suzanne Pagé
Directrice artistique de la Fondation Louis Vuitton

Depuis son ouverture, la couleur est l’invitée permanente de la Fondation Louis Vuitton.

En témoignent d’emblée les expositions et commandes de l’inauguration. Tandis qu’Olafur Eliasson, jouant de réflexions et diffractions, a conçu, dans le Grotto, son chemin de lumière sur la rémanence d’un halo de couleur jaune, Ellsworth Kelly a créé, pour l’Auditorium, une installation permanente où cinq panneaux monochromes – jaune, rouge, bleu, vert et violet – s’égrènent telles des notes de musique dans l’espace, le rideau de scène y ajoutant un accord arc- en-ciel. Primordial déjà, le dialogue de la couleur avec l’architecture.

« La Couleur en fugue », programmée ici aujourd’hui s’inscrit dans cette même ligne illustrée par l’exposition « Les Clefs d’une passion » en 2015. La couleur y triomphait au fil des quatre axes sensibles fondateurs de la Collection.

Avec ces artistes, Sam Gilliam, Steven Parrino, Niele Toroni, Katharina Grosse, Megan Rooney, la couleur s’affranchit de toutes les frontières et réaffirme un rôle premier. À un moment où triomphe, portée par de fortes et talentueuses personnalités, une peinture figurative électivement consacrée au portrait, cette exposition – sans doute trop contrainte au regard de l’ampleur du phénomène – pointe la coexistence d’une puissante forme d’expression « abstraite » avec un ensemble d’œuvres forçant les limites du lieu et du qualificatif, s’agissant d’œuvres où partout s’infiltre le réel.

Si la dénomination « La Couleur en fugue » induit d’abord la métaphore musicale et avec elle l’idée de rythme, de danse, de mouvement, la fugue renvoie aussi à un état juvénile ivre de liberté où tout est possible et à une fraîcheur libre d’attaches et de dépendances. Le monde est à découvrir, un monde est à réinventer. La couleur y aura son rôle, au plus près. C’est à ce carrefour sensible que se situent les cinq peintres retenus ici.

Galerie 8 – Megan Rooney

Artiste pluridisciplinaire, Megan Rooney associe dans une même oeuvre peinture, sculpture, performance et écriture. L’acte de peindre est pour elle un engagement physique et mental intense qui culmine dans ses peintures monumentales, comme ici avec With Sun, peinture murale inédite et éphémère réalisée spécifiquement pour la Galerie 8, reliant dans un même élan les parois sur toute leur hauteur.

Munie de différents outils et aidée d’une nacelle élévatrice, Megan Rooney s’est engagée dans une performance de longue haleine qui s’est déroulée sur plusieurs semaines. Comme toujours chez l’artiste, l’oeuvre se construit dans un dialogue étroit avec l’architecture, sans esquisse préparatoire. Au fil des jours, les couches de peinture s’accumulent, avant d’être révélées par endroits à l’aide de disques abrasifs, laissant apparaître des configurations abstraites où l’on croit deviner les indices d’éléments anthropomorphes. Rooney explore ici la densité d’une palette solaire, riche et colorée, dominée par des teintes et des variations chatoyantes d’orangé, de mauve, de jaune, de vert, de rose, jusqu’à des tonalités pastel. Inspirée par les spécificités de cet espace ouvert sur le ciel, l’artiste a créé une peinture en connexion avec la nature environnante – dans laquelle elle puise continuellement – en écho avec les modulations lumineuses d’un soleil printanier et ses vibrations qui envahissent l’espace.

Galerie 9 – Sam Gilliam – Steven Parrino

Sam Gilliam est une figure majeure de la peinture américaine d’après-guerre. Son oeuvre est associée à la Washington Color School, un courant du Color Field painting qui se développe à New York au cours des années 1950 à partir de l’expressionnisme abstrait.

En 1968, il inaugure les Drape paintings à travers lesquels il définit un langage pictural nouveau, en explorant le potentiel de la surface et l’étendue du champ coloré. Les trois oeuvres monumentales exposées ici sont emblématiques de cette série qui marque à la fois l’abandon total du châssis et l’avènement d’une peinture dont la forme se déploie à chaque fois en fonction des particularités architecturales du lieu d’exposition. Dans l’atelier, Gilliam travaille sur une toile posée à même le sol sur laquelle il verse des pigments acryliques largement dilués avant de tamponner, frotter ou presser la matière à l’aide de pinceaux et de chiffons. Dans le flot des couleurs qui se répandent largement sur les deux faces de l’étoffe, le long des plis, dans les creux et dans les courbes, apparaissent des formes aléatoires – aplats, lignes, coulures, gouttes, traces et autres empreintes – qui se construisent sur le vif. Lorsque la toile est imbibée l’artiste la manipule, la plie, la froisse, l’enroule avant de la laisser sécher. Parfois il ajoute de la poudre d’aluminium et applique par touches, ici et là, de la peinture acrylique dont les effets de matière et de texture contrastent avec la surface plane imprégnée de couleurs. Dans un second temps, la toile est nouée en plusieurs points avant d’être suspendue librement dans l’espace, entre sol, mur et plafond. Dans cette présentation inédite, la puissance lyrique et vibrante des couleurs requalifie l’architecture de Frank Gehry, dans une tension entre ordre et désordre.

Bousculant les frontières entre peinture et sculpture, Steven Parrino libère la toile de sa planéité et fait sortir la couleur du cadre, la laissant déborder dans l’espace. Les oeuvres présentées appartiennent à la série des misshaped canvases (toiles déformées) que l’artiste développe à partir de 1981.

Steven Parrino définit à l’avance le processus de réalisation des oeuvres : une fois décidés le support et ses dimensions, il peint la surface de façon uniforme – à l’acrylique, à la bombe, à la peinture émail ou la laque. Puis il opère toute une série d’actions violentes : il décadre, arrache, tord et froisse le support peint, puis le refixe sur son châssis, souvent après l’avoir retouché. Ces opérations font passer les surfaces bi-dimensionnelles de la peinture à la tri-dimensionalité du relief et de la sculpture. De plus, l’importante implication physique de l’artiste dans le processus confère aux oeuvres un caractère performatif.

Au mur, quatre tondi et un carré percé dont les toiles ont été peintes soigneusement par Parrino avant d’être manipulées pour créer des effets de vortex en relief.

Au sol, deux installations de toiles froissées entourées d’adhésif. Ces toiles deviennent sculptures. Au carrefour de la high et de la low culture, Parrino privilégie ici les couleurs brillantes, également choisies pour leur portée symbolique

Galerie 11 – Niele Toroni

Artiste connu pour ses pratiques hors champ et nomades, réalisant ses empreintes à l’intérieur comme à l’air libre, Niele Toroni requalifie les espaces qu’il investit en adaptant ses oeuvres au lieu d’exposition. Depuis 1966, il réalise des empreintes monochromes au moyen de pinceaux plats, larges de 5 cm, qu’il applique sur une surface donnée à intervalles réguliers de 30 centimètres. Bien que ce « travail-peinture » soit le résultat d’un geste répété à l’identique, chaque empreinte est différente et varie en fonction de la quantité de peinture, de la vigueur du geste, du type de support, de sa forme, et de la couleur choisie.

Toroni est présent ici par un ensemble d’oeuvres réalisées entre 1967 et 1997 qui témoigne de la diversité des supports utilisés. La toile cirée, utilisée par l’artiste à ses débuts, lui permet de déployer ses empreintes en fonction de la dimension du mur. Découpée selon les besoins, c’est le lieu qui détermine la quantité de peinture visible.

Avec Flambo, marque de présentoir des magasins de décoration, Toroni pose ses empreintes de différentes couleurs sur les panneaux mobiles qui composent cet objet, tandis que l’Hommage aux hirondelles est placé en hauteur dans un angle, tel un nid d’oiseau. Les tondi aux « rouges » de Bordeaux proviennent des empreintes réalisées par l’artiste sur des barriques de vin. Les quatre peintures formant un ensemble accueillent chacune des empreintes de couleur différente : rouge, jaune, bleu, noir. La couleur rythme chaque toile de cette partition picturale.

Galerie 10 – Katharina Grosse

Depuis la fin des années 1990, Katharina Grosse explore les potentialités de la peinture au-delà des limites du cadre et de la toile. Embrassant sols, murs, plafonds, objets ou paysages entiers, elle crée des sites picturaux multidimensionnels grâce à la technique de projection de la couleur par pistolet-pulvérisateur qui est devenue sa signature. La couleur est au coeur de son travail et fait le lien entre toutes ses oeuvres. La question de l’échelle, ou encore de la fusion peinture / architecture / sculpture est omniprésente, comme ici dans le projet conçu en dialogue étroit avec le bâtiment de Frank Gehry.

Au départ de Splinter, l’artiste crée un élément hétérogène dynamique, composé de formes triangulaires, à partir duquel la couleur se propulse dans un grand élan. Composé d’une vingtaine de triangles en contreplaqué emboîtés sur une structure autoportante, ce dispositif occupe une partie du mur de droite de la Galerie 10 et fonctionne comme un « déclencheur » visuel reliant sol et plafond. Une fois la structure installée dans l’espace, la seconde étape consiste à la peindre, ainsi que tout ce qui l’environne. Grâce à un pochoir, Katharina Grosse crée un vide au centre, comme si la lumière, en s’engouffrant par le skylight était venue « brûler » la peinture. Selon les mots de l’artiste « une peinture peut atterrir n’importe où, et s’attarder partout (…). La peinture n’est pas reliée à un endroit donné. Elle met à l’épreuve – et condense spectaculairement – les caractéristiques du réel. »

Informations pratiques

Réservations

Sur le site : www.fondationlouisvuitton.fr

Horaires d’ouverture

Lundi : 11h – 20h Mardi : fermeture Mercredi : 11h – 20h Jeudi : 11h – 20h

Vendredi : 11h 21h (sauf les premiers vendredis du mois, fermeture à 23h) Samedi et dimanche : 10h – 20h

Accès

Adresse : 8, avenue du Mahatma Gandhi, Bois de Boulogne, 75116 Paris.

Métro : ligne 1, station Les Sablons, sortie Fondation Louis Vuitton.

Navette de la Fondation : départ toutes les 20 minutes de la place Charles-de-Gaulle – Etoile, en haut de l’avenue de Friedland.(Service réservé aux personnes munies d’un billet Fondation et d’un titre de transport – billet aller-retour de 2€ en vente sur www.fondationlouisvuitton.fr ou à bord)

Wang Keping  à l’œuvre au musée Rodin

Le musée Rodin invite Wang Keping à investir le jardin de sculptures pour en faire son atelier pendant tout le mois de mai (du mardi 3 mai au dimanche 5 juin 2022).

Proche de la nature comme Rodin le fut, l’artiste peut travailler en direct sous les yeux du public sur quatre sculptures monumentales en cours d’élaboration, dans le vaste espace du sous-bois. Wang Keping travaille, en taille directe, des troncs d’arbres entiers dont il sait faire surgir des formes sensuelles, pleines d’émotion et de poésie.
Cette invitation, une première pour le musée Rodin, est une occasion unique
pour le public de découvrir l’artiste au travail et de voir l’oeuvre en cours de création.

Biographie

Né en 1949 près de Pékin dans une famille de lettrés, Wang Keping a connu les
bouleversements de la révolution culturelle. Ouvrier, soldat, comédien, écrivain, il devient sculpteur comme il aime à le raconter, après avoir vu des oeuvres de Rodin. Autodidacte, et sans formation académique, il dit avoir inventé sa technique si particulière. Profondément chinois d’influence et de culture, il ne pratique pourtant pas ce qu’il appelle un « art chinois».
En 1979, il participe en Chine à la création du groupe d’artistes dissidents des
« Etoiles » et affronte alors la censure politique et les privations de liberté, avant de s’exiler en France en 1984.

Son oeuvre

Le bois, matériau privilégié de l’artiste, est au coeur de son oeuvre. Wang Keping parcourt les paysages et les scieries à la recherche de troncs d’essences différentes. Une fois écorcé, le bloc suggère les formes que prendra la sculpture. A l’aide de sa tronçonneuse puis d’outils de plus en plus fins, l’artiste fait parler le bois. Il le ponce et le reponce, jusqu’à ce que la forme juste se dégage et révèle l’âme que la matière impose : des formes féminines arrondies,
douces, sensuelles, lisses comme de la peau.

A propos des femmes de Rodin, Wang Keping dit :
« Des corps nus de femme sculptés par Rodin se dégagent une lumière brillante d’amour… et en même temps, un vibrant appel à la liberté. […] La célébration des femmes dans l’oeuvre de Rodin a laissé une empreinte profonde dans mon parcours créatif, guidant ma tête et mes mains, passant de la conception à la réalisation, de 1978 jusqu’à aujourd’hui, des images imprimées à Pékin jusqu’au musée Rodin à Paris »

                                                            Maternité
Quatre sculptures en cours d’achèvement
sont installées dans l’atelier à ciel ouvert du jardin. Une sculpture achevée L’Amour des Forêts (chêne vert), H 172 x 150 x 122 cm est également présentée dans le hall de l’hôtel Biron pendant tout le mois de mai.
L’artiste est présent dans son atelier à ciel ouvert, les mardis, jeudis, samedis et dimanches après-midi, sous réserve des conditions météorologiques.
Tous les détails sur musee-rodin.fr.

Renseignements

MUSÉE RODIN
77, RUE DE VARENNE 75 007 PARIS
T. +33 (0)1 44 18 61 10
M° VARENNE
OUVERT DU MARDI AU DIMANCHE
DE 10 H À 18 H

BILLETTERIE ET PROGRAMME
MUSEE-RODIN.FR

EN PARTENARIAT AVEC LA
GALERIE NATHALIE OBADIA
PARIS/BRUXELLES

La Collection Morozov. Icônes de l’art moderne 

La Fondation Louis Vuitton annonce une fréquentation record de 1 250 000 visiteurs pour l’exposition LA COLLECTION MOROZOV. ICÔNES DE L’ART MODERNE, du 22 septembre 2021 au 3 avril 2022. Malgré l’impact évident de la situation sanitaire sur la fréquentation, le public s’est déplacé en très grand nombre pour découvrir et admirer, pour la première fois hors de Russie, les 200 chefs-d’œuvre de l’une des plus importantes collections d’art impressionniste et moderne au monde, avec environ 84 % des visiteurs venus de la France entière pour cet événement dont l’écho a été mondial.

                                              Ivan Abramovitch Morozov

Initialement prévue jusqu’au 22 février 2022, l’exposition, en raison de son immense succès populaire, avait été prolongée jusqu’au 3 avril, soit une durée totale de plus de 6 mois.

Après l’exposition de LA COLLECTION CHTCHOUKINE en 2016, l’exposition de la Collection Morozov constituait le second volet du thème ICÔNES DE L’ART MODERNE, organisé par la Fondation Louis Vuitton en partenariat avec le Musée d’État de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg), le Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine (Moscou) et la Galerie nationale Trétiakov (Moscou).

Les deux expositions du thème ICÔNES DE L’ART MODERNE, sous le commissariat d’Anne Baldassari, ont été dédiées à deux des plus grands collectionneurs – mécènes pionniers de l’art moderne, et auront donc rassemblé
2 550 000 visiteurs au total.

                                               Portrait de Jeanne Samary
Autre performance remarquable, le catalogue et l’album « La Collection Morozov » publiés par la Fondation Louis Vuitton et édités par la Maison Gallimard ont été vendus à 120 000 exemplaires (60 000 + 60 000).

A propos de l’exposition

Déployée dans l’ensemble des salles du bâtiment de Frank Gehry, l’exposition LA COLLECTION MOROZOV rassemblait un ensemble de chefs-d’œuvre emblématiques de la modernité artistique naissante de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle, issus de la collection des frères Mikhaïl et Ivan Morozov. Dans une muséographie originale, les visiteurs ont pu admirer les œuvres des plus grands artistes français et russes tels que : Manet, Rodin, Monet, Pissarro, Lautrec, Renoir, Sisley, Cézanne, Gauguin, Van Gogh, Bonnard, Denis, Maillol, Matisse, Marquet, Vlaminck, Derain et Picasso aux côtés de Répine, Vroubel, Korovine, Golovine, Sérov, Larionov, Gontcharova, Malévitch, Machkov, Kontchalovski, Outkine, Sarian ou Konenkov.

Point d’orgue du parcours, le « Salon de musique » de l’hôtel particulier moscovite d’Ivan Morozov, constitué d’un ensemble décoratif monumental composé de 7 panneaux commandés par Ivan Morozov en 1907 à Maurice Denis sur le thème de l’Histoire de Psyché (1908-1909), et de 4 sculptures créées par Aristide Maillol, était présenté pour la première et seule fois hors du musée de l’Ermitage.

Le catalogue de l’exposition, coédité par la Fondation Louis Vuitton et les Éditions Gallimard, a permis de réunir des textes et documents inédits témoignant de la singulière histoire de la famille Morozov et d’établir le catalogue général des fonds d’œuvres français de leurs collections.

Retour des oeuvres

Deux tableaux de la collection Morozov, dont celui d’un oligarque russe et un autre appartenant à un musée ukrainien, exposés à la Fondation Vuitton à Paris jusqu’à début avril, vont « rester en France », a annoncé samedi à l’AFP le ministère de la Culture. Le premier tableau « restera en France tant que son propriétaire, un oligarque russe, demeurera visé par une mesure de gel d’avoirs », a indiqué le ministère, sans donner le nom du propriétaire. Le second, un portrait de Margarita Morozova du peintre Serov, appartient au Musée des Beaux-Arts de Dnipropetrovsk en Ukraine et restera « jusqu’à ce que la situation du pays permette son retour en sécurité », à « la demande des autorités ukrainiennes ».

La situation particulière d’une troisième œuvre « détenue par une fondation privée, liée à un autre oligarque qui vient d’être ajouté sur la liste des personnalités visées par des mesures de gel, fait l’objet d’un examen par les services de l’État », a ajouté le ministère. L’oligarque russe visé par le gel de son tableau (un autoportrait de Piotr Kontchalovski) est Petr Aven, proche de Vladimir Poutine, qui figure sur la liste des personnalités russes faisant l’objet de sanctions occidentales, a-t-on précisé de source proche du dossier.

Ce qui est inattendu dans  ce genre d’exposition, contrairement aux musées suisses et allemands, le public visite avec manteaux, sacs à dos, smartphones.
On n’a pas l’impression que c’est contingenté, malgré la crise sanitaire, aussi,
le plaisir et la chance  de voir toutes ces toiles sont un tantinet gâché par le trop plein de public.

Signé Whistler

La Frick Collection, ouverte au public en 1935 dans la « mansion » new-yorkaise du magnat de l’industrie et grand collectionneur Henry Clay Frick (1849-1919), est l’un des plus importants musées d’art européen des États-Unis. À la faveur de la fermeture de l’institution pour travaux et de la présentation temporaire des collections au « Frick Madison » entre 2021 et 2023, un important ensemble d’œuvres du peintre américain James Abbott McNeill Whistler (1834-1903) quitte New York pour la première fois depuis plus d’un siècle pour être présenté au musée d’Orsay jusqu’au 8 mai 2022.

Cette présentation exceptionnelle rassemble 22 œuvres dont 4 peintures, 3 pastels et 12 eaux-fortes de la Frick Collection ainsi que 3 peintures des collections du musée d’Orsay.

Entré de son vivant dans les collections du musée du Luxembourg, peintre américain exigeant d’être retenu dans la section française, ce grand artiste dont le Musée d’Orsay conserve l’un des chefs-d’œuvre, le portrait de sa mère, a tenté de définir une beauté qu’on appelle le « whistlerisme« .
Un artiste, cité par Baudelaire, ami très intime de Mallarmé, de Huysmans et pour un temps d’Oscar Wilde deviendra l’incarnation d’un des personnages majeurs de Marcel Proust, le peintre Elstir.
                      Whistler Portrait of Mrs. Frances Leyland,

Pour les uns, il fut un imposteur qui jetait un pot de peinture à la tête du public, pour d’autres, un artiste déterminant qui proposait une esthétique radicalement nouvelle.

Ses portraits ou ses paysages ont des titres peu descriptifs de leurs sujets mais beaucoup de leurs apparences Arrangement en gris et noir ; Nocturne en en bleu et or ; Variation en violet ou Symphonie en blanc.

James McNeill Whistler mal connu aujourd’hui du grand public en France est un des artistes les plus en vue et les plus débattus à Londres, New York et Paris à la fin du XIXe siècle.

Apparu à la fin des années 1850 dans le sillage du réalisme de Courbet, il s’écarte rapidement de cette veine pour rechercher une peinture libre de toute anecdote, de tout autre propos que celui de son esthétique. Cet engagement vers art pour l’art, le conduit à défendre contre le grand critique anglais de l’époque, John Ruskin, la liberté absolue de l’artiste.

Présentation exceptionnelle en salle 9

Avec les États-Unis et le Royaume-Uni, la France est une des trois patries du peintre. Né en 1834 dans le Massachussetts, Whistler fait son apprentissage et ses débuts à Paris entre 1855 et 1859. Après son installation à Londres, l’artiste garde un lien privilégié avec la scène artistique parisienne, exposant aux côtés des refusés en 1863 et devenant dans les années 1890 l’un des « phares » de la nouvelle génération symboliste. En 1891, l’État français achète son chef-d’œuvre : Arrangement en gris et noir : portrait de la mère de l’artiste. À la même date, Henry Clay Frick bâtit sa collection, et au début des années 1910, l’ouvre à l’art de la fin du XIXe siècle. Il achète dix-huit œuvres de Whistler – peintures et arts graphiques – faisant ainsi de cet artiste l‘un des mieux représentés de sa collection. Aujourd’hui, les grands portraits en pieds de Whistler comptent parmi les œuvres les plus admirées des visiteurs au côté des remarquables peintures d’Holbein, Rembrandt, Van Dyck ou Gainsborough de la collection.

Arrangement en gris et noir : portrait de la mère de l’artiste

Au Musée d’Orsay sont présentés l’étonnant paysage L’Océan, peint par Whistler lors d’un voyage au Chili, trois pastels et douze estampes à sujets vénitiens, et trois grands portraits représentatifs de ses célèbres
« symphonies en blanc »

Whistler, Symphony in Grey and Green
et
« arrangements en noir » : le portrait de Mrs Frederick Leyland (chef-d’œuvre de l’Aesthetic Movement) , le portrait de Rosa Corder, et enfin celui de l’extravagant esthète Robert de Montesquiou-Fezensac. Ce dernier, l’un des ultimes tableaux peints par Whistler, est probablement l’œuvre la plus moderne de la collection de Frick. Alors que l’année 2022 sera placée sous le signe de Marcel Proust, dont nous célébrerons le centenaire de la mort, cette effigie nous rappellera aussi l’influence de Montesquiou et de Whistler dans l’élaboration de La Recherche et la création des personnages du baron de Charlus et du peintre Elstir.

Pratique

Lundi Fermé
Mar. Mer. 9h30 – 18h00
Jeudi 9h30 – 21h45
Ven. Sam. Dim.9h30 – 18h00
Localisation
Musée d’Orsay
Adresse
Esplanade Valéry Giscard d’Estaing 75007 Paris

Depuis les champs Elysées bus 73